Mon cher amy si vous ne viviez pas avec Mr et me de la Popliniere il faudroit vivre à Cirey.
On y est heureux, et cependant on vous regrette.
Mandez bien je vous prie à notre prince, à notre Marc Aurele du nord que ma chétive santé m'empêche d'avoir l'honeur de luy écrire.
Mr de Mairan a t'il reçu ma longue lettre que je vous avois adressée avant votre voiage?
Voulez vous bien vous charger d'envoyer ce paquet au chevalier de Mouhi, rue des Moinaux dans votre quartier? Un commerce avec le ch. de Mouhi vous étonne, mais je n'en ay point avec ses ouvrages.
Madame du Chatelet vous a écrit. Je réitère toutes les petites prières que je vous ay faites en partant.
Quand vous voudrez le cinquième acte de Merope, vous L'aurez. Grand mercy de vos bon avis. J'en ay profité, et vous jugerez s'il fait bon de me dire la vérité.
Je vous embrasse tendrement, père Mersenne, soyez toujours le lien de la société, l'amy des arts, et le mien.
Cirey mériteroit bien que mr de la Bruere nous envoyast son opera. Nous L'aimons, nous sommes des gens fidèles, son ouvrage sera en sûreté et nous luy aurions obligation d'un plaisir que nous sentirions bien vivement.
Adieu mon amy, écrivez nous, et aimez nous.
ce 11 octobre 1738