à Cirey en Champagne [c. 1 May 1744]
Voylà monsieur la troisième lettre que je reçois par la quelle j'aprends que les petits paquets que j'avois fait remettre aux carosses de voiture ne sont point parvenus à leurs adresses.
Il y a quelqu'un plus puissant que moy qui s'est mis en tête apparemment d'abolir toutte littérature et qui non seulement empêche qu'on imprime mais qui empêche aussi qu'on envoye ce qui est imprimé. Il est très certain que le 4 d'avril je fis mettre au coche de Toulouse le paquet que j'avois l'honneur de vous adresser. Je suis d'autant plus sensible à ce contretemps qu'il me prive du plaisir que j'avois de vous marquer ma reconnaissance. On est actuellement à la recherche de mes paquets. Je tâcheray de réparer les torts de notre inquisition quand je seray à Paris, mais il m'est plus aisé de faire des ouvrages que de les faire imprimer.
J'ay l'honneur d'être monsieur votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire