Timomaque, Ajax et Médée

Bibliographie

Croisille, Jean-Michel Poésie et art figuré de Néron aux Flaviens[ + ]
Gutzwiller, Kathryn « Timomachus’ Medea and Ecphrastic Epigram »[ + ]

Images

Médée s’apprêtant à tuer ses enfants (Pas d'information sur l'artiste)

Medium : fresque

 

Médée (Pas d'information sur l'artiste)

Medium : fresque

 

 Médée tuant ses enfants POUSSIN Nicolas

Medium : dessin

 

Médée tuant ses enfants ECOLE BOLONAISE 

Medium : dessin

 

 Médée furieuse DELACROIX Eugène

Medium : huile sur toile

Commentaires : signé et daté

 

Médée tuant ses enfants DELACROIX Eugène

Medium : huile sur toile

Commentaires : réduction avec variantes du tableau du Salon de 1838 (Lille)

 

Plutarque (Πλούταρχος), Ἠθικὰ (Moralia) (redac: (50):(125), trad: 1972:2004), ΠΩΣ ΔΕΙ ΤΟΝ ΝΕΟΝ ΠΟΙΗΜΑΤΩΝ ΑΚΟΥΕΙΝ, 18a-18b, p. 98 (grecque)

Γράφουσι δὲ καὶ πράξεις ἀτόπους ἔνιοι, καθάπερ Τιμόμαχος τὴν Μηδείας τεκνοκτονίαν καὶ Θέων τὴν Ὀρέστου μητροκτονίαν καὶ Παρράσιος τὴν Ὀδυσσέως προσποίητον μανίαν καὶ Χαιρεφάνης ἀκολάστους ὁμιλίας γυναικῶν πρὸς ἄνδρας.

 1 sous-texte

Plutarque, Ηθικα , (trad: 1572), "Comment il fault lire les poetes", t. I, fol. 11r (trad: "Les oeuvres morales de Plutarque, translatees de grec en françois" par Amyot, Jacques en 1572)(fran)(traduction ancienne d'un autre auteur)

Il se trouve des peintres qui prennent plaisir à paindre des choses estranges et monstrueuses, comme Timomachus, qui peignit en un tableau, comme Medee tua ses propres enfans : et Théon, comme Orestes tua sa mère : Parrhasius, la fureur et la rage simulee d’Ulysses.

 

Pline l'Ancien (Gaius Plinius Secundus), Naturalis Historia, liber XXXV(redac: 77, trad: 1985) (136)(latin)

Timomachus Byzantius Caesaris dictatoris aetate Aiacem et Mediam pinxit, ab eo in Veneris Genetricis aede positas, LXXX talentis uenundatas.

 6 sous-textes

Pline l'Ancien (Gaius Plinius Secundus), Naturalis Historia, liber XXXV, (trad: 1985) (136)(trad: "Histoire naturelle. Livre XXXV. La Peinture" par Croisille, Jean-Michel en 1985)(fran)(traduction récente d'un autre auteur)

Timomaque de Byzance, à l’époque de la dictature de César, peignit un Ajax et une Médée, tableaux que le dictateur plaça dans le temple de Vénus Génétrix, après les avoir acheté 80 talents.

 

Pline l’Ancien; Landino, Cristoforo, Historia naturale di C. Plinio secondo tradocta di lingua latina in fiorentina per Christophoro Landino fiorentino, fol. 242v (italien)(traduction ancienne d'un autre auteur)

Timomacho Bizantio nell’eta di Cesare dipinse a Cesare Aiace e Medea lequali comperate .lxxx. talenti lui pose nel tempio di Venere genitrice et un talento actico secondo Varrone vale .xvi.sextertii.

 

Pline l’Ancien; Brucioli, Antonio, Historia naturale di C. Plinio Secondo nuovamente tradotta di latino in vulgare toscano per Antonio Brucioli, p. 997 (italien)(traduction ancienne d'un autre auteur)

Timomacho Byzantio, al tempo di Cesare dittatore gli dipinse Aiace, e Medea posti da esso nel tempio di Venere genitrice, venduti ottocento talenti. Et M. Varrone dice, che uno talento Attico vale XVI.

 

Pline l’Ancien; Domenichi, Lodovico, Historia naturale di G. Plinio Secondo tradotta per Lodovico Domenichi, con le postille in margine, nelle quali, o vengono segnate le cose notabili, o citati alteri auttori… et con le tavole copiosissime di tutto quel che nell’opera si contiene…, p. 1108 (italien)(traduction ancienne d'un autre auteur)

Timomaco da Bizantio, al tempo di Cesare dittatore gli dipinse uno Aiace e una Medea, posti da lui nel tempio di Venere genetrice, lequali pitture ano costate ottanta talenti. E il talento atheniese, secondo M. Varrone, vale sedici sestertii.

 

Pline l’Ancien; Du Pinet, Antoine, L’histoire du monde de C. Pline second… mis en françois par Antoine du Pinet, p. 963 (fran)(traduction ancienne d'un autre auteur)

Timomachus de Constantinople fut du temps de Jules Cesar, car il luy fit un Ajax, et une Medee dont il eut lxxx. talens : lesquelles pieces Cesar fit mettre au temple de Venus mere, qu’il avoit fait bastir.

 

Pline l’Ancien; Poinsinet de Sivry, Louis, Histoire naturelle de Pline, traduite en françois [par Poinsinet de Sivry], avec le texte latin… accompagnée de notes… et d’observations sur les connoissances des anciens comparées avec les découvertes des modernes, (vol. 11), p. 283-285 (fran)(traduction ancienne d'un autre auteur)

Timomaque de Byzance florissoit sous Jules César. Il fit l’Ajax et la Médée,[1] que ce dictateur plaça dans le temple de Vénus Genitrix. Ces deux tableaux furent vendus quatre-vingts talents attiques[2], de six mille deniers chacun[3], au calcul de Varron.

Note de bas de page de l'auteur :
  • [1] Ausone, Epigr. 121, d’après l’Epigramme grecque d’Antiphile, Anthol. liv. 4, chap. 9 :

    Medeam vellet cùm pingere Timomachi mens

    Volventem in natos crudum animo facinus :

    Immanem exhausit rerum in diversa laborem,

    Fingeret affectum matris ut ambiguum

    Ira subest lacrymis : miseratio non caret ira :

    Alterutrum videas ut sit in alterutro.

    Cunctantem fatis est : nam digna est sanguine mater

    Natorum ; tua non dextera, Timomache.

    On trouve aussi dans l’Anthologie, ibid., cette Epigramme sur l’Ajax du même artiste :

    Αἶαν, Τιμομάχου πλέον ἢ πατρός, ἥρπασε τέχνα

    τὴν φύσιν· ὁ γράψας εἶδε σε μαινόμενον,

    καὶ συνελυσσήθη χεὶρ ἀνέρι, καὶ τὰ κεραστὰ

    δάκρυα τοὺς λύπης πάντας ἔμιξε πόνους., etc.

    Ajax Timomachi magis es, quàm patris: in arte

    Natura est: rabiem viderat ille tuam.

    Cumque viro furiata simul manus omne doloris

    Ingenium trucibus miscuit in lacrymis.

  • [2] 192000 livres, monnoie de France.
  • [3] 2400 liv. monnoie de France.
 

Ausone (Decimus Magnus Ausonius), Epigrammata(redac: (301:400), trad: 2010) (4 (Ep. bob. 54)), p. 574-576 (latin)

Quis te pictorum simulauit, pessima Colchis,

in natos crudum uoluere mente nephas ?

Vsque adeo ne sitis puerorum haurire cruorem,

ut ne picta quidem parcere caede uelis ?

Numnam te pellex stimulat, numne alter Iason,

Altera uel Glauce sunt tibi causa necis ?

Quin ne picta quidem sis barbara : namque tui uim

cera tenax zeli concipit immodicam.

Laudo Timomachum, matrem quod pinxit in ense

cunctantem, prolis sanguine ne maculet.

 1 sous-texte

Ausone (Decimus Magnus Ausonius), Epigrammata, (trad: 2010), Sur le même sujet (numéro 4 et 4 bis (Ep. Bob. 54)) , p. 575-577 (trad: "Épigrammes" par Combeaud, Bernard en 2010)(fran)(traduction récente d'un autre auteur)

Quel peintre t'a-t-il peinte, ô triste fille de Colchide,

roulant au coeur l'idée de frapper tes enfants?

Du meurtre de tes fils ta soif est-elle si avide

que même en ton portrait tu n'épargnes leur sang?

Est-ce encore un parjure, un nouveau Jason qui t'excite,

est-ce une autre Glaucé qui au meutre t'invite?

Montre moins de barbarie: ta fureur, même en peinture,

dans la cire à jamais grave sa démesure.

4 bis

Gloire à Timomachus pour cette mère, épée levant,

qui de ses fils hésite à répandre le sang.

 

Ausone (Decimus Magnus Ausonius), Epigrammata(redac: (301:400), trad: 2010), In Medeae imaginem (numéro 3 (Ep. Bob. 53)) , p. 574 (latin)

Medeam uellet cum pingere Timomachi mens

uoluentem in natos crudum anima facinus,

immanem exhausit rerum in diuersa laborem,

fingeret adfectum matris ut ambiguum.

Ira subest lacrimis, miseratio non caret ira ;

alterutrum uideas ut sit alterutro.

Cunctantem satis est : condigna est sanguine mater

natorum, tua non dextera, Timomache.

 1 sous-texte

Ausone (Decimus Magnus Ausonius), Epigrammata, (trad: 2010) (3 (Ep. Bob. 53)), p /575 (trad: "Épigrammes" par Combeaud, Bernard en 2010)(fran)(traduction récente d'un autre auteur)

Commentaires : Timomachus a choisi de représenter Médée roulant le meurtre affreux de ses fils en idée. Immense en rendant ce dilemme a été son effort pour peindre la tempête au cœur de cette mère. La colère est sous ses pleurs, elle pleure en sa colère, et sous un sentiment l'autre paraît encor. La voir douter suffit: des fils, à leur mère, oui, il faut le sang, Timomachus, non point à ton pinceau.

 

Porcellio de’ Pandoni, Giannantonio, De arte fuxoria(publi: 1459:1460), p. 138 (italien)

Timoynachus biçancio elquale fu nel tempo di sacri dictatori pinse la inmagine de Iace et di Meda, tanto naturale e propria che furono vendure octanta talenti.

 

Patrizi, Francesco (da Siena), De institutione reipublicae libri IX, l. I, chap. 10, De pictura, sculptura, & caelatura, & de earum inuentoribus, &qui in illis profecerint(publi: 1494), p. 87r-v (fran)

[Note contexte] Ces deux tableaux que César dictateur acheta, furent deux pourtraicts de Médée et d’Aiax, pour lesquels il donna à Timomachus 80. talens, pour les mettre et poser au temple de Vénus mère, ainsi qu’escrit Pline, livre 7, ch. 38.

 

Gaurico, Pomponio, De sculptura(publi: 1504), « De claris sculptoribus » (numéro Cap. XVI) , p. 253 (latin)

Sed elegantissimo græco epigrammate celebratur Timomachi huius Medea, qua uidelicet amore saucia, natorum sanguine patris iniuriam ulciscens, et seruare, et occidere uelle uidebatur.  Id autem opinor est huiusmodi :

Quod natos feritura ferox Medea moratur,

Praestitit hoc magni dextera Timomachi.

Tardat amor facinus, strictum dolor incitat ensem

Vult, non uult, natos perdere dura suos.

 1 sous-texte

Gaurico, Pomponio, De sculptura, (fran)(traduction récente d'un autre auteur)

Une épigramme grecque très élégante célèbre la Médée de ce Timomaque, lorsque blessée d’amour, vengeant dans le sang de ses enfants l’injure faite par leur père, elle semble vouloir à la fois les préserver et les tuer. Je pense qu’on peut le rendre ainsi :

L’hésitation de la féroce Médée qui va frapper ses enfants

Est rendue ici par la main du grand Timomaque.

L’amour retarde le crime, la douleur pousse le glaive qu’elle tient ;

Qu’elle le veuille ou non, elle perdra elle-même ses enfants.

 

Textor, Joannes Ravisius (Jean Tixier de Ravisy, dit), Officina(publi: 1520), « Pictores diversi », p. 355 (latin)

Timomachus Bizantinus pinxit Cæsari dictatori Aiacem et Medeam, tabulas octoginta talentis venundatas.

 

Cornarius, Janus (Johannes Hainpol, dit), Selecta epigrammata græca latine versa, ex septem epigrammatum græcorum libris(publi: 1529), p. 336 (latin)

Quod natos feritura ferox Medea moratur,

Præstitit hoc magni dextera Timomachi.

Tardat amor facinus, strictum dolor incitat ensem,

Vult, non uult, natos perdere et ipsa suos.

Commentaires :

 

Cornarius, Janus (Johannes Hainpol, dit), Selecta epigrammata græca latine versa, ex septem epigrammatum græcorum libris(publi: 1529), p. 338 (latin)

En Medeæ oculos uariis affectibus actos,

Alter amore, alter distrahitur furiis.

 

Conti, Natale (dit Natalis Comes ou Noël le Conte), Mythologiae, sive explicationis fabularum libri decem(publi: 1551), "De Dedalo" (numéro liber VII, cap. XVI) , p. 419 (latin)

Fecit Aiacem et Medeam et Orestem et Iphigeniam in Tauris

 

Van Mander, Karel,  Het leven der oude antijcke doorluchtighe schilders(publi: 1603:1604 ), « Van Timomachus, Schilder van Byzantium », fol. 87r-v (anglais)

Hy was ten tijde van Iulius Caesar: want hy maeckte voor hem eenen Ajax, en een Medea, waer voor hy hadde 80. Talenten: welcke stucken Caesar dede stellen in den Tempel van de Moeder Venus, die hy hadde laten bouwen: Nochtans seght Marcus Varro, dat den Talent van Athenen dede sesthien duysent penninghen:Budaeus in zijn vierde Boeck, seght maer ses duysent.

 

Van Mander, Karel, Het Shilder-boeck(publi: 1604), « Wat men in het uitbeelden van eenige geschiedenis heeft waer te nemen? Waer uit niet alleen geleert zal worden, wat tot een Historie, of bekende daed word vereischt; maer zelfs ook meest al wat eenich byzonder deel der konste betreft » (numéro III, 6) , p. 94 (n)

Note marginale :
  • [1] Ex Horatio

Gy en moet in geen Schilderye brengen’t geene niet behoorlijk is gezien worden; en veele zaken zult gy voor den oogen verbergen, die d’omstandicheden [1]. genoeg zullen te kennen geeven. Medea vermoorde haere kinders voor den
volke niet; noch de schendige Atreus kookte het menschelijk ingewand niet in ’t
openbaer: nochte Progne werde in vogel, Kadmus in eene slang verandert. Alwatge
my zoo vertoont, dat haet ik, en ben schuw dat te zien. Hy die wel eer de
moedermoort van Orestes schilderde, vertoonde een billike en recht vaerdige
Schildery, want hy maekte Orest en Pilades bezich met wraek te nemen over den overspeligen Egist: en liet Klitemnestra, als alreede afgemaekt, maer alleen als met
een zwenk zien.

 1 sous-texte

Hoogstraten, Samuel van, Inleyding tot de hooge schoole der schilderkonst, « Que faut-il observer en représentant une histoire ? 
D’où l’on apprendra ce qu’il faut pour une histoire ou une action connue, mais aussi même pour tout ce qui concerne quelque partie spécifique de l’art » (numéro III, 6) , p. 194-195 (fran)(traduction récente d'un autre auteur)

Vous ne devez donc pas mettre dans une peinture ce qui ne doit pas être vu, et devrez cacher aux yeux les nombreuses choses que les circonstances [de l’histoire] feront assez bien comprendre. Ce n’est pas devant la foule que Médée a massacré ses enfants. Ce n’est pas non plus en public que l’exécrable Atrée a fait cuire des entrailles humaines, que Progné s’est transformé en oiseau et Cadmus en serpent. Tout ce que vous me montrez comme cela, je le hais et crains de le voir. Celui qui a peint autrefois le matricide d’Oreste a représenté une peinture raisonnable, en montrant simplement Oreste et Pylade occupés à se venger de l’adultérin Egisthe et en faisant déjà voir, quoique subrepticement, l’abattement de Clytemnestre.

Commentaires : Trad. Jan Blanc, 2006, III, 6, « Que faut-il observer en représentant une histoire ? 
D’où l’on apprendra ce qu’il faut pour une histoire ou une action connue, mais aussi même pour tout ce qui concerne quelque partie spécifique de l’art », p. 194-195

 

Scribani, Charles (Carolus Scribanius), Antverpia(publi: 1610), « Ars pictoria », p. 37 (latin)

Clarus Timomachus, cuius Medeam octoginta talentis venumdatam accepimus : ast ego dubito, dignone satis auro permutari possit Hemsseni Lena, exerta impudenti lingua prodigum inter amicas ludens. Taceo tabulæ huius reliqua, mensæ apparatum, senem bibulum, cæcum citharœdum, operisque auctorem varias vno spiritu tibias animantem, omnimodis peritum vt pictorem ita et modificatorem.

 

Boulenger, Julius Cæsar, De pictura, plastice, statuaria, libri duo(publi: 1627) (II, 1), p. 102 (latin)

Quare non iniuria dixerim eos, qui picturam aliquam aspiciunt, μιμητικῶς facultate imitandi, quam a natura accepimus, indigere. Nemo enim recte laudabit equum pictum, nisi qui animal mente intueatur, cuius similitudinem pictura expressit. Neque vero Timomachi Aiacem furentem recte contemplari quisquam potest, nisi illum mente conspiciat, interfectis apud Troiam armentis, moestum sedere, ac de propria morte cogitare.

 

Junius, Franciscus, De pictura veterum(publi: 1637) (III, I, 14), p. 152-153 (latin)

Note marginale :
  • [2] Theon pinxit τὴν Ὀρέστουμητρόκτονιαν, Plutarch. De aud. Poëtis. Theodorus pinxit ab Oreste matrem et Ægisthum interfici, Plin. XXXV, 11.
  • [3] Eunuch. Act. III, sc. 5
  • [4] Advers. Hermogenem
Marque-page :
  • [1] Æquitas omnem inhumanæ crudelitatis immanitatem, illicitarumque voluptatum lasciviam aversatur.

[1] Δικαιοσύνη denique τῆς γραφῆς pictori minime neglegenda est. Non raro enim adversus eam peccant, qui ἀλήθειαν et καιρὸν plus quam par est sectantur. Et quemadmodum in Tragœdia, sic etiam in Pictura, non omnia in propatulo spectatorum oculis subjicienda sunt ; juxta illud Poëtæ Venusini in Arte :

Nec pueros coram populo Medea trucidet, etc.

Servius ad ver. 563 quarti Aeneid. Non induxit occidentem se Didonem, sed ostendit occisam ; et hoc tragico fecit exemplo, apud quos non videtur quemadmodum fit cædes, sed facta narrantur. Ausonius Epigamm. CXXII, in Medeam Timomachi :

Laudo Timomachum ; matrem quod pinxit in ensem

Cunctantem, prolis sanguine ne maculet.

Sunt nimirum quædam severis moribus indigna, quæ satius est vel historiæ detrimento præterire, quam verecundiæ. Et in materiis, quas hilarior quædam ac petulans lasciviam pravidis animis commendare solet, hoc tenebimus temperamentum, ne, dum ingeniosi artificis captamus famam, perdamus viri boni et gravis autoritatem. Lucianus profecto de domo picturam Pyladis et Orestis, qua Clytemnestræ atque Ægisthi cædes ab iis patrata designatur [2], nominare non dubitavit γράμμα δικαιότατον, et hujus denominationis, ut videtur, novæ hanc reddit rationem, Σεμνόν τι ὁ γραφέυς ἐπενόησε, τὸ μέν ἀσεβὲς τῆς ἐπιχειρήσεως δείξας μονον, καὶ ὠς ἤδη πεπράγμενον παραδραμὼν, ἐμβραδυνοντας δὲ τοὺς νεανίσκους ἐργασάμενος τῷ τοῦ μοιχοῦ φόνῳ : Honestum quiddam pictor excogitavit, qui quod impium in hac re fuit id ostendit solum, et quasi jam actum prætercurrit : sed adolescentes, in cæde adulteri immorantes, exprimit. Huc etiam facit elegans epigramma ex cap. 9 quarti Anthologias :

Τὰν ὀλοὰν Μήδειαν ὅτ’ἔγραφε Τιμομάχου χεὶρ,

Ζάλῳ, καὶ τέκνοις ἀντιμεθελκομέναν·

Μύριον ἄρατο μόχθον ἱν’ἤθεα δισσὰ χαράξῃ,

Ὡν τὸ μὲν εἰς ὀργὰν νευε, τὸ δ’εἰς ἔλεον.

Αμφω δ’ἐπλήρωσεν. Ὅρα τύπον· ἐν γὰρ ἀπελᾷ,

Δάκρυον, ἐν δ’ἐλέῳ, θύμος ἀναστρέφεται.

Ακρει δ’ἁν μελλησις, εφα σοφός· αἱμα δὲ τέκνων

Επρεπε Μηδείη, κοὐ χερὶ Τιμομάχου.

Ausonius Epigramm. CXXI sic vertit :

Medeam vellet quum pingere Timomachi mens,

Volventem in natos crudum anima facinus ;

Immanem exhausit rerum in diversa laborem

Fingeret affectum matris ut ambiguum.

Ira subest lacrimis. Miseratio non caret ira.

Alterutrum videas ut sit in alterutro.

Cunctantem satis est : nam digna est sanguine mater

Natorum, tua non dextera, Timomache

Præcipue tamen δικαιοσύνην hanc lædunt, quotquot lascivioribus picturis spectantium animas in fœdas ut improbe præcipitant ; scelerum suasores ; qui satyrion propinant marcenti libidini. Viderunt hoc antiquiores cum religionem sacrifici , quod pro populo fieri dicitur, violari nefas habebant, Sic submotis extra conspectum omnibus viris, ut picturæ quoque masculorum animalium contegantur, Seneca epist. XCII. Recte itaque Propertius lib. II, eleg. 5 :

Quæ manus obscænas depinxit prima tabellas, etc.

Vide locum : vide quoque Clem. Alexandrinum in Protreptico ; et Aristot. lib. VII Polit. Cap. 17. Chæream certe apud Terentium [3] amor et nihil moderabile suadens solicitudo satis ad vitium virgini inferendum stimulabant, ut non accessisset repente pictura ad reliqua aggrediendæ virginis hortamenta. Suspectans tabulam quandam, inquit, etc. ubi Donatus : Philosophice nunc Terentius demonstravit, quam cladem moribus hominum et civitatibus afferant figmenta poëtarum, cum exempla scelerum afferunt peccaturis. Quibus Donati verbis addi potest etiam sequans observatio Augustini : Omnes cultores talium deorum, inquit Augustinus lib. II de Civitate Dei, cap. 7, mox ut eos libido perpulerit ferventi, ut ait Persius, tincta veneno, magis intuentur quid Jupiter fecerit, quam quid docuerit Plato, vel censuerit Cato. Hinc apud Terentium flagitiosus adolescens spectat tabulam quandam pictam in pariete, ubi inerat pictura hæc, Jovem quo pacto Danaë misisse aiunt in gremium quondam imbrem aureum : atque ab hac tanta authoritate adhibet patrocinium turpitudini suæ, cum in ea se jactat imitari deum. At quem deum ? inquit, Qui templa cœli summo sonitu concutit. Et ego homuncio id non facerem ? Ego vero illud feci, ac lubens. Simili picturarum libidinosarum incitamento permotus ille apud arbitrum : Ergo amor etiam deos tangit ? inquit. Tales historias Horatius lib. III Carm. Ode 7, apposite satis Peccare docenteis historias dixit. Nam quod exemplo fit inquit Cicero lib. IV, epist. 3 ad fam. id etiam jure fieri putant ; et aliquid, atque adeo multa, addunt et afferunt de suo. […]. Quotquot nempe turpia spectacula aliis exhibent, æternam dedecoris sui memoriam veluti in theatro aliquo publice proponunt. Huc spectat illus Gregorius Nazanzeni epist. 74, Τὸ προτιθέναι θέας αἰσχρὰς, ἑαυτὸν ἐστι θεατρίζειν : Quotquot alii si turpia exhibent spectacula, suam ipsorum infamiam publice veluti in theatrum  producunt. Contra vero δικαιοσύνην hanc rite observantes, Tertulliano [4] licite pingere dicuntur. Neglexit hanc virtutem Arellius ille, de quo Plinius XXXV, 10 : Fuit Arellius Romæ celeber paulo ante Divum Augustum, nisi flagitio insigni corrupisset artem, semper alicujus fœminæ amore flagrans, et ob id Deas pingens, sed dilectarum imagine.

 

Junius, Franciscus, The Painting of the Ancient(publi: 1638) (III, 1, 14), p. 243-244 (anglais)

Note marginale :
  • [1] De arte

Discretion is here also a great point, but very often neglected by them that observe truth and occasion too much: for as in tragedies, so likewise in pictures, all things are not to be laid open before the eyes of the spectator. Let not Medea, says Horace [1], murder her own children in the presence of the whole people: let not the villanous Atreus boile the flesh of man openly. There are doubtlesse many things misbecoming them that doe profess a severe integritie of uncorrupt manners; so that an artificer had better leave them out with the losse of some part of the storie, than with the losse of modestie. Lucian calleth the picture of Pylades and Orestes, who slew Clytemnestra and Ægisthus, a most just or discreet picture, adding withall the reason of such a new and unused denomination: The painter, sayth he, devised a grave course, for having but shewed the impious undertaking a fare off, and running over it as if it were alreadie done, he made the young men busie with the slaughter of the adulterer: see also the description of Timomachus his Medea, as we find it in the Anthologie of Greek Epigrammes, lib. IV, cap. 9. They doe likewise wrong this same discretion very much, who by the wantonnesse of their workes throw the spectators headlong downe into all manners of unlawfull and filthy concupiscences; and an artificer is here also to take good heed that he do not lose the authoritie of a good and discreet man, whilest he studies to gaine the vaine and shamefull title of wit and waggerie.

 

Angel, Philips, Lof der Schilderkonst(publi: 1642, redac: 1641), p. 20-21 (n)

Soo wy nu willen insien hare dierbare waerdicheyt, en hoe de selve van meest alle de voornaemste Vorsten van de weerelt is beloont gheworden, soo en weet ick niet wat Konst, beneffens dese, haer stant sal mogen houden. Candaulus (als wy int beginsel geseyt hebben) heeft de stucken teghen Goudt op ghewoghen. Iulius Caesar heeft voor eenen Ajax en Medea die gheschildert was van Timomachus van† Byzantium, ghegheven 80 Talenten (het welcke na onse reeckeninghe soude sijn 48000 goude Croonen, wanneermen den selven maer na de ghemeene Talenten en reeckenen. 

Dese Stadt Byzantium heeft de naem van Constantinopolo ghekreghen, naer haer Constantinus herbout hadde, daer na heeft zy de naem gehadt van Romeyne, en van de Griecken wiertse geheeten Stumboli, en nu van de Turcken Stampolda.

 

Ridolfi, Carlo, Le meraviglie dell’arte, overo le vite de gl’illustri pittori veneti, e dello stato(publi: 1648), p. 9 (italien)

Timomaco da Bisantio lavorò a Cesare dittatore Aiace, e Medea, che gli costarono ottanta talenti, quali pose nel Tempio di Venere Genitrice.

 

[Félibien, André], De l’origine de la peinture et des plus excellens peintres de l’Antiquité(publi: 1660), p. 47 (fran)

Du temps de Jules Cesar, poursuivis-je, il y eut à Rome un Thimomachus de Bizance qui fit plusieurs tableaux pour cét Empereur, et entr’autres un Ajax et une Medée, dont il luy fit payer quatre-vingt talens.

 

Pline (Gaius Plinius Secundus); Gronovius, Johann Friedrich (Johannes Federicus), C. Plinii Secundi Naturalis historiae, Tomus Primus- Tertius. Cum Commentariis & adnotationibus Hermolai Barbari, Pintiani, Rhenani, Gelenii, Dalechampii, Scaligeri. Salmasii, Is. Vossii, & Variorum. Accedunt praeterea variae Lectiones ex MSS. compluribus ad oram Paginarum accurate indicatae(publi: 1669) (vol. 3), p. 600 (latin)

Timomachus Byzantius Cæsaris dictatoris aetate Ajacem ei pinxit et Medeam ab eo in Veneris Genetricis æde positas LXXX talentis venundatas.

 

Germain, Des peintres anciens et de leurs manières(publi: 1681), p. 125 (fran)

Timomachus, Byzantin, florissoit du temps de César le dictateur, auquel on dit qu’il fit deux excellents tableaux, l’un d’Ajax, et l’autre de Médée, que César acheta vingt talens, et les dédia dans le Temple de Vénus. Pline liv. 35, c. 11. D’autres ajoutent que le dernier étoit si admirablement bien travaillé, que Médée, toute en fureur qu’elle y paroissoit contre son propre sang, tenant le poignard d’une main, et empoignant de l’autre les deux enfans qu’elle avoit eus de Jason, poussée d’un côté de rage et de haine contre l’ingratitude de leur pere, et émue de l’autre de compassion et tendresse pour les misérables restes de son infidele amant, paroissoit avoir la derniere horreur de leur plonger le fer dans le sein, et ne le faire qu’à regret, et comme y étant forcée par une furieuse passion dont elle ne pouvoit plus être la maîtresse ; de maniere que dans ce trouble affreux où l’on la voyoit réduite, on eût dit que son visage étoit doux et cruel, et ses yeux pitoyables et furieux tout ensemble. D’où vient qu’on veut que ces vers furent depuis écrits au pied de ce tableau.

Quos natos feritura ferox Medæa moratur ;

Præstitit hoc magni dextera Timomachi.

Tardat amor facinus ; strictum dolor incitat ensem ;

Vult, non vult natos perdere et ipsa suos.

 

Félibien, André, Entretiens sur la vie et les ouvrages des plus excellens peintres anciens et modernes, vol. 4(publi: 1685) (Ier Entretien), p. 87 (fran)

Du temps de Jules Cesar, poursuivis-je, il y eut à Rome un Thimomachus de Bizance qui fit plusieurs tableaux pour cet Empereur, et entre autres un Ajax et une Medée, dont il luy fit payer quatre-vingt talens.

 

Pline l’Ancien; Hardouin, Jean, Caii Plinii Secundi Naturalis historiae libri XXXVII. Interpretatione et notis illustravit Joannes Harduinus,... in usum Serenissimi Delphini(publi: 1685), t. V, p. 230 (latin)

[1]Timomachus Byzantius Caesaris dictatoris aetate Ajacem, et Medeam pinxit, ab eo in Veneris Genetricis aede positas, [2]octoginta talentis venundatas.

Note de bas de page de l'auteur :
  • [1] Timomachus… Medeam. In hanc pictoris ejus tabulam, ut ceteros sileam, egregie lusit Antiphilus Byzantius, in Anthol. lib. 4. cap. 9. cujus epigramma latine Ausonius reddidit, epigr. 121 :

    Medeam vellet cum pingere Timomachi mens,
    volventem in natos crudum animo facinus:
    Immanem exhausit  rerum in diversa laborem,
    Fingeret affectum matris ut ambiguum.
    Ira subest lacrymis: miseratio non caret ira:
    Alterutrum videas ut si in alterutro.
    Cunctantem satis est : nam digna est sanguine mater
    Natorum: tua non dextera, Timomache.
    Et epigr. 122. cujus hic exitus est :
    Laudo Timomachum: matrem quod pinxit in ensem
    Cunctantem, polis sanguine ne maculet.

    De priore vero, seu de Ajacis insanientis pictura ab eodem Timomacho elaborata, incerti scriptoris epigramma extat, lib. 4. Anthol. cap. 6.

    Αἴας Τιμομάχου πλέον ἢ πατρὸς. ἥρπασε τέχνα

    Τὴν Φύσιν· ὁ γράψας εἶδέ σε μαινόμενον.

    Καὶ συνελυσσήθη χεὶρ ἀνέρι· καὶ τὰ κεραστά

    Δάκρυα τοὺς λύπης πάντας ἔμιξε πόνους.

    In libris editis Αἶσαν Τιμομάχου corrupte legitur.

    Ajax Timomachi magis es, quam patris: in arte
    Natura est: rabiem viderat ille tuam.
    Cumque viro furiata simul manus: omne doloris
    Ingenium trucibus miscuit in lacrymis.

  • [2] [2] Octoginta talentis. Monetae Gallicae libras haec omnino efficiunt, sive florenos, 192000. Hic exclamare lubet cum Seneca, epist. 96. Quid inter pueros et nos interest ? nisi quod nos circa tabulas et statuas insanimus, carius inepti ? Illos reperti in litore calculi laeves et aliquid habentes varietatis delectant, etc.
 

Bayle, Pierre, Dictionnaire historique et critique(publi: 1697), art. « Timomaque », p. 1165 (fran)

Peintre celebre nâtif de Byzance, vivoit du tems de Jules Cesar. Il fit un[1] Ajax et une Medée, qui furent achetez 80 talens par cet empereur, pour être mis au temple de Venus[2]. La somme est un peu forte, c’est 192 mille livres monnoye de France, selon la supputation du P. Hardouin. Timomaque n’avoit pas encore mis la derniere main à sa Medée, et c’est ce qui la faisoit encore plus estimer. Pline[3] n’a pas mauvaise grace d’admirer ce caprice du goût des hommes. Il y a dans l’Anthologie quelques épigrammes sur cette Medée, qu’Ausone[4] a traduites en latin. Ce n’étoit pas l’ouvrage auquel ce peintre eût le plus heureusement reüssi, car outre que l’on n’estimoit pas moins son Iphigenie et son Oreste, l’on jugeoit que sa Gorgone étoit l’ouvrage où son art avoit paru davantage.

Note de bas de page de l'auteur :
  • [1] Moreri dit très-improprement, Des tableaux d’une Medée et d’un Ajax.
  • [2] In Veneris Genetricis aede. Plin. l. 35 cap. 11.
  • [3] Illud perquam rarum ac memoria dignum, etiam suprema opera artificum imperfectasque tabulas, sicut Irin Aristidis, Tyndaridas Nicomachi, Medeam Timomachi et quam diximus Venerem Apellis, in majori admiratione esse quam perfecta. Ibid.
  • [4] Epig. 121. 122.
 

Patrizi, Francesco (da Siena), Lecture d’un chapitre à la louange de la peinture de L’institution de la République de Patrizi, le 3 septembre 1718 à l’Académie royale de peinture et de sculpture(redac: 1718/09/03), 165 (fran)

Ces deux tableaux que César dictateur acheta furent deux portraits de Médée et d’Ajax, pour lesquels il donna à Timomaque 80 talents, pour les mettre et poser au temple de Vénus mère, ainsi qu’écrit Pline livre 7, chapitre 38.

 

Du Bos, Jean-Baptiste, Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture(publi: 1719) (II, 38), p. 127 (fran)

Nous lisons encore dans Pline un grand nombre de faits et plusieurs détails qui prouvent que les peintres anciens se piquaient d’exceller dans l’expression au moins autant que les peintres de l’école romaine se sont piqués d’y exceller. La plupart des louanges que les auteurs anciens donnent aux tableaux dont ils parlent font l’éloge de l’expression. C’est par là qu’Ausone vante la Médée de Timomache (sic), où Médée était peinte dans l’instant qu’elle levait le poignard sur ses enfants. On voit, dit le poète, la rage et la compassion mêlées ensemble sur son visage. À travers la fureur qui va commettre un meurtre abominable, on aperçoit encore les restes de la tendresse maternelle.

Il fournit un travail immense pour montrer des choses opposées,

Afin de représenter l’ambiguïté des sentiments d’une mère.

La colère transparaît sous les larmes, la compassion n’est pas exempte de colère.

On pourrait voir comment l’une ou l’autre se trouve dans l’une ou l’autre.

 

Durand, David, Histoire de la peinture ancienne, extraite de l’Histoire naturelle de Pline, liv. XXXV, avec le texte latin, corrigé sur les mss. de Vossius et sur la Ie ed. de Venise, et éclairci par des remarques nouvelles(publi: 1725), p. 301 (fran)

(E) Medeam Timomachi. Vous voyez que Timomaque est rangé ici entre les peintres les plus anciens, Aristide, Nicomaque, Apelle : il n’y a donc point d’apparence qu’il fut contemporain de J. César. Vous voyez encore, qu’il n’acheva pas sa Médée, parce que la mort le surprit : et vous avez vû ci-dessus, que cette même pièce étoit une des antiques des Cizycenes, dans le tems que Ciceron plaidoit contre Verrès : tout cela s’accorde à rétablir le texte de notre Pline, comme je l’ai fait.

 

Durand, David, Histoire de la peinture ancienne, extraite de l’Histoire naturelle de Pline, liv. XXXV, avec le texte latin, corrigé sur les mss. de Vossius et sur la Ie ed. de Venise, et éclairci par des remarques nouvelles(publi: 1725), p. 107-108 (fran)

Marque-page :
  • [2] Ce que c’est que le talent attique

C’est lui[Explication : Timomaque.] qui a fait ces deux grands tableaux, qui coûtèrent à Jules César lxxx talens[1], et qui, après avoir brillé longtemps à Cyzique, comme une des merveilles de cette ville, ont été enfin transportez à Rome, achetez par le dictateur et consacrez par lui dans le temple de Venus la Génitrice. L’un est une MÉDÉE, qui tuë ses propres enfans, et qui ne peut retenir ses larmes, dans le tems même qu’elle est portée à cet excès par la plus violente de toutes les passions. Les poëtes grecs et latins ont célébré, à l’envi, cette pièce, aussi bien que la seconde, qui est un AJAX, devenu furieux du jugement des Grecs, qui lui ont refusé les armes d’Achille. [2] Le lecteur se souviendra, par rapport à ces deux pièces, que le talent attique, selon le calcul de Varron, se monte justement à VI.M.[3] deniers romains, qui étant multipliez par quatre-vingt, font, comme on voit, une somme prodigieuse, pour deux tableaux.

Notes au texte latin, p. 296 :

(K) Caesaris Dictatoris Ajacem et Medeam pinxit. C’est la leçon que nous avons établie ci-dessus, p. 180, rem. F. Et qu’on ne dise point, pour la renverser, que le peintre qui précède, savoir Métrodore, vivoit du tems de Paul-Emile, pere du second des Africains, et qu’ainsi il n’y a point d’apparence, que Timomaque, qui vient après, doive être placé beaucoup plus haut, savoir à la 107. Olymp. Si cette raison étoit bonne, elle prouveroit aussi pour Aristolaus, qui vient après Timomaque, et qu’il faut nécessairement ranger un peu après son pere, le fameux Pausias, qui a brillé à Sicyone dès la 100. Olymp. comme Pline l’assure, en parlant de Glycere, dans le Liv. 21 §3.

Note de bas de page de l'auteur :
  • [1] 4800 ecus d’Angl. 1200 Liv. Sterl.
  • [3] 6000 den. Rom. Justement 3000 Shel. Ou 600 ecus d’Angl. Le lecteur se souviendra que je suis ici, et partout, le calcul de M. Cappel.
 

Turnbull, George, A Treatise on Ancient Painting(publi: 1740), p. 61-62 (anglais)

Marque-page :
  • [1] Timomachus a tragick painter

[1]. Timomachus[2] seems to have been a tragic painter ; he delighted and excelled most in melancholy and horrible subjects ; and shewed that the tragic style may be attained to in painting as well as in poetry ; or that the former is no less capable of moving, and purging (as Aristotle calls it) our pity and horrour than the latter. And therefore his pictures are highly celebrated by the greek and latin poets. He painted Ajax become frantick upon his disappointment in not having the arms of Achilles adjudged to him by the Greeks : likewise Medea, who in killing her infants is not able to restrain her tears, tho’ transported to that barbarous cruelty by the most violent of all passions. Ovid alludes to both these :

Vtque sedet vultu falsus Telamonius, iram

Inque oculis facinus barbara mater habet[3]. Tristium l. 2

He painted Orestes; Iphigenia acknowledging her brother, and saving him out of the hands of the barbarians ; a Medusa’s head, and several other pieces. Philostratus speaking of his Ajax, very justly observes how well one must be acquainted with the human mind and passions in order to peint such subjects[4]. « As one (says he) must know a horse exactly, in order to represent it to the life ; so must be one intimately skilled in the heart of man, in order to paint its motions, affections, sentiments and passions, and to be able to touch and work them. » I cannot however choose but observe on this occasion, how reasonably Plutarch censures those who delight in painting base, barbarous, or cruel and horrible actions[5]. It requires a great deal of delicacy and judgment to treat them rightly, or without being offensive ; and to deserve the character which Lucian gives of a picture of Pylades and Orestes killing Clytemnestra and Aeghisthus, due in a great measure to Timomachus’s Medea. He calls it a most decent, virtuous picture, because what was barbarous and inhumane in the action was not represented in it[6]. The slaughter of the Innocents even by a Raphael will ever be a subject too horrible to be beheld without suffering. Horace’s rule is as necessary in painting as in poetry :

Nec pueros coram populo Medea trucidet.

Note de bas de page de l'auteur :
  • [2] Timomachus Byzantius, Cæsaris dictatoris Ajacem et Medeam pinxit, ab eo in Veneris genetricis æde positas octoginta talentis venumdatas. — Timomachi laudantur et Orestes, Iphigenia, etc. Plin. 35.
  • [3] See Heinsius’ notes upon the place. There are two Greek Epigrams upon the Medea, both translated into Latin by Ausonius :

    Medeam vellet quum pingere Timomachi mens,

    Volventem in natos crudum anima facinus ;

    Immanem exhausit rerum in diversa laborem,

    Fingeret affectum matris ut ambiguum :

    Ira subest lachrymis ; miseratio non caret ira,

    Alterutrum videas ut sit in alterutro

    Cunctantem satis est. Nam digna est sanguine mater

    Natorum, tua non dextera, Timomache.

    Anthol. Ep. lib. 4. c. 9. Vertit Auson. Ep. 122.

    Quis te pictorum simulavit, pessima Colchis,

    In natos crudum volvere mente nefas ?

    Vsque adeone sitis puerorum haurire cruorem

    Vt ne picta quidem parcere cæde velis ?

    Numnam te Pellex stimulat ? numne alter Iason,

    Altera vel Glauce, sunt tibi causa necis ?

    Quod** ne picta quidem sis barbara ; namque tui vim

    Cera tenax zeli concipit immodicam.

    Laudo Timomachum, matrem quod pinxit in ensem

    Cunctantem prolis sanguine ne maculet.

    Ausonius, Ep. 202.

    There are several other Greek Epigrams in the Anthol. upon this Medea. This subject, finely done in marble, is described by Callistratus. Calistrati εκφρασεις in signum Medeæ 13.

  • [4] Quapropter dixerim ego, et eos, qui pictoriæ artis opera aspiciant, imitatrice opus habere facultate. Nemo enim laudaverit pictum equum, aut taurum, qui animal illud mente non intueatur, cujus similitudinem refert : neque vero Timomachi Ajacem quisquam miretur, qui furens ab illo pictus extat, nisi aliquam mente Ajacis speciem complexus fuerit, utque eum verosimile sit, interemptis ad Trojam armentis concidisse fessum, idque animo agitantem ut seipsum quoque interimat. Philostrat. De vit. Apoll. Lib. 2. C. 23.
  • [5] Quidam pingunt actiones turpes : ut Timomachus Medeam pueros necantem, Theon Orestem manus inferentem matri, Parrhasius Ulyssis simulatam insaniam, et Chærephanes libidinosos mulierum cum virginis congressus. Plutarch. de poet. audien.
  • [6] Lucian De domo. Here he describes a very gay pleasant picture. Post hæc autem Deus est formosus et adolescentulus venustus, amatorum quoddam ludicrum : Branchus puta in rupe sedens tenet leporem, et alludit cani. Hic autem assilienti ad ipsum in sublimi, similis est : Et Apollo adstans arridet. Delectatur videlicet utroque et puero ludente, et cane saltum meditante. He here describes likewise a picture of Medea, Æmulatione atque invidia flagrans, pueros aspiciens, et grave quiddam meditans, tenet quippe jam gladium : miseri autem illi adstant ridentes, nihil eorum quæ futura erant, scientes, et hunc aspicientes in manibus gladium. A little before the picture of Pylades, etc. is described. (γράμμα δικαιότατον). Honestum quiddam pictor excogitavit, qui quod impium in hac re fuit id ostendit solum, et quasi jam peractum prætercurrit ; sed adolescentes, in cæde adulteri, immmorantes exprimit.
 

Webb, Daniel, An Inquiry into the Beauties of Painting(publi: 1760), “Of composition” (numéro ch. VII) , p. 162-163 (anglais)

Let terror be united with pity, the muse of painting has completed her drama. Of this, the Ajax and Medea of Timomachus are beautiful examples; they are bust just mentioned by Ovid in the following lines[1]:

Here Ajax sits with sullen rage oppress’d;

And in Medea’s eyes her crime’s confess’d.

Philostratus is more particular to the former[2]: We cannot (says he) do justice to the Ajax of Timomachus, whom he represents distracted, unless we previously form in our minds the image of his condition; and how natural it was, after the follies he had committed, that he should sit down, overwhelmed with shame, entering on the resolution to destroy himself. This observation of the historian, will serve us as a comment on the epigrammatist[3]

Here art with nature holds a doubtful strife,

And summons Ajax to a second life:

We see raging, and in every line

The painter’s fury rises still with thine:

Thy looks the anguish of thy soul disclose,

And the mix’d tear is charged with all thy woes.

The Medea was a subject of emulation to the wits of Greece; each contending to do justice to thoses inimitable expressions, which they thus describe:

Medea, painter, now provokes thy skill,

Hop’st thou to picture a divided will?

Tis done: Behold, united by his art,

The lovers frenzy, and the mother’s heart;

Mark how the struggling of her soul appear;

Here fury flashes, and there melts a tear.

Twas well, her purpose only you express’d,

Who but Medea could support the rest?

The same is touch’d again with great spirit in the following epigram[4]:

What ventrous hand the curs’d Medea drew ?

And brought the parricide once more in view!

Art thou by slighted love provok’d again

In thy child’s blood thy impious hands to stain?

Off murdress! Ev’n in pain thy crimes we fear,

And all the horrors of thy soul are here.

B — It must be confessed, that if these artists were happy in their power to please, they were no less so, in having such feeling critics, so capable of transmitting their merit to posterity. We too have our share in this happiness; these descriptions are so just, so lively, so distinguishing, that we may look upon them as copies of those divine originals. The moderns have not this advantage: all ideas of their works will vanish with their colours. When Ariosto celebrates Michael Angelo in the following line,

E Michael, piu che mortal, Angel divino.”

this praise is excessive, not decisive; it carries no idea.

A — The reason is obvious, the artist did not furnish the poet with any. Had the painters of Italy produced such expressions as those of the Ajax and Medea, the wits of that country would not have been wanting in doing them justice. I may, perhaps, appear too general, when I include even Raphael in this observation; but if you reflect, you will find, that his expressions are more addressed to the understanding than the passions: they are more to be admired for their variety than force; they have little, either of the pathetic or sublime; and the images which they leave in the mind, slip from it almost as hastily, as the picture from the eye. It is not so with the paintings of Timomachus and Aristides; the impressions we receive from them strike full upon the soul; they dilate it, like the bursts in the musick of Boranello; they agitate, they rouze it, like the symphonies of Yeomelli; such expressions (as was observed of the eloquence of Pericles) leave stings behind them. The superiority which I have here attributed to the ancients, in th comparison of their excellencies with those of Raphael, is no way injurious to the latter; it is but placing his merit in a just point of view.

Note de bas de page de l'auteur :
  • [1] Utque sedet vultu fassus Telamonius iram;

    Inque oculis facinus barbara mater habet. Lib. II Trist.

  • [2] Ουδ’αν τον Αιαντα τις τον Τιμομαχου αγασθειν, ὁς δη αναγεγραπται αυτῳ μεμηνως, ει μη αναλαβοι τις ες τον νουν Αριαντος ειδωλον, καὶ ὡς εικος αυτον απεκτονοτα τα εν τῃ Τροιᾳ βουκολια, καθησθαι απερειρηκοτα, βουλην ποιουμενον καὶ ἑαυτον κτειναι.

    Lib. II de vita Apolloni, c. 10

  • [3] Αισαν Τιμομαχου πλεον η πατρος·ἡρπασε τεχνα

    Την φυσιν·Ὁ γραψας ειδε σε μαινομενον,

    Και σθνελυσσηθη χειρ ανερι· Και τα κεραστα

    Δακρυα τους λυπης παντας εμιξε πονους.

    Anthol. Lib. IV

  • [4] Τις σου, Κολχις αθεσμε, συϐεγραφεν εικονι θυμον;

    Τις καὶ εν ειδωλῳ βαρβαρον ειργασατο;

    Αιει γαρ διψας βρεφεων φονον· η τις Ιησων

    Δευτερος, η Γλαυκη τις παλι σοι προφασις;

    Ερρε, καὶ εν κηρῳ παιδοκτονε· σων γαρ αμετρων

    Ζηλων, εις ἀ θελεις, καὶ γραφις αισθανεται.

    Anthol. Lib. iv.

 1 sous-texte

Webb, Daniel, An Inquiry into the Beauties of Painting, « De la composition » (numéro ch. VII) , p. 180-185 (fran)(traduction ancienne d'un autre auteur)

Quand la terreur se trouve jointe à la compassion, le drame de la peinture est complet. L’Ajax et la Médée de Timomaque sont deux exemples frappans en ce genre, et sont cités comme tels par Ovide, dans ces vers :

Utque sedet vultu fassus Telamonius iram,

Inque oculis facinus barbara mater habet ? Trist. L. II.

« Un farouche dépit éclate sur le visage d’Ajax, et le regard de la cruelle Médée révele son forfait. » Ce que dit Philostrate de l’Ajax, est plus positif encore : « On ne peut, dit-il[1], sentir tout le mérite de ce tableau de Timomachus, où Ajax est représenté furieux contre lui-même, si l’on ne se met bien dans l’esprit sa situation, lorsqu’après avoir mis en pièces des troupeaux dans la Troade, il s’arrête désespéré, et prend la résolution de se tuer lui-même ». Cette observation servira de Commentaire à l’épigramme suivante :

Αἶσαν Τιμομάχου πλέον ἦ πατρός, ἦρπασε τέχνα

Τὴν φύσιν· ὠ γραψας εἶδε σε μαινόμενον,

Καὶ συνελυσσήθη χεῖρ ἀνέρι, καὶ τὰ κεραστὰ

Δάκρυα τοὺς λύπης πάντας ἔμειξε πόνους.

Anthol. L. IV.

« Ici Ajax doit plus à Timomachus qu’à son propre pere ; l’art a dérobé à la nature ses traits. Le peintre, Ajax, te vit dans l’égarement du désespoir, toute ta fureur s’empara de lui, et conduisit ta main ; en confondant ses larmes avec les tiennes, il a rassemblé en toi tous les caracteres de la douleur. »

La Médée fut pour les beaux esprits de la Grèce un de ces sujets sur lesquels ils s’exerçoient à l’envi ; chacun d’eux s’efforçoit de rendre justice à l’expression inimitable de ce tableau ; voici comment ils en ont parlé :

Τὰν ὀλοὰν Μήδειαν ὅτ’ ἔγραφε Τιμομάχου χεῖρ

Ζάλω, καὶ τέκνοις ἀντιμεθελκομέναν,

Μυριον ἄρατο μόχθον, ἵν’ ἤθεα δισσὰ χαράξη,

Ὠν τὸ μὲν εἰς ὀργὰν νεῦε, τὸ δ’εἰς ἔλεον.

Αμφω δ’ ἐπλήρωσεν, ὅρα τύπον· ἐν γὰρ ἀπειλᾷ

Δάκρυον, ἐν δ’ ἐλέῳ θθμὸς ἀναστρέφεται.

Ἀρκεῖ δ’ ἃν μέλλησις, ἔφα σοφός· αἶμα δὲ τέκνων

Ἕπρεπε Μηδείῃ, κ’οὐ χερὶ Τιμομάχου.

Anthol. L. IV.

« Timomachus, pendant que son pinceau traçoit la cruelle Médée partagée par la jalousie et l’amour maternel, dût éprouver mille tourmens pour exprimer ces deux mouvemens, dont l’un respire la fureur, et l’autre l’attendrissement ; il les a exprimés tous deux heureusement : regardez ce tableau ; on voit la menace éclater à travers les larmes, et la vengeance subsister avec la pitié. C’est assez pour moi que cette perplexité, s’est dit le sage artiste ; verser le sang de ses enfans convenoit à Médée, et ne convient point à la main de Timomachus. »

Le même sujet est aussi exprimé avec beaucoup d’esprit dans l’épigramme suivante :

Τίς σου, Κολχὶς, ἄθεσμε, συνέγραφεν εἰκόνι θύμον;

Τίς καὶ ἐν είδώλῳ βάρβαρον εἰργάσατο;

Αἰεὶ γὰρ διψᾷς βρεφέων φόνον· ἢ τίς Ἰησών

δεύτερος ἢ Γλαύκη τις πάλι σοι πρόφασις;

Ἔρρε, καὶ ἐν κηρῷ παιδ’οκτόνε. Σῶν γὰρ ἅμετρων

Ζήλων, εἰς ἃ θέλεις, καὶ γραφὶς αἰσθάνεται.

 Anthol. L. IV

« Quel est l’artiste, ô Médée, qui a exprimé dans cette image tes injustes fureurs ! Quelle main a fait passer dans ton portrait toute ta barbarie ! Tu y respires encore le meurtre de tes enfans. Y a-t-il donc quelque nouveau Jason, y a-t-il une autre Créüse qui irritent tes ressentimens ? Détestable parricide, même sur la cire, tu inspires la terreur, et cette figure est empreinte de tout l’emportement de tes passions forcénées. »

B — Si les artistes anciens sont admirables dans leurs productions, il faut avouer qu’ils ont été heureux d’avoir trouvé des critiques si éclairés, si dignes de sentir le mérite de leurs ouvrages, et d’en faire passer le sentiment à la postérité. Nous partageons ce bonheur avec eux ; les descriptions qui nous restent de leurs ouvrages sont si justes, si énergiques, si précises, qu’on peut les regarder comme des copies de ces divins originaux. Les modernes n’ont pas le même avantage ; le souvenir de leurs productions se perdra avec leur couleur. Lorsque l’Arioste loue Michel-Ange dans ce vers si connu :

E Michael, piu che mortal, Angel Divino.

Cet éloge n’est qu’une exagération vague qui ne laisse aucune idée.

A — La raison en est toute simple ; l’artiste n’en avoit fait naître aucune au poëte. Si les peintres d’Italie avoient mis dans leurs tableaux des expressions comparables à celles de l’Ajax et de la Médée, les écrivains de ce pays n’auroient pas manqué de les exalter.

Note de bas de page de l'auteur :
  • [1] Ουδ’αν τον Αιαντα τις τον Τιμομαχου αγασθειν, ὁς δη αναγεγραπται αυτῳ μεμηνως, ει μη αναλαβοι τις ες τον νουν Αριαντος ειδωλον, καὶ ὡς εικος αυτον απεκτονοτα τα εν τῃ Τροιᾳ βουκολια, καθησθαι απερειρηκοτα, βουλην ποιουμενον καὶ ἑαυτον κτειναι. Lib. II de vita Apollonii c. 10
 

Webb, Daniel, An Inquiry into the Beauties of Painting(publi: 1760), p. 187 (anglais)

A — I have admitted, that it was much the taste of the Greek painters, to rest the merit of their composition on a single character or expression. That they judged well in this, the agreement of all the writers of antiquity, in giving the preference to these works, sufficiently proves. No doubt, the noblest end of painting, is, by a sudden and powerful impression, to strike home on the passions: This will never be effected, in painting, by drawing the imagination through links of successive ideas. The children of Medea, we are told, were represented smiling at the dagger in their mother’s hand; her fury, mixed with a pity of their innocence, has been fully described: would you extend composition beyond this, you rather weaken then improve it; is it to be imagined, that a painter capable of such expressions as these, could not have marked the subordinate emotions in a number of assistants? We have already taken notice in the Iphigenia of Timanthes, of the climax of the expressions; and of his singular ingenuity, in distinguishing his principal character; can we suppose this artist unequal to trace the gradations of envy in Christ’s charge to Peter, or the different effects of Paul’s sermon at Athens?

 1 sous-texte

Webb, Daniel, An Inquiry into the Beauties of Painting, p. 217 (fran)(traduction ancienne d'un autre auteur)

Il n’en est pas ainsi dans le pathétique ou le sublime. La mere mourante d’Aristide, la Médée de Timomachus, l’Alexandre d’Appelles, offrent des idées évidentes et des expressions décidées ; et il n’est pas plus possible de confondre, que d’oublier les effets qu’ils produisent.

Commentaires : manque un morceau de citation?

 

Hagedorn, Christian Ludwig von, Betrachtungen über die Malerei(publi: 1762), „Von der Ausdruck der Leidenschaften“ (numéro III, 43) , t. II, p. 610 (allemand)

So sehr gleichwohl ein Timomachus unter den Alten, wegen des Ausdrucks der Affecten in ihrer Heftigkeit berühmt ist: so viel Behutsamkeit ist nöthig, wenn man auch diese Bahn betreten will.

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Hagedorn, Christian Ludwig von, Betrachtungen über die Malerei, « De l’expression des passions » (numéro III, 43, t. II) , p. 109 (fran)(traduction ancienne d'un autre auteur)

Quelque célèbre que soit un Timomachus parmi les Anciens par rapport à l’expression des mouvements de l’ame dans toute leur véhémence, il a été surpassé en célébrité par ceux qui l’ont suivi, et l’artiste moderne qui voudroit courir la même cariere, n’y sauroit apporter trop de précaution.

Commentaires : Trad. Huber, III, 43, « De l’expression des passions », t. II, p. 109

 

Hagedorn, Christian Ludwig von, Betrachtungen über die Malerei(publi: 1762), „Vermeidung des Häßlichen, und was die feinern Empfindungen beleidiget“ (numéro I, 9) , p. 124-125 (allemand)

Unsere Empfindungen warnen uns bald, und unser beleidigtes Auge kehret sich abwärts, wo die Natur durch die Vostellungen der Kunst leidet.

Nec pueros coram populo Medea trucidet,

Aut humana palam coquat exta nefarius Atreus[1].

So schreibt Horaz für die tragischen Dichter; und an dem Mahler Timomachus tadelt Plutarch überhaupt, daß er die Medea, wie sie ihre Kinder umbringet, vorgestellt habe. Dagegen wird in zweien grieschischen Sinngedichten, welche Ausonius übersetezt hat, eben dieser Mahler gelobet, daß er den Zeitpunkt der Zögerung eines so grausamen Vorhabens, das Besinnen, zu seiner Vorstellung ausgesucht habe. Die Folgerung aus beyden Erzählungen bleibt allemal für den Künstler einerley. Sie bestätiget die Grundregel : und der Sinn der Alten wird überdies durch ein anderes Beyspiel, das Lucian anführet, aufgekläret. Von demselben werde ich bey anderer Gelegenheit weitläufiger handeln. Ich erinnere nur, daß dieses Gemählde gleiches Inhalts ist.

Note de bas de page de l'auteur :
  • [1] Medea muß ihre Kinder nicht vor unserem Angesichte erwürgen. Der abscheuliche Atreus muß nicht auf öffentlicher Bühne menschliche Gliedmassen kochen. Hamlet. Das Schicksal, das die Trauerspiele : les Freres ennemis, des Racine, und Atrée et Thyeste des Crebillon auf dem französischen Schauplatze gehabt haben, kann wenigstens den dem Dichter die Ueberlegung, für was für ein Theater er schreibe, verstärken. Das letzte Stück ward nich viel über einmal aufgeführt.
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Hagedorn, Christian Ludwig von, Betrachtungen über die Malerei, « Qu’il faut éviter les difformités et tout ce qui blesse les sentiments délicats » (numéro I, 9) , p. 117 (fran)(traduction ancienne d'un autre auteur)

Pour peu que la nature ait été violée par la représentation de l’art, nos sensations nous en avertissent bientôt et nos yeux blessés se détournent de l’objet. « Medée ne doit point égorger ses enfants à nos yeux : le détestable Atrée ne doit pas faire les préparatifs de son repas sanguinaire sur le théatre. »[1] Tel est le précepte qu’Horace donne aux poëtes tragiques. Plutarque reprend le peintre Timomachus d’avoir représenté Médée, égorgeant ses enfants. D’ailleurs ce même peintre se trouve loué dans deux épigrammes, traduites par Ausone, pour avoir choisi l’époque de la suspension d’un si cruel dessein, le moment de la réflexion. La conséquence que l’on peut tirer de ces deux récits, est toujours la même chose pour le peintre. Elle confirme la règle fondamentale, et de plus le sens des anciens se trouve éclairci par un autre exemple, rapporté par Lucien. Je m’étendrai davantage ailleurs sur cet exemple. Il suffit de dire que Medée est le sujet de ce tableau.

Note de bas de page de l'auteur :
  • [1] Nec pueros coram populo Medea trucidet,

    Aut humana palam coquat exta nefarius Atreus.

    Horatii Episto. L. III v. 185.

Commentaires : Trad. Huber, Réflexions sur la peinture, 1775, I, 9, « Qu’il faut éviter les difformités et tout ce qui blesse les sentiments délicats », p. 117

 

Algarotti, Francesco, Saggio sopra la pittura, saggio sopra l’Academia di Francia che è in Roma(publi: 1763), « Della espressione degli affetti », p. 122-124 (italien)

: Di Timomaco ancora fu celebratissima la Medea trucidante i propri figliuoli, nella cui faccia seppe il dotto artefice figurare il furore, che la spigneva a tanto delitto, e la tenerezza insieme di madre, che sembrava ritenernela. Un consimile doppio affetto tentò di esprimere il Rubens nel volto di Maria de’ Medici addolorata ancora pel fresco parto, e lieta insieme per la nascita del Dolfino. E nel volto di Santa Polonia dipinta dal Tiepolo pel Santo di Padova, pare che si legga chiaramente il dolore della ferita fattagli dal manigoldo misto col piacere del vedersi con ciò aperto il Paradiso.

Commentaires : Lier Sainte Apollonie Tiepolo?

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Algarotti, Francesco, Saggio sopra la pittura, saggio sopra l’Academia di Francia che è in Roma, p. 159-161 (fran)(traduction ancienne d'un autre auteur)

La Medée massacrant ses propres enfants par Timomaque fut encore très-célebre. Cet habile peintre sçut exprimer sur son visage la fureur qui la portoit à commettre un crime si atroce et la tendresse maternelle qui sembloit en même tems la retenir[1]. Rubens essaya d’exprimer deux sentimens différens dans le visage de Marie de Médicis nouvellement accouchée. On voit sur le visage de cette princesse la douleur qui est la suite de l’enfantement et la joie d’avoir donné le jour au Dauphin. On remarque clairement sur celui de sainte Appolonie peinte par Tiepolo pour l’église del Santo de Padoue (c’est-à-dire de saint Antoine qu’on appelle le Saint par excellence). La douleur qu’elle ressent du coup que le bourreau lui avait porté et le plaisir de voir le ciel entre-ouvert. A dire le vrai, les exemples de finesse d’expression sont rares dans les ouvrages sortis des Écoles de Venise, de Flandre et de Lombardie, parce qu’elles ont été privées de la vue de l’antique qui est la source la plus pure du dessin, le modele le plus parfait de l’expression et du caractère.

Note de bas de page de l'auteur :
  • [1] Medeam vellet cum pingere Timomachi mens

    Volventem in natos crudum animo facinus,

    Immanem exhausit rerum in diversa laborem,

    Fingeret affectum matris ut ambiguum.

    Ira subest lachrymis ; miseratio non caret ira,

    Alterutrum videas ut sit in alterutro.

    Cunctantem satis est. Nam digna est sanguine mater

    Natorum, tua non dextera, Timomache. Ausonius ex Anthologia.

 

Winckelmann, Johann Joachim, Geschichte der Kunst der Altertums(publi: 1764, trad: 1766), p. 167 (allemand)

Der rasende Ajax des berühmten Malers Timomachus war nicht im Schlachten der Widder vorgestellt, die er für Heerführer der Griechen ansah, sondern nach geschehener Tat, und da er zu sich selbst kam und voller Verzweiflung und niedergeschlagen sitzend sein Vergehen überdachte ; und so ist er auf dem trojanischen Marmor im Campidoglio gebildet. Die Kinder der Medea in dem Gemälde gedachten Künstlers lächelten unter dem Dolche ihrer Mutter, deren Wut mit Mitleiden über ihre Unschuld vermischt war.

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Winckelmann, Johann Joachim, Geschichte der Kunst der Altertums, (trad: 1766) (vol. 1), p. 290 (trad: "Histoire de l'art chez les Anciens" par Sellius, Gottfried en 1766)(fran)(traduction ancienne d'un autre auteur)

L’Ajax du peintre Timomachus. L’Ajax furieux du célebre peintre Timomachus n’étoit pas représenté égorgeant les béliers qu’il croyoit être les généraux des Grecs, mais dans le moment qui suivit de près cette action[1], revenu à lui-même, assis et tout abattu, refléchissant sur l’énormité de son crime, et saisi de remords. Tel il est en marbre au Capitole[2].

La Médée du même artiste. Dans un autre tableau du même artiste qui représente Médée poignardant ses enfans ; ceux-ci sourioient sous le poignard de leur mere, dont la fureur étoit mêlée de compassion pour leur innocence.

Note de bas de page de l'auteur :
  • [1] Philostr. Vit. Apollon. Lib. II, Cap. 10.
  • [2] Cons. Descript. des Pierr. gr. Du Cab. de Stosch, p. 384.

Commentaires : Trad. 1766, Histoire de l’art chez les Anciens, 1763, vol. 1, p. 290

 

Jaucourt, Louis de, Encyclopédie, art. « Peintres grecs », tome XII(publi: 1765), p. 265 (fran)

Timomaque, natif de Bizance, vivoit du tems de Jules-César. Il mit au jour, entre autres productions, un Ajax et une Médée que le conquérant des Gaules plaça dans le temple de Vénus, et qu’il acheta 80 talens, c’est-à-dire au-delà de seize mille quatre cens louis. Timomaque n’avoit pas mis la derniere main à sa Médée, et c’étoit néanmoins ce qui la faisoit encore plus estimer, au rapport de Pline, qui ne peut s’empêcher d’admirer ce caprice du goût des hommes. La pitié entre-t-elle dans ce sentiment ? se fait-elle un devoir de chérir les choses à cause de l’infortune qu’elles ont eu de perdre leur auteur, avant que d’avoir reçu leur perfection de sa main ? cela peut être ; mais il arrive aussi quelquefois qu’on se persuade avec raison, que de grands maîtres alterent l’excellence de leurs ouvrages par le trop grand fini dont ils sont idolâtres. Quoi qu’il en soit, le morceau de peinture dont il s’agit ici étoit admirable par l’expression, genre particulier qui caractérisoit Timomaque ; car c’est par-là qu’Ausone, dans sa traduction de quelques épigrammes de l’Anthologie sur ce sujet, vante principalement ce magnifique tableau, où la fille d’Oetus, si fameuse par ses crimes, étoit peinte dans l’instant qu’elle levoit le poignard sur ses enfans. On voit, dit le poëte, la rage et la compassion mêlées ensemble sur son visage ; à-travers la fureur qui va commettre un meurtre abominable, on apperçoit encore des restes de la tendresse maternelle. Cependant cette Médée, si louée par les auteurs grecs et latins, si bien payée par Jules-César, n’étoit pas le chef-d’œuvre du célebre artiste de Bizance : l’on n’estimoit pas moins son Iphigénie et son Oreste, et l’on mettoit sa Gorgone au-dessus de toutes ses compositions.

 

Watelet, Claude-Henri ; Levesque, Pierre-Charles, Encyclopédie méthodique. Beaux-Arts(publi: 1788:1791), art. « Passions », « Pratique des artistes grecs dans la représentation des passions », vol. 1, p. 616 (fran)

Le célèbre peintre Timomaque n’avoit pas représenté Ajax au moment de ses fureurs, lorsqu’il égorge un bélier qu’il prend pour le chef des Grecs : mais il avoit choisi l’instant où le héros, dans ce tranquille désespoir qui ressemble à l’apathie, réfléchit sur son erreur. C’est encore ainsi qu’il est figuré sur la table iliaque au Capitole, et sur plusieurs pierres gravées. Une seule pâte antique le représente tuant un bélier.

 

Watelet, Claude-Henri ; Levesque, Pierre-Charles, Encyclopédie méthodique. Beaux-Arts(publi: 1788:1791), art. « Peinture chez les Grecs », vol. 1, p. 655 (fran)

TIMOMAQUE de Bysance étoit contemporain de Jules-César. Il fit pour ce dictateur un Ajax furieux et une Médée massacrant ses enfans, sujet condamné par Plutarque, sans doute parce que les Grecs ne vouloient pas que l’art consacrât des actions atroces. César paya ces deux tableaux 80 talens, 360 mille livres de notre monnoie. Une somme si considérable, donnée à un peintre vivant pour deux tableaux, prouve que l’artiste jouissoit d’une haute réputation, et que l’art ne passoit pas encore pour avoir dégénéré dans les derniers temps de la république Romaine : car on auroit pu se procurer des tableaux anciens au même prix. La Médée de Timomaque, a été célebrée par des poetes Grecs, dont les pieces sont dans l’anthologie ; l’une d'elles nous apprend que ce tableau étoit à l’encaustique. L’auteur mourut avant qu’il fût entièrement terminé.

 

Anthologie grecque. Deuxième partie. Anthologie de Planude, t. XIII(trad: 1980) (141), p. 134 (grecque)

Κολχίδα, τὴν ἐπὶ παισὶν ἀλάστορα, τραυλὲ χελιδών,

πῶς ἔτλης τεκέων μαῖαν ἔχειν ἰδίων;

Ἧς ἔτι κανθὸς ὕφαιμος ἀπαστράπτει φόνιον πῦρ,

καὶ πολιὸς γενύων ἀφρὸς ἄπο σταλάει·

ἀρτιβρεχὴς δὲ σίδηρος ἐφ’ αἵματι. Φεῦγε πανώλη

μητέρα, κἀν κηρῷ τεκνοφονοῦσαν ἔτι.

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Anthologie grecquePremière partie, Anthologie palatine, (fran)(traduction récente d'un autre auteur)

De Philippe. La Colchidienne, la Furie qui se venge sur ses propres enfants, comment as-tu osé, gazouillante hirondelle, lui confier tes petits ? C’est elle dont l’œil sanglant flamboie d’un feu meurtrier, dont la bouche distille une écume blanchâtre, dont le glaive dégoutte de sang ! Fuis donc cette mère assoiffée de carnage et qui, même sur un tableau, ne cesse de tuer ses enfants !

 

Anthologie grecque. Deuxième partie. Anthologie de Planude, t. XIII(trad: 1980) (139), p. 133 (grecque)

Τιμόμαχος Μήδειαν ὅτ’ ἔγραφεν, εἰκόνι μορφᾶς

ἀψύχου ψυχὰς θήκατο διχθαδίας·

ζᾶλον γὰρ λεχέων τεκέων θ’ ἅμα φίλτρα συνάψας

δεῖξεν ἐν ὀφθαλμοῖς ἀντιμεθελκομέναν.

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Anthologie grecque. Deuxième partie. Anthologie de Planude, t. XIII, (trad: 1980) (139), p. 134 (fran)(traduction récente d'un autre auteur)

Quand Timomachos peignit sa Médée, dans l’image d’une forme sans âme il fit entrer deux âmes : unissant étroitement la jalousie de l’amante et l’amour d’une mère, il montra dans son regard la femme tiraillée.

 

Anthologie grecque. Deuxième partie. Anthologie de Planude, t. XIII(trad: 1980) (140), p. 134 (grecque)

Δεῦρ’ ἴδε καὶ θάμβησον ὑπ’ ὀφρύσι κείμενον οἶκτον

καὶ θυμόν, βλεφάρων καὶ πυρόεσσαν ἴτυν,

καὶ μητρὸς παλάμην ἀλοιχοιό τε πικρὰ παθούσης

ὁρμῇ φειδομένῃ πρὸς φόνον ἑλκομένην.

Ζωγράφος εὖ δ’ ἔκρυψε φόνου τέλος οὐκ ἐθελήσας

θάμβος ἀπα᾿βλῦναι πένθεϊ δερκόμενον.

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Anthologie grecque. Deuxième partie. Anthologie de Planude, t. XIII, (trad: 1980) (140), p. 134 (fran)(traduction récente d'un autre auteur)

Vois et sois saisi d’admiration : ce regard-là où la pitié se montre auprès de la colère, ces yeux à l’orbe flamboyant, la main de cette mère, de l’épouse cruellement outragée, cette main poussée au crime par un élan qui la retient. Le peintre, et c’est bien, a caché l’exécution du crime, ne voulant pas qu’un douloureux spectacle ternît notre admiration. 

 

Anthologie grecque. Deuxième partie. Anthologie de Planude, t. XIII(trad: 1980) (138), p. 133 (grecque)

Δεῦρ’ ἴδε παιδολέτειραν ἐν εἰκόνι, δεῦρ’ ἴδ’ ἄγαλμα,

Κολχίδα, Τιμομάχου χειρὶ τυπωσάμενου.

Φάσγανον ἐν παλάμᾳ, θυμὸς μέγας, ἄγριον ὄμμα,

παισὶν ἐπ’ οἰκτίστοις δάκρυ κατερχόμενον·

πάντα δ’ ὁμοῦ συνέχευεν ἄμικτά περ εἰς ἓν ἀγείρας,

αἵματι μὴ χρῶσαι φεισάμενος παλάμαν.

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Anthologie grecque. Deuxième partie. Anthologie de Planude, t. XIII, (trad: 1980) (138), p. 133 (fran)(traduction récente d'un autre auteur)

Regarde, là, sur ce tableau, l’infanticide ; regarde, là, cette œuvre d’art, la Colchidienne : c’est la main de Timomachos qui l’a réalisée ! Glaive au poing, ardeur farouche, regard sauvage, sur pitoyables enfants une larme qui tombe : l’artiste a tout mêlé ensemble, des sentiments les plus contraires il a fait un seul tout. Mais de teindre de sang cette main, il s’en est bien gardé. 

 

Anthologie grecque. Deuxième partie. Anthologie de Planude, t. XIII(trad: 1980) (137), p. 133 (grecque)

Τίς σου, Κολχὶς ἄθεσμε, συνέγραφεν εἰκόνι θυμόν;

Τίς καὶ ἐν είδώλῳ βάρβαρον εἰργάσατο;

Αἰεὶ γὰρ διψᾷς βρεφέων φόνον. Ἦ τις Ἰήσων

δεύτερος ἢ Γλαύκη τις πάλι σοι πρόφασις;

Ἔρρε, καὶ ἐν κηρῷ παιδοκτόνε. Σῶν γὰρ ἀμέτρων

ζήλων εἰς ἃ θέλεις καὶ γραφὶς αἰσθάνεται.

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Anthologie grecque. Deuxième partie. Anthologie de Planude, t. XIII, (trad: 1980) (137), p. 133 (fran)(traduction récente d'un autre auteur)

Sauvage fille de Colchide, qui donc peignit, avec ton visage, ta fureur ? Qui te donne, même sur un portrait, pareille barbarie ? Car toujours tu as soif du sang de tes enfants. Auras-tu pour excuse un second Jason, une autre Glaucé ? Sois maudite, tueuse d’enfants jusque sur un tableau ! Cette jalousie sans bornes qui te mène vers ton but, le pinceau même la ressent !

 

Anthologie grecque. Deuxième partie. Anthologie de Planude, t. XIII(trad: 1980) (83), p. 111 (grecque)

Αἶαν, Τιμομάχου πλέον ἢ πατρός, ἥρπασε τέχνα

τὴν φύσιν· ὁ γράψας εἶδε σε μαινόμενον,

καὶ συνελυσσήθη χεὶρ ἀνέρι, καὶ τὰ κεραστὰ

δάκρυα τοὺς λύπης πάντας ἔμιξε πόνους.

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Anthologie grecque. Deuxième partie. Anthologie de Planude, t. XIII, (trad: 1980) (83), p. 111 (fran)(traduction récente d'un autre auteur)

Ajax, c’est Timomachos ton vrai père : devant l’art la nature s’efface. Le peintre a vu ta fureur ; ta rage est passée dans sa main, et vos larmes mêlées ont ensemble exprimé toutes les souffrances de votre désespoir. 

 

Anthologie grecque. Deuxième partie. Anthologie de Planude, t. XIII(trad: 1980) (143), p. 134 (grecque)

Μηδείης τύπος οὗτος· ἴδ’ ὡς τὸ μὲν εἰς χόλον αἴρει

ὄμμα, τὸ δ’ εἰς παίδων ἔκλασε συμπαθίην.

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Anthologie grecque. Deuxième partie. Anthologie de Planude, t. XIII, (trad: 1980) (143), p. 135 (fran)(traduction récente d'un autre auteur)

 Ce tableau, c’est Médée. Vois comme son regard s’exalter jusqu’à la colère, et la compassion pour ses enfants l’adoucit.

 

Anthologie grecque. Deuxième partie. Anthologie de Planude, t. XIII(trad: 1980) (136), p. 132 (grecque)

Τὰν ὀλοὰν Μήδειαν ὅτ’ ἔγραφε Τιμομάχου χείρ

ζάλῳ καὶ τέκνοις ἀντιμεθελκομέναν,

μυρίον ἄρατο μόχθον, ἵν’ ἤθεα δισσὰ χαράξῃ,

ὧν τὸ μὲν εἰς ὀργὰν νεῦε, τὸ δ’εἰς ἔλεον.

Ἄμφω δ’ ἐπλήρωσεν· ὅρα τύπον· ἐν γὰρ ἀπειλᾷ

δάκρυον, ἐν δ’ ἐλέῳ θθμὸς ἀναστρέφεται.

Ἀρκεῖ δ’ ἁ μέλλησις, ἔφα σοφός· αἶμα δὲ τέκνων

ἔπρεπε Μηδείῃ, κοὐ χερὶ Τιμομάχου.

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Anthologie grecque. Deuxième partie. Anthologie de Planude, t. XIII, (trad: 1980) (136), p. 132 (fran)(traduction récente d'un autre auteur)

Lorsque sa main peignait la fatale Médée, tiraillée, hésitante entre sa jalousie et ses propres enfants, Timomaque prit une peine infinie à marquer ce partage d’un cœur enclin à la pitié, à la colère aussi. Parfaitement il exprima les deux ! Regarde ce portrait : dans la menace ne sent-on pas les larmes et sous la tendresse la fureur ? « L’hésitation suffit » comme disait le sage : à Médée de verser le sang de ses enfants, Timomaque de sa main n’avait pas à le faire !

 

Anthologie grecque. Deuxième partie. Anthologie de Planude, t. XIII(trad: 1980) (135), p. 132 (grecque)

Τέχνη Τιμομάχου στοργὴν καὶ ζῆλον ἔμιξεν

Μηδείης, τέκνων εἰς μόρον ἑλκομένων.

Τῇ μὲν γὰρ συνένευσεν ἐπὶ ξίφος, ᾗ δ’ ἀνανεύει,

σῴζειν καὶ κτείνεν βουλομένη τέκεα.

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Anthologie grecque. Deuxième partie. Anthologie de Planude, t. XIII, (trad: 1980) (135), p. 132 (fran)(traduction récente d'un autre auteur)

L’art de Timomachos ? Mélange de l’amour maternel et de la jalousie de Médée, à l’heure où ses enfants sont entraînés vers leur destin. D’un côté elle s’est décidée pour le glaive, de l’autre elle le refuse, voulant tuer ses enfants et les garder en vie.