[c. 15 December 1723]
Je me porte un peu mieux depuis quelques jours, et je n'en attends votre retour qu'avec plus d'impatience.
Ce qui me fait croire que j'aurai de la santé, c'est que je passe les journées entières à travailler sans m'en sentir incomodé. J'ai bien peur que melle le Couvreur ne puisse jouer Mariamne. Elle a une perte de sang qui afoiblit furieusement sa misérable machine. Je vous remercie bien de toutes les attentions que vous avez pour le petit bâtard. Les deux mil habits qu'on lui veut faire encor sont très inutiles; je n'en veux point du tout, mais j'ai un très grand désir de le voir arriver vêtu de toile cirée. Je vous demande plusieurs grâces.
1° que vous vous souveniez de donner à un homme sûr la lettre que je vous ai envoiée pour Bologne et que vous en acusiez la réception par votre première lettre.
2° que vous m'informiez sûrement du jour du départ et de l'arrivée à Bologne.
3° que vous demandiez ou fassiez demander à Viret un mémoire de ce qu'il a reçu de moy article par article, et que vous aiez la bonté de me l'envoier.
4° que vous disiez à Martel que je ne veux que deux mil habits les quels à un sol et demi pièce prix fait font 150lt. Si on en a fait d'avantage, on payera le surplus, mais qu'on s'arrête, et qu'on emballe.
Voilà à peu près touttes vos instructions; la plus importante est que vous reveniez incessamment. Tous nos amis vous souhaittent et vous aiment aussi tendrement que je vous aime. Adieu, écrivez moy, et revenez, au nom de dieu revenez, je vous en conjure.