Zeuxis et Agatharcos
Bibliographie
Images
Restout, Jacques, La Réforme de la peinture(publi: 1681), p. 71-72 (fran)
Aimez la vertu, sans laquelle toutes vos entreprises seront vaines, et que la belle gloire soit l’unique fin pour laquelle vous entrepreniez votre étude, et que vous puissiez dire comme le fameux Zeuxis : « Je peins pour l’éternité », paroles que je voudrois voir gravées dans tous les ateliers des peintres, et plus encor dans leurs cœurs ; puisque c’est l’amour de cette glorieuse éternité qui a fait, et qui fait encor les grands hommes.
Plutarque (Πλούταρχος), Ἠθικὰ (Moralia) (redac: (50):(125), trad: 1972:2004), ΠΕΡΙ ΠΟΛΥΦΙΛΙΑΣ, 94E-F, t. I, vol. 2, p. 222 (grecque)
4. Διὸ δεῖ μὴ ῥᾳδίως προσδέχεσθαι μηδὲ κολλᾶσθαι τοῖς ἐντυγχάνουσι μηδὲ φιλεῖν τοὺς διώκοντας, ἀλλὰ τοὺς ἀξίους φιλίας διώκειν. Οὐ γὰρ αἱρετέον πάντως τὸ ῥᾳδίως ἁλισκόμενον· καὶ γὰρ ἀπαρίνην καὶ βάτον ἐπιλαμβανομένην ὑπερβάντες καὶ διωσάμενοι βαδίζομεν ἐπὶ τὴν ἐλαίαν καὶ τὴν ἄμπελον. Οὕτως ἀεὶ μὴ τὸν εὐχερῶς περιπλεκόμενον ποιεῖσθαι συνήθη καλόν, ἀλλὰ τοῖς ἀξίοις σπουδῆς καὶ ὠφελίμοις αὐτοὺς περιπλέκεσθαι δοκιμάζοντας.
5. Ὥσπερ οὖν ὁ Ζεῦξις, αἰτιωμένων αὐτόν τινων ὅτι ζωγραφεῖ βραδέως· « Ὁμολογῶ, εἶπεν, ἐν πολλῷ χρόνῳ γράφειν, καὶ γὰρ εἰς πολύν », οὕτω φιλίαν δεῖ καὶ συνήθειαν σῴζειν παραλαβόντας ἐν πολλῷ κριθεῖσαν. Ἆρ´ οὖν κρῖναι μὲν οὐκ ἔστι πολλοὺς φίλους ῥᾴδιον, συνεῖναι δὲ πολλοῖς ὁμοῦ ῥᾴδιον, ἢ καὶ τοῦτο ἀδύνατον; καὶ μὴν ἀπόλαυσίς ἐστιν ἡ συνήθεια τῆς φιλίας, καὶ τὸ ἥδιστον ἐν τῷ συνεῖναι καὶ συνδιημερεύειν·
Commentaires :
2 sous-textesPlutarque (Πλούταρχος), Ἠθικὰ (Moralia) , (trad: 1972:2004), "De la pluralité d'amis", 94E-F, p. 222 (trad: "Œuvres morales " par Frazier, Françoise; Fuhrman, François; Sirinelli, Jean en 1972:2004)(fran)(traduction récente d'un autre auteur)
4. Il ne faut donc pas accueillir les amis de rencontre ni se lier à eux avec facilité, ni aimer ceux qui nous recherchent mais rechercher ceux qui méritent d'être aimés; car on ne doit pas absolument prendre ce qui se laisse facilement saisir: le gratteron et la ronce qui s'accrochent à nous, nous les enjambons et les écartons pour aller vers l'olivier et la vigne. De même il est toujours bon de ne pas faire notre ami intime de celui qui s'attache à nous aisément, mais de nous attacher nous-mêmes à ceux que nous reconnaissons dignes de notre attention et de commerce utile.
5. Tout comme Zeuxis répondit à ceux qui l'accusaient de peindre lentement: "Je reconnais être long à peindre, mais c'est que je peins pour longtemps", de même il faut préserver la durée d'une amitié, d'une intimité, en ne l'acceptant qu'après un long temps d'épreuve. Serait-il donc difficile d'éprouver la valeur de beaucoup d'amis et facile de vivre avec beaucoup en même temps, ou bien est-ce également impossible? La jouissance de l'amitié réside dans l'intimité, e son plus grand charme dans le fait de vivre ensemble et de passer ensemble toutes ses journées.
Plutarque, Ηθικα , (trad: 1572), "De la pluralité d'amis", t. I, vol. 1, fol. 104 r-v (trad: "Les oeuvres morales de Plutarque, translatees de grec en françois" par Amyot, Jacques en 1572)(fran)(traduction ancienne d'un autre auteur)
Pourtant ne fault il pas legerement recevoir, ny attacher d'affection facilement aux premiers qui se presentent, ny aimer incontinent ceulx qui nous poursuivent d'amitié, ains plus tost fault que nous mesmes poursuivions ceulx qui sont dignes d'estre aimez: car il ne fault pas du tout elire ce qui se prent facilement, pource que nous passions par dessus la ronce et l'espine qui s'attache à nous, et la reiettons, là où nous allons chercher l'olive et la vigne: aussi n'est-il pas tousiours expedient d'admettre en notre familiarité celuy qui aiseement nous ambrasse, ains au contraire nous fault affectueusement ambrasser ceulx que nous esprouverons utiles, et qui meritent que lon en face compte, ainsi comme respondit iadis le peintre Zeuxis à quelques uns qui l'accusoient de ce qu'il estoit long à faire ses peintures: Ie confesse, dit-il, que ie demeure voirement long temps à peindre, mais aussi est-ce pour long temps: aussi celuy garde une amitié et familiarité longuement, qui a demouré long temps à l'esprouver.
Plutarque (Πλούταρχος), Βίοι Παράλληλοι (redac: (68):(117), trad: 2002) (Vie de Périclès, 13, 3-4 (Reinach 185)), t. III, p. 29 (grecque)
Kαίτοι ποτέ φασιν Ἀγαθάρχου τοῦ ζωγράφου μέγα φρονοῦντος ἐπὶ τῷ ταχὺ καὶ ῥᾳδίως τὰ ζῷα ποιεῖν ἀκούσαντα τὸν Ζεῦξιν εἰπεῖν· “ἐγὼ δ' ἐν πολλῷ χρόνῳ.” 4 Η γὰρ ἐν τῷ ποιεῖν εὐχέρεια καὶ ταχύτης οὐκ ἐντίθησι βάρος ἔργῳ μόνιμον οὐδὲ κάλλους ἀκρίβειαν·ὁ δ' εἰς τὴν γένεσιν τῷ πόνῳ προδανεισθεὶς χρόνος ἐν τῇ σωτηρίᾳ τοῦ γενομένου τὴν ἰσχὺν ἀποδίδωσιν. ὍθενκαὶμᾶλλονθαυμάζεταιτὰΠερικλέουςἔργα, πρὸςπολὺνχρόνονἐνὀλίγῳγενόμενα. Κάλλειμὲνγὰρἕκαστονεὐθὺςἦντότ΄ἀρχαῖον, ἀκμῇδὲμέχρινῦνπρόσφατόνἐστικαὶνεουργόν· Οὕτωςἐπανθεῖκαινότηςἀείτις, ἄθικτονὑπὸτοῦχρόνουδιατηροῦσατὴνὄψιν, ὥσπερἀειθαλὲςπνεῦμακαὶψυχὴνἀγήρωκαταμεμειγμένηντῶνἔργωνἐχόντων.
Reinach, Adolph (éd.), Textes grecs et latins sur la peinture ancienne. Recueil Milliet, (Reinach 185)(fran)(traduction récente d'un autre auteur)
Toutefois, on raconte qu’Agatharcos le peintre se vantait de la rapidité et de la facilité avec laquelle il faisait les animaux ; Zeuxis, l’ayant entendu, dit : « Pour moi, par contre, il me faut beaucoup de temps. » Une exécution si aisée et si rapide ne suppose ni ce travail approfondi qui fait durer une œuvre, ni ce souci d’exactitude que comporte la beauté parfaite. Le temps employé dans l’élaboration minutieuse d’une œuvre se retrouve dans la durée assurée à sa conservation.
Plutarque (Πλούταρχος), Βίοι Παράλληλοι , (trad: 1957:1993) (Vie de Périclès, 13, 3-4), t. III, p. 29 (trad: "Vies parallèles " par Robert Flacelière et Emile Chambry, en 1957:1993)(fran)(traduction récente d'un autre auteur)
On dit pourtant que Zeuxis, ayant un jour entendu le peintre Agatharcos se vanter de peindre vite et facilement toute espèce de figures, repartir : « Il me faut à moi beaucoup de temps. » 4 Et en effet la dextérité et la vitesse de l’exécution ne confèrent pas à un ouvrage la solidité durable et la beauté parfaite ; le temps employé au travail de la création produit, comme un capital placé à intérêts, la valeur qui assure la conservation de l’œuvre une fois faite. Aussi l’admiration pour les monuments de Périclès s’accroît-elle d’autant plus qu’ils ont été faits en peu de temps pour une longue durée. 5 Chacun d’eux, à peine fini, était si beau qu’il avait déjà le caractère de l’antique, et si parfait qu’il a gardé jusqu’à notre époque la fraîcheur d’un ouvrage récent, tant y brille toujours une sorte de fleur de la jeunesse qui en a préservé l’aspect des atteintes du temps. Il semble que ces ouvrages aient en eux un souffle toujours vivant et une âme inaccessible à la vieillesse.
Lily, John, Euphues and His England(publi: 1580), p.156 (anglais)
Theseus woulde not goe into the Laborinth without a threede that might shew him the way out, neither any wise man enter into the crooked corners of love, unlesse he knew by what meanes he might get out. Love which should continue for ever, should not be begon in an houre, but slowly be taken in hande and by length of time finished : resemblyng Zeuxis that wise Painter, who in things that he would have last long, tooke greatest leasure.
Van Mander, Karel, Het Shilder-boeck(publi: 1604), « Van Zeuxis van Heraclea, Schilder », fol. 67r-v (n)
Hy is gheweest onder ander uytnemende Schilders, die beroepen waren tot de vercieringe van Athenen ten tijde van Pericles, also wy verhaelden in’t leven van Phydias t’Athenen, alwaer eenen Schilder Agatarchus hem selven beroemde, segghende teghen Zeuxis, ick schildere mijn ghedierten veerdigher, en ghemacklijcker als ghy, het welck Zeuxis bekende, seggende: Ick make de mijne met langen tijdt, om dat de veerdicheyt en doenlijckheyt niet en gheven gheduericheyt, noch volcomen schoonheyt: maer den tijdt met den arbeydt ondermengt, toonen hun crachten in de wercken, want sy ghedueren veel te langher. Ghelijck of hy segghen wilde, wie yet slordich oft onachtsaem henen maeckt, dat en can gheen uytnemende werck zijn, dat langhe gheruchtich blijft, ghelijck t’gene dat met grooten vlijt en Const is ghedaen, also de edel ghedichten van Virgilius met grooten tijdt ghedaen zijnde, gheduerich, en ander vergaen zijn, die van slechte haeghdichters met haesten ghedaen waren. Plutarchus brengt de verhaelde Zeuxis antwoordt oock te pas in zijn Moralen, daer hy schrijft van de veelheyt der vrienden, daer hy wil segghen, dat de langhe beproefde vrienden de beste zijn.
Junius, Franciscus, The Painting of the Ancient(publi: 1638) (II, 11, 4), p. 202 (anglais)
- [1] In Pericle.
- [2] Orat. Adv. qui postulaverat ut ex tempore sermonem haberet
To let them therefore alone, we doe esteeme that he is most likely to come neerest unto perfection, who taketh at the first greater care how to paint well, than fast: whosoever on the contrary studieth more to have done painting, than to paint, shall come farre short of his hope; neither shall he receive any other fruit of his mountebank-like braverie, but an idle praise of blockish spectators, a presumptuous persuasion of his own abilitie, the contempt of so venerable an Art, a shamelesse boldnesse, and a custome of doing amisse. When Agatharcus the painter did vaunt himselfe in the presence of Zeuxis, sayth Plutarch[1], for making all manner of pictures most speedily and easily; But I, answered Zeuxis, am a good while about it: for as this nimblenesse and quicknesse of hand doth not leave in the worke any durable weight of art or accuratenesse of beautie; so doth the time bestowed upon the making render a certaine force tending to the preservation of the work. Themisthius likewise speaking of Phidias, although Phidias, sayth he [2] was skilfull enough to make in gold and in ivorie the true shape of God or man, yet did he require sufficient time and leisure to the work: so is he also reported to have spent much time about the pantoffle of the goddess Minerva.
Guillebaud, Pierre (Dom Pierre de Saint Romuald), Trésor chronologique et historique contenant ce qui s’est passé de plus remarquable et curieux dans l’Estat, tant civil qu’ecclésiastique, depuis l’an de Jésus Christ 1200 jusqu’à l’an 1647(publi: 1642:1647) (t. III), p. 932 (fran)
Il est vrai qu’il[Explication : le sieur Nicolas de la Fage.] emploie beaucoup de temps en ses ouvrages, mais il n’en est que plus digne de loüange, parce que c’est un effet de son jugement, qui n’ignore pas que l’Art ne peut bien reüssir qu’en imitant exactement la Nature, laquelle ne produit jamais les belles choses tout d’un coup, mais peu à peu, et comme à loisir*.
* Bisogna concepire, inanzi che partorire. Agatarque se vantoit un jour à Xeuxis qu’il faisoit plusieurs tableaux en un jour. Je n’en fais qu’un en plusieurs années (luy répondit Xeuxis) mais c’est pour l’éternité. Chi presto nasce, presto perisce. Les chardons venus en un printemps se fanent dans un esté, au lieu que les cedres et les palmes qui sont cent ans à croistre, ont aussi trois siecles de vie.
Vossius, Gerardus Joannes, De imitatione(publi: 1647), p. 27 (latin)
- [1] Eunapius in Proæresio
- [2] In Arte Poetica
Quotquot vero sola scribendi facilitate spiritus sumunt ; similes videntur Agatharcho pictori, de celeritate sua in pingendo glorianti : cui Zeuxis ajebat, diu se pingere, quia pingeret æternitati : ut est apud Valerium. Ac alteri itidem se jactanti apud Apellem de tabula citissime depicta : respondit nobilissimus pictor, opus ipsum monstrare, eum verum dicere. Potius igitur imitandus Aristides [1] ; qui Marco Imperatori roganti, quando eum esset auditurus, unum sibi diem meditandi poposcit ; ac rationem hanc addidit : Οὐ γὰρ ἔσμενος τῶν ἐμούντων, ἀλλὰ τῶν ἀκριβούντων : non sumus e numero vomentium, sed cum cura aliquid elaborantium. Recte Plutarchus in Pericle : Ἡ γὰρ ἐν τῷ ποιεῖν εὐχέρεια, καὶ ταχύτης, οὐκ ἐντίθησι βάρος ἔργῳ μόνιμον, οὐδὲ κάλλους ἀκρίβειαν· ὁδ’ εἰς τὴν γένεσιν τῷ πόνῳ προσδανισθεὶς χρόνος ἐν τῇ σωτηρίᾳ οὐ γιγνομένε τὴν ἰσχὺν ἀποδίδοσιν. Nam facilitas operis, ac celeritas, non addit illi solidum pondus, neque accuratam elegantiam. At si labor tempus longum quasi fœnerato accesserit, robur nascenti additur operi.
Memini me illorum commonere gloriosum quendam, ea parte peccantem, quod, quæ subito scripsisset, continuo sineret in manus doctissimorum hominum venire. Ob oculos etiam ponebam, in quibus peccasset. Ille, magna sui fiducia, unum hoc respondere, Quotusque videbit hæc melius dici posse ? Quid tum ego aliud facerem quam ut responderem illi versibus Horatii[2], qui sorte tum animo occurrebant.
Non quivis videt immodulata poemata judex,
Et data Romanis venia est indigna poetis:
Idcircone vager, scribamque licenter? An omnes
Visuros peccata putem mea? Tutus, et intra
Spem veniæ cautus: vitavi denique culpam,
Non laudem merui.
Dati, Carlo Roberto, Vite de' pittori antichi(publi: 1667), p. 12-13 (italien)
- [1] Plutarc. d. molt. d. amic. 94
- [2] Suidas in Jacobus
Gloriandosi Agatarche in presenza di esso di dipignere con gran facilità, e prestezza, diss’egli; e io adagio: accennando per avventura che la facilità, e la prestezza non arrecano all’opere lunga durata, o perfezione, ma che il tempo congiunto con la fatica le rende eterne. [1] E che questo fosse il suo concetto si scorge chiaro da quanto egli rispose a coloro i quali lo biasimavano, perché egli dipignesse adagio. Confessò egli di consumare assai tempo in dipignere, perché voleva che assai tempo durassero le sue pitture. Non è però che quantunque questo artefice dipignesse con diligenza, che l’opere fossero condotte a stento, poiché vien riferito [2] ch’e’ lavorava di vena, ed era nelle invenzioni spiritoso e bizzarro al più alto segno.
Scheffer, Johannes, Graphice, id est, de arte pingendi liber singularis, cum indice necessario(publi: 1669), "In omnibus adhibere curam atque diligentiam, absque multa festinatione" (numéro §79) , p. 217 (latin)
Nam si ulla alia in re, in hac profecto festinatio damnosa. Plutarchus in Pericle : Memorant, cum gloriantem pictorem Agatharchem, qui cito et facile pingeret imagines, audivisset, Zeuxis dixisse : ego vero longo tempore. Dexteritas enim in faciendo, et aceleratio non addit pondus operi durabile. Neque absolutum decorem. Tempus vero ad producendum laborem conjunctum robur addis ad operis conservationem. Est huic simile Apellis dictum ad gloriantem sese ob celeritatem, simulque monstrantem tabulam, quam illo die confecisset se id vel ex opere videre, ut eidem alio loco memoratum.
Hoogstraten, Samuel van, Inleyding tot de hooge schoole der schilderkonst(publi: 1678), « Van de Handeling of maniere van schilderen » (numéro VI, 10) , p. 239-240 (n)
- [1] Zeuxis antwoort
- [2] Deurwrochte Schildery
[1] Daerom besteede Phidias tijts genoeg in zijne beelden, op dat zijn konst het marber mocht verdueren, jae hy bleeflang bezich over Minerves pantoffel, Plutarchusvertelt, dat als Agatharchus zich van zijn gezwint schilderen beroemde, [2] Zeuxis hier tegen zeyde: En ik beroem my, lang met mijn werk bezich te zijn. Want de schierlijke rasheit en geeft geen bestandige schoonheyt, maer gestadigen arbeyt en lankheyt van tijdt geeft aen het werk kracht en duerzaemheyt. ’t Welk men wel waerachtich vind; want vaerdige Schildery is gemeenlijk’t versterven en verschieten onderworpen: ook zoo zietmen veele stukken der ouden, die met tijdt en vlijt zijn uitgevoert, welke noch als nieuw en versch gedaen schijnen te zijn, daer veele der nieuwe byna als deur ouderdom vergaen zijn.
Hoogstraten, Samuel van, Inleyding tot de hooge schoole der schilderkonst, « Du tour de main, ou de la manière de peindre » (numéro VI, 10) , p. 374-375 (fran)(traduction récente d'un autre auteur)
C’est la raison pour laquelle Phidias consacrait suffisamment de temps à ses sculptures, afin que son art pût faire durer son marbre, et qu’il resta même longtemps occupé à travailler sur la pantoufle de Minerve. Plutarque raconte que, lorsque Agatarchos se vanta de peindre lestement, Zeuxis répondit contre cela : moi, je me glorifie de rester longtemps occupé à mon œuvre. Car la vitesse précipitée ne donne aucune beauté durable. En revanche, le travail continuel et la lenteur donnent à une œuvre de la force et de la durabilité, et l’on considère que cela est vrai. Une peinture prompte est en effet facilement soumise à la corruption et à la décoloration. C’est pourquoi l’on voit de nombreuses œuvres des anciens réalisées en y consacrant du temps et du zèle qui semblent encore avoir été faites récemment et paraissent fraîches, tandis que beaucoup des nouvelles sont presque corrompues comme sous l’effet de l’âge.
Junius, Franciscus, De pictura veterum(publi: 1694) (II, 11, 4), p. 127 (latin)
: Φασὶν Ἀγαθάρχου οὗ ζωγράφου μέγα φρονοῦντος ἐπὶ τῷ ταχὺ καὶ ῥαδίως τὰ ζῶα ποιεῖν, ἀκοῦσαντα τὸν Ζεύξιν εἰπεῖν, Ἐγὼ δ’ἐν πολλῷ χρόνῳ· ἡ γὰρ ἐν τῷ ποιεῖν εὐχέρεια καὶ οὐκ ἐντίθησι βάρος ἔργῳ μόνιμον, οὐδὲ κάλλους ἀκρίβειαν· ὁδ’ εἰς τὴν γένεσιν τῷ πόνῳ προσδανισθεὶς χρόνος, ἐν τῇ σωτηρίᾳ οὐ γιγνομένε τὴν ἰσχὺν ἀποδίδωσιν. Memorant cum gloriantem se pictorem Agatharchum quod cito et facile pingeret imagines, audivisset Zeuxis, dixisse, Ego vero longo tempore. Facilitas enim efficiendi et acceleratio non addit pondus opera durabile, neque absolutum decorum; tempus vero ad producendum labori conjunctum, robur addit ad operis conservationem, Plutarch. In Pericle. Geminum huic et non minus probabile est responsum quod Alcestidi Poëtæ tragico dedit Euripides : cum enim apud eum queretur quod eo triduo non ultra tres versus maximo impenso labore deducere potuisset, atque is se centum perfacile scripsisse gloriaretur : Sed hoc interest, inquit Euripides, quod tui in triduum tantummodo, mei vero in omne tempus sufficient. Alterius enim fœcundi cursus scripta, inquit Valer. Maximus lib. tertio, cap. 6, intra primas memoriæ metas corruerunt ; alterius cunctante stylo elaboratum opus per omne ævi tempus plenis gloriæ velis feretur. Εἰ καὶ σφόδρα ἦν σοφὸς Φειδίας ἐν χρυσῷ καὶ ἐλέφαντι μορφῆν ἐπιδείξανθαι θεῖαν ἢ ἀνθρωπίνην, ὅμως χρόνου γε ἐδεῖτο καὶ σχολῆς πλείοντος εἰσ τὰ ἔργα· λέγεται οὖν, ἡνίκα ἐδημιούργει τὴν Ἀθηνᾶν, οὐδε εἰς τὴν κρηπίδα τοῦ θεοῦ μόνην ὀλίγε χρόνε προσδεηθῆναι : Etiamsi ad exprimendam auro atque ebore Dei aut hominis effigiem peritus esset admodum Phidias, temporis nihilominus otiique abundantiam ad opera perficienda requirebat. Sic igitur ferunt ; cum is Minervæ simulacrum effingeret, ad unam basim ac crepidinem non parum insumpsisse temporis, Temistius Orat. ad eum, qui postulaverat, ut ex tempore sermonem haberet. Prima rudimenta non tam artis indigent, quam laboris : constet modo quos imitari et quorum similes velimus esse, ne prava consuetudine ad aliquam deformitatem pravitatemque veniamus.
Bayle, Pierre, Dictionnaire historique et critique(publi: 1697), art. « Zeuxis », p.1280 (fran)
Il ne se piquoit pas (H) d’achever bientôt ses tableaux.
(H) [1]Plutarque raporte que Zeuxis sachant qu’Agatharcus se glorifioit de peindre facilement, et en peu de temps, dit que pour lui il se glorifioit au contraire de sa lenteur, parce que c’étoit le moyen de faire un ouvrage de longue durée. Le même Plutarque dans un autre[2] livre raporte la chose, comme si Zeuxis avoit avoüé à quelques-uns qui lui reprochoient sa lenteur, qu’à la vérité il étoit longtemps à peindre, mais que c’étoit aussi pour longtemps. Tout le monde le fait repondre qu’il peignait pour l’éternité : et c’est ainsi qu’en dernier lieu on a apliqué sa pensée au dictionnaire de l’Académie française, dans la Préface de celui de Furetière. C’est à ceux qui amplifient la vanterie de ce peintre à voir quels garans ils en ont.
- [1] Plutarque, in Vita Periclis pag. 159.
- [2] Celui de la pluralité d’amis ch. 4.
Piles, Roger de, Abrégé de la vie des Peintres, avec des reflexions sur leurs ouvrages, et un Traité du Peintre parfait, de la connoissance des Desseins et de l’utilité des Estampes(publi: 1699), p. 113-114 (fran)
Agatharque, qui voyoit avec impatience que Zeuxis employoit beaucoup de tems à finir ses ouvrages, luy dit un jour que pour lui il peignoit ses tableaux avec assez de promtitude. Vous êtes bien heureux, répondit Zeuxis, je ne fais mes ouvrages qu’avec beaucoup de tems et d’application ; parce que je désire qu’ils soient bien, et que je suis persuadé que l’estime des choses faites en peu de tems, dure peu de tems aussi.
Coypel, Antoine, "Commentaire de l’Épître à son fils (le coloris et le pinceau)", lu le 8 juillet 1713 à l’Académie royale de peinture et de sculpture(redac: 1713/07/08), 83 (fran)
Il est difficile de se distinguer dans les beaux arts si l’on ne ressent dans son âme une certaine élévation qui porte à chercher la véritable gloire, et quand on a pour objet de contenter les savants sans déplaire aux ignorants, qu’on veut acquérir un nom ou même le soutenir, quand on veut enfin, en combattant les traits de l’envie, marcher avec éclat à la postérité, vous le savez, Messieurs, il en coûte des soins et des veilles pour travailler ses ouvrages, et l’on est rarement content soi-même de ce qui satisfait quelquefois les autres. C’est ce qui faisait dire à Zeuxis : « Je travaille beaucoup ce que je peins, parce que je peins pour la postérité : Ego diu pingo, quia pingo aeternitati. »
Nougaret, Pierre Jean Baptiste ; Leprince, Thomas , Anecdotes des beaux-Arts, contenant tout ce que la peinture offre de plus piquant chez tous les peuples du monde(publi: 1776) (t. I ), p. 187 (fran)
Il ne se piquoit pas d’achever promptement ses ouvrages : comme on lui reprochait sa lenteur, il répondit qu’à la vérité il était longtemps à peindre, mais qu’il peignoit pour l’immortalité.
Bürger, Gottfried August, Gedichte(publi: 1778), p. 391 (allemand)
Die beiden Maler.
Zum Zeuxis prahlt einst Agatharch, ein kleiner,
Fixfingriger, behender Pinselmann:
» So schnell, wie ich, malt wohl so leicht nicht
Einer!« »Und ich, hub Zeuxis ruhig an,
Ich rühme mich, daß; ich so langsam malen kann !«
Und Fingerfix nennt jetzt fast keiner;
Den Zeuxis noch fast Jedermann.
Bürger, Gottfried August, Gedichte, Les deux peintres.(fran)(traduction récente d'un autre auteur)
Agatharque, un jeune peinturlureur aux doigts lestes et habiles
Vint un jour se vanter auprès du grand Zeuxis :
« C’est chose malaisée que de trouver un peintre qui manie le pinceau aussi vite que moi ! »
Et Zeuxis, calme, de répondre : « Je suis fier, quant à moi, de peindre lentement. »
Et voyez donc ! Presque personne ne se souvient aujourd’hui de monsieur doigts-agiles
Alors que Zeuxis, presque tous le connaissent.
Commentaires : Trad. H. Paukner : Les deux peintres.