[16 June 1727]
Monseigneur,
Je me suis contenté jusqu'icy d'admirer en silence votre conduitte dans les affaires de l'Europe, mais il n'est pas permis à un homme qui aime votre gloire, et qui vous est aussi tendrement attaché que je le suis de demeurer plus longtemps sans vous faire ses sincères compliments.
Je ne puis d'ailleurs me refuser l'honneur que me fait le célèbre monsr Suift de vouloir bien vous présenter une de mes lettres. Je sai que sa réputation est parvenüe jusqu’à vous, et que vous avez envie de le connoitre. Il fait l'honneur d'une nation que vous estimez. Vous avez lu les traductions de plusieurs ouvrages qui luy sont attribuez. Eh qui est plus capable que vous Monseigneur de discerner les bautez d'un original à travers la foiblesse des plus mauvaises copies? Je croi que vous ne serez pas fâché de diner avec monsieur Suift et mr le président Henaut, et je me flatte que vous regarderez comme une preuve de mon sincère attachement à votre personne la liberté que je prens de vous présenter un des hommes des plus extraordinaires que l'Angleterre ait produit, et le plus capable de sentir toutte l’étendüe de vos grandes qualitez.
Je suis pour toutte ma vie avec un profond respect et un attachement remply de la plus haute estime
Monseigneur
Votre très humble, et très obéissant serviteur,
Voltaire