Parrhasios : orgueil
Bibliographie
Images
Pline l'Ancien (Gaius Plinius Secundus), Naturalis Historia, liber XXXV(redac: 77, trad: 1985) (71)(latin)
Fecundus artifex, sed quo nemo insolentius usus sit gloria artis, namque et cognomina usurpauit habrodiaetum se appellando aliisque uersibus principem artis et eam ab se consummatam, super omnia Apollinis se radice ortum et Herculem, qui est Lindi, talem a se pictum, qualem sese in quiete uidisset, et, cum magnis suffragiis superatus a Timanthe esset Sami in Aiace armorumque iudicio, herois nomine se moleste ferre dicebat, quod iterum ab indigno uictus esset.
Pline l'Ancien (Gaius Plinius Secundus), Naturalis Historia, liber XXXV, (trad: 1985) (71)(trad: "Histoire naturelle. Livre XXXV. La Peinture" par Croisille, Jean-Michel en 1985)(fran)(traduction récente d'un autre auteur)
C’était un artiste fécond, mais nul ne fit plus insolent étalage de la gloire de son art. Il ne craignit pas de prendre le surnom d’ami du plaisir et, dans d’autres vers, de se dire le prince de la peinture portée par lui à la perfection. Bien plus, il se prétendait de la race d’Apollon et assurait qu’il avait peint Héraklès à Lindos tel qu’il l’avait souvent vu en songe. Aussi bien, quand à Samos, pour son Ajax au concours pour les armes, il fut déclaré inférieur à Timanthe par la grande majorité des suffrages, il aimait à répéter qu’il était affligé au nom du héros de ce qu’il eût été une seconde fois vaincu par un indigne.
Pline l’Ancien; Landino, Cristoforo, Historia naturale di C. Plinio secondo tradocta di lingua latina in fiorentina per Christophoro Landino fiorentino, fol. 240r (italien)(traduction ancienne d'un autre auteur)
ma nessuno uso l’arte con piu insolentia et arrogantia. Imperoche essi pose molti nomi come e Abrodieto et altri che significano principe dela arte e che a quella ha dato ultima perfectione. Ma sopra tutto diceva essere nato della radice d’Apolline e che Hercole elquale lui haveva dipincto in Lindo era tale quale spesse volte haveva veduto in sogno. Ilperche fu vincto in Samo da Timanthe con grande favore di populo in Aiace. Ilperche lui nel giudicio dell’armi in nome d’esso Aiace diceva essergli molesto che da uno non degno fussi stato vincto la seconda volta. Dipinse anchora in minori tavolete le libidine perche si ricreava con tali specie di picture e con motteggi.
Pline l’Ancien; Brucioli, Antonio, Historia naturale di C. Plinio Secondo nuovamente tradotta di latino in vulgare toscano per Antonio Brucioli, p. 988 (italien)(traduction ancienne d'un autre auteur)
Fecondo artefice, ma nessuno fu che piu insolentamente, e arrogantemente usassi la gloria della arte, perche prese i cognomi, chiamandosi Abrodieto, e con altre parole, principe dell’arte, e quella ha hauto la perfettione da esso. Et sopratutte le cose diceva di essere nato della stirpe di Apoline, e Hercule che è in Lyndo, essere stato dipinto tale quale spesso l’haveva veduto in sogno. Adunque fu vinto in Samo da Timanto con gran favore del popolo in Aiace, nel giudicio delle armi. Et diceva che molestamente sopportava, per nome di quel barone, che di nuovo fusse stato vinto da uno indegno. Dipinse anchora in minori tavolette, le libidini, perche si recreava con tale specie di pitture, e di giuoco.
Pline l’Ancien; Domenichi, Lodovico, Historia naturale di G. Plinio Secondo tradotta per Lodovico Domenichi, con le postille in margine, nelle quali, o vengono segnate le cose notabili, o citati alteri auttori… et con le tavole copiosissime di tutto quel che nell’opera si contiene…, p. 1097 (italien)(traduction ancienne d'un autre auteur)
Esso fu artefice veramente ricco d’intentione ma nessuno usò l’arte con piu insolenza e arroganza di lui. Percioch’egli si pose di molti sopranomi, chiamandosi quando Abrodieto, e quando in altro modo, con darsi vanto d’essere il primo di quella arte, e d’haverla esso ridotta a perfettione. Et sopra tutto si vantò d’esser disceso da Apolline, e d’haver dipinto l’Hercole, ch’è in Lindo, proprio di quella maniera, che piu volte se l’havea sognato. Essendo dunque vinto in Samo da Timanthe con gran favore di popolo, in Aiace e nel giudicio dell’harmi diceva haver per male, che la seconda volta fosse stato vinto da un da manco di lui. Dipinse ancora in tavolette piccole certe figure lascive, ricreandosi con simil maniera di piacevolezze.
Pline l’Ancien; Du Pinet, Antoine, L’histoire du monde de C. Pline second… mis en françois par Antoine du Pinet, p. 945-946 (fran)(traduction ancienne d'un autre auteur)
- [1] c’est à dire, vivant delicatement
- [2] car Ulyxes l’avoit vaincu en vie : mais Tymanthes l’avoit surmonté en peinture
En somme, il n’y a peintre de l’Antiquité dont on monstre tant de pieces que de cestuy[Explication : Démon Athénien, que Du Pinet confond avec Parrhasios.] : aussi usoit il fort arrogamment de la gloire qu’il avoit acquise par son art : car luy-mesme se donnoit ses titres, s’appellant quelques fois Abrodiaetus [1], et quelquefois il se nommoit prince de la peinture, et se vantoit d’avoir amené le dit art à perfection. Mesme entre autres choses, il se disoit estre de la race d’Apollo, et affermoit avoir fait le tableau d’Hercules, qui est à Lyndos, suyvant le vif et naturel du dieu Hercules, lequel s’estoit souvent apparu à luy en dormant, à son dire. Toutesfois au jugement de tous les assistants, Tymanthes le vainquit en un Ajax, et mesme au jugement des armes, en l’isle de Samos. De quoy fort fasché Demon disoit qu’il estoit seulement marri du prince Ajax, qui se trouvoit vaincu pour la seconde fois par un homme indigne de ceste gloire [2]. Il prenoit plaisir de peindre en petit volume toutes vilenies et paillardises, et disoit qu’il y reprenoit aleine.
Pline l’Ancien; Poinsinet de Sivry, Louis, Histoire naturelle de Pline, traduite en françois [par Poinsinet de Sivry], avec le texte latin… accompagnée de notes… et d’observations sur les connoissances des anciens comparées avec les découvertes des modernes, (vol. 11), p. 241-243 (fran)(traduction ancienne d'un autre auteur)
Artiste d’une fécondité merveilleuse, mais qui se prévalut plus insolemment et plus arrogamment qu’aucun autre de sa célébrité, soit en prenant le surnom d’Abrodiaetus[1], ou homme vivant dans les délices, soit en se qualifiant, en d’autres termes[2], de prince de la peinture, et de consommateur de son art ; mais principalement en se donnant pour descendant d’Apollon, et pour avoir peint l’Hercule de Lindos d’après Hercule lui-même, qui lui avoit souvent, disoit-il, apparu en songe. De plus[3], ayant fait un Ajax disputant contre Ulysse pour l’armure d’Achille, et ce tableau ayant été, d’une voix unanime, déclaré inférieur à celui de Timanthe, il s’indigna de ce jugement, et dit qu’Ajax étoit sans doute à plaindre d’être une seconde fois vaincu par un rival indigne de lui. Parrhasius a fait aussi de petits tableaux lascifs ; c’étoit comme son délassement.
- [1] Athénée, liv. 12, p. 543, cite ces deux vers que Parrhasius avoit coutume d’inscrire au bas de des tableaux :
Ἀβροδίαιτος ἀνὴρ, etc.
Haec pinxit mollis, virtutis cultor, et idem
Clara Parrhasius ex Epheso patria. - [2] Rapportés également par Athénée, ibidem :
Φημὶ γὰρ ἤδη
Τέχνης, etc.
Jam dicto profecto
Hujus adest artis meta reperta mihi.
Hoc nostrae valuere manus : praestantia fingunt :
Inculpata tamen nulla reperta viris. - [3] Ceci est également rapporté par Athénée, ibid.
Athénée de Naucratis (Αθηναίος Ναυκρατικος), Δειπνοσοφισται (redac: (166):(233), trad: 2006:2012) (XV, 35, 687b-c (cf Reinach 264)), vol. VIII, p. 118 (grecque)
Παρράσιος δὲ ὁ ζωγράφος, καίπερ παρὰ μέλος ὑπὲρ τὴν ἑαυτοῦ τέχνην τρυφήσας καὶ τὸ λεγόμενον ἐλευθέριον ἐκ ῥαβδίων ὡς ἔκ τινων ποτηρίων ἑλκύσας, λόγῳ γοῦν ἀντελάβετο τῆς ἀρετῆς, ἐπιγραψάμενος τοῖς ἐν Λίνδῳ πᾶσιν ἔργοις·
ἁβροδίαιτος ἀνὴρ ἀρετήν τε σέβων τάδ’ ἔγραψεν Παρράσιος.
ᾧ κομψός τις, ὡς ἐμοὶ δοκεῖ, ὑπεραλγήσας ῥυπαίνοντι τὸ τῆς ἀρετῆς ἁβρὸν καὶ καλόν, ἅτε φορτικῶς μετακαλεσαμένῳ εἰς τρυφὴν τὴν δοθεῖσαν ὑπὸ τῆς τύχης χορηγίαν, παρέγραψε τὸ "ῥαβδοδίαιτος ἀνήρ".
Reinach, Adolph (éd.), Textes grecs et latins sur la peinture ancienne. Recueil Milliet, ((Reinach 264))(fran)(traduction récente d'un autre auteur)
Parrhasius, ce peintre qui aimait la volupté plus qu’il ne convenait à son art, et qui voulut tirer de ses pinceaux et de ses encaustères, l’honneur et la gloire qui n’est que le partage des gens bien nés et distingués par leurs qualités, rendit cependant hommage à la vertu : en effet voici ce qu’il écrivit sur tous ceux de ses ouvrages qui étaient à Linde.
« Parrhasius, homme livré à une vie très voluptueuse, mais honorant la vertu, a peint ceci. »
Un homme ingénieux et honnête, à ce qu’il me semble, se fâchant de ce que Parrhasius ternissait ainsi le nom de la vertu, si beau, si respectable, en le joignant grossièrement à celui d’un art qui n’a été appris aux hommes que pour servir à la volupté, écrivit à côté rhabdodiaitatos, « qui ne mérite de vivre qu’à coups de verges[Note contexte]. »
Athénée de Naucratis (Αθηναίος Ναυκρατικος), Δειπνοσοφισται , (trad: 2006:2012), t. VIII, p. 119 (trad: "The Learned Banqueters " par Olson, S. Douglas en 2006:2012)(anglais)(traduction récente d'un autre auteur)
Although the painter Parrhasius led a life that was inappropriately more luxurious than a painter should, and used his brushes to obtain what is referred to as "the life of a free man", in conversation he laid claim to being a decent person, and he inscribed on all the works he completed on Lindos :
This was painted by Parrhasius, a man who led adainty life (anêr habrodiaitos) but respecteddecent behavior.
Someone clever—or so it seems to me —who was quite upset with him for debasing the daintiness and beauty associated with virtue, inasmuch as he had vulgarly recruited the opportunities his good fortune had given him to the service of luxury, wrote anêr rhabdodiaitos ("a man who lived off his paintbrush") on the side
Athénée de Naucratis (Αθηναίος Ναυκρατικος), Δειπνοσοφισται (redac: (166):(233), trad: 2006:2012) (XII, 543c-544a (Reinach 263)), vol. VI, p. 160-162 (grecque)
Οὕτω δὲ παρὰ τοῖς ἀρχαίοις τὰ τῆς τρυφῆς καὶ τῆς πολυτελείας ἠσκεῖτο ὡς καὶ Παρράσιον τὸν Ἐφέσιον ζωγράφον πορφύραν ἀμπέχεσθαι, χρυσοῦν στέφανον ἐπὶ τῆς κεφαλῆς ἔχοντα, ὡς ἱστορεῖ Κλέαρχος ἐν τοῖς Βίοις. οὗτος γὰρ παρὰ μέλος ὑπὲρ τὴν γραφικὴν τρυφήσας λόγῳ τῆς ἀρετῆς ἀντελαμβάνετο καὶ ἐπέγραφεν τοῖς ὑπ’ αὐτοῦ ἐπιτελουμένοις ἔργοις.
ἁβροδίαιτος ἀνὴρ ἀρετήν τε σέβων τάδ’ ἔγραψεν.
καί τις ὑπεραλήσας ἐπὶ τούτῳ παρέγραψεν « ῥαβοδίαιτος ἀνήρ ». ἐπέγραψεν δ'ἐπὶ πολλῶν ἔργων αὐτοῦ καὶ τἀδε·
Ἁβροδίαιτος ἀνὴρ ἀρετήν τε σέβων τάδ' ἔγραψεν
Παρράσιος κλεινῆς πατρίδος ἐξ Ἐφέσου.
οὐδὲ πατρὸς λαθόμην Εὐήνορος, ὅς ῥά μ’ἔφυσε
γνήσιον, Ἑλλήνων πρῶτα φέροντα τέχνης.
ηὔχησε δ’ ἀνεμεσήτως ἐν τούτοις·
εἰ κὰι ἄπιστα κλύουσι, λέγω τάδε· φημὶ γὰρ ἤδη
τέχνης εὑρῆσθαι τέρματα τῆσδε σαφῆ
χειρὸς ὑφ’ ἡμετέρης· ἀνυπέρβλητος δὲ πέπηγεν
οὖρος. ἀμώμητον δ’ οὐδὲν ἔγεντο βροτοῖς.
ἀγωνιζόμενος δέ ποτε πρὸς καταδέστερον ἐν Σάμῳ τὸν Αἴαντα καὶ ἡττηθείς, συναχθομένων αὐτῳ τῶν φίλων, ἔφη ὡς αὐτὸς μὲν ὀλίγον φροντίζοι, Αἴαντι δὲ συνάχθοιτο δεύτερον ἡττηθέντι. ἐφόρει δὲ ὑπὸ τρυφῆς πορφυρίδα καὶ στρόφιον λευκὸν ἐπὶ τῆς κεφαλῆς εἶχεν σκίτωνί τε ἐπεστηρίζετο χρυσᾶς ἕλικας ἐππεπαισμένῳ χρυσοῖς τε άνασπαστοῖς ἐπέσφιγγε τῶν βλαυτῶν τοὺς ἀναγωγέας. ἀλλ’ οὐδὲ τὰ κατὰ τὴν τέχνην ἀηδῶς ἐπεποῖετο ἀλλὰ ῥάδίως, ὡς καὶ ᾄδειν γρἀγοντα, ὡς ἱστρορεῖ Θεόφραστος ἐν τῷ περὶ Ἐυδαιμονίας. τερατεύομενος δὲ ἔλεγεν, ὅτε τὸν ἐν Λίνδῳ Ἡρακλέα ἔγραφεν, ὡς ὄναρ αὐτῷ επιφαινόμενος ὁ θεὸς σχηματίζοι αὑτὸν πρὸς τὴν τῆς γραφῆς ἐπιτηδειότητα. ὅθεν καὶ ἐπέγραφεν τῷ πίνακι·
οἱος δ’ ἐννύχιος φαντάζετο πολλάκι φοιτῶν
Παρρασίῳ δι’ ὕπνου, τοῖος ὅδ’ ἐστὶν ὁρᾶν.
Reinach, Adolph (éd.), Textes grecs et latins sur la peinture ancienne. Recueil Milliet, ((Reinach 263))(fran)(traduction récente d'un autre auteur)
Les Anciens furent tellement avides de plaisirs, au point de se laisser entraîner dans de coûteuses dépenses somptuaires, que même le grand Éphésien Parrhasios en vint à se vêtir de pourpre et à porter une couronne d’or sur la tête : Cléarchos le note dans ses Vies. Souvent, ses penchants effrénés pour le luxe lui faisait perdre le sens commun, si bien que son art dériva vers le mauvais goût. Toutefois, quand il parlait de lui, il se croyait investi d’une mission de vertu et, sur ses tableaux, il se permettait souvent d’inscrire le vers suivant : « C’est un homme délicat, honorant la vertu, qui a écrit ces mots. » Mais un homme, peu convaincu par cette profession de foi, composa le pastiche que voici :
« C’est un homme qui vit comme le barbouilleur qu’il est ! »
Parrhasios est l’auteur d’autres inscriptions parmi lesquelles :
« C’est Parrhasios d’Éphèse, sa patrie glorieuse, un être délicat, honorant la vertu, qui écrit ces mots. Je n’ai pas oublié mon père Évenor qui m’engendra, moi son fils, dans le but d’être sur les cimes de l’art grec. »
Il fit preuve également d’un orgueil démesuré dans les vers suivants, bien qu’il n’ait point encouru la colère divine :
« J’ai beau m’adresser à des êtres qui m’entendent, mais ne veulent pas me prendre au sérieux, je dirai néanmoins ceci : j’ai l’intime conviction que cet art est à son apogée grâce à mes soins. Les limites que j’ai dépassées sont désormais insurmontables. Pourtant, rien de ce que font les mortels ne se réalise sans aléas. »
Une fois, à Samos, il était en compétition avec un artiste inférieur à lui pour peindre une fresque où figurait Ajax : il fut battu. Comme ses amis compatissaient sur sa défaite, il leur répondit que la chose lui importait peu : par contre, il plaignait Ajax pour avoir été battu une seconde fois.
Par penchant pour le luxe, il aimait s’afficher calfeutré dans un riche manteau de pourpre, un bandeau sur la tête ; il s’appuyait sur un bâton magnifique, sculpté de spirales dorées ; quant aux courroies de ses sandales, il les attachait avec des fermoirs d’or. Cependant, son art était loin d’être celui d’un dilettante, et il le prenait très au sérieux : il était doué d’une facilité déconcertante, au point qu’il pouvait chanter tout en peignant, comme Théophraste le souligne dans son Traité sur le Bonheur. Avec une conviction sans faille, il avait coutume d’affirmer que, lorsqu’il peignit son Héraclès à Lindos, le dieu lui-même lui était apparu en songe, et qu’il avait pris la pose appropriée. D’où les vers que notre peintre grava sur le tableau :
« Voyez-le, tel qu’il m’apparut la nuit, car il visitait souvent Parrhasios dans son sommeil. »
Commentaires :
Élien (Κλαύδιος Αἰλιανός), Ποικίλη ἱστορία(redac: (201):(235)) (IX, 11)(grecque)
Παρράσιος ὁ ζωγράφος ὅτι μὲν πορφυρίδα ἐφόρει καὶ χρῦσουν στέφανον περιέκειτο μαρτυροῦσι καί ἄλλοι καὶ τὰ ἐπιγράμματα δὲ ἐπὶ πολλῶν εἰκόνων αὐτοῦ· ἠγωνίσατο δέ ποτε ἐν Σάμῳ, συνέτυχε δὲ ἀντιπάλῳ οὐ κατὰ πολὺ ἐνδεεστέρῳ αὐτοῦ εἶτα ἡττήθη· τὸ δὲ γράμμα ἦν αὐτῷ, ὁ Αἴας ὑπὲρ τῶν ὅπλων τῶν Ἀχιλλέως ἀγωνισάμενος πρὸς τὸν Ὀδυσσέα. ἡττηθεὶς δὲ εὖ μάλα ἀστείως ἀπεκρίνατο πρὸς τὸν συναχθόμενον αὐτῷ τῶν ἑταίρων ὁ Παρράσιος· ἔφη γὰρ ἀυτὸς μὲν ὑπὲρ τῆς ἥττης ὀλίγον φροντίζειν, συνάχθεσθαι δὲ τῷ παιδὶ Τελαμῶνος δεύτερον τοῦτο ὑπὲρ τῶν αὐτῶν ἡττηθέντι. κατεῖχε δὲ καὶ σκίπωνα χρυσᾶς ἕλικας ἔχοντα περιεπρούσας, χρυσοῖς τε ἀνασπάστοις ἐπέσφιγγε τοὺς ἀναγωγέας τῶν βλαυτῶν. φασὶ δὲ αὐτὸν μήτε ἄκοντα μήτε ἐπιπόνως τὰ ἐν τῇ τέχνῃ χειρουργεῖν, πάνυ δὲ εὐθύμως καί ῥᾳδίως· καὶ γὰρ καὶ ᾖδε καὶ ὑπομινυρόμενος τὸν κάματον τὸν ἐκ τῆς ἐπιστημης ἐπειρᾶτο ἐπελαφρύνειν. λέγει δὲ ταῦτα Θεόφραστος.
Reinach, Adolph (éd.), Textes grecs et latins sur la peinture ancienne. Recueil Milliet, (fran)(traduction récente d'un autre auteur)
Le peintre Parrhasius portait des habits de pourpre et une couronne d’or. C’est un fait attesté par différents écrivains, et par les inscriptions mêmes de ses tableaux. S’étant un jour présenté pour disputer le prix, dans l’île de Samos, il rencontra un concurrent qui ne lui était pas inférieur, et qui l’emporta sur lui. Le tableau de Parrhasius représentait le combat d’Ajax et d’Ulysse, se disputant les armes d’Achille. Comme un de ses amis lui témoignait la part qu’il prenait à son malheur : « Je suis, répondit Parrhasius, peu touché de ma défaite ; mais je plains le sort du fils de Télamon, qui se trouve vaincu pour la seconde fois en combattant pour les mêmes armes. » Parrhasius portait un bâton orné de filets d’or, qui l’entouraient en serpentant : des cordons du même métal serraient les oreilles de sa chaussure autour de ses pieds. Au reste, l’exercice de son art n’avait rien de triste ni de fatigant pour lui : comme il le cultivait par goût, il s’y livrait avec plaisir. Souvent même il égayait son travail, en chantant ou en répétant quelque air à demi-voix. C’est de Théophraste que nous tenons ces détails.
Élien (Κλαύδιος Αἰλιανός), Ποικίλη ἱστορία, (trad: 1991) (IX, 11), p. 94 (trad: "Histoires variées" par Lukinovitch, Alessandra; Morand, Anne-France en 1991)(fran)(traduction récente d'un autre auteur)
Le peintre Parrhasius portait des habits de pourpre et une couronne d’or : nous le savons par toutes sortes de témoins mais surtout par de nombreux portraits qui le représentent et qui sont accompagnés d’inscriptions. Une fois, participant à un concours à Samos, il y trouva un adversaire qui avait un niveau presque équivalent au sien, et il perdit. Le sujet de son tableau était la rivalité d’Ajax et d’Ulysse pour l’obtention des armes d’Achille. Battu, à un ami qui s’affligeait pour lui, Parrhasios répondit avec beaucoup d’esprit : personnellement, lui dit-il, il se souciait peu de sa défaite, mais il était triste pour le fils de Télamon, qui perdait ainsi une seconde fois pour la même cause. Il possédait un bâton cerclé de spirales d’or et attachait les languettes de ses sandales avec des lanières dorées. On dit par ailleurs qu’il exécutait ses travaux artistiques sans peine et sans se laisser rebuter ; au contraire, il s’y livrait volontiers et avec aisance. En effet, il chantait et chantonnait pour essayer d’alléger l’effort exigé par le métier. C’est Théophraste qui le dit.
Eustathe de Thessalonique, Eustathii Archiepiscopi Thessalonicensis commentarii ad Homeri Odysseam (redac: 1100:1200) (1898, 61 (Vers. 565) (Reinach 265)), p. 434 (fran)
Ίστέον δὲ ὅτι Παῥῥάσιος ὁ Ἐφεσιος ζωγράφος ἐκ τῆς εἰρημένης κατὰ τὸν Αἴαντα περιπερείας έπὶ τῇ άποτυχίᾳ τῶν Ἀχιλλείων ὅπλων ἔννοιαν ἀστείαν ἀπορίσατο τοιαύτην. άγωνιζόμενος γὰρ ποτε τὸν Αἴαντα ἐν Σάμῳ φασὶ πρὀς ἀντίτεχνον καταδεέστερον καὶ ὑττηθεὶς, συναχθομένων αὐτῷ τῶν φίλων, ἔφη, ὠς αὐτὸς μὲν ὀλίγον φροντίζει, Αἴαντι δὲ συνάχθεται δεύτερον ὑττηθέντι.
Commentaires :
1 sous-texteReinach, Adolph (éd.), Textes grecs et latins sur la peinture ancienne. Recueil Milliet, (Reinach 265)(fran)(traduction récente d'un autre auteur)
Le peintre Parrhasios d’Éphèse, à l’occasion de l’aventure dont nous venons de parler, l’échec subi par Ajax quand il s’agit de décerner les armes d’Achille, trouva une repartie ingénieuse. À Samos, dit-on, il avait représenté Ajax, en concurrence avec un artiste inférieur à lui, qui cependant l’emporta ; ses amis lui apportant leurs condoléances : « Je m’en soucie peu, dit-il, pour mon compte ; mais je suis navré pour Ajax, qui vient de subir une seconde défaite ».
Ghiberti, Lorenzo, I commentarii(redac: (1450)), p. 71 (italien)
Fu costui abondante artefice, m’alcuno altro usò la gratia della pictura più superbamente, imperò egli usurpò e sopranomi: chiamava sé abhoclito, e con altre parole si chiamava principe della pictura e diceva l’arte esser in perfectione in lui, e diceva esser nato della radice d’Apolline; e diceva avere dipinto Hercule, in quello modo molte volte dormendo gl’era apparito. Costui fu poi vinto da Tymante in Aiace, a Samo; e questo sopportò malagevolmente, tabelle rifaccente sé.
Il codice Magliabechiano cl. XVII. 17 contenente notizie sopra l’arte degli antichi e quella de’ fiorentini da Cimabue a Michelangelo Buonarroti, scritte da anonimo fiorentino(redac: (1540:1550)), p. 14 (italien)
Et benche di grande autorita fussj, assaj si stimaua et arrogantemente usaua l’arte sua. Et egli stesso scriuendo il nome suo, ardi chiamarsj princjpe dell’arte, et ch’ha quella ultima perfectione haueua dato, et diceua essere disceso d’Apolline et esser simigliante a Herchole, che in Lindo dipinto haueua.
Adriani, Giovanni Battista, Lettera a m. Giorgio Vasari, nella quale si racconta i nomi, e l’opere de’più eccellenti artefici antichi in Pittura, in bronzo, et in marmo(publi: 1568, redac: 1567) (t. I), p. 188 (italien)
Valse ancora molto nel ben parlare, ma fu superbo oltre a misura lodando se stesso arrogantemente e l’arte sua, chiamandosi per sopranome or Grazioso et ora con cotali altri nomi dichiarante lui essere il primo e convenirsegli il pregio di quell’arte e d’averla condotta a somma perfezzione, e sopratutto d’essere disceso da Apollo ; e che l’Ercole, il quale egli aveva dipinto a Lindo città di Rodi, era tal e quale egli diceva più volte essergli apparito in visione.
Montjosieu, Louis de, Gallus Romae hospes. Ubi multa antiquorum monimenta explicantur, pars pristinae formae restituuntur. Opus in quinque partes tributum(publi: 1585), « Commentarius de pictura » (numéro IV) , p. 17 (latin)
Ipse vero Parrasius ad Timante superatus est in Aiace, armorumque iudicio. Vnde moleste se ferre dicebat, quod Aiax iterum ab indigno victus esset.
Possevino, Antonio, Tractatio De Poesi et Pictura ethnica, humana et fabulosa collata cum sacra(publi: 1593), « Quinam pingendi præcepta tradiderint antiqui et recentes » (numéro caput XXIV) , p. 283 (latin)
- [2] Modestia pictorem decet.
[1] Notat item Plinius fæcundum quendam artificem, sed quo nemo insolentius, et arrogantius sit vsus gloria artis, ea occasione monens, [2] quantopere artificem quemque eximium deceat modestia : prudentiam autem ejus narrat qui patris vultum velaverit, quem dignum non poterat ostendere.
- [1] voir aussi Timanthe
Van Mander, Karel, Het leven der oude antijcke doorluchtighe schilders(publi: 1603:1604 ), « Van Demon, Schilder van Athenen » , fol. 69r-v (n)
Hy was een Man, die op zijn Eere, die hy door de Const hem deelachtigh hadde ghemaeckt, heel moedigh en trots is gheworden, ghevende hem seluen verscheyden namen, somtijts Abrodiaetus, dat is, wellustich levende, en somtijts Prince der Schilder-const, hem beroemende, dat hyse hadde tot haer volcomenheyt ghebracht. Roemde onder ander hem te wesen van t’gheslachte van Apollo: en versekerde, te hebben ghemaeckt in een Tafereel, dat tot Lyndos was, den Hercules nae t’leven, ghelijck hem desen Godt dickwils in zijnen slaep verschenen was. Doch nae het oordeel van alle d’omstanders, heeft hem Timanthes verwonnen, eenen Ajax om best makende, en gingh hem oock te boven in de wapenen, die hy daer aen hadde ghemaeckt: dit gheschiedde in’t Eylandt Samos. Waerom Demon seer verstoort wesende, seyde alleen bedroeft te zijn van weghen den Prince Ajax, dat hy nu de tweedemael was verwonnen van een mensch, die der eeren onweerdich was: want Vlysses hadde hem verwonnen in’t leven zijnde, en Timanthes hadde hem met schilderen overtroffen. Hy hadde ghenuechte in’t cleen te schilderen, alderley onhebbelijckheden en boeleringhen, segghende, dat hy daer mede zijnen adem-tocht weder hercreegh.
Van Mander, Karel, Het Shilder-boeck(publi: 1604), « Het leven van Hans Fredeman de Vries, Schilder van Leeuwaerden », fol. 265 r-v (n)
- [1] Fol.69.a.
- [2] Fol.67.b.
De hooghmoedighe sullen altijt den opvarenden roock van veel latendunckenheyt openbaren, of hun vyer geblasen wort oft niet. Dan t’is te verwonderen, dat de beste Meesters somtijden sulck van aerdt zijn, die door hun hoogh verstandt verstandigher behoorden wesen: maer den overvloedt des gewins brengt hun dickwils soo veel windt in’t seyl, datse t’Compas verliesende geen streke en houden: gelijck den ouden Zeuxis, die in de groote Olympische ghemeen vergaderinghe pronckte, met eenen mantel daer zijnen naem op stondt gheborduert in gulden Letters. Oft ghelijck Athenaeus in zijn 12e Boeck vertelt van Parasius, dat hy hem selven had aenghedaen eenen Purpuren rock, en een gulden Croon opgestelt, en ghewent was te schrijven, als hy eenigh werck had voldaen, een dus danigh veers oft ghedicht:
Dit heeft ghemaeckt een Man wellustigh in zijn leven,
Die deuchtsaemheyt bemint, en eerlijck houdt verheven,
Parasius een Man, wiens Vader-landt eersaem
T’vermaerd’ Ephesen is, k’wil oock mijns Vaders naem
Evenor swijghen niet, van wien ick ben becleven,
Natuerlijck Grieck, en Prins der Schilders wel bedreven.
Dit wil doch qualijck over een comen, te weten, de deughde eeren en lieven, en wellustigh oft dertel te leven: nochtans roemde hy meer als van Menschlijcke dinghen: maer dat hy in’t eylandt Lindo hun Herculem hadde geschildert, en voor ooghen ghestelt, ghelijck hy hem in zijnen slaep hadde ghesien, soo hy met dusghe versen te kennen gaf:
Sulck Godt, als dickwils my Parasio wel eer
Al slapende verscheen, siet ghy hier min noch meer.
Wt alle Philosoophsche Scholen volghde hy Aristippum, als een voorsteller aller vrolijckheyt oft wellust, en was oock niet droeflijck in zijn werck: maer ghelijck Theophrastus in’t Boeck van de gheluckicheyt vertelt, sal al schilderende blijdlijc en sang. Dan was op zijn Const wonder hoogh dragende, eersuchtigh boven maten, op zijn wetenschap roemende met dusghe woorden:
Nu segh ick, dat den eyndt van deser Const is vonden:
Maer t’onverwinlijck eyndt my hier houdt vast ghebonden,
Dat ick niet verder magh, dus heeft een yeder Mensch
T’geen hy te claghen heeft, oft niet en gaet nae wensch.
[1] Van zijn groote volcomenheyt in de Const is voor henen in zijn leven verhaelt: dan om zijn prachticheyt noch te bewijsen, ghelijckmen t’zijnen tijden droegh schoenen met verscheyden lederen stricken doorvlochten, hadde Parasius de zijne doen maken, en droeghse van goudt. En ick acht wel dat men desen Man qualijck met schrijven oft segghen tot een neder cleen ghevoelen zijns selfs hadde connen brenghen, dewijl hy sulck van aerdt was, en sich selfs [2] sulcken grooten Meester te wesen kende, die (als verhaelt is) den moedigen Zeuxis had overtroffen. Nu zijnt doch niet al Parasij, die sich ooc seer prachtigh uytstellen, en overal voort doen, t’welck niet soo licht te beteren als wel te belacchen is.
------(fran)(traduction récente d'un autre auteur)
Les présomptueux feront toujours paraître les fumées de leur outrecuidance, qu’on en souffle ou non le foyer. Il est digne de remarque, en effet, que les meilleurs maîtres, ceux dont l’intelligence semblerait devoir surtout se manifester, sont parfois ceux dont l’excessive prospérité enfle à ce point les voiles que leur boussole dévie et qu’ils s’égarent comme le vieux Zeuxis que l’on voyait aux jeux Olympiques se pavaner dans un manteau où son nom était écrit en lettres d’or, ou comme Parrhasius, dont Athénée nous apprend, dans son XIIe livre, qu’il se montrait vêtu d’une robe de pourpre, couronné d’or, et signait ses œuvres à peu près de la sorte :
Ceci est le travail d’un homme qui vit dans l’opulence
Et honore la vertu : Parrhasius.
Sa patrie est la célèbre Éphèse ; Événor est son père.
Il est grec, et le prince des peintres.
Étrange contradiction ! honorer et aimer la vertu, et vivre dans l’opulence ! Et pourtant il se vantait d’avoir fait des choses surhumaines, comme d’avoir représenté, à Lindus, Hercule tel qu’il était apparu en songe. Entre les philosophes, il suivait Aristippe, l’apôtre de toutes les voluptés, et n’était point triste dans ses œuvres, mais comme le dit Théophraste, dans son traité du Bonheur, peignait en chantant. Il prisait très haut ses créations, était ambitieux à l’excès, et vantait son savoir en ces termes :
Je dis que la limite est ici atteinte ;
Mais l’invincible encore me retient ;
Ne mieux pouvoir est mon supplice,
Malheur de l’homme trompé dans son espoir !
J’ai parlé de sa supériorité artistique ; voici qui démontre son faste. De son temps on portait des chaussures de bandelettes de cuir entrelacées ; celles de Parrhasius étaient d’or. Il me paraît que les paroles ni les écrits n’eussent pu faire qu’un tel homme conçut de lui-même une opinion peu exaltée, alors qu’il se vantait d’avoir surpassé l’éminent Zeuxis. Hélas ! ce ne sont point seulement des Parrhasius, qui vont partout se vantant, chose plus facile à ridiculiser qu’à corriger.
Commentaires : Trad. Véronique Gérard-Powell, 2001, t II
Espinosa y Malo, Felix de Lucio, El pincel, cuyas glorias descrivia Don Felix de Lucio Espinosa y Malo(publi: 1681), p. 48 (espagnol)
Llamavan à Parrasio, segun refiere Quintiliano, todos los de su profession, con el glorioso renombre de su Legislador, teniendo por constante, que solo con su modelo, y por la direccion de sus lineas, podian salir cabales las figuras de sus heroes : no es mucho, pues, que tan puntual, y tan fecundo artifice tuviesse vanidad correspondiente al primor de su ingenio.
Carducho, Vicente, Diálogos de la pintura, su defensa, origen, essencia, definicion, modos y diferencias(publi: 1633), fol. 201v (espagnol)
- [1] Pintor coronado, y con purpura.
Dire ultimamente un raro exemplo, y es, que la estimacion de Parrasio subio a tanta sublimidad, que llegò a vestirse de purpura [1], y traer corona de oro en su cabeça. Tienese por suprema alabança en la pintura, que los Reyes ayan sido Pintores, pero mas es que algun Pintor aya sido Rei: assi lo puedo dezir fundado en las de Clearco, a quien alaga lib. 12. cap. 21. que traducidas por Natal Comite dizen: Vt Parrasius Pictor purpuream vestem gestauerit, et coronam habuerit auream in capite.
Jauregui, Don Juan de , Don Juan de Iauregui, cavallerizo de la Reina nuestra señora, cuyas universales letras, y emenencia en la Pitura, han manifestado a este Reino, y a los estraños sus nobles estudios(publi: 1633), 198r-198v (espagnol)
- [1] Parrasio se tratava con gran lustre
No ofende este engaño a Parrasio: podria ofenderle lo que escriven autores griegos, que presumia de gran artifice, [1] y se tratava con excessivo lustre: medianos cargos si bien se advierte. Lo que vemos es, que en la inscripcion antes alegada, demas de llamarse abstinente, añadia, virtutis cultor, como refiere Clearco en Atheneo, lib. 12. y aunque esto parezca sospechoso por escrivirlo el de si mismo, y los autores lo manician; no es verisimil ni creible que tan discreto y sabio Artifice avia de ostentar hipocresias mentirosas a vista del mundo, que se burlasse y riesse de la inscripcion seria mui decente, y el uso sencillo de entonces lo permitiria, mostrando ser requisito proprio del Pintor la virtud, con la sobriedad y abstinencia.
Jauregui, Don Juan de , Don Juan de Iauregui, cavallerizo de la Reina nuestra señora, cuyas universales letras, y emenencia en la Pitura, han manifestado a este Reino, y a los estraños sus nobles estudios(publi: 1633), fol. 197r-197v (espagnol)
Lo mismo confirma otro lugar peregrino de Plinio, y Atheneo, qui çà no entendido hasta oi. Dizen estos, que Parrasio en las inscripciones de sus mejores tablas se llamava, Abrodietos, palabra griega compuesta, que segun muchos se interpreta, delicatus in cibo, y advertida aun tiene mas fuerça para mi intento, porque abrœtos, es el que no come, y dieta, la tassa en comer: de suerte que abrodietos, en todas maneras significa, falto de alimento, o sobrio, y ayuno; y un tal epiteto se aplicava Parrasio en sus tablas. Natal Conde en la version de Atheneo, y Alecampo en sus notas a Plinio, traduzen simplemente, mollis, aut delicatus, lo qual no es creible en este caso, pues a no ser falto de juizio el Artifice, no avia de preciarse destos titulos, y escrivir en sus tablas con sencillez, Parrasio el blando ò el delicato la hizo: parece satira, y para escrita de si mismo no lleva camino, ò proposito. Preciariase (digo yo) de templado en comer, ò abstinente quando pintava: como la palabra lo muestra, reforçada con el exemplo de Protogenes.
Junius, Franciscus, De pictura veterum(publi: 1637) (I, 4, 1), p. 49 (anglais)
- [1] Cap. 44.
As Parrhasius did professe by the whole course of his life, that hee was mightily given to sumptuous cloathes and lustfull pleasures, so were there also in his works evident markes of such a wanton luxurious mind to be seen: witnesseth that same base piece of worke mentioned by Suetonius in the life of Tiberius [1]. Wee could relate here may more examples of excellent workmanship, in the which lust might seem to have had a hand as well as skill; if wee did not hasten to the consideration of such properties in severall artificers, as arose out of a well-ordered inclination of their mindes to one or other speciall way and manner of Art: leaving therefore the manifold effects of inordinate lusts, we shall insist only upon the following examples.
Ridolfi, Carlo, Le meraviglie dell’arte, overo le vite de gl’illustri pittori veneti, e dello stato(publi: 1648), p. 6 (italien)
- [1] Eliano lib. 9
[1] Fù copioso nelle inventioni, et ingegnoso : ma oltre molto superbo, e fastoso, vestendo la porpora, e portando corona d’oro in capo, e gloriavasi d’haver ritratto Ercole, come havevalo spesso veduto in sogno, che fù posto in Lindo.
La Mothe le Vayer, François de, Petits traitez en forme de lettres escrites à diverses personnes, Lettre IX, « Sur la peinture »(publi: 1662, redac: 1649:1662), "Sur la peinture" (numéro Lettre IX) , t. II, p. 441 (fran)
- [1] Ibid.
Le merite du Caravaggio à faire après le naturel, ni son artifice dans l’obscur et le lumineux, ni les graces qu’il mettoit aux derniers traits de sa besongne, ne m’obligent pas tant à tirer quelque parallele entre luy et Parrhasius, que cette humeur fiere qui le dominoit, et qui luy faisoit mépriser avec ceux de son temps tous les Anciens. Fecundus artifex, sed quo nemo insolentius et arrogantius sit usus gloria artis. [1] Il est de ces esprits-là dans toute sorte de professions, qui perdent presque toûjours la meilleure partie des loüanges qu’on leur donneroit librement, parce qu’ils veulent les emporter de haute lutte, et se les approprier sans en faire part à personne.
Vossius, Gerardus Joannes, De quatuor artibus popularibus, de philologia et scientiis mathematicis, cui operi subjungitur chronologia mathematicorum, libri tres, cap. V, De Graphice(publi: 1650), "De Graphice", §43 (numéro cap. V) , p. 81 (latin)
- [1] commensum, sive naturalem membrorum competentiam.
Quartus fuit Parrhasius Atheniensis, vel, ut alii volunt, Ephesius : qui συμμετριαν [1] melius prioribus observavit. […] Hic et certavit cum Timanthe : quem inter quatuorviros illos antea primo loco memoravi. De certamine eo sic Plinius lib. XXXV cap. X : Ergo magnis suffragiis superatus a Timanthe Sami in Ajace armorumque judicio, herois nomine se moleste ferre dicebat, quod iterum ab indigno victus esset.
[Félibien, André], De l’origine de la peinture et des plus excellens peintres de l’Antiquité(publi: 1660), p. 30-31 (fran)
- [1] Ce tableau estoit à Lyndos ville scituée dans l’Isle de Rhodes
Demon Athenien[Note contexte] fut encore sçavant en cét Art et s’étudia à donner de l’expression aux visages. […] Mais la vanité insuportable de ce peintre diminuoit beaucoup l’estime qu’on avait de luy ; car semblable à plusieurs de ces ouvriers d’aujourd’huy il se loüoit sans cesse lui-mesme, et ne pouvoit souffrir qu’on ne le preferast pas à tous les autres. Il estoit tousjours vestu d’une maniere particuliere, et pour estre encore plus respecté il se disoit estre de la race d’Apollon, faisant croire qu’il avoit souvent communication avec Hercule qui luy apparoissoit en dormant, et que le tableau qu’il en avoit fait étoit tout semblable au naturel [1]. Cependant il fut vaincu par Thimante dans un tableau d’Ajax, où Thimante fit mieux que luy ; et dans la colere qu’il en eut, il dit avec sa vanité ordinaire que son plus grand déplaisir estoit de voir que son Ajax fust surmonté par un homme indigne de remporter cette gloire.
Félibien, André, Entretiens sur la vie et les ouvrages des plus excellens peintres anciens et modernes, vol. 1(publi: 1666) (Premier Entretien), p. 69-70 (fran)
- [1] Ce tableau estoit à Lyndos dans l’Isle de Rhodes
Demon Athenien[Note contexte] fut encore sçavant en cet Art et s’étudia à donner de l’expression aux visages. […] Mais la vanité insupportable de ce peintre diminuoit beaucoup l’estime qu’on avait de luy : car semblable à plusieurs de ces ouvriers d’aujourd’huy il se loüoit sans cesse lui-mesme, et ne pouvoit souffrir qu’on ne le préférast pas à tous les autres. Il estoit toûjours vestu d’une maniere particuliere ; et pour estre encore plus respecté il se disoit estre de la race d’Apollon, faisant croire qu’il avoit souvent communication avec Hercule qui luy apparoissoit en dormant, et que le tableau qu’il en avoit fait étoit tout semblable au naturel [1]. Cependant ayant fait un tableau d’Ajax Thimante le surpassa par un autre ouvrage qu’il fit ; et dans la colere qu’il en eut, il dit avec sa vanité ordinaire que son plus grand déplaisir étoit de voir que son Ajax fust surmonté par un homme indigne de remporter cette gloire.
Dati, Carlo Roberto, Vite de' pittori antichi(publi: 1667), « Postille alla vita di Parrasio », p. 69-72 (italien)
XII. Imperciocché egli si pose diversi soprannomi, chiamandosi Abrodieto. Plin. 35. 10. Namque, et cognomina usurpavit, Habrodiaetum se appellando. E tale appunto si chiamò nell’iscrizione portata intera da Ateneo, della quale più avanti ἀβροδίαιτος, cioè, che vive delicatamente, che fa vita deliziosa. Che Parrasio fosse tale, è manifesto da quel che narrano Elian. l. 9 c. 11 var. stor. Aten. L. 12. E’ ben da avvertire che lo scherzo di quell’ingegnoso spirito, che scandalezzato di Parrasio, il quale per esser buon pittore, avesse ardimento d’appellarsi Abrodieto e amadore della Virtù, in questo Epigramma variò il principio ἀβροδίαιτος in ρἁβροδίαιτος, non si trova né pur accennato nella traduzione del Dalecampio, come notò e supplì l’eruditissimo Casaub. L. 15 c. 10 sopra Ateneo. Son però da scusare il Dalecampio e Natal Conti, i quali non potevano porre nelle loro versioni latine quel che non era nel testo greco, atteso che tanto nell’edizione d’Aldo del 1514, quanto in quella di Basilea del 1535, la quale adoperò il Dalecampio, manca tutto questo racconto, di poi aggiunto e inserito dagli antichi MSS. in quella del Commelino, unita di rincontro alla versione del Dalecampio, la quale se non è una volta da qualche dotto critico riscontrata, emendata, e supplita col testo greco, apparirà e sarà sempre in questo e in molti luoghi manchevole. Certo è che negli antichi MSS. d’Ateneo esser dovea quanto è stato supplito, poiché Eustatio sopra l’Odissea l. 8 a 1594 tocca la medesima cosa come cavata dalle Cene de’ Savii. E in due testi a penna d’Ateneo, ancorchè di non grande antichità, i quali si conservano nella famosa Libreria Fiorentina di S. Lorenzo, tutto compiutamente si legge. Ma per tornare alla voce ρἀβροδίαιτος, la quale verrebbe a significare un che vive di verga, detta da’Greci ρἅβδος, il medesimo Casaubono par che fondi tutto lo spirito di questa paranomasia, o com’altri dicono annominazione, sopra l’asticciuole de’ pennelli, e sopra quell’altre verghette che i Latini dissero viricula, masserizie pur da’ pittori. No per contraddire a letterato sì grande, ma per soggiugner qualche cosa di più in questo particulare, siami lecito proporre la mia opinione. Io non sarei lontano dal credere, che il motteggiatore di Parrasio alludesse più tosto a quella bacchetta, che adoprano i nostri pittori per appoggiare e tener salda la mano, della quale è molto verisimile che si valessero anche gli antichi, stante il grande e quasi necessario comodo che ne risulta. E ciò mi persuade un luogo singolarissimo di Plutarco nel fine del Discorso sopra coloro che tardi son gastigati da Dio: καὶ τι ῥαβδίον, ὤσπερ ζωγράφοι, διάπυρον προσάγειν. E gli porse una bacchetta da pittori infocata: le quali parole malamente possono intendersi de’ pennelli. E tanto basti d’avere con ogni riserbo accennato così alla sfuggita, per discorrerne altrove più distesamente, e come si dice, a posato animo, dove si tratterà degli arnesi pittoreschi. […]
XIII. Uom dilicato, e di virtude amante, ec. Veggasi questo epigramma presso Ateneo l. 12 a 543 e l. 15 a 687 e sopra esso il Casaubono nelle Animavvers. ἀβροδίαιτος veramente vale, che vive delicatamante, ma per comprender tutto in una parola, mi son preso sicurtà di tradurre dilicato, e poco sopra delizioso. Notisi in oltre che Parrasio si chiamò amadore della Virtù, e ne fu motteggiato a ragione, perocchè non dovea abusar questo titolo così nobile, adattandolo al pregio della pittura degna bensì di laude, ma che non può agguagliarsi a quella vera sapienza, che rende l’uomo in terra quasi celeste. Questo medesimo errore commetton coloro, i quali nella nostra lingua appellano virtuosi i musici, i pittori, e altrettali uomini eccellenti nell’arti loro, quando sì gloriosa demonimazione non si conviene né anche a’ filosofi se veramente non son giusti forti e prudenti.
XIV. Io dirò tal, che non sarà ch’il creda, ec. Leggesi questa inscrizione in Aten. l. 12. E in Aristide t. 3. 658 nell’Oraz. Περί τοῦ Παραφθέγματος. E qualche parte di essa appresso Eustatio sopra il l. 8 dell’Odiss. A 1593. Le versioni latine di Natal Conti, del Dalecampio, e del Cantero tutte svariano, e s’io non m’inganno, s’allontanano dal vero sentimento di chi fece questi versi. Io non voglio qui registrare una lunga diceria, rendendo ragione del mio volgarizzamento, ma rimettermi in primo luogo a qual che osserva il Casaub. l. 12. c. 11. sopra Ateneo, e secondariamente al giudicio degli eruditi e discreti lettori, i quali ben avvertiranno le difficoltà ch’io posso avere incontrate, e quel che m’abbia mosso ad accettare più una lezione, che un’altra, e quando ciò non mi sia accaduto felicemente, compatiranno anche me. Di questo epigramma al sicuro intese Plin. l. 35. 10 dicendo che Parrasio si nominò, Alijs verbis principem artis, et eam a se consummatam.
Dati, Carlo Roberto, Vite de' pittori antichi(publi: 1667), "Vita di Parrasio", p. 44-45 (italien)
- [1] Plin. 35.10 Elian. Var. Stor. 9. 11. Aten. l. 52 Eustat. in Odiss. l. 11.
Dipinse Parrasio in Samo in concorrenza di Timante, maestro egregio la contesa, e’l giudicio dell’armi d’Achille fra Ulisse, ed Aiace [1]: ed essendo per voti tutti concordi dichiarato perdente, disse argutamente ad un suo amico, il quale si condoleva con esso lui, che egli niun conto faceva della vittoria, ma ben’ assai gli pesava, che il povero figliuolo di Telamone, già due volte nella causa medesima ne avesse avvuto il peggio da un’ indegno avversario.
Dati, Carlo Roberto, Vite de' pittori antichi(publi: 1667), 48-49 (italien)
- [1] XII.
- [2] Elian. Var. St. 9. 11. Aten. l. 12
- [3] V. Scheffer
- [4] in Elian. 176
- [5] XIII.
- [6] XIV.
Conoscendo Parrasio il proprio valore se ne gonfiò, e ne divenne arrogante, ne vi è stato giammai pittore, che con eguale impertinenza si sia prevaluto della gloria dell’arte. [1] Imperciocchè egli si pose diversi soprannomi, chiamandosi Abrodieto, che è quanto a dire Delizioso. Onde non mancò chi stomacato di si vana appellazione, con poco mutamento la trasformò, e pose in luogo di Abrodieto, Rabdodieto; traendo lo scherzo, e la puntura della verga, la quale sogliono adoperare i pittori. [2] Quadrava però quel titolo per eccellenza alla vita delicata, ch’egli teneva, essendo dispendiosissimo ne’ vestimenti, i quali per lo più erano di porpora, portando in testa corona d’oro, e trapassando col suo lusso, e mobidezza oltre al decoro, e sopra la condizione di pittore; [3] perchè appoggiavasi ad una mazza avvolta di strisce spirali anch’ esse d’oro [4], e strignevasi le fibbie de’ calzari con auree allacciature. Ma quel che moveva più a sdegno spacciavasi per solenne amadore della virtù scrivendo sotto alle sue opere più perfette.
[5] Uom delicato, e di virtude amante
Parrasio, a cui fu patria Efeso illustre
Dipinse, ne tacer già voglio il nome
Del genitore Evenore, che nacque
In Grecia, e fu tra’ professori il primo.
Soleva anche talora appellarsi il principe della pittura da se perfezionata: onde parimente sottoscrive quegli altri versi.
[6] Io dirò tal, che non sarà chi’l creda.
Per opra di mia man l’ultimo segno
Toccato ha l’arte, e trapassar più oltre
Altrui non lice. Ma niente adopra
Senza taccia veruna alcun mortale.
Sopratutto si vantava di venir dal ceppo d’Apollo, e d’aver figurato l’Ercole di Lindo, quale appunto veduto l’avea spesse fiate dormendo. Di qui è, che sotto a detta imagine si leggevan quei versi.
Quale a Parrasio in mezzo al sonno apparve
Sovente, ora qui tal mirar si puote.
Laonde non è da maravigliarsi, che tutti gli altri pittori, come se fosse di mestieri, lui seguitarono in ritrarre gli Dij, e gli Eroi, l’effigie da esso fatte imitando.
Pline (Gaius Plinius Secundus); Gronovius, Johann Friedrich (Johannes Federicus), C. Plinii Secundi Naturalis historiae, Tomus Primus- Tertius. Cum Commentariis & adnotationibus Hermolai Barbari, Pintiani, Rhenani, Gelenii, Dalechampii, Scaligeri. Salmasii, Is. Vossii, & Variorum. Accedunt praeterea variae Lectiones ex MSS. compluribus ad oram Paginarum accurate indicatae(publi: 1669) (vol. 3), p. 577 (latin)
Fœcundus artifex, sed quo nemo insolentius usus sit gloria artis. Nanque et cognomina usurpauit, [1] Abrodiætum se appellando, [2]aliisque verbis principem artis, et eam ab se consummatam. Super omnia Apollinis se radice ortum : et Herculem, qui est Lindi, talem a se pictum, qualem sæpe in quiete vidisset. Ergo magnis suffragiis superatus a Timanthe esset Sami in Aiace armorumque judicio, herois nomine se moleste ferre dicebat, quod iterum ab indigno victus esset.
- [1] Abrodiætum se appellando.] Mollem, delicatum, lautum. Idem Ælian. cap. II. lib. 9 histor. refert eum purpurea veste usum fuisse, caput aurea corona redimire solitum, scipionem gestare aureis clauiculis circumdatum, calceorumque ansas ligulis aureis obstringere, ut ἀβροδίαιτον non immerito se cognominaret. Dalec.
- [2] Aliisque verbis principem artis.] Versus ii sunt apud Athenæum pag. 269. lin. 7.
Ἀβροδίαιτος ἀνὴρ ἀρετήν τε σέβων· τάδ’ ἔγραψε
Παρράσιος, κλεινῆς πατρίδος ἐξ Ἐφέσου.
Haec pinxit mollis, virtutis cultor, et idem
Clara Parrhasius ex Epheso patria.
Moréri, Louis, Le Grand Dictionnaire historique, ou mélange curieux de l'histoire sacrée et profane(publi: 1674), art. « Parrhasius »(fran)
Le même auteur[Explication : Pline.] ajoûte que son orgueil le rendoit insupportable.
Bellori, Giovanni Paolo; Lamoignon de Basville, Nicolas de, Lecture des Honneurs de la peinture et de la sculpture de Bellori, le 26 mars 1678 à l’Académie royale de peinture et de sculpture(redac: 1678/03/26), p. 648 (fran)
Ce fut alors […] que Parrhasius, la pourpre sur les épaules et la couronne sur la tête, parut comme prince de la peinture, dont il avait porté l’art à la plus haute perfection ; ce qui lui faisait aussi mettre ordinairement son nom au bas de ses ouvrages, avec quelque ornement d’éloge. Splendidus hæc pinxit virtutis cultor, et idem Clara Parrhasius ex Epheso Patria.
Germain, Des peintres anciens et de leurs manières(publi: 1681), p. 118 (fran)
Parrhasius n’étoit pas moins superbe et glorieux, que cruel ; car on le voyoit souvent paroître dans les fêtes publiques, vêtu d’un manteau de pourpre, et portant avec une posture extrêmement fastueuse, la couronne d’or sur la tête. Cependant il ne laissoit pas d’affecter de passer pour un homme rempli de sagesse et de vertu, comme le témoignent quelques vers grecs qu’on dit qu’il avoit coutume de mettre au-dessous de ses plus beaux ouvrages, qui se lisent dans Athénée, et qu’on peut voir traduits en latin par Casaubon.
Pline l’Ancien; Hardouin, Jean, Caii Plinii Secundi Naturalis historiae libri XXXVII. Interpretatione et notis illustravit Joannes Harduinus,... in usum Serenissimi Delphini(publi: 1685), p. 204-205 (latin)
[1]Fecundus artifex, sed quo nemo insolentius et arrogantius sit usus gloria artis. Namque et cognomina usurpavit, [2]Abrodiaetum se appellando, [3]aliisque verbis principem artis, et eam ab se consummatam. Super omnia Apollinis se radice ortum : [4]et Herculem, qui est Lindi, talem a se pictum, qualem saepe in quiete vidisset. Ergo magnis suffragis superatus a Timanthe esset Sami in [5]Ajace armorumque judicio, herois nomine se moleste ferre dicebat, quod iterum ab indigno victus esset.
- [1] Fecundus artifex. De Lysippo superius, lib. 34. sect. num. 6. Fecundissima artis, qui plurima ex omnibus signa fecit. Infra, de Antidoto, sect. 40. num. 28. Ipse diligentior, quam numeriosor. De Protogene, num. 20. Et ideo minor fertilitas.
- [2] Abrodiaetum. Delicatum, mollem, ac lautum. Extat Parrhasii epigramma apud Athen. lib. 12. pag. 543. quod ille picturis suis inscribere solitum ferunt :
Ἀβροδίαιτος ἀνὴρ ἀρετήν τε σέβων· τάδ’ ἔγραψε
Παρράσιος, κλεινῆς πατρίδος ἐξ Ἐφέσου.
Haec pinxit mollis, virtutis cultor, et idem
Clara Parrhasius ex Epheso patria. - [3] Aliisque verbis. Quae recitat idem Athenaeus, loc. cit.
φημὶ γὰρ ἤδη
τέχνης εὑρῆσθαι τέρματα τῆσδε σαφῆ ·
Χειρὸς ὑφ’ ἡμετέρης· ἀνυπέρβλητος δὲ πέπηγεν
Οὖρος· ἀμώμητον δ’ οὐδὲν ἔγεντο βροτοῖς.
Hujus adest artis meta reperta mihi.
Hoc nostra valvere manus : praestantia fingunt :
Inculpata tamen nulla reperta viris. - [4] Et Herculem. Totidem hoc verbis refert Athenaeus, loc. cit. Parrhasiique in eam rem carmen recitat :
Oἶος δ’ ἐννύχιος φαντάζετο πολλάκι φοιτῶν
Παρρασίῳ δι’ ὕπνου, τοῖος ὅδ’ ἐστὶν ὁρᾶν.
Talis adest specie, qualem per somnia vidit
Parrhasius pictor, culta figura dei. - [5] In Ajace. In tabula, quae Ajacis et Ulyssis contentionem exhiberet, de Achillis armis. Haec totidem plane verbis Athenaeus, loc. cit.
Aglionby, William,, Painting Illustrated in Three Diallogues, Containing Choice Observations upon the Art(publi: 1685) (Dialogue II ), p. 40 (anglais)
Parrhasius outdid him likewise in vanity, and boasting of his own abilities, pretending amongst other things, to be descended from Apollo, and to have conversation with the gods; saying, that the Hercules he drew at Lindus, was the same that us’d to appear to him in his dreams; he was nevertheless overcome publickly by Timantes at Samos, to his great affliction; his particular character was, well finishing his pieces.
Junius, Franciscus, De pictura veterum, liber I(publi: 1694, trad: 1996) (I, 4), p. 24 (latin)
Parrhasius magno cultu paratuque, multis quoque corporis animique deliciis diffluens, gravem animi libidinosi morbum mollibus lascivisque tabulis prodidit. Talis est tabula Suetonio memorata in Tiberio, cap. 44. Verum hanc in iis lididinem artis ex nimia insanientium animorum libidine impetum sumpsisse dicas ; reliquae autem, quas referemus, proprietates ex peculiari quadam ad hoc vel illud pronitate nascentes eoque in alios nonnisi raro et imperfecte translatae, minime sunt hic praeterundae.
Junius, Franciscus, De pictura veterum, liber I, (trad: 1996), p. 276-278 (trad: "La Peinture des Anciens, livre I" par Nativel, Colette en 1996)(fran)(traduction récente d'un autre auteur)
Parrhasios, amolli par son goût excessif pour le raffinement et les apprêts, par maints plaisirs du corps et de l’esprit aussi, cet homme qui vivait dans la mollesse, propagea, dans ses tableaux lascifs et sans énergie, la grave maladie de son âme emportée par les passions. Suétone évoque, dans Tibère, chap. 44, un tableau de ce genre. On pourrait dire que, chez ces artistes, « ce désir de l’art » a puisé son élan dans le désir excessif d’esprits insensés, cependant on ne doit absolument pas passer sous silence les autres qualités propres, dont nous allons parler, qui naissent d’un certain penchant particulier à chacun pour ceci ou pour cela et ne se peuvent transmettre à autrui que rarement et imparfaitement.
Piles, Roger de, Abrégé de la vie des Peintres, avec des reflexions sur leurs ouvrages, et un Traité du Peintre parfait, de la connoissance des Desseins et de l’utilité des Estampes(publi: 1699), p. 115-116 (fran)
Il avoit beaucoup de génie et d’élévation d’esprit ; mais les louanges qu’on lui donnoit, et qu’il croyoit mériter, le rendirent éxtrémement orgueilleux ; il parloit des autres avec mépris, et de soy-même, comme ayant conduit l’art à sa dernière perfection. Il ne faisoit pas de difficulté à se nommer le Maître et le Prince de la Peinture : et il étoit magnifique en tout ce qui environnoit sa personne, sans affectation néanmoins, et sans contrainte.
Il avoit accoûtumé de s’enthousiasmer pour ses productions. Il ne se mettoit jamais au travail qu’il ne fût prévenu d’une disposition à y trouver du plaisir ; et il adoucissoit son travail en chantant d’un ton moderé pour luy seul.
Durand, David, Histoire de la peinture ancienne, extraite de l’Histoire naturelle de Pline, liv. XXXV, avec le texte latin, corrigé sur les mss. de Vossius et sur la Ie ed. de Venise, et éclairci par des remarques nouvelles(publi: 1725), p. 58; 250 (fran)
- [1] Sa présomption
[1] Artisan véritablement fertile et universel, mais dont jamais personne n’a approché en fait de présomption, ou plustôt de cette arrogance, qu’une gloire justement acquise, mais mal soutenuë, inspire quelquefois aux meilleurs ouvriers. Car il se donnoit à lui-même libéralement les épithètes les plus flatteuses et les surnoms les plus relevez : comme ceux de tendre, par éxemple, de moëlleux, de magnifique, de délicat, de consommateur de l’art, sorti originairement[2] d’Apollon, et né pour peindre les dieux mêmes : ajoutant qu’à l’égard de son Hercule, qui est encore à Linde[3], il l’avoit representé précisément et trait pour trait, tel qu’il lui étoit souvent apparu en songe. Enfin la vanité étoit si fort enracinée chez lui, qu’elle ne le quittoit point, même dans ses échecs les plus humilians. Jusques-là, qu’ayant été vaincu par Timanthe, dans la ville de Samos, à la pluralité des meilleurs suffrages, il fut assez présomptueux pour se consoler par le sujet même, qui avoit été la matiere du combat. C’étoit un Ajax, outré de colère contre les Grecs, de ce qu’ils avoient ajugé à Ulysse les armes d’Achille. Voyez[4], dit-il, mon héros! son sort me touche encore plus que le mien propre: il est vaincu, une seconde fois, par un homme qui ne le vaut pas! Mais ce n’est pas encore tout: outre qu’il avoit l’ame hautaine, il étoit si déreiglé et si licentieux, dans ses imaginations, qu’il ne rougissoit point de représenter, en petits tableaux, les badinages les plus grossiers de l’amour et de la débauche; espèce de jeu et de gaillardise, dont il se servoit, disoit-il, pour se délasser.
Notes au texte latin, p. 250 :
(A) Abroediaetum se adpellando. Ἀβροδίαιτος ἀνὴρ, le délicat, le poli, l’élégant Parrhase ; c’est le titre qu’il se donnoit et qu’il écrivoit au bas de ses tableaux, voyez Athénée, liv. 15 ch. 10. Le P. H. éxplique cet Abrodiaetum, par delicatum, mollem ac lautum. Cette traduction n’est pas éxacte il falloit dire, liberalem et elegantem : car il n’y a point d’apparence que Parrhase joignît la molesse avec la vertu, et qu’il fit gloire de l’une et de l’autre en même tems: Athénée dit tout le contraire: il insinuë que quelque somptueux et voluptueux que fut Parrhase, jusqu’à faire consister le vrai mérite dans la magnificence des meubles et des habits, comme dans une robbe de pourpre, une couronne, une canne riche, des brodequins superbes et choses semblables ; cependant il vouloit passer pour vertueux, λόγῳ δ’ὦν ἀντελάβετο τ’ἀρετῆς, et écrivoit sous ses tableaux : Ἀβροδίαιτος ἀνὴρ, ἀρετήν τε σέβων, τάδ’ ἔγραψε Παῥῥάσιος. L’honnête et vertu Parrhase a peint ceci. Et voilà proprement ce qui cause l’indignation de l’homme d’esprit, dont il parle dans la suite, qui outré de voir un homme qui n’étoit vertueux qu’en paroles, et qui prophanoit ce beau nom dans ses inscriptions orgueilleuses, lui rabattit son caquet, en changeant Ἀβροδίαιτος en Ραβροδίαιτος, comme qui dirait un homme qui vit du pinceau et de la baguette. Je dois cette remarque à mon ancien maître, le savant et judicieux Perizonius. Carlo Dati a traduit comme le P.H. Che vive delicatamente, che fa vita deliziosa : ajustez cela avec le titre de vertueux. Dalecamp et Casaubon ont aussi donné à gauche ; et enfin Junius lui-même a traduit Mollis vir et virtutem colens. Ces deux mots doivent être surpris de se trouver ensemble sous la plus d’un habile homme.
(E) Pinxit et minoribus tabellis libidines. Comme notre auteur n’a parlé des sujets licencieux du pinceau de Parrhase, qu’à l’égard de ces petits tableaux, qu’il appelloit lui-même de délassement, il est plus naturel de rapporter à cette classe, le tableau d’Atalante et de Méléagre, dont il est parlé dans Suëtone, que de le confondre avec l’Archigallus de Cybele : voyez nos remarques ci-dessus, p. 248. Il semble que Properce aite û en vûe les petits sujets de notre peintre, dans la 7. El. du liv. 3.
In Veneris tabula summam sibi ponit Apelles:
Parrhasius parva vindicat arte locum.
Et Carlo Dati a donné dans cette pensée. Beroaldus, ou Berauld, substituoit Pyreïcus à Parrhasius, parce que notre Pline fera bientôt mention d’un Pyréicus, qui s’est signalé dans les ouvrages de miniature : mais il y a long tems que Scaliger a coulé à fond cette conjecture et rétabli le texte de Properce ; en conservant Parrhasius qui se trouve dans tous les MSS. et en changeant parva en parta,
Parrhasius parva vindicat arte locum.
Apelle, veut-il dire, s’est surpassé dans sa Venus Anadyomene, mais Parrhase s’est acquis une place distinguée entre les peintres, pour avoir perfectionné l’art. C’est le jugement de Pline : Parrhasius ipse multa constituit. Primus symmetriam picturae dedit, primus argutias uultus, elegantiam capilli, uenustatem oris, confessione artificum in lineis extremis palmam adeptus.
(F) eo genere petulantis joci se reficiens. C’étoit apparemment l’éxcuse qu’alléguoit Parrhase sur la licence de son pinceau dans ces petits sujets : elle ne vaut rien : elle ne peut venir, que d’un cœur impur, ou du moins d’un homme qui brave l’honnêteté, et qui se met peu en peine des mauvais effets de ses imaginations. Notre Pline blâme partout cet éxcès : Heu ! Prodigiosa ingenia, dit il, dès le commencement du 33. livre, quot modis auximus pretia rerum ! accessit ars picturae ad aurum et argentum, quae caelando cariora fecimus. Didicit homo naturam prouocare. Auxere et artem uitiorum irritamenta. In poculis libidines caelare iuuit ac per obscenitates bibere : et au liv. 14 ch. 22 Vasa adulteriis caelata, tanquam per se parum doceat libidines temulentia. Les plus sages d’entre les payens ont parlé comme lui ; Seneque, Ciceron, Horace, quand ils ont consulté la nature et l’expérience, ont censuré cet abus. Properce même a moralizé sur ce sujet : voyez la 5. El. du liv. 2:
Templa Pudicitiae quid opus statuisse puellis,
Si cuivis Nuptae quidlibet esse licet ?
Quae manus obscenas depinxit prima tabellas,
Et posuit casta turpia visa domo :
Illa puellarum ingenuos corrupit ocellos,
Nequitiaeque suae noluit esse rudes.
Ah gemat in terris, ista qui protulit arte
Jurgia sub tacita condita laetitia !
Non istis olim variabant tecta figuris :
Tum paries nullo crimine pictus erat.
Mais personne ne s’est élevé avec tant de force contre cette licence, que les Peres de l’Eglise. Ce n’est pas qu’ils ayent blâmé la peinture en général ; mais ils vouloient que le pinceau se renfermât dans ses justes bornes ; licite pingere, dit Tertulien : et Sidonius Apollinaris dans la description qu’il fait d’une de ses métairies ; Non hic per nudam pictorum corporum pulcritudinem turpis prostat historia, quae sicut ornat artem, sic deuenustat artificem. Enfin l’éxcuse de Parrhase est coulée à fond par ces belles paroles de l’Orateur romain : Neque enim ita generati a Natura sumus, ut ad ludum et jocum facti esse uideamur, sed ad seueritatem potius et ad quaedam studia grauiora atque majora. Ludo autem et ioco uti illo quidem licet ; sed sicut somno et quietibus ceteris… ipsumque genus iocandi non profusum, non immodestum, sed ingenuum et facetum esse decet. Ut enim pueris non omnem licentiam ludendi damus ; sed eam quae ab honestis actionibus non sit aliena ; sic in ioco ipso aliquid probi ingenii lumen eluceat. Duplex omnino est iocandi genus : unum illiberale, petulans, flagitiosum, obscenum : alterum elegans, urbanum, ingeniosum, etc. Offic. Lib. I. c. 19. Appliquez ces préceptes à la peinture et à la poësie. Elles sont bonnes et agréables, si elles se renferment dans leurs bornes ; mais ils ne faut pas qu’elles enseignent le vice. Je ne sçai aucun gré à un homme d’esprit, d’avoir rimé des Psaumes, lorsqu’on voit, à la suite de ses œuvres, des Epigrammes ordurieres qui le deshonorent. C’est faire comme Parrhase, qui après avoir peint les dieux et les heros, va se délasser dans un lieu public ; ou comme M. Bayle, qui, après avoir parlé comme les philosophes les plus sublimes, dans le Lycée et dans l’Académie, se prostituë dans un corps de garde avec des goujats.
- [2] Tout ceci est confirmé par le témoignage d’Athénée, liv. XII, ch. 2 et par celui d’Élien, liv. IX ch. II où il cite Théophraste pour garand de ce qu’il en rapporte. Il dit qu’il s’habilloit de pourpre ; qu’il portoit une couronne d’or ; qu’il avoit une canne fort riche ; que les attaches de ses souliers étoient d’or ; qu’il accompagnoit ses tableaux d’inscriptions orgueilleuses ; qu’il travailloit aisément et sans se peiner, toujours causant, ou riant, ou chantant quelque chose d’agréable. C’est le moyen de réussir.
- [3] Ville de Rhodes, à l’éxtrémité orientale de l’Isle : aujourd’hui encore Lindo.
- [4] Élien dit que ce fut la réponse qu’il fit à un ami, qui lui faisoit ses condoléances sur cet échec. Moi, dit-il, je me soucie fort peu d’avoir été vaincu ; mais je suis fâché que le fils de Télamon ait reçu encore le même outrage, qu’il essuya autrefois si injustement. Idem, ib. Cette défaite est délicate.
Rollin, Charles, Histoire ancienne, tome XI, livre XXIII(publi: 1730:1738), « De la peinture » (numéro livre XXIII, ch. 5) , p. 159-160 (fran)
- [1] Plin. l. 35. cap. 10. Athen. Lib. 12 pag. 543. Ælian. lib. 9 cap. II
- [3] Plin. et Ælian. et Athen. ibid.
[1] C’étoit[2] un artisan d’un vaste génie et d’une fertilité d’invention universelle, mais dont jamais personne n’a approché en fait de présomption, ou plutôt de cette arrogance, qu’une gloire injustement acquise, mais mal soutenue, inspire quelquefois aux meilleurs ouvriers. Il s’habilloit de pourpre ; il portoit une couronne d’or ; il avait une canne fort riche, les attaches de ses souliers étoient d’or, et ses brodequins superbes ; enfin il étoit magnifique en tout ce qui environnoit sa personne. Il se donnoit à lui-même libéralement les épithétes les plus flateuses et les noms les plus relevés, qu’il ne rougissoit point d’inscrire au bas de ses tableaux : le délicat, le poli, l’élégant Parrhasius ; le consommateur de l’art, sorti originairement d’Apollon, et né pour peindre les dieux mêmes. Il ajoutoit qu’à l’égard de son Hercule, il l’avoit représenté précisément, et trait pour trait, tel qu’il lui étoit souvent apparu en songe. Avec tout ce faste et toute cette vanité, il ne laissoit pas de se donner pour un homme vertueux, moins délicat en ce point que M. Despreaux, qui se disoit :
Ami de la vertu, plutôt que vertueux.
[3] Le succès de la dispute qu’eut Parrhasius avec Timanthe dans la ville de Samos, fut bien humiliant pour le premier, et dut couter beaucoup à son amour propre. Il s’agissoit d’un prix pour celui qui auroit le mieux réussi. La matiére du tableau et du combat, étoit un Ajax outré de colére contre les Grecs de ce qu’ils avoient adjugé les armes d’Achille à Ulysse. Ici, à la pluralité des meilleurs suffrages, la victoire fut adjugée à Timanthe. Le vaincu couvrit sa honte, et se dédommagea de sa défaite par un bon mot, qui sent un peu la rodomontade. Voyez, dit-il, mon héros ! Son sort me touche encore plus que le mien propre. Il est vaincu une seconde fois par un homme qui ne le vaut pas.
- [2] Fœcundus artifex, sed quo nemo insolentius, et arrogantius sit usus gloria artis. Plin.
Turnbull, George, A Treatise on Ancient Painting(publi: 1740), p. 52 (anglais)
Pliny gives no account of his little obscene pieces, some of which are mentioned by Suetonius; but on this, and every other occasion, condamns the vile prostitution and abuse of an art, so capable of giving sound instruction and wholesome exercise to the mind[1].
- [1] See Pliny, liv. 33: Heu prodigiosa ingenia! Quot modis auximus pretia rerum [...] Cicero distinguishes very well duo jocandi genera, Unum illiberale, petulans, flagitiosum, obscaenum; alterum, elegans, urbanum, ingeniosum, facetum. Cic. De off. I, 29. And Pliny calls res, Parrhasius’s lascivious pictures, eo genere petulantis joci. Propertius moralizes charmingly on this subject. Templa Pudicitiae quid opus posuisse puellis... (Eleg. II, 6)
Lacombe, Jacques, Dictionnaire portatif des beaux-arts ou abrégé de ce qui concerne l’architecture, la sculpture, la peinture, la gravure, la poésie et la musique(publi: 1752), art. « Parrhasius », p. 469-470 (fran)
Les artistes d’un mérite supérieur ne sont pas souvent assez en garde contre la vanité. Parrhasius avoit conçu une si haute idée de lui-même, qu’il se prodiguoit les louanges les plus fortes ; il étoit méprisant et magnifique dans tout ce qui environnoit sa personne : il étoit ordinairement vêtu de pourpre et avoit une couronne sur la tête, se regardant comme le prince de la peinture.
Caylus, Anne-Claude Philippe de Tubières, comte de, « De la peinture ancienne » (redac: 1753/11/10), 249 (fran)
Car après avoir fait valoir l’abondance et la facilité de son génie, il critique sa plate et ridicule vanité en nous apprenant qu’il se donna lui-même le nom de délicat et de voluptueux, et se déclara le prince d’un art qu’il avait porté à sa perfection. C’est donc avec une sorte de plaisir que l’on voit son insolence punie, car il fut vaincu par Timanthe dans un des jeux de la Grèce où les arts furent admis.
Jaucourt, Louis de, Encyclopédie, art. « Peintres grecs », tome XII(publi: 1765) (t. XII), p. 262 (fran)
C’est dommage que Parrhasius ait deshonoré son pinceau, en représentant par délassement les objets les plus infâmes : ubique celeber, comme dit Pline d’Arellius, nisi flagitiis insignem corrupisset artem ; ce que fit en effet le peintre d’Ephese par sa peinture licencieuse d’Atalante avec Méléagre son époux, dont Tibere dona cent cinquante mille livres de notre monnoie, et plaça cette peinture dans son appartement favori. C’est encore dommage que cet homme si célebre ait montré dans sa conduite trop d’orgueil et de présomption. On le blame peut-être à tort de sa magnificence sur toute sa personne. On peut aussi lui passer son bon mot dans sa dispute avec Timanthe ; il s’agissoit d’un prix en faveur du meilleur tableau, dont le sujet étoit Ajax outré de colere contre les Grecs, de ce qu’ils avoient accordé les armes d’Achille à Ulysse. Le prix fut adjugé à Timanthe. « Je lui cede volontiers la victoire, dit le peintre d’Ephèse, mais je suis fâché que le fils de Télamon ait reçu de nouveau le même outrage qu’il essuya jadis fort injustement ». On voit par ce propos que Parrhasius étoit un homme de beaucoup d’esprit ; mais c’étoit sans doute un artiste du premier ordre, puisque Pline commence son éloge par ces mots remarquables, qui disent tant de choses : primus symmetriam picturæ dedit ; ces paroles signifient, que les airs de tête de ce peintre étoient piquans, qu’il ajustoit les cheveux avec autant de noblesse que de légereté ; que ses bouches étoient aimables, et que son trait étoit aussi coulant que ses contours étoient justes ; c’est le sublime de la peinture : hæc est in picturâ sublimitas ; hanc ei gloriam concessére Antigonus et Xenocrates, qui de picturâ scripsére. Dans son tableau de deux enfans, on trouvoit l’image même de la sécurité et de la simplicité de l’âge, securitas et simplicitas ætatis. Il faut que ces enfans aient été bien rendus, pour avoir inspiré des expressions qui peignoient à leur tour cette peinture. C’est dommage que dans un artiste de cette ordre, nemo insolentius & arogantius sit usus gloriâ artis. Il se donna le nom d’abrodietos, le délicat, le voluptueux, en se déclarant le prince d’un art qu’il avoit presque porté à sa perfection. En effet, on ne lit point sans plaisir, cout ce que disent de ce grand maître Pline, Diodore de Sicile, Xénophon, Athénée, Elien, Quintilien, & parmi les modernes Carlo-Dati ; mais on n’est point fâché de voir l’orgueil de Parrhasius puni, quand il fut vaincu par Timanthe, dans le cas dont j’ai parlé ci-dessus ; cas d’autant plus important à sa gloire, que les juges établis pour le concours des arts dans la Grece, ne pouvoient être soupçonnés d’ignorance ou de partialité.
Falconet, Etienne, Traduction des XXXIV, XXXV et XXXVI livres de Pline l’Ancien, avec des notes(publi: 1772) (t. I), p. 155-156; 300-301 (fran)
C’étoit un artiste fécond, mais personne n’a usé plus insolemment et plus arrogamment de la gloire que lui procuraient ses talens ; car il se donna des surnoms fastueux, s’appelant tantôt le magnifique, tantôt le premier de son art, celui qui l’avoit porté à sa plus haute perfection. Il se prétendoit surtout de la race d’Apollon, et il se vantoit d’avoir peint l’Hercule qui est à Lindos, tel qu’il lui étoit aparu souvent en songe (37). Se voïant vaincu à la pluralité des sufrages par Timanthe à Samos, qui avoit réprésenté la dispute d'Ajax et d'Ulysse pour les armes d'Achille, il dit; qu'il étoit fâché pour le héros qu'il fut vaincu une seconde fois par quelqu'un qui en étoit indigne.
Notes, p.300-301:
(37) Quoi! Un auteur qui, dit-on, a écrit de la peinture comme auroit pu faire un homme de l'art qui auroit eu son génie, parle avec cette froideur, et même avec une sorte d'ironie, d'un beau rêve pittoresque! Il a un trait de flamme sous la main, et le laisse échaper! Il ne se doute pas qu'un cerveau échauffé de son sujet, le voit en dormant, le touche, lui parle, reçoit sa réponse! Il ne sait pas qu'Homère et Phidias voïoient les noirs sourcils de Jupiter; que ces sourcils les faisoient trembler; que c'est ainsi, et que ce n'est qu'ainsi, qu'à leur tour ils faisoient trembler leurs lecteurs et leurs spectateurs!... Non, vous n'avez rien de l'enthousiasme du peintre, quoique vous jugiez le peintre. Vous dissertez froidement où il vous faut sentir avec chaleur: vous n'êtes pas initié aux mystères. Votre ame n'est point échauffée; votre cerveau ne fait pas le rêvedu poëte, du peintre, du statuaire, de l'homme de génie. Vous n'eussiez produit ni l'Apollon du Belvédère, ni l'Hercule de Parrhasius. Ce n'est pas ainsi que Rubens eût parlé d'un tableau de Raphaël, et Raphaël se seroit exprimé autrement, en parlant d'un tableau de Michel-Ange; car ces trois artistes faisoient souvent le rêve sublime de Parrhasius.
Pharrasius (sic) étoit donc un peintre sublime. Pourquoi pas? Pourquoi n'auroit-il pu avoir le génie qui fait le grand artiste, et manquer encore dans l'exécution de plusieurs parties du Peintre? S'il ne réussissoit pas fort jeureusement à exprimer le milieu des corps, la saillie, l'éffet, la vérité y manquoient donc? Vous verrez dans la note suivante qu'il lui manquoit encore autre chose.
Nous avons en France un exemple récent de quelques défauts d'exécution, joints au vrai génie de la Peinture. Boucher avoit l'étoffe du plus grand Peintre; il n'a cependant laissé à la postérité d'autre preuve de ce qu'il auroit pû faire, que de esquisses et des desseins dans nos porte-feuilles. Il aura sans doute un Pline pour le louër dignement, et faire connoître au public un artiste qui a laissé croire qu'il ne savoit rêver que de jolies pastorales. J'écris ceci devant les esquisses de Boucher; elles sont du plus beau et du plus grand stile. Que n'en a-t-il fait des tableaux! Et que n'a-t-il au moins conservé la bonne couleur, dont nous avons tant de fois régreté la perte en voïant ses derniers ouvrages!
Nougaret, Pierre Jean Baptiste ; Leprince, Thomas , Anecdotes des beaux-Arts, contenant tout ce que la peinture offre de plus piquant chez tous les peuples du monde(publi: 1776), t. I, p. 192-194 (fran)
On peut dire que la vanité de Parrhasius surpassa de beaucoup celle de Zeuxis. Il se donnoit hardiment à lui-même les épithètes les plus flatteuses et les sur-noms les plus relevés ; par exemple, ceux de tendre, de moëlleux, de magnifique, de délicat, de consommateur de l’art, sorti originairement d’Appollon, et né pour peindre les Dieux. Il assuroit qu’Hercule lui apparoissoit souvent ; et que, s’il avoit si bien représenté ce demi-dieu, c’est qu’il l’avoit copié d’après nature. Il osoit encore ajouter qu’il étoit le Dieu de la peinture. Non content de se donner toutes ces louanges, il s’habilloit de pourpre, portoit une couronne d’or, avoit toujours à la main une canne fort riche, et il n’y avoit pas jusqu’aux attaches de ses souliers qui ne fussent d’or.
Il est vrai que Parrhasius avoit reçu de ses concitoyens la robe de pourpre et la couronne d’or qu’il portoit ordinairement, et qu’il étoit excusable, en quelque sorte, de se plaire à montrer aux Grecs la marque glorieuse de l’estime que sa patrie lui avoit témoigné.
Il accompagnoit encore ses tableaux d’inscriptions orgueilleuses, telles qu’un artiste modeste auroit à peine pu les souffrir d’une main étrangère.
L’amour-propre de Parrhasius éclatoit jusque dans les motifs des mortifications qu’il éprouvoit quelquefois. Ayant été surpassé par Timanthe, dans la composition d’un tableau qu’il avoit fait au concours, il fut assez présomptueux pour se consoler par le sujet même qui avoit été la matière du combat. C’était un Ajax, outré de colère contre les Grecs de ce qu’ils avoient accordé à Ulysse les armes d’Achille. « Contemplez mon héros, dit Parrhasius à toute l’assemblée ; son sort me touche encore plus que le mien. Voyez comme il paroît outré de l’arrêt injuste qui le déshonore une seconde fois ».
Tout somptueux qu’étoit Parrhasius, et quoiqu’il poussât la vanité jusqu’à faire consister le vrai mérite dans la magnificence des meubles et des habits, il vouloit cependant être mis au rang des sages ; il écrivoit souvent au bas de ses tableaux : l’honnête et vertueux Parrhasius a peint ceci.
Qu’on juge de quel amour de la sagesse il étoit animé. Il s’amusoit à représenter en petit les sujets les plus obscènes. De pareilles peintures n’étoient, disoit-il, qu’un jeu, qu’un délassement de son esprit. On remarque, ainsi que nous l’avons dit ailleurs, qu’un de ses tableaux licencieux étant passé à Rome, et ayant été légué à l’Empereur Tibère, avec cette clause, que, s’il étoit choqué de l’indécence du sujet, il recevroit, au lieu du tableau, un million de sesterces (environ 75000 livres) ; Tibère le préféra à cette somme, quoique son avarice fût excessive.
Nougaret, Pierre Jean Baptiste ; Leprince, Thomas , Anecdotes des beaux-Arts, contenant tout ce que la peinture offre de plus piquant chez tous les peuples du monde(publi: 1776), t. I, p. 239 (fran)
Le Giotto eut sa bonne part de la vanité qui anime trop souvent la plupart des artistes : à l’exemple de Parrhasius, il écrivoit au bas de ses ouvrages son nom en lettres d’or.
Barthélémy, Jean-Jacques, Le Voyage du jeune Anacharsis en Grèce, dans le milieu du quatrième siècle avant l’ère vulgaire(publi: 1788), Siècle de Périclès, « Réflexions sur le siècle de Périclès » (numéro Seconde partie, Section troisième) , p. 236 (fran)
Le goût des arts commençoit à s’introduire parmi un petit nombre de citoyens ; celui des tableaux et des statues, chez les gens riches. La multitude juge de la force d’un état, par la magnificence qu’il étale. Delà cette considération pour les artistes qui se distinguoient par d’heureuses hardiesses. On en vit qui travaillèrent gratuitement pour la république, et on leur décerna des honneurs[1] ; d’autres qui s’enrichirent, soit en formant des élèves[2], soit en exigeant un tribut de ceux qui venoient dans leur atelier admirer les chefs-d’œuvre sortis de leurs mains[3]. Quelques-uns enorgueillis de l’approbation générale, trouvèrent une récompense plus flatteuse encore dans le sentiment de leur supériorité, et dans l’hommage qu’ils rendoient à leurs propres talens : ils ne rougissoient pas d’inscrire sur leurs tableaux : « il sera plus aisé de le censurer, que de l’imiter. » Zeuxis parvint à une si grande opulence, que sur la fin de ses jours, il faisoit présent de ses tableaux, sous prétexte que personne n’étoit en état de les payer[4]. Parrhasius avoit une telle opinion de lui-même, qu’il se donnoit une origine céleste[5]. A l’ivresse de leur orgueil se joignoit celle de l’admiration publique.
- [1] Plin. l. 35, c. 9, p. 691. Suid. et Harpocr. in Πολίγν.
- [2] Plin. ibid. p. 694.
- [3] Ælian. var. hist. lib. 4, cap. 12.
- [4] Plin. ibid. p. 691.
- [5] Id. ibid. p. 694.
Watelet, Claude-Henri ; Levesque, Pierre-Charles, article « Peinture chez les Grecs », Encyclopédie méthodique. Beaux-Arts(publi: 1788:1791), p. 644 (fran)
Parrhasius étoit fastueux et plein d’orgueil : il disoit qu’il étoit le prince de l’art, et qu’il en avoit trouvé la perfection. Il ne se trompoit peut-être pas en se comparant avec les peintres de son temps ; mais il fut surpassé dans la suite. Il a peint, dans ses délassemens, de petits tableaux licencieux.
Barthélémy, Jean-Jacques, Le Voyage du jeune Anacharsis en Grèce, dans le milieu du quatrième siècle avant l’ère vulgaire(publi: 1788), Siècle de Périclès, ch. LXXIII, « Les îles de Rhodes, de Crète et de Cos », vol. 4 (numéro Seconde partie, Section troisième) , p. 119 (fran)
Au bourg de Linde, le temple de Minerve est remarquable, non seulement par sa haute antiquité, et par les offrandes des rois[1], mais encore par deux objets qui fixèrent notre attention. Nous y vîmes, tracée en lettres d’or, cette ode de Pindare, que Stratonicus nous avait fait entendre[2]. Non loin de là se trouve le portrait d’Hercule ; il est de Parrhasius, qui, dans une inscription placée au bas du tableau, atteste qu’il avoit représenté le dieu tel qu’il l’avoit vu plus d’une fois en songe.
- [1] Herodot. lib. 2, cap. 182. Note de M. Larcher, t. 2, p. 519. Meurs. in Rhod. lib. I, cap. 6.
- [2] Gorg. ap. Schol. Pind. olymp. 7, p. 76. Alter schol. p. 88.
Füssli, Johann Heinrich, Lecture I. On Ancient Art(redac: 1801/03/16), p. 361 (anglais)
None of the ancients seem to have united or wished to combine, as man and artist, more qualities seemingly incompatible than Parrhasius. The volubility and ostentatious insolence of an Asiatic with Athenian simplicity and urbanity of manners; punctilious correctness with blandishments of handling and luxurious colour, and with sublime and pathetic conception, a fancy libidinously sportive.