1736-02-20, de Nicolas Claude Thieriot à Voltaire [François Marie Arouet].

Brûlés je vous prie mon cher ami la 13, 14, 15 feuille ainsi que toute ma lettre qui est bonne entre vous et moy et qui ne peut être tolérable autrement.
Je vous écris comme je m'entretiendrois avec vous, et je n'ay point d'autre but que mon plaisir et votre utilité si je puis vous servir en quelque chose. Il est bien agréable d'y parvenir, car vous estimés les soins les plus légers au poids des peines et des travaux. Quoique vous soyés privés tout subitemt de deux bons amis, songés que j'ai encor assés de zêle et d'amitié pour suffire à les remplacer surtout les choses étant si bien en train. J'en vais devenir plus régulier à vous écrire. M. Algarotti m'a ramené ce soir chés moy et m'a chargé de complimts et d'amitiés pour tout Cirey. Il m'a prié de lui faire faire connoissance avec mon petit Bernard qui me paroit lui revenir si fort que si son teint étoit plus clair et plus fleuri j'en soupçonnerois d'autre cause que son goût pour les Vers françois. J'ay oublié de vous parler de votre Métaphysique dont je voudrois bien avoir connoissance, s'il est possible. A ce propos souvenés vous de me renvoyer un gros in quarto des oeuvres de Chubb si Æmilie n'en a plus besoin.