1743-12-04, de Frederick II, king of Prussia à Voltaire [François Marie Arouet].
La peau de ce guerrier fameux
Qui parut encor redoutable
Aux Bohêmes, ses envieux,
Après que le trépas hideux
Eut envoyé son âme au diable,
Est ici pour les curieux.
Quand un jour votre âme légère
Passera sur l'esquif fameux,
Pour aller dans cet hémisphère
Inventé par les songe creux,
Les restes de votre figure,
Immortels malgré le trépas,
Donneront de la tablature
A tous modernes Marsyas.

Oui la peau de Zisca, ou, pour mieux dire, le tambour de Zisca, est une des dépouilles que nous avons emportés de Bohême et que personne ne vous a montrés puisque

Je suis bien aise que vous soyez arrivé en bonne santé à Lille; je craignais toujours les chutes de carosse

Vous voilà plus enthousiasmé que jamais de quinze cents gâteux de français qui se sont placés sur une île du Rhin, et d'où ils n'ont pas le cœur de sortir. Il faut que vous soyez bien pauvre en grands événements, puisque vous faites tant de bruit pour des vétilles; mais trève de politique et cela pour toujours.

Vous êtes le vrai dieu des vers,
Mais [?veuillez] vous borner, Voltaire,
A la gloire […]
Et rester [?là] dans votre sphère.

Je crois que les hollandais peuvent avoir des pantomimes quand les acteurs viennent des pays étrangers. Ils auront de beaux génies quand vous serez à La Haye, de fameux ministres lorsque Carteret y passera, et des héros lorsque le chemin du roi mon oncle le conduira par des marais pour retourner à son île.

Le roi, comme un genet fougueux,
Plein d'ardeur et de feu vint signaler la force
Au travers les champs belliqueux;
Mais la tête pendante et l'humeur trop féroce,
Sans atteindre son but — ô destins trop fâcheux —
Il achève sa course, essouflé, tout honteux,
Au petit pas comme une rosse.

Federico Voltarus vale !