A Paris ce 25 9bre 1733
J'interromps l'agonie pour vous dire que vous êtes une créature charmante Vous m'avez écrit une lettre qui me rendrait la santé si quelque chose pouvait me guérir.
On dit que vous allez être prêtre et grand vicaire. Voilà bien des sacrements à la fois dans une famille. C'est donc pour cela que vous me dites que vous allez renoncer à l'amour.
Vos vers et votre prose sont bien assurément d'un homme qui sait plaire. Je suis si malade que je ne vous en dirai pas davantage et d'ailleurs que pourrais je vous dire de mieux sinon que je vous aime de tout mon cœur? J'ai envoyé trois Henriades de la nouvelle édition à m. de C . . . .par m. de Malijac, une par monsieur de Sozzi qui demeure à Lyon, vis à vis Bellecourt. Je ne lui écris point, et à vous je ne vous écris guère car je n'en peux plus. Adieu. Conservez bien votre santé; il est affreux de l'avoir perdue et d'aimer le plaisir. Vale, vale. Ne parlez pas à madame du Châtelet de son anglais. C'est un secret qu'il faut qu'elle vous apprenne. Adieu, je vous serai attaché tout le temps de ma courte et chienne de vie.
Volt.