A Cirey ce 17 [September 1736]
Il y a quelquefois mon cher abbé des puissances belligérantes qui se disent des injures.
Roussau et moy nous sommes du nombre, à la honte des lettres, et de l'humanité. Mais que faire? La guerre est commencée, il faut la soutenir. La réponse est prête, mais avec pièces justificatives en main. Ce misérable a l'insolence de citer dans sa lettre, Monsieur le duc D'Aremberg, lequel vient de m’écrire que Roussau est un faquin qui L'a compromis très faussement et au quel il a lavé la tête.
Mon cher abbé Roussau n'empêchera pas que la Henriade ne soit un bon ouvrage, et que Zaïre, et Alzire n'aient fait verser des larmes. Il n'empêchera pas non plus, que je ne sois le plus heureux homme du monde par ma fortune, par ma situation, et par mes amis. Je voudrais ajouter par ma santé et par le plaisir de vivre avec vous.
Si vous m'aimez, si vous voulez m'instruire, envoyez moy ce que vous voulez bien me promettre par mr Dargental votre voisin, qui le fera contresigner par mr Rouillé; le tout en cas que le paquet soit trop gros, car s'il ne contenoit que quatre ou 5 feuilles, il faut L'envoyer par la poste tout simplement. Je l'attends avec l'impatience d'un disciple et d'un amy.
V.
Si vous avez la réponse aux mauvaises épîtres de Roussau, je vous prie de me L'envoyer.