1736-09-18, de Voltaire [François Marie Arouet] à — Berger.

Je peux vous assurer, mon cher ami, avec vérité que je n'ai jamais vu ni le paquet contresigné, ni le paquet en question.
Je n'ai pas assurément le temps de faire huit cents vers, & s'ils sont bons, je ne veux pas en dérober la gloire à l'auteur. On m'a assuré que cela était de la Chaussée. Je le croirais assez. Il est piqué contre l'abbé Desfontaines qui l'a voulu tourner en ridicule dans ses observations, & appelle ses comédies des théâtres larmoyants. Il regarde Marivaux comme son rival; il fait très bien des vers, voilà ce qui s'appelle des raisons; en un mot je vous jure que je n'ai jamais songé à l'ouvrage dont vous me parlez. A peine ai je le temps d'écrire une lettre. Je vous demande en grâce de m'envoyer cette réponse à Rousseau.

J'ai écrit à Prault pour le presser de m'envoyer par le coche deux exemplaires de ce qui est imprimé de la Henriade avec l'optique de Newton de la traduction de Coste. Ayez la bonté de ne pas lui donner un moment de relâche jusqu'à ce qu'il m'ait satisfait. Encore une fois je vous prie de m'envoyer l'épître & de détromper nos amis.

Nous jouerons Zaïre dans quelque temps à Cirey. Il faudra que vous y veniez. J'arrangerai votre voyage. Je vous embrasse.