aux bains, ce 24 novembre [5 December n.s.] 1725
…Avez vous reçu, il y a quelque temps, une lettre que je vous ai écrite, avec une seconde que j'ai écrite à Voltaire?
Vous m'avez dit dans une des vôtres, qu'il voulait me dédier son poème. Un aussi bel ouvrage demande un patron plus considérable. Je suis prêt à lui rendre tous les services qui dépendront de moi; l'amitié que j'ai pour lui, et le mérite réel de son poème, m'y engageront de reste, et je n'ai besoin d'aucun autre motif. Il se peut donc qu'il change de dessein: il se peut même, qu'il ne l'ait jamais eu; mais la grâce que j'ai à vous demander, c'est de le sonder de fort loin sur ce sujet, et de tâcher de me mettre au fait de ses intentions: je vous en dirai tout naturellement la raison. Je serais curieux de savoir comment il veut parler de moi, par une raison tout opposée à celle qu'avait Cicéron, quand il écrivait à son ami Lucceius: Je crains les lauanges, parce que je crains le ridicule. J'aurais d'autres choses à vous dire sur ce sujet, mais en voici assez pour le coup. Gardez moi le secret, et répondez moi à votre loisir….