1733-04-20, de Voltaire [François Marie Arouet] à François Augustin Paradis de Moncrif.

Il n'y a que vous au monde qui soyez capable de penser aux affaires des autres, au milieu de tant d'occupations.
Comptez que j'en suis pénétré de reconnaissance. Hier l'opéra alla fort bien. J'allai sur la fin savoir comment les choses s’étaient passées; et j'appris de fort bonnes nouvelles. Le public s'attend aux changements du 3eme acte. Mais il faudra une musique bien vive et bien saillante. Je ne dois avoir de crédit sur l'esprit de m. le ch. de B., que par mon tendre dévouement pour lui. Je ne suis point connaisseur en musique; mais j'ai des oreilles et je vois quel est le goût du public; j'oserai prier notre aimable chevalier au nom de ce même public de joindre un peu de vivacité et de fracas à la douceur, aux grâces, à la galanterie de sa musique. Si le troise acte fait l'effet brillant qu'il doit faire, j'espère cinquante représentations. Ah quel plaisir quand nous aurons confondu les sots et les malins! Je suis dans cette douce espérance le plus zélé et le plus tendre de vos serviteurs.

V.