1739-05-30, de Voltaire [François Marie Arouet] à Bonaventure Moussinot.

Je vous prie mon cher amy de me renvoyer la lettre du prince royal de Prusse, que mr le marquis Dargenson vous a remise, et d'empêcher surtout qu'on n'en prenne de copie.
Je vous prie même de passer chez mr Dargenson, pour le remercier de toutes ses bontez, et luy renouveller les assurances de ma respectueuse reconnaissance. Vous luy marquerez en même temps avec votre sagesse ordinaire, combien je serois fâché que cette lettre courût, et à quel point je luy suis obligé de sa discrétion; ce remerciment tiendra lieu d'une prière, et l'engagera à prévenir le chagrin que j'aurois si cette pièce étoit publique.

J'avois donné une lettre pour vous au grand Darnaud, mais je crois que la cervelle luy a tourné et que vous n'avez pas entendu parler de luy. S'il y a quelque chose de nouveau n'oubliez pas votre amy.

V.

Je vais demain à une de madame du Chastelet près de Liege, après quoy j'espère vous donner avis d'une belle vente de tablaux. Adieu, mon cher curieux.

V.