[September 1732]
Je ne sais pas encor monseigneur si ma chienne de santé poura me permettre de venir faire la guerre sous vos ordres cet automne mais je vous avoue qu'il y a plus d'aparence que je feray une partie de la campagne à Fontainebleau.
Partout où est la comédie, c'est là mon camp, et Zaire est mon général dont je suis volontiers les drapaux. Si vous pouviez me prêter une tente pour quelques jours dans votre maison sans que je vous incommodasse je vous serois très obligé. Je suis plus malade et plus chétif que jamais. Si j'allois vous trouver sur la Sambre en cet état, vous m'enverriez à l'hopital de l'armée. Je n'ay pas plus de santé qu'il m'en faut pour voir les grands yeux noirs de Zaïre, et je réserve pour elle le peu de vie que j'ay. La Sambre me tueroit, et la vue de Zaïre me ranime. M. Palu est je croi le maître de votre maison et soufrira bien que j'y aye un petit trou. Je me flatte, monseigneur, que votre santé est meilleur que jamais, que la fatigue qui me tueroit vous sied à merveille, que vous faites faire plus d’évolutions que le chevalier Follard n'en a imaginées, et qu'avec tout cela vous serez charmé de revenir. Adieu, monseigneur, je suis le plus paresseux et le plus tendre de tous vos serviteurs. Je me flatte qu'un jour je passeray ma vie uniquement auprès de vous, et c'est une idée charmante pour moy. J'ay changé d'avis sur votre terre. A de moindres faveurs des malheureux prétendent. J'ay eu l'insigne folie de perdre près de douze mille francs chez la baronne et j'ay renoncé à être seigneur terrien. Aimez toujours votre adorateur.
V.