1730-12-10, de Voltaire [François Marie Arouet] à René Louis de Voyer de Paulmy, marquis d'Argenson.

Monsieur,

Permettez que j'aye l'honneur de vous présenter cette nouvelle édition de la Henriade.
C'est un ouvrage qui ne respire que l'amour des loix et de la vertu et qui par là du moins a un droit incontestable à votre protection; ce que vous avez fait d'ailleurs monsieur pour le digne fils de l'illustre Racine, doit vous attirer les hommages et la reconnoissance de tous les gens de lettres. Au reste je suis mille fois plus jaloux de votre suffrage que du succez de l'affaire que Mr le controlleur général vous a prié d'examiner au sujet d'une conversion de contracts de rentes foncières en viagères.

Je croiray Monsieur être sûr d'une réputation plus que viagère, si cet ouvrage obtient l'honneur de Votre approbation.

Je suis avec baucoup de respect

monsieur

Votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire