aux Délices 27 aoust [1756]
Vraiment monseigneur je suis un plaisant homme pour venir faire ma cour à mon héros! Je suis dans mon lit, n'en pouvant plus, et j'ay une nièce qui se meurt.
Ce n'est pas votre protégée Denis, c'est sa sœur. Conservez votre santé, un général d'armée en a grand besoin, et probablement vous ne vous en tiendrez pas à la prise de Mahon. Vous donnez à monsieur le duc de Fronsac une éducation singulière. Je crois que peu de personnes de son espèce auront vu au même âge d'aussi grandes choses que luy. Je croi que ma chère Marie Terese a grande envie de prendre ce temps là pour reprendre si elle peut sa Silésie. Nous attendons toujours des nouvelles consolantes de quelque petit commencement d'hostilitez. Le feu peut se mettre tout d'un coup aux quatre coins de L'Europe. Quel plaisir pour vous autres héros!
Je meurs de douleur de ne pas venir vous contempler tout rayonant de gloire. Je me dépique en vous fourant dans une grande diable d'histoire universelle que j'ay commencée par Charle magne et que je finis par vous. J'ay pris l'expédition de Mahon pour ma dernière époque. Cela me soulage dans mon état de malingre. Je fais mille vœux pour vous. Jouissez longtemps et guaiment de toutte votre gloire et conservez vos anciennes bontez pour votre ancien adorateur.
V.