1742-12-20, de Voltaire [François Marie Arouet] à Marie Jacques Barrois.

Je vous envoye encore un homme de confiance pour vous dire que je suis prest de retirer toute cette malheureuse édition que vous avés faite de mes prétendus ouvrages, au prix que vous même voulés y mettre.
Dites lui combien d'exemplaires vous pouvés tenir prests ce soir à neuf heures; mais surtout mettés à part toutes ces piéces infâmes que vous avés eu le malheur d'imprimer sous mon nom, et qui me déshonorent.

Je n'ay trouvé dans les exemplaires de ces indignes piéces, que trois pages intitulées apotéoses dans lesquelles votre éditeur traite d'une manière si horrible L'oncle de M. Le Premier président.

Je n'ay trouvé aussi que Trois exemplaires de la pièce du Tome Troisième intitulées pièces fugitives dans lesquelles se trouve la satire la plus infâme contre moymême, et surtout contre Madame la marquise Du Chatelet, et plusieurs personnes respectables. Cela me fait craindre que vous n'en ayés par mégarde donnés à quelques libraires qui les débitent. Je vous demande avec la dernière instance de vouloir bien, en faire un paquet, que l'on prendra ce soir à neuf heures. Je vous prie de mettre au dos de ce billet combien d'exemplaires on poura venir chercher. Si vous en avés Je vous prie de les confier au porteur qui est un homme sûr, et je ne seray plus fâché contre vous.

Voltaire