Parrhasios et les contours

Bibliographie

Bert, Mathilde « Dessin/Couleur : renégocier l’opposition à partir de Pline l’Ancien »[ + ]
Bert, Mathilde Lectures, réécritures et peintures à partir de Pline l’Ancien. La réception de l’Histoire naturelle en Italie, de Pétrarque à Vasari[ + ]
Bianchi-Bandinelli, Ranuccio « Parrasio »[ + ]
Brock, Maurice Le Secret de la peinture ou la postérité de Parrhasios : recherches sur l’art italien du Moyen-Âge tardif et de la Renaissance, volume 4[ + ]
Pigeaud, Jackie « La rêverie de la limite »[ + ]

Images

Pétrone (Petronius Arbiter), Satyricon(redac: 30:66, trad: 2001) (83)(latin)

[Note contexte] In pinacothecam perueni uario genere tabularum mirabilem. Nam et Zeuxidos manus uidi nondum uetustatis iniuria uictas, et Protogenis rudimenta cum ipsius naturae ueritate certantia non sine quodam horrore tractaui. Iam uero Apellis quam Graeci μονόχρωμον appellant, etiam adoraui. Tanta enim subtilitate extremitates imaginum erant ad similitudinem praecisae, ut crederes etiam animorum esse picturam.

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Pétrone (Petronius Arbiter), Satyricon, (trad: 2001) (83), p. 157 (trad: "Le Satyricon" par Sers, Olivier en 2001)(fran)(traduction récente d'un autre auteur)

J'arrivai à un musée admirablement pourvu de tableaux de toutes sortes. Je vis des Zeuxis authentiques que l'outrage des ans n'avait pas dégradés, je caressai non sans quelque frisson des esquisses de Protogène luttant de vérité avec la vie elle-même, je tombai en extase devant une oeuvre d'Apelle, du genre que les Grecs appellent "monochrome", où les contours des figures se découpaient en trompe-l'œil d'une telle finesse qu'on eût cru voir représentés des êtres animés.

 

Pline l'Ancien (Gaius Plinius Secundus), Naturalis Historia, liber XXXV(redac: 77, trad: 1985) (67-68)(latin)

Confessione artificum in liniis extremis palmam adeptus. Haec est picturae summa subtilitas. Corpora enim pingere et media rerum est quidem magni operis, sed in quo multi gloriam tulerint ; extrema corporum facere et desinentis picturae modum includere rarum in successu artis inuenitur. Ambire enim se ipsa debet extremitas et sic desinere, ut promittat alia et post se ostendatque etiam quae occultat. Hanc ei gloriam concessere Antigonus et Xenocrates, qui de pictura scripsere, praedicantes quoque, non solum confitentes ; et alia multa graphidis uestigia exstant in tabulis ac membranis eius, ex quibus proficere dicuntur artifices. Minor tamen uidetur sibi comparatus in mediis corporibus exprimendis.

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Pline l'Ancien (Gaius Plinius Secundus), Naturalis Historia, liber XXXV, (trad: 1985) (67-68)(trad: "Histoire naturelle. Livre XXXV. La Peinture" par Croisille, Jean-Michel en 1985)(fran)(traduction récente d'un autre auteur)

Les artistes s’accordent à lui attribuer la palme pour l’exécution des contours. C’est en peinture l’art le plus consommé. Car peindre des corps et la surface intérieure des objets est certes une entreprise ardue, mais beaucoup s’y sont illustrés ; au contraire, savoir rendre les contours des corps et enfermer dans une limite les plans fuyants de l’objet qu’on peint, cela se rencontre rarement exécuté avec succès par un artiste. De fait la ligne de contour doit s’envelopper elle-même et finir de façon à laisser deviner autre chose derrière elle et à montrer même ce qu’elle cache. Voilà le mérite particulier que lui ont reconnu Antigone et Xénocrate, qui ont écrit sur la peinture, – et ils vont jusqu’à le proclamer, sans se contenter de l’admettre ; il reste aussi par ailleurs beaucoup de croquis de sa main sur des tablettes et des feuilles de parchemin, dont on dit que les artistes font leur profit. Cependant il ne paraît pas égal à lui-même quand il s’agit de rendre la surface des corps.

 

Pline l’Ancien; Landino, Cristoforo, Historia naturale di C. Plinio secondo tradocta di lingua latina in fiorentina per Christophoro Landino fiorentino, fol. 240r (italien)(traduction ancienne d'un autre auteur)

Et per confessione degli artefici acquisto la palma nelle externe linee. Questa e la somma subtilita nella pictura. Dipignere e corpi et el mezo delle cose e grande difficulta : ma molti v[i]anno acquistato gloria : ma fare le extremita de corpi e sapere concludere el fine dell’arte e cosa che radevolte nell’arte si conduce a perfectione. Imperoche la extremita deba circondare se medesima e finire in modo che la prometta che possa altre cose e mostri etiamdio quello che occulta. Questa gloria hanno conceduto a Parrhasio. Antigone e Socrate equali scripsono de pictura e non solamente confessono : ma predicano di lui molte altre cose. Restano ancora in tavole et in membrane le vestigie delo stile colquale disegnava dellaquali dicono che gli artefici fanno proficto. Mirone nientedimeno e comparato a costui in exprimere e mezi de corpi.

 

Pline l’Ancien; Brucioli, Antonio, Historia naturale di C. Plinio Secondo nuovamente tradotta di latino in vulgare toscano per Antonio Brucioli, p. 987-988 (italien)(traduction ancienne d'un autre auteur)

Et confessandolo gli artefici acquisto la palma nelle linee estreme. Et questa è nella pittura somma sottilita. Perche dipingiere i corpi, et i medii delle cose, è certo di gran maestria, ma molti ci hanno acquistato gloria. Ma fare le estremita de corpi, e rinchiudere il modo della perfetta pittura, si trova di raro nel successo dell’arte. Perche essa estremita debbe circundare se stessa, e cosi finire, in modo che prometta altre cose doppo di se, e dimostri anchora quelle che occulta. Et questa gloria gli concederno Antigono, e Xenocrate, che scrissono della pittura non solamente contrassandolo, ma predicandolo. Et molte vestigie restono anchora del suo stile da disegnare, in sue tavole, e carte caverette, dallequali dicano che profittano gli artefici. Nondimeno appare minore comparato a se stesso nello esprimere i medi corpi.

 

Pline l’Ancien; Domenichi, Lodovico, Historia naturale di G. Plinio Secondo tradotta per Lodovico Domenichi, con le postille in margine, nelle quali, o vengono segnate le cose notabili, o citati alteri auttori… et con le tavole copiosissime di tutto quel che nell’opera si contiene…, p. 1096 (italien)(traduction ancienne d'un autre auteur)

[…] per confessione de gli artefici s’acquistò il vanto di saper dare i contorni alle figure. Et questa è la maggior sottigliezza nelle figure. Perche il dipignere i corpi, e i mezi delle cose, certo è gran maestria, ma molti ci hanno acquistato gloria. Ma nel fare l’estremità de’ corpi, e rinchiudere il modo della perfetta pittura, di rado si truova nel successo dell’arte. Percioche l’estremità istessa si debbe circondare da se medesima, e cosi finire, di maniera ch’ella prometta altre cose dopo se, e dimostri ancora quelle che nasconde. Questa gloria le concessero Antigono, e Senocrate, iquali scrissero della pittura, non solamente confessandolo, ma predicandolo ancora. Molti vestigi ancora restano del suo disegno in sue disegno in sue tavole e carte di capretto, dalle quali si dice, che gli artefici imparano assai. Nondimeno paragonandolo a se stesso riesce assai minore nello esprimere i corpi di mezo.

 

Pline l’Ancien; Du Pinet, Antoine, L’histoire du monde de C. Pline second… mis en françois par Antoine du Pinet, p. 944-945 (fran)(traduction ancienne d'un autre auteur)

Note marginale :
  • [1] Graphis, ou plant, ou platte forme

Il[Explication : Parasius Ephesien.] fut tenu au jugement de tous les peintres, le plus consommé de tous, à faire le pourfil, et les derniers traits d’une besongne : et neantmoins c’est le poinct principal et le plus difficile de tout cest estat. De faire les corps, et de peindre le dedans, il y a de l’affaire : mais neantmoins on en trouve assez qui y sont excellens. Mais de bien faire le pourfil, et les derniers traits d’une besongne, on en trouve peu. Car l’extremité d’une besongne doit estre tellement arrondie, et doit tellement monstrer son rond, qu’on puisse cognoistre qu’il y a autre chose que ce qui est en apparence, et que mesme, s’il est possible, elle puisse monstrer ce qui est caché dessous. Et de faict, Antigonus et Xenocrates, qui ont tous deux escrit de l’art de peinture, baillent le bruit de ce poinct à Parasius, le louans sur tous hommes de cest art, et le confessant tel. On trouve encores plusieurs projets [1] et desseins de sa main, faits en tablette, et en parchemin, où les peintres prennent ordinairement leurs patrons. Et neantmoins, il n’estoit si excellent à faire le dedans des corps, que son grand sçavoir portoit.

 

Pline l’Ancien; Poinsinet de Sivry, Louis, Histoire naturelle de Pline, traduite en françois [par Poinsinet de Sivry], avec le texte latin… accompagnée de notes… et d’observations sur les connoissances des anciens comparées avec les découvertes des modernes, (vol. 11), p. 239 (fran)(traduction ancienne d'un autre auteur)

Parrhasius d’Ephese […] remporta la palme des traits terminants, qui sont le grand secret, et le non plus ultrà de la finesse de l’art. En effet, peindre les corps, et bien saisir les milieux, c’est déjà un grand talent, mais une gloire commune ; au lieu que bien rendre les extrémités des corps, et terminer avec art les formes mourantes, c’est un mérite des plus rares, et auquel bien peu d’artistes peuvent atteindre ; car toute extrémité doit s’arrondir, s’embrasser, pour ainsi dire, elle-même, et finir de maniere à promettre quelque chose par-delà elle, montrant, en quelque sorte, ce qu’elle cache. Cette gloire a été accordée à Parrhasius par Antigone et Xénocrate, qui ont écrit sur la peinture ; et ce n’est pas un simple aveu de leur part ; car ils ne parlent qu’avec admiration de ce talent de Parrhasius, et de plusieurs autres mérites de l’art, qu’ils reconnoissoient en lui. Ses tablettes et porte-feuilles de desseins existent encore aujourd’hui, desquelles plusieurs artistes passent pour tirer souvent parti. Parrhasius, au reste, semble inférieur à lui-même dans les milieux.

 

Quintilien (Marcus Fabius Quintilianus), De institutione oratoria(redac: (95), trad: 1975:1980), "De genere dicendi" (numéro XII, 10, 4-5) , p. 115 (latin)

 4. Post Zeuxis atque Parrhasius non multum aetate distantes, circa Peloponnesia ambo tempora (nam cum Parrhasio sermo Socratis apud Xenophontem inuenitur) plurimum arti addiderunt. Quorum prior luminum umbrarumque inuenisse rationem, secundus examinasse subtilius lineas traditur. 5. Nam Zeuxis plus membris corporis dedit, id amplius atque augustius ratus, atque, ut existimant, Homerum secutus, cui ualidissima quaeque forma etiam in feminis placet. Ille uero ita circumscripsit omnia, ut eum legum latorem uocent, quia deorum atque heroum effigies, quales ab eo sunt traditae, ceteri tamquam ita necesse sit secuntur.

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Quintilien (Marcus Fabius Quintilianus), De institutione oratoria, (trad: 1975:1980)(trad: "L’Institution oratoire" par Cousin, Jean en 1975:1980)(fran)(traduction récente d'un autre auteur)

Ensuite, Zeuxis et Parrhasius, qui furent à peu près contemporains aux environs de la guerre du Péloponnèse (on trouve en effet chez Xénophon un entretien de Socrate avec Parrhasius), contribuèrent beaucoup aux progrès de l’art. Le premier, dit-on, inventa la distibution des lumières et des ombres, le second s’attacha particulièrement au dessin. En effet Zeuxis peignait ses figures plus grandes que nature, pour leur imprimer un caractère plus noble et plus auguste, et aussi, croit-on, pour suivre Homère, qui, même chez les femmes, préfère les formes les plus robustes. Parrhasius, au contraire, était toujours si exact dans son dessin qu’on l’appelle le législateur, parce que ses représentations des dieux et des héros sont universellement imitées, comme s’il était impossible de faire autrement.

 

Quintilien (Marcus Fabius Quintilianus), De institutione oratoria, (trad: 1975:1980), "Du style" (numéro XII, 10, 4-5) , p. 115 (trad: "L’Institution oratoire" par Cousin, Jean en 1975:1980)(fran)

Plus tard, Zeuxis et Parrhasius qui n’étaient guère distants <entre eux> par la date, ayant vécu tous les deux aux environs de la guerre du Péloponnèse (car on trouve un entretien de Socrate avec Parrhasius dans Xénophon) contribuèrent beaucoup aux progrès de l’art. Le premier, dit-on, inventa une méthode pour représenter les lumières et les ombres, le second a pesé plus spécialement la question du dessin. 5. En effet, Zeuxis a donné à ses personnages une taille plus grande que nature pour qu’ils aient, pensait-il, plus de dignité ou de noblesse, et aussi, croit-on, pour suivre Homère, qui, même chez les femmes, préfère les formes les plus fortes. Parrhasius, au contraire, était un dessinateur au trait, si précis en tout, qu’on l’appelle le législateur, parce que ses représentations des dieux et des héros, telles qu’elles ont été réalisées par lui, sont imitées par tous, comme s’il était indispensable qu’il en soit ainsi.

 

Alberti, Leon Battista, De pictura(publi: 1540, redac: 1435, trad: 2004) (II, 31), p. 116 (latin)

Circumscriptio quidem ea est quae lineis ambitum fimbriarum in pictura conscribit. In hac Parrhasium pictorem eum, cum quo est apud Xenophontem Socratis sermo, pulchre peritum fuisse tradunt, illum enim lineas subtilissime examinasse aiunt. In hac vero circumscriptione illud praecipue servandum censeo, ut ea fiat lineis quam tenuissimis atque admodum visum fugientibus ; cuiusmodi Apellem pictorem exerceri solitum ac cum Protogene certasse referunt. Nam est circumscriptio aliud nihil quam fimbriarum notatio, quae quidem si valde apparenti linea fiat, non margines superficierum in pictura sed rimulae aliquae apparebunt.

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Alberti, Leon Battista, De pictura, (trad: 2004) (II, 31), p. 117 (trad: " La Peinture" par Golsenne, Thomas; Prévost, Bertrand en 2004)(fran)(traduction récente d'un autre auteur)

La circonscription consiste à inscrire par des lignes, dans la peinture, le tour des contours. On rapporte que le peintre Parrhasios, qui d’après Xénophon dialogua avec Socrate, était à cet égard merveilleusement habile ; on prétend en effet qu’il posait les lignes avec la plus grande finesse. De fait, à mon avis, il faut veiller tout spécialement à ce que cette circonscription soit faite de lignes le plus ténues possible et qui tendent à échapper totalement à la vue ; comme celles que le peintre Apelle avait coutume de s’exercer à tracer et qui l’ont conduit à rivaliser avec Protogène. La circonscription n’est en effet – dit-on – rien d’autre que le marquage des contours qui, s’il était effectué au moyen d’une ligne très visible, ne montrerait pas dans la peinture des surfaces mais des sortes de fissures.

 

Alberti, Leon Battista, De pictura , (trad: 1536) (II, 31), p. 237-238 (trad: "[Della pittura]" en 1536)(italien)(traduction ancienne de l'auteur)

Sarà circunscrizione quella che descriva l’attorniare dell’orlo nella pittura. In questa dicono Parrasio, quel pittore el quale appresso Senofonte favella con Socrate, essere stato molto perito e molto avere queste linee essaminate. Io così dico in questa circonscrizione molto doversi osservare ch’ella sia fatta di linee sottilissime fatta, quasi tali che fuggano essere vedute, in quali solea sé Appelles pittore essercitare e contendere con Protogene ; però che la circonscrizione è non altro che disegnamento dell’orlo, quale ove sia fatto con linea troppo apparente, non dimostrerà ivi essere margine di superficie ma fessura.

 

Ghiberti, Lorenzo, I commentarii(redac: (1450)), p. 70 (italien)

[…] e con confessione di tutti e’ pictori e statuarii, egli acquistò la victoria delle streme linie. È questo nella pictura e nella scultura grande perfectione d’arte, aver i dintorni vaghi e leggiadri, gli periti ne fanno grandissima. Sono cose non si possono insegnare e dare gratiosa aria, conviene che la natura l’arrechi secho. Questa gloria fu ancora conceduta ad Antighone et a Sonocrate, (avere l’estremità delle linie), i quali scrissono della pictura, dicenti non solamente questo, ma confessanti molte altre cose di Grapide pictore; ancora sono moltissimi disegni i quali rimasono in carte, fatti per le mani di detto Grapyde; fece tavole, fu gran disegnatore, a suoi artefice fece grande utilità.

 

Textor, Joannes Ravisius (Jean Tixier de Ravisy, dit), Officina(publi: 1520), « Pictores diversi », p. 354 (latin)

Parrhasius primus symmetriam picturæ dedit, primus argutias vultus, elegantiam capilli, venustatem oris expressit, et artificum confessione in lineis extremis palmam adeptus est.

 

Aretino, Pietro, Lettere(publi: 1538:1550) (t. I), p. 277 (italien)

Perciò ne le man vostre vive occulta l’idea d’una nuova natura, onde la difficultà de le linee estreme (somma scienza ne la sottilità de la pittura) vi è sì facile che conchiudete ne l’estremità dei corpi il fine de l’arte, cosa che l’arte propria confessa esser impossibile di condurre a perfezione, percioché l’estremo (come sapete) dee circondare se medesimo, poi fornire in maniera che, nel mostrare ciò che non mostra, possa promettere de le cose che promettono le figure de la Capella a chi meglio sa giudicarle che mirarle.

 

Il codice Magliabechiano cl. XVII. 17 contenente notizie sopra l’arte degli antichi e quella de’ fiorentini da Cimabue a Michelangelo Buonarroti, scritte da anonimo fiorentino(redac: (1540:1550)), p. 14 (italien)

[…] piu dellj altrj pittorj finj le sue opere, le quali con grandissima diligentia conduceua, et disegno assaj.

 

Biondo, Michelangelo, Della nobilissima pittura, et della sua arte, del modo, & della dottrina, di conseguirla, agevolmente et presto, opera di Michel Angelo Biondo(publi: 1549), « Della principal divisione della pittura » (numéro cap. V) (italien)

La circoscrizzione gli è quella parte della pittura che descrive l’ambito delle estremità, overo delle fimbrie con le linee convenienti alla pittura, nella qual parte Parasio pittore gli è stato molto eccellente, come scrive Senofonte, perciò che gli esaminava le linee della circonscrizione con summa diligenzia.

 

Biondo, Michelangelo, Della nobilissima pittura, et della sua arte, del modo, & della dottrina, di conseguirla, agevolmente et presto, opera di Michel Angelo Biondo(publi: 1549) (cap. V), « Della principal divisione della pittura » (italien)

Imperò questa parte[Explication : la circonscrizzione.] si debbe osservare perfettamente dal pittore, lineando fatta la figura con linee sottilissime, le quali a pena si possono vedere con l’occhio. Nondimeno si dice che Apelle pittore in tal parte essere stato di contraria opinione, e leggesi aver disputato con Protogene distintamente di tal cosa, perciò che non vi è altro la circonscrizzione che la notazione delle fimbrie, le quali vuole che con apparente linea siano fatte con le margini della superficie della pittura, overo siano alcune rimule, overo fissure, che appareno.

 

Borghini, Vincenzio, Selva di notizie(redac: 1564), p. 137-138 (italien)

Parrasio, nato in Efeso, fu il primo che desse alla pittura la simmetria, una certa venustà alla faccia et quella argutia et vivacità al volto, et sfilò e capelli et ne’ dintorni portò la palma, et notisi queste parole che sono in gran favore de’ pittori per conto della dificultà : Hec est in pictura summa subtilitas. Corpora enim pingere et media rerum est quidem magni operis, sed in quo multi gloriam tulerint. Extrema corporum facere et desinentis picturae modum includere, rarum in successu artis inuenitur. Ambire enim debet se extremitas ipsa, et sic desinere, ut promittat alia posse ostendatque etiam quae occultat. Hanc ei gloriam concessere Antigonus et Xenocrates qui de picturis scripsere, predicantes quoque non solum confitentes.

 

Adriani, Giovanni Battista, Lettera a m. Giorgio Vasari, nella quale si racconta i nomi, e l’opere de’più eccellenti artefici antichi in Pittura, in bronzo, et in marmo(publi: 1568, redac: 1567) (t. I ), p. 187 (italien)

[…] a giudizio d’ogni uomo a llui si concesse la gloria del bene et interamente finire e nelli ultimi termini far perfette le sue figure, perciò che in cotale arte questo si tiene che sia la eccellenza. Dipignere bene i corpi et il mezzo delle cose è bene assai, ma dove molti sono stati lodati ; terminare e finir bene e con certa maestria rinchiudere dentro a se stessa una figura, questo è rado e pochi si sono trovati li quali in ciò sieno stati da commendare, perciò che l’ultimo d’una figura debbe chiudere se stesso talmente che ella spicchi dal luogo dove ella è dipinta, e prometta molto più di quello che nel vero ella ha e che si vede ; e cotale onore li diedero Antigono e Senocrate, i quali di cotale arte e delle opere della pittura ampiamente trattarono, non pure lodando ciò in lui e molte altre cose, ma ancora celebrandonelo oltre a modo. Rimasero di lui e di suo stile in carte et in tavole alcune adombrate figure, con le quali non poco si avanzarono poscia molti di cotale arte. Egli, come poco fa dicemo, fu tale nel bene et interamente finire l’opere sue, che paragonato a se stesso, nel mezzo di loro apparisce molto minore.

 

Borghini, Rafaello, Il riposo di Raffaello Borghini : in cui della pittura, e della scultura si fauella, de’piu illustri pittori, e scultori, et delle piu famose opere loro si fa mentione ; e le cose principali appartenenti à dette arti s’insegnano(publi: 1584), p. 270-271 (italien)

Fu molto lodato nel sapere in brievi dintorni racchiudere una figura.

 

Montjosieu, Louis de, Gallus Romae hospes. Ubi multa antiquorum monimenta explicantur, pars pristinae formae restituuntur. Opus in quinque partes tributum(publi: 1585), p. 17 (latin)

Primus hic[Explication : Parrasius.] symmetriam picturae dedit, primus argutias vultus, elegantiam capilli, venustatem oris. Sed & in extremis lineis omnium artificum consensu laudem adeptus est ; in medijs corporibus pingendis non aeque laudabatur.

 

Garzoni, Tommaso, La piazza universale di tutte le professioni del mondo(publi: 1585), « De’ pittori, e miniatori, et lavoratori di mosaico » (numéro Discorso XCI) , p. 291 (italien)

Parrhasio, che trovò la simmetria, l’argutie del viso, l’eleganza de’ capelli, la venustà della bocca e per commun consenso de’pittori, nelle estreme linee portò la palma.

 

Montjosieu, Louis de, Gallus Romae hospes. Ubi multa antiquorum monimenta explicantur, pars pristinae formae restituuntur. Opus in quinque partes tributum(publi: 1585), « Commentarius de pictura » (numéro IV) , p. 3-4 (latin)

Tertia graphices pars est optice. Plinius inopia Latini sermonis ei nomen non tribuit, sed quae sint eius partes satis explicat, ubi de Parrasio cap. x. lib. xxxv. Confessione inquit artificum in lineis extremis palmam adeptus est. Haec est in pictura summa subtilitas. Corpora enim pingere, & media rerum, est quidem magni operis, sed in quo multi gloriam tulerint : extrema corporum facere, & desinentis picturae modum includere, rarum in successu artis inuenitur. Ambire enim debet se extremitas ipsa, & sic desinere ut promittat alia post se, ostendatque etiam quae occultat. His verbis Plinius opticen descripsit ; tamet si locum non prorsus bene habere suspicor. Nam verba illa extrema corporum facere, & desinentis picturae modum includere, rarum in successu artis inuenitur, sic malim legere, extrema corporum facere, & desinentis picturae modo illudere, rarum in successu artis inuenitur. Nam desinentis picturae modum includere quid sit nescio ; sed desinentis picturae modo spectantibus illudere hoc artis est. Hoc ut praestet artifex primum obseruare debet, quantum quid à quo distet, totius operis in plano configuratione. Obscuris deinde lineis sursum ad perpendiculum erectis ad propositi puncti mensuram eas omnes exigere : habita in primis ratione quantum quaelibet a puncto distet. Unde patet in hac graphices parte praecipuum esse usum mensurarum, siue prima operis in plano configuratio spectetur, siue operis adumbrata species (illam ignographiam Graeci dicunt, hanc sciographiam, Hermolaus Barbarus scenographiam) vel si opus sit recedentes operis partes extremis lineis terminare. In quo prima laus est quantum ad integrum corporis ambitum deest, id sensim, ita oculis subducere, ut desinentis picturae modo, ars spectantibus illudat. Artifici dictum sat est de graphice nobilissima picturae parte.

 

Mazzoni, Jacopo, Della difesa della Comedia di Dante(publi: 1587, 1688, redac: 1587:1598), « Discorso intorno a concetti di scultura, e di pittura, che si trovano in Dante » (numéro t. II, V, 16) , p. 377 (italien)

Note marginale :
  • [1] Lib. 35 lib. 10

Ma ci scuopre Dante anchora un’altro artificio, & è l’ecccellenza dello scultore intorno all’estreme parti del corpo, perche il fumo è l’estrema parte del fuoco, il cantare si scuopre nell’estrema parte della bocca, la qual cosa è importantissima sopra l’altre nella pittura, e nella scultura, di che parlando Plinio ha lasciato un bellissimo precetto a tutti quelli, che devono far professione di simil’arte. [1] Parrhasius Ephesi natus, et ipse multa constituit. Primus symetriam picturæ dedit, primus argutias vultus, elegantiam capilli, venustatem oris, confessione artificum in lineis extremis palmam adeptus. Hæc est in pictura summa subtilitas. Corpora enim pingere et media rerum est quidem magni operis, sed in quo multi gloriam tulerint. Extrema corporum facere, et desinentis picturae modum includere, rarum in successu artis inuenitur. Ambire enim debet se extremitas ipsa, et sic desinere, ut promittat alia et post se ostendatque etiam quae occultat. Nelle quali parole di Plinio hanno i pittori un bellissimo concetto, col quale ponno schifare quei vitii, che vengono da essi sotto nome di crudeggiare, e di tagliare dimostrati.

 

Junius, Hadrianus, Batavia(publi: 1588), p. 239 (latin)

Morrus confessione artificum in exprimendo ad viuum indiscreta similitudine vultuum filo, inque danda illis symmetria, palma facile adeptus, idque assecutus quod rarum in artis successu inueniri posse existimat Plinius, de Parrhasio loquens, nimirum extrema corporum facere, ac desinentis picturae modum includere. Artifex operum foecundus principalium, a quo quicquid ferme regum et primatum haec habet aetas viuide expressum est.

 

Possevino, Antonio, Tractatio De Poesi et Pictura ethnica, humana et fabulosa collata cum sacra(publi: 1593), « Pictura similis poesi. Eius finis. Præsidia unde » (numéro caput XXIII) , p. 279-280 (latin)

Marque-page :
  • [1] Parrhasius pictor symmetriam picturæ dedit.
  • [2] Quid in pictura difficillimum

[1] nam et Parrhasius antiquus pictor Ephesi natus magnam consecutus est laudem, quod primus symmetriam picturæ dederit, primus argutias vultus, elegantiam capilli, venustatem oris confessione artificum (vt inquit Plinius) in lineis extremis palmam adeptus. [2] Hæc enim in pictura summa subtilitas, corpora enim pingere, et media rerum, est quidem magni operis, sed in quo multi gloriam tulerint : extrema corporum facere, et desinentis picturæ modum includere, rarum in successu artis inuenitur. Ambire enim debet se extremitas ipsa, et sic desinere, vt promittat alia post se, ostendatque etiam, quæ occultat.

 

Guttierez de los Rios, Gaspar, Noticia general para la estimacion de las artes, y de la manera a en que se conocen las liberales de las que son mecanicas y serviles(publi: 1600), « Libro tercero en que se defiende que las artes del dibuxo son liberales, y no mecanicas », cap. V, « Prosiguese la materia passada : tratase de la fama de los professores de la pintura, y dizese tambien de passo de la tapizeria y bordado de matiz, artes conjuntas a ella », p. 132-133 (espagnol)

Por ellas es celebre Parrasio, que florecio en el mismo tiempo, y fue el primero que hallo la symetria, y el que declaro con particular gracia la agudeza de la vista, la elegancia de los cabellos, y el donayre de la boca : aquel que en las lineas finales por comun consentimiento de todos los pintores, alcanço la palma, que es la mayor gracia y mas rara que puede tener un pintor, es a saber, el prometer mas al dexar de las lineas ultimas, y demostrar en ellas lo que encubre.

 

Van Mander, Karel,  Het leven der oude antijcke doorluchtighe schilders(publi: 1603:1604 ), « Van Parasius, excellent Schilder van Ephesien », fol. 69r (n)

Hy was oock gehouden, selfs nae het oordeel van alle Schilders, den alder verstandichsten van goede omtrecken te maken, en van een werck wel te voldoen: het welck nochtans het bysonderste en ondoenlijckste punct is, van al wat dese Conste belangt. Des Menschen naeckte lichamen wel te maken met goeden omtreck en binnen werck, dat heeft vry wat in: doch vindtmer veel, die daer uytnemende in zijn: maer eenen volcomen schoonen omtreck te maken, en zijn werck wel te voldoen, oft den lesten streeck wel te gheven, daer vindtmer weynich volcomen in: want het uyterste van het werck behoort soo gerondt te wesen, en zijn rondicheyt soo uytmuntelijck te vertoonen, datmen daer wat anders oft meer siet, dan daer is oft schijnt te wesen: jae ist moghelijck, dat het late blijcken watter onder verborghen is. Doch Antigonus en Xenocrates, de welcke alle beyde Boecken van de Schilder-const hebben gheschreven, die gheven van deser saken wegen Parasio den lof, hem prijsende boven alle constighe Schildes, en belijden, hem daer in heel volmaeckt te zijn gheweest. Plinius seght noch, datmen in zijnen tijdt verscheyden teyckeningen vondt, ghedaen van zijnder handt op Tafeletkens en Pergamenten, daer de Schilders hun gemeenlijck nae behielpen: doch meynt hy, dat hy nae t’groot begrijp des verstants dat in hem was, in het binnenwerck van een Menschelijck lichaem niet uytnemende genoech en was.

 

Céspedes, Pablo de, Discurso de la comparacion de la antigua y moderna pintura y escultura, donde se trata de la excelencia de las obras de los antiguos, y si se aventajaba á la de los modernos, dirigido a Pedro de Valencia y escrito á instancias suyas año de 1604 (redac: 1604), p. 285 (espagnol)

Entiendo yo que quando se va contornando un brazo, una pierna, ú otro qualquier miembro, que siguiendo el contorno de un muslo, el qual tuerce á la parte de dentro, recibe aquel perfil el del músculo que se sigue; de manera que el que lo mira, comprehende para donde camina el dicho músculo, y casi ve lo que no se puede ver. Estas partes tuviéron los pintores próximamente nombrados, qual florecia mas en una parte, y qual en otra, y Miguel Angel en todas.

 

Marino, Giovanni Battista, Dicerie sacre(publi: 1614), « La pittura, parte prima » (numéro Diceria I) , fol. 9r (espagnol)

Parrasio insegnò a dipignere con simmetria, espresse la venustà del viso, l’eleganza de’capelli, et al giudicio di tutti gli artefici di quel secolo conseguì la palma nel finimento delle linee estreme.

 

Fludd, Robert, De naturae simia, seu technica macrocosmi historia, II, V, « De arte pictoria, in tres libros divisa »(publi: 1618), « De arte pictoria », 1524, Liber I, « De Theorica artis pictoriæ parte », cap. II, « De picturæ speciebus » (numéro II, V) , p. 330 (latin)

In his autem lineamentis res omnes ad vivum explicantur duobus modis, videlicet, aut umbrarum, aut lucis effigiatione, et præcipue corporum altitudines : in qua quidem pingendi specie palmam inter veteres obtinuit Parrhasius ; quippe qui lineamentis albis ac nigris faciendis, et præsertim in capillorum crisporum descriptionibus omnes suos coætaneos superavit.

 

Carducho, Vicente, Diálogos de la pintura, su defensa, origen, essencia, definicion, modos y diferencias(publi: 1633), “Dialogo quarto de la pintura teorica, de la practica, y simple imitacion de lo natural, y de la simpatia que tiene con la poesia”, fol. 55r -56r (espagnol)

Marque-page :
  • [1] Plinio. Los mas dificultoso y estimable en la pintura son los perfiles y dintornos.

[1] Y à Parrasio dieron el lauro de señalarse en las mas perfecta parte de las que tiene el arte, que son los buenos perfiles, que es lo mismo que saber el buen dibujo docta y cientificamente; porque en los cuerpos, particularmente en los humanos, es la mas importante y delicada, y de mayor estimacion: no digo que hazer los medios, y lo de adentro dellos no sera de gran dificultad y excelencia, mas muchos lo han conseguido, ò suplido con un buen amassimento de colores, con gallardia y facilidad; pero circunscribir ò delinearle de tal suerte, que lo encierre y junte todo con tal providencia y arte, que no solo nos enseñe lo que circunscribio, mas nos prometa y signifique està escondido, y vemos contiguo a lo quel muestra formado, esto lo han alcançado mui pocos.

 

Junius, Franciscus, The Painting of the Ancient(publi: 1638) (III, 3, 10), p. 281-283 (anglais)

Note marginale :
  • [1] Lib. XXXV cap. 10.
  • [2] In Satyrico.
  • [3] In Aristotelis praedicam

Besides this same Harmoge, which draweth different colours into one by an orderly and pleasant confusion, it is furthermore requisite that an artist should take speciall care about the extreme or uttermost lines; seeing it was ever held one of the greatest excellencies in these arts that the unrestrained extremities of the figures resembled in the worke should be drawn so lightly and so sweetly as to represent unto us things we doe no see: neither can it be otherwise but our eye will alwayes beleeve that behind the figure there is something more to be seene then it seeth, when the lineaments that doe circumscribe, compasse, or include the images are so thinne and fine as to vanish by little and little, and to conveigh themselves quite away out of our sight. All masters doe confesse, sayth Plinie [1], that Parrhasius his chiefe glory was in the uttermost lines, and that indeed is the highest subtiltie in picture: for although it require great skill to paint the bodie and middlemost parts of figures, yet are there many that got credit by it. To make the extremities of bodies and handsomly to shut up the measure of an ending picture, is seldome found in the greatest successe of art; seeing the extremitie ought to compasse her selfe about, ending with a promise of other things behinde, sand setting forth also what shee concealeth. Parrhasius for all that being, compared with himself seemeth to come short in the expression of the middlemost bodies. The following words of Petronius urge the same, I came to a gallery, sayth he [2], much to bewondered at for severall sorts of pictures. I saw Zeuxis his hand, which as yet had escaped the injury of age; as for Apelles his picture, which was known among the Grecians by the name Monocnemos, I did not sticke to adore it: for the extremities of the images were with such a wonderfull subtiltie cut off after the similitude, that you could not but thinke it to be a picture of the spirits and soules it selfe. Seeing that Petronius and Plinie doe urge such a singular subtiltie in the uttermost lines of an exact and absolute picture, wee may very well suspect that they did anciently in these extremities of images require certaine lines approching neere to the subtiltie of the imaginarie geometricall lines; which are nothing else but a length without breadth. That it is not an idle fancy of our brain, sayth Ammonius [3], that there should be a longitude without latitude, but that such a thing is in Nature, the partings betweene enlightened and shadowed places doe manifestly shew: for when it chanceth that the sunne casting his beames upon a wall enlighteneth but some part of the same, the partition betweene the enlightened and shadowed place must needs be a longitude without latitude: for if it hath any latitude, it must needs be either enlightened or else shadowed with the rest; seeing nothing can be conceived betweene these two: and if it be enlightened, it is to be put to the enlightened part: if on the contrary it be shadowed, it is to be added to the shadowed part: but now there is a line manifestly to be seene in the middest, which by her length doth onely distinguish the enlightened part from the shadowed: and if these parts are distinguished one from another, there must of necessitie be something besides them that distinguisheth, which as it shall not be enlightened nor shadowed, so shall it consequently be without any breadth. Whosoever therefore doth but slenderly understand how much a neat and delicate picture abhorreth all maner of grosse and course lines, the same shall easily be perswaded to conceive well of those extreame lines that come something neere the geometricall: neither shall he be very much deceived who guesseth that this was the maine reason why the ancients studied with such an industrious care to draw all manner of lines in colours with a light and easie hand. We shewed above, lib. II, cap. XI, §1, that this was Apelles his daily practice, and that afterwards it grew to be the highest point wherein Apelles and Protogenes made triall of their art.

 

Jonson, Ben, Timber or Discoveries made upon Men and Matter(publi: 1641), "De progres[sione] picturae", p. 50 (anglais)

Picture took her feigning from poetry; from geometry her rule, compass, lines, proportion, and the whole symmetry. Parrhasius was the first won reputation by adding symmetry to picture; he added subtlety to the countenance, elegancy to the hair, love-lines to the face, and by the public voice of all artificers, deserved honour in the outer lines. 

 

Vossius, Gerardus Joannes, De quatuor artibus popularibus, de philologia et scientiis mathematicis, cui operi subjungitur chronologia mathematicorum, libri tres, cap. V, De Graphice(publi: 1650), "De Graphice" (numéro cap. V, §43) , p. 81 (latin)

Atque ejus rei etiam meminit Quinctilianus lib. XII cap. X : subdit vero, plurimum arti addidisse : nempe quia examinaris subtilius lineas. Siquidem ita circumscripsit omnia, ut eum legumlatorem uocent ; quia Deorum, atque heroum effigies, quales ab eo sunt traditae, caeteri, tanquam ita necesse sit, sequantur.

 

[Félibien, André], De l’origine de la peinture et des plus excellens peintres de l’Antiquité(publi: 1660), p. 30 (fran)

Ce Parrhasius dont je viens de parler augmenta beaucoup cet Art. Il fut le premier qui observa la symetrie, et qui fit paroistre de la vie, du mouvement, et de l’action dans ses figures ; il trouva le moyen de bien representer les cheveux, et Pline remarque qu’il estoit celuy de tous les peintres de son temps qui avoit le mieux sceu arrondir les corps, et fait fuïr les extremitez pour faire paroistre le relief.

 

Félibien, André, Entretiens sur la vie et les ouvrages des plus excellens peintres anciens et modernes, vol. 1(publi: 1666) (Premier Entretien), p. 68 (fran)

Ce Parrhasius dont je viens de parler augmenta beaucoup cet Art. Il fut le premier qui observa la symetrie, et qui fit paroistre de la vie, du mouvement, et de l’action dans ses figures ; il trouva le moyen de bien representer les cheveux : et Pline remarque qu’il estoit celuy de tous les peintres de son temps qui avoit le mieux sceu arrondir les corps, et fait fuïr les extremitez pour faire paroistre le relief.

 

Dati, Carlo Roberto, Vite de' pittori antichi(publi: 1667), p. 47-48 (italien)

Note marginale :
  • [1] IX.
  • [2] X.
  • [3] XI.

Egli fù il primo, che ritrovò nella pittura le vere proporzioni, la galanteria del sembiante, la vaghezza del capello, la venustà della bocca, avendo per confessione de’ professori ne’ dintorni riportato la palma [1]. Questa nella pittura è la finezza maggiore. Imperciocchè il dipignere i corpi, e i mezzi delle cose è senza fallo operazione laboriosa, ma però tale che in essa molti ne ottenner lode: il fare l’estremità de’ corpi, e porre i termini alla pittura, ov’ell’ha da finire, e cosa che nell’arte è riuscita bene a pochissimi. [2] Conciossiacosachè il dintorno dee circondar sè stesso, e terminare in maniera, che quasi prometta altre cose oltre a se, e in un certo modo mostri eziandio quel ch’egli occulta: Questa gloria a lui concedettero Antigono, e Zenocrate, i quali scrissero della pittura, ne solamente l’attestarono, ma ne fecero encomi: [3] Molt’altri vestigi del suo disegno rimasero nelle tavole, e nelle carte, mediante i quali gli artefici molto s’approfittarono. Tuttavia, benchè insigne in ogni operazione, rassembrò egli di gran lunga inferiore, in paragon di se stesso nell’esprimere i mezzi delle figure.

 

Dati, Carlo Roberto, Vite de' pittori antichi(publi: 1667), « Postille alla vita di Parrasio », p. 67-69 (italien)

IX. Questa nella pittura è la finezza maggiore. Plin. 35. 10. Haec est in pictura summa subtilitas. Benchè alcuni MSS. abbiano sublimitas, ho mantenuto subtilitas, la quale ho volgarizzata finezza, che queste due voci appunto si corrispondono tanto nel senso proprio, che nel metaforico. Petronio. Tanta enim subtilitate extremitates imaginum ad similitudinem erant praecisae. Quintiliano l. 12. 10 parlando anch’egli di Parrasio. Secundus examinasse subtilius lineas traditur. Io non dubito punto, che tutti trè questi scrittori parlino de’ dintorni, il fare i quali tondeggianti, e sfumati sempre nella pittura è stata lode grandissima. Di questi a suo tempo, e luogo nel Trattato della Pitt. Ant. bastandomi per ora aver illustrato il luogo di Plinio, al quale adattar vorrebbe il Dalecampio quel detto di Policleto riferito da Plutarco l. 2. ques. 3 del Simpos. a 536., e ponderato da Adriano Giugni l. 4. c. 18. Animadv. Che allora riesce l’opera difficilissima, quando s’arriva a levar per appunto. Ma questo non torna bene, perche Plinio discorre delle estreme linee, che così chiama i dintorni, e Policleto intendeva del dar l’ultima mano e il pulimento alle figure, o di terra, o di stucco. Il che forse meglio s’accoppierebbe con quel che usava dir Prassitele presso a Plinio l. 35. 11. Hic est Nicias de quo dicebat Praxiteles interrogatus, quae maximè opera sua probaret in marmoribus, quibus Nicias manum admouisset: tantum circumlitioni eius tribuebat. Dove circumlitio, a mio credere, vale una certa lisciatura e ultimo rinettamento, che ragguagli e tolga via ogni scabrosità del lavoro; parendomi assai diversamente usata da Seneca nella Pistol. 86 per incrostatura di pietre commesse. Nisi illis undique operosa, et in picturae modum uariata circumlitio praetexitur.

X. Conciossiacosachè il dintorno dee circondar sé stesso ec. Plin. 35. 10. Ambire enim debet se extremitas ipsa, et sic desinere, ut promittat alia post se: ostendatque etiam quae occultat. Una simil cosa più a basso trattando di Apelle: Eiusdem arbitrantur manu esse, et in Antoniae templo Herculem auersum, ut (quod est difficillimum) faciem eius ostendat uerius pictura, quam promittat.

XI. Molt’altri vestigii del suo disegno rimasero nelle tavole e nelle carte, ec. Plin. 35. 10. Alia multa graphidis uestigia extant in tabulis, ac membranis eius, ex quibus proficere dicuntur artifices. Da questo luogo par che si cavi, che gli antichi disegnassero in carta; ma di ciò più esattamente nel Trattato della Pitt. Ant. dove si parlerà del disegno e del modo di disegnare. L’ultime parole mi fanno ricordare de’famosi cartoni di Michelagnolo, i quali furono per un pezzo la scuola e’l cimento di chiunque desiderava di far passata nell’arte.

 

Pline (Gaius Plinius Secundus); Gronovius, Johann Friedrich (Johannes Federicus), C. Plinii Secundi Naturalis historiae, Tomus Primus- Tertius. Cum Commentariis & adnotationibus Hermolai Barbari, Pintiani, Rhenani, Gelenii, Dalechampii, Scaligeri. Salmasii, Is. Vossii, & Variorum. Accedunt praeterea variae Lectiones ex MSS. compluribus ad oram Paginarum accurate indicatae(publi: 1669) (vol. 3), p. 576 (latin)

Confessione artificum in liniis extremis palmam adeptus. Haec est picturae summa subtilitas. Corpora enim pingere et media rerum est quidem magni operis : sed in quo multi gloriam tulerint. [1]Extrema corporum facere, et desinentis picturae modum includere rarum in successu artis inuenitur. Ambire enim se ipsa debet extremitas et sic desinere, ut promittat alia post se : ostendatque etiam quae occultat. Hanc ei gloriam concessere Antigonus et Xenocrates, qui de pictura scripsere : praedicantes quoque, non solum confitentes. Alia multa graphidis vestigia exstant in tabulis ac membranis eius, ex quibus proficere dicuntur artifices. Minor tamen videtur sibi comparatus in mediis corporibus exprimendis.

Note de bas de page de l'auteur :
  • [1] Extrema corporum facere.] Polycletus eleganter et argute dicere solebat, molestissimum opus esse cum ad ungues peruenisset, nempe maximam difficultatem obiici cum summa operi imponenda est, ut ad unguem quod factum est perpoliatur, ne quid hiet, asperiusue protuberet ac emineat. Ars enim cum ab informi rudimento et atypoto incipiat, particulatim formam addit, perfectoque et absoluto opere manum addit, sed labore maximo, quamobrem χαλεπώζατόν ἐστιν ἔργον ὅταν ἐν ὄνυχι πηλὸς γενήται. Hadr. Jun. cap. 18 lib. 4. Idem.
 

Scheffer, Johannes, Graphice, id est, de arte pingendi liber singularis, cum indice necessario(publi: 1669), "Qui ergo bene pingunt, pictores et pictoriæ periti appellantur. Quæ pictoria nil aliud, quam ars, similitudinem cujusque rei lineis in plano coloratis exprimendi, sicut in eodem vestigio stantis oculo comprehendi potest" (numéro §2) , p. 7-8 (latin)

Habes lineas membrorum ex uno colore. Idem testis est de pluribus. Huc enim pertinet, quod habet lib. XII. c. 10 : Zeuxes luminum umbrarumque invenisse rationem, Parrhasius examinasse subtilius lineas traditur. Pinxit Parrhasius non uno, verum pluribus coloribus. Itaque examen linearum hic de lineis multipliciter coloratis est accipiendum. Ex eadem causa primæ lineæ in picturis appellantur, quibus imago superficialiter describitur, et institutum pictoris proponitur.

 

Scheffer, Johannes, Graphice, id est, de arte pingendi liber singularis, cum indice necessario(publi: 1669), "Secundum est Delineatio, quam voco rerum pingendarum justam conformationem, lineis ratione legitima comprehensam" (numéro §30) , p. 110-111 (latin)

Quare postulamus ante omnia in pictura, justam rerum omnium, omnium partium in ea descriptionem vel delineationem. Circumscriptionem appellare Leo Baptista de Pict. II. maluit, quoniam consistit in extrema quasi definitione ac determinatione rerum pingendarum, vel ut ipse loqui amat, innotatione fimbriarum, aut conscriptione ambitus fimbriarum in picturis per lineas. Vbi simul docet, apud veteres Parrhasium pictorem istac parte maxime valuisse. Atque valuit is profecto, verum uno tantum ejus requisitio, scilicet quod ita lineis cuncta definiverit, ut non resecare, sed promittere illa etiam, quæ a tergo essent, videretur. Plinius de eo eleganter, loquens simul de Parrhasio lib. XXXV. c. 10 : Extrema corporum facere, et desinentis picturæ modum includere, rarum in successu artis invenitur. Ambire non debet se extremitas ipsa, et sic desinere, ut promittat alia post se, ostendatque etiam quæ occultat. Hanc Parrhasio gloriam concessere Antigonus et Xenocrates, qui de pictura scripserunt. Atque sit hoc quidem lineis extremis tenuissime ductis, uti vult Leo Baptista dicto loco. Sed inventum melius nostrorum temporum, ne ductis quidem istis lineis ab ea parte, quæ objecta lumini, sed definitis fundo, etiam in picturis linearibus, cujus exempla prodere hoc seculo Calottus inter primo, et mox L. Bella cœpere. Vere.

 

Vavasseur, François, Remarques sur les Nouvelles réflexions touchant la Poëtique(publi: 1675), p. 35-37 (fran)

Il y a une maniere de finir un ouvrage qui consiste à retrancher ce qui mesme ne devroit pas sembler superflu ; à s’arrester tout court, comme au milieu de son travail, le dessein neanmoins estant achevé, à laisser penser aux autres ce qu’il faut, et ne pas exprimer tout ce qu’on pense. C’est ainsi que Parrhasius finissoit ses tableaux, en faisant toujours attendre quelque chose au-delà de ce qu’il executoit ; et la grande loüange que donnoient ceux de sa profession à sa peinture, estoit que les derniers lineaments de ses tableaux, et les figures des corps, qui en effet n’estoient pas achevez, donnoient plus à penser qu’elles ne representoient d’elles-mêmes, Confessione artificum, dit Pline, in lineis extremis palmam adeptus. Ambire enim debet se extremitas ipsa, et sic desinere, ut promittat alia post se, ostendatque etiam quæ occultat. Je vous demande maintenant, Monsieur, n’est-ce pas là ce que vous appelez sçavoir finir ? Et n’est-ce pas le grand talent, dont vous parlez, qui n’est que des grands hommes, et des génies extraordinaires ?

 

Hoogstraten, Samuel van, Inleyding tot de hooge schoole der schilderkonst(publi: 1678), "Van de Teykenkonst" (numéro I, 5) , p. 28-29 (n)

Note marginale :
  • [1] Omtrek
  • [2] ’t Belang der goede omtrekken

Als gy nu uwe
Teykeningen opmaekt, die door de netter schetsingen alreets een gedaente hebben,
zoo zie toe, dat gy niet wederom buyten spoor geraekt, geeft de buitekanten haer
eygene zwiertjes, niet met een omtrek, die als een zwarten draet daer om loopt,
maer wijs met een luchte hand stuk voor stuk aen. De deelen, die voorkomen, vertoonen haer geheel, andere schuilen deelsgewijs achter de [1] voorste. Maer neem
waer, dat gy niet te veel kleynicheyts en inhammen aenwijst; op dat de groote deelen haer schoonheyt behouden’t En is ook niet altijts van nooden de buytekant
door een omtrek aen te wijzen; want somtijts kunnen ook eenige duwkens, wijt van elkander, dezelve veel grootser uitbeelden. Parrasius was, na’t getuigenis der
geheele oudtheyt, alderbest in zijn omtrekken, en zy hielden dit voor d’opperste volmaektheyt, daer een Konstenaer toe geraeken kan. En hoewel het geen kleyne zaek en is, de lichaemen haere binnewerken behoorlijk aen te wijzen, zoo [2] meenden zy, dat’er
veele hierinne tot den hoogsten trap waeren geklommen: maer d'uiterste bepaelingen der dingen in een gewisse teykening te besluiten, hielden zy voor wat ongemeens, en achten’t alleen een werk van een zeer gelukkige handt. Want
den uitersten omtrek moet zich zelven zoo keurichlijk omvangen, en zoo geestich
in een aerdich omrondsel eyndigen, dat zy niet alleen schijnt te beklappen wat daer
achter schuilt, maer met eenen ook te vertoonen wat daer binnen verborgen leyt.
Schoon nu Parrasius in zijn binnewerk berispt wiert, zoo heeft hy een onsterflijke
eer door zijne goede omtrekken verkregen. Zoo getuigt ook Petronius Arbiter, dat
hy, ziende de Schilderye van Apelles, die Monochmenos genoemt wiert, zoo ontroert
wiert, dat hyze boven al’t geene menschelijk was most eeren, om dat de buitenste
omtrekken der figueren zoo zuiverlijk na de waere gedaentens der lichaemen
eyndigden, dat men naulijx machtich was, anders te gelooven, of men zach de
levende Schilderye der geesten en zielen zelve. Zoo groot is’t belang van bevallijke
en welgeplaetste omtrekken t’allen tijde geacht geweest.

 1 sous-texte

Hoogstraten, Samuel van, Inleyding tot de hooge schoole der schilderkonst, « De l’art de dessin » (numéro livre I, chapitre 5) , p. 112 (fran)(traduction récente d'un autre auteur)

Une fois que vous aurez achevé vos dessins, auxquels vous aurez déjà donné une certaine forme par des esquisses plus finies, vous veillerez également à ne pas ressortir du chemin. Vous tâcherez de donner aux dehors leurs propres petits mouvements, non pas avec un contour courant autour, comme un linéament noir, mais en indiquant chaque élément après l’autre, d’une main légère. Les parties qui avancent doivent se montrer entièrement. D’autres doivent s’abriter partiellement derrière celles qui sont les plus en avant. Prenez garde toutefois à ne point trop indiquer les détails et les renfoncements afin de préserver la beauté des grandes parties. Et il n’est pas non plus toujours nécessaire d’indiquer le dehors par un contour. Quelques petites touches éloignées les unes des autres peuvent parfois suffire à les représenter avec beaucoup plus de grandeur. Selon le témoignage de toute l’Antiquité, Parrhasius était le meilleur en contours, les anciens considérant qu’il s’agissait de la plus haute perfection qu’un artiste pût atteindre. Bien qu’il ne soit pas inutile d’indiquer comme il le faut les parties internes des corps, ils supposaient en effet que beaucoup y avaient excellé, alors que nombre d’entre eux pensaient qu’il était quelque peu rare qu’un artiste sût enfermer les déterminations extérieures des choses à l’aide d’un dessin sûr, et ils estimaient que cela ne pouvait être que l’œuvre d’une main très heureuse, car ce contour extérieur doit s’enrouler si irréprochablement et s’achever si finement en un charmant arrondi qu’il doit sembler non seulement abriter ce qui se trouve derrière lui mais montrer aussi dans le même temps ce qui s’y cache. Bien que Parrhasius ait été critiqué pour les parties internes de ses figures, il a bénéficié d’immortels honneurs pour ses bons contours. Pétrone témoigne ainsi avoir vu la peinture d’Apelle appelée Monochmenos et avoir été si ému qu’il dut honorer cette œuvre comme quelque chose de surhumain, parce que les contours extérieurs des figures se finissaient si purement et en suivant si bien les vraies formes des corps qu’il était presque impossible de ne pas croire que l’on voyait là la vivante peinture des esprits et des âmes mêmes. Les contours plaisants et bien placés ont eu une telle importance qu’ils ont été estimés de tous temps.

 

Félibien, André, Entretiens sur la vie et les ouvrages des plus excellens peintres anciens et modernes, vol. 3(publi: 1679) (Cinquième Entretien), p. 19 (fran)

Note marginale :
  • [1] Lib. 35 c. 10

Quoy que ce soit une chose tres-estimable de bien unir ensemble les couleurs pour joindre des corps de differentes especes, ce n’est rien en comparaison de savoir peindre les contours et les extremitez de tous les corps en general et faire qu’ils se perdent, par une fuite et un détour insensible, qui trompe la veuë de telle sorte, qu’on ne laisse pas d’y comprendre ce qui ne se voit point. Parrhasius fut celuy des peintres anciens qui posseda parfaitement cette science. Pline, qui en fait la remarque[1], considere cette partie comme la plus difficile et la plus importante de la peinture, parce que, dit-il, qu’encore qu’il soit toûjours avantageux de bien peindre le milieu des corps, c’est pourtant une chose, où plusieurs ont acquis de la gloire ; mais d’en bien tracer les contours ; les faire fuir, et par le moyen de ces affoiblissemens, faire en sorte qu’il semble qu’on aille voir d’une figure ce qui en est caché ; c’est en quoy consiste la perfection de l’art, et ce qui ne s’apprend pas sans beaucoup de peine. C’est aussi ce qui donne du relief aux corps, et qui dépend non seulement de l’affoiblissement des couleurs, mais encore de celuy des lumieres et des ombres. Les Anciens avoient raison de priser cette partie, parce qu’il faut beaucoup de connoissance pour la posseder.

 

Pline l’Ancien; Hardouin, Jean, Caii Plinii Secundi Naturalis historiae libri XXXVII. Interpretatione et notis illustravit Joannes Harduinus,... in usum Serenissimi Delphini(publi: 1685) (t. V), p. 202 (latin)

Confessione artificum in liniis extremis palmam adeptus. Haec est pictura[1] summa sublimitas. Corpora enim pingere et media rerum, est quidem magni operis, sed in quo multi gloriam tulerint.[2] Extrema corporum facere, et desinentis picturae modum includere rarum in successu artis invenitur. Ambire enim debet se extremitas ipsa et sic desinere, ut promittat alia post se : ostendatque etiam quae occultat. Hanc ei gloriam concessere Antigonus, et Xenocrates, qui de pictura scripsere : praedicantes quoque, non solum confitentes.[3] Alia multa graphidis vestigia exstant in tabulis ac membranis ejus, ex quibus proficere dicuntur artifices.[4] Minor tamen videtur sibi comparatus in mediis corporibus exprimendis.

Note de bas de page de l'auteur :
  • [1] [1] Summa sublimitas. Ita Reg. 2. Colb. 3. ceterique : Libri editi, subtilitas. Et Quintilianus, lib. 12. cap. 10. pag. 893. existimasse subtilius lineas Parrhasium tradit : tamen, praeter MSS. fidem, quod sequatur proxime, est quidem magni operis : et rarum in successu, artis, magis arridet sublimitas.
  • [2] Extrema corporum. Summa commendatio picturae est, ut corpora in tabula extremis lineis tanta subtilitate praecidat, ut cum desinere ibi corpus ipsum certum sit, visum tamen omnino fallat, et ambire se extremitas ipsa videatur, aliaque post se promittere : Hoc est, ut revera id corpus emineat, et quod in superficie planum est, foris exstare videatur. Galli vocant, une peinture bien arrondie. Luy donner du relief, et faire que tout soit arrondi. Intelligunt pariter ii lineas illas extremas extimasque, quibus depicta corpora includuntur.
  • [3] Alia multa graphidis.  Γραφίς est pictura linearis, ut jam diximus. Haec graphidis exemplaria, des desseins, des crayons, vulgus vocat : eadem delineare, desseigner.
  • [4] Minor tamen. Graciliores fecisse medias corporum partes videtur, si cum universo corpore conferrentur : ut contra Zeuxis in capitibus, quemadmodum dictum est, num. 2. grandior deprehensus.
 

Junius, Franciscus, De pictura veterum(publi: 1694) (III, 3, 10), p. 174-175 (latin)

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  • [1] Extremarum linearum subtilitas praecipuam requirit curam

[1] Praeter hanc Harmogen, cujus virtute diversissimi colores sensim sine sensu miscentur, extremis quoque lineis artifex non levem impendet curam : præsertim cum artis hujus consummatio requirat interminatos corporum terminos tam leviter leniterque ductos, ut intelligatur ex iis etiam quod non cernitur, putetque oculus videre se quod non videt, extremis imaginum lineis paulatim se nostris oculis fallaci fuga teneriter subducentibus, evanescentibus, et quasi in fumum abeuntibus. Δεῖ τὰν σκιὰν καὶ τὰν γραμμὰν παρεμφαίνεσθαι ἐπί τῆς γραφῆς· τὸ γὰρ ἔμψυχον, καὶ τὸ ἁπαλὸν, καὶ τὸ μεμιμένον τὴν ἀλήθειαν, σὺν τῇ χρηστότητι τῶν χρωμάτων, μάλιστα γίνεται διὰ τούτων : Oportet in pictura umbram et linam simul ostendi. Ipsum enim spirans, et tenerum, et quod exprimit rem ipsam, adjutum bonitate colorum, potissimum per illa effingitur, Theagis Pythagoricus apud Stobæum, Serm. primo. Parrhasius confessione artificum in lineis extremis palmam adeptus. Hæc est in pictura summa subtilitas. Corpora enim pingere et media rerum, est quidem magni operis ; sed in quo multi gloriam tulerint. Extrema corporum facere, et desinentis picturæ modum includere, rarum in successu artis invenitur. Ambire enim debet se extremitas ipsa, et sic desinere, ut promittat alia post se, ostendatque etiam quæ occultat. Plin. XXXV, 10. Arbiter Satyrico ; In pinacothecam perveni, inquit, vario genere tabularum mirabilem. Nam et Zeuxidos manus vidi, nondum vetustatis injuria victas ; et Apellis, quem Græci monocnemon vocant, etiam adoravi. Tanta enim subtilitate extremitates imaginum erant ad similitiudinem præcisæ, ut crederes etiam animorum esse picturam. Vides quantam hic extremarum linearum subtilitatem Petronius arbiter ac Plinius in exactiore pictura requirant. Vnde etiam suspicari libet, eos in extremitatibus imaginum postulasse lineas haud absimiles imaginariis istis lineis, quas geometricas vocant.

 

Palomino, Antonio, El museo pictórico y escala óptica(publi: 1715:1724), “Del origen de la pintura y sus primeros inventores”, §5 (numéro Tomo I, Teórica della pintura, I, 2) , vol. 1, p. 101 (espagnol)

Luego se aventajaron Zeusis, y Parrasio, empeñándose cada uno en diferentes primores del arte. El primero, halló las luces con observancia : el segundo, examinó los contornos con diligencia.

 

Patrizi, Francesco (da Siena), Lecture d’un chapitre à la louange de la peinture de L’institution de la République de Patrizi, le 3 septembre 1718 à l’Académie royale de peinture et de sculpture(redac: 1718/09/03), p. 157-158 (fran)

Car on dit que Zeuxis inventa le jour et l’ombre en la peinture et que Parrhasios examinait de plus près et plus subtilement les traits et lignes en la peinture, observant exactement les symétries.

 

Durand, David, Histoire de la peinture ancienne, extraite de l’Histoire naturelle de Pline, liv. XXXV, avec le texte latin, corrigé sur les mss. de Vossius et sur la Ie ed. de Venise, et éclairci par des remarques nouvelles(publi: 1725), p. 55 (fran)

C’est à lui que nous devons […], du consentement des grands maîtres, le finissement et l’arrondissement des figures ; en quoi il a surpassé tous ses prédécesseurs, et égalé tous ceux qui l’ont suivi : et c’est là, en effet, une des grandes finesses de l’art. Car de dessiner correctement les corps et le milieu des choses, c’est un point très considérable sans doute, et où quantité d’artistes ont acquis de la réputation : mais de savoir dégager les figures du fond où elles sont placées, et représenter au naturel l’effet d’une figure qui finit de tous côtez, il est rare d’y réussir, et il y en a peu qui y parviennent : parce que l’éxtrémité universelle de la figure doit comme s’arrondir et s’enveloper de toutes parts, et finir de telle manière qu’elle en promette d’autres derrière elle, en indiquant, pour ainsi dire, les mêmes objets qu’elle éclipse. Or c’est là une sorte de gloire, qu’Antigone et Xénocrate, qui ont écrit de la peinture, lui ont accordée en propre, au moins pour le siècle d’alors ; et cela, non par une espèce d’aveu, éxtorqué par l’évidence du fait, mais par des louanges ingénuës et volontaires, et sur cet article et sur d’autres que nous avons touchez, comme les proportions, l’élégance, les attitudes et la vivacité des éxpressions.

Notes au texte latin, p. 246 :

(D) In lineis estremis palmam adeptus. Extremae linae peuvent signifier 2 choses dans la peinture : ou les derniers coups de pinceau, qui finissent un ouvrage ; ou la circonscription des figures mêmes, qui demande beaucoup d’art et de délicatesse, lorsqu’il faut leur donner cette rondeur et ce relief qui les détache, pour ainsi dire, du fond du tableau. Il paroit par la suite que c’est la pensée de notre auteur : Haec est picturae summa sublimitas : corpora enim pingere et media rerum est quidem magni operis, sed in quo multi gloriam tulerint. Extrema corporum facere et desinentis picturae modum includere, rarum in successu artis inuenitur. Ambire enim debet se extremitas ipsa et sic desinere, ut promittat alia post se, ostendatque etiam quae occultat.

(E) Haec est picturae summa sublimitas. C’est la leçon de la I. Venitienne ; d’un MS. du Dalecamp, et de ceux du P. H. Cependant Carlo Dati préfere subtilitas, et il faut avouër que cette lecture paroit plus naturelle ; car enfin, il ne s’agit pas ici proprement de la sublimité de la peinture ; mais de la délicatesse des traits et des ombres, qui arrondissent une figure ; d’autant plus que Quintilien, qui le louë du même talent, s’éxprime d’une maniere qui favorise la leçon commune : Zeuxis atque Parrhasius non multum aetate distantes… plurimum arti advenisse rationem, secundus examinasse subtilius lineas traditur. Petrone, avant lui, avoit parlé à peu près de même : Nam et Zeuxidos manus vidi nondum uetustatis iniuria uictas ; et Protogenis rudimenta (d’autres lisent lineamenta) cum ipsa ueritate certantia, non sine quodam horrore tractaui… Tanta enim subtilitate extremitates imaginum erant ad similitudinem praecisae, ut crederes etiam animorum esse picturam, et notre Pline au sujet d’Apelle : Ferunt artificem protinus, contemplatum subtilitatem, dixisse, Apellem venisse. Quoique ces passages paroissoient décisifs, je ne saurois pourtant me résoudre à renoncer à une lecture, qui a pour elle tant de suffrages : sans compter que sublimitas se doit prendre aux divers degrez du dessein, dont il s’agit. Pline le marque positivement, in lineis extremis palmam adeptus. À quoi il ajoute : Haec est in pictura summa sublimitas : vous voyez qu’il ne s’agit pas là des beautez de l’expression, ni de l’ordonnance ; mais uniquement de l’art de peindre et de bien faire une figure : or à cet égard, il est bien plus difficile de donner un beau relief aux personnages d’un tableau, et de faire paroître les choses comme dans la nature même, que d’en tracer simplement les proportions. Ce n’est pas que cet article n’ait ses difficultez ; Est quidem magni operis : mais enfin plusieurs y ont réussi, sed in quo multi gloriam tulerint. À l’égard du reste, peu d’artisans y ont excellé : rarum in successu artis invenitur. Écoutons Félibien : « Quoique ce soit une chose très estimable de bien unir ensemble les couleurs pour joindre des corps de différentes espèces, ce n’est rien en comparaison de savoir peindre les contours et les éxtrémités de tous les corps en general et faire qu’ils se perdent, par une fuite et un détour insensible, qui trompe la vuë de telle sorte, qu’on ne laisse pas d’y comprendre ce qui ne se voit point. Parrhasius fut celui des peintres anciens qui posséda parfaitement cette science. Pline, qui en fait la remarque, considere cette partie comme la plus difficile et la plus importante de la peinture, parce que, dit-il, qu’encore qu’il soit toûjours avantageux de bien peindre le milieu des corps, c’est pourtant une chose, où plusieurs ont acquis de la gloire ; mais d’en tracer les contours, les faire fuir, et par le moyen de ces affoiblissements, faire en sorte qu’il semble qu’on aille voir d’une figure ce qui en est caché ; c’est en quoi consiste la perfection de l’art, et ce qui ne s’apprend pas sans beaucoup de peine. » Entret. sur les Vies des peintres, tom. 3 p. 14. Ed. de Holl.

 

Rollin, Charles, Histoire ancienne, tome XI, livre XXIII(publi: 1730:1738), « De la peinture » (numéro livre XXIII, ch. 5) , p. 157 (fran)

Et enfin, du consentement des plus grands maîtres, le finissement et l’arrondissement des figures, en quoi il a surpassé tous les prédécesseurs, et égalé tous ceux qui l’ont suivi. Pline considére cette partie comme la plus difficile et la plus importante de la peinture. Car, dit-il, encore qu’il soit toujours avantageux de bien peindre le milieu des corps, c’est pourtant une chose où plusieurs ont réussi. Mais d’en[1] tracer les contours, les faire fuir, par le moien de ces affoiblissemens, faire ensorte qu’il semble qu’on aille voir d’une figure ce qui en est caché, c’est en quoi consiste la perfection de l’art.

Note de bas de page de l'auteur :
  • [1] Ambire enim debet se extremitas ipsa, et sic desinere, ut promittat alia post se, ostendatque etiam quæ occultat.
 

Turnbull, George, A Treatise on Ancient Painting(publi: 1740), p. 24-25 (anglais)

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  • [1] Parrhasius’ skill in symmetry, in rounding off the extremities, and in painting characters.

[1] He is highly commended for the softness, and elegance of his out-line. Pliny expatiates with delight upon his excelling eminently in rounding off his figures, so as to detach them from the board, and to make them stand out with great strength and relief. This is indeed a very masterly part; and as Pliny says of the ancient painters, so it may be likewise said of the moderns, “Tho’ many have succeeded in painting the middle parts, very few have been able to come up to the throughly illusive way of terminating the extremities, so as to give them a just degree of roundness, and make them fly off, inviting the eye to look behind them, and promising as it were to discover what they hide.”[2] But this wonderful art ought rather to be called the subtility than the sublimity of painting[3], which last belongs more properly to the poetical part of it, consisting in greatness of invention and composition; nobleness of ideas; energy of expression, and a grand taste joined with beauty and grace.

Note de bas de page de l'auteur :
  • [2] [1] Primus (Parrhasius) symmetriam picturae dedit : primus argutias uultus, elegantiam capilli, uenustatem oris ; confessione artificum, in lineis extremis palmam adeptus. Haec est picturae summa sublimitas. Corpora enim pingere et media rerum, est quidem magni operis ; sed in quo multi gloriam tulerint : extrema corporum facere et desinentis picturae modum includere rarum in successu artis inuenitur : ambire enim se ipsa debet extremitas et sic desinere, ut promittat alia et post se ; ostendatque etiam quae occultat. Plin. 35. Ludovicus Demontiosus says, Sic malim legere (extrema corporum facere, et desinentis picturae modo illudere rarum in successu artis inuenitur). Nam desinentis picturae modum includere quid sit nescio, sed desinentis picturae modo spectantibus illudere, hoc artis est. Lud. Demont. Comment. de Sculp. et Pict. Antiq.
  • [3] This is called by others subtilitas. Parrhasius examinasse lineas subtilius, traditur. Quint. Inst. lib. 12. c. 10. Tanta enim subtilitate extremitates imaginum erant ad similitudinam praecisae, ut crederes etiam animorum esse picturam. Petron. Arb. Satyr. And Pliny himself afterwards, Ferunt artificem protinus, contemplatum subtilitatem, discisse, etc. The sublime in painting is that which he describes afterwards in the character of Timanthes, and what Varro ascribes to Euphranor.
 

Caylus, Anne-Claude Philippe de Tubières, comte de,  « Éclaircissements sur quelques passages de Pline qui concernent les arts du dessin » (publi: 1753, redac: 1745/06/15) (t. XIX), p. 266 (fran)

Note marginale :
  • [1] p. 35
  • [2] page 55
  • [3] L. XXXV, c. 10

Toutes ces qualités forment assurément un grand peintre ; mais ce qui le rendoit infiniment supérieur à tous les autres artistes, de l’aveu même des maîtres de l’art, ce n’étoit pas, comme le dit le sieur Durand, le finissement et l’arrondissement des parties ; c’étoit le beau coulant et la justesse de ses contours, confessione artificum in lineis extremis palmam adeptus ; et s’il faut en croire Pline, c’est la partie la plus noble du peintre, c’est le sublime de la peinture, haec est in pictura summa sublimitas, et suivant quelques imprimés subtilitas. Je ne veux point affoiblir, comme le fait le sieur Durand, l’expression de Pline, en disant seulement que c’est là une des grandes finesses de l’art.

Cette réflexion en fait faire une autre à Pline : il remarque que, quoiqu’il faille une grande étendue de savoir pour bien peindre les surfaces des différens objets, corpora et media rerum pingere est magni operis, plusieurs peintres se sont distingués par cette partie ; au lieu qu’il n’y en a qu’un très petit nombre qui aient réussi à dessiner les contours dans cette grande manière, qui fait que l’objet représnté se trouve renfermé dans les justes bornes qui lui appartiennent. Car, ainsi que Pline continue de le faire observer, les contours doivent être tellement coulans, la sécheresse en doit être tellement bannie, qu’en embrassant l’objet de toutes parts, ils laissent imaginer qu’il y a quelque chose au-delà du terme ; ils doivent indiquer les parties qu’on ne voit pas, extrema corporum facere, et desinentis picturae modum includere, rarum in successu artis invenitur ; ambire enim debet se extremitas ipsa, et sic desinere ut promittat alia post se, ostendatque etiam quae occultat : voilà, selon moi, la différence que Pline met entre le dessein et la couleur ; et l’on ne peut guère mieux s’expliquer pour la faire sentir : celle-ci fera bien paroître ressemblans, et donnera du relief aux objets imités, quand même ils ne seroient pas dessinés avec toute la précision possible : mais cette ressemblance sera toûjours imparfaite, si ces mêmes objets ne sont pas dans leur juste forme.

Le Dominiquain, qui étoit assurément un grand peintre, a démontré dans une lettre qui se trouve à la fin de sa vie écrite par le Bellori [1]>, que la forme devoir l’emporter sur la matière : c’est-à-dire, le dessein sur la couleur. Aussi c’est dans la justesse du dessein que consiste l’essence de la peinture : les expressions, les graces, les mouvemens ressortissent du dessein, et dépendent de l’exactitude et de l’élégance des contours. Il en résulte que l’explication qu’a donnée le sieur Durand du passage de Pline, que je viens d’examiner, est tout à fait mauvaise : car voici ce qu’il lui fait dire [2] : de dessiner correctement les corps et le milieu des choses, c’est un point très considérable sans doute, et où quantité d’artistes ont acquis de la réputation ; mais de savoir dégager les figures du fond où elles sont placées et représenter au naturel l’effet d’une figure qui finit de tous côtés, il est rare d’y réussir, et il y en a peu qui y parviennent, parce que l’extrémité universelle de la figure doit comme s’arrondir et s’envelopper de toutes parts, et finir de telle manière qu’elle en promette d’autres derrière elle, en indiquant, pour ainsi dire, les mêmes objets. Quelle éclipse ! Quel langage !

Pour moi je crois reconnoître dans le portrait que Pline nous a laissé de Parrhasius, celui du fameux Corrège. Comme le peintre ancien, le Corrège a excellé dans la beuaté et le moëlleux des contours ; et c’est principalement par là qu’il est parvenu à donner une extrême rondeur à ses figures. L’un et l’autre ont eu en partage les graces, et l’on a remarqué qu’ils avoient un talent particulier pour bien représenter les cheveux : je crois cependant devoir mettre une différence entre Parrhasius et le Corrège ; c’est que ce dernier avoit toutes ses études rangées dans sa tête, et qu’il en faisoit rarement sur le papier ; au lieu que le peintre grec étoit continuellement occupé à tracer des contours, ou sur des planches, ou sur du parchemin, et qu’il avoit grandement à cœur d’être correct : c’étoit le principal objet de ses études. Aussi avoit-il cela de commun avec les plus grands dessinateurs, que l’étude du dessein lui faisoit négliger la pratique de la couleur, et qu’autant qu’il étoit admirable dans ses contours, autant paroissoit-il inférieur à lui-même, quand il s’agissoit de peindre les parties que ces mêmes contours renfermoient. Graphidis vestigia, dit Pline, extant in tabulis ac membranis ejus, ex quibus proficere dicuntur artifices. Minor tamen videtur, sibi comparatus, in mediis corporibus exprimendis. [3]

 

La Nauze, abbé de, Mémoire sur la manière dont Pline a parlé de la peinture(publi: 1759, redac: 1753/03/20) (t. XXV), p. 237 (fran)

La beauté des contours, l’une des plus grandes perfections du dessein, et la plus attrayante pour des yeux connoisseurs, a été rendue par Pline dans les termes suivans. « De l’aveu des maîtres de l’art[1], Parrhasius l’emporte sur tous les autres par la beauté des contours : or c’est ici le sublime de la peinture. Peindre les corps et le milieu de l’étendue des objets, c’est à la vérité un grand ouvrage ; cependant plusieurs s’en sont tirés à leur honneur : mais tracer les contours, et terminer parfaitement bien une peinture, c’est à quoi on a rarement réussi. Car les contours doivent s’arrondir sur eux-mêmes, et en se perdant au tournant des parties, annoncer derrière eux la continuité des objets, et les faire voir, même en les cachant. » À ce style on ne peut méconnoître ni l’auteur de l’Histoire naturelle, ni un homme de savoir et de goût, versé dans les plus profonds mystères de la peinture.

Note de bas de page de l'auteur :
  • [1] confessione artificum in lineis extremis palmam adeptus. Haec est picturae summa sublimitas. Corpora enim pingere et media rerum est quidem magni operis, sed in quo multi gloriam tulerint. Extrema corporum facere, et desinentis picturae modum includere, rarum in successu artis invenitur. Ambire enim se ipsa debet extremitas ipsa, et sic desinere, ut promittat alia et post se, ostendatque etiam quae occultat.
 

Caylus, Anne-Claude Philippe de Tubières, comte de, « De la peinture ancienne » (redac: 1753/11/10), 245-247 (fran)

Il a réduit le premier la peinture en art et a donné des règles sur les proportions. Ses airs de tête étaient piquants et agréables. Il sut ajuster les cheveux avec noblesse et les traiter avec légèreté. Il donna des grâces et des agréments à la bouche. Voilà de grandes qualités qui constatent assurément le grand peintre, mais ce qui rendait Parrhasius infiniment supérieur à tous les autres artistes de l’aveu même des hommes de l’art, c’était le beau coulant joint à la justesse de ses contours, et Pline dit avec raison que c’est en quoi consiste le sublime de la peinture. Cette réflexion engage cet auteur à en faire une autre. Il remarque qu’il est nécessaire d’avoir une grande étendue de connaissances pour bien peindre les surfaces des différents objets et que plusieurs peintres se sont distingués par cette partie, mais cependant qu’il n’y en a qu’un très petit nombre qui aient réussi à dessiner les contours dans cette grande manière, qui fait que l’objet représenté se trouve renfermé dans les justes bornes qui lui appartiennent. Car, ainsi que Pline continue de le faire observer, les contours doivent être tellement coulants, la sécheresse en doit être si absolument bannie, qu’en embrassant l’objet de toutes parts, ils laissent imaginer qu’il y a quelque chose au-delà du terme, car ils doivent indiquer les parties qu’on ne voit pas.

Voilà, ce me semble, la différence que Pline met entre le dessein et la couleur, et l’on ne peut guère mieux s’expliquer pour la faire sentir. La couleur fera bien paraître ressemblants et donnera du relief aux objets imités, quand même ils ne seraient pas dessinés avec toute la précision possible. Mais cette ressemblance, ou plutôt cette imitation, sera toujours imparfaite si ces mêmes objets ne sont pas dans leur forme juste. Le Dominiquin était assurément un grand peintre ; il a démontré, dans une lettre qui se trouve à la fin de sa Vie écrite par le Bellori[1], que la forme doit l’emporter sur la matière, c’est-à-dire le dessein sur la couleur. Aussi, l’essence de la peinture consiste dans la justesse du dessein ; les expressions, les grâces, le mouvement ressortissent du dessein et dépendent de l’exactitude et de l’élégance des contours. Aussi, je crois reconnaître, dans le portrait que Pline nous a laissé de Parrhasius, celui du fameux Corrège. Comme le peintre ancien, le Corrège a excellé dans la beauté et le moelleux des contours, et c’est principalement par là qu’il est parvenu à donner une extrême rondeur à ses figures. L’un et l’autre ont eu en partage les grâces et l’on a remarqué qu’ils avaient un talent particulier pour bien représenter les cheveux. Je crois cependant devoir mettre cette différence entre Parrhasius et le Corrège : c’est que le dernier avait toutes ses études arrangées dans sa tête, et qu’il en faisait rarement sur le papier, au lieu que le peintre grec était continuellement occupé à tracer des contours, ou sur des planches, ou sur du parchemin, pour parler selon les usages de ce temps, et qu’il avait infiniment à cœur d’être correct. C’était le principal objet de ses études ; aussi avait-il cela de commun avec les plus grands dessinateurs que l’étude du dessein lui faisait négliger la pratique de la couleur, et qu’autant il était admirable dans ses contours, autant paraissait-il inférieur à lui-même quand il s’agissait de peindre les partie que ces mêmes contours renfermaient. Ces traits, rapportés par Pline[2] et que j’ai du moins entendus de cette façon, étant joints au parallèle que Quintilien a fait des talents de Zeuxis et de Parrhasius[3], démontrent, ce me semble, que l’on ne peut donner un autre sens à ce que Pline dit au sujet de ce dernier. Car, suivant Quintilien, Zeuxis, qui se permettait des licences dans le dessein, entendait parfaitement la science des ombres et des lumières ; et Parrhasius s’appliquait principalement à être correct dans son dessin, en sorte que ses ouvrages avaient acquis une sorte de loi dans la peinture. Quintilien nous présente donc une distinction bien marquée. En effet, toute représentation d’un objet consiste dans le contour, qui est le dessein, ou dans le relief, qui est l’effet de la couleur. On ne peut douter que la partie de Parrhasius ne fut le dessein ; que lui manquait-il donc ? Ce que Zeuxis, son émule, possédait : l’art de donner du relief aux objets par la distribution des ombres et des lumières, l’art d’exprimer des surfaces, en un mot l’art de peindre. Malgré ce reproche, Parrhasius a été célèbre ; ses desseins et ses études méditées, qu’on avait conservées avec beaucoup de soin, subsistaient encore à Rome du temps de Pline ; elles avaient été comme une espèce d’école pour les artistes. Les peintres s’étaient formés en les copiant, comme on a fait dans les derniers siècles à l’égard des fameux cartons de Michel-Ange.

Note de bas de page de l'auteur :
  • [1] p. 359.
  • [2] Liv. 35, ch. 10.
  • [3] Liv. 12, ch. 10.
 

Winckelmann, Johann Joachim, Gedanken über die Nachahmung der grieschichen Werke in der Melerei und Bildhauerkunst, Sendschreiben und Erlauterung(publi: 1755, trad: 1991), p. 16-17 (allemand)

Der edelste Contour vereiniget oder umschreibet alle Theile der schönsten Natur und der idealischen Schönheiten in den Figuren der Griechen; oder er ist vielmehr der höchste Begrif in beiden. Euphranor, der nach des Zeuxis Zeiten sich hervor that, wird vor den ersten gehalten, der demselben die erhabenere Manier gegeben.

Viele unter den neueren Künstlern haben den griechischen Contour nachzuahmen gesuchet, und fast niemanden ist es gelungen. Der große Rubens ist weit entfernt von dem griechischen Umriße der Körper, und in denenjenigen unter seinen Werken, die er vor seiner Reise nach Italien, und vor dem Studio der Antiquen gemachet hat, am weitesten.

Die Linie, welche das Völlige der Natur von dem Überflüssigen derselben scheidet, ist sehr klein, und die größten neueren Meister sind über diese nicht allezeit greifliche Grenze auf beiden Seiten zu sehr abgewichen. Derjenige, welcher einen ausgehungerten Contour vermeiden wollen, ist in die Schwulst verfallen; der diese vermeiden wollen, in das Magere.

Michael Angelo ist vielleicht der einzige, von dem man sagen könnte, daß er das Alterthum erreichet; aber nur in starken musculösen Figuren, in Körpern aus der Heldenzeit; nicht in zärtlich jugendlichen, nicht in weiblichen Figuren, welche unter seiner Hand zu Amazonen geworden sind.

Der griechische Künstler hingegen hat seinen Contour in allen Figuren wie auf die Spitze eines Haars gesetzt, auch in den feinsten und mühsamsten Arbeiten, dergleichen auf geschnittenen Steinen ist. Man betrachte den Diomedes und den Perseus des Dioscorides; den Herkules mit der Iole von der Hand des Teucers, und bewundere die hier unnachahmlichen Griechen.

Parrhasios wird insgemein vor den Stärksten im Contour gehalten.

Auch unter den Gewändern der griechischen Figuren herrschet der meisterhafte Contour, als die Hauptabsicht des Künstlers, der auch durch den Marmor hindurch den schönen Bau seines Körpers wie durch ein Coisches Kleid zeiget.

 1 sous-texte

Winckelmann, Johann Joachim, Gedanken über die Nachahmung der grieschichen Werke in der Melerei und Bildhauerkunst, Sendschreiben und Erlauterung, (trad: 1991), p. 28-30 (trad: "Réflexions sur l’imitation des œuvres grecques en peinture et en sculpture" par Charrière, Marianne en 1991)(fran)(traduction récente d'un autre auteur)

Même si l’imitation de la nature pouvait tout donner à l’artiste, il ne lui devrait certainement pas la justesse des contours qui ne peut s’apprendre que chez les Grecs.

Dans les figures des Grecs, le contour le plus noble réunit ou circonscrit toutes les parties de la plus belle nature et des beautés idéales ; ou plutôt, il est, dans les deux cas, la notion la plus haute. Euphranor, qui devient célèbre après l’époque de Zeuxis, est considéré comme le premier à avoir donné au contour son plus sublime style.

Nombreux sont ceux, parmi les peintres modernes, qui ont tenté d’imiter le contour grec mais presque aucun n’y est parvenu. Le grand Rubens est bien éloigné du contour des corps grecs, surtout dans les œuvres qu’il exécuta avant son voyage en Italie et avant d’avoir étudié les Anciens.

La ligne qui sépare la plénitude de la nature du superflu est très mince et les plus grands peintres modernes se sont par trop écartés de cette limite, qui n’est pas toujours perceptible. Ceux qui voulaient éviter le contour d’un corps famélique sont tombés dans la boursouflure ; ceux qui voulaient éviter la boursouflure sont tombés dans une maigreur excessive.

Michel-Ange est peut-être le seul dont on puisse dire qu’il a atteint le niveau des Anciens, mais uniquement dans le cas des figures fortement musclées des corps de l’époque héroïque. Il n’y est pas parvenu, par contre, dans les figures délicates et jeunes ni dans les figures féminines qui sont devenues, sous sa main, des amazones.

L’artiste grec en revanche a tracé le contour de toutes ses figures avec une extrême minutie, et cela même dans les ouvrages aussi délicats et aussi pénibles que les pierres taillées. Qu’il s’agisse du Diomède et du Persée de Dioscoride, de l’Hercule avec Iole exécuté par Teucer, on ne peut qu’admirer les Grecs, inimitables dans le domaine.

Parrhasios est en général considéré comme le plus grand maître en ce qui concerne l’art du contour.

Même sous le vêtement des figures grecques se lit la perfection d’un contour qui, pour l’artiste, est le but suprême et qui, même à travers le marbre, laisse transparaître la belle constitution du corps, comme à travers un vêtement de Cos.

Commentaires : Trad. Réflexions sur l’imitation, 1991, p. 28-30

 

Winckelmann, Johann Joachim, Gedanken über die Nachahmung der grieschichen Werke in der Melerei und Bildhauerkunst, Sendschreiben und Erlauterung(publi: 1755, trad: 1991), "Sendschreiben über die Gedanken über die Nachahmung der grieschichen Werke in der Malerei und Bildhauerkunst", p. 73-34 (allemand)

Über die vierzehende Seite werde ich dem Verfasser ein Urteil unserer Akademien vorlegen. Er behauptet mit dem Tone eines Gesetzgebers, »die Richtigkeit des Contours müsse allein von den Griechen erlernet werden«. In unseren Akademien wird insgemein gelehret, daß die Alten von der Wahrheit des Umrisses einiger Theile des Körpers wirklich abgegangen sind, und daß an den Schlüsselbeinen, am Ellenbogen, am Schienbeine, an den Knien, und wo sonst große Knorpel liegen, die Haut nur über die Knochen gezogen scheinet, ohne wahrhaftig deutliche Anzeigung der Tiefen und Höhlungen, welche die Apophyses und Knorpel an den Gelenken machen. Man weiset junge Leute an, solche Theile, wo unter der Haut nicht viel fleischigtes lieget, eckigter zu zeichnen; und eben so im Gegenteil, wo sich das meiste Fett ansetzet. Man hält es ordentlich vor einen Fehler, wenn der Umriß gar zu sehr nach dem alten Geschmacke ist. Ganze Akademien in Corpore, die also lehren, werden doch, hoffe ich, nicht irren können.

Parrhasios selbst, »der Größte im Contour«, hat »die Linie, welche das Völlige von dem überflüssigen scheidet,« nicht zu treffen gewußt: Er ist, wie man berichtet, da er die Schwulst vermeiden wollen, in das Magere verfallen. Und Zeuxis hat vielleicht seinen Contour wie Rubens gehalten, wenn es wahr ist, daß er völligere Theile gezeichnet, um seine Figuren ansehnlicher und vollkommner zu machen. Seine weiblichen Figuren hat er nach Homers Begriffen gebildet, dessen Weiber von starker Statur sind. Der zärtliche Theokrit selbst malet seine Helena fleischigt und groß, und Raffaels Venus in der Versammlung der Götter des kleinen Farnesischen Pallastes in Rom, ist nach gleichförmigen Ideen einer weiblichen Schönheit entworfen. Rubens hat also wie Homer und wie Theokrit gemalet: was kann man mehr zu seiner Vertheidigung sagen?

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Winckelmann, Johann Joachim, Geschichte der Kunst der Altertums, (trad: 1766), Lettre à Monsieur Winckelmann à propos des Réflexions sur l’imitation des œuvres grecques en peinture et en sculpture, p. 82-83 (trad: "Histoire de l'art chez les Anciens" par Sellius, Gottfried en 1766)(fran)(traduction récente d'un autre auteur)

Pour ce qui est de la page 28, je soumettrais à l’auteur un jugement relatif à nos académies. Il affirme d’un ton péremptoire que « la justesse des contours ne peut s’apprendre que chez les Grecs. » Dans nos académies, on enseigne généralement que les Anciens se sont écartés de la vérité du contour de certaines parties du corps et qu’aux clavicules, aux coudes, aux tibias, aux genoux et partout où il y a de gros cartilages, sans que soient vraiment montrés les creux et anfractuosités qui résultent des apophyses et cartilages des articulations. On donne aux jeunes artistes la consigne de dessiner des contours plus anguleux pour ces parties du corps peu charnues et, de même, de dessiner des lignes plus arrondies pour les parties plus adipeuses. Quand l’ensemble des contours correspond trop au goût ancien, on le considère généralement comme une faute. Ces académies qui toutes, dispensent cet enseignement, ne sauraient guère se tromper, c’est du moins ce que j’espère.

Parrhasios lui-même, « le plus grand dans l’art du contour », n’a pas su trouver la juste démarcation entre la plénitude du corps et la surabondance : il a donné dans la maigreur, à ce qu’on raconte, pour avoir voulu éviter toute boursouflure. Zeuxis, lui, a peut-être conçu des contours à la manière d’un Rubens, s’il a réellement dessiné des parties du corps plus charnues afin de donner à ses personnages plus de prestance et de perfection. Il a façonné ses figures féminines conformément aux critères d’Homère chez qui les femmes sont de constitution robuste. Le délicat Théocrite lui-même dépeint son Hélène comme une femme bien en chair et grande, et la Vénus de Raphaël qui figure dans la collection des dieux du petit palais Farnèse à Rome correspond aux mêmes idées que l’on se faisait de la beauté. Rubens est donc l’émule d’Homère et de Théocrite quand il peint : que dire de plus pour sa défense ?

Commentaires : Trad. 1991, Lettre à Monsieur Winckelmann à propos des Réflexions sur l’imitation des œuvres grecques en peinture et en sculpture, p. 82-83

 

Hagedorn, Christian Ludwig von, Betrachtungen über die Malerei(publi: 1762), “Die Antike und die Schöne Natur” (numéro I, 6) , p. 78-79 (allemand)

[Note contexte] Zeuxis hatte, in Ansehung der Wissenschaft der Farben, den Vorzug unter den Alten, nachdem er sich die Erfindung des Apollodorus zu Nutze gemacht hatte. Allein von seinen Gestalten schreibt Quintilian Instit. Orat. L. XII c. 10, „Zeusis plus membris corporis dedit, id amplius atque augustius ratus, atque ut existimant, Homerum secutus, cui ualidissima quaeque forma in feminis placet.” S. zugleich Winckelmann Gedanken S. 74. Dem Zeuxis wird auch dieses, wiewohl eigentlich in Ansehung der stärken Knöchel, von dem Plinius, als ein Fehler ausgelegt. Dagegen heißt Parrhasius, der berühmte Zeitgenosse des Zeuxis, wegen seiner schönen Umrisse bei dem Quintilian der Gesetzgeber, dem die andern Künstler in Abbildung der Götter und Helden genau folgten.

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Hagedorn, Christian Ludwig von, Betrachtungen über die Malerei, « De l’antique et de la belle nature » (numéro I, 6) , p. 75 (fran)(traduction ancienne d'un autre auteur)

[Note contexte]Zeuxis, après avoir profité des découvertes d’Apollodore, tenoit le premier rang parmi les Anciens pour la science des couleurs. Quant à ses figures, voici ce qu’en dit Quintilien, Inst. Orat. LXII. c. 10. Zeuxis plus membris corporis dedit, id amplius atque augustius ratus, atque ut existimant, Homerum secutus, cui ualidissima quaeque forma in feminis placet. Pline lui fait à peu près le même reproche, qu’il semble pourtant restreindre à la grosseur des jointures et des extrémités. Parrhasius, célèbre contemporain de Zeuxis, a mérité au contraire les éloges de l’antiquité pour cette partie. Quintilien dit de ce peintre que ses contours étoient si purs et si coulants, et qu’il mérita d’être un des législateurs de la peinture, que les autres artistes prenoient pour modele dans leurs représentations des Dieux et des Héros.

 

Hagedorn, Christian Ludwig von, Betrachtungen über die Malerei(publi: 1762) (III, 38), p. 58 (allemand)

Von dem Reiz des Mundes in den Gemählden des Parrhasius wird man geneigt, auf das Sanfte in dessen äussersten Umrissen, in welchen ihm Plinius[1] vor allen den Vorzug giebt, zu schliessen.

Note de bas de page de l'auteur :
  • [1] „Zwar ist es viel für die Kunst, sagt Plinius XXXV. 10 die Körper und deren mittlern Theile zu mahlen; jedoch darinn haben noch viele einen Ruhm erlangt. Allein den Umriß der Körper zu bilden, und wo dieser aufhören solle, Ziel und Maas zu halten, das kommt im Forgange der Kunst seltener vor? Denn diese äusserste Begrenzung muß gleichsam um die Figur herum schlagen, und so aufhören, daß sie noch mehr nach sich verspreche, und auch selbst dasjenige andeute, was sie unsern Augen entziehen muß.“ An dieser Stelle haben wir gewisser massen eine Beschreibung des vordern Engels in dem Gemählde von Sanct Georg des Correggio. Dessen Umzug verliert sich in den Schmelz der Farbe. Hier hat der gerundete Körper Luft, und das Auge des Beobachters kann gleichsam um denselben herum gehen. Für das Vergnügen der Einbildungskraft sind durch die Kunst des Mahlers diejenigen Grenzen erweitert, die der scharfe Umriß anderer Mahler nur einschränkte.
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Hagedorn, Christian Ludwig von, Betrachtungen über die Malerei, « Des beaux contours qu’on apperçoit dans la nature » (numéro III, 38) , p. 57-58 (fran)(traduction ancienne d'un autre auteur)

La grace de la bouche qu’on trouvoit dans les figures des tableau de Parrhasius, nous fait tirer l’induction qu’il n’étoit pas moins habile à rendre la délicatesse dans les contours et les extrémités : aussi Pline[1] lui donne-t-il la préférence sur tous les peintres anciens pour l’intelligence de ces parties.

Note de bas de page de l'auteur :
  • [1] « Il est vrai, dit Pline, c’est beaucoup pour la Peinture de peindre le corps et le milieu des membres, parties dans lesquelles plusieurs se sont acquis de la réputation ; mais c’est beaucoup plus encore pour l’art de rendre les extrémités des figures et d’apporter des adoucissements dans les endroits où finit le contour. Car il faut que cette ligne des extrémités tourne autour de la figure, et se noye de maniere dans les teintes, qu’elle promette plus qu’elle n’exprime et qu’elle indique même ce qu’elle est obligée de soustraire à l’œil. » Ce passage de Pline nous offre en quelque sorte une description de l’Ange qu’on voit dans le tableau de St. George du Corrège. Le contour de cette belle figure se perd dans la fonde de la couleur. Ici le corps a de la rondeur et l’œil circule à l’entour ; l’œil du spectateur se promene aisement autour de la figure. C’est pour le plaisir de l’imagination que le génie du Peintre a étendu les limites de l’art, que le contour ressenti de quelques autres artistes a resserrées.

Commentaires : Trad. Huber, 1775, III, 38, « Des beaux contours qu’on apperçoit dans la nature », p. 57-58 LIER IMAGE ANGE CORREGE

 

Winckelmann, Johann Joachim, Geschichte der Kunst der Altertums(publi: 1764, trad: 1766), "Erlaüterung der Gedanken über die Nachahmung der grieschichen Werke in der Malerei und Bildhauerkunst", p. 121 (allemand)

Man erkläret zwar die daselbst berührte Stelle des Plinius, welche den Parrhasius betrifft, in dem Verstande, wie sie dort angebracht worden, nemlich, »daß der Maler in das Magere verfallen sei, da er die Schwulst vermeiden wollen«. Da man aber, wenn Plinius verstanden, was er geschrieben hat, voraussetzen muß, daß er sich selbst nicht habe widersprechen wollen, so muß dieses Urtheil mit demjenigen, worinn er kurz zuvor dem Parrhasius den Vorzug in den äussersten Linien, das ist, in dem Umrisse zuschreibet, verglichen und übereinstimmend gemacht werden. Die eigentlichen Worte des Plinius sind; »Parrhasius scheine mit sich selbst verglichen, sich unter sich selbst herunterzusetzen, in Ausdrückung der mittlern Körper«. Es ist aber nicht klar, was »mittlere Körper« sein sollen. Man könnte es von denjenigen Theilen des Körpers verstehen, welche der äusserste Umriß einschließt. Allein ein Zeichner soll seinen Körper von allen Seiten, und nach allen Bewegungen kennen: er wird denselben nicht allein vorwärts, sondern auch von der Seite, und von allen Punkten gestellet, verstehen zu zeichnen, und dasjenige, was im ersteren Falle von dem Umrisse eingeschlossen zu sein scheinen könnte, wird in diesem Falle der Umriß selbst sein. Man kann nicht sagen, daß es für einen Zeichner mittlere Theile des Körpers giebt: (ich rede nicht von dem Mittel des Leibes:) eine jede Muskel gehöret zu seinem äussersten Umrisse und ein Zeichner, der fest ist in dem äussersten Umrisse, aber nicht in dem Umrisse derjenigen Theile, welche der äusserste einschließt, ist ein Begrif, der sich weder an sich selbst, noch in Absicht auf einen Zeichner gedenken läßt. Es kann hier die Rede ganz und gar nicht von dem Umrisse sein, auf welchem das Magere oder die Schwulst beruhet. Vielleicht hat Parrhasius Licht und Schatten nicht verstanden, und den Theilen seines Umrisses ihre gehörige Erhöhung und Vertiefung nicht gegeben; welches Plinius unter dem Ausdrucke der »mittleren Körper« oder »der mittleren Theile desselben« kann verstanden haben; und dieses möchte die einzige mögliche Erklärung sein, welche die Worte des Plinius annehmen können. Oder es ist dem Maler ergangen, wie dem berühmten La Fage, den man vor einen großen Zeichner halten kann: man sagt, sobald er die Palette ergriffen und malen wollen, habe er seine eigene Zeichnung verdorben. Das Wort »geringer« beim Plinius gehet also nicht auf den Umriß. Mich deucht, es können des Parrhasius Gemälde ausser den Eigenschaften, die ihnen obige Erklärung giebt, nach Anleitung der Worte des Plinius, auch noch diesen Vorzug gehabt haben, daß die Umrisse sanft im Hintergrunde vermalet und vertrieben worden, welches sich in den mehresten übriggebliebenen Malereien der Alten, und in den Werken neuerer Meister zu Anfange des sechszehenden Jahrhunderts nicht findet, in welchen die Umrisse der Figuren mehrentheils hart gegen den Grund abgeschnitten sind. Der vermalte Umriß aber gab den Figuren des Parrhasius dennoch allein ihre wahre Erhobenheit und Ründung nicht, da die Theile derselben nicht gehörig erhöhet und vertieft waren; und hierin war er also unter sich selbst herunterzusetzen. Ist Parrhasius der Größte im Umrisse gewesen, so hat er ebensowenig in das Magere, als in die Schwulst verfallen können.

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Winckelmann, Johann Joachim, Geschichte der Kunst der Altertums, (trad: 1766), "Explication des Réflexions sur l’imitation des œuvres grecques en peinture et en sculpture", p. 115-116 (trad: "Histoire de l'art chez les Anciens" par Sellius, Gottfried en 1766)(fran)(traduction récente d'un autre auteur)

Il est vrai qu’on explique le célèbre passage de Pline concernant Parrhasios d’après le contexte lui-même : « Le peintre a donné dans la maigreur pour avoir voulu éviter la boursouflure. » Mais si l’on comprend l’esprit dans lequel Pline a écrit cette phrase, il faut, en partant du principe qu’il n’avait pas l’intention de se contredire lui-même, comparer et accorder ce jugement avec ce qui précède, où il donne la préférence à Parrhasios pour ce qui est des lignes extérieures, c’est-à-dire du contour. Les mots exacts de Pline sont : « Comparé à lui-même, Parrhasios semble être au-dessous de son véritable niveau quand il représente des parties intérieures du corps. » On pourrait comprendre cette phrase en référence aux masses corporelles incluses dans le contour.

Seul un dessinateur est censé connaître un corps sous tous ses angles et dans tous ses mouvements. Il veut savoir dessiner ce corps non seulement de face mais de côté, de tous les angles, et ce qui dans le premier cas semblerait être inclus dans le contour, s’avérera tout simplement être le contour lui-même. On ne peut dire qu’il existe pour un dessinateur des parties intérieures du corps (je ne veux pas dire par là le centre du corps) : chaque muscle fait partie du contour extérieur et dire qu’un dessinateur est sûr de lui dans le contour extérieur mais non dans le contour des parties incluses dans le contour extérieur, n’a pas de sens ni en soi ni en référence au dessinateur. Il ne peut aucunement être question, ici, de maigreur ou de boursouflure du contour.

Parrhasios n’a peut-être pas compris le jeu de la lumière et de l’ombre, de sorte qu’il n’a pas donné aux différentes parties du contour le relief ou la profondeur qui leur revenaient. C’est peut-être ce que remarque Pline quand il parle de « corps médian » ou des « parties médianes du corps ». Ce qui pourrait être la seule explication possible des mots de Pline.

Ou bien l’artiste a connu le sort qui a été celui de Lafage, que l’on peut réellement considérer comme un grand dessinateur : on raconte que dès qu’il voulait s’emparer d’une palette et peindre, il gâchait complètement son dessin. Le mot « plus accessoire » employé par Pline ne concerne donc pas le contour. Il me semble que les tableaux de Parrhasios, outre les propriétés mentionnées plus haut, ont, compte tenu des informations que donne Pline, une qualité qui provient de ce qu’il situe les contours à l’arrière-plan, procédé que l’on retrouve d’ailleurs dans la plupart des peintures anciennes qui nous sont restées et qui, en revanche, ne se trouve pas chez les maîtres modernes du début du XVIIe siècle : chez ces peintres, les contours se détachent nettement, trop nettement, du fond. Mais le traitement des contours ne suffisait pas à lui seul à donner aux figures de Parrhasios leur véritable relief et leurs courbes harmonieuses puisque les différentes parties n’étaient ni en relief, comme il l’aurait fallu, ni en creux. Et c’est à cet égard qu’il n’a pas atteint le niveau qui était le sien. Parrhasios étant le plus grand maître du contour, il n’a pu donner ni dans la maigreur ni dans la boursouflure.

Commentaires : Trad. 1991, Explication des Réflexions sur l’imitation des œuvres grecques en peinture et en sculpture, p. 115-116

 

Jaucourt, Louis de, Encyclopédie, art. « Peintres grecs », tome XII(publi: 1765) (t. XII), p. 262 (fran)

Parrhasius, natif d’Ephese, fils & disciple d’Evenor, contemporain et rival de Zeuxis, fleurissoit dans les beaux jours de la Peinture, vers l’an du monde 3564, environ quatre cens ans avant Jesus-Christ. Ce fameux artiste réussissoit parfaitement dans le dessein, dans l’observation exacte des proportions, dans la noblesse des attitudes, l’expression des passions, le finissement et l’arrondissement des figures, la beauté et le moëlleux des contours ; en tout cela, dit Pline, il a surpassé ses prédécesseurs, et égalé tous ceux qui l’ont suivi.

 

Jaucourt, Louis de, Encyclopédie, art. « Peintres grecs », tome XII(publi: 1765) (t. XII ), p. 262 (fran)

son trait étoit aussi coulant que ses contours étoient justes ; c’est le sublime de la peinture : hæc est in picturâ sublimitas ; hanc ei gloriam concessére Antigonus et Xenocrates, qui de picturâ scripsére.

 

Falconet, Etienne, Traduction des XXXIV, XXXV et XXXVI livres de Pline l’Ancien, avec des notes(publi: 1772) (t. I), p. 153-154 (fran)

De l’aveu des artistes, il a remporté la palme pour les derniers traits qui terminent et arrondissent les objets. Cette partie est dans la peinture le dernier point de la perfection. Peindre les corps et les milieux des objets, c’est sans doute beaucoup ; cependant plusieurs y ont déjà réussi : mais de bien terminer et arrondir les parties ; c’est ce qu’on trouve rarement exécuté avec succès : car l’extrêmité doit s’entourer elle-même, et se terminer de façon qu’elle promette autre chose après soi, et qu’elle fasse voir même ce qu’elle cache (32).

Notes, p. 289 : (32) Ce raisonnement juste et tel que le pourroit faire un peintre, n’en est que plus suspect de la part d’un homme qui, perpétuellement, prouve son peu de connoissance de l’art par des raisonnements contraires. Tous les jours on trouve des gens qui répètent d’excellentes choses qu’ils ont lues ou entendues dire à d’autres. Mais comme la légèreté de leurs notions est bientôt aperçuë, l’artiste sait à quoi s’en tenir sur le compte du prétendu docteur, qui peut cependant en imposer à d’autres.

Le texte est si beau, si clair, si expressif : il est si précisément le langage des artistes, que je ne puis m’empêcher de le transcrire. Ambire enim debet se extremitas ipsa, et sic desinere, ut promittat alia post se : ostendatque etiam quae occultat. M. de Caylus veut (p. 166 tom. 19 Mém. de l’Acad.) qu’il soit ici question du coulant et de la justesse des contours : c’est furieusement s’éloigner du sens. Il est vrai que par réflexion, notre amateur y revient deux pages ensuite : il dit, que c’est le moëlleux des contours, ce qui donne principalement une extrême rondeur aux figures. Voilà qui est entendu à merveille, et l’on s’y retrouve. Pourquoi donc vespériser dans la même page, Durand, qui traduit : l’extrémité universelle de la figure doit comme s’arrondir et s’envelopper de toutes parts, et finir de telle manière, qu’elle en promette d’autres derrière elle, en indiquant, pour ainsi dire, les mêmes objets ? À travers ce langage on aperçoit le sens ; mais on n’aperçoit pas aussi bien la raison de se plaindre d’un traducteur quand il donne l’idée du moëlleux des contours conformément à son original, et qu’il ne prétend pas que le texte signifie le coulant des contours, quand il n’y a pas dans le texte un mot qui le signifie.

 

Watelet, Claude-Henri ; Levesque, Pierre-Charles, article « Peinture chez les Grecs »,  Encyclopédie méthodique. Beaux-Arts(publi: 1788:1791), p. 643-644 (fran)

Parrhasius d’Ephese, fils et disciple d’Evenor, observa le premier, dit Pline, la proportion dans la peinture, rendit la finesse du visage, l’élégance des cheveux, les agrémens de la bouche, et de l’aveu des artistes, il emporta la palme par sa manière de rendre les derniers traits qui terminent les objets. « C’est, ajoute Pline, d’après les écrits des deux peintres, Antigone et Xénocrate, c’est un grand mérite de bien peindre les milieux des corps ; cependant plusieurs ont eu cette gloire : mais bien rendre ce qui termine les corps, ce qui approche des contours, ce qui enveloppe les formes, c’est un succès bien rare ; car les parties voisines des contours doivent s’envelopper elles-mêmes, finir en promettant cependant encore autre chose, et indiquer même ce qu’elles cachent. » En effet si les objets peints qui dans la nature ont du relief, paroissoient en peinture se terminer avec le contour, ils ne représenteroient que des objets plats et sans rondeur. L’éloge qui est accordé ici à Parrhasius est l’un de ceux qu’a singulièrement mérité le Corrège ; mais le peintre Ephesien, moins heureux que le Lombard, n’étoit pas égal à lui-même dans l’art de traiter ce que les artistes appellent les milieux.