[c. 10 February 1736]
Je me jetterois à vos genoux, mon charmant ami, si je vous voyois pour vous faire mille remerciments de touts les services essentiels que vous me rendez, tu es salvator meus.
Ma pauvre sœur et ma mère touchent bientôt au terme de leurs soufrances. Mr de V. m'a assuré qu'elles seroient placez avant six semaines. On attend pour recevoir la première un changement qui se va faire dans la maison et l'autre sera nourrie à Vassy. Je leur envoye cent francs pour assouvir la voracité de Fortiee. Vous aurez la bonté mon admirable ami, de d'écrire dans une huitaine de jours à madame la marquise en faveur de ma chère sœur et comme cela ne manquera pas de réussir entre vos mains vous me délivrerez d'un poids qui m'accable. Je fais de mon mieux pour plaire à Emilie, témoin ce nouveau quatrain qui n'a pas mal réussy.
Apropos de vers j'ay fait un petit guenillon d'ode pour Alsire, c'est une espèce d'amande honorable dont il faut que vous soyez le témoin.
Epître à mr de V.
Cette dernière strophe et la seconde sont je crois de votre connoisance, mais elle m'apartiennent.
Cela me fait souvenir de mes anciennes odes. Je n'en puis envoyer aucune à Toulouse que je n'aye un protecteur toulousain et où le prendre? Vous voyez mon cher que je suis dans l'impossibilité de gagner les cent écus. J'ay vu des vers de mr Formont pour notre triomphateur qui sont charmants. Il n'y a que les vôtres qui sont aussy jolis. Je vous envoye les miens par pure complaisance et pour vous donner un plaisir que je vous ay toujours donné à touts deux, qui est celui de la supériorité sur moy en tout. Je vous embrasse de tout mon cœur.