Topoi et anecdotes artistiques : fortune, forme, fonction, de l’Antiquité au XVIIIe siècle
Paris, ENS, 45 rue d’Ulm, 15-17 octobre 2015
Le colloque du groupe « Pictor in Fabula » clôture la création d’un corpus numérique par une équipe réunie au sein de l’ITEM (équipe du CNRS hébergée rue d’Ulm) et pilotée par Emmanuelle Hénin (volet scientifique) et Jeremy Pedrazzi (volet technique). Coorganisé par deux anciennes élèves de la rue d’Ulm (E. Hénin et V. Naas), avec le soutien du département d’histoire de l’art de l’École (représenté par Nadeije Laneyrie-Dagen), il se tiendra à Paris les 15, 16 et 17 octobre 2015, et réunira des chercheurs de multiples disciplines, allant des sciences de l’Antiquité à l’histoire de l’art, la littérature et la philosophie de la première modernité, venus de nombreux pays : Allemagne, Angleterre, Belgique, Espagne, Italie, Suisse, Etats-Unis.
Fichiers téléchargeables : :
- PiF – Affiche du colloque (PDF – 3Mo)
- PiF – AAC Colloque 15-17 octobre (PDF – 0,4Mo)
- PiF – Programme du colloque (PDF – 67ko)
Liste des participants :
- Mathilde Bert
- Sarah Blake MacHam
- Jan Blanc
- Maurice Brock
- Paulo Butti de Lima
- Luisa Capodieci
- Giovanni Careri
- Marianne Cojannot-Le Blanc
- Ralph Dekoninck
- Marteen Delbeke
- Pedro Duarte
- Emmanuelle Hénin
- Arianna Fabbricatore
- Peter Fane-Saunders
- Elisa de Halleux
- Etienne Jollet
- Stanislas Kuttner-Homs
- François Lecercle
- Giovanni Lombardo
- Marie-Pauline Martin
- Valérie Naas
- Colette Nativel
- Ulrich Pfisterer
- Léonard Pouy
- Giuseppe Pucci
- José Riello
- Renaud Robert
- Baldine Saint-Girons
- Lise Wajeman
Le colloque se penchera sur la fortune des topoi et anecdotes artistiques de la Renaissance au xviiie siècle. Quelle influence ont-il eue sur la théorie artistique : en quoi l’ont-il enrichie, révélée ou au contraire infléchie, occultée, faussée ? À quel niveau cette influence s’est-elle exercée : rhétorique, philosophique, académique ? Ont-ils joué un rôle dans la pratique des artistes ? Jusqu’où peut-on identifier la présence subliminale d’une anecdote à travers ses transpositions modernes ?
Le colloque envisagera toutes ces questions à travers trois volets :
1) L’anecdote comme matrice théorique
Chacune de ces anecdotes, chacun de ces topoi ont donné lieu à de multiples interprétations, parfois contradictoires (l’Hélène de Zeuxis présentée tantôt pour prôner l’imitation de la nature, tantôt pour prouver la supériorité de l’Idée) ; parfois même aporétiques pour les plus obscures (le concours de la ligne entre Apelle et Protogène). Chaque auteur s’empare de ce matériau topique pour y projeter ses propres préoccupations, reflet des idées en vogue, mais aussi de la société et de la condition concrète de l’artiste. De manière plus synthétique, l’étude diachronique d’une anecdote permet de mettre en lumière les impensés de la théorie artistique.
2) L’anecdote comme matériau fictionnel
Dans les textes théoriques, les anecdotes introduisent une pause narrative au sein de la démonstration, manière de poursuivre le raisonnement par d’autres voies, à travers une fiction ornée. Quels procédés rhétoriques et littéraires sont à l’œuvre dans cette réécriture ? A l’inverse, dans les textes narratifs (mythographies, romans, contes), les anecdotes introduisent une réflexion subreptice : comment cet élément hétérogène est-il « digéré », intégré dans la trame du récit ? A quelles transpositions fictionnelles les anecdotes donnent-elles lieu ? On songe par exemple à toutes les histoires d’amour cristallisées autour de l’histoire de Dibutade, rebaptisée Corinthia, à partir du xviie siècle.
3) L’anecdote comme source de création artistique
Quand ils ne prennent pas la plume pour commenter ces textes, les artistes se saisissent du pinceau, ou du burin : le corpus figuratif entourant les anecdotes antiques a été très peu exploré, malgré sa richesse. S’y rattachent en effet toutes les copies d’après les œuvres modèles (variations sur la Vénus d’Apelle ou de Praxitèle), mais aussi l’illustration des anecdotes (Apelle et Campaspe, Dibutade inventant la peinture, Zeuxis peignant Hélène), jusqu’aux multiples formes d’allusion, soit au contenu d’un tableau mythique (autoportrait de Rembrandt en Zeuxis riant), soit à un procédé (monochromie, quadrichromie, clair-obscur), voire à une posture du modèle (profil). Cette fortune iconographique se poursuit jusqu’au xxie siècle, signe que les anecdotes sur l’art antique demeurent une source inépuisable d’inspiration pour la pensée créatrice.