ce 26 9bre 1735
Vous trouvés qu'assés tendrement
Et du Ton dont l’âme est émüe
Et l'innocent Daphnis et Chloé l'ingénüe
Sans savoir ce qu'ils ont se content leur tourment,
Et Pan qui ne plaist point malgré son Priapisme
Et qui perd là son Cateschisme
Vous semble un fort bon dénoument.
Vous aimés ma Reine des songes;
Et quoy qu’à parler du sujet
Hygin, Pausanias n'avouent point le fait,
A vostre gré ceux cy valent bien leurs mensonges.
Reste pour le ton des couleurs
Dont j'enlumine cette idée,
Le coloris plaist il, elle est assés fondée
J'ay pour garands tous les dormeurs.
Car quel est le dormeur honneste
Qui n'ait vingt et vingt fois retracé dans sa teste
Des appas inconnus dont il fait son désir?
Il les voit, il les suit, son cœur tendre est leur proye
Et privé du plaisir où le sommeil le noye
A les chercher encore il met un doux loisir;
Croyés qu'on aplaudit le jour avec plaisir
Ce qu'on voit la nuit avec joye.
De trois actes en voilà deux,
Ils sont bons puis qu'ils sont aprouvés par Voltaire,
Mais il faut qu'un second entre eux
Prouve encor ce que peut la Beauté pour nous plaire.
Je proposois Anacreon,
Mais Emilie a ce dit'on
Frondé le projet de cet Acte.
Si c'est son dernier mot quand je ferois un Pacte
Je ne pourois jamais l'extorquer d'Apollon.
Où me sauver si la Marquise
Sur qui Le Parterre a les yeüx
Critique Anacreon, hait qu'une barbe grise
Hazarde un langage amoureux,
Trouve qu'audessous du Lyrique
Ce beau Buveur étoit l'objet
De quelque muse plus comique?
Gare à ces propos le sifflet.
On veut pour acorder l'Eloge
Des Beaux chants, des vers bien écrits,
Qu'Emilie avec un souris
Les aplaudisse avant sa Loge.
Il faut qu'Anacreon tendre au milieu des Pots
Et de vin et d'Amour s'embraze;
Que la volupté soit la Base
De ses ingénieux rondeaux;
Que d'un ton d'ode sans emphase
Il invoque Bachus et le Dieu de Paphos.
Emilie a ce prix souscrit à mes travaux;
Voltaire vous l'ordonne, allés, partés, Pegase
Et me transportés à Samos.