Théon de Samos, l’Hoplite
Bibliographie
Junius, Franciscus, De Schilder-Konst der Oude, Begrepen in drie Boeken(publi: 1641), p. 341 (n)
Den vermaerden Schilder Theon heeft ons dese lesse willen inplanten, wanneer hy eenen ghewaependen krijghs-man ghemaeckt hebbende, ghelijck den selvighen ghereed stond om eenen uytval te doen op de vyanden die't omligghende platte land asliepen, niet goed en vond datmen dese fijne Schilderye te voorschijn soude brenghen, sonder eerst eenen Trompetter heymelick by der hand te hebben die sijn Trompette stekende eenen loosen alarm op den selvighen ooghenblick soude maecken alsmen de gordijne die ‘t stuck bedeckt hield beghost te verschuyven. 't Schickelicke gheklanck der Trompette heeft ghediens, segt Aelianus (Lib. II yar hist. Cam. ultimo), om d’opgheweckte fantasijne der aenschouwers krachtighlijk te vervullen met den levendighen inval van een kloeck Soldaets-hert 't welck sich door 't ghesicht synes verwoesten vaderlandts ghedwonghen vond daedelick te hulpe te loopen. Den treffelicken Konstenaer heeft het recht voor ghehadt, als hy sich daer van versekert hield, dat het ghemoed der aenschouwers door 't hooren deses alarms aller best daer toe konde aengheleyt worden om anders niet dan't ghesicht van wel toegheruste en strijdvaerdighe mannen te verwachten, dat oock dese vetwachtinghe aller bequaemst was om haere fantasije met de levendighe teghenwordigheyt van d'afghebeelde saecke te vervullen.
Élien (Κλαύδιος Αἰλιανός), Ποικίλη ἱστορία(redac: (201):(235)) (II, 44 (Reinach 517))(grecque)
Θέωνος τοῦ ζωγράφου πολλὰ μὲν καὶ ἄλλα ὁμολογεῖ τὴν χειρουγίαν ἀγαθὴν οὖσαν, ἀτὰρ οὖν καὶ τόδε τὸ γράμμα· ὁπλίτης ἐστὶν ἐκβοηθῶν, ἄφνω τῶν πολεμίων εἰσβαλλόντων καὶ δῃούντων ἅμα καὶ κειρόντων τὴν γῆν· ἐναργῶς δὲ καὶ πάνυ ἐκθύμως ὁ νεανίας ἔοικεν ὁρμῶντι εἰς τὴν μάχην, καὶ εἶπες ἂν αὐτὸν ἐνθουσίαν, ὥσπερ ἐξ Ἄρεος μανέντα. γοργὸν μὲν αὐτῷ βλέπουσιν οἱ ὀφθαλμοί, τὰ δὲ ὅπλα ἁρπάσας ἔοικεν ᾗ ποδῶν ἔχει ἐπὶ τοὺς πολεμίους ᾄττειν. προβάλλεται δὲ ἐντεῦθεν ἤδη τὴν ἀσπίδα καὶ γυμνὸν ἐπισείει τὸ ξίφος φονῶντι ἐοικὼς καὶ σφαγὴν βλέπων καὶ ἀπειλῶν δι’ ὅλου τοῦ σχήματος ὅτι μηδενὸς φείσεται. καὶ πλέον οὐδὲν περιείργασται τῷ Θέωνι, οὐ λοχίτης οὐ ταξίαρχος οὐ λοχαγὸς οὐχ ἱππεὺς οὐ τοξότης, ἀλλ’ ἀπέχρησέν οἱ καὶ ὁ εἷς ὁπλίτης οὗτος πληρῶσαι τὴν τῆς εἰκόνος ἀπαίτησιν. οὐ πρότερόν γε μὴν ὁ τεχνίτης ἐξεκάλυψε τὴν γραφὴν οὐδὲ ἔδειξε τοῖς ἐπὶ τὴν θέαν συνειλεγμένοις πρὶν ἢ σαλπιγκτὴν παρεστήσατο καί προσέταξεν αὐτῷ τὸ παρορμητικὸν ἐμπνεῦσαι μέλος διάτορόν τε καὶ γεγωνὸς ὅτι μάλιστα καὶ οἷον εἰς τὴν μάχην ἐγερτήριον. ἅμα τε οὖν τὸ μέλος ἠκούετο τραχὺ καὶ φοβερὸν καὶ οἷον εἰς ὁπλιτῶν ἔξοδον ταχέως ἐκβοηθούντων μελῳδοῦσι σάλπιγγες, καὶ ἐδείκνυτο ἡ γραφὴ καὶ ὁ στρατιώτης ἐβλέπετο, τοῦ μέλους ἐναργέστεραν τὴν φαντασίαν τοῦ ἐκβοηθοῦντος ἔτι καὶ μᾶλλον παραστήσαντος.
Reinach, Adolph (éd.), Textes grecs et latins sur la peinture ancienne. Recueil Milliet, (Reinach 517)(fran)(traduction récente d'un autre auteur)
Description du peintre Théon. Voici un tableau qui, entre beaucoup d’autres, atteste particulièrement la valeur de l’exécution dans la peinture de Théon. C’est un hoplite en train de faire une sortie pour repousser une invasion soudaine des ennemis qui pillent et ravagent le pays. Ce jeune soldat a évidemment l’air de s’élancer plein d’ardeur au combat. Et l’on dirait qu’il est en proie à un transport furieux, comme inspiré par Arès. Ses yeux ont un regard terrible ; saisissant ses armes, il a l’air de s’élancer à toutes jambes sur les ennemis. Il commence déjà à s’abriter derrière son bouclier ; il brandit son épée d’un air sanguinaire et avec un regard meurtrier ; toute son attitude menaçante annonce qu’il n’épargnera personne. Théon n’a pas pris la peine de représenter autre chose, – soldat, taxiarque, lochage, cavalier ou archer, – mais il lui a suffi de ce seul hoplite pour remplir les exigences du tableau. L’artiste ne découvrit son œuvre, et ne la montra au public assemblé pour la voir qu’après avoir placé à côté un trompette, en lui recommandant de jouer la charge, avec une sonorité aussi perçante que possible, comme un appel aux armes. Au moment où l’air faisait entendre ses accents rudes et menaçants, comme pour une sortie d’hoplites accourant promptement à l’aide du chant de la trompette, le tableau fut découvert, et on vit le soldat, pendant que l’air ajoutait encore à l’illusion d’une sortie guerrière.
Élien (Κλαύδιος Αἰλιανός), Ποικίλη ἱστορία, (trad: 1991), p. 31 (trad: "Histoires variées" par Lukinovitch, Alessandra; Morand, Anne-France en 1991)(fran)(traduction récente d'un autre auteur)
L'art de Théon était, comme on s'accorde à le dire, remarquable à bien des égards, mais tout particulièrement parce qu'il avait réalisé cette peinture: un hoplite accourant à la rescousse, alors que les ennemis attaquent à l'improviste, massacrent et ravagent le pays. Le jeune homme est représenté de manière réaliste et avec beaucoup d'expression, comme quelqu'un qui s'élance au combat, et tu dirais qu'il est pris de délire, comme si Arès le rendait fou. Ses yeux dardent de manière effrayante, il a l'air d'avoir saisi les armes à la hâte et de s'élancer contre les ennemis dans une course précipitée. Il jette déjà le bouclier en avant et brandit son glaive nu, comme un homme pris de fureur meurtrière. Son regard est injecté de sang, et toute son attitude est menaçante et laisse pressentir qu'il n'épargnera personne. Théon n'a rien ajouté d'autre à son tableau, ni un simple soldat, ni un commandant de corps, ni un commandant de compagnie, ni un cavalier ni un archer, mais ce seul hoplite lui a suffi pour réaliser amplement l'intention de l'image. Avant de découvrir et de montrer le tableau à ceux qui s'étaient réunis pour le voir, l'artiste plaça à côté de l'oeuvre un trompettiste et lui ordonna de jouer la mélodie de l'assaut, de la manière la plus perçante et puissante possible, comme on le fait pour appeler au combat. Ils entendirent donc la mélodie rude et terrible, comme celle que les trompettes font résonner pour la sorite d'hoîles se précipitant à la rescousse, et au même instant le tableau fut dévoilé et l'on vit le soldat: la mélodie rendait encore plus efficace la représentation de l'homme s'élançant à l'attaque.
Marino, Giovanni Battista, Dicerie sacre(publi: 1614), « La pittura, parte terza » (numéro Diceria I) , fol. 74v-75r (italien)
- [1] Aeli. Var. hist. lib. 2
- [2] Apoc. 6
Dipinse Theone [1] Pittor famoso un soldato furibondo in gesto d’andare a combattere, così maestrevolmente imitato, che l’atteggiamento del sembiante chiara fede faceva dell’animo suo coraggioso et intrepido. Onde pareva altrui veracemente di vederlo correre all’armi, crollar la testa, stringer lo stocco, imbracciar lo scudo. Avampava il viso, sbuffava la bocca, minacciava lo sguardo, rosseggiavano gli occhi, e tutto ripieno di feroce bravura accennava di far’impato per assalire i nemici. Dato ch’egli hebbe compimento a sì bel quadro, non prima volse alla ragunanza del popolo publicarlo, ch’el trombetta vicino desse fiato al suo sonoro metallo. Perlaqualcosa avvenne, ch’udito da’circostanti il bellicoso rimbombo essortatore della battaglia, e veduto in un medesimo punto il giovane armato, eccitò l’uno, e l’altro più efficacemente nell’animo di tutti spirito d’ardimento, e disiderio di guerreggiare. Se fù giamai al mondo guerriero animoso et ardito, certamente è da dire che fusse Christo, figurato in Davide contro Goliatte, in Sansone contro i Filistei, in Gedeone contro i Madianiti, un Giuda Macabeo contro gl’Idumei; inteso per quel cavalier valoroso apparso al solitario di Pathmos, [2] ch’assiso sopra un candido destriero con trè saette in mano exiuit vincens ut vinceret.
Espinosa y Malo, Felix de Lucio, El pincel, cuyas glorias descrivia Don Felix de Lucio Espinosa y Malo(publi: 1681), p. 16-17 (espagnol)
- [1] Elian. lib. 2. de var. histor. capit. ultim.
Pero concluyamos y à las glorias que la milicia tiene depositadas en la pintura, y sea con el caso que cuenta Eliano [1] del sabio pintor Theon : Pintò, pues, un soldado manejando las armas en acto de batallar; y para descubrir su imagen à la gente, que esperava ansiosa, por el gran credito del Artifice, hazia que primero dietros musicos tocassen una entrada armoniosa en estilo marcial, como de desafiarse dos exercitos à batalla; y quando reconocia, que los circunstantes avian concebido algun espiritu guerrero, corria la cortina al quadro, y hazia ver al fiero soldado, que luchava yà con su enemigo: aun prevenidos los animos con los marciales instrumentos, se encendian en nuevo furor al descubrir el lienço. O gran fuerça del pincel: saber provocar, è irritar los afectos con las apariencias tanto, como pudiera la accion con las realidades. No estuviera libre el pintado heroe de que le injuriara la imaginada precisa defensa de los que la miravan, si el mismo temor de su fiereza no los tuviera acobardados, y rezelosos; y entre el miedo, y la duda, solicitavan primero la seguridad, que el examen. Tal se viò la milicia apadrinada de la pintura, y tal se viò la pintura acreditada de la milicia.
Junius, Franciscus, The Painting of the Ancient(publi: 1638) (III, 7, 8), p. 345 (anglais)
Wee have shewed already in the fifth chapter of our first booke, that lovers of art ought to store up in their minde the perfect images of all manner of things; to the end that they might have them alwayes at hand, when any workes of art are to be conferred with them. Here it is furthermore required, that all those who meane to enter into a judicious consideration of matters of art, must by the means of these images accustome their mind to such a lively representation of what they see expressed in the picture, as if they saw the things themselves and not their resemblance onely. Theon, a most famous painter, having made the picture of an armed man who seemed to runne most furiously on his enemies that depopulated the country round about, he did thinke it good not to propound the picture before he had provided a trumpetter to sound an alarme somewhere hard by; the trumpet therefore being heard, the picture was likewise brought forth suddenly at the same instant. The sound of the trumpet, sayth Aelian, possessed the phantasies of the spectators with a more lively impression of a man desperately sallying out to ayd his countrey. The most excellent artificer conceived very well that the phantasie of the beholders would fasten soonest upon such a representation, if it were first mooved by this dreadfull noise to expect nothing else but an invasion of armed and desperatly resolved men.
Hoogstraten, Samuel van, Inleyding tot de hooge schoole der schilderkonst(publi: 1678), « Hoemen’t ordineeren moet aenwagen » (numéro V, 1) , p. 178 (n)
- [1] Verkiezing vry
Want, gelijk Seneka leert, ten zoude niet voeglijk zijn, datmen menschen bloet dede vergieten, [1] als’t een Schilder te pas quam eenich gevecht uit te beelden. Maer’t zal ons vry staen, met den vermaerden Schilder Theon, een trompet te laeten blaezen, om den geest wakker te maeken. Want dezen Theon vernoegde zich niet, zijnen strijtvaerdigen Soldaet vol moed en dapperheyt afgebeelt te hebben, maer hy liet ook onverhoets een trompet steeken, als hy de gordijn van dit stuk voor de lief hebbers liet opschuiven, om de gemoederen tot het zien deezes oorlogsmans te bequaemen.
Hoogstraten, Samuel van, Inleyding tot de hooge schoole der schilderkonst, « Comment il faut commencer à ordonner » (numéro V, 2) , p. 302 (fran)(traduction récente d'un autre auteur)
Car comme l’enseigne Sénèque, il ne convient pas de faire couler le sang d’un homme lorsqu’un peintre a l’occasion de représenter quelque combat. Libres à nous, en revanche, comme le fameux peintre Théon, de faire jouer un trompettiste afin d’éveiller les esprits. Ce Théon, en effet, ne s’est pas contenté de représenter un soldat belliqueux, empli de courage et d’audace. Lorsqu’il fit ouvrir les rideaux sur cette œuvre pour les amateurs, il y dissimula secrètement un trompettiste afin de préparer les âmes à la vue de ce guerrier.
Commentaires : Trad. Jan Blanc, 2006, V, 2, « Comment il faut commencer à ordonner », p. 302
Germain, Des peintres anciens et de leurs manières(publi: 1681), p. 123 (fran)
Théon, natif de l’Isle de Samos, peintre des plus renommés, étoit en vogue du temps de Philippe de Macédoine. Elian rapporte, qu’ayant dépeint un gendarme à cheval qui sortoit à l’impourvu de la ville, et qui s’alloit jetter tout furieux sur l’ennemi, il ne voulut point l’exposer à la vue du monde, qu’il n’eût fait auparavant sonner par un trompette, d’un ton éclatant, le bouteselle[1]. Puis quand il vit que les esprits des assistans étoient émus de son guerrier, pour lors il leur montra tout à coup son gendarme, afin qu’ils remarquassent plus efficacement combien il étoit habile en son art.
- [1] Note de Cochin, 1760 : Voilà bien de la charlatanerie : si le tableau étoit bon, il n’avoit pas besoin de ce secours.
Junius, Franciscus, De pictura veterum(publi: 1694) (III, 7, 8), p. 210 (latin)
- [1] Præcipuum tamen hic est, ut veluti in rem præsentem deduci nos patiamur
[1] Jam dudum diximus τὸν γραφικὸν nonnisi viuis omnium rerum imaginibus copiosissime instructum ad inspiciendas picturas accingi : hic vero postulatur, ut de insignioribus artificum laboribus judicium censuramque facturus, singula rerum in tabula adumbratarum momenta sibi ad vivum proponat ; ut non tam pictam earum imaginem, quam ipsas res coram cerni arbitretur. Ex hoc enim fere provenire omnis cum subtilitas examinandi, tum veritas judicandi. Quum Theon pinxisset armatum, in hostes agrum depopulantes quantum pedibus conniti poterat eximie proruentem, noluit hanc suam plenam animi, plenam spiritus, plenamque veritatis tabulam spectantium oculis proponere, nisi classico prius e proximo insonante. Τοῦ μέλους ἐναργεστέραν τὴν φαντασίαν οὗ ἐκβοηθοῦντος ἔτι καὶ μᾶλλον παραστήσαντος : Cantu efficaciorem adhuc phantasiam ad auxiliandum procurrentis exhibente, ut est apud Ælianum var. Hist. libro II, cap. ultim. Acute vidit præclarus artifex, sic demum efficacius excitari posse spectatorum phantasiam, si prius horrido bellicum sonantis tubæ clangore mens eorum commota, nihil præter armatos mox in hostem irrupturos cogitaret.
Durand, David, Histoire de la peinture ancienne, extraite de l’Histoire naturelle de Pline, liv. XXXV, avec le texte latin, corrigé sur les mss. de Vossius et sur la Ie ed. de Venise, et éclairci par des remarques nouvelles(publi: 1725), p. 301 (fran)
[Note contexte] (D) Theon, Orestis insaniam. L’un des plus grands peintres de l’Antiquité, au rapport de Quintilien, lib. 12 c. 10. Concipiendis uisionibus quas fantasias uocant, Theon Samius est praestantissimus. […] Elien nous a conservé la description d’un autre tableau de ce même ouvrier, qui mérite d’être rapportée. C’est un homme armé de pié en cap, qui accourt subitement à une irruption de l’ennemi. Il semble qu’il vole au combat, qu’il est en fureur, que les yeux lui sortent de la tête ; déjà il présente le bouclier, il allonge l’épée, il lève le bras pour frapper, et vous diriez qu’il est sur le point de tout tuer et de n’épargner personne. Cependant on ne voit point d’autre figure dans le tableau, ni fantassins, ni cavaliers, ni capitaine, ni ordre de bataille ; un seul homme armé en fait tout le sujet. Voici de quelle maniere il fit valoir son ouvrage : avant que de l’éxposer, selon la coutume de ce tems-là, il fit sonner le tocsin à un trompette, qu’il avoit loûé exprès, et après avoir rempli l’imagination des spectateurs des dangers et des allarmes d’une irruption soudaine, il tira le rideau et montra sa pièce, au grand étonnement de l’assemblée, qui en conçut beaucoup mieux les beautez. Hist. Div. l. 2 c. 44.
Turnbull, George, A Treatise on Ancient Painting(publi: 1740), p. 65 (anglais)
- [1] Another famous picture by him, and his stratagem to shew it to advantage
[1] Ælian describes another picture by the same Theon[2], which deserves to be taken notice of, on account of an ingenuous stratagem the painter employed, in order to shew his piece to the best advantage at the Olympick Prices, according to the custom of those times. He had painted a person in armour, who seems to sally upon the enemy with fury: he flies to the combat with eyes flaming with rage: he brandishes his sword, and lifts his arm to reach a heavy blow. Mean while there is no other figure in the picture; he is single and quite alone. Now the method he took to display the beauties of this picture to the people assembled to judge of it, was this: he had hired trumpets on purpose, and ordered them to be founded on a private signal; so that when the people were surprized with that unexpected noise, and their imaginations alarmed with the fears of some sudden irruption, he drew the curtain and shewed this piece to the great astonishment of all the spectators, who by this means were exceedingly struck with its beauties.
- [2] Æl. var. Hist. lib. 2. cap. ult.
Nougaret, Pierre Jean Baptiste ; Leprince, Thomas , Anecdotes des beaux-Arts, contenant tout ce que la peinture offre de plus piquant chez tous les peuples du monde(publi: 1776), t. I, p. 199 (fran)
Cet artiste[Explication : Timomaque. Nougaret confond Théon et Timomaque.], qui doit avoir joué un grand rôle dans la Grèce, représenta un homme armé de pied-en-cap, accourant à une irruption de l’ennemi. Il sembloit voler au combat ; la fureur étoit peinte dans ses yeux, il levoit le bras pour frapper, et l’on auroit dit qu’il étoit sur le point de n’épargner personne. Mais Timomaque s’avisa d’un singulier moyen pour faire sentir davantage le mérite de ce tableau. Avant que de l’exposer à la vue du peuple, selon la coutume de son temps, il fit sonner l’alarme, et jouer des fanfares guerrières à plusieurs musiciens, qu’il avoit rassemblés pour cet effet. Après avoir rempli l’imagination du spectateur, des dangers et des horreurs d’une attaque imprévue, il tira le voile, qui avoir jusqu’alors couvert son tableau, et le fit voir à tout le peuple, qui en conçut beaucoup mieux les beautés, et qui crut apercevoir réellement un soldat voler au combat.
Watelet, Claude-Henri ; Levesque, Pierre-Charles, article « Peinture chez les Grecs », Encyclopédie méthodique. Beaux-Arts(publi: 1788:1791), p. 645 (fran)
Théon avoit peint un guerrier qui l’épée nue, l’air menaçant, l’œil égaré sembloit animé de la fureur des combats. Cette figure étoit seule dans le tableau : le peintre, l’homme d’esprit, sentit le pouvoir que devoit avoir sur un peuple assemblé les efforts de deux arts réunis, et ne permit de lever la toile qui cachoit son tableau, qu’après avoir fait sonner la charge à un trompette. La multitude, animée par cette musique vive et guerriere, en confondit l’impression avec celle que lui causoit le tableau. Le moyen étoit adroit ; mais un peintre pour remuer l’ame des spectateurs, ne doit employer d’autres ressorts que ceux de son art : toute autre ressource ne lui procure que des succès d’un moment.
Watelet, Claude-Henri ; Levesque, Pierre-Charles, Encyclopédie méthodique. Beaux-Arts(publi: 1788:1791), art. « Sculpture », « Sculpture chez les Grecs », p. 325 (fran)
Les anciens avoient adopté pour la composition deux règles principales dont ils se sont rarement écartés ; celle de n’employer que le plus petit nombre de figures que permettoit le sujet, et celle de les représenter dans des actions modérées. Les poëtes tragiques n’introduisoient ordinairement que deux personnages à la fois sur la scène et jamais plus de trois ; les artistes, reconnoissant que cette règle étoit fondée sur les bornes de l’attention des spectateurs que les poëtes vouloient ménager, pour la fixer plus surement, l’adoptèrent eux-mêmes autant que le leur permettoient les sujets qu’ils avoient à traiter. Quelquefois même ils forçoient des sujets qui supposoient une grande multiplicité de figures, à se contenter d’un petit nombre ou même d’une seule, dont l’action avoit d’autant plus d’empire sur l’ame des spectateurs, que leur attention n’étoit pas distraite par d’autres objets. Ainsi le peintre Théon, que les anciens ont placé entre leurs artistes les plus ingénieux, voulant representer un guerrier qui résiste seul à ses adversaires, ne peignit que la seule figure de ce guerrier, et laissa l’imagination des spectateurs se peindre à elle-même les ennemis qui étoient censés hors de la toile. Les récits des temps héroïques et les poëmes d’Homère sont remplis d’actions qui se passent entre un petit nombre de figures, et c’étoit ces actions simples que l’art se plaisoit surtout à traiter.