Pausias et la bouquetière Glycère

Bibliographie

Büttner, Nils « Peter Paul Rubens und Franciscus Junius : Aemulatio in Praxis und Theorie »[ + ]
Dekoninck, Ralph « Rivalité mimétique et émulation amoureuse. Pausias et Glycère d’après Rubens » [ + ]
Dickey, Stefanie S. « Saskia as Glycera »[ + ]
Martin, Marie-Pauline « Glycère après Newton »[ + ]
Spica, Anne Elisabeth « Le bouquet de Glycère : création et contemplation dans l’emblématique sacrée au XVIIe siècle »[ + ]

Images

 Glycère tressant une couronne de fleurs PIETRO DA PAVIA 

 

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Allégorie de la peinture Jan Bruegel Le Jeune (BRUEGEL Jan Ii)

Medium : huile sur cuivre

 

 Pausias et Glycère RUBENS Pierre Paul Jan Bruegel Le Jeune (BRUEGEL Jan Ii)

Medium : huile sur toile

 

 Glycère ou la marchande de fleurs (Le Printemps) VIEN Joseph-marie

Medium : huile sur toile

 

Glycère ou la marchande de fleursVIEN Joseph-marie

Medium : huile sur toile

 

Vigenère, Blaise de, Les Images ou tableaux de platte peinture de Philostrate Lemnien sophiste, mis en françois par Blaise de Vigenère, avec des argumens et annotations sur chacun d’iceux, Epître à Barnabé Brisson (publi: 1578), p. 25-26 (fran)

Ce qui nous aprend que la copie, varieté, et desguisement de paroles, pourveu que le tout soit dispensé par compas, ne peut estre sinon que louable ; veu que par tant de fois Ciceron seroit entré au combat contre Roscius, à qui en pus de manieres diversifieroit une mesme chose : luy avec ses vocables et locutions : ou le comediant avec ses mines, actions, et gestes. Et le peintre aussi Pausias avec la gentille boutiquiere Glycere, sa mieux aimee : quand l’un par son pinsseau et coloremens tasche de surmonter la nature ; et cettecy le provoque, deffie, et excite à l’espreuve d’une varieté agreable par tant de diverses façons de guirlandes et chappeaux de fleurs.

 

Watelet, Claude-Henri, L’Art de peindre(publi: 1760), p. 37 (fran)

Ainsi, lorsque jadis pour orner les offrandes,


Glycère à Sicyone arrangeoit des guirlandes,


L’art d’employoit sa main à mêler leurs couleurs,

Donnoit un nouveau prix à la beauté des fleurs.

Un artiste admira cette savante adresse :

Le fameux Pausias, l’ornement de la Grèce,

Reçut, disciple aimé, par un heureux retour,

Sa gloire et son bonheur des faveurs de l’amour.

Les grâces d’un beau choix sont les fleurs de Glycère ;

Imitez Pausias ; et qu’une ardeur sincère

Vous fixe à la nature, enflamme vos désirs

Augmente votre gloire, et forme vos plaisirs.

 

Watelet, Claude Henri, "L'Art de peindre. L'invention pittoresque", conférence lue à l’Académie le 7 septembre 1754 (redac: 1754/09/07), p. 377 (fran)

C’est ainsi que jadis pour parer les offrandes,


Glycère, à Sicyone, en formant des guirlandes,


Savait avec tant d’art assortir les couleurs,


Que son choix ajoutait à la beauté des fleurs :

Pausias admira cette savante adresse ;


Cet artiste fameux, l’ornement de la Grèce,

Bientôt disciple aimé, vit croître au même jour,

Sa gloire et son bonheur par les mains de l’amour.

Les grâces d’un beau choix sont les fleurs de Glycère ;

Et la nature doit, si vous cherchez à plaire,

Des feux de Pausias enflammer vos désirs,

Augmenter votre gloire, et former vos plaisirs.

 

Description des tableaux exposés au Salon du Louvre, avec des remarques par une Société d'amateurs(publi: 1763), non pag. (fran)

Par M. Vien, Professeur.

24. Glycere, où (sic) la Marchande de Fleurs. Cette belle Athénienne, célèbre dans l’antiquité & citée dans plusieurs Auteurs, vendoit des Couronnes aux portes des Temples. Elle fut peinte par un des grands Artistes de la Grèce : la copie de son portrait fut vendue un prix considérable, & portée à Rome.
25. Autre Tableau de Glycère. Composition différente.

 

Renou, Antoine, L’art de peindre : traduction libre en vers françois du poème latin de Charles-Alphonse Dufresnoy(publi: 1789), p. 43 (fran)

Si les Grecs, ce peuple sensible à qui rien de ce qui tenait au goût seulement n’était indifférent, ont porté jusqu’à nous le nom de Glycère2, dont le seul mérite était d’arranger avec art des guirlandes de fleurs qu’elle vendait dans les rues d’Athènes, quelle estime ne doit-on pas à celui qui, après avoir groupé des fleurs avec grâce, les peint à nous tromper ? 

 

Rollin, Charles, Histoire ancienne, tome XI, livre XXIII(publi: 1730:1738), p. 147-148 (fran)

Pausias était de Sicyone. Il se distingua surtout dans un genre particulier de peinture appelé caustique, parce qu'on fait tenir les couleurs sur le bois ou sur l'ivoire par le moyen du feu. […] La courtisane Glycère, de Sicyone comme lui, excellait dans l'art de faire des couronnes et elle en était regardée comme l'inventrice. Pausias, pour lui plaire et pour l'imiter, s'appliqua aussi à peindre des fleurs. On vit alors un beau combat entre l'art et la nature, chacun de son côté faisant des efforts extraordinaires pour l'emporter sur son émule, sans qu'il fût presque possible d'adjuger la victoire à l'un ou à l'autre. 

 

Furetière, Antoine, Dictionnaire universel(publi: 1690), vol. 1, p. 309 (fran)

Bouquetière. s. f. Qui fait des bouquets. Glycere est une fameuse Bouquetiere de l’Antiquité, souvent citée par les mechans orateurs. 

 

Sales,François de, Introduction à la vie dévote(publi: 1609), non pag. (fran)

Marque-page :
  • [1] Diversité des enseignemens de pieté, à quoy comparée

[1] La bouquetiere Glycera sçavoit si proprement diversifier la disposition et le mélange des fleurs, qu’avec les mesmes fleurs elle faisoit une grande varieté de bouquets : de sorte que le peintre Pausias demeura court, voulant contrefaire à l’envy cette diversité d’ouvrages : car il ne sçeut changer sa peinture en tant de façons, comme Glycera faisoit ses bouquets. Ainsi le S. Esprit dispose et arange avec tant de variété les enseignemens de devotion qu’il donne par les langues et les plumes de ses serviteurs, que la doctrine estant toûjours la mesme, les discours neantmoins qui s’en font, sont bien differens, selon les diverses façons desquelles ils sont composez. Ie ne puis certes, ny veux, ny dois écrire en cette introduction, que ce qui a déià esté publié par nos predecesseurs sur ce sujet. Ce sont les mesmes fleurs que ie te presente, mon Lecteur, mais le bouquet que i’en ay fait sera different des leurs, à raison de l’ajancement dont il est façonné.

 

Pline l'Ancien (Gaius Plinius Secundus), Naturalis Historia(redac: 77, trad: 1950:1998) (XXI, 4)(latin)

Arborum enim ramis coronari in sacris certaminibus mos erat primum. Postea uariare coeptum mixtura uersicolori florum quae inuicem odores coloresque accenderet, Sicyone ingenio Pausiae pictoris atque Glycerae coronariae dilectae admodum illi ; cum opera eius pictura imitaretur, illa prouocans uariaret, essetque certamen artis ac naturae ; quales etiam nunc exstant artificis illius tabellae atque in primis appellata stephaneplocos qua pinxit ipsam.

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Pline l’Ancien (Gaius Plinius Secundus), La peinture, Histoire naturelle, livre XXXV, (fran)(traduction récente d'un autre auteur)

Pour les couronnes on se servit d’abord de rameaux d’arbres dans les jeux sacrés. Ensuite on commença à les égayer par le mélange de fleurs multicolores qui mettaient réciproquement en valeur leur parfum et leur couleur : cela se fit à Sicyone par l’ingéniosité du peintre Pausias et de Glycère, la tresseuse de couronnes, qu’il aimait passionnément. Comme il imitait en peinture ce qu’elle fabriquait, elle en varia les modèles pour qu’il fût pris d’émulation, créant comme un concours entre la nature et l’art. On a conservé des peintures que fit alors cet artiste et, tout d’abord, celle qu’on appelle la stéphanéplokos où il représenta Glycère elle-même.

Commentaires : Trad. Reinach

 

Pline l'Ancien (Gaius Plinius Secundus), Naturalis Historia, liber XXXV(redac: 77, trad: 1985) (125)(latin)

Amauit in iuuenta Glyceram municipem suam, inuentricem coronarum, certandoque imitatione eius ad numerosissimam florum uarietatem perduxit artem illam. Postremo pinxit et ipsam sedentem cum corona, quae e nobilissimis tabula est, appellata stephanoplocos, ab aliis stephanopolis, quoniam Glycera uenditando coronas sustentauerat paupertatem. Huius tabulae exemplar, quod apographon uocant, L. Luculus duobus talentis emit Dionysius Athenis.

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Pline l'Ancien (Gaius Plinius Secundus), Naturalis Historia, liber XXXV, (trad: 1985) (125)(trad: "Histoire naturelle. Livre XXXV. La Peinture" par Croisille, Jean-Michel en 1985)(fran)(traduction récente d'un autre auteur)

Dans sa jeunesse il fut amoureux de Glycère, une de ses compatriotes, qui inventa les guirlandes de fleurs ; il rivalisa avec elle et ainsi amena la technique de l’encaustique à pouvoir reproduire en peinture la variété de fleurs. Enfin il la peignit également en personne, assise, tenant une guirlande : c’est un tableau des plus célèbres, que l’on appelle Stéphanoplocos (Tresseuse de guirlandes) – d’autres disent Stéphanopolis (Vendeuse de guirlandes) –, parce que Glycère avait gagné sa vie misérable à vendre des guirlandes. Une copie de ce tableau – autrement dit un apographon – fut acheté pour deux talents par L. Lucullus. (Son auteur) est Dionysius (qui le peignit) à Athènes.

 

Pline l’Ancien; Landino, Cristoforo, Historia naturale di C. Plinio secondo tradocta di lingua latina in fiorentina per Christophoro Landino fiorentino, fol. 242r (italien)(traduction ancienne d'un autre auteur)

Amo in gioventu Glycera sua cittadina et inventrice delle ghyrlande. Et imittando costei perduxe quell’arte a una innumerabile varieta di fiori e finalmente dipinse quella assedere con una ghyrlanda: laquale pictura molto nobile fu chiamata Stephanoplocos e da altri Stephanopoli perche Glicera sostentava la sua vita col vendere ghyrlande. Lucio Luccullo comparo in Athene due talenti uno exemplo di questa tavola elquale chiamano apographon.

 

Pline l’Ancien; Brucioli, Antonio, Historia naturale di C. Plinio Secondo nuovamente tradotta di latino in vulgare toscano per Antonio Brucioli, p. 996 (italien)(traduction ancienne d'un autre auteur)

Amò nella sua gioventu Glycere sua cittadina inventrice di ghirlande, e certando con la sua imitatione, condusse quell’arte alla numerosissima varietà di fiori, ultimamente la dipinse à sedere con una ghirlanda, laquale tavola, delle nobilissime sue, è chiamata Stephano Plocos, da altri Stephano poli, perche Glycera vendendo ghirlande, sostentava la povertà. L’esemplare di questa tavola, ilquale chiamono apographon, comperò L. Lucullo due talenti da Dyonisio in Athene.

 

Pline l’Ancien; Domenichi, Lodovico, Historia naturale di G. Plinio Secondo tradotta per Lodovico Domenichi, con le postille in margine, nelle quali, o vengono segnate le cose notabili, o citati alteri auttori… et con le tavole copiosissime di tutto quel che nell’opera si contiene…, p. 1106-1107 (italien)(traduction ancienne d'un autre auteur)

Note marginale :
  • [1] Stefanoploco vuol dire, che tese corona alludendo il pittore al mestiero della sua Glicera.

Amò nella sua giovanezza Glicera sua cittadina, laquale faceva le ghirlande, e i imitando costei, ridusse quella arte a uno infinita varietà di fiori, e finalmente la dipinse à sedere con una ghirlanda in mano, laquale pittura molto nobile, fu chiamata Stefanoploco, da altri Stephanopoli; percioche Glicera si guadagnava il vivere col vendere le ghirlande. L. Lucullo comperò in Athene due talenti una copia di questa tavola, che si chiama apografo, da Dionisio. [1]

 

Pline l’Ancien; Du Pinet, Antoine, L’histoire du monde de C. Pline second… mis en françois par Antoine du Pinet, p. 960 (fran)(traduction ancienne d'un autre auteur)

Note marginale :
  • [1] c’est à dire bouquettiere
  • [2] c’est à dire vendeuse de bouquets
  • [3] apographon

En sa jeunesse il fit fort la court à une bouquettiere de sa ville qui avoit nom Glycera, laquelle estoit fort gentille, et avoit dix mille inventions à digerer les fleurs des bouquets et des chappeaux : de sorte que Pausias contrefaisant le naturel des chappeaux et bouquets de sa maistresse, vint à se rendre parfait en cest art. Finalement il la peignit assise, et faisant un chappeau de fleurs : et tient on ce tableau pour une des principales pieces que jamais il ait faites. Il l’appella Stephanoplocos [1] ou Stephanopolis [2], pour ce que Glycera n’avoit autre moyen de se soulager en sa pauvreté, qu’à vendre des chappeaux et bouquets. Et certes on dit que Lucius Lucullus donna à Dionysius Athenien, deux tableaux du transumpt [3] et contrefacture de ce tableau.

 

Pline l’Ancien; Poinsinet de Sivry, Louis, Histoire naturelle de Pline, traduite en françois [par Poinsinet de Sivry], avec le texte latin… accompagnée de notes… et d’observations sur les connoissances des anciens comparées avec les découvertes des modernes, (vol. 11 ), p. 277 (fran)(traduction ancienne d'un autre auteur)

Dans sa jeunesse, il fut épris de Glycere, qui étoit de sa ville[1], et qui inventa les couronnes ; et en s’efforçant de l’imiter, il imita une incroyable quantité de fleurs, et fit faire un grand pas en cette partie à l’art de la peinture. Il finit par peindre Glycere assise, une couronne de fleurs sur la tête. C’est une de ses plus nobles productions. On nomme ce tableau la porte-couronne, ou la faiseuse de couronnes, par allusion au talent de Glycere, qui gagnoit sa vie au métier de bouquetiere. Lucius Lucullus acheta la simple copie de ce tableau deux talents[2], aux fêtes dionysiales d’Athenes.

Note de bas de page de l'auteur :
  • [1] De Sicyone. Pour la Glycere de Praxitele, c’étoit une courtisanne de Boeotie, selon Strabon, l. 9, p. 110.
  • [2] Quatre mille livres, monnoie de France.
 

Textor, Joannes Ravisius (Jean Tixier de Ravisy, dit), Officina(publi: 1520), « Pictores diversi », p. 354 (latin)

Pausanias Sicyonius, Brietis filius, discipulus fuit Pamphili, qui primus lacunaria pingere instituit. Paruas pingebat tabellas, maxime pueros pinxit : Gliceram coronarum inuentrixem (quam amabat) sedentem cum corona.

 

Il codice Magliabechiano cl. XVII. 17 contenente notizie sopra l’arte degli antichi e quella de’ fiorentini da Cimabue a Michelangelo Buonarroti, scritte da anonimo fiorentino(redac: (1540:1550)), p. 18-19 (italien)

In sua giouentu amò Glicera sua cittadina, che fu inventrice delle grillande ; et per imitarla dipigneua nelle sue opere gran quantita di fiorj et dipinse la a sedere al natturale con una grillanda.

 

Hollanda, Francisco de, Da pintura antiga(redac: 1548), p. 341 (portugais)

Amou sua manceva Glicera, sua cidadã, inventora de fazer grinaldas ; e pintou aquella, assentada, tão graciosamente, fazendo una grinalda, dita Stephanopolis, que o terlado d’esta tavoa comprou em Athenas L. Lucolo Romano por dous talentos, que são mil e duzentos cruzados.

 1 sous-texte

Hollanda, Francisco de, Da pintura antiga, p. 188 (fran)(traduction récente d'un autre auteur)

Il aima sa concitoyenne Glycère, qui avait inventé l’art de tresser les fleurs en guirlandes, et la peignit assise, faisant une de ces guirlandes qui lui valurent le surnom de Stéphanopolis, avec tant de grâce que le romain L. Lucullus acheta à Athènes une copie de ce tableau au prix de deux talents, qui valaient mille deux cents cruzades.

Commentaires : Trad. Quatre dialogues sur la peinture, 1911, p. 188

 

Conti, Natale (dit Natalis Comes ou Noël le Conte), Mythologiae, sive explicationis fabularum libri decem(publi: 1551), "De Dedalo" (numéro liber VII, cap. XVI) , p. 416 (latin)

Pausias egregius pictor, patria Sicyonius, inter cætera eximia Cupidinem fecit, qui abiecto arcu et sagittis lyram tenebat apud Arginos; et Glyceram coronas e floribus facientem, bibentemque e phiala vitrea Ebrietatem.

 

Borghini, Vincenzio, Selva di notizie(redac: 1564), p. 144 (italien)

Pausia dipinse fra l’altre Glycera a seder con una corona quae nobilissima tabula appellata est stephanoplocos, ab aliis stephanopolis, perché quella Glycera essendo poverina viveva di vender corone di fiori.

 

Adriani, Giovanni Battista, Lettera a m. Giorgio Vasari, nella quale si racconta i nomi, e l’opere de’più eccellenti artefici antichi in Pittura, in bronzo, et in marmo(publi: 1568, redac: 1567), p. 515-516 (italien)

Potrebbe essere che questo nome di Pannone fosse corretto in Pausone, ancorché io sia d’opinione che più presto voglia dire Pausia che Pannone o Pausone attento che Plinio fa menzione di molti eccellenti pittori, fra li quali parla di Pausia Sicionio, chiamato così dalla patria, che per lungo tempo, come il medesimo Plinio testifica, fu chiamata patria della pittura ; e tanto più lo credo, sapendo che Pausia si dilettava di depingere in tavolette, sì come nel portico di Pompeo dipinse i sacrifici de’ bovi. Scrisse parimente fra l’altre opere sue una battaglia a cavallo, fece medesimamente un’altra figura in Efeso, nella qual era un Ulisse che finse d’esser pazzo mettendo ad un giogo un bue et un cavallo. Che questo Pausia si dilettasse di dipingere tavole lo testifica il medesimo Plinio, parlando delle ghirlande, così dicendo : « Quando si facevano di fiori, percioché quelli erano intrecciati, allora si chiamavano serve ; ma ciò non è molto antico apresso de’ Greci, i quali usorono prima far ghirlande di rami d’arbori ne’ giuochi sacri, poi cominciorono a variare con misture di fiori, e la città di Sicione cominciò ad accendere i colori e gli odori de’ fiori, e ciò nacque dall’ingegno di Pausia pittore e di Glicera facitrice di ghirlande, alla quale egli volle grandissimo bene, percioché egli nell’opera e componimenti delle sue ghirlande con la pittura l’imitava, et ella, provocandolo, si ingegnava di variare ; così veniva a esser un contrasto dell’arte e della natura.

 

Lomazzo, Gian Paolo, Trattato dell’arte della pittura, scultura ed architettura(publi: 1584), « Composizione di ghirlande, arbori, erbe, frutti, fiori e metalli » (numéro Libro sesto, cap. LXIV) , p. 414 (italien)

E per venire a i fiori, sottoposti alla dea Flora, moglie di zefiro e fatta dea de i fiori, non solamente appresso i Greci et i Romani, ma anco appresso i Sicionij, dove furono prima trovate le ghirlande da Glicera e Pansia (sic) pittora, fatte in giro, in obliquo et in circuito acuto per dinanzi, di fiori diversi conformi tra sé di colori ; e questa furono osservate da Dominico Ghirlandaio in Toscana.

 

Borghini, Rafaello, Il riposo di Raffaello Borghini : in cui della pittura, e della scultura si fauella, de’piu illustri pittori, e scultori, et delle piu famose opere loro si fa mentione ; e le cose principali appartenenti à dette arti s’insegnano(publi: 1584), p. 282-283 (italien)

Non voglio lasciare indietro Pausania Sicionio discepolo di quel Panfilo, che fu ancora maestro d’Apelle. Costui dicono che fu il primo che cominciasse a dipignere i palchi, e le volte, il che avanti à lui non era in uso. Dipigneva volentieri piccole tavolette entrovi fanciulli; laonde dicevano i suoi aversari lui ciò fare, perché quella maniera di lavorare era molto lunga; et egli per acquistàr nome di sollicito dipintore, sempre che gli piacque, in un sol giorno dipinse la figura d’un fanciullo, la quale fu poi chiamata l’opera d’un sol giorno.

Amò egli ardentemente nella sua giovanezza una fanciulletta che facea ghirlande di fiori per vendere e perciò introdusse nell’arte, quasi facendo con lei a gara, mille variati colori; ultimamente dipinse lei a sedere, la quale di fiori intesseva una ghirlanda, la qual tavola fu stimata di gran pregio e dall’attitudine della fanciulla, fu chiamata la ghirlanda tessente, la copia della quale di mano d’un buon maestro comperò Lucullo in Atene due talenti.

 

Van Mander, Karel,  Het leven der oude antijcke doorluchtighe schilders(publi: 1603:1604 ), « Van Pausias, Schilder van Sicyonien », fol. 73r (n)

 Hy vrijdde seer in zijn jonckheyt een Bloemcrans oft Tuylkens-vercoopster van zijn stadt Sicyonia, gheheeten Glycera, die seer aerdigh was, en thien duysent inventien hadde, haer houpeelkens, hoeden en cranssen toe te maken: soo dat Pausias hier soeticheyt in hebbende, begaf hem te conterfeyten nae t’leven de bloemcransen en tuylkens van zijn Vryster. maer Glycera veranderde in soo veelderley wijsen de ghedaenten van haer cranssen en tuylkens, en verwisselde soo menichvuldich de byeenvoeginghen der verwen met haer bloemen te vermenghen, om haren Schilder schier te doen rasen, dat het een groote ghenuechte en lust was te sien campen het natuerlijck werck van Glycera, tegen de Const van den Schilder Pausias, die door dit oeffenen hier in heel uytnemende wert. Eyndelijck schilderde hy haer sittende, en makende eenen hoedt van bloemen: welck Tafereel worde gehouden voor het beste dat hy oyt maeckte: en hy noemde dit Stephanoplocos, dat is, Tuylmaeckster, oft Stephanopolis, dat is, Tuyl-vercoopster, om dat Glycera anders geenen middel en hadde haer te behelpen in haer armoede, dan met bloemcranssen en tuylkens te vercoopen, en dit is al geschiet nae de 100e. Olympiade. Men seght dat Lucius Lucullus gaf aen eenen Dionysium, Schilder van Athenen, twee Talenten, van dit Tafereel te copieren, oft van een Copie, Apographon by den Griecken gheseyt.

 

Van Mander, Karel, Den grondt der edel vry schilder-const(publi: 1604) (ch. XI, §2)(n)

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  • [1] Exempel Glycera, die de Bloem-kransen fraey sorteerde.

Indien wy dit deel oock recht treffen conen, 

T’sal fraeylijck ons werck verschoonen te wonder,

Als de maeght Glycera van Scytionen, 

Bloem-krans vercoopster, die met onghewonen [1]

Aerdighen aerdt, thien duysent voudich onder 

Een wist te voeghen haer Bloemkens, bysonder 

Van verwen soo lustich, dat hem verblijde 

Pausias Schilder, diese daerom vrijde.

 1 sous-texte

Van Mander, Karel, Het Shilder-boeck, p. 163 (fran)(traduction récente d'un autre auteur)

Si nous réussissons bien cette partie de notre art, <<Exemple de Glycéra qui diaprait bien les couleurs de ses Guirlandes.>>

Notre ouvrage sera d’autant plus beau,

Comme c’était le cas de la jeune Glycéra, de Sicyone.

Cette vendeuse de guirlandes savait arranger

Ses fleurs de dix mille façons,

Avec une compréhension si extraordinaire de leur nature

– notamment des couleurs gaies –, que le peintre Pausias

En fut tellement réjoui qu’il lui fit la cour.

Commentaires : Trad. J.-W. Noldus, 2009, p. 163

 

Butrón, Juan de, Discursos apologeticos, en que se defiende la ingenuidad del arte de la pintura, que es liberal, de todos derechos, no inferior a las siete que comunmente se reciben(publi: 1626), « Discurso decimoquinto. Donde se muestra la veneracion en que los antiguos tuvieron la pintura, los principes que la professaron, y algunas de las muchas honras, y mercedes que le hizieron », fol. 114v (espagnol)

Pausias fue admirable pintor, como nacido en Sicion, ciudad celebre (y madre digna delas honras de la pintura). […] Pintò a Glicera texiendro de flores varias guirnaldas.

 

Junius, Franciscus, De pictura veterum(publi: 1637) (I, 4, 1), p. 49 (anglais)

[…] The bravest artists have spent their labour most prosperously about such things as they did much delight in by a violent driving of their passion. Pausias, being exceedingly in love with his countrey-woman Glycera, left a most famous picture, knowne everywhere by the name of Stephanoplocos, that is, a woman garland-maker; and this hath been esteemed his best worke, because he was enforced thereunto by the extremitie of his passion. Plin. lib. XXI nat. hist. cap. 2.

 

Junius, Franciscus, De pictura veterum(publi: 1637) (I, 1), p. 5 (anglais)

Flowers, among all other visible things, shew the greatest varietie of colours: yet have the painters attempted to expresse the same, as appeareth in the famous painter Pausias, who being in love with his country-woman Glycera, was the first that assayed to bring the Art to such a wonderfull varietie of colours as there is to be seene in flowers: for beholding sometimes how neatly shee did make garlands, and being no lesse ravished with that dexterity of hers then with her beautie, he could not but take the pencill in his hand to strive with Nature itselfe; see Pliny, XXXV, 10.


 

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Ridolfi, Carlo, Le meraviglie dell’arte, overo le vite de gl’illustri pittori veneti, e dello stato(publi: 1648), p. 9 ()

Note marginale :
  • [2] Stefanopoloco, cioè tessitrice di ghirlande.
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  • [1] Pausia.

[1] Amò costui Gliceria bellissima fanciulla tessitrice di ghirlande, che ritrasse a sedere : onde fù detta Stefanoploco [2], una copia della quale fù pagata da L. Lucullo due talenti.

 

[Félibien, André], De l’origine de la peinture et des plus excellens peintres de l’Antiquité(publi: 1660), p. 44-45 (fran)

Note marginale :
  • [1] 1200 escus

N’estoit-ce pas ce peintre[Explication : Pausias de Sicyone.], interrompit Pymandre, qui eut tant d’amour pour la bouquetiere Glicere ? Luy-mesme, répondis-je, il representa dans sa passion cette fille composant une guirlande de fleurs. Ce tableau fut tellement estimé, que Luculle en achepta deux talens [1] la seule copie dans Athenes.

 

Félibien, André, Entretiens sur la vie et les ouvrages des plus excellens peintres anciens et modernes, vol. 1(publi: 1666) (Premier Entretien), p. 84 (fran)

N’estoit-ce pas ce peintre[Explication : Pausias de Sicyone.], interrompit Pymandre, qui eut tant d’amour pour la bouquetiere Glicere ? Luy-mesme, répondis-je, il representa dans sa passion cette fille composant une guirlande de fleurs. Ce tableau fut tellement estimé, Luculle en acheta la seule copie deux cents talents dans Athenes.

 

Pline (Gaius Plinius Secundus); Gronovius, Johann Friedrich (Johannes Federicus), C. Plinii Secundi Naturalis historiae, Tomus Primus- Tertius. Cum Commentariis & adnotationibus Hermolai Barbari, Pintiani, Rhenani, Gelenii, Dalechampii, Scaligeri. Salmasii, Is. Vossii, & Variorum. Accedunt praeterea variae Lectiones ex MSS. compluribus ad oram Paginarum accurate indicatae(publi: 1669) (vol. 3), p. 596-597 (latin)

[1]Amauit in iuuenta Glyceram municipem suam, inuentricem coronarum, certandoque imitatione ejus, ad numerosissimam florum uarietatem perduxit artem illam. Postremo pinxit illam sedentem cum corona, quæ e nobilissimis eius tabula appellata est stephanoplocos, ab aliis stephanopolis, quoniam Glycera uenditando coronas sustentauerat paupertatem. Huius tabulæ exemplar, quod apographon uocant, L. Lucullus [2] duobus talentis emit Dionysio Athenis.

Note de bas de page de l'auteur :
  • [1] Amavit in juuenta Glyceram municipem suam, inuentricem coronarum.] Lege : Amauit in juuenta Glycerem uitricem coronarum, etc. Vetus uersiculus : ibant malaci uiere Veneri coronam. Inter Veneris cognomina hoc unum fuit. Nam uitrix etiam vocabatur a ligando. Salmas. p. 246.
  • [2] duobus talentis emit Dionysio Athenis.] In archetypo nostro, duobus talentis emit Dionysius Athenis. Scribendum fortasse non Dionysius, sed Dionysiis, hoc est, in festis ludisque Dionysiacis, qui magno apparatu celebrantur ab Atheniensibus. Pint.
 

Hoogstraten, Samuel van, Inleyding tot de hooge schoole der schilderkonst(publi: 1678), « Van de Tuiling, Schakeering, of byeenschikking der verwen » (numéro VIII, 6) , p. 302 (n)

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  • [1] De Tuling leert men uit de Bloemen.

Pausias, de Sicioner, vond de Tuilster of bloemverkoopster Glycera hier zoo aerdigh in, wanneerze haer kransjes, festoenen en ruikers vlocht, dat hyze daerom tot zijn Meestres verkoos: en zy gaf hem door haere geesticheyt, in't by eenvoegen der verscheyde sierlijke verwen, zoo veel werks, dat hy de kransvlechtster, Stephanoplocos [1] genoemt, die hy dus door haer beleyt gemaekt
hadt, voor zijn meesterstuk hielt. Het koste Lukullus naederhand noch twee talenten, toen het eenen Dionysius voor hem kopyeerde. En zeeker, een verstandich konstenaer zal dit deel der konst wonder bevallijk in Bloemen en Kruiden
zien, wanneer hy ze nae zijn geoeffent oog een weynich schikt; en men vind in de
gemengde bloemen zoo voeglijke samenvoegingen van elkander toegeneege
verwen, datze’t gezicht in haere behaeglijkheden doen verlieven.

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Hoogstraten, Samuel van, Inleyding tot de hooge schoole der schilderkonst, « De l’art des bouquets, de l’assortiment
ou de la disposition des couleurs les unes près des autres » (numéro VIII, 6) , p. 448 (fran)(traduction récente d'un autre auteur)

Pausias de Sicyone trouva que Glycère, une bouquetière ou fleuriste, était si charmante dans cette partie de l’art, quand elle tressait ses petites couronnes, ses festons et ses bouquets, qu’il la choisit comme sa maîtresse. Grâce à son esprit pour joindre des couleurs variées et gracieuses les unes aux autres, elle lui donna tant de travail qu’il considérait lui-même la Tresseuse de guirlandes, appelée Stéphanoplocos, qu’il avait faite sous sa direction, comme son chef-d’œuvre. Elle coûta par la suite encore deux talents à Lucullus lorsqu’un Dionysios la copia pour lui. Il est certain qu’un artiste intelligent est le plus à même d’admirer les merveilleuses grâces de cette partie de l’art en observant les fleurs et les plantes et en les accommodant quelque peu à son œil exercé. Et il est vrai également que l’on trouve dans les fleurs mêlées de si convenables conjonctions de couleurs, inclinant les unes vers les autres, que, par leurs charmes, elles se font aimer par la vue.

Commentaires : Trad. Jan Blanc, 2006, VIII, 6, « De l’art des bouquets, de l’assortiment
ou de la disposition des couleurs les unes près des autres », p. 448

 

Germain, Des peintres anciens et de leurs manières(publi: 1681), p. 119 (fran)

Pausias, ou Pausanias, Sicyonien, disciple de Pamphile de Macédoine, se rendit célebre par plusieurs ouvrages qu’il donna au public ; entr’autres par le tableau de Glycera, fameuse bouquetiere d’Athenes, de laquelle ce peintre étoit passionnément amoureux, et qu’il représenta si artistement ornée de guirlandes et de chapeaux de fleurs, que l’art sembloit avoir surpassé la nature de beaucoup dans cette pièce. Elle fut si estimée, que Lucullus l’acheta une somme immense ; et l’ayant portée à Rome, il l’y fit placer au lieu le plus éminent de son palais.

 

Pline l’Ancien; Hardouin, Jean, Caii Plinii Secundi Naturalis historiae libri XXXVII. Interpretatione et notis illustravit Joannes Harduinus,... in usum Serenissimi Delphini(publi: 1685) (I, 4, 1), p. 24 (latin)

Pausias sane pictor multiplicem florum varietatem felicissime expressit, dum opera Glycerae coronariae, quam deperibat, pictura imitaretur, et illa provocans variaret, essetque certamen artis ac naturae, quales etiam nunc extant artificis illius tabellae atque in primis appellata Stephanoplocos, qua pinxit ipsam, Pline XXI, 2.

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Pline l’Ancien; Hardouin, Jean, Caii Plinii Secundi Naturalis historiae libri XXXVII. Interpretatione et notis illustravit Joannes Harduinus,... in usum Serenissimi Delphini, p. 276 (fran)(traduction récente d'un autre auteur)

Le peintre Pausias représenta avec beaucoup de bonheur la multiple variété des fleurs en reproduisant dans ses tableaux les œuvres de Glycéra, une jeune fille qui tressait des couronnes et pour laquelle il mourait d’amour.

Commentaires : Trad. Nativel, 1996, p. 276

 

Durand, David, Histoire de la peinture ancienne, extraite de l’Histoire naturelle de Pline, liv. XXXV, avec le texte latin, corrigé sur les mss. de Vossius et sur la Ie ed. de Venise, et éclairci par des remarques nouvelles(publi: 1725), p. 97-98; 290 (fran)

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  • [1] Fait servir l’Amour à la Peinture
  • [3] Et la Peinture à l’Amour

[1] Une autre chose, qui ne contribua pas peu à le rendre habile, c’est qu’il aima dans sa jeunesse une fille de son païs, nommée Glycère ; et comme ce fut elle qui inventa, dans la Grèce[2], ces guirlandes ou couronnes de fleurs, qu’on met sur la tête des jeunes personnes, il eut occasion par là de les imiter si bien, dans sa maniere caustique, qu’il osa ensuite le disputer à tous les peintres en ce genre, et qu’il l’emporta en effet sur eux tous : parce qu’ayant tous les jours, devant lui, les nouveaux modelles, que sa maîtresse lui faisoit voir, et qu’elle varioit à dessein, pour provoquer l’art, par la nature même, il enchérit encore par-dessus, et poussa cette branche de la peinture jusqu’à une variété si grande et de fleurs et de desseins, que nul autre, après lui, n’a pû atteindre au même degré de perfection, au moins à cet égard. [3]. Enfin, après avoir peint, en diverses manieres, les ouvrages de sa bien-aimée, il la peignit elle-même au naturel et telle qu’elle étoit ordinairement ; c’est-à-dire, assise au milieu de ses fleurs, et une guirlande à la main, qu’elle finit. Et il ne faut pas s’étonner de la beauté et de la réputation de cette piece, qui passe pour un chef-d’œuvre en général, et pour le sien propre en particulier, puisque l’amour et la reconnaissance, de concert avec le génie, y ont travaillé à l’envi. Ce tableau a plus d’un nom entre les peintres ; les uns le nomment Stephanoplocos, la bonne-faiseuse de couronnes ; et d’autres Stephanopolis, la vendeuse de guirlandes ; ce qui revient à la même chose ; quoique le dernier titre ait plus de rapport au premier état de Glycere[4], qui, ayant été pauvre, dans sa jeunesse, n’avait trouvé sa subsistance, pour ainsi dire, qu’au bout de ses doigts[5]. Je ne sçai si l’original est encore en être ; du moins on l’a vû en Italie pendant longtems, mais nous en pouvons juger par la copie éxcellente, que Lucullus en acheta, à Athènes, pendant la fête des Bacchanales, et qui lui coûta deux talens attiques[6].

Notes au texte latin, p. 290 :

(L) Glyceren municipem suam. C’est la leçon de Venise, et non pas Glyceram. Notre auteur a déjà parlé de cette Glycere, dans le liv. 21. §3. Je ne rapporterai que la traduction de Du Pinet : « Et de fait ceux de Chiarenza (il veut dire Sicyone) furent les premiers qui compasserent les couleurs des fleurs qu’on mettoit ès chappeaux. Toutes fois cela vint de l’invention de Pausias, peintre, et d’une bouquetiere, nommée Glycera, à qui ce peintre faisoit fort la court, jusques à contrefaire au vif les chappeaux et les bouquets qu’elle faisoit. Mais cette bouquetiere changeoit en tant de sortes l’ordonnance de ses chappeaux, et le meslange des fleurs qu’elle y mettoit, pour mieux faire rêver son peintre, que c’étoit grand plaisir de voir combattre l’ouvrage naturel de Glycera, contre le savoir du peintre Pausias. Et de fait, encore y a-t-il des tableaux en être, qui sont de la facture de ce peintre, et signament un, qui est intitulé Stephanoplocos, où il peignit sa bouquetiere au vif. »

(M) Postremo pinxit ipsam.. quae, e nobilissumis, tabula. C’est la leçon de la I. Ven. Au lieu d’ipsam, les Edd. postérieures portent illam, et après nobilissimis, elles ajoutent eius : cette addition est de Gelenius : mal. Ipsam est beaucoup mieux qu’illam. Parce qu’ayant peint ses guirlandes, il la peignit enfin elle-même : et pour ce qui est d’eius, il affoiblit l’éloge du tableau : il donne à entendre que c’étoit une des meilleures pièces de Pausias ; ce n’est pas assez ; selon la I. Ed. c’étoit un des plus fameux tableaux qu’il y eut au monde.

Note de bas de page de l'auteur :
  • [2] En la CI. Olympiade. Voy. Pline, l. 21 §3. Ex ingenio Pausiae pictoris atque Glycerae coronariae, dilectae admodum illi, cum opera eius pictura imitaretur.
  • [4] Au reste, je dirai ici à l’honneur de Pausias, qu’il ne faut pas confondre sa Maîtresse, qui étoit de Sicyone, aussi bien que lui, avec une autre Glycere, la courtisane, bonne amie de Praxitèle, au rapport de Pausanias, et Béotienne.
  • [5] Voilà deux articles, qui la justifient de libertinage. Elle étoit pauvre ; et gagnoit sa vie de ses propres mains. Comparez à cela le portrait d’Antiphile dans Térence, Heaut. Act. II sc. 2. En voici quelques traits : Nous l’avons trouvée dans sa chambre, attachée à sa tapisserie et travaillant avec beaucoup d’application. Elle avoit un habit simple et modeste, sans or, ni argent, et tel qu’il convient  une personne, qui ne s’orne que pour elle-même. Il ne paroissoit aucun fard sur son teint, ni céruse sur sa joüe, ni vermillon sur les levres. Ses cheveux étoient négligez et tomboient indistinctement autour de la tête.
  • [6] 1200 ecus d’Ant. à 600 ec. le talent.
 

Caylus, Anne-Claude Philippe de Tubières, comte de, « Réflexions sur quelques chapitres du XXXVe livre de Pline » (publi: 1759, redac: 1752:1753), « Du caractère et de la manière des peintres grecs » (numéro Troisième partie) , p. 206 (fran)

Pausias devint dans sa jeunesse amoureux de Glycère ; cette belle vendeuse de fleurs le rendit excellent dans l’imitation de la plus légère et de la plus agréable production de la nature ; le portrait de sa maîtresse qu’il peignit, tenant une des couronnes qu’elle faisoit avec une si grande perfection, devoit bien flatter la vûe. Combien auroit-on payé l’original, puisque Lucullus en acheta dans la suite la copie à Athènes deux talents ? Ce prix excessif étonnera moins ceux qui ont vû donner de nos jours des sommes pareilles de semblables tableaux de Gérard Dou, de Miris, et des bouquets de fleurs peints par Vanhuissen ; tandis que l’on n’auroit pas donné le même prix d’un tableau de Raphaël. La belle imitation des fleurs à laquelle il joignoit la plus grande facilité, m’engageroit à comparer Pausias à Baptiste pour cette partie seulement.

 

Caylus, Anne-Claude Philippe de Tubières, comte de, « De la peinture ancienne » (redac: 1753/11/10), 266-267 (fran)

Pline nous apprend ensuite que Pausias devint amoureux dans sa jeunesse de Glycère. Cette belle vendeuse de fleurs le rendit excellent dans l’imitation de la plus légère et de la plus agréable production de la nature. Le portrait de sa maîtresse, qu’il peignit tenant une des couronnes qu’elle faisait avec une si grande perfection, devait bien flatter la vue. Combien aurait-on payé l’original puisque Lucullus en acheta dans la suite la copie à Athènes deux talents ? Ce prix étonnera moins ceux qui ont vu donner de nos jours des sommes pareilles de semblables tableaux de Gérard Dou, de Mieris et des bouquets de fleurs peints par Van Huysum, tandis qu’on n’aurait pas donné le même prix d’un tableau de Raphaël.

 

Le Mierre, Antoine-Marin, La Peinture, poème(publi: 1761), « Chant second [la couleur] », p. 31 (fran)

Tu créas le Dessin, Amour ; c’est encor toi

Qui vas du coloris nous enseigner la loi.

O champs de Sicyone ! O rive toujours chere !

Tu vis naître à la fois Dibutade et Glycère.

Glycere de sa main assortissant les fleurs,

Instruisit Pausias dans l’accord des couleurs ;

Tandis qu’elle tressoit ces festons, ces guirlandes

Qui servoient aux autels de parure et d’offrandes,

Son amant les traçoit d’un pinceau délicat,

Egaloit sur la toile et fixoit leur éclat :

Le Peintre aima Glycere et l’Art brilla par elle.

O couleur du jeune âge ! O des fleurs la plus belle !

Un sang pur sur ce teint répandant la fraîcheur,

Par un tendre incarnat releve sa blancheur ;

À ce rayon divin sur des formes humaines

Le cœur bat, l’œil se trouble, un feu court dans les veines.

 

Hagedorn, Christian Ludwig von, Betrachtungen über die Malerei(publi: 1762), „Von der Verbindung des dichterischen und mechanischen bey dem ersten Plan des Gemähldes“ (numéro I, 12 ) , p. 168-169 (allemand)

Schildert er Blumen: so wählet er sie zum Beywerke mit der Gefälligkeit einer Schönen, die mit Wenigem viel zu schmücken weiss; zum reichern Blumenstücke, mit einstimmiger Mannichfaltigkeit: ich will sagen, daß auch hier der armselige Reichthum verboten ist. In jene Schule begab sich Pausias ; und so mahlte er vermuthlich, wenn er der Glycera gefallen wollte. Bildet der Künstler andere leblosen Dinge : so denket er zwar an das einfältige Wahre : aber er weis, durch das Spiel von Licht und Schatten, auch geringen Dingen einen Werth zu geben, und Künstler, grosse Künstler, die es bey höhern Gegenständen ausser Acht lassen, zu beschämen.

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Hagedorn, Christian Ludwig von, Betrachtungen über die Malerei, « De la liaison du poëtique et du mécanique dans le premier plan du tableau » (numéro II, 1, 12) , p. 145 (fran)(traduction ancienne d'un autre auteur)

Peint-il[Explication : l’artiste.] des fleurs, il les assortit avec le goût d’une belle qui avec peu fait embellir beaucoup ; il les ordonne avec une agréable variété, soit qu’il les traite comme des accessoires ou des objets principaux : bien entendu qu’en ceci comme dans le reste toute abondance stérile doit être interdite. C’est dans cette école que Pausias s’est formé, et c’est ainsi qu’il peignoit sans doute, quand il vouloit plaire à Glycere en imitant ses couronnes de fleurs. Le peintre rend-il d’autres objets inanimés, il pense toujours au vrai simple ; mais par le jeu des jours et des ombres, il sait donner du prix aux moindres choses et faire honte à des artistes, et même à de grands artistes, qui négligent ces détails dans les sujets élevés.

 

Explication des peintures, sculptures, et gravures de Messieurs de l'Academie royale, dont l'exposition a été ordonnée, suivant l'intention de Sa Majesté, par M. le Marquis de Marigny, Commandeur des Ordres du Roi, Directeur et Ordonnateur Général de ses Bâtimens, Jardins, Arts, Académies et Manufactures Royales : dans le grand Salon du Louvre, pour l'année 1763(publi: 1763)(fran)

Par M. Vien, Professeur. 24. Glycere, où la Marchande de Fleurs. Cette belle Athénienne, célébre dans l’antiquité & citée dans plusieurs Auteurs, vendoit des Couronnes aux portes des Temples. Elle fut peinte par un des grands artistes de la Grece : la copie de son Portrait fut vendue un prix considérable, & portée à Rome.

 

Jaucourt, Louis de, Encyclopédie, art. « Peintres grecs », tome XII(publi: 1765) (t. XII), p. 262 (fran)

Il devint dans sa jeunesse amoureux de Glycere ; cette belle vendeuse de fleurs le rendit excellent dans l’imitation de la plus légere et de la plus agréable production de la nature. Comme elle excelloit dans l’art de faire des couronnes des fleurs qu’elle vendoit, Pausias pour lui plaire imitoit avec le pinceau ces couronnes, et son art égaloit le fini et l’éclat de la nature. Ce fut alois qu’il représenta Glycere assise, composant une guirlande de fleurs, tableau dont Lucullus acheta la copie deux talens (neuf mille quatre cens livres) ; combien auroit-il payé l’original, qu’on nomma stéphanoplocos, la faiseuse de couronnes ? Horace n’a pas oublié cette circonstance. Vel cum Pausiaca torpes ; insane, tabella/ Qui peccas minus, atque ego cum, &c. Le prix excessif que Lucullus mit au tableau de Pausias, ne doit pas néanmoins étonner ceux qui ont vû donner de nos jours des sommes pareilles pour les bouquets de fleurs peints par Van-Huysum, tandis que peut-être ils n’auroient pas donné le même prix d’un tableau de Raphaël. On pourroit comparer Baptiste, pour cette partie seulement, au célebre Pausias dans la belle imitation des fleurs, à laquelle il joignoit une grande facilité.

 

De l’usage des statues chez les Anciens. Essai historique(publi: 1768), « Des collections d’antiquités et des tatues faites par amour de l’étude » (numéro Deuxième partie, chapitre vingtième) , p. 381 (fran)

La Vénus sortant de la mer fut estimée et payée 100 talents. Lucullus donna 8734 l. pour une copie de Licere servante de Pamphile qui en avoit peint l’original. Une très-grande statue d’Apollon que Lucullus transporta du Pont dans le Capitole coûta 639364 l. et il donna environ la valeur de 480 louis pour le modele de la Venus Genitrix. Les prix excessifs qu’on mettoit à ces monuments prouvent combien ils étoient recherchés.

 

Falconet, Etienne, Traduction des XXXIV, XXXV et XXXVI livres de Pline l’Ancien, avec des notes(publi: 1772), t. I, p. 178 (fran)

Dans sa jeunesse il fut amoureux de Glycère sa compatriote, qui inventa les couronnes de fleurs, et en imitant à l’envi le talent de sa maîtresse, il conduisit cet art jsuqu’à faire des couronnes variées d’une quantité prodigieuse de fleurs. Il la peignit ensuite elle-même assise avec une couronne ; et ce tableau, un des plus beaux qu’il ait fait, est appellé par les uns la Faiseuse, par d’autres la Vendeuse de couronnes : parce que Glycère avoit gagné sa vie à vendre des couronnes. L. Lucullus acheta à Athènes, pendant les fêtes de Bacchus, une copie de ce tableau deux talens[1].

Note de bas de page de l'auteur :
  • [1] 2 talens, 9400 livres.
 

Nougaret, Pierre Jean Baptiste ; Leprince, Thomas , Anecdotes des beaux-Arts, contenant tout ce que la peinture offre de plus piquant chez tous les peuples du monde(publi: 1776), t. I, p. 198 (fran)

Mais c’est à l’amour que Pausias dut toute son habileté et sa plus grande réputation. La belle Glycère, bouquetière d’Athènes, eut la gloire de le charmer. Sans cesse auprès de sa maîtresse, il s’amusoit quelquefois à copier les fleurs dont elle formoit des guirlandes et des couronnes ; et devint en ce genre le plus fameux peintre de la Grèce. Inspiré, conduit par l’amour, il peignit Glycère, et saisit l’un de ces instants heureux où la belle, laissant tomber des fleurs qu’elle assortissoit avec art, exprimoit dans ses yeux pleins de langueur toute l’ivresse du sentiment. Ce tableau fut si généralement admiré, que Lucullus, aussi célèbre à Rome par son luxe que par ses exploits militaires, en paya la seule copie 9400 livres[1]. Qu’auroit-il donc donné de l’original ?

Note de bas de page de l'auteur :
  • [1] Deux talens.
 

Pauw, Cornélius de, Recherches philosophiques sur les Grecs(publi: 1788), « Des apographes, ou des ouvrages copiés et supposés » (numéro §4) , p. 107-108 (fran)

Quant aux peintres d’Athènes, les deux plus fameux apographes qu’ils eussent mis au jour, étoient d’abord une copie des Centaures de Zeuxis, que Lucien a décrite fort en détail, et ensuite une copie de la Glycère de Pausias, qu’on pouvoit compter au nombre des plus beaux tableaux qu’on eût jamais vus dans la Grèce, quoiqu’il ne représentât qu’une seule figure de femme occupée à faire des festons ou des couronnes de fleurs ; car Pausias possédoit presque en un aussi haut degré qu’Apelles, le talent d’exciter une illusion qui tenoit de l’enchantement.

 

Pauw, Cornélius de, Recherches philosophiques sur les Grecs(publi: 1788), « Considérations sur l’état des beaux-arts à Athènes », §1, « De la peinture, et de la Vénus et Cos et de Gnide » (numéro III, 7 ) , t. II, p. 76 (fran)

De tout cela il s’ensuit que le point le plus avantageux où un artiste grec pouvoit se placer, consistoit à ne représenter qu’une seule figure, qui ne choquoit jamais sensiblement les règles de la perspective : aussi est-il aisé d’observer que les tableaux qui ont été le plus généralement applaudis, ne contenoient qu’une seule figure, telle que le Ialyse de Protogène, la Vénus d’Apelle, et la Glycère de Pausias.

 

Watelet, Claude-Henri ; Levesque, Pierre-Charles, article « Peinture chez les Grecs »,  Encyclopédie méthodique. Beaux-Arts(publi: 1788:1791), p. 650 (fran)

Il aima dans sa jeunesse Glycere qui inventa les couronnes de fleurs, combattit d’émulation avec elle, et porta cet art jusqu’à l’assortiment de la plus grande variété de fleurs. Il peignit Glycere elle-même assise et ceinte d’une de ces couronnes qu’elle faisoit avec tant d’adresse. Ce fut un de ses tableaux les plus célebres ; et Lucullus en acheta deux talens ou 10800 livres une simple copie. Cette copie étoit peut-être un double de la main de l’Auteur.