1738-05-11, de Voltaire [François Marie Arouet] à Nicolas Claude Thieriot.

Je reçois votre lettre du 7 may, père Mersenne.
Je vous dis qu'en sautant pardessus ce qui est trop géométrique, vous entendrez très bien mon petit neutonisme. Il n'est pas pour les Dame . Mais je suis sûr que Le commentateur charmant ou charmante de Ramau, L'entendra et le jugera.

Mr Pitot avoit été baucoup plus content du sistème planétaire que de L'explication de la lumière, mais si mr Nicole et mr Brémont ne pensent pas de même, il faut les en croire, et préférer toujours celuy qui critique à celuy qui loue. Je persiste dans le dessein de faire imprimer L'ouvrage à Paris, j'espère en obtenir la permission, et si mr Nicole veut bien avoir la bonté de mettre par écrit ce qu'il trouve à redire, il me rendra grand service, j'en instruirai le public, et je publieray ma reconnaissance.

Voicy une petite addition pour le journal des Savants. Jamais je n'ay rien dit de si vray, ny de si bon gré. Je vous suplie de le faire présenter au journal, et d'en faire baucoup d'usage.

Je n'ay point encore vu mon livre. Tout le monde L'a, hors l'auteur et celle à qui il est dédié. Les libraires de Hollande sont comme ceux de Paris: des libraires, des ingrats. Je leur ay fait présent du manuscript et ils ne m'ont pas envoyé un exemplaire.

Soufrez au moins que je vous rembourse de ceux que vous achetez. Vous êtes charmant de diriger un peu ma nièce. Si vous la trouvez aimable, je l'aimeray bien davantage. Je vais luy écrire.

Non seulement je ne suis point l'auteur des épîtres, mais je suis outré contre ceux qui me les attribuent, et je regarde votre fermeté à repousser cette injure, comme une des plus fortes preuves de votre amitié.

Madame la marquise du Chastelet vous fait bien des amitiez. Quand nous vous posséderons, nous vous parlerons à fonds du prince et de nos vues sur vous. Vivez seulement. Adieu. Je vous embrasse.

V.