Parrhasios et Socrate : le dialogue sur les passions
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Xénophon (Ξενοφῶν), ᾿Απομνημονευμάτων (redac: (-375):(-350), trad: 2000:2011) (III, X, 1-5 (Reinach, 261)), p. 96-97 (grecque)
1. Εἰσελθὼν μὲν γάρ ποτε πρὸς Παρράσιον τὸν ζωγράφον καὶ διαλεγόμενος αὐτῷ, Ἆρα, ἔφη, ὦ Παρράσιε, γραφική ἐστιν εἰκασία τῶν ὁρωμένων; Τὰ γοῦν κοῖλα καὶ τὰ ὑψηλὰ καὶ τὰ σκοτεινὰ καὶ τὰ φωτεινὰ καὶ τὰ σκληρὰ καὶ τὰ μαλακὰ καὶ τὰ τραχέα καὶ τὰ λεῖα καὶ τὰ νέα καὶ τὰ παλαιὰ σώματα διὰ τῶν χρωμάτων ἀπεικάζοντες ἐκμιμεῖσθε. 2. — Ἀληθῆ λέγεις, ἔφη. — Καὶ μὴν τά γε καλὰ εἴδη ἀφομοιοῦντες, ἐπειδὴ οὐ ῥᾴδιον ἑνὶ ἀνθρώπῳ περιτυχεῖν ἄμεμπτα πάντα ἔχοντι, ἐκ πολλῶν συνάγοντες τὰ ἐξ ἑκάστου κάλλιστα οὕτως ὅλα τὰ σώματα καλὰ ποιεῖτε φαίνεσθαι. — Ποιοῦμεν γάρ, ἔφη, οὕτως. 3. — Τί γάρ; ἔφη, τὸ πιθανώτατον καὶ ἥδιστον καὶ φιλικώτατον καὶ ποθεινότατον καὶ ἐρασμιώτατον ἀπομιμεῖσθε τῆς ψυχῆς ἦθος; Ἤ οὐδὲ μιμητόν ἐστι τοῦτο; — Πῶς γὰρ ἄν, ἔφη, μιμητὸν εἴη, ὦ Σώκρατες, ὃ μήτε συμμετρίαν μήτε χρῶμα μήτε ὧν σὺ εἶπας ἄρτι μηδὲν ἔχει μηδὲ ὅλως ὁρατόν ἐστιν; 4. — Ἆρ´ οὖν, ἔφη, γίγνεται ἐν ἀνθρώπῳ τό τε φιλοφρόνως καὶ τὸ ἐχθρῶς βλέπειν πρός τινας; — Ἔμοιγε δοκεῖ, ἔφη. — Οὐκοῦν τοῦτό γε μιμητὸν ἐν τοῖς ὄμμασι; — Καὶ μάλα, ἔφη. Ἐπὶ δὲ τοῖς τῶν φίλων ἀγαθοῖς καὶ τοῖς κακοῖς ὁμοίως σοι δοκοῦσιν ἔχειν τὰ πρόσωπα οἵ τε φροντίζοντες καὶ οἱ μή; — Μὰ Δί´ οὐ δῆτα, ἔφη· ἐπὶ μὲν γὰρ τοῖς ἀγαθοῖς φαιδροί, ἐπὶ δὲ τοῖς κακοῖς σκυθρωποὶ γίγνονται. — Οὐκοῦν, ἔφη, καὶ ταῦτα δυνατὸν ἀπεικάζειν; — Καὶ μάλα, ἔφη. Ἀλλὰ μὴν καὶ τὸ μεγαλοπρεπές τε καὶ ἐλευθέριον καὶ τὸ ταπεινόν τε καὶ ἀνελεύθερον καὶ τὸ σωφρονικόν τε καὶ φρόνιμον καὶ τὸ ὑβριστικόν τε καὶ ἀπειρόκαλον καὶ διὰ τοῦ προσώπου καὶ διὰ τῶν σχημάτων καὶ ἑστώτων καὶ κινουμένων ἀνθρώπων διαφαίνει. —Ἀληθῆ λέγεις, ἔφη. — Οὐκοῦν καὶ ταῦτα μιμητά; — Καὶ μάλα, ἔφη. — Πότερον οὖν, ἔφη, νομίζεις ἥδιον ὁρᾶν τοὺς ἀνθρώπους δι´ ὧν τὰ καλά τε κἀγαθὰ καὶ ἀγαπητὰ ἤθη φαίνεται ἢ δι´ ὧν τὰ αἰσχρά τε καὶ πονηρὰ καὶ μισητά; — Πολὺ νὴ Δί´, ἔφη, διαφέρει, ὦ Σώκρατες.
Reinach, Adolph (éd.), Textes grecs et latins sur la peinture ancienne. Recueil Milliet, (fran)(traduction récente d'un autre auteur)
Entrant un jour dans l’atelier du peintre Parrhasios et s’entretenant avec lui : « Dis-moi, Parrhasios, dit-il, la peinture n’est-elle pas une représentation des objets visibles ? Ainsi les enfoncements et les saillies, le clair et l’obscur, la dureté et la noblesse, la rudesse et le poli, la fraîcheur de l’âge et sa décrépitude, vous les imitez à l’aide de couleurs ? — Tu dis vrai. — Et si vous voulez représenter des formes parfaitement belles, comme il n’est pas facile de trouver un homme qui n’ait aucune imperfection, vous rassemblez plusieurs modèles, vous prenez à chacun ce qu’il a de plus beau, et vous composez ainsi un ensemble d’une beauté parfaite ? — C’est ainsi que nous faisons. — Mais quoi ! ce qu’il y a de plus attrayant, de plus séduisant, de plus aimable, de plus désirable, de plus adorable, l’expression morale de l’âme, vous ne l’imitez point ? Ou bien est-elle inimitable ? — Mais le moyen, Socrate, de l’imiter ? Elle n’a ni proportion, ni couleur, ni aucune des qualités dont tu viens de parler ; en un mot elle n’est pas visible. — Eh ! Ne voit-on pas chez l’homme les regards exprimer tantôt l’affection, tantôt la haine ? — Je le crois. — Ne faut-il donc pas rendre ces expressions des yeux ? — Il le faut. — Quand des amis sont heureux ou malheureux, la physionomie est-elle la même chez ceux qui s’y intéressent et chez les indifférents ? — Non, pardieu ! Dans le bonheur c’est la joie, dans le malheur la tristesse qui et peinte sur les visages. — On peut donc aussi représenter ces sentiments. — Oui, certes. — Il en est de même de la magnanimité comme de la franchise, de l’humilité comme de la bassesse, de la tempérance comme de la raison, de l’insolence comme de la grossièreté ; c’est par la physionomie et par l’attitude des hommes, debout ou en mouvement, que ces sentiments s’extériorisent. — Tu dis vrai. — Il faut donc les imiter. — D’accord. — Et qui crois-tu donc qui agrée le plus à voir, ou les hommes qui manifestent des sentiments beaux, honnêtes, aimables, ou ceux qui n’en font voir que de honteux, pervers et haïssables ? — Pardieu ! Il y a bien de la différence, ô Socrate !
Commentaires :
Xénophon (Ξενοφῶν), ᾿Απομνημονευμάτων , (trad: 2000:2011), p. 96-97 (trad: "Mémorables " par Bandini, Michele; Dorion, Louis-André en 2000:2011)(fran)(traduction récente d'un autre auteur)
: 1. Un jour qu’il était entré chez le peintre Parrhasios et qu’il s’entretenait avec lui, il lui demanda : « Parrhasios, la peinture est-elle la reproduction de ce que l’on voit ? Vous cherchez à imiter, en les représentant à l’aide de couleurs, les différents corps, qu’ils soient creux ou en relief, sombres ou lumineux, durs ou mous, rugueux ou lisses, jeunes ou vieux. — 2. Tu dis vrai, dit-il. — Et lorsque vous reproduisez de belles formes, comme il n’est pas facile de tomber sur un seul homme dont toutes les parties sont irréprochables, c’est en rassemblant les plus belles parties que vous avez prélevées sur de nombreux modèles que vous faites paraître beau l’ensemble du corps. — C’est en effet ainsi que nous procédons, reconnut-il. 3. — Mais quoi ? demanda-t-il, ce qu’il y a de plus attachant, de plus agréable, de plus affectueux, de plus désirable et de plus charmant, le caractère de l’âme, l’imitez-vous ? Ou bien est-ce impossible à imiter ? — Socrate, répondit-il, comment pourrait-on imiter ce qui n’a ni proportion, ni couleur, ni aucune des caractéristiques dont tu viens de parler, et qui n’est pas du tout visible ? 4. — Y a-t-il chez l’homme, demanda-t-il, une façon bienveillante et une façon hostile de regarder autrui ? — À mon avis oui, répondit-il. — Dans ce cas, peut-on imiter cette expression dans les yeux ? — Tout à fait, répondit-il. — Quant aux bonnes et aux mauvaises choses qui arrivent nos amis, as-tu l’impression que ceux qui s’en préoccupent affichent le même visage que ceux qui ne s’en préoccupent pas ? — Pas du tout, par Zeus, répondit-il, car leurs visages deviennent resplendissants au bonheur de leurs amis, et sombres en cas de malheur. — Eh bien, reprit-il, ces expressions peuvent-elles être représentées ? — Tout à fait, répondit-il. 5. De même, la magnificence et la générosité, la bassesse et la mesquinerie, la modération et le bon jugement, l’insolence et l’absence de goût transparaissent sur le visage et dans la posture des hommes au repos ou en mouvement. — Tu dis vrai, répondit-il. — Eh bien, ces qualités peuvent-elles également être imitées ? — Bien sûr, répondit-il. — Est-ce que tu considères, demanda-t-il, qu’il est plus agréable de voir des hommes qui révèlent de beaux, bons et aimables caractères, ou qui en révèlent de laids, mauvais et haïssables ? — Par Zeus, répondit-il, cela fait toute une différence, Socrate !
Alberti, Romano, Trattato della nobiltà della pittura(publi: 1585), p. 220-221 (italien)
E, se volemo seguire quelli che hanno scritto di quest’arte, vuol essere il perfetto pittore perito in molte altre scienzie, e particularmente in filosofia [...] ; perché chi è quello, il qual, volendo debitamente considerare le fatiche dell’animo del pittore, non veggia come lui debbia filosoficamente considerare in che modo le forme de tutte le cose e principalmente l’animo dell’uomo bisogni esprimere ? il quale se ben non si vede, nondimeno il pittore il può dichiarare medianti li accidenti, moti, affetti e costumi, sì come diceva Socrate mentre ragionava con Parasio pittore ; e questo serà di sapere et intendere, che colori, che moti ad un irato, quali a un mansueto, che costumi ad un giovane, quali ad un vecchio si convenghino. Il che potrà acquistare il pittore mediante la fisionomia principalmente.
Guttierez de los Rios, Gaspar, Noticia general para la estimacion de las artes, y de la manera a en que se conocen las liberales de las que son mecanicas y serviles(publi: 1600), « Libro tercero en que se defiende que las artes del dibuxo son liberales, y no mecanicas », cap. II, « Pruevase que estas artes no son mecanicas, y que sean liberales por trabajar en ellas mas el entendimiento que el cuerpo », p. 117 (espagnol)
- [1] Xenoph. de factis et dictis Socrat. lib. 3.
Pues despues de concebidas y aprehendidas todas estas cosas, quien assi mismo ay que no vea lo mucho que se cansa el entendimiento en raziozinarlas, en dividirlas, en componerlas, traçando la variedad de posturas que han de tener, la luz, la sombra, la perspectiva, las proporciones, geometricas, y arithmeticas : y finalmente en significar en los animales, la braveza, fiereza, o mansedumbre : Y en los hombres las virtudes, y los vicios, hasta los mismos pensamientos y conceptos del animo, como dezia muy bien el gran filosofo Socrates [1], hablando con el famoso pintor Parrasio.
Butrón, Juan de, Discursos apologeticos, en que se defiende la ingenuidad del arte de la pintura, que es liberal, de todos derechos, no inferior a las siete que comunmente se reciben(publi: 1626), Discurso primero, fol. 1v-2r (espagnol)
Y finalmente las antiguas y modernas formas assi a fuerça del Arte las retrata, que infinitas vezes emienda a la misma naturaleza : pues tomando de cada sujeto lo perfecto que en el hizo, y omitiendo la parte, en que parece muchas vezes anduvo dormida, la aventaja con tal arte, que tacitamente la reprehende, quando con justos titulos se le opone. Num, o Parrasi (dize Socrates, si creemos a Xenofonte de dictis et factis eius, y en el lib. 3 memorabilium, cap. 29 a Quintiliano, lib. 12 de sus oratorias, cap. 10 a Juan Stobeo 58. pro artibus) Pictura est eorum quæ uidentur imitatio ? Nam concava et eminentia, tenebrosa ac lucida, dura et mollia, aspera et lenia, ac noua et uetera corpora per colores imitamini. Verum dicis (responde Parrasio) Venustas itaque species cum similes reddere ueluis (le repregunta) cumque non sit facile ad unum hominem omnia irreprehensibilia habentem, respiciendo imitari, a multis colligentes quidquid optimum quilibet habeat si facitis corpora venusta apparere. Sic facimus (le responde Parrasio). Quid igitur animi effigiem illam suauissimam non imitamini ? An non est imitabilis ista ? No se le escapa a su embidia lo que a fuerça de las colores es possible se imite, pues si no imita el espiritu por no tener forma, ni otra cosa imitable : Quonamque pacto (dize el mismo Socrates) imitabile hoc esset, quod neque proportionem, neque colorem, neque quidquam illorum, quæ paulo antea dixisti, habeat, nec simpliciter uisibile sit ? Pero si esto no puede, imita los afectos humanos, retratando el original de qualquier hombre, o criatura ; y en el, la severidad, el agrado, la liberalidad y miseria, la apacibilidad y la sobervia, la ira y la paciencia : y finalmente todas las partes de que se compone, con que le muestra con alma, y de nada, le cria casi vivo. Aqui dize otra vez : Magnificum ac liberale, humile ac illiberale, moderatum ac prudens, contumeliosum ac honesti ignarum, tam per faciem, quam etiam per festus, tam stantium, quam illorum, quæ mouentur hominum, patescit.
Jonson, Ben, Timber or Discoveries made upon Men and Matter(publi: 1641), "De progres[sione] picturae", p. 50 (anglais)
Socrates taught Parrhasius and Clito (two noble statuaries) first to express manners by their looks in imagery.
Vossius, Gerardus Joannes, De quatuor artibus popularibus, de philologia et scientiis mathematicis, cui operi subjungitur chronologia mathematicorum, libri tres, cap. V, De Graphice(publi: 1650), "De Graphice" (numéro cap. V, §43) , p. 81 (latin)
- [1] commensum, sive naturalem membrorum competentiam.
- [2] Memorabilium
Quartus fuit Parrhasius Atheniensis, vel, ut alii volunt, Ephesius : qui συμμετρίαν [1] melius prioribus obseruavit. Hunc Xenophon lib. III Απομνημονευμάτων [2] cum Socrate loquentem inducit : quod aetatem indicat.
Dati, Carlo Roberto, Vite de' pittori antichi(publi: 1667), p. 45-47 (italien)
- [2] Zenof. l. 3. Memorab. Stob. serm. 58
- [1] VI.
[1] Conferma l’età di Parrasio l’esser egli stato amico di Socrate, il qual filosofo essendo molto universale, anche in ragionando con gli artefici recava loro giovamento, e lume nella professione [2] La onde, per detto di Zenofonte, un giorno fra gli altri da lui venuto sì prese a dire. La pittura, o Parrasio, non è ella un’ imitazione delle cose, che si veggono ? Imperciocchè voi rappresentate per via de’ colori i corpi concavi, e i rilevati, gli scuri, e i chiari, i duri, e i morbidi, i ruvidi, e i lisci, i nuovi, e i vecchi. Tu di il vero rispose Parrasio: e Socrate. Quando voi pigliate a imitar forme belle, perchè non è così facile abbattersi in un solo uomo in tutte le sue parti incapace d’emenda, raccogliendo da molti quello, che in ciascuno è bellissimo, fate sì che tutti i corpi, totalmente belli appariscano. Così faciamo, diss’ egli. Ma per questo ? Soggiunse Socrate. Imitate voi anche la sembianza dell’animo, persuasiva, dolce, grata, desiderabile, amabile oltre misura ? O pure inimitabile è cotal cosa ? In qual maniera, Socrate mio, disse allora Parrasio, puoss’egli imitare quel che non ha ne proporzione, ne colore, ne alcuna di quelle qualità, che tu poco fa mentovasti, ma oltre a ciò, a niun patto si può vedere ? Non si da egli alle volte il caso, replicò Socrate, che altri guati alcuno con viso giocondo, o con burbero ? Così mi pare diss’ egli. Adunque seguitò Socrate, negli occhi è un non so che possibile ad esprimersi. Del sicuro, riprese il pittore. Indi il filosofo. Ma negli accidenti prosperi, o sinistri degli amici part’egli che abbia il medesimo sembiante chi è impensierito, e chi no ? No, soggiunse l’altro, perocchè allegri nelle cose felici, e mesti nelle avverse divengono. E Socrate ripigliò. Anche queste cose son di quelle, che si posson rappresentare imitando. Chi ne dubita ? Disse Parrasio. Anzichè, seguitò il filosofo, nel volto, e nel portamento degli uomini, o fermi, o moventi traspare il genio, e l’indole magnifica, e la nobile, e la vile, e la gretta, e la continente, e l’avveduta, e la sfacciata, e l’enorme. Verissimo, disse il pittore. Al che l’uno. Posson dunque esprimersi a forza d’imitazione. Senza dubbio, rispose l’altro. Ma quali cose, pertanto, soggiunse Socrate, credi tu che altri vegga più volentieri, quelle che i costumi gentili, buoni, ed amabili, o pure quelle, che le maniere sozze, scellerate, e odiose ci rappresentano ? Gran differenza, o Socrate, disse allora Parrasio, trovasi tra le cose proposte. E quì restò troncato il discorso, forse per non entrare in più lunghe e più difficultose questioni: la prima delle quali a mio giudicio opportunamente stata sarebbe; per qual cagione un vizioso, e ribaldo, le cui iniquità son da noi tanto abborrite, ci diletti in vederlo, o in sentirlo bene imitare: in quella guisa che un brutto, il quale fatto dalla natura non possiamo riguardar senza noia, con estremo piacere da mano industre rimiriamo dipinto. [3]
- [3] voir aussi cadavres
Dati, Carlo Roberto, Vite de' pittori antichi(publi: 1667), « Postille alla vita di Parrasio », p. 63 (italien)
VI. Conferma l’età di Parrasio l’esser egli stato amico di Socrate. Quintil. l. 12 c. 10. Post Zeuxis, atque Parrhasius non multum aetate distantes (circa Peloponnesia ambo tempora, nam cum Parrhasio sermo Socratis apud Xenophontem inuenitur) plurimum arti addiderunt. Questo colloquio da me largamente volgarizzato si legge appresso Zenofonte nel lib. 3. de’ Memorabili. Socrate, secondo Laerzio ed Eusebio, morì nell’Olimp. 95.
Piles, Roger de, L’Art de Peinture de Charles-Alphonse Du Fresnoy, traduit en François, avec des remarques necessaires et tres-amples(publi: 1668), p. 143 (fran)
Tirez votre profit des gens doctes, et ne méprisez pas avec arrogance d’apprendre, etc. Parrhasius et Cliton se trouvèrent fort obligés à Socrate des avis qu’il leur donna sur les Passions. Voyez le dialogue qu’ils font ensemble dans Xénophon sur la fin du 3.l de ses Mémoires.
Junius, Franciscus, De pictura veterum(publi: 1694) (III, 4, 4), p. 183 (latin)
- [1] Quomodo vivam variorum affectuum vim in opera sua commodissime transfundant artifices
[1]. Huic igitur curae incumbat artifex, hoc opus ejus, hic labor sit : sine quo caetera nuda, jejuna, infirma, ingrataque sunt. Pulchre Socrates apud Xenophontem lib. III Apomnem. Τὸ ζωηκὸν μάλιστα ψυχαγωγεῖ διὰ τῆς ὄψεως τοὺς ἀνθρώπους : Vivificum maxime oblectat homines propter visum. Adeo velut spiritus operis hujus atque animus est motus ille, qui provenit ex affectibus semel motis, non tantum concitatis illis, verum etiam mitioribus ac magis compositis. Quisquis varios humanae mentis motus penitius habebit perspectos, masculae hominem virtutis et effoeminate mollem, gravitati deditum et ingenio mobilem, impotentiore iracundia passim exardescentem et obvia lenitate conversantibus dulcem, laetitia elatum et moerore tantum non confectum ad vivum exprimet : quicquid horum subito habebit delineandum, tenebit habenas animorum, et, prout cujusque natura videbitur postulare, adhibebit manum artemque temperabit, praeparato jam olim omni instrumento atque ad omnem usum reposito. Abstineat modo artifex a nimia in elaborandis affectibus diligentia. In affectibus fere plus calor, quam diligentia valet, Quintil. X, 3 ; et quisquis vivas affectuum imagines assidua improbi laboris pertinacia extundi posse sperat, quam longissime recedit a vero. Praecipia in exprimendis iis virtus haec est, ut fluere omnia ex natura rerum hominumque videantur : quod tum demum assequetur artifex, si praecipuam movendorum affectuum vim in eo ponat, ut moveatur ipse.
Lamy, Bernard, Traité de perspective, où sont contenus les fondements de la peinture(publi: 1701), « Conference de Socrate avec Parrhase excellent peintre, et avec Cliton habile sculpteur, tirée du troisiéme livre de Xenophon des choses memorables de Socrate » (numéro ch. X) , p. 222-224 (fran)
J’ay souvent prevenu en ce traité, un reproche qu’on m’auroit pû faire, d’avoir osé parler de la peinture que j’ignore. Il est mal séant de parler de ce qu’on ne sçait point. Je ne sçay effectivement ni dessiner ni peindre ; comment donc justifier ma conduite ? Je l’ay dit : je ne traite que de la maniere de chercher la perspective des points et des lignes qui terminent et mesurent la dimension d’un corps proposé pour être mis en perspective ; ce qui appartient à la geometrie. Mais vous sortez, me diroit-on, du ressort de la geometrie, vous mêlant de dire vostre sentiment de toute la peinture. C’est de quoy il me faut rendre raison ; et pour le faire je rapporteray icy une conférence que Socrate eut avec deux fameux ouvriers dont l’un étoit peintre, et l’autre sculpteur ; ce qui suffira pour démontrer que sans être ouvrier on peut contribuer à la perfection des arts.
Xenophon au troisiéme livre des choses memorables de Socrate rapporte cette conference qu’eut Socrate avec Parrhase excellent Peintre, et avec Cliton habile sculpteur. Ce philosophe les instruit de ce qui pourroit rendre leurs ouvrages plus parfaits : il le fait à sa maniere ordinaire, les interrogeant avec cet ordre, qu’en luy répondant ils parlent comme s’ils sçavoient déjà ce qu’il leur demandoit, et dont ils avoient besoin d’être instruits. Ils reconnoissent sans peine les veritez qu’il leur découvre. C’étoit sa methode en toutes les instructions qu’il donnoit, merveilleusement propre pour instruire. Il y a long-tems qu’un illustre Académicien a traduit du grec en françois cette conférence. La voilà : Xenophon parle de Socrate.
« Il étoit admirable en toutes ses conversations, et quand il se rencontroit même avec des artisans, il disoit toûjours quelque chose qui leur pouvoit servir. Une fois étant entré dans la boutique de Parrhase Peintre, il s’entretint avec luy de la sorte. La peinture n’est-ce pas une representation de toute ce qui se voit ? Car avec un peu de couleur, vous representez sur une toile des montagnes et des cavernes de la lumiere et de l’obscurité. Vous faites remarquer de la difference entre les choses molles et les choses dures, entre les choses unies et les raboteuses. Vous donnez de la jeunesse et de la vieillesse au corps ; et quand vous voulez representer une beauté parfaite, comme il n’est pas possible de rencontrer un corps, où il n’y ait aucun défaut ; vous avez accoûtumé d’en considerer plusieurs ; et prenant de chacun ce qu’il y a de beau, vous en faites un qui est accompli dans toutes ses parties.
Vous avez raison dit Parrhase.
Pouvez-vous aussi representer, dit Socrate, ce qu’il y a de plus charmant, et de plus aimable dans la personne, je veux dire l’inclination ?
Comment voudriez-vous, repondit Parrhase, que l’on peignît ce qui ne se peut exprimer par aucune proportion, ni avec aucune couleur, et qui n’a rien de commun avec toutes ces choses que vous venez de nommer, qui se laissent imiter par le pinceau ; en un mot qui ne se peut voir ?
Les hommes, reprit Socrate, ne font-ils pas paroître de la haine, et de l’animitié dans leurs regards ?
Ouy, ce me semble, dit Parrhase.
On peut donc faire remarquer de la haine et de l’amitié dans les yeux ?
Je l’avouë.
Vous semble-t-il encore, poursuivit Socrate, que dans les adversitez et dans les prosperitez des amis, ceux qui y prennent interêt conservent un même visage que ceux qui ne s’en soucient point ?
Nullement, dit-il, car durant la prosperitez des amis on a le visage ouvert, et plein de joye, au lieu que dans leur adversité on l’a sombre et melancholique.
Cela donc se peut peindre aussi ?
Il est vray.
Davantage dit Socrate, la magnificence, la generosité, la bassesse, la lâcheté, la modestie, la prudence, l’insolence, la rusticité ; tout cela paroît sur le visage ou dans la posture d’un homme, soit assis, soit debout.
Vous dites la verité.
Cela peut donc être imité par le pinceau.
Cela se peut.
Et où trouvez-vous plus de plaisir, dit Socrate, ou à voir le portrait d’un homme, qui par l’entretien decouvre un bon naturel et de bonnes mœurs, ou d’un qui porte sur le visage les marques d’une inclination vitieuse ?
Il n’y a pas de comparaison, dit Parrhase.
Rollin, Charles, Histoire ancienne, tome XI, livre XXIII(publi: 1730:1738), « De la peinture » (numéro livre XXIII, ch. 5) , p. 157-158 (fran)
- [1] Xenoph. in Memorabil. Socr. Lib. 3
Parrhasius avoit été formé dans la peinture par Socrate, à qui un tel disciple ne fit pas peu d’honneur. [1] Xénophon nous a conservé un entretien court à la vérité, mais bien sensé, où ce philosophe, qui avoit été sculpteur dans sa jeunesse, donne à Parrhasius des leçons, qui font voir qu’il possédoit parfaitement la connoissance de toutes les régles de la peinture.
Turnbull, George, A Treatise on Ancient Painting(publi: 1740), p. 25-26 (anglais)
Now Socrates is famous for his deep insight into human nature, and his vast comprehension of men and manners; for his ironical humorous turn, and the wonderful facility with which he could assume any mien, or put on any character, in order to accomplish more successfully, his truly philosophical design or stripping all false appearances of wit, learning or virtue, or their artificial varnish, and exposing them in their native colours[1]. Parrhasius’s house being much frequented by the people of the first distinction, was often, we are told, the scene of Socrate’s Disputes, conferences, and lectures. There he frequently took occasion, in his noted, particular manner, to give sound and wholesome advices, or severe rebukes; and to hold conversations on the profoundest subjects in philosophy and morals, under the specious appearance of only intending to criticize a picture, and unfold the beauties and excellencies of the arts of design. It is not there witty, ingenious philosopher, for the advances he had made in one of the most difficult, most useful, and most philosophical parts of the art; in representing, truly, and naturally, a great variety of manners and characters. Socrate’s chief talent and peculiar excellence consisted in the very same dexterity which distinguished this painter[Explication : Parrhasius.], with whom he was so truth and spirit; in giving due propriety, force, and relief to the characters and personages he had a mind to exhibit; or in making, either the faults and imperfections, or the beauties and excellencies he drew, so evident, so palpable, that they could not but strike and make a very deep impression.
If we look into the Lives of Raphael, Leonardo da Vinci, of the Carraches, Dominichin, and all the painters who excelled in representing the passions and manners, we shall find them all to have been no less obliged to the instructions and conversation of philosophers, than Parrhasius was to Socrates: being persuaded that the grand usefulness of painting consisted in that art, they took all necessary pains to understand human nature and to be able, by a skilful imitation of its various workings and motions, to touch the heart, and make instructive impressions upon it.
- [1] In hoc genere Fanius in Annalibus suis Africanum hunc Æmilianum dicit fuisse, et eum uerbo Graeco appellat ̓Είρωνα: Sed, uti ferunt, qui melius haec norunt, Socratem, opinor, in hac ironia dissimulantiaque longe lepore, et humanitate omnibus praestitisse. Genus est perelegans, et cum grauitate falsum, cumque oratoriis dictionibus, tum urbanis sermonibus accommodatum. Cic. De Orat. L. 2. Primum, inquam, deprecor, ne me, tanquam philosophum, putetis scholam uobis aliquam explicaturum: quod ne in ipsis quidem philosophis magnopere unquam probavi. Quando enim Socrates, qui parens philosophiae iure dici potest, quidquam tale fecit? Eorum erat iste mos, qui tum sophistae nominabantur: quorum e numero primus est ausus Leontinas Georgias in convent poscere quaestionem, id est, iubere dicere, qua de re quis uellet audire. Audax negotium; dicerem impudens, nisi hoc institutum postea translatum ad philosophos nostros esset. Sed et illum, quem nominaui, et ceteros sophistas, ut e Platone intelligi potest, lusos uidemus a Socrate. Is enim percunctando, atque interrogando elicere solebat eorum opiniones, quibuscum differebat, ut ad ea quae ii respondissent, siquid videretur, diceret. Cic. de fin. lib. 2. ab initio.
Turnbull, George, A Treatise on Ancient Painting(publi: 1740), p. 68-69 (anglais)
- [2] The end of Painting is to imitate all visible appearances
We have a short but beautiful description of painting, and the end it ought chiefly to aim at, in a Conference of Socrates with Parrhasius that hath been already commended. I shall give it here in English, as well as I can, because I am to keep it in view throughout the following remarks.
“When Socrates (says Xenophon) had occasion to discourse with artists, his conversation was of great advantage to them[1]. For example, happening to go to Parrhasius the painter, he discoursed with him of his art, to this purpose. What is Painting, Parrhasius? Is it not an imitation of visible objects; for do you not express or represent by colours, the concave, and the eminent; the obscure, and the enlightened, the hard and soft, the rough and smooth, the new and old, and, in fine, all sorts of objects, and all the various appearances of Nature?
But when you propose to imitate beautiful forms, since, for instance, ’tis not easy to find any one person all whose members are absolutely faultless, do you not select from many human bodies those parts which are best proportioned and most beautiful in each; and by combining them, make whole figures that are beautiful? We do, said Parrhasius.
But what more? replied Socrates: Do not you attempt to represent the temper, disposition, and affections of the mind; that genius, and habitude chiefly, which is the most engaging, sweet, friendly, lovely, and desirable? Or are these quite inimitable? How can we, says Parrhasius? For how can that be imitated which hath neither measure nor colour, nor any of those visible qualities you have just now enumerated, and which can not indeed be seen? Doth not a man sometimes look upon others with a friendly pleasant aspect, and sometimes with the contrary one? I can’t deny that, says Parrhasius. And can’t you imitate that in their eyes? Certainly, replies the painter. Have our friends, says Socrates, the same countenance when their affairs succeeds well, or ill? Are the looks of the anxious the same with those of the man that is not oppressed by sollicitous cares? Not at all, answers Parrhasius, they are cheerful in prosperity, but sad in adverse circumstances. But these differences can be expressed or represented? Said Socrates. They can, replies Parrhasius.
Which is more, continues the philosopher, doth not a noble and liberal spirit, or a mean and ignoble one; a prudent and well-governed mind, or a petulant and dissolute one, discover itself in the countenance, air, and gesture of men whether they stand or move? That is very true, answers the painter. But all these differences surely, said Socrates, can be expressed by imitation? The can indeed, replies Parrhasius. Which then do you think, says Socrates, men behold with greatest pleasure and satisfaction, the representations by which good, beautiful, and lovely manners are expressed, or those which exhibit the base, deformed, corrupt and hateful? As to that, in truth, says Parrhasius, the difference is so great, that is is distinguishable to every body.”
[2]. In this short dialogue, it is first observed, that painting in general proposes to give a true image or likeness of every visible object: in the next place, that even with regard to merely sensible forms, ‘tis necessary that the painter should have a just notion and taste of beauty. And last of all, the chief design of it is to teach that painting may be rendered serviceable in morality, in showing the deformity of Vice, and the beauties of Virtue. I shall therefore, keeping this description of painting in my eye, make some observations on drawing and colouring, the imitation of moral life, or the expression of manners, and truth, beauty, grace, and greatness of composition in painting: that is, I shall endeavour to show how these qualities are explained by ancient authors.
- [1] εἰσελθὼν μὲν γάρ ποτε πρὸς Παρράσιον τὸν ζωγράφον καὶ διαλεγόμενος αὐτῷ, Ἆρα, ἔφη, ὦ Παρράσιε, γραφική ἐστιν εἰκασία τῶν ὁρωμένων; τὰ γοῦν κοῖλα καὶ τὰ ὑψηλὰ καὶ τὰ σκοτεινὰ καὶ τὰ φωτεινὰ καὶ τὰ σκληρὰ καὶ τὰ μαλακὰ καὶ τὰ τραχέα καὶ τὰ λεῖα καὶ τὰ νέα καὶ τὰ παλαιὰ σώματα διὰ τῶν χρωμάτων ἀπεικάζοντες ἐκμιμεῖσθε. Ἀληθῆ λέγεις, ἔφη. Καὶ μὴν τά γε καλὰ εἴδη ἀφομοιοῦντες, ἐπειδὴ οὐ ῥᾴδιον ἑνὶ ἀνθρώπῳ περιτυχεῖν ἄμεμπτα πάντα ἔχοντι, ἐκ πολλῶν συνάγοντες τὰ ἐξ ἑκάστου κάλλιστα οὕτως ὅλα τὰ σώματα καλὰ ποιεῖτε φαίνεσθαι. Ποιοῦμεν γάρ, ἔφη, οὕτως. Τί γάρ; ἔφη, τὸ πιθανώτατον καὶ ἥδιστον καὶ φιλικώτατον καὶ ποθεινότατον καὶ ἐρασμιώτατον ἀπομιμεῖσθε τῆς ψυχῆς ἦθος; ἢ οὐδὲ μιμητόν ἐστι τοῦτο; Πῶς γὰρ ἄν, ἔφη, μιμητὸν εἴη, ὦ Σώκρατες, ὃ μήτε συμμετρίαν μήτε χρῶμα μήτε ὧν σὺ εἶπας ἄρτι μηδὲν ἔχει μηδὲ ὅλως ὁρατόν ἐστιν; Ἆρ´ οὖν, ἔφη, γίγνεται ἐν ἀνθρώπῳ τό τε φιλοφρόνως καὶ τὸ ἐχθρῶς βλέπειν πρός τινας; Ἔμοιγε δοκεῖ, ἔφη. Οὐκοῦν τοῦτό γε μιμητὸν ἐν τοῖς ὄμμασι; Καὶ μάλα, ἔφη. Ἐπὶ δὲ τοῖς τῶν φίλων ἀγαθοῖς καὶ τοῖς κακοῖς ὁμοίως σοι δοκοῦσιν ἔχειν τὰ πρόσωπα οἵ τε φροντίζοντες καὶ οἱ μή; Μὰ Δί´ οὐ δῆτα, ἔφη· ἐπὶ μὲν γὰρ τοῖς ἀγαθοῖς φαιδροί, ἐπὶ δὲ τοῖς κακοῖς σκυθρωποὶ γίγνονται. Οὐκοῦν, ἔφη, καὶ ταῦτα δυνατὸν ἀπεικάζειν; Καὶ μάλα, ἔφη. Ἀλλὰ μὴν καὶ τὸ μεγαλοπρεπές τε καὶ ἐλευθέριον καὶ τὸ ταπεινόν τε καὶ ἀνελεύθερον καὶ τὸ σωφρονικόν τε καὶ φρόνιμον καὶ τὸ ὑβριστικόν τε καὶ ἀπειρόκαλον καὶ διὰ τοῦ προσώπου καὶ διὰ τῶν σχημάτων καὶ ἑστώτων καὶ κινουμένων ἀνθρώπων διαφαίνει. Ἀληθῆ λέγεις, ἔφη. Οὐκοῦν καὶ ταῦτα μιμητά; Καὶ μάλα, ἔφη. Πότερον οὖν, ἔφη, νομίζεις ἥδιον ὁρᾶν τοὺς ἀνθρώπους δι´ ὧν τὰ καλά τε κἀγαθὰ καὶ ἀγαπητὰ ἤθη φαίνεται ἢ δι´ ὧν τὰ αἰσχρά τε καὶ πονηρὰ καὶ μισητά; Πολὺ νὴ Δί´, ἔφη, διαφέρει, ὦ Σώκρατες. Απομνημ. lib. 3. c. 10 ab initio.
Turnbull, George, A Treatise on Ancient Painting(publi: 1740), p. 81-82 (anglais)
- [1] Socrates represents moral imitation as the chief end of painting
[1] But the great merit of painting consists, in making a fine and judicious choice of nature; in exhibiting great, rare, surprizing, and beautiful objects in a lively manner; and thus conveying great and pleasing ideas into the mind. But because rational is the highest order of life, the source whence the greatest, the loftiest, as well as the most instructive and touching sentiments are derived; the highest merit and excellence of painting must consist in a fine taste of moral truth; in exciting in our minds great and noble ideas of the moral kind, and of moving our passions in a sound and wholesome way: for such is our frame and constitution, that what hath a virtuous effect is at the same time more pleasant and agreeable.
Parrhasius ask’d Socrates how this could be done; and the philosopher answers, that if all that is visible may be painted, all the passions and affections of the mind may be painted, for all these have their visible characteristics. Whatever is great, generous, beautiful, or graceful in the mind, shows itself by plain marks in the countenance, and gesture; and so likewise do mean, low, base, unworthy sentiments and affections. And therefore all these may be exhibited to the sight by a painter who has studied mankind, and is profoundly skilled in the human heart, and the natural language of the passions. So Horace:
Format enim natura prius non intus ad omnem
Fortunarum habitum ; iuvat aut impellit ad iram,
Aut ad humum maerore graui deducit et angit ;
Post effert animi motus interprete lingua. De Art. Poet.
And Pliny gives us a long and elegant account of the force of expression in the eye, that well deserves the consideration of painters[2].
But Socrates, speaking of moral painting, or of the expression of manners, goes farther, and leads Parrhasius to give the preference to those pictures which express the beauties of Virtue; amiable and worthy characters; truly good and great actions; pure and virtuous manners. These the mind contemplates with the highest delight and satisfaction; these raise our admiration, and inspire us with the most pleasing sentiments and generous dispositions. Merely corporeal beauty has a wonderfully charming influence upon the mind; but ’tis moral beauty, the graces of the soul, the fair, lovely and decent in characters and actions that most highly ravishes and transports us. We find this philosopher often discoursing to his disciples in Plato and Xenophon’s works, upon the excellence of Virtue; often telling them, such is the force of its charms that it appears in its highest glory when we see its behaviour in distress. ’Tis then most lovely and engaging when it is put to the severest trials. Then do we see all its majesty and firmness, all its strength, resolution, and sublimity: then is it we are most deeply interested in its behalf; our hearts are then filled with the highest admiration and astonishment, and at the same time melted into the most tender, generous pity. So virtuous is our frame, (according to the doctrine of that most excellent moralist) that no act of the mind yield it such a complicated contentment, or so high a relish of pleasure, as the self-approving complacency and affection with which it embraces suffering virtue and magnanimity. Now the same philosopher, consistently with his constant doctrine, tells Parrhasius and Clito, that in order to give us the highest satisfaction, and the most delightful as well as wholesome entertainment by art or imitation, they ought to paint the beauties of virtue; and for that end, that they should make a wise choice of proper circumstances, to exhibit its greatest force and excellence; or, in one word, that thy should study human nature and the beauty and sublime of characters and actions, in order to paint these truly amiable virtues, the contemplation of which exalts, enlarges and transports the mind.
Such, no doubt, were those pictures amongst the Greeks, done in memory of their heroes, and their glorious achievements for their country and the publick good. And ’tis of such pictures Aristotle speaks, when he justly asserts that painters and sculptors may teach virtue and recommend it, in a more striking, powerful, and efficacious manner, than philosophers can do by their dissertations and reasonings; and that pictures are more capable of exciting remorse in the vitious, and of making them enter into a serious conversation with their own hearts, and return to a right judgment of life and conduct, than the best moral precepts can do without such assistance[3]
Parrhasius is led by Socrates to acknowledge that the virtues are the most agreeable objects pictures can represent; and that the vices cannot be beheld without abhorrence and detestation. Whence Parrhasius might have learned, that the deformity and vileness of vitious characters, is then most pleasantly represented in pictures, when the hateful characters are introduced into a piece, so as so serve by way of contrast or foil, to set off and heighten the beauty of the virtuous action which is the principal subject. At least this conclusion naturally follows from what Socrates leads Parrhasius to perceive and confess with great emphasis[4]
His conference with Clito the statuary (as we have seen) is to the same effect. And the philosopher concludes: “Thus then you see what ought to be your chief study, and what is the noblest attainment your art can aspire at.” It ought to be your principal employment to exhibit the beauties and proportions of the mind; to recommend virtue, and to abash and discountenance vice: thus it is that your art may be at once useful and pleasing; for virtuous manners well painted cannot fail to charm and delight. The philosopher’s design is plainly to lead the painter at once to just notions of virtue, and of his own art, by an argument taken from his art, and to shew how serviceable it might be rendered to true philosophy, by displaying the beauties of virtue, and the turpitude of vice.
- [2] Neque ulla ex parte, maiora animi indici cunctis animalibus, sed homini maxime, id est, moderationis, clementiae, misericordiae, odii, amoris, tristitiae, laetitiae. Contuitu quoque multiformes, truces, torui, flagrantes, graves, transuersi, limi, summissi, blandi. Profecto in oculis animus inhabitat. Ardent, intenduntur, humescunt, conniuent. Hinc illae misericordiae lacrymae, etc. Plin. Hist. Nat. lib. 11 c. 37. So Seneca, Epist. 106. Annon vides quantum oculis det uigorem fortitudo ? Quantam intentionem prudentia ? Quantam modestiam et quietem reuerentia. Quantam serenitatem lætitia ? Quantum rigorem seueritas ? Quantum remissionem hilaritas ? See Quint. lib. 2. c. 3.
- [3] Aristo. Polit. lib. 5. So Quintilian, lib. 11 c. 3. Nec mirum, si ista quæ tamen in aliquo posita sunt motu, tantum in animis valent, cum pictura, tacens opus, et habitus semper ejusdem, sic in intimos penetret affectus ut ipsam vim dicendi nonnumquam superare vieatur. So Seneca, lib. 2 de ira. Mouet mentes et atrox pictura, et iustissimorum suppliciorum tristis euentus. So Val. Maximus, lib. 5. c. 4. Exemplo ext. I where he mentions an ancient picture : Idem de pietate filiæ existimetur quæ patrem suum, Cimona consimili fortuna affectum ; parique custodiæ traditum tam ultimæ senectutis, uelut infantem pectori suo admotum aluit. Hærent ac stupent hominum oculi cum huius facti pictam imaginem uident, casusque antiqui conditionem, præsenti spectaculi admiratione renouant ; in illis mutis membrorum lineamentis viua ac spirantia corpora intueri credentes.
- [4] See the 15th chapter of Arist. de re poet. Boni imaginum fictores quantum res patitur, pulchriores fingunt, etc.
La Nauze, abbé de, Mémoire sur la manière dont Pline a parlé de la peinture(publi: 1759, redac: 1753/03/20), p. 245 (fran)
- [1] L’École d’Athènes
- [2] Le Peuple d’Athènes
Au reste, si je propose le tableau de Raphaël [1] pour donner idée de celui de Parrhasius [2], je ne prétends pas nier que celui-ci n’ait pû être conçu de plusieurs autres différentes manières : par exemple, Xénophon, contemporain de Socrate et de Parrhasius, écrit qu’un jour le philosophe demandoit au peintre[3], si la grandeur et la noblesse des sentiments, la petitesse et la bassesse du cœur, l’honnêteté et la sagesse, l’insolence et la grossièreté, ne pouvaient pas se rendre en peinture par l’air du visage, et par les attitudes de divers personnages en repos et en mouvement ; le peintre répondit qu’oui ; et voilà presque le canevas de l’ouvrage, où Parrhasius aura pû réunir plusieurs de ces figures, malgré leur opposition, et les assigner pour cortège, à la ville d’Athènes personnifiée. Aristophane, autre auteur contemporain, représente dans une même scène de comédie, le peuple d’Athènes[4], sous l’emblême d’un enfant à qui sa nourrice mâche les morceaux, et sous l’emblême d’un vieillard, qui conserve un grand air de dignité dans le particulier, et qui tient niaisement la bouche ouverte en public. Ne sont-ce point encore là des images favorables au récit de Pline, sur la possibilité de rendre en peinture les inégalités de ce peuple ?
- [3] Ἀλλὰ μὴν καὶ τὸ μεγαλοπρεπές τε καὶ ἐλευθέριον, καὶ τὸ ταπεινόν τε καὶ ἀνελεύθεριον, καὶ τὸ σωφρονικόν τε καὶ φρόνιμον, καὶ τὸ ὑβριστικόν τε καὶ ἀπειρόκαλον, καὶ διὰ τοῦ προσώπου καὶ διὰ τῶν σχημάτων καὶ ἑστώτων καὶ κινουμένων ἀνθρώπων διαφαίνει· αληθῆ λέγεις, ἔφη. Xenoph. Memorabil. III, p. 167, edit. Basil.
- [4] Καθώσπερ αἱ τίτθαι γε σιτίζεις κακῶς,
Μασώμενος γὰρ, τῷ μ’ὀλίγον ἐντιθεῖς.
…………………………..
……………Ὁ γὰρ γέρων
Οἴκοι μ’, ἀνδρῶν δεξιώτατος.
Ὅταν δ’ἐπὶ ταυτησὶ κάθηται τῆς πέτρας,
Κέχηνεν, ὥσπερ ἐμποδίζων ἰσχαδας.
Aristophan. Equit. II, 2.
Algarotti, Francesco, Saggio sopra la pittura, saggio sopra l’Academia di Francia che è in Roma(publi: 1763), p. 110 (italien)
Intorno alla espressione ha singolarmente da affaticarsi il pittore, che vuol prendere il più alto volo. Essa è la mete ultima dell’arte sua, come mostra Socrate, a Parrasio[1], in essa sta la muta poesia, e ciò che chiamato è dal nostro primo poeta un visibile parlare.
- [1] Senofonte cose memorabili di Socrate. L. III.
Algarotti, Francesco, Saggio sopra la pittura, saggio sopra l’Academia di Francia che è in Roma, (trad: 1769), p. 167 (trad: "Essai sur la peinture et sur l’Académie de France établie à Rome" par Pingeron, Jean-Claude en 1769)(fran)(traduction ancienne d'un autre auteur)
Le peintre qui veut mériter la plus brillante reputation doit s’attacher particulierement à l’expression ; elle est le terme et l’objet de son art comme Socrate le disoit à Parrhasius[1]. La poësie comparée à la peinture est muette quant à cette expression des sentimens qui tombent sous nos sens et que notre premier poëte (le Dante) appelle un langage visible.
- [1] [1] Xenophon, traits mémorables de Socrate liv. III.
Algarotti, Francesco, Saggio sopra la pittura, saggio sopra l’Academia di Francia che è in Roma(publi: 1763), p. 67 (italien)
La scuola di Atene che è nel Vaticano, è una vera scuola per l’espressione. Questa è la meta ultima del pittore come mostra Socrate a Parrasio, questa che fa che l’anima e il volto rimangono sospesi dinanzi a una pinta tavoletta, questa è la muta poesia.
Falconet, Etienne, Traduction des XXXIV, XXXV et XXXVI livres de Pline l’Ancien, avec des notes(publi: 1772) (t. I), p. 156; 303-308 (fran)
Il peignit aussi de petits tableaux obscènes, se délassant par cette espèce de badinage lascif (38).
Notes, t. I, p. 303-308 : (38) Tant pis pour ses mœurs et pour celles que la vue de ces sortes de tableaux pouvoient corrompre. Mais puisque nous l’envisageons seulement comme artiste, nous ferons encore une observation sur une partie de son talent et sur l’éloge qu’on en a fait. Est-il vrai que Parrhasius réussissoit parfaitement dans l’expression des passions, comme on l’assure, Encyclop. tom. 12. pag. 262 ? On a vu dans cette traduction, qu’il n’y a pas un mot qui puisse en donner l’idée, et voici le texte sur lequel on se fonde : Primus argutias uultus dedit, il a le premier mis de la finesse dans les traits du visage. Passons à un trait plus curieux, et dont M. de la Nauze a fait usage en contrepartie, mais pour le faire entendre en sens contraire. Écoutons Xénophon. « La conversation de Socrate n’étoit pas même inutile à ceux qui professoient les arts ou par goût ou par état : car étant une fois entré chez le peintre Parrhasius, et discourant avec lui, la peinture, lui dit-il, est la réprésentation des objets visibles : ainsi, les corps convexes et concaves, ceux qui sont dans l’ombre ou qui sont éclairés, ceux qui sont raboteux et ceux qui sont unis, vous les imitez et les réprésentez par le moïen des couleurs. Cela est vrai, répondit le peintre. Socr. Et quand vous imitez de belles formes, comme il n’est pas facile de trouver dans un seul individu toutes les parties éxactement irréprochables, vous rassemblez de plusieurs ce chacune a de plus beau, et c’est ainsi que vous parvenez à faire paroître de beaux corps. C’est ainsi que nous faisons, dit Parrhasius. Et les qualités de l’ame agréables, douces, aimables, désirables, engageantes, les exprimez-vous, ou sont-elles inéxprimables ? Comment exprimeroit-on, répondit Parrhasius, ce qui n’a ni correspondance de parties, ni couleurs, ni aucune des qualités que vous nommiez avant, et qui n’est point du tout visible ? N’arrive-t-il pas, dit Socrate, quelquefois à un homme d'en regarder un autre avec amitié ou avec haine ? Parr. Cela me semble ainsi. Socr. Cette diférence de regards peut donc se réprésenter dans les yeux ? Parr. Certainement, dit Parrhasius. Socr. Et dans la prospérité ou l’adversité de nos amis, les visages de ceux qui y prennent part, vous paroissent-ils avoir le même air ? Parr. Non, par Jupiter. Socr. Car dans leur prospérité, les visages deviennent joyeux ; dans l’adversité, abattus : peut-on donc réprésenter cette diférence ? Parr. Certainement. Socr. Donc aussi, la noblesse et la liberté, la bassesse et la servitude, l’honnêteté et la sagesse, l’insolence et la grossièreté paroissent à travers le visage, les atitudes, les vêtemens et les mouvemens des hommes. Parr. Vous dites vrai. Socr. Donc ces choses peuvent se rendre en peinture ? Parr. Certainement. Socr. Lequel aimez-vous donc mieux voir des hommes qui réprésentent des mœurs honnêtes, vertueuses, aimables, ou ceux qui en réprésentent de deshonnêtes, de mauvaises et de haïssables ? Parr. Il y a par Jupiter une grande différence. Xénoph. De mémorab. Socr. l. 3. c. 10 ».
Voilà donc Socrate qui par dégré fait acoucher Parrhasius de l’aveu que les qualités de l’ame pouvoient s’exprimer par la peinture. Le sens de cette conversation prouve assez que l’artiste l’avoit ignoré jusque-là. Il peignoit donc sans expression ; ou du moins il n’avoit pas encore eu l’intention de réprésenter celles dont lui parloit Socrate. Ou bien il faudroit dire que Parrhasius entendoit que les caractères dont lui parloit Socrate, envisagés comme des qualités abstraites, ne pouvoient tomber sous les sens : mais que considérés comme exprimables par certains traits de la figure, ils pouvoient être réprésentés. Je laisse à juger si le texte de Xénophon se prête à cette subtile et vaine distinction : je demande seulement s’il est bien vraisemblable qu’un peintre se soit amusé à la faire et s’il ne sait pas que toutes les affections de l’ame, depuis la plus douce jusqu’à la plus violente, sont invisibles lors que nous les envisageons comme des qualités abstraites.
Voilà donc Parrhasius qui, selon Pline, exprima le premier la finesse dans les traits du visage, et qui de l’autorité de M. de Jaucourt réussissoit parfaitement dans l’expression des passions ; le voilà qui avouë à Socrate que le désir, la douceur, les qualités de l’ame agréables, aimables, engageantes, ne sont pas possibles à réprésenter en peinture. Sans doute qu’après cet entretient l’artiste aura étudié ces différents caractères. Mais voyez la conséquence qui résulte encore de son aveu ; c’est qu’il ne les avoit pas vuës dans les ouvrages des peintres qui l’avoient précédé, ni dans ceux de ses contemporains : donc ces caractères n’y étoient pas : donc ce qu’en dit Pline d’après les écrivains grecs, étoit moins dans les tableaux que dans l’imagination de ceux qui en faisoient l’éloge. Les questions de Socrate suposent aussi qu’il n’avoit aperçu aucune de ses expressions dans les tableaux de son tems ; et Socrate qui avoit exercé la sculpture, pouvoit avoir des connoissances dans l’art.
Il ne faut pas dire que la conversation entre le philosophe et le peintre est suposée par Xénophon, pour faire paroître l’adresse de Socrate à convaincre les gens. Xénophon, contemporain de Socrate et de Parrhasius, connoissoit les deux interlocuteurs ; s’il n’ignoroit pas la logique obstetrix du philosophe, il pouvoit connoître aussi le talent du peintre ; ce qu’il leur fait dire n’est donc que ce qu’ils ont dit ou pu dire s’ils ont traité cette matière ensemble : sans quoi l’écrivain auroit assez mal à propos insulté un peintre célèbre ; ce qui eut été d’un mauvais exemple pour quelques écrivains modernes. Mais Xénophon est hors d’atteinte, puisqu’il a raporté les choses mémorables de Socrate, et qu’il assure en commençant son discours que le philosophe disoit toujours aux artistes des choses profitables. C’est ainsi qu’il prouvoit à Parrhasius que la peinture devoit réprésenter les affections de l’ame. C’est ainsi qu’il enseignoit au statuaire Cliton qu’un excellent sculpteur doit réprésenter les actions de l’ame par les mouvemens du corps. Je ne sais pourtant si la leçon du philosophe n’étoit pas ici un peu gratuite, puisqu’il fait compliment à l’artiste de l’ame qu’il donne à ses statues, qu’il lui demande par quel artifice il leur imprime cette admirable vivacité, et que celui-ci n’est pas dans le cas, par conséquent, de répondre comme Parrhasius. Cette admirable vivacité pouvoit, cependant, n’être que dans les atitudes et l’expression des différentes parties du corps, comme le groupe antique des Lutteurs en fournit un exemple remarquable. Le statuaire, par un grand artifice, a imprimé une admirable vivacité dans toutes les parties du corps, tandis qu’il n’a mis aucune expression dans les belles têtes de ces deux jeunes hommes, qui se pressent de toutes leurs forces et s’apliquent de grands coups de poing : sujet a expression, et même a beaucoup d’expression, s’il en fut jamais. Si les statues de Cliton n’avoient que cette sorte de vivacité, Socrate pouvoit bien avoir raison, et le conseil qu’il donnoit au statuaire, pouvoit n’être pas plus gratuit que celui qu’il donnoit au peintre. Plus d’une très belle statue grecque en seroit la preuve.
Il sera cependant singulier, que ce peintre, qui sans doute étoit déjà renommé, ait dit, que des expressions, qui ne dépendent ni de la couleur ni de la proportion, ne pouvoient être réprésentées en peinture ; et qu’il ait ajouté, qu’elles ne sont pas visibles. Il le sera bien aussi, qu’en parlant ex professo de cet artiste ancien, on ait poussé la politesse jusqu’à glisser sur un trait aussi connu que l’est celui du dialogue entre Socrate et Parrhasius. Il faut écrire l’histoire, et ne la pas déguiser ; surtout quand on a sous la main de bons matériaux que le premier venu peut vous reprocher d’avoir exprès mis de côté ; car on n’ôseroit croire que ce soit par ignorance. Vous me direz que c’est par oubli : je veux le croire. Il est donc à propos que quelqu’un prenne le soin d’y supléer.
Barry, James, Lecture II, On Design(redac: 1784:1798), p. 99-100 (anglais)
Xenophon says, that when Socrates had occasion to discourse with artists, his conversation was of great advantage to them. For example, happening to go to Parrhasius the painter, he discoursed with him of his art to this purpose: “What is painting, Parrhasius? Is it not an imitation of visible objects, for do you not express or represent by colours the concave and the eminent, the obscure and the enlightened, the hard and soft, the rough and smooth, the new and old, and in fine all sorts of objects, and all the various appearances of nature? But when you propose to imitate beautiful forms, since for instance it is not easy to find any one person, all whose members are absolutely faultless, do you not select from many human bodies those parts which are best proportioned and most beautiful in each; and by combining them make whole figures that are beautiful throughout? Do you not represent likewise what is most engaging, most lovely, and most desirable in the person, I mean, the disposition of the soul – for do not the very looks confess either malice or good will? In the prosperity of our friends, our looks are gay and full of joy, but in their adversity we look cloudy and dejected. Besides, doth not a noble and liberal spirit, or a mean and ignoble one, a prudent and well governed mind, or a petulant and dissolute one, discover itself in the countenance, air, and gesture of men, and all these differences can be expressed by imitation?” “They can”, replies Parrhasius. “Which, the, do you think”, says Socrates, “do men behold with greatest pleasure and satisfaction, the representation by which good, beautiful, and lovely manners are expressed, or those which exhibit the base, deformed, corrupt, and hateful?” “There is no comparison between them”, said the artist[1].
Three things are observable in those remarks of Socrates : first, that painting is capable of giving a true image or likeness of every visible object ; secondly, that in the imitation of visible objects, a wise selection from general nature be used which has a reference to what is admirable, fit, and proper only; and lastly, this divine man, according to his usual custom, does not forget to intimate that the true dignity of art consists in being advantageous to morality and the interests of mankind, by exhibiting the deformity of vice, and the beauties of virtue.
- [1] Xenophon, Memorabilia, iii. 10.
Watelet, Claude-Henri ; Levesque, Pierre-Charles, Encyclopédie méthodique. Beaux-Arts(publi: 1788:1791), art. « Peinture chez les Grecs » (numéro vol. 1) , p. 644 (fran)
On peut conclure de son entretien avec Socrate, rapporté par Xénophon, qu’il est le premier peintre de la Grèce qui se soit occupé de cette grande partie de l’art[Explication : l’expression.], et qu’il ne s’y est livré que par le conseil du philosophe.
Mais si Parrhasius mit le premier de l’expression dans ses tableaux, ce qui paroît confirmé par Pline, qui dit que le premier il rendit les finesses du visage, comment Polygnote avoit-il dans cette partie la supériorité qu’Aristote semble lui attribuer ? Peut-être faudra-t-il entendre par le mot êthê, les mœurs, qu’employe Aristote, ce qu’on entend dans les arts par le caractère, et ce qui n’est point encore l’expression des affections de l’ame. Michel-Ange avoit un grand caractère ; mais il n’avoit pas l’expression de Raphaël.