1722-11-30, de Voltaire [François Marie Arouet] à Nicolas Claude Thieriot.

J'arrive au Bruel, et j'en pars.
Tandis qu'on me botte je vous écris. J'ai lu à Orleans la réponse à l'abbé Dhouteville qui me paroit bien plus écritte contre la relligion que contre cet abbé. Je ne sçai pas pourquoy vous méprisez ce livre. Je vous en parlerai plus en détail dans ma première épitre. Celle cisera pour vous dire mon cher ami que je n'avois pas pensé que vous pouviez manquer d'argent. Je vais écrire à monsieur Mignot qui doit avoir quinze cent frans à moi dans deux mois qu'il ait la bonté de vous tenir cent écus tout prêts à la première ocasion. Je vous suplie de faire imprimer, aficher, distribuer, le projet en question et de délivrer des souscriptions aux libraires. Je n'en donnerai à mes amis qu’à mon retour. Aiez la bonté de conserver toujours votre goust pour la peinture et pour la gravure et de hâter le pinceau de Coipel par les éloges peu méritez que vous luy donnez quand vous le voiez. Je rode dans la Sologne à la piste de l'homme en question. Cependant j'ai chargé Demoulin de poursuivre criminellemen l'affaire afin que si je ne peux avoir raison par moi même la justice me la fasse. Je ne sçaï point la demeure de Dumoulin. Mandez la moy mon cher ami et écrivez moi incessament au Bruel par Orleans chez mr le duc de la Feullade. J'y serai dans 3 jours. Adieu, mes complimens à votre ami.