1736-07-05, de Voltaire [François Marie Arouet] à René Hérault.

Monsieur,

Il s'en faut baucoup que je puisse trouver àprésent cinquante pistoles.
J'ay réellement àpeine de quoy partir.

A L'égard des charitez que je peux faire quelque bornée que soit ma fortune, j'en ay fait par an pour des sommes plus considérables, mais je vous suplie monsieur de m'en laisser la disposition et le choix.

Voicy un jeune homme de lettres qui n'a précisément rien, et à qui je ne peux rien donner àprésent. Je luy donne seulement un billet de dix pistoles sur M. le Chanteur, notaire, qui me Les avancera. Vous trouverez monsieur le billet cy inclus, que je vous suplie de luy faire rendre. A l'égard du reste des aumônes que je peux faire vous pouvez monsieur garder Les Papiers en question jusqu'à ce que ces charitez soient consommées. Ces papiers seront mieux entre vos mains qu'en toutes autres. Ma mauvaise santé que vous connaissez m'empêche de venir vous faire ma cour. Je ne manqueray pas de venir vous remercier de touttes vos bontez avant de partir. Je seray toute ma vie avec respect et reconnaissance

Monsieur

Votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire