Cadavres et bêtes sauvages, ou le plaisir de la représentation
Bibliographie
Images
Aristote (Ἀριστοτέλης), Περὶ ποιητικῆς (redac: (-375):(-350), trad: 1980) (ch. 4), 1448 b 5-19 (grecque)
Τὸ τε γὰρ μιμεῖσθαι σύμφυτον τοῖς ἀνθρώποις ἐκ παίδων ἐστὶ (καὶ τούτῳ διαφέρουσι τῶν ἄλλων ζώῳν ὅτι μιμητικώτατόν ἐστι καὶ τὰς μαθήσεις ποιεῖται διὰ μιμήσεως τὰς πρώτας), καὶ τὸ χαίρειν τοῖς μιμήμασι πάντας. Σημεῖον δὲ τούτου τὸ συμβαῖνον ἐπὶ τῶν ἔργων· ἃ γὰρ αὐτὰ λυπηρῶς ὁρῶμεν, τούτων τὰς εἰκόνας τὰς μάλιστα ἠκριβωμένας χαίρομεν θεωροῦντες, οἷον θηρίων τε μορφὰς τῶν ἀτιμοτάτων καὶ νεκρῶν. Αἴτιον δὲ καὶ τοῦτο ὅτι μανθάνειν οὐ μόνον τοῖς φιλοσόφοις ἥδιστον ἀλλὰ καὶ τοῖς ἄλλοις ὁμοίως· ἀλλ’ ἐπὶ βραχὺ κοινωνοῦσιν αὐτοῦ. Διὰ γὰρ τοῦτο χαίρουσι τάς εἰκόνας ὁρῶντες; ὅτι συμβαίνει θεωροῦντας μανθάνειν καὶ συλλογόζεσθαι τὶ ἕκατσον, οἷον ὅτι οὗτος ἐκεῖνος· ἐπεὶ ἐὰν μὴ τύχῃ προεωρακώς, οὐχ ᾗ μίμημα ποιήσει τὴν ἡδονὴν ἀλλὰ διὰ τὴν ἀπεργασίαν ἢ τὴν χροιὰν ἢ διὰ τοιαύτην τινὰ ἄλλην αἰτίαν.
Aristote (Ἀριστοτέλης), Περὶ ποιητικῆς , (trad: 1980) (ch. 4), 1448b 5-17 (trad: "Poétique " par Dupont-Roc, Roseline; Lallot, Jean en 1980)(grecque)(traduction récente d'un autre auteur)
Dès l’enfance les hommes ont, inscrites dans leur nature, à la fois une tendance à représenter — et l’homme se différencie des autres animaux parce qu’il est particulièrement enclin à représenter et qu’il a recours à la représentation dans ses premiers apprentissages — et une tendance à trouver du plaisir aux représentations. Nous en avons une preuve dans l’expérience pratique : nous avons plaisir à regarder les images les plus soignées des choses dont la vue nous est pénible dans la réalité, par exemple les formes d’animaux parfaitement ignobles ou de cadavres ; la raison en est qu’apprendre est un plaisir non seulement pour les philosophes, mais également pour les autres hommes (mais ce qu’il y a de commun entre eux sur ce point se limite à peu de chose) ; en effet si l’on aime à voir des images, c’est qu’en les regardant on apprend à connaître et on conclut ce qu’est chaque chose comme lorsque qu’on dit : « celui-là, c’est lui ». Car si on n’a pas vu auparavant, ce n’est pas la représentation qui procurera le plaisir, mais il viendra du fini dans l’exécution, de la couleur ou d’une autre chose de ce genre.
Gorgias (Γοργίας), Ἑλένης ἐγκώμιον (Eloge d'Hélène) (redac: (-350):(-301), trad: 2007) (§ 17-18), p. 67 (grecque)
Ἤδη δέ τινες ἰδόντες φοβερὰ καί τοῦ παρόντος ἐν τῷ παρόντι χρόνῳ φρονήματος ἐξέστησαν· οὕτως ἀπέσβεσε καὶ ἐξηλασεν ὁ φόβος τὸ νόημα. πολλοὶ δὲ ματαίοις πόνοις καΊ δειναῖς νόσοις καὶ δυσιάτοις μανίαις περιέπεσον· οὕτως εἰκόνας τῶν ὁρωμένων πραγμάτων ἡ ὄψις ἐνέγραψεν ἐν τῷ φρονήματι· καί τὰ μὲν δειματοῦντα πολλὰ μὲν παραλείπεται, ὅμοια δ’ ἐστὶ τὰ παραλειπόμενα οἷαπερ τὰ λεγόμενα. ἀλλὰ μὲν οἱ γραφεῖς ὅταν ἐκ πολλῶν χρωμάτων καὶ σωμάτων ἓν σῶμα καΊ σχῆμα τελείως ἀπεργἀσωνται, τέρπουσιν τὴν ὄψιν. ἡ δὲ τῶν ἀνδρίαντων ποίησις καὶ ἀγαλματῶν ἐργασία νόσον ἡδεῖαν παρέσχετο τοῖς ὄμμασιν. οὕτω τὰ μὲν λυπεῖν τά δὲ ποθεῖν πέφυκε τὴν ὄψιν. πολλὰ δὲ πολλοῖς πολλῶν ἔρωτα καί πόθον ἐνεργάζεται πραγμάτων καὶ σωμάτων.
Gorgias (Γοργίας), Ἑλένης ἐγκώμιον (Eloge d'Hélène) , (trad: 2007)(trad: "Encomio di Elena " par Paduano, Guido en 2007)(fran)(traduction récente d'un autre auteur)
De fait certains, voyant présents des objets effrayants, sortent du sens qu’ils possèdent à ce moment précis : tant la peur chasse et éteint en eux la pensée. Beaucoup tombent dans des maladies insensées et dans des souffrances terribles et des folies incurables ; tant la vue a gravé dans leur esprit les images des actions qu’ils ont vues. Et je laisse de côté de nombreuses choses très effrayantes car elles sont semblables à ce que j’ai déjà dit. D’autre part les peintres, quand de plusieurs couleurs et de plusieurs corps ils tirent un seul corps et une seule figure parfaits, ravissent la vue : la fabrication de statues d’hommes et la construction de statues de dieux procure aux yeux une douce maladie. Ainsi, par leur nature, certaines choses donnent de la douleur, d’autres donnent de la nostalgie à la vue. Beaucoup de choses suscitent chez beaucoup amour et nostalgie de nombreuses actions et de nombreux corps.
Commentaires : trad. E. Hénin
Brossette, Claude, Mémoires sur Boileau-Despréaux(publi: 1858, redac: vers 1690-1711), Appendice, p. 537 (fran)
M. Despréaux m’a encore parlé d’Aristote, qui dit que la force de l’imitation est telle sur l’esprit de l’homme, que les choses les plus horribles lui plaisent quand elles sont bien imitées. M. Despréaux a ajouté qu’il faut que cette imitation ne soit pas en tout semblable à la nature même : que trop de ressemblance ferait avoir autant d’horreur pour la chose faite par imitation, que pour la chose même qu’on aurait imitée. Par exemple : l’imitation parfaite d’un cadavre, représenté en cire avec toutes les couleurs, sans aucune différence sensible, ne serait pas supportable ; de même qu’un crapaud, qu’une couleuvre, etc. Et c’est pourquoi les portraits que Benoît faisait en cire, n’ont pas réussi : parce qu’ils étaient trop ressemblants. Mais que l’on fasse la même chose en marbre d’une seule couleur, ou en platte peinture : ces imitations plairont d’autant plus qu’elles approcheront la vérité, parce que quelque ressemblance qu’on y trouve, les yeux et l’esprit ne laissent pas d’y apercevoir d’abord une différence telle qu’elle doit être nécessairement entre l’art et la nature.
Plutarque (Πλούταρχος), Ἠθικὰ (Moralia) (redac: (50):(125), trad: 1972:2004), ΠΩΣ ΔΕΙ ΠΟΙΗΜΑΤΩΝ ΑΚΟΥΕΙΝ, 17E-18C, t. I, vol. 1, p. 98-99 (grecque)
Ἔτι δὲ μᾶλλον ἐπιστήσωμεν αὐτὸν ἅμα τῷ προσάγειν τοῖς ποιήμασιν ὑπογράφοντες τὴν ποιητικὴν ὅτι μιμητικὴ τέχνη καὶ δύναμίς ἐστιν ἀντίστροφος τῇ ζῳγραφίᾳ. (17f) Καὶ μὴ μόνον ἐκεῖνο τὸ θρυλούμενον ἀκηκοὼς ἔστω, ζῳγραφίαν μὲν εἶναι (18a) φθεγγομένην τὴν ποίησιν, ποίησιν δὲ σιγῶσαν τὴν ζῳγραφίαν, ἀλλὰ πρὸς τούτῳ διδάσκωμεν αὐτὸν ὅτι γεγραμμένην σαύραν ἢ πίθηκον ἢ Θερσίτου πρόσωπον ἰδόντες ἡδόμεθα καὶ θαυμάζομεν οὐχ ὡς καλὸν ἀλλ´ ὡς ὅμοιον. Οὐσίᾳ μὲν γὰρ οὐ δύναται καλὸν γενέσθαι τὸ αἰσχρόν· ἡ δὲ μίμησις, ἄν τε περὶ φαῦλον ἄν τε περὶ χρηστὸν ἐφίκηται τῆς ὁμοιότητος, ἐπαινεῖται. Καὶ τοὐναντίον ἂν αἰσχροῦ σώματος εἰκόνα καλὴν παράσχῃ, τὸ πρέπον καὶ τὸ εἰκὸς οὐκ ἀπέδωκεν. Γράφουσι δὲ καὶ πράξεις ἀτόπους ἔνιοι, καθάπερ Τιμόμαχος τὴν Μηδείας τεκνοκτονίαν καὶ Θέων τὴν Ὀρέστου μητροκτονίαν καὶ Παρράσιος τὴν Ὀδυσσέως προσποίητον μανίαν (18b) καὶ Χαιρεφάνης ἀκολάστους ὁμιλίας γυναικῶν πρὸς ἄνδρας. Ἐν οἷς μάλιστα δεῖ τὸν νέον ἐθίζεσθαι, διδασκόμενον ὅτι τὴν πρᾶξιν οὐκ ἐπαινοῦμεν ἧς γέγονεν ἡ μίμησις, ἀλλὰ τὴν τέχνην εἰ μεμίμηται προσηκόντως τὸ ὑποκείμενον. Ἐπεὶ τοίνυν καὶ ποιητικὴ πολλάκις ἔργα φαῦλα καὶ πάθη μοχθηρὰ καὶ ἤθη μιμητικῶς ἀπαγγέλλει, δεῖ τὸ θαυμαζόμενον ἐν τούτοις καὶ κατορθούμενον μήτ´ ἀποδέχεσθαι τὸν νέον ὡς ἀληθὲς μήτε δοκιμάζειν ὡς καλόν, ἀλλ´ ἐπαινεῖν μόνον ὡς ἐναρμόττον τῷ ὑποκειμένῳ προσώπῳ καὶ οἰκεῖον. Ὥσπερ γὰρ ὑὸς βοὴν καὶ ψόφον τροχιλίας καὶ πνευμάτων (18c) ῥοῖζον καὶ θαλάττης κτύπον ἀκούοντες ἐνοχλούμεθα καὶ δυσχεραίνομεν, ἂν δέ τις πιθανῶς ταῦτα μιμῆται, καθάπερ Παρμένων τὴν ὗν καὶ Θεόδωρος τὰς τροχιλίας, ἡδόμεθα· καὶ νοσώδη μὲν ἄνθρωπον καὶ ὕπουλον ὡς ἀτερπὲς θέαμα φεύγομεν, τὸν δ´ Ἀριστοφῶντος Φιλοκτήτην καὶ τὴν Σιλανίωνος Ἰοκάστην ὁμοίους φθίνουσι καὶ ἀποθνῄσκουσι πεποιημένους ὁρῶντες χαίρομεν· οὕτως ὁ νέος ἀναγιγνώσκων ἃ Θερσίτης ὁ γελωτοποιὸς ἢ Σίσυφος ὁ φθορεὺς ἢ Βάτραχος ὁ πορνοβοσκὸς λέγων (18d) ἢ πράττων πεποίηται, διδασκέσθω τὴν μιμουμένην ταῦτα δύναμιν καὶ τέχνην ἐπαινεῖν, ἃς δὲ διαθέσεις καὶ πράξεις μιμεῖται καὶ προβάλλεσθαι καὶ κακίζειν. Οὐ γάρ ἐστι ταὐτὸ τὸ καλὸν καὶ καλῶς τι μιμεῖσθαι. Καλῶς γάρ ἐστι τὸ πρεπόντως καὶ οἰκείως, οἰκεῖα δὲ καὶ πρέποντα τοῖς αἰσχροῖς τὰ αἰσχρά. Καὶ γὰρ αἱ Δαμωνίδα τοῦ χωλοῦ κρηπῖδες, ἃς ἀπολέσας εὔχετο τοῖς τοῦ κλέψαντος ἐναρμόσαι ποσί, φαῦλαι μὲν ἦσαν ἐκείνῳ δ´ ἥρμοττον.
Plutarque, Ηθικα , (trad: 1572), "Comment il fault lire les poëtes", fol. 11r-v (trad: "Les oeuvres morales de Plutarque, translatees de grec en françois" par Amyot, Jacques en 1572)(fran)(traduction ancienne d'un autre auteur)
Encore arrestons-nous d’avantage la creance du ieune homme, que nous voudrons mettre à la lecture des Poëtes, quand premier que d’y entrer nous luy figurerons et descrirons, que c’est de la Poësie : en luy faisant entendre, que c’est un art d’imiter, et une science respondante à la painture ; et luy alleguant non seulement ce commun dire qui est en la bouche de tout le monde, que la Poësie est painture parlante, et la painture une poësie muette : mais aussi luy enseignant, que quand nous voions un lezard bien paint, ou un singe, ou la face d’un Thersites, nous y prenons plaisir, et le louons à merveilles, non comme chose belle de soy, ains bien contrefaitte apres le naturel : car ce qui est laid de soy, ne peut estre beau : mais l’art de bien faire resembler soit chose belle, ou chose laide, est tousiours estimee. Et au contraire, qui voulant portraire un laid corps feroit une belle image, ne feroit chose ny bien séante, ny semblable. Il se trouve des peintres qui prennent plaisir à paindre des choses estranges et monstrueuses, comme Timomachus, qui peignit en un tableau, comme Medee tua ses propres enfans : et Théon, comme Orestes tua sa mère : Parrhasius, la fureur et la rage simulee d’Ulysses : et Chærephanes qui contrefeit les lascifs et impudiques embrassements d’hommes et de femmes. Esquels arguments, et semblables, par accoustumance de souvent luy recorder, il faut faire que le ieune homme entende, que l’on ne loue pas le fait en soy, duquel on voit la representation, mais l’artifice de celuy qui l’a peu si ingenieusement, et si parfaittement representer au vif. Pareillement aussi pource que la poësie represente quelquefois, par imitation, de méchants actes, des passions mauvaises et des mœurs vicieuses et reprochables, il faut que le ieune homme sçache, que ce que l’on admire en cela, et que l’on trouve singulier, il ne le doit pas recevoir comme veritable, ni l’approuver comme bon, ains le louer seulement, comme bien convenable et bien approprié à la personne, et à la matière subiette : car tout ainsi comme il nous fasche et nous desplait quand nous oyons ou le grongnement d’un pourceau, ou le cri que fait une rouë mal ointe, ou le sifflement des vents, ou le mugissement de la mer : mais si quelque bouffon et plaisant le sçait bien contrefaire, comme Parmeno iadis faisoit le cochon, et un Theodorus les grandes roues à puiser l’eau des puits, nous y prenons plaisir. Semblablement aussi fuyons-nous une personne malade ou pourrie d’ulceres, comme chose hydeuse à voir ; et neanmoins quand nous venons à voir le Philoctete d’Aristophon, et la Iocasta de Silanion où l’un est descrit, comme tombant par pieces, et l’autre comme rendant l’esprit, nous en recevons delectation grande : ainsi le ieune homme lisant ce que Thersites un plaisant, ou Sisyphus un amoureux débaucheur de filles, ou Batrachus un maquereau va disant ou faisant, soit instruict et adverty de louer l’art et la suffisance de celuy qui les a sçeu naïfvement representer, mais au demourant de blasmer et detester les actions et conditions qu’il represente : car il y a grande différence entre representer bien, et representer chose bonne : pource que representer bien, c’est à dire, naïfvement et proprement ainsi qu’il appartient : or les choses déshonnestes sont propres et convenables aux personnes déshonnestes, et comme les souliers du boiteux Demonides, qui avoit les pieds bots, lesquels ayant perdus il prioit aux Dieux, qu’ils fussent bons à celui qui les luy avoit dérobez : ils étoient bien mauvais de soy, mais bons et propres pour luy.
Plutarque (Πλούταρχος), Ἠθικὰ (Moralia) , (trad: 1972:2004), Comment lire les poètes, 17E-18D, t. I, vol. 1, p. 98-99 (trad: "Œuvres morales " par Frazier, Françoise; Fuhrman, François; Sirinelli, Jean en 1972:2004)(fran)(traduction récente d'un autre auteur)
Mais rendons les réactions de notre jeune lecteur encore plus fermes au moment de lui faire aborder les oeuvres poétiques en lui indiquant que la poésie est un art, une faculté d'imitation qui fait pendant à la peinture. Et ne nous bornons pas à lui faire entendre cette expression rebattue, que la poésie est une peinture parlante, et la peinture une poésie muette; mais en outre apprenons-lui que, lorsque nous voyons en peinture un lézard, un singe, ou le portrait de Thersite, nous les regardons avec plaisir et admiration, non parce que nous les trouvons beaux, mais parce que nous les trouvons ressemblants. Car dans sa substance ce qui est laid ne peut devenir beau; mais l'imitation, qu'elle porte sur un objet sans valeur ou sur un objet précieux, mérite l'éloge quand elle atteint à la ressemblance. Et inversement, d'un corps disgracié présenter une image belle, ce n'est pas en donner une représentation convenable et ressemblante. Quelques peintres représentent même des scènes immorales: ainsi Timomachos peint Médée tuant ses enfants, Théon, Oreste tuant sa mère, Parrhasios, Ulysse simulant la folie, et Chairéphanès, des femmes ayant avec des hommes des rapports indécents. Voilà les exemples que nous devons surtout rendre familiers au jeune garçon, en lui apprenant que nous louons non l'acte dont le peintre a fait l'imitation, mais l'art, si le modèle est imité convenablement. Or la poésie aussi rapporte souvent, fidèlement imités, des actes bas, des passions et des moeurs perverses: ce que nous trouvons donc dans ces reproductions admirable et réussi, le jeune garçon ne doit pas l'accueillir comme quelque chose de vrai ni l'approuver comme quelque chose de beau, mais le louer seulement d'être bien conforme au modèle représenté et d'en donner l'image fidèle. En effet, les cris d'un porc, le grincement d'un treuil, le sifflement des vents, le fracas de la mer sont des bruits désagréables et pénibles à entendre, mais si quelqu'un les imite à s'y méprendre, comme Parménion imitait le porc et Théodore les treuils, nous sommes heureux de les écouter; et nous évitons comme déplaisant le spectacle d'un homme malade et couvert d'ulcères, mais nous aimons à regarder le Philoctère d'Aristophon et la Jocaste de Silanion, représentés avec l'aspect exact de corps à bout de forces et mourants. De la même manière, quand le jeune homme lit les paroles et les actes qu'on prête aux personnages de Thersite le bouffon, Sisyphe le séducteur, Batrachos le marchand de femmes, on doit lui apprendre à louer l'habileté et l'art capables d'imiter ainsi, mais à repousser et blâmer les façons d'être et d'agir qui sont imitées. Car il y a une différence entre imiter le bien et imiter bien; "bien" veut dire "de manière convenable et appropriée", et ce qui est adéquat et approprié au laid, c'est le laid.
Plutarque (Πλούταρχος), Quaestiones conviviales (redac: (50):(125), trad: 1972:1996)(grecque)
Διὰ τί τῶν μιμουμένων τοὺς ὀργιζομένους καὶ λυπουμένους ἡδέως ἀκούομεν, αὐτῶν δὲ τῶν ἐν τοῖς πάθεσιν ὄντων ἀηδῶς. Περὶ ὧν ἐγένοντο λόγοι καὶ σοῦ παρόντος ἐν Ἀθήναις ἡμῖν, ὅτε Στράτων ὁ κωμῳδὸς εὐημέρησεν (ἦν γὰρ αὐτοῦ πολὺς λόγος), ἑστιωμένων ἡμῶν παρὰ Βοήθῳ τῷ Ἐπικουρείῳ· συνεδείπνουν δ' οὐκ ὀλίγοι τῶν ἀπὸ τῆς αἱρέσεως. εἶθ' ἷον ἐν φιλολόγοις περιέστησεν ἡ τῆς κωμῳδίας μνήμη τὸν λόγον εἰς ζήτησιν αἰτίας, δι' ἣν ὀργιζομένων ἢ λυπουμένων ἢ δεδιότων φωνὰς ἀκούοντες ἀχθόμεθα καὶ δυσκολαίνομεν, οἱ δ' ὑποκρινόμενοι ταῦτα τὰ πάθη καὶ μιμούμενοι τὰς φωνὰς αὐτῶν καὶ τὰς διαθέσεις εὐφραίνουσιν ἡμᾶς. <ἐκείνων> μὲν οὖν ἁπάντων σχεδὸν εἷς ἦν λόγος· ἔφασαν γάρ, ἐπειδὴ κρείττων ὁ μιμούμενός ἐστι τοῦ πάσχοντος ἀληθῶς καὶ τῷ μὴ πεπονθέναι διαφέρει, συνιέντας ἡμᾶς τοῦτο τέρπεσθαι καὶ χαίρειν. <Ἐγὼ> δέ, καίπερ ἐν ἀλλοτρίῳ χορῷ πόδα τιθείς, εἶπον ὅτι φύσει λογικοὶ καὶ φιλότεχνοι γεγονότες πρὸς τὸ λογικῶς καὶ τεχνικῶς πραττόμενον οἰκείως διακείμεθα καὶ θαυμάζομεν, ἂν ἐπιτυγχάνηται. ‘καθάπερ γὰρ ἡ μέλιττα τῷ φιλόγλυκυς εἶναι πᾶσαν ὕλην, ᾗ τι μελιτῶδες ἐγκέκραται, περιέπει καὶ διώκει, οὕτως ὁ ἄνθρωπος, γεγονὼς φιλότεχνος καὶ φιλόκαλος, πᾶν ἀποτέλεσμα καὶ πρᾶγμα νοῦ καὶ λόγου μετέχον ἀσπάζεσθαι καὶ ἀγαπᾶν πέφυκεν. εἰ γοῦν παιδίῳ μικρῷ προθείη τις ὁμοῦ [μικρὸν] μὲν ἄρτον, ὁμοῦ δὲ πεπλασμένον ἐκ τῶν ἀλεύρων κυνίδιον ἢ βοΐδιον, ἐπὶ τοῦτ' ἂν ἴδοις φερόμενον· καὶ ὁμοίως <εἴ τις> ἀργύριον ἄσημον, ἕτερος δὲ ζῴδιον ἀργυροῦν ἢ ἔκπωμα παρασταίη διδούς, τοῦτ' ἂν λάβοι μᾶλλον, ᾧ τὸ τεχνικὸν καὶ λογικὸν ἐνορᾷ καταμεμιγμένον. ὅθεν καὶ τῶν λόγων τοῖς ᾐνιγμένοις χαίρουσι μᾶλλον οἱ τηλικοῦτοι καὶ τῶν παιδιῶν ταῖς περιπλοκήν τινα καὶ δυσκολίαν ἐχούσαις· ἕλκει γὰρ ὡς οἰκεῖον ἀδιδάκτως τὴν φύσιν τὸ γλαφυρὸν καὶ πανοῦργον. ἐπεὶ τοίνυν ὁ μὲν ἀληθῶς ὀργιζόμενος ἢ λυπούμενος ἔν τισι κοινοῖς πάθεσι καὶ κινήμασιν ὁρᾶται, τῇ δὲ μιμήσει πανουργία τις ἐμφαίνεται καὶ πιθανότης ἄνπερ ἐπιτυγχάνηται, | τούτοις μὲν ἥδεσθαι πεφύκαμεν ἐκείνοις δ' ἀχθόμεθα. καὶ γὰρ ἐπὶ τῶν θεαμάτων ὅμοια πεπόνθαμεν· ἀνθρώπους μὲν γὰρ ἀποθνήσκοντας καὶ νοσοῦντας ἀνιαρῶς ὁρῶμεν· τὸν δὲ γεγραμμένον Φιλοκτήτην καὶ τὴν πεπλασμένην Ἰοκάστην, ἧς φασιν εἰς τὸ πρόσωπον ἀργύρου τι συμμῖξαι τὸν τεχνίτην, ὅπως ἐκλείποντος ἀνθρώπου καὶ μαραινομένου λάβῃ περιφάνειαν ὁ χαλκός, <ἰδόντες> ἡδόμεθα καὶ θαυμάζομεν. τοῦτο δ'’ εἶπον, ’ἄνδρες Ἐπικούρειοι, καὶ τεκμήριόν ἐστι μέγα τοῖς Κυρηναϊκοῖς πρὸς ὑμᾶς τοῦ μὴ περὶ τὴν ὄψιν εἶναι μηδὲ περὶ τὴν ἀκοὴν ἀλλὰ περὶ τὴν διάνοιαν ἡμῶν τὸ ἡδόμενον ἐπὶ τοῖς ἀκούσμασι καὶ θεάμασιν. ἀλεκτορὶς γὰρ βοῶσα συνεχῶς καὶ κορώνη λυπηρὸν ἄκουσμα καὶ ἀηδές ἐστιν, ὁ δὲ μιμούμενος ἀλεκτορίδα βοῶσαν καὶ κορώνην εὐφραίνει· καὶ φθισικοὺς μὲν ὁρῶντες δυσχεραίνομεν, ἀνδριάντας δὲ καὶ γραφὰς φθισικῶν ἡδέως θεώμεθα τῷ τὴν διάνοιαν ὑπὸ τῶν μιμημάτων ἄγεσθαι [καὶ] κατὰ τὸ οἰκεῖον. ἐπεὶ τί πάσχοντες ἢ τίνος ἔξωθεν γενομένου πάθους τὴν <ὗν τὴν> Παρμένοντος οὕτως ἐθαύμασαν, ὥστε παροιμιώδη γενέ καίτοι φασὶ τοῦ Παρμένοντος εὐδοκιμοῦντος ἐπὶ τῇ μιμήσει, ζηλοῦντας ἑτέρους ἀντεπιδείκνυσθαι· προκατειλημμένων δὲ τῶν ἀνθρώπων καὶ λεγόντων ‘εὖ μὲν ἀλλ'οὐδὲν πρὸς τὴν Παρμένοντος ὗν’, ἕνα λαβόντα δελφάκιον ὑπὸ μάλης προσελθεῖν· ἐπεὶ δὲ καὶ τῆς ἀληθινῆς φωνῆς ἀκούοντες ὑπεφθέγγοντο ‘τί οὖν αὕτη πρὸς τὴν Παρμένοντος ὗν;’ ἀφεῖναι τὸ δελφάκιον εἰς τὸ μέσον, ἐξελέγχοντα τῆς κρίσεως τὸ πρὸς δόξαν οὐ πρὸς ἀλήθειαν. ᾧμάλιστα δῆλόν ἐστιν, ὅτι τὸ αὐτὸ τῆς αἰσθήσεως πάθος οὐχ ὁμοίως διατίθησι τὴν ψυχήν, ὅταν μὴ προσῇ δόξα τοῦ λογικῶς ἢ φιλοτίμως περαίνεσθαι τὸ γινόμενον.
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Averroes (Ibn Rusd), Talhīs kītāb aristūtālis fī al-sīr(redac: 1126:1198, trad: 1278) (§4), p. 6 (latin)
Videntur autem genuisse omnino poeticam cause due quedam, et ipse naturales. Nam imitari connatum hominibus est ex pueris, et hoc differunt ab aliis animalibus, quia maxime imitatiuum est et imitationes facit et propter gaudere imitaminibus omnes. Signum autem huius, quod accidit in opere. Que enim ipsa tristabiliter uidemus, horum ymagines que maxime expresse considerantes gaudemus, puta bestiolarum formas uilissimarum et mortuorum. – Causa autem et huius, quia addiscere non solum philosophis delectabilissimum, sed et aliis similiter omnibus ad breue communicantibus ipso. Propter hoc enim gaudent ymagines aspicientes, quia accidit considerantes addiscere et sillogizare quid unumquodque, puta quod iste ille ; quoniam si forte non prius uidit, non imitamen faciet delectationem, sed propter elaborationem aut colorationem aut propter talem aliquam aliam causam.
Averroes (Abu al-Walid Muhammad Ibn Rushd), Talhīs kītāb aristūtālis fī al-sīr, (trad: 1986) (ch. III), p. 69 (trad: "Averroes’Middle Commentary on Aristotle Poetics" par E. Butterworth, Charles en 1986)(anglais)(traduction récente d'un autre auteur)
He said : it seems that they are two causes naturally giving rise to poetry in people. The first cause is that comparison and representation naturally exist in man from the moment he first come forth – I mean, that this activity is found in people even when they are infants. This is something that particularly distinguishes man from the rest of the animals. The cause with respect to this is that man, as distinct from the rest of the animals, is the one who takes pleasure in comparing and representing the things he has perceived by his senses. A sign that man naturally delights and rejoices in making comparisons is that we are pleased and delighted by representations of things that we are not pleased to perceive by our senses, especially when the representation is extremely detailed – as occurs with the painting of many animals executed by skillful painters. Because of this, illustrations are used in instruction and in conversation to foster understanding. Indeed, due to the pleasure existing in illustrations as a result of the imitation in them, they are a tool that tends to produce understanding about the intended object. Through the pleasure the soul takes in them, it becomes more completely receptive to that object. That is, instruction is found to pass naturally from one man to another insofar as there is a relation between the man who is instructing and the man who is being instructed. Now when there are illustrations that are comparisons of objects already perceived by the senses, it is evident that they are used for quickness of understanding and ready acceptance and they produce understanding through the pleasure coming from the imitation in them. This, then, is the first cause that gives rise to poetry.
Chrysoloras, Manuel, Lettre à Démétrius Chrysoloras (redac: 1411), Manuel Chrysoloras à Démétrios, son frère (numéro vol. XLVI, col. 57-60) , p. 106-109 (grecque)
Μανουἡλ Χρυσολορᾶς Δημητρίῳ Χρυσολορᾶς, ἀνδρῶν ἀρίστω καὶ περιφανεστάτῳ, χαίρειν. Ἆρα δύνασαι πιστεῦσαι περὶ ἐμοῦ, ὡς ἐγὼ τὴν πόλιν ταύτην περιϊών, κατὰ τοὺς ἐρωτολήπτους τούτους καὶ κωμαστὰς τοὺς ὀφθαλμοὺς ὦδε κἀκεῖσε περιφέρω, καὶ τοὺς τῶν οἰκιῶν τοίχους εἰς ὕψος, καὶ τὰς ἐν αὐταῖς θυρίδας περιεργάζομαι, εἴ τί που τῶν καλῶν ἴδοιμι παρ’ἐκεῖναις; Τοῦτο γὰρ νέος μὲν ὤν, ὡς οἶσθα, οὐκ ἐποίουν, καὶ τοῖς ποιοῦσιν ἐμεμφόμην. Νῦν δὲ ὠμογέρων ἤδη γενόμενος, οὐκ οἶδ’ ὅπως εἰς τοῦτο ἐξηνέχθην. Αἴνιγμα σοι δοκῶ λέγειν· ἄκουε δὲ τὴν λύσιν τοῦ αἰνίγματος καὶ τῆς ἀπορίας· ἐγὼ γὰρ οὐ ζώντων σωμάτων κάλλη ἐν ἐκείνοις ζητῶν τοῦτο ποιῶ, ἀλλὰ λίθων, καὶ μαρμάρων, καὶ ὁμοιωμάτων. Φαίης ἂν ἴσως τοῦτο εἶναι ἀποπώτερον ἐκείνου, καὶ ἐμὲ δὲ πολλάκις τοῦτο λογίσασθαι ἐπῆλθε· τί δήποτε ἵππον μὲν ἢ κύνα ἢ λέοντα καθημέραν ζῶντα ὁρῶντες, οὐ πρὸς θαῦμα. Ἐγείρομεθα, οὐδὲ τοσοῦτον αὐτὰ ἀγάμεθα τοῦ κάλλους, οὕτε μὴν τὴν ὄψιν αὐτῶν περὶ πολλοῦ ποιούμεθα, οὐδὲ δένδρον, ἢ ἰχθὺν, ἢ ἀλεκτρύονα, ταυτὸ δὲ καὶ ἐπ’ἀνθρώπων, τινὰ δὲ αὐτῶν καὶ μυσαττομέθα, ἵππου δὲ εἰκόνα ὁρῶντες, ἢ βοός, ἢ φυτοῦ τινος, ἢ ὄρνιθος, ἢ ἀνθρώπου, εἰ δὲ βούλει μυίας, ἢ σκώλητος, ἢ ἐμπίδος, ἤ τινος τῶν αἰσχρῶν τούτων, σφόδρα διατιθέμενα ὁρῶντες τούτων τὰς εἰκόνας, περὶ πολλοῦ ποιούμεθα; Καίτοι οὐ ταῦτα δήπου ἀκριβέστερα ἐκείνω, ἄγε παρὰ τοσοῦτον ἐπαινεῖται, παρ' ὅσον ὁμοιότερα ἐκείνοις φαίνεται. Ἀλλ’ ὅμως ταῦτα μὲν καὶ τὰ τούτων κάλλη παρατρέχομεν παρόντα, ταῖς δὲ ἐκείνων εἰκόσιν ἐκληττόμεθα· καὶ τὸ μὲν τοῦ ζῶντος ὄρνιθος ῥύγχος ὅπως εὐφυὴς κέκαμπται, ἢ τὴν ὁπλὴν τοῦ ζῶντος ἵππου οὐ πολυπραγμονοῦμεν· τὴν δὲ χαίτην τοῦ χαλκοῦ λέοντος, εἰ καλῶς ἥπλωται, ἢ τὰ φύλλα τοῦ λιθίνου δένδρου, εἰ τὰ νεῦρα καὶ τᾶς φλέβας ὑποδείκνυσιν ἐπὶ τοῦ λίθου, τοῦτο τούς ἀνθρώπους τέρπει, καὶ πολλοὶ πολλοὺς ἂν ἵππους ζῶντας, καὶ ἀκεραίους ἀσμένως ἔδωκαν, ὥστε ἕνα λίθινον τὸν Φειδίου ἢ τὸν Πραξιτέλους, καὶ τοῦτον εἰ τύχοι διερρωγότα καὶ λελωβημένον ἔχειν. Καὶ τὰ μὲν τῶν ἀγαλμάτων καὶ ζωγραφιῶν κάλλη οὐκ αἰσχρὸν θεᾶσθαι, μᾶλλον δὲ καὶ εὐγένειάν τινα τῆς θαυμαζούσης ταῦτα διανοίας ὑποφαίνει· τὰ δὲ τῶν γυναικῶν κάλλη ἀκόλαστον καὶ αἰσχρόν. Τί δὴ τούτου τὸ αἴτιον; Ὅτι οὐ σωμάτων κάλλη θαυμάζομεν ἐν τούτοις, ἀλλὰ νοῦ κάλλος τοῦ πεποιηκότος. Ὅτι καθάπερ κηρὸς καλῶς διαπλασθεὶς ὃν ἔλαβε διὰ τῶν ὀμμάτων ἐπὶ τοῦ φανταστικοῦ τῆς ψυχῆς τύπον ἀποδέδωκεν ἐπὶ τοῦ λίθου, ἢ τοῦ ξύλου, ἢ τοῦ χαλκοῦ, ἢ τῶν χρημάτων· καὶ ὥσπερ ἡ ἑκάστου ψυχὴ τὸ αὐτῆς σῶμα οὐκ ὀλίγας μαλακότητας ἔχον διατίθησιν, ὥστε τήν αὐτὴν διάθεσιν, λύπην, ἢ χαράν, ἢ θυμὸν ἐν αὐτῷ ὁρᾶσθαι· οὕτω τὴν τοῦ λίθου φύσιν οὕτως ἀντίτυπον καὶ σκληράν, ἢ τοῦ χαλκοῦ ἢ τῶν χρημάτων τὴν τῶν ἀλλοτρίων τε, καὶ ἔξω διὰ τῆς ὁμοιότητος καὶ τέχνης διατίθησιν, ὥστε ἐν τούτοις τὰ πάθη τῆς ψυχῆς ὁρᾶσθαι. Καὶ ὃ πλέον οὐ γελῶν αὐτός, ἀλλ’οὐδὲ χαίρων ὅλως ἴσως, οὐδὲ ὀργιζόμενος, οὐδὲ πενθῶν, οὐδὲ διατιθέμενος, ἢ καὶ κατὰ τά ἐναντία τούτοις διατιθέμενος, ταῦτα ἐν ταῖς ὕλαις ἀπομάττει. Τοῦτό ἐστι τοίνυν, ὅπερ ἀγάμεθα ἐν τούτοις, ἐπεὶ καὶ ἐν ἐκείνοις τοῖς φυσικοῖς λέγω, εἴ τις τὸν διαπλάσαντα, καὶ καθημέραν διαπλάττοντα, καὶ αὐτὰ δὲ τὰ τῶν πραμάτων εἴδη παραγαγόντα νοῦν, καὶ τὸ ἐκείνων κάλλος, ὅθεν τὰ τοιαῦτα κάλλη προήχθη, θεωροῖ, εἰς ὑπερβολὴν ἄγαται. Καὶ τοῦτο ἀλῆθως ἐστι τὸ φιλοσοφεῖν, καὶ ἡ τοιαύτην θεωρία, καὶ ὁ τοιοῦτος ἔρως, πρὸς τῷ σεμνὸς καὶ σώφρων εἶναι ἐπέκεινά ἐστι πάσης ἡδονῆς. Ἀναγκαζόμεθα δὲ ἀπὸ τῆς τούτων ὄψεως, καὶ ὥσπερ τῶν ὁμοιωμάτων τούτων, οὕτω πολλῷ μᾶλλον τῶν φυσικῶν, οὕτω καλῶν καὶ κατὰ λόγων ὄντων, νοῦν ἀποδίδοναι δημιουργόν. Καὶ εἰ ἐν τούτοις ἡ εὐγένεια τοῦ πεποιηκότος αὐτὰ φαίνεται, καὶ ταῦτα ἀλλοτρίοις παραδείγμασι, καὶ ἀλλοτρίᾳ, καὶ προϋπαρχούσῃ ὕλῃ κεχρημένου, πόσῳ μᾶλλον ἡ εῦγένεια τοῦ νοῦ ἐκείνου διαδέκνυται, οὐ καὶ αὐτὴν τὴν ὕλην καὶ τὰ εἴδη παράγοντος, καὶ αὐτὸν δὲ τὸν ἡμέτερον νοῦν, ὥστε τὰ τῶν πραγμάτων εἴδη ἀπομάττεσθαι, καὶ τὰ τοιαῦτα ποιεῖν ἔξω δύνασθαι πεποιηκότος; Ἀλλὰ ταῦτα τί ἂν πρὸς σὲ λέγοιμι, βέλτιον ἐμοῦ εἰδότα; Ὃ δὲ ἔλεγον, τὸ μὲν ἐν ἡμῖν θεωρητικὸν διὰ τοιούτων καὶ πόλλων ἄλλων θειοτέρων ἡ πόλις αὕτη κινεῖν δύναται. Τὸ δέ γε ἠθικὸν ὁρῶσιν, ὅτι ἡ περὶ τὰ ἔξω ταῦτα τῶν ἀνδρῶν ἐκείνων σπουδὴ καὶ φιλοτιμία, εἰ ἐν οἰκοδομήσασιν, εἴτε ἐν πλούτῳ, εἴτε ἐν ἡγεμονίᾳ, εἴτε ἐν ἀρχαῖς, εἰς τοὔσχατον πάσης εὐδαιμονίας προελθοῦσαι, τέλος, ὥσπερ εἰ μηδὲ ἐγεγόνει τὴν ἀρχὴν εἰς τὸ μηδὲν ὄντως ἀπερρύη, ἐγείραντος διὰ τῆς πίστεως ἀπὸ τούτων ἄλλα τοῦ Θεοῦ ἅπερ ἔδοξεν ἂν τῷ πολλῷ καλλίῳ, καὶ ἃ δυνάμεθα νοῦν ἔχοντες μᾶλλον θαυμάζειν τε καὶ περὶ πλείονος ποιεῖσθαι. Ὑγίαινε.
Chrysoloras, Manuel, Lettre à Démétrius Chrysoloras , p. 107 (fran)(traduction récente d'un autre auteur)
Ce ne sont pas les beautés des corps vivants que je recherche dans les maisons, mais celles des pierres, des marbres et des simulacres. Libre à toi de dire que c’est encore plus déplacé ; pour ma part, il m’est souvent arrivé de méditer sur ceci : comment se fait-il que, lorsque nous voyons jour après jour un cheval, un chien ou un lion vivant, nous ne sommes pas incités à l’émerveillement, nous ne les admirons point pour leur beauté et nous ne faisons pas grand cas de leur vue (il en va de même d’un arbre, d’un poisson ou d’une poule, ainsi que des hommes, pour certains desquels nous éprouvons même de l’aversion), alors que, lorsque nous voyons l’image d’un cheval, d’un bœuf, d’une plante quelconque, d’un oiseau ou d’un homme – ou même, si tu veux, d’une mouche, d’un ver, d’un moustique ou de quelque autre être répugnant –, nous sommes fortement disposés à voir leurs images, nous en faisons grand cas ? Bien qu’il n’y ait pas, je suppose, plus de minutie dans les images que dans les êtres, on loue plus ou moins celles-là selon que leur apparence a plus ou moins de ressemblance avec ceux-ci. Et pourtant, quand ils sont présents, nous n’arrêtons pas notre attention sur les êtres et sur leurs beautés, alors que nous sommes frappés d’admiration devant leurs images. Nous ne nous attardons pas à chercher si le bec d’un oiseau vivant ou le sabot d’un cheval vivant a une courbure heureuse, alors que la crinière d’un lion de bronze, si elle se déploie avec beauté, ou les feuilles d’un arbre de piere, si elles reproduisent les fibres, ou la jambe d’une statue, si elle fait entrevoir sur la pierre les tendons et les veines – cela fait plaisir aux hommes, et nombre d’entre eux auraient donné avec joie de nombreux chevaux vivants et sans défauts afin d’avoir un seul cheval de Phidias ou de Praxitèle, même s’il se trouvait être brisé et mutilé. Il n’est pas honteux de regarder les beautés des statues des tableaux, cela révèle même plutôt une certaine noblesse de l’intellect qui les admire ; ce qui est honteux et licencieux, c’est de regarder les beautés des femmes. À quoi cela tient-il ? À ce que nous admirons dans ces œuvres, non pas les beautés des corps, mais la beauté de l’esprit de celui qui les a faites ; à ce que ce dernier, telle une cire modelée avec beauté, produit, dans la pierre, le bois, le bronze ou les couleurs, une empreinte qu’il transmet par les yeux à l’imagination de l’âme. Et, de même qu’en chacun l’âme dispose le corps – qui est fort malléable – au point qu’on voit en lui les dispositions qu’elle a (chagrin, joie ou colère), de même, grâce à la ressemblance et à sa dextérité, l’artiste dispose la nature de la pierre, pourtant si rigide et si résistante à l’empreinte, ou celle du bronze ou des couleurs – du moins leur nature involontaire et extérieure – au point qu’on voit en eux les émotions de l’âme. Lui qui n’est personnellement pas plus disposé à rire, encore moins peut-être à se réjouir ou à s’irriter, à pleurer, qu’il n’est disposé aux émotions opposées à celles-là, il les empreint dans la matière. Voilà donc ce que nous admirons dans les œuvres.
Commentaires : Trad. Baxandall, 1971, p. 107
Trissino, Giovanni Giorgio, La Poetica di M. Giorgio Trissino(publi: 1529; 1562), p. 9 (italien)
E poi ogni uno della imitazione comunemente s’allegra, come per lo effetto stesso si può vedere, perciò che quelle cose, che con dispiacere veggiamo, come sono fiere, serpi, corpi morti, e simili, le loro imagini però con diletto riguardiamo, massimamente quando sono con diligenza ritratte ; e questo avviene, che essendo l’imparare non solamente ai filosofanti, ma a tutti equalmente soavissima cosa, gli uomini si rallegrano a vedere le immagini ritratte, percioche mirando esse, imparano, che vanno riconoscendo, questo è il tale, e quell’altro è il tale ; e se per aventura non si ha veduto prima la cosa, di cui si vede il ritratto, non si ha per la imitazione diletto, ma per i colori, o per l’artificio.
Vasari, Giorgio, Le vite de’ più eccellenti pittori, scultori e architettori nelle redazioni del 1550 e 1568(publi: 1550:1568) (t. IV), p . 23-24 (italien)
Lionardo, arrecatosi un giorno tra le mani questa rotella[Explication : di legno di fico.], vedendola torta, mal lavorata e goffa, la dirizzò col fuoco ; e datala a un tornitore, di rozza e goffa che ella era, la fece ridurre delicata e pari ; ed appresso ingessata ed acconciatala a modo suo, cominciò a pensare quello che vi si potesse dipingere su, che avesse a spaventare chi le venisse contra, rappresentando lo effetto stesso che la testa già di Medusa. Portò dunque Lionardo per questo effetto ad una sua stanza, dove non entrava se non egli solo, lucertole, ramarri, grilli, serpe, farfalle, locuste, nottole ed altre strane spezie di simili animali, dalla moltitudine de’ quali variamente adattata insieme cavò un animalaccio molto orribile e spaventoso, il quale avvelenava con l’alito e faceva l’aria di fuoco ; e quello fece uscire d’una pietra scura e spezzata, buffando veleno dalla gola aperta, fuoco dagli occhi, e fumo dal naso sì stranamente, che pareva mostruosa ed orribile cosa affatto : e penò tanto a farla, che in quella stanza era il morbo degli animali morti troppo crudele, ma non sentito da Lionardo per il grande amore che portava all’arte. [...] Andato dunque ser Pietro una mattina alla stanza per la rotella e picchiato alla porta, Lionardo gli aperse dicendo che aspettasse un poco ; e ritornatosi nella stanza, acconciò la rotella al lume in sul leggio, ed assettò la finestra che facesse lume abbacinato ; poi lo fece passar dentro a vederla. Ser Pietro nel primo aspetto, non pensando alla cosa, subitamente si scosse, non credendo che quella fosse rotella, né manco dipinto quel figurato che e’ vi vedeva ; e tornando col passo a dietro, Lionardo la tenne, dicendo : « Questa opera serve per quel che ella è fatta ; pigliatela dunque e portatela, ché questo è il fine che dell’opere s’aspetta. »
Maggi, Vincenzo ; Lombardi, Bartolommeo, In Aristotelis Librum De Poetica communes explanationes. Madii vero in eudem Librum propriæ annotationes. Ejusdem de Ridiculis. Et in Horatii librum de Poetica interpretatio(publi: 1550), « Annotationes » (numéro part. 54) , p. 134-135 (latin)
Aristoteles in hoc contextu quibusdam superius a se positis contradicere uidetur. Hic enim tragœdias actiones aliquas, quæ iam aliquibus contigerunt, imitantes tam eos, qui illas nouerunt, quam qui de huiusmodi actionibus nullam prorsus cognitionem habuerunt, delectare docet. Superius uero rationem decens, cur omnes imitationibus gaudent, id signum affert, quoniam quæ nos moleste intuemur, sicuti cadauera, si per picturam, uel sculturam recte sunt expressa, nos delectant. Eius autem rationem addit, quoniam addiscere iucundum est : in huiusmodi autem inspectione ratiocinamur hoc illud esse. Alioqui si minime ueras formas inspeximus, nullam omnino præbit imitatio uoluptatem, præter quam opificio, uel colore, uel aliqua alia eius generis ratione. His ita positis, ducamus argumentum in hunc modum. Sicut imago rei magis eum delectat, qui rem prius nouit, quam qui non nouit ; quam imitatur poeta, discet, et ratiocinabitur hanc actionis illius imitationem existere ; quam sane ratiocinationem is nequit efficere, quem prorsus latet, cuius nam illa sit imitatio. Si igitur is, qui cuius imitatio sit nouit, et ratiocinatur, et discit ; addiscere autem iucundum est, is utique, qui actionem nouit, cuius fabula imitatio est, maiori uoluptate afficietur, quam is, qui eam ignorat, quoniam de ea ratiocinari non potest. Possem equidem dicere, nolle Aristotelem fabulam eos æque delectare, qui actionem, cuius fabula imitatio est, penitus ignorant, atque qui eam optime norunt, sed tantum innuere tragœdiis homines, siue notæ sint, siue sunt ignotæ, mirifice gaudere. [...] Quod si ita dicatur, perstat adhuc supradicta contradictio. An ratio dispar est in imagine picta rem ueram referente, et tragœdia actionem aliquam imitante. Quoniam pictura, nisi referat exacte rem, quam imitatur, minime delectat ; neque recte possumus ratiocinari hoc illud esse, si non idem repræsentet. Opus igitur est, ut pictura ne latum quidem unguem a uero recedat. At imitatio poetica, quanquam occasionem imitandi a rebus interdum arripiat, nihilominus uniuersale respiciens, exprimit actionem eam, ut uerisimiliter fieri potuisset. Quocirca ratio dispar est in pictura et imitatione tragica : quoniam hæc uniuersale, illa uero singulare sectatur. Quod si recte poeta uniuersale respiciens, actionem illam expresserit, spectatores omnes probe ratiocinantur, huius imitationem illius esse generis uitæ, quam imitantur expressionem. Forte etiam dici posset, actionem quidem tragœdiæ imitationem existere ; ea tamen ratione, qua in scena agitur, perinde est, ac si res ipsa esset, nec ut imitatio a spectatoribus habetur ; quod de pictura minime dici potest. Quocirca picturæ, et tragicæ actionis ratio dispar erit. Adde, tragœdiam in populi, ac uniuersæ turbæ gratiam fieri, eiusmodi autem multitudinem fabulas eas ignorare. Quanquam igitur unus, aut alter eas optime calleat, non erit sollicitus ; cum præsertim et illi in noua fabula spectanda uoluptatem sint percepturi.
Maggi, Vincenzo ; Lombardi, Bartolommeo, In Aristotelis Librum De Poetica communes explanationes. Madii vero in eudem Librum propriæ annotationes. Ejusdem de Ridiculis. Et in Horatii librum de Poetica interpretatio(publi: 1550), « Explanatio » (numéro part. 19) , p. 72 (latin)
Signum affert eius, quod in præcedentis particulæ fine dixerat, longe manifestissimum, omnes scilicet imitationibus æque delectari, nam animalia fera, puta uiperæ, atque hominum cadauera, quæ molestia inspicimus, tamen exquisite depicta nos plurimum delectant. Huius uero rei rationem subiicit, quod addiscere omnibus hominibus est iucundissimum : quanquam philosophis præ cæteris iucundius sit, quoniam exactius aliis discunt. Cum igitur intuendo picturas, cum hæc illius pictura est, adiscimus, iure gaudemus. Quod autem homines in imaginum inspectione, idcirco gaudeant, quoniam et addiscunt, et imitationem agnoscunt, uel inde patet, uel etiamsi imaginem conspiciant, cuius uero sit ignorent, imitationis ratione nullam uoluptatem perspiciant : quoniam huius imitatio sit, non adiscunt : quamuis ea ratione ex imaginibus aspectu uoluptatem capere possint. Ceu si opificum pulcherrimum, et exquisitissime factum, ex colore uenusto, atque eleganti depictum sit : aut si propter aliam rationem oblectet ; ut si fuerit imago rei, quæ sit intuenti gratissima, sicut equus militi, et studioso liber.
Le Caron, Louis, Dialogues(publi: 1556), p. 296 (fran)
Car non sans grande volupté et admiration nous voions l’image et figure des choses, lesquelles vives et naturelles n’ausons à grand’ peine regarder : comme des bestes cruelles et sauvages, des hommes défigurez, et d’autres semblables : non que telles choses apparoissent belles : mais parce que naïvement depeintes et representées de leurs vraies et non feintes couleurs elles semblent avoir quelque vie, et enseignent celui qui s’arreste à elles de leurs formes et figures, lesquelles autrement il ne voudroit ne pourroit cognoistre sans grand desdain et fâcherie. Telle est l’imitation de la poësie, laquelle nous appelons vive ou parlante peinture, et céte-ci la muette poësie. Quand donc les poëtes descrivent quelques choses horribles, quelques faits tristes et miserables, quelques mœurs et afections vehementes, il ne faut tant regarder au sujet, qu’à la bienseance de l’art qui l’a diligemment exprimé. Quelle grace auroit ou la peinture, ou le discours de la chose laide, si elle n’estoit peinte ou descrite selon son naturel ?
Minturno, Antonio Sebastiano, De poeta(publi: 1559), p. 23 (latin)
- [1] Imitatio plurimum oblectat
- [2] Imitatio motus animi uimque mentis excitat
- [3] Cur efficta delectent
- [4] Imitatio ut delectet, sit rerum, quarum aliquid perspectum sit
[1] Enimuero natura ita nos affecit, ut omnes efficta rerum specie mirum in modum oblectemur. Nam multa cum sint, quæ conspecta nobis afferunt molestiam, eorundem tamen imagines ad unguem expressas summa cum animi uoluptate spectamus. Nemo est enim, qui aspicere sæuissimas feras, mortuos, cædes, non horreat, quarum quidem rerum simulacra, si numeris uerbisque poeta, si coloribus et figura pictor illa effinxerit, ad mirificam delectationem animos omnium excitant ; etiam si res singulæ uti sunt, ita sane hæc singula, quibus illæ exprimuntur, afficiant. Ego vero, ut de me loquar, cum uirgiliana illa de Laocoonte memoria repeto, ita expressa, ut uere dicas, nihil supra, in eam rapior commiserationem, quæ quidem uehementer me delectat. Hæc eadem ut ab illo descripta sunt, ita cum euenerunt, si forte conspexissem, summo animi terrore me perturbassent. [2] Imitatio enim ipsa per se, uim propriam quandam cum habeat delectandi, animi tamen, orisque habitus, quos illa repræsentat, ut sua quique natura est, sic tanquam uisa nos mouent, ac pulsant, atque in eam auocant cogitationem, qua nos conformant. Sed fortasse hinc sit, quod tantopere lætemur; cum quid optime effictum conspicimus; quia non modo sapientiæ studiosi ea de causa discunt, sed etiam imperiti; idque quamprimum. [3] Natura enim trahimur enim omnes discendi studio, et optimus quisque cupiditate scientiæ ducitur. Excitant sane uim mentis simulacra, ut quæ antea nobis essent plane perspecta, statim memoria repetamus, eaque, cum ita essent; erant nobis cognita, iam agnoscamus, mirandum in modum oblectemur. [4] Aut quæ nodum nota, necdum explorata habemus, eorum ubi acceperimus nomina, cuiusmodi sint cognoscamus. Nam quorum nihil tibi fuit compertum, horum profecto similitudo, si uersibus fuerit expressa, numeris, et apta conformatione uerborum, si pictura, colore ipso, et pulchra quadam facie delectare te potest, imitatione non potest.
Partenio, Bernardino, Dell’imitatione poetica. Libro primo(publi: 1560), p. 531 (italien)
Oltre che in questo cediamo alla nostra natura, la quale ci fa pigliar dilettazione dalle cose ben imitate; di maniera che infine le cose terribili e orrende, che vere ci spaventano, molto di piacere e di diletto ci recano.
Vettori, Pietro, Commentarii, in primum librum Aristotelis de Arte Poetarum(publi: 1560), p. 32 (latin)
Nam addi etiam potest, animantes multas feras et immanes, si sine periculo sui videantur, ob speciem corporis delectare potiusquam dolorem inurere ac pœnam : cum contra lambrici, scarabei, blattæ, vermesque omnes, non sine molestia unquam cerni possint. Plutarchus quoque, cum et ipse quanta vis esset imitationis ostendere vellet in libello, quo docuit quo animo oportet adulescentes accedere ad audiendos poetas, exempla posuit vilium animalium turpiumque animantium, ut lacertæ, scimiæ, quibus addidit, inhonestam et ipsam fœdamque Thersitis faciem : ut in V. etiam libro Symposiacon : nusquam enim meminit, nisi rerum aspectu fœdarum. Corpora etiam hominum vita privatorum visu molesta, fœdaque sunt : eadem tandem eximie repræsentata voluptatem afferunt, ut tradit Aristoteles ; cui etiam rei simile est id, quod attulit Plutarchus ambobus illis in locis, de Philoctete picto, qui ulceribus scatebat ; et effigie Iocastæ, quæ confecta mærore erat, et tristitiam animi ingentem præ se ferebat.
Minturno, Antonio Sebastiano, L’Arte Poetica del Sign. Antonio Minturno, Nella quale si contengono i precetti Heroici, Tragici, Comici, Satyrici, e d’ogni altra Poesia(publi: 1563), p. 8 (italien)
Laonde, percioché mirando appariamo, e nel pensiero ci rechiamo, che sia quel, che l’imagine dipinta ci rappresenta, grandissimo piacere della pittura sentiamo. Perché, dove in nostra notizia la cosa per l’imagine rappresentata venuta ancora non fusse, se pur la vista di quella imagine ci dilettasse, non già per l’imitazione, ma per la vaghezza dell’opera, o per la bellezza de’ colori, o per altra simile cagione di diletto ciò n’avverrebbe. Parimente diciamo delle cose, con le quali imitiamo. Perciò che siam nati al dire, e al canto, e al tempo, e alla misura [...]. Né sia, chi neghi il modo dell’imitazione esser cosa naturale. Percioché dalla fanciullezza ci sentiamo naturalmente sospinti e indutti a udir novelle, e a narrarle, e a trasformarci in altrui persona vestandoci, e l’altrui voce, l’altrui parlare, gli atti altrui fingendo.
Castelvetro, Lodovico, La poetica d’Aristotele vulgarizzata e sposta(publi: 1570) (II, 1), t. I, p. 98-103 (éd. 1570, fol. 38v-45) (italien)
Καὶ τὸ χαίρειν τοῖς μιμήμασι πάντας etc. Tutti gli uomini, cioè e fanciulli e attempati e idioti e intendenti, si ralegrano delle opere fatte per rassomiglianza, per loro o per altri ; il che Aristotele pruova così. Degli animali e di quelle cose che veramente essendo ci spiacciono e sono da noi abominate, quali sono biscie, botte e carogne, le figure, quanto sono con più diligenza dipinte e per conseguente più vicine alla verità, tanto più ci dilettano ; adunque la rassomiglianza è d’allegrezza a tutti. Ma peraventura ciò non è indifferentemente vero, percioché la rassomiglianza si fa alcuna volta della cosa rassomigliata in tutto, e alcuna volta in parte. Quando si fa in tutto, se la cosa rassomigliata ci spiace e è da noi abominata, parimente la rassomigliante ci dispiacerà e sarà da noi abominata. Ma quando la rassomiglianza si fa in parte, se la cosa rassomigliante non ci rappresenta la parte spiacente, poiché non ha quello che ci fa spiacere la cosa rassomigliata, non è maraviglia se ci diletta. E tali sono le biscie, le botte e le carogne dipinte, le quale nella rassomiglianza non hanno altro che i liniamenti e i colori simili alle vere, e per conseguente non hanno il veleno o il puzzo, né ci rappresentano la malizia o il nocumento loro, che sono le cagioni per le quali abominiamo somiglianti animali e cose, con un’altra malizia e nocumento d’uguale dispiacere. Ora non è vero quello che si prende Aristotele per cosa manifesta, che tutte le maniere d’uomini prendano diletto dell’opere fatte per rassomiglianza per loro o per altri ; conciosia cosa che altri si contristi quando s’aviene ad una pittura o statua o altro che per rassomiglianza gli rappresenti o gli rinovelli la memoria d’alcuna azzione d’infamia a sé o a’ suoi amici, sì come ancora si confonde di vergogna e s’arrossa e per conseguente sente dolore la persona onesta quando s’abbatte ad alcuna memoria di disonesta lascivia rappresentata per rassomiglianza. Io lascio di dire che la tristezza puo ancora occupare altrui per sazietà, quando vede rassomigliare cose troppo agevoli a farsi, o per disprezzo, quando non sono rassomigliate bene, o per invidia, quando sono troppo bene rassomigliate.
Αἴτιον δὲ καὶ τούτου, ὅτι μανθάνειν τοῖς φιλοσόφοις ἥδιστον etc. Rende Aristotele la ragione perché gli uomini tutti prendano diletto del mirare l’opere fatte per rassomiglianza, la quale è questa : cioè lo ’mparare è cosa dilettevolissima ad ogni maniera di gente, quantunque gl’idioti non imparino tanto quanto i filosofanti, né v’abbiano tanta parte di diletto; ma perché non si può riconoscere, alcuna rassomiglianza che non s’impari, seguita che ogni rassomigianza, in quanto è rassomiglianza e è riconosciuta per tale, diletti tutti i riconoscitori ; volendo secondo me dire Aristotele che il comporre con lo ’ntelletto insieme le similitudini e le dissimilitudini che sono in diverse cose è il mezzo da imparare, o lo ’mparare che sia ciascuna cosa. E questo così fatto comporre è cosa dilettevolissima a tutti, conciosia cosa che sia propria dell’uomo e non commune con altro animale. La quale di necessità sempre cade nel riconoscere la rassomiglianza ; percioché, se io riconosco pogniamo una effigie dipinta d’una persona certa, perciò lo riconosco, perché con la mente compongo insieme i liniamenti e i colori e la misura e altro simile dell’effigie e dell’effigiato, e in questo mezzo di comporre e dello ’mparare pervengo alla notizia che questi è colui, cioè che questa effigie è stata fatta per effigiare e per rassomigliare quella persona certa. Per che, se io non avessi veduta prima la persona effigiata, io non avrei potuto comporre insieme le similitudini trovantisi in diverse cose, né pervenire a questa riconoscenza, non n’avendo veduta altro che una, né attingere questo diletto surgente dal fonte del riconoscere la rassomiglianza. Ora, perché gl’idioti non possono per lo rintuzzato agume del loro intelletto penetrare tanto oltre in trovare e in riconoscere le similitudini e le dissimilitudini in cose diverse quanto fanno i filosofanti, ma truovano e riconoscono solamente quelle che sono vie più che apparenti, là dove i filosofi investigano e discernono ancora le più riposte e nascose, quindi aviene che gl’idioti non hanno così larga parte dello ’mparare né così pieno diletto come i filosofanti. Ora io non niego che questa cagione assegnata da Aristotele perché la rassomiglianza arrechi diletto agli uomini non sia vera, ma niego bene che sia sola, percioché ce ne sono dell’altre le quali non erano da lasciare da parte. E ciò sono, prima, perché si ralegra l’umana natura quando vede che non è da meno che gli altri animali, rassomigliando essa l’azzioni della sua spezie sì come rassomigliano per instinto naturale quelle delle loro spezie ; e appresso molto si ralegra quando rassomiglia l’azzioni degli altri animali, e spezialmente quelle che paiono quasi proprie, come è il notare de’ pesci; né si ralegra punto meno quando rassomiglia l’azzioni della natura o della fortuna o del corso delle mondane cose con varie arti : pittura, scoltura, musica, poesia e simili, parendole essere una nuova natura o fortuna o corso delle mondane cose e avere non so che di celestiale. Senza che si ralegra ancora, oltre a queste cagioni procedenti da vana gloria, per molte altre procedenti da utilità che trae dalla rassomiglianza: o imparando cose non più sapute, sì come altri impara pogniamo da una effigie dipinta del leofante come è fatto quell’animale, non essendogli mai stato agio prestato di vederlo per la lontananza del paese dove nasce ; o imparando quello senza noia per rassomiglianza che altri non potrebbe con la cosa rassomigliata, con tutto che gli fosse prestato agio di vederla, come molti, non potendo senza noia guardare le membra umane secate per imparare a medicare, le considerano dipinte con diletto e ne traggono utili insegnamenti; il che può similmente avenire delle biscie, delle botte e di simili cose schifevoli ; o rinovellando la memoria delle cose smarrite già imparate, o conservando la memoria tuttavia e rinfrescandola delle cose non ismarrite. Ma perché Aristotele usa l’esempio del diletto che si prende della rassomiglianza della pittura per farci conoscere il diletto che si prende della rassomiglianza della poesia, è da sapere che l’esempio non è il migliore del mondo, conciosia cosa che la pittura diletti meno in quella parte nella quale sommamente e solamente la poesia diletta, e in quella dove la pittura diletta più e sommamente, la poesia non solamente non diletti, ma spiaccia ancora. Percioché la pittura, avendo riguardo alla materia che prende a rassomigliare, si dee dividere in due parti: nell’una, quando rappresenta cosa certa e conosciuta, come uomo certo e speziale, pogniamo Filippo d’Austria re di Spagna, e nell’altra, quando rassomiglia cosa incerta e sconosciuta, come uno uomo incerto e in generale. Ora quando la pittura rassomiglia uno uomo certo e conosciuto, come Filippo d’Austria re di Spagna, diletta molto più di gran lunga che non fa quando rassomiglia uomo incerto sconosciuto e in generale. E la ragione è evidente, percioché minore fatica e minore industria mostra il dipintore in fare la figura dell’uomo incerto e sconosciuto, che non fa nella figura dell’uomo certo e conosciuto ; e per ogni picciola dissimilitudine che sia tra l’effigie e l’uomo effigiato non può essere ripreso o riprovato nella figura dell’uomo incerto, non potendo cotale figura aver difetto così grande che non possa essere scusato, trovandosi tanti diversi uomini di forma al mondo fuori de’ termini de’ quali basti che non esca la figura dell’uomo incerto. Io dico che questa è la ragione perché diletti più l’una figura che l’altra, e non quella ragione che assegna Leone Battista Alberti, cioè perché la figura della sconosciuta non è presa dalla natura, esendo l’una e l’altra presa dalla natura almeno per possibilità. Ora la poesia si dee secondo la materia che si prende a rassomigliare similmente dividere in due parti : nell’una, quando rassomiglia cosa certa e conosciuta, come una istoria certa e avvenuta, come pogniamo la guerra citadinesca avenuta tra Cesare e Pompeo ; e nell’altra, quando rassomiglia cosa incerta né conosciuta in ispezialtà, come pogniamo la venuta d’Enea da Troia in Italia. Ma quando la poesia rassomiglia una istoria certa e avenuta e conosciuta, non solamente non ci diletta, ma ci dispiace ancora, e ci dispiace tanto che non può ritenere il nome pure di poesia, e quindi è riprovato Lucano e Silio Italico e alcuno altro, e rimosso dalla schiera de’ poeti. Ma se la poesia rassomiglia istoria incerta e non conosciuta in ispeziale, ci diletta fuori di misura. E la ragione parimente è manifesta, che il poeta nell’istoria certa e conosciuta particolarmente non dura fatica niuna né essercita lo’ ngegno in trovare cosa niuna, essendogli porto e posto davanti, in tutto dal corso delle cose mondane. Il che non aviene nell’istoria certa e sconosciuta, convenendo al poeta aguzzare lo’ ntelletto e sottigliare in trovare o il tutto o la maggior parte delle cose ; e quindi viene commendato e ammirato Virgilio che abbia fatto così. Adunque la rassomiglianza delle pittura e la rassomiglianza della poesia non solamente non sono simili o non operano simile effetto, ma sono ancora contrarie e operano contrario effetto, facendosi nella pittura stima della rassomiglianza di fuori, la quale appare agli occhi per gli colori, e nella poesia della rassomiglianza interna, che si dimostra allo’ ntelletto per gli avenimenti delle cose composte insieme. Io non lascierò ancora di dire che Aristotele non si contentò semplicemente d’addurre l’essempio della pittura a provare che tutti gli uomini godano della rassomiglianza, ma soggiunse ancora così fatta ragione : che perciò la rassomiglianza nella pittura, e per conseguente in ogni altra cosa, ci diletta, percioché noi impariamo come questa figura è il cotale uomo, in guisa che vegniamo per mezzo della figura a conoscere l’uomo figurato. Ma è da por mente che il mezzo per lo quale dobbiamo imparare sempre dee essere più conosciuto che non è la cosa che per quello dobbiamo imparare ; sì come, per cagione d’essempio, se io volessi dimostrare e fare che altri imparasse che due dottori in uno medesimo studio, insegnando una medesima dottrina con pari salario, stimandosi l’uno da più che l’altro e l’altro da più che l’uno, non potranno lungamente essere concordi tra loro, prenderei uno essempio molto conosciuto per mezzo di due galli, uguali di forza e redentisi ciascuno avanzare l’altro, posti in una medesima corte di galline, che non istanno in pace. Ma Aristotele, proponendoci la figura per mezzo da imparare e da conoscere l’uomo di cui è figura, ci propone un mezzo men conosciuto che non è la cosa che dobbiamo conoscere, conciosia cosa che la figura non possa essere più naturale o più simile o tanto quanto è l’uomo conosciuto, né altri n’ha bisogno conoscendolo ottimamente prima, ma egli prende la rassomiglianza della figura per mezzo da comporre le similitudini e le dissimilitudini d’essa figura con quella dell’uomo figurato, come è stato detto. Egli è ben vero che alcuna volta si prende la figura per mezzo da imparare il figurato, ma allora la figura è più conosciuta a colui che dee imparare che non è il figurato, sì come è la figura del leofante, il quale altri per mezzo della figura impara, e conosce come sia fatto il leofante ; e di sopra dicemmo questa dello’ mparare quello che non sappiamo essere una delle cagioni perché ci diletti la rassomiglianza.
Επεὶ ἐὰν μὴ τύχῃ προεωρακώς etc. Cosa monstruosa e mai più non istata e non conosciuta a noi per veduta o per udita o per altra via, dipinta non ci diletta, quanto è al diletto che procede dalla rassomiglianza, quantunque la dipintura ci possa dilettare per altro ; e tali sono alcune tele dipinte in Fiandra. Medesimamente cosa monstruosa e non mai più stata o non ricevuta dal commune giudicio del popolo per possibile ad avenire o per verisimile, posta in poesia non ci può dilettare, quanto è al diletto procedente dalla rassomiglianza ; bene può quel poema dilettare per altro, come per purità di parole o per ornamenti di figure e per suono di versi. E peraventura tali azzioni monstruose si troverebbono nel Morgante di Luigi Pulci e in alcuni libri scritti in ispagniuolo.
Οὐ διὰ μίμημα ποιήσει τήν ἡδονήν. Se il testo si legge οὐ διὰ μίμημα, come è stampato, non ha difficultà niuna ; ma se si legge οὐ μίμημα,come afferma Pietro Vittorio leggersi in tutti i testi scritti a mano, è da sporre οὐ μίμημα, cioè l’opera fatta per rassomiglianza non opera per sé diletto, ma per artificio o per colori o per altro.
Κατὰ φύσιν δὲ ὄντος etc. Poi che Aristotele ha provato che la rassomiglianza è naturale all’uomo per quattro ragioni, la quale rassomiglianza è una delle cagioni della poesia, cioè della materiale, di nuovo la ripiglia e brevemente la ridice e v’accompagna la seconda, che è l’armonia e ’l numero, sotto la qual cagione si comprende ancora il verso. Né si dà a provare che l’armonia sia naturale all’uomo, perché altri l’hanno provato, né ciò aveva contrasto.
Piccolomini, Alessandro, Annotationi nel Libro Della Poetica d’Aristotele ; con la traduzione del medesimo libro in lingua volgare(publi: 1575) (part. 19), p. 67-71 (italien)
(Traduction) Percioché di quelle stesse cose, le quali noi con molestia e con abominazione guardiamo, le figure nondimeno, e le imagini esattamente et somigliantissimamente fatte, gaudemente godiamo, e siamo vaghi di riguardare : com’a dir, figure e ritratti d’abominevoli, e molesti animali, e di cadaveri. Et la ragion’ di questo si dee stimar, che sia, che l’acquistar notitia, et imparar di nuovo è cosa giocondissima, non solo a i filosofi, ma parimente agli altri; quantunque in vero gli altri non habbian di ciò tanta parte. Per questo adunque senton piacere di riguardare i ritratti, e le immagini delle cose, perche in così fatto riguardamento accade lor d’acquistar notitia, et di conoscer quasi per sillogismo che cose quelle tai cose siano; com’à dire, che questi sia colui. Imperoche se accaderà, che quelle cotai cose non siano state vedute, o conosciute prima, non cagioneranno le immagini d’esse, per causa dell’imitatione dilettatione alcuna: ma solo la cagionerà forse la qualità dell’artificio, o la vaghezza dei colori, o altra somigliante cosa.
Annotationi. […] Non lascerò già di dire, non conoscer’io fondata in questo luogo la ragione, o vero il segno d’Aristotele, in argomento dal maggiore, come stima il Robertello; il qual forma l’argomentatione in questo modo. Se le persone con piacer riguardanno le dipinte figure delle cose dispiacevoli, e noiose ; molto più diletto gusteranno in guardare le azioni poetiche, le cui imitazion son di cose, che non son’horribili, et dispiacevoli ; non dovendosi recar in scena imitazion di morti, di ferimenti, di tormenti, e d’altre tali acerbe cose. In così fatta spositione, lasciando primieramente stare, che la forma dell’argomento, ch’ei fa, non è dal maggiore, com’ei dice, ma dal minore, poi che conclude affermativamente; come ben sanno i logici; son comprese più altre cose; al mio giuditio non convenienti. Et in prima adduce questo segno Aristotele, argomentando, o dal minore, o dal maggiore; ma prendre l’imitation delle cose dispiacevoli, più tosto, che delle dilettevoli; perche, se prendesse le dilettevoli, si potrebbe pensare, che nel sentir diletto in vederle imitate, non fusse l’imitation cagione di quel diletto; ma ch’egli nascesse dalle stesse cose, che nell’imitatione ci si rammemorassero; et per conseguente più tosto quella rammemoratione, et quel riconoscimento, che la imitatione stessa ci dilettasse, dove che in veder’ imitate cose spiacevoli, et noiose, sentendo diletto di cotal vista, bisogna, che non potendo ciò nascer dalle cose stesse, nasca di necessità dall’imitatione. Oltra di questo non fa al proprio nostro presente il dire, che nella pittura, et in altre simili arti, accascar possa, che s’imiti cose spiacevoli, et horribili, e nelle sceniche poesie ciò non si debba fare, per non dover tai cose apparire in scena, percioché non delle sceniche e drammatiche poesie specialmente intende Aristotele in questo luogo ; ma vuol provar esser vero, che l’imitazion porti natural diletto. E la prova procede, non solo in una specie di poesia, ma in tutte le specie d’essa, anzi in tutte le imitazioni. Oltrache il non doversi recar’ in scena imitazion di morti, d’ammazamenti, di ferimenti, e simili, non nasce dal non potersi nella scena imitar cose, che dispiacino, imitandosene quivi molte; ma da altra cosa procede, come vedremmo, quando della favola tragica si parlera, che passione, over patimento domanda. Basti per hora d’haver per certo, ch’in ciascuna spetie di poesia si può imitare così le cose, che vere essendo dispiacciono, et s’abboriscono; come quelle, che vere essendo piacciono. Et maggiormente che può occorrere, che una stessa cosa imitata, ad alcuni di quei, che la veggono, nel vero esser suo, dispiaccia, et odiosa sia; et ad altri per il contrario sia dilettevole. Et nondimeno non è dubbio, che la poetica facultà nelle leggi sue non habbia da depender da accidental varietà delle libere volontà degli huomini.
Non ho ancora per molto sicuro il modo d’imparare, che vuole il Vittorio, che si faccia nell’imitatione; dicendo esso, che l’imparare, che quivi si fà, altro non importa, ch’un’esercitarsi con l’aiuto dell’imitatione, et un rinnovarsi, et raccendersi nell’animo, la cosa imitata, che già era quasi spenta, et sopita. Ma io altrimenti credo, che s’habbia da intender questo imparare; cioè ch’in modo di sillogismo si concluda, che questa cosa sia quella, com’à dir, che quel volto, che ritratto, et pinto vediamo, sia il volto, com’à dir di Papa Gregorio, il che prima non sapevamo; di modo che non solo si viene ad escitar nell’animo cosa, che sopita vi fusse, ma ancora di nuova cosa s’aquista notitia; come non molto di sopra haviamo in buona parte dichiarato.
Non mi posso ritenere di non palesare la maraviglia, ch’io prendo di quello, che sopra di questo luogo dicon’alcuni spositori in lingua nostra. Dicon’adunque parer loro Aristotel degno di riprensione in dire, che l’imitatione nelle cose ben’imitate, o piacevoli, o dispiacevoli, che le siano nell’esser loro, recchi sempre dilettatinoe: conciosiacosache spesso si vegga (dicon’essi) accader il contrario. Com’ per essempio, quando noi vedendo bene imitato un nostro nemico in qualche honor posto, ci rattristiamo per la invidia, che ne prendiamo et in veder ben’imitato qualch’atto lascivo, et lussurioso, come l’uso stesso scoperto di Venere, o simile, l’huomo honesto ne prende abominatione, et fastidio. Et in veder ben’imitato qualche ammazzamento, o ferimento, o altro sfortunato accidente di qualche persona a noi grandemente cara, come di padre, di figlio, o simile; sentiam subito intenerirci, et riempirci di dolore. Et il simile van costoro discorrendo per altri simili casi: nei quali tutti, dicon non esser vero quello ch’Aristotel dice, che diletti l’imitatione. Queste cose mi paion tanto facili a mandarsi a terra, ch’io non mi voglio più distender in esse: potendo ciascheduno per se stesso vedere, che tutti i detti dolori, et tristezze son cose per accidente, che non da imitatione, derivano, ma da cagioni congiunte per accidente con quella.
Riprendono alcuni spositori in lingua nostra Aristotele, che a provare, che l’imitazion diletti, si servi dell’esempio della pittura, essendo simili i cotal diletto la poesia e la pittura. Conciosiacosa che la pittura diletti più, quando imita persone riconosciute ; e la poesia per il contrario più diletti imitando azioni non sapute prima, come la venuta d’Enea in Italia, et simili ; che non fa quando imita azzioni già note, come la guerra tra Cesare e Pompeio et simili. Ma così fatta riprensione non ho per legitima, o di valor alcuno. Primamente stimo io, che pecchi, perché l’esempio, ch’Aristotele prende dalla pittura, non è preso da lui per provar altra somiglianza tra quella e la poesia, che questa del dilettare in amendue l’imitazione.
Baldini, Bernardino, Liber de Arte Poetica Aristotelis a Bernardino Baldino versibus fideliter, et Latine expressus(publi: 1576)(latin)
Natura ingenitam mortalibus esse poesim
Arguit humanis animis imitatio grata.
Quam libeat nobis alienos fingere vultus,
Gestus, atque sonos cui non manifestius ipsa
Luce? Vel informis quem fastidire solemus,
Membra, caputque hominis gestimus picta tueri
Sunt nobis odio portenta minacia, larvae
Nocturnaeque, striges, tigris, lupus, hydra, leenas,
Nostros sed visus horum depascit imago.
Atque hostis spectare iuvat simulachra ferocis.
Sive quod inspectis illis agnoscimus hostem, sive quod ingenium artificis se promit in iisdem.
Commentaires : pagination?
Viperano, Giovanni Antonio, De re poetica libri tres(publi: 1579), p. 94-95 (latin)
At forte inquies, si delectatio est propria poeticæ, quæ voluptas capietur e tragœdia, quæ mæroris et luctus est plena ? An mæremus aliorum causa, nostra vero gaudemus, quod in his malis non simus ? An quia dum aliorum miseremur, hoc ipso lætamur, quod homini a natura insitum est misereri ? Quæ vero a natura sunt, ea iniucunda esse non possunt ? An quia fortasse addiscimus quæ fugere oporteat ? Ex doctrina autem voluptas. An quia nos ipsa miseratio delectat ? Nam etiam res vi sua formidabiles, et aspectu horribiles imitatione alique recte expressas non sine voluptate aspicimus.
Sidney, Philipp, A Defence of Poesie(publi: 1595, redac: (1579)), p. 114 (anglais)
That imitation whereof poetry is, hath the most conveniency to nature of all other; insomuch that, as Aristotle saith, those things which in themselves are horrible, as cruel battles, unnatural monsters, are made, in poetical imitation, delightful.
Commentaires : p. 114 éd 1595
Paleotti, Gabriele, Discorso intorno alle immagini sacre e profane(publi: 1582), « Della dilettatione che apportano le imagini cristiane » (numéro I, 22) , p. 219 (italien)
E tanta è la dilettazione che porta così fatta imitazione, che le cose che di sua natura sogliono recare agli occhi fastidio et orrore, come il vedere un mostro o un cadavero o una talpa, fanno contrario effetto quando sono bene imitate, come oltre Aristotele disse Plutarco con queste parole : Delectat picta lacerta, aut simia, aut Thersitæ facies, non pulchritudinis, sed similitudinis causa ; nam quod turpe est suapte natura, nec potest fieri pulchrum, imitatio tamen exprimens similitudinem sive pulchræ, sive turpis rei laudatur.
Bocchi, Francesco, Eccellenza del San Giorgio di Donatello(publi: 1584), p. 147 (italien)
Sono le statue, che hanno il costume, delle altre più pregiate, e per questo vigore mostrano in certo modo quasi moto e quasi vita, e creano in altrui pensieri gentili, che è il fine di ogni altra cosa più nobile e migliore [...]. Nella qual cosa molto è commendato Lionardo da Vinci in quel serpente di fiero aspetto et orribile, che egli dipinse, alla cui vista restò, chi prima il vide, così attonito e spaventato che, tirandosi indietro, temeva forte che il veleno, che quasi sbuffava questo animale, non gli venisse addosso e non l’uccidesse.
Borghini, Rafaello, Il riposo di Raffaello Borghini : in cui della pittura, e della scultura si fauella, de’piu illustri pittori, e scultori, et delle piu famose opere loro si fa mentione ; e le cose principali appartenenti à dette arti s’insegnano(publi: 1584), p. 368-369 (italien)
Laonde Ser Piero la[Explication : la rotella di fico.] diede à Lionardo pregandolo che alcuna cosa vi dipignesse; il quale portatala a una sua stanza vi condusse lucertole, ramarri, grilli, serpi, farfalle, locuste, nottole, et altri strani animali; da’ quali tutti formò un animalaccio molto orribile, e spaventevole, il quale parea che avelenasse col fiato, e spargesse l’aria di fuoco, e finse che egli uscisse d’una pietra oscura spezzata, gittando dalla bocca, e dagli occhi fuoco, e fummo dal naso si stranamente che non si potea rimirare senza terrore: e questa fu la pittura, che egli fece nella rotella, et accomodata in su’ leggio, che ella havesse il lume alquanto abacinato, chiamò il padre, che venisse a veder la rotella, il quale entrato dentro, e non pensando alla cosa, come vide quell’animalaccio, non estimando che fosse dipinto nella rotella; ma vero, e vivo, spaventato volse il passo a dietro per fuggire, all’hora Lionardo arrestatolo gli disse. Questa opera serve per quello che ella è fatta, pigliatela adunque e fatene quello che vi piace, che questo è il fine, che dall’opere s’aspetta.
Lomazzo, Gian Paolo, Trattato dell’arte della pittura, scultura ed architettura(publi: 1584), « Di varij affetti umani » (numéro VI, 66) , p. 420 (italien)
Considerando la cagione onde sia nato quel detto antico, tanta esser la conformità della poesia con la pittura che, quasi nate ad un parto, l’una pittura loquace e l’altra poesia mutola s’appellarono e perciò che di rado è ch’ingegno atto e inclinato a qual s’è l’una di esse, non si stenda e non si compiaccia in gran maniera dell’altra parimente, io vengo a conchiuder, in fine, ciò non d’altronde cagionarsi che dall’essere amendue della natura delle cose e degli accidenti loro, in quanto è lor dato, studiose imitatrici ; questo facendo con tanto valore (parlo de’ buoni) e tanta maraviglia altrui, che le cose stesse, le quali di lor natura o molestia od orore o schifiltà porger ci sogliono, con la loro eccellente imitazione, non che ciò facino, ma in quella vece diletto et ammirazion grandissima di arrecarci hanno in costume.
Alberti, Romano, Trattato della nobiltà della pittura(publi: 1585), p. 216 (italien)
Et insieme, per conclusione di questo, diremo che, se la pittura ci rende dilettevoli quelle cose che veramente, vedendole, ci son a molestia et orrore, come bestie selvatiche e morti, molto più dilettevoli renderà le dilettevoli, aggiungendo piacere a piacere.
Mazzoni, Jacopo, Della difesa della Comedia di Dante(publi: 1587, 1688, redac: 1587:1598), Introduzione (numéro t. I) , § 72 (italien)
Hora egli si deve sapere, che (come hà scritto Aristotele nel decimo dell’Ethica) il diletto è un’accidente proprio d’alcune operationi, e frà l’altre è senza dubbio molto proprio dell’imitatione, poich’egli pare di maniera congiunto con quella, che non si può ritroare in modo alcuno imitatione, la quale non rechi insieme diletto, e piacere. E ce ne fanno pieno, & autentico testimonio molti scrittori antichi, e frà gli altri Aristotele, e Plutarcho. Sinon le parole d’Aristotele nella Poetica. E ciascuno si rallegra delle imitationi, di che habbiamo segno nell’opere ; percioche noi con diletto risguardiamo l’imagini, e specialmente se son fatte con diligenza di quelle cose, che noi con noia veggiamo, come le forme delle bestie, che sono vive abhorrite, e de’ corpi morti. Plutarcho nel libretto, dove hà insegnato in che modo si devano ascoltare i poeti. Percioche si come noi udiamo senza fastidio il grugnito del porco, e lo strido della carrucola, e’l fremito del vento, e lo strepito del mare : ma se alcuno imiterà quelle cose commodamente, come Parmenone il porco, e Theodoro le carrucole ci dilettiamo. Cosi fuggiamo gli huomini infermi, o che sono in sospetto di qualche male, come spettacolo non giocondo : ma veggiamo con allegrezza il Philotete d’Aristophonte, e la Giocasta di Silamone, che rappresentano persone, le quali muiono, come tisiche.
Mazzoni, Jacopo, Della difesa della Comedia di Dante(publi: 1587, 1688, redac: 1587:1598), Introduzione (numéro t. I) , § 22 (italien)
E Plutarco nel libretto, dov’egli insegna il modo col quale si devono ascoltare li poeti, scrive chiaramente che la poesia è una pittura parlante, e soggiunge, che come nella pittura non si biasima la brutezza delle cose rappresentate, purché elle siano imitate bene, che medesimamente nella poesia non si deve biasimare la brutezza dei costumi, s’ella sia espressa artificiosamente.
Guarini, Battista, Il Verrato ovvero Difesa di quanto ha scritto M. Giason Denores. Contra le tragicommedie, et le pastorali, in un suo Discorso di Poesia(publi: 1588), p. 231; 259 (italien)
E se sparge i suoi poemi di buoni costumi, il fa solo per dilettare ; conciosiaché l’imitazione di tutte le cose eziandio orribili e mostruose non che delle buone e tanto amiche della natura, quanto sono i costumi, ci recano gran piacere. E che sia vero Aristotile diede etiandio il suo diletto alla tragedia ch’è tutta piena di morte. [...] E siccome ogni cosa terribile non purga il terrore (ciò si pruova nelle viste delle pitture quantunque orribili, e spaventose, e nelle cose della medesima qualità narrate semplicemente, e senz’arte alcuna dramatica), così ogni rassomiglianza del terribile non produce tragedia, s’ella non vien condotta con l’altre necessarie parti, che ci concorrono.
Summo, Faustino, Discorsi poetici(publi: 1590), Discorso primo, p. 6 (italien)
Et quello istesso si può dir de poeti, che de gli oratori, essendo il fin loro o di persuadere, come dicono alcuni, o di acconciamente dire per persuadere, come altri dissero, così ne più ne meno è poeta colui, che non giova, o che ancor nuoce, se nella imitazion, nella favella, e nelle altre parti del poeta non si sarà scordato del debito suo. Et però tanto è spada quella, che defende altrui delle ingiurie, et opprime i malvaggi, quanto è quella, che offende gli innocenti, et essalta i scelerati, se ben l’uso contrario d’ambedue fa differir l’una dell’altra, non nel nome, o nella sostanza, ma nella qualità e nell’officio solamente. Ma non si può (soggiunge egli più oltre) con niun altro paragone più proprio conoscer la natura della poesia, che con questo della pittura simillissima a lei, ne in altro differente, se non che questa è muta e quella parlante. Hor chi dubita, che’l pittore non sia ancor pittore quando che con tutta la ragion e peritia ci imita qual si voglia dannosissima cosa ? E che tanto non meriti il nome dell’arte quello, che ci dipinge la ferità di Medea, come quell’altro, che si rappresenta la castità di Penelope ? Certo ambi son egualmente pittori, neché tanto disuguali et contrari nelle cose dipinte. Onde benissimo disse Platone nel Sofista, che ogni pittura è pittura per qualunque cosa, che mostri dipinta.
Summo, Faustino, Discorsi poetici(publi: 1590), Discorso primo, p. 12v (italien)
Che ben può essere che imiti cose noscive a fine di giovare, come i tragici imitando i tiranni per rimuover i spettatori della vita tirannica, e farla loro odiosa.
Rossi, Nicolò, Discorsi di Nicolo Rossi Vicentino Academico intorno alla Tragedia(publi: 1590), p. 63 (italien)
Certa cosa è, dunque, per quanto è stato scritto da Aristotele nel principio della Poetica, che la imitazione, che è proprio instrumento del poeta, è data agli uomini dalla natura, poiché per quella sono differenti dagli altri animali ; per quella imparano più agevolmente le prime lettere, e di quella molto si dilettano ; e tanto ché le cose vere che potrebbero indurre in loro spavento, orrore e pianto, espresse con imitazione daranno loro diletto e piacere. Onde se fossero veduti da alcuno que’ crudeli tormenti che fe’ dare Nicocreonte, tiranno di Cipri, ad Aristarco, e vedesse tormentato con tanta constantia di animo patire quelle acerbissime pene, chi non sarebbe privo di ogni umano sentimento qual volta non si sentisse pieno di orrore e di compassione ? E pure, se una tal cosa fosse descritta poeticamente da alcuno eccellente poeta, non come fu fatta ma come verisimile puote esser fatta o vero dipinta da alcun pregiato pittore in una tavola, maravigliosamente dileterebbe.
Comanini, Gregorio, Il Figino(publi: 1591), p. 271-272 (italien)
GUARINO. Segue ora che veggiamo, se'l fine di quest'arti imitanti è'l diletto o pur l'utile. E se proveremo che sia il diletto, proveremo senza alcun dubbio che questo è il fine della pittura, si come d’arte imitante. Ora, chi non sa gli uomini dilettarsi naturalmente dell’imitazioni e prenderne molto piacere ? Lo conferma il principe de’ Peripatetici in quel capitolo della Poetica, dove tratta dell’origine della poesia e dalle sue specie, e dice che l’imitare è stato dalla natura inestato negli uomini infin da fanciulli, e che noi tutti siam differenti dagli altri animali ancora in questo, che abbiamo attitudine all’imitazione, e che imitando facciamo acquisto delle prime discipline, e che ciascuno di noi gode delle imitazioni e se ne rallegra. E che questa sia la verità (soggiunge egli), prendasene argomento dalla pittura : poiché noi volontieri miriamo l’imagini ben dipinte di spaventosissime fiere, e di mostri orrendissimi, e di cadaveri, quando non senza molestia, anzi con molto spiacimento guardiamo le vere fiere, i veri mostri e i veri cadaveri, come cose comunemente da noi tutti abhorrite. Mi soviene d’aver veduto a Mantova in una camera del palazzo Ducale del Tè, dipinti da Giulio Romano, i Giganti folminanti in Flegra, pesti et infranti dalle ruine de’ sassi e de’ monti, in forme e in atti così strani et orribili, che s’altri fosse riguardatore d’un simile spettacolo che vero fosse, inorridirebbe sicuramente e gran noia sentirebbe di questo spettacolo. Nondimeno, perché quella è imitazione e pittura, non è uomo che non abbia caro di veder quest’opera, e che sommamente non se ne compiaccia, sì come ne può far fede la frequenza de’ forastieri che là concorrono. Così ancora, grato spettacolo non sarebbe stato ad occhio pietoso mirare l’infelicissima Ifigenia presso all’altare per dover essere ivi sacrificata dal sacerdote, il quale vicino le stava col ferro ignudo nella destra, e d’intorno la turba mestissima de’ parenti ; e l’istesso Agamemnone, padre della fanciulla, che afflitto attendeva il duro avvenimento della figliuola. Tuttavia la tavola, sopra la quale Timante effigiò questa istoria et in cui, difidatosi di poter a pieno esprimere l’estremo dolor d’Agamemnone, dipinse l’affannato padre con un velo al volto, che gliel celava, era mirata con miraviglioso diletto e pregiata molto. Quello che io dico dell’imitazione fatta con la varietà de’ colori, dico ancora di quella che con le parole si fa ; percioché a chi sarebbe giamai dato il cuore di contemplare senza lacrime il povero Giob, mentre ricercava i figliuoli e le figliuole giacenti per terra essangui et involti fra le pietre e fra le travi che loro gittòaddo sso il vento, quando crollò et ispianò quella casa, dentro la quale sedevano a mensa ecelebravano un commune pranzo? E pure, chiunque legge la descrizzione di questo spettacolo fatta da S. Giovanni Chrisostomo nella prima omilia della pazienza di Giob, dilettasi e ammira l’imitazione e l’imagine che’ l buon santo di quella ha formato. «Andò - dice egli - questo generoso combattitore a quella funebre casa, la quale a’ suoi miseri figliuoli fu in una medesima ora albergo e sepoltura, convito e tomba, festa e pianto. Cavò d’intorno e cercò le membra de’ suoi figliuoli, e ritrovò vino e sangue, pane e mano e polvere. Ora traeva fuori una mano, ora un piede; quando un capo con certa polverosa materia, la quale tirava insieme con le pietre e con le travi; e quando una parte del ventre, quando parte degli intestini: leviscere confuse con terra et ismalto. Sedette quel lottatore, che era più alto del cielo, raccogliendole sparse membra de’ cari figliuoli. Sedette giungendo le membra alle membra, accommodando la mano al braccio, il capo agli omeri, et il ginocchio alle coscie. Sedette separando membro da membro, e guardandosi di non congiungere le feminili alle maschili membra». Così dice egli. Ma fra tutte le più strane et orrende viste, delle quali sogliono gli uomini spaventarsi maggiormente e raccapricciarsene, niuna ve n’ha, che possa agguagliarsi a quella degli spirti demoniaci, quando appariscono sotto mille brutte forme a’ nostri occhi. Nondimeno l’idolo che’l Vida fa de’ demonii nel primo della Cristeida pur piace e diletta. Digrazia, non vi rincresca che io o vi riduca a memoria:
Ecce igitur dedit ingens buccina signum.
Qua subito intonuit caecis domus alta cavernis
Undique opaca, ingens, antro, intonuere profunda,
Atque procul gravido tremefacta est corpore tellus.
Continuo ruit ad portas gens omnis, et adsunt
Lucifugi caetus, varia atque bicorpora monstra,
Pube tenus hominum facies, veruni hispida in anguem
Desinitingenti sinuata volumine cauda. Gorgonas hi,
Sphingasque obsceno corpore reddunt,
Centaurosque, Hydrasque illi, ignivomasque Chimaeras;
Centum alii Scyllas, ac foedificas Harpyias,
Et quae multa homines simulacra horrentia fingunt.
At centumgeminus fiammanti vertice supra est
Arbiter ipse Erebi, centenaque brachia iactat
Centimanus, totidetnque eructat faucibus aestus.
Omnes luctificum fumumque atrosque procaci
Ore oculisque ignes, et vastis naribus efflant.
Omnibus intorti pendent pro crinibus angues
Nexantes nodis sese, ac per colla plicantes.
In manibus rutilaeque faces, uncique tridentes,
Quis sontes animas subigunt, atque ignibus urgent.
La qual descrizzione fu poi trasferita overo imitata dal Tasso nel quarto della sua Gierusalemme liberata, quando disse:
Tosto gli Dei d’Abisso in varie torme Concorron d’ogn’ intorno a l’alte porte.
Oh come strane, oh come orribil forme!
Quant’è negli occhi lor terrore e morte!
Stampano alcuni il suol di ferine orme,
E ‘n fronte umana han chiome d’angui attorte;
E lor s’aggira dietro immensa coda,
Che quasi sferza si ripiega e snoda.
Qui mille immonde Arpie vedresti e mille
Centauri e Sfingi e pallide Gorgoni;
Molte e molte latrar voraci Scille,
E fischiar Idre e sibilar Pitoni,
E vomitar Chimere atre faville,
E Polifemi orrendi e Gerìoni;
E ‘n novi mostri, e non più intesi o visti,
Diversi aspetti in un confusi e misti.
D’essi parte a sinistra e parte a destra
A seder vanno al crudo re davante.
Siede Pluton nel mezzo, e con la destra
Sostien lo scettro ruvido e pesante.
Né tanto scoglio in mar, né rupe alpestra,
Né pur Calpe s’inalza o ‘l magno Atlante,
Ch’anzi lui non paresse un picciol colle,
Si la gran fronte e le gran corna estolle.
Orrida maestà nel fiero aspetto
Terrore accresce, e più superbo il rende.
Rosseggian gli occhi, e di veneno infetto
Come infausta cometa il guardo splende.
Gli involve il mento e su l’irsuto petto
Ispida e folta le gran barba scende;
E ‘n guisa di voragine profonda
S’apre la bocca d’atro sangue immonda.
Ora, chi non vorrà confessare di sentir diletto nell’udire queste poetiche imitazioni delle mentite forme de’ diavoli, quando tuttavia spaventerebbesi di così brutti spettacoli, se visibilmente gli apparissero davanti ?
Comanini, Gregorio, Il Figino(publi: 1591), p. 258 (italien)
GUA. Questo madrigale imita ben da dovero la pittura dell’Arcimboldo.
FI. Volgete il foglio e troverete il poema sopra il Vertunno.
GUA.Eccolo.
Qual tu sii, che me guardi
Strana edifforme imago,
E ‘l riso hai su le labbra,
Che lampeggia per gli occhi
E tutto ‘l volto imprime
Di novella allegrezza,
Al veder novo monstro,
Che Vertunno chiamaro
Ne’ lor carmi gli antichi
Dotti figli d’Apollo
Se’n mirar non t’ammiri
Del brutto, ond’io son bello,
Ben non sai qual brutezza
Avanzi ogni bellezza.
Tasso, Torquato, Il Minturno ovvero della bellezza, dialogo(publi: 1666, redac: 1592:1593), vol. 2, t. 2, p. 920-921 (italien)
ANTONIO MINTURNO — Però con questa osservazione e quasi regola cerchiamo di conoscer la bellezza in modo che niuna altra cosa sa presa in cambio, se pur altra cosa è quella che fa parer belle le figure orribil e mostruose, come sarebbono i serpenti o diavoli dipinti da Rafaello e da Michele Angelo, o pur le favole del Ciclope e dell’Orco.
GERONIMO RUSCELLI — E la bellezza dell’ingegno poetico per la quale si conosce senza dubbio ch’hanno del terribile e del maraviglioso ; nondimeno io la cerco più tosto in Marfisa e in Bradamante e in Olimpia, le cui bellezze furono descritte da l’Ariosto con tanta felicità di parole e di pensieri.
Torelli, Pomponio, Trattato della poesia lirica(publi: 1594)(italien)
Ma che l’immitation sia delettevole ci mostra Aristotele nella 19a particella della Poetica, dove mostra che molte cose immitate ci dilettano che vive e vere s’abborriscono.
Ma quivi il Castelvetro pur vol far del censore, dicendo che la proposition d’Aristotele intesa per il tutto è falsa, intesa per la parte non conclude, conciosia che se la Pittura immitasse il puzzo e ‘l tosco de i serpenti saria non meno abhorrita da noi che ‘l serpe stesso; ma perché non immita che i colori, la grandeza e sembianza, perciò non l’abhorriamo; non per l’immitatione ma perché s’immita quel solo che ci piace, lasciandosi ciò ch’è abhorrito da noi. Ma con sua pace, come si pò in Pittura rassomigliare il puzzo del serpe? E quanti serpi sono e senza puzzo e senza veleno? E pur da chi vivi gli abhorrisce sono con diletto guardati ottimamente in Pittura rassomigliati. E chi ha paura del veleno d’un serpe morto? O chi sente il puzzo se da lontano lo guarda? e chi non l’abhorrisce? et in Pittura bene immitati chi non gli contempla? chi con diletto non gli ammira? Di più il morso, il veleno, ch’è quella parte che secondo lui è abhorrita da noi, non diletta immitata o da Scoltori o da Pittori? Questo nel Laocoonte di Roma, statova bellissima, e nel Laocoonte di Vergilio apertamente si conosce. Ch’è più abhorrito da noi che l’affetto d’un che more nel dolore, e la vista d’un morto? e pur chi non ammira con estremo piacere la tavola del Correggio in San Giovanni, dove che affetti di passione di morte non si vede? Ma che molte statove de nemici posti in felicità. O imagini d’amici morti, ancora che ben rassomigliate ci attristino, secondo ch’egli oppone al Filosofo, questo è per accidente all’immitatione. Né vale per ciò che l’argomento suo contr’Aristotele, percioché ancorché per altro ci attristino, ben rassomigliate però, in quanto rassomigliate, dilettano.
Commentaires : in Opere di Pomponio Torelli, volume primo, Guanda, Parma 2008 (1539-1608), Lezione sesta, pp. 640-641: TROUVER REF WEINBERG
Campanella, Tommaso, Poetica(publi: 1638, redac: 1596 (italien), 1612-1638 (latin)), p. 226-228 (latin)
Voluptatem esse affectionem sequentem sensum boni coniuncti nobis. Bonum esse id, quod nos conseruat quacunque conseruatione : et imitationem propterea esse voluptuosam, quoniam est artis, qua seruatur humanum genus, exordium et constitutio. Item qua signum sapientiæ et potentiæ humanæ, et non quia addiscimus imitatas res, vt Aristoteles putat, nisi per accidens. Melodiam vero ac metrum non esse iucunda quia sunt imitationes, vt ille ait, sed quia spiritum in suo esse et ratione seruant imidiate, non quia signa aut principium bonorum, nisi per accidens.
Articulus II. : Imitatio igitur habet voluptatem, quia procurat bona vtilia, a in se sensum conseruationis sicut in causa habet. Quæ vero habent sensum conseruationis sicuti in signo, dicuntur pulchra : pulchrum est indicium boni et illus nobis repræsentat, ideoque amabile. Si, cum picturam draconis nobis inimici et odiosi intuemur, non propterea gaudemus, vti Aristoteles docet, quia addiscimus et ratiocinamur, sed quia pictura ostendit nobis ex opificio artem pictoris excellentem. Ars autem est conseruatiua generis humani, ideo in se sensum voluptatis habet ; quapropter, si quis imperitus depingeret Dianam formosissimam inepte, diceremus picturam illam turpem et imaginem turpem, quia artis parum conseruantis est indicium, quemadmodum e contra dicimus pulchram simiam depictam a Michel Angelo pictore sapientissimo, quoniam est indicium artis magnæ ; et Infernus Dantis poetæ est pulchrior suo ipsius Paradiso, quoniam melius imitatur personas et pœnas cum describit Infernum, quam personas et omnia cum Paradisum.
Poeta igitur bene imitans quod dicit, iucundus est : inepte vere, insulsus et odibilis ; repræsentat enim artis inopiam, quæ est destructionis indicium. Cis, cum videmus ægrotos et miseros et captiuos, horrescimus, quoniam sunt homines, nostri similes, ac proinde nostram miseriam destructionem repræsentant. Cum autem videmus sanos, viuidos, liberos, bene vestitos, iucundamur, quoniam nostræ naturæ sentimus felicitatem est conseruationem. At vir sanctus, qui sensu altiori videt mala bonaque ex his alia emersura, gaudebit videns pauperem patientem, cum in eo Paradisi gloriam illi debitam præuidet ; tristatur in diuite superbo, quando destructionem infernalem præcogitat. Quapropter sunt pulchra et turpia, bona et mala, aliis atque aliis comparata conseruationibus et sensibus considerantium. Imitatio igitur placet, cur est causa conservationis.
Probatur vniversaliter, quod omnis iucunditas sit a bono, vel propter bonum vtile honestumue ; et de iucundis. Articulus V. p. 236 : Non enim illo lætamur, quod imitamur, sed quoniam rationcinationem facimus, quod hoc pictum est illlus quod prius verum videbamus, quare aliquid accidit addiscere. Quibus in verbis Aristoteles confirmat errorem memoratum in Poetica. Quid enim addiscimus videndo Cæsarem pictum, quem videramus viuum ? Quod scilicet iste sit ille. Sed si sic, ergo et quando iterum video magis oblectabor, quoniam re addisco quod iste hodiernus sit ille hesternus. Non est ista oblectatio imitationis, sed in indicio artis, qua seruatur humanum genus, sicuti antea dicabamus. Nam, si praue pingat quis, licet dicamus : — Iste est ille — et ratiocinatio difficiliori, quia minus bene assimilauit, non tamen iucundamur, sed irascimur aut irridemus.
Caput IV, art. 1, p. 244 : Poetæ igitur finis et ars non est imitari et fingere, sed imitatur vt repræsentet, repræsentat vt afficiat et doceat, docet et afficit vt suadeat legem, virtutes et beatam vitam.
Caput IV, art. 7, p. 255, Non inspexisse Aristoteles vnde voluptas imitationis, et deceptum et inertem videri. Si vero ex imitatione addiscere velit quis, ideoque gaudere, bene quidem dicit, quoniam docere verum et suadere bonum est finis poetæ. At hoc Aristoteles non agnouit, nec agnoscere voluit, sed tantum dixit imitationem esse iucundam, quia addiscere est iucundum ; addiscimus autem imitatione. Idcirco, cum videmus depictum draconem, quem verum videramus, dicimus : — Hoc est illud et bene formatum —, et sic ratiocinamur : ratiocinatio autem est discere, etc.
Vbi sane hallucinatur mirifice quoniam non ponit discere quid nouum, sed quod sciebamus verum nunc scimus depictum. Nec solers fuit, vt penetraret quod voluptas non est in illa collatione viui cum depicto, sed in agnitione artis hominum conseruatiuæ. Sensus autem conseruationis est voluptas, quod ipse ignorabat. Præterea, veram voluptatem, quæ non in imitatione, vt nos dicimus, neque in collatione, vt ipse dicit, sed in exemplificatione veri et boni, quæ ex imitatione elucescit, consistit, ipse non agnouit ; agnoscendam quidem, si finem artis considerare debet qui artem tradit, vt ipse facit, præceptaque poetis. Præterea pictura, exemplar poeticæ, non habet pro fine imitationem, sed pro functione ; finis autem est repræsentare et mouere sensus, memoriam et affectus intuentium ; ergo, etc.
Campanella, Tommaso, Poetica(publi: 1638, redac: 1596 (italien), 1612-1638 (latin)), p. 223-225 (latin)
Caput I, Poeticam esse sapientis architectonici artem instrumentalem ad propinandum iucunde, facile et inaduertenter verum bonumque nolentibus et incapacibus ; idque metro et ideatione exempli efficere ; nec voluptatem esse finem gratia cuius, sed quo, ipsius poetae ; differentiaque illius caeteris scientiis vocalibus. Articulus I. Quapropter, ait, gaudemus videre depictas tigres et cadauera, quoniam addiscimus, quæ tamen, per se visa, horrorrem, non voluptatem pariunt. Magis autem gaudemus, si picta videmus quæ viua præcognoueramus, quoniam agnoscimus, et ratiocinamur, et addiscimus ratiocinando ; alioquin non delectat imitatio, præterquam vel opificio, vel colore, aut alia ratione. [...] Recte quidem Aristoteles natura nobis inesse imitationem et cantus amorem docet, sed insufficienter. Dicendum enim erat cur hominis natura istis delectatur actibus et cur alii aliter afficiuntur. Praeterea, non recte putat quia in pictura ratiocinamur de viuis rebus nos oblectaremur, quæ ignotas res repræsentat docetque, non quæ notas ; item, cum viuas res videmus, ratiocinamur de rebus magis quam in pictura : ergo potius ex opificio est voluptas. Ars enim bona sensum boni efficit, qui est voluptas, vt dicemus. Præterea dicimus, si quid pictum bene est : « O quam pulchrum ! » etiam si sit monstrum aut cadaver sectum ; si vero non artificiose depictus est, si sit pulcherrimæ nymphæ dicimus : « O quam deformis ! » quapropter Aristoteles non attingit quæstionis solutionem. [...] Item, ordo prodest cognitioni, non voluptati.
Buonamici, Francesco, Discorsi poetici nella Accademia fiorentina in difesa d’Aristotile(publi: 1597), p. 45-47 (italien)
Et ciò provano benissimo questi esempii, perche ancor che le cose rappresentate in se stesse sieno mostrose, et horribili, nondimeno per la rappresentazione si rimirano volentieri, che se le fusseno quell’istesse cose, o pure se conoscessino come cose, non come rappresentante, mettiero spavento. Per via d’esempio. Il drago che si rappresenta per San Giovanni se fusse il vero, e sbruffasse fuoco da vero, e sputasse veleno, saria fuggito, e se alcuno fusse tant’idiota, è necessario che credesse, che egli fusse vero sbigottito, s’ascenderebbe: che essendo imagine del vero, conosciuto per imagine, trahe a se li occhi del popolo. Sovienmi a questo proposito un caso avenuto a Vinci ne primi anni della creatione del Serenissimo Gran Duca Cosimo, il quale rimettendo insieme tutti li ordini della Repubblica, e chiamati, e richiamati molti huomini valorosi in ogni professione, e inviatone buona parte per Pisa per restaurarla, vi condusse Lionardo da Vinci pictore della sua età molto raro, e sculptore di chiara fama, e in quei tempi riordinate, e privilegiate le bande, tra li altri soldati fu messo nella banda un parente di Lionardo (capitan d’egli in Pisa) et avisandogli, come parente lo richiesse che gli dipignesse uno scudo, e vi inserisce qualche cosa bizzarra, egli lo dipinse leggiadramente, e nel mezzo vi figurò un nodo di serpenti tanto naturale, che per poco havrebbe ingannato huomo accorto, e per parergli bella pittura, accioché la si conservasse, gliene involse in uno fodero di cuioio, et in dandogliene, gli commesse che lo riguardasse: questo soldato per l’allegrezza d’haverlo avuto, e con spezanza di mostrarlo alla improvista ad una rassegna generale in presenza del Commissario, lo rispose in una sua camera alquanto buia; e lui lo lasciò stare fin che gli paresse tempo di farlo vedere. Al tempo non l’havendo mai più scoperto, se ne va tutto baldanzoso a questo suo scudo, e lo foderò con frutta, di subito gli si rappresentò quel nodo delle serpi; e a lui pare si naturale, che egli non lo distinguendo dal vero, tutto sbigottito e tremante se lo lascio cadere di mano, e diesi a fuggire. Ecco che bisogna discernere la cosa rappresentante dalla rappresentata, e far questa ricognizione dalla pittura, alla cosa che ella dimostra, come fece Enea, riconoscendo i fatti di Troia a Cartagine nelle porte del tempio, di che prese tanta dolcezza che s’intenerì, e prese speranza della sua salute.
En Priamus sunt hic etiam sua praemia laudi
Sunt lachrymae rerum, et mentem mortalia tangunt,
Solve metum, feret hoc aliquam tibi fama salutem.
Sic ait, atque animum pictura pascit inani.
E la battezza sottonome di ricognizione,
Agnoscit lachrymans,
e discorre, ecco quime
Se quoque principibus permissum agnovit Achivis.
Ne è da credere che Roscio piacesse, ne da per se, ne per la voce, ne per i concetti, ne con quell’habito in teatro, se non che pareva il popolo di vedere Agamemnone, o Achille, e se uno recitasse la sentenza d’un altro, che verbigratia parlasse co’l naso, nella sua maniera propria, non moverebbe a riso, ma se mentre che egli pronuntia la sentenza contrafacesse la di lui voce, si che si riconoscesse, quest’è la voce del tale, muoverebbe a riso. Talché l’imitazione è dilettevole, come imitazione: però imitandosi ne poemi, si prende diletto udengoli. Alle ragioni d’Aristotile s’oppone il C.V. e lasciate queste altre v’aggiugne. Percioché egli non approva la ragione di Aristotile, che volendo mostrare che la poesia habbia havuto origine dal diletto, che si prende dell’imitazione, usi quest’argomento: imitare è fare quel ch’altrui fa. Consciosia che se il poeta facesse quello che fece altri, non saria poeta, che vuol dire huomo d’invenzione, ma pieno di vanità, e tasserebbesi giustamente di furto. Di poi l’esempio preso dal pittore a mostrar’ com’imita il poeta, non è molto a proposito, avenendo il contrario al poeta, ch’al pittore: percioché allhora diletta la pittura, quando è di certa cosa, non quando d’incerta, perché è più faticoso il rappresentare Cosimo che un uomo (come si dice) a vanvera, però che a quello mancando pure una linea, non è più imagine di Cosimo, a somigliar un’uomo in generale è il suo arbitrio fingerne uno a sua fantasia. Il poeta non dura fatica a rappresentare il particolare, avendone la storia avanti, ma ben l’universale.
Ingegneri, Angelo, Della poesia rappresentativa e del modo di rappresentare le favole sceniche(publi: 1598), p. 31 (italien)
Ma quello ch’è chiaro ad ognuno si è ch’il decoro ha tanta forza che, dove egli è, fa piacere altrui mirabilmente le cose, sino a quelle che sono di lor natura brutte e schifevoli ; e dov’ei manca, è cagione che le più belle e onorate riescano dispiacevoli et ingrate.
Vauquelin de la Fresnaye, Jean, L'Art poetique françois, où l'on peut remarquer la perfection et le defaut des anciennes et des modernes poësies(publi: 1605), v. 191-204 (fran)
C’est un art d’imiter, un art de contrefaire
Que toute poësie, ainsi que de pourtraire,
Et l’imitation est naturelle en nous :
Un autre contrefaire il est facile à tous ;
Et nous plaist en peinture une chose hideuse,
Qui seroit à la voir en essence facheuse.
Comme il fait plus beau voir un singe bien pourtrait :
Un dragon écaillé proprement contrefait,
Un visage hideux de quelque laid Thersite,
Que le vray naturel qu’un sçavant peintre imite :
Il est aussi plus beau voir d’un pinceau parlant
Dépeinte dans les vers la fureur de Roland,
Et l’amour forcené de la pauvre Climene,
Que de voir tout au vray la rage qui les mene.
Tant s’en faut que le beau, contrefait, ne soit beau,
Que du laid n’est point laid, un imité tableau :
Car tant de grace avient par cette vray-semblance,
Que surtout agreable est la contrefaisance.
Heinsius, Daniel, De tragœdiæ constitutione liber(publi: 1611), p. 94 ; éd. 2001, p. 190 (latin)
Omnis enim imitatio delectat ; etiam eorum, quæ vel fugimus vel detestamur, ut cum Thersiten bene expressum videmus. Hæc cum ergo propria cum sit Tragœdiæ voluptas, ea vero sit ex imitatione in Tragœdia, præcipue autem in ea imitetur fabula, in ipsa quoque hanc inesse voluptatem.
Heinsius, Daniel, De tragœdiæ constitutione liber, (fran)(traduction récente d'un autre auteur)
En effet, toute imitation est agréable, même celle des gens que nous fuyons ou que nous haïssons, comme lorsque nous voyons Thersite représenté au vif. Donc, comme c’est là le plaisir propre à la Tragédie, c’est surtout la Fable qui est chargée de l’imitation, il faut que ce soit aussi de la Fable que vienne ce plaisir.
Commentaires : Trad. A. Duprat
Heinsius, Daniel, De tragœdiæ constitutione liber(publi: 1611), p. 25-26 ; éd. 2001, p. 128 (latin)
Omnes enim mores imitatur Tragœdia, neque minus Atrei aut Thyestæ, quam Tiresiæ aut Ajacis. Neque magis nos delectat, cum hos exprimit quam illos. Non enim aliud quam simile spectamus, sicut in pictura ; in qua æque afficit Thersites, si sit similis, ac Nireus. Ista autem voluptate, ab officio abduco spectatorem, incautum vero maxime aut ætatis nondum constituæ. Vitia ipsa, ubi recte repræsentantur et ex arte, pro virtute placere.
Heinsius, Daniel, De tragœdiæ constitutione liber, (fran)(traduction récente d'un autre auteur)
En effet, la Tragédie imite tous les caractères, aussi bien ceux d’Atrée et de Thyeste que ceux de Tirésias ou d’Ajax, et l’expression des seconds ne provoque pas davantage de plaisir chez nous que celle des premiers, parce que tout ce à quoi nous prêtons attention, comme dans la peinture, c’est à la ressemblance ; et cela, Thersite y répond aussi bien que Nérée, s’il est ressemblant. Or, ce type de plaisir détourne le spectateur de son devoir, surtout s’il est un peu léger ou trop jeune. En effet, dans la mesure où rien ne nous captive davantage, dans les personnages, que leur convenance, les vices eux-mêmes, lorsqu’ils sont représentés de façon adéquate et avec art, nous plaisent comme le font les vertus.
Commentaires : Trad. A. Duprat
Beni, Paolo, In Aristotelis poeticam commentarii(publi: 1613) (part. 19), p. 124-125 (latin)
- [1] c. I
- [2] cap. II
Secundam poesis causam quam a delectatione duxit confirmat a signo. Cur rerum imaginib. delectamur. Argumentum ac signum quod propositæ sententiæ ; omnes inquam imitationibus gaudere, adhibet confirmandæ, perspicuum est : nemo enim non interdum eleganti earum rerum imagine delectatur, quas vel horret, vel non sine molestia intuetur ; vt truculentæ feræ aut interdum cadaueris. Sic Cleopatram aspidis dente necari, Laocoontem vna cum filis a serpentibus interimi, non sine horrore ac molestia spectaremus ; cum tamen elegantes harum rerum imagines, quæ in Vaticano visuntur Romæ, non sine quodam voluptatis sensu agnoscamus. Quod si rursus huius rei causam requirat, cur inquam rerum imaginibus delectemur, ea est (inquit Aristoteles) quia inde discere solemus, quod est iucundissimum. Et ideo si quando expressarum imaginum notitiam non percipimus, ita vt inde nihil aut discamus aut reminiscamur, vix ac ne vix quidem delectamur ; quin interdum ea ignoratione affligimur. Quamuis enim interim artificium capere oculos possit, mens tamen non conquiescit, nisi quid imagine illa representetur, intelligat. Sic sane vbi regiam domum ingrediaris, quæ aulæis instructa sit, vnde longo ordine Alexandri Macedonis aut Scipionis facta represententur, mirum est quantopere illorum historiam nosse cupias. Quod si eas didiceris, magnam quoque inde hauseris voluptatem. Ac profecto cum idiotæ imitatione delectentur, nihil mirum, siquidem imitatorum imagines sunt veluti idiotarum libri, ex quibus non sine voluptate discere solent : eruditos vero propter reminiscentiam delectent maxime, et hinc est vt elaboratis imaginibus vtrique gaudeant ; etiam si earum sint rerum, quæ alioquin vel metum vel molestiam afferunt. Prosequitur vero eleganter Plutarcum totum hoc argumentum in Conuiuialibus quæstionibus. Vbi cum quæsisset cur non sine voluptate audiamus eos qui iratorum vel mœrentium gestus representant ; mœrentes vero ipsos aut iratos moleste feramus, non vnam afferebat causam. Prima erat quod delectemur dum videmus eos quos sat scimus affectos non esse, affectus tam egregie referre. Altera quia iis facile delectamur, quæ scite atque artificiose aguntur ; et idcirco, inquit, admiratione interim capimur. Tertia in Aristotelem plane recidit, atque his continetur verbis. [1] Eodem vero modo afficiunt nos spectacula. Homines etiam morientes aut morbo conflictatos sine molestia non videmus. Philoctetam pictum et effictam Jocastam (in cuius facie aliquid argenti admiscuisse ferunt artificem, vt aes hominis exanimati et contabescentis speciem in superficie referret), cum voluptate spectamus et admiramur. Hæc Plutarchus. Cuius sententia cum iis etiam optime consentit, quæ eadem de re scripsit Aristoteles in I. Rhetoricorum, vbi sane [2] Quia discere, inquit, et admirari iucundum est, illa quoque omnia cæteraque huiusmodi iucunda esse necesse est : quæ per imitationem facta sunt : vt pictura et ars statuaria et poetica et denique quicquid imitatione bene expressum fuerit : etiam si illud minime iucundum fuerit, quod exprimet imitatio. Neque enim quisquam ex hoc voluptatem capit : sed quia colligit hoc illud esse, quo fit ut aliquid discere videatur. Ex quibus omnibus efficitur delectationem quæ ex imitatione percipitur, quoniam nemo non gaudet imitatione, esse naturalem. Quod enim in omnibus hominibus facile observatur, et tanta cum naturæ consensione (quæ enim delectant. Naturæ amica esse solent) id naturale censendum est.
Beni, Paolo, In Aristotelis poeticam commentarii(publi: 1613) (part. 74), p. 353-354 (latin)
- [1] Respondetur ad contrarias rationes. Ad primum
- [2] Ad secundum
De voluptate gignenda ex fabulæ constitutione. Controuersia LXII. Quæ et quomodo ex calamitosi finis tragœdia percipi possit voluptas. Temere voluptatem quæri ex tragica fabula. Probatur. […] VII. Denique si quis eo confugiat vt dicat saltem imitationem (imitatione enim calamitates exprimuntur in tragœdia) habere voluptatem, iam bonus poeta sic spectatorum animos et a re ficta ad veram auertit, vt actio re ipsa geri non imitatione quadam exprimi videatur. Quare dum leonem bene fictum ac sæuientem offendimus lætamur facile ob imitationem, quia fictum esse scimus, nec esse cur formidemus ; sed in tragœdia et comœdia in qua sensim ita capitur animus, vt quasi res vera agatur commoueamur, interdum etiam lacrymas ipsas profundamus, imitatio voluptatem afferet nullam. VIII. Nam si sensum adhuc aliquem ac memoriam rei fictæ spectatoribus in dramate relictam dicas vnde imitationem esse meminerint, proptereaque aliquam ex imitatione capiant voluptatem, iam hinc e contrario timori et misericordiæ locum præcidas aut exiguum relinquas ; vera enim res timorem incutit ac misericordiam, non quam lubricam esse recordamur ac fictam. Hæc contra Aristotelem in proposita sententia. Qua in re facile docere possim in peripatetica schola voluptatem requiri, at quæ tandem et quomodo concilianda, non facile. Sed enitat tamen vt rem explicem.
Voluptatem contra quærendam in tragœdia docetur multis. Ac primum poëtis vniversim voluptatem vsque adeo gignere dicitur, vt aliqui poësis ac propterea tragœdiæ quoniam germana poëtis est forma et species ; finem statuere non dubitarint voluptatem. Et quamuis nos utilitatem poësi in finis loco tribuendam docuimus, voluptatem tamen esse præcipuum poësis instrumentum quo utilitatem pariat, non concessimus modo, sed probauimus. Huc accedit quod in definitione suaui sermone dicitur vti, ac rhythmo, harmonia, et metro instrui : nimirum vt comodius suauitatem afferat ac voluptatem. I. Sed et imitatio qua constat tota id confirmat : imitationem enim præsertim poëticam miras habere voluptates comperum est. II. Adde quod admirationem requirit Aristoteles in tragœdia, præsertim in peripetia et fortunæ commutatione.
[…] [1] Ac primo fateor ex tragica fabula timorem incuti ; nec inficior timorem cum voluptate pugnare. Sed tamen illud etiam affirmo, timorem in tragœdia nec talem ac tantum gigni vt nullam voluptatis admittat partem ; nec nisi leviter aut mediocriter gigni ante peripetiam quæ aduersum rei casum atque adeo calamitatem affert ; ita vt ante peripetiam locus non exiguus sit voluptati quæ ex iis oriatur de quibus paulo ante. In peripetia quoque ipsa admiratio vel maxime excitatur quæ iucunditatem afferat ac tristitiam temperet non mediocriter. [2] Ita fit vt quamuis interdum oboriantur lacrymæ, cum dolore, quoniam non est summus, voluptas quædam copuletur. Nihil enim prohibet vt spectator hinc vicem doleat morientis ac sibi quoque timendum putet ; illinc admiratio et cætera quæ narrabam afferant iucunditatem. Itaque Aristoteles in libro I. Rhetoricorum docet in luctu etiam voluptatem quandam progigni posse. Nam molestia verbigratia gignitur et fletus dum orbamur amico ; cum tamen eiusdem quem diligebamus memoria sit iucunda et mutuorum officiorum recordario afferat voluptatem.
Marino, Giovanni Battista, La Galeria(publi: 1619), « La strage de’ganciulli innocenti di Guido Reni » (numéro « Historie » [14]) , t. I, p. 56 (italien)
Che fai Guido ? che fai ?
La man, che forme angeliche dipigne,
tratta or opre sanguigne ?
Non vedi tu, che mentre il sanguinoso
stuol de’fanciulli ravvivando vai ,
nova morte gli dài ?
Fabro gentil, ben sai,
ch’ancor Tragico caso è caro oggetto,
E che spesso l’orror va col diletto.
Mancini, Giulio, Considerazioni sulla pittura(redac: (1620)), p. 123-124 (italien)
Quella bellezza poi de’ mostri stroppiati e cose orribili non appare come si possi dir bellezza, poiché ha in se imperfezzione e così il male et impotenza all’operare e così non bellezza perché bonum et pulchrum si conseguiscono. Alla quale difficoltà si dice prima che sarà bello in genere suo, di più che in questo stroppio habbi abbitudine all’attioni stroppiate meglio e con più gratia degl’altri, e mi ricordo che per questa gratia alcuni, che fingevano nel ballare essere stroppiati, havevan tanto gusto che non davan tanto qualsivoglia bel ballarino ; et in ultimo se dice che sono belli di bellezza mostruosa, ridicolosa, come sono i nani.
Ma come le cose horribili nella pittura diano diletto l’esplicò Aristotile nella Poetica di quel suo cranio di cavallacio che si mette per ornamento nella fabrica e con diletto, e ciò per l’imitatione per la quale si rende bella e dilettevole, onde in una testa di morto natural aviam horrore, nella medesima testa imitata per arte, come in quella per papa Clemente del Padre Capuccino, grandissimo diletto. Stando dunque che la bellezza stia e nel temperamento conosciuto per il colore e nella formazione e che per l’integrità sua abbia bisogno dell’uno e dell’altro, e dandosi una bellezza di formazione con brutto colore e un bel colore con brutta formazione, come una zingara ben formata e una tedesca mal formata, quella con color negro e questa con color buono, ma piccola, di natiche grosse, e sgarbata, e quella che, venendo all’operationi, dimostri distrezza e vaghezza e quest’altra sgarbatezza, come insegnò Catullo.
Mancini, Giulio, Considerazioni sulla pittura(redac: (1620)), p. 121 (italien)
E così poi la bellezza pittoresca sarà nella formazione e proporzione accompagnata con il colore conveniente, che così la bellezza sarà in tutte le cose, in tutti l’animali, in tutti gli uomini di tutti li genere e di profession di vita, come nei servi, nelli schiavi, anzi nelli stroppiati, anzi nelle cose orribile istesse.
Bonifaccio, Giovanni, Discorso accademico, nel quale si tratta del modo di ben formare a questo tempo una tragedia(publi: 1624), p. 47-48 (italien)
Onde chi introducesse cose prodigiose, se bene produrebbono meraviglia, essendo nondimeno contrarie alla natura, di esse non si formerebbe buona tragedia, e la commotione provenirebbe non dall’artificio del poeta, ma da colui che la rappresentasse, e così dall’apparato, e non dall’arte. Et Aristotele ci insegna a formar in modo la tragedia, che anco senza rappresentazione chi la leggerà senta con horrore in se destar misericordia ; e quel diletto ancora, che l’uomo prende vedendo alcuna azione ben imitata, ancorché spiacevole si come con gusto rimiriamo quelle pitture, che benissimo ci rappresentano alcun fatto quantunque iniquo e crudele : come avviene a colui, che piange l’amico morto, il quale si come sente dolore della sua morte, così riceve una sorte di piacere mentre si va raccordando quelle cose che lo indussero ad amarlo, et a volontieri piangere, poiché, come disse Ovidio, Est quædam flere voluptas.
Carducho, Vicente, Diálogos de la pintura, su defensa, origen, essencia, definicion, modos y diferencias(publi: 1633), Dialogo cuarto, p. 61 (italien)
Nota, advierte y repara, que bien pinta, que bien imita, con quanto affecto e fuerza, mueve su pintura las almas de los que lo oyen, yà en tiernos y dulces afectos, yà en compuesta y magestuosa gravedad, yà en devota religion, convirtiendo indevotos, incitando lagrimas de empedenidos coraçones. Yo me hallé en un Teatro, donde se descogiò una pintura suya, que representaba una tragedia, tan bien pintada, con tanta fuerza de sentimiento, con tal disposicion y dibujo, colorido y viveça, que obligò a que uno de los del auditorio, llevado del anojo, y piedad (fuera de si) se levantasse furioso, dando vozes contra el cruel homicida, que al parecer degollava una dama inocente, que causò no poca admiracion a los circunstantes, como verguença al que llevado del oido, y movido de la afectuosa pintura, le dio en publico el efecto que el poeta avia pretendido, viendose enganado de una ficcion.
Scudéry, Georges, Observations sur le Cid(publi: 1637), p. 385-386 (fran)
C’estoit pour de semblables ouvrages, que Platon n’admettoit point dans sa Republique, toute la Poesie : mais principalement, il en bannissoit cette partie, laquelle imite en agissant, et par representation ; d’autant qu’elle offroit à l’esprit, toute sorte de mœurs ; les vices et les vertus, les crimes et les actions genereuses ; et qu’elle introduisoit aussi bien Atree comme Nestor. Or ne donnant pas plus de plaisir, en l’expression des bonnes actions, que des mauvaises, puis que dans la poesie, comme dans la peinture, on ne regarde que la ressemblance ; et que l’image de Thersite bien faite, plaist autant que celle de Narcisse : il arrivoit de là, que les esprits des spectateurs estoient debauchez par cette volupté : qu’il trouvoient autant de plaisir, a imiter les mauvaises actions, qu’il voyoient representées avecques grace, et ou nostre nature incline, que les bonnes, qui nous semblent difficiles ; et que le théâtre estoit aussi bien l’eschole des vices que des vertus.
Scudéry, Georges, L’Apologie du Theatre(publi: 1639), p. 13-14 (fran)
Ce n’est pas à dire pourtant, qu’il ne soit permis aux Poëtes, de produire sur la scene, et les meschans, et leurs maximes : tant s’en faut ; comme les contraires se font paroistre davantage, il est bon d’opposer le vice à la vertu, pour en relever d’autant plus l’esclat : mais il faut tousiours establir le throsne de cette reine, sur les ruines de ce tiran si dangereux : et faire toujours triompher à la fin, cette vertu persecutée. Comme l’image d’un Thersite quand elle est bien faite, donne autant de plaisir à voir que celle d’Helene, il n’est pas défendu de representer aussi bien, aussi naïfvement un Sinon comme un Nestor, pourveu que l’un soit detesté comme meschant, et l’autre estimé comme bon : et que les propos dangereux, soyent tousiours mis en la bouche des mechantes personnes.
La Mesnardière, Jules Pilet de, La Poëtique(publi: 1639), « Les sentiments horribles », p. 314 (fran)
- [1] Beauté des descriptions poëtiques
- [2] Election des sujets pour les descriptions
[1] Les belles descriptions sont certainement admirables. Elles font passer dans notre âme avec un plaisir sensible la propre essence des choses dont elles tracent les images. Si la peinture muette est proprement l’art de donner des charmes à des beautez mortes, on peut dire de la Poësie, que sa peinture parlante remplit l’imagination de mille objets animez, dont elle est si occupée, qu’ils rejallissent hors d’elle iusques aux sens extérieurs, qui croyent voir les choses mesmes que le Poëte réprésente, et non pas ces légers pourtraits et ces figures invisibles que son esprit a formez.
[2] Mais quelque puissans attraits qu’ayent ces merveilleuses peintures, elles ne doivent figurer que des choses qui soient plaisantes, ou pour le moins supportables. Il faut qu’un beau coloris soit employé en des sujets qui ne soient point odieux ; et que l’on ne travaille pas comme ces peintres bizarres qui mettent toute leur science à pourtraire une couleuvre, ou quelque autre vilain reptile.
Ottonelli, Giovanni Domenigo ; Berettini, Pietro, Trattato della pittura et scultura, uso et abuso loro(publi: 1652), p. 59-60 (italien)
- [1] I.2.q.32. a. 8. c.
- [2] In Poet. c. II
- [3] De aud. Poetis
La pittura è una di quelle arti, che si dicono per eccelenza imitatrici. E S. Tommaso insegna, che sono dilettevoli repræsentationes verum etiam quæ in se non sunt delectabiles ; gaudet enim anima in collatione unius ad alterum ; quia conferre unam alterius est proprius, et connaturalis actus rationis. [1] E questo avviene anche nelle cose per se stesse vili, le quali miriamo con diletto nelle loro immagini, quando vi conosciamo la similitudine espressa con l’imitazione : e però dicono Aristotele [2], e Plutarco [3] Delectat picta lacerta, aut simia, aut Thersitæ facies, non pulchritudinis, sed similitudinis causa ; nam quod turpe est suapte natura, non potest fieri pulchrum ; imitatio tamen exprimans similitudinem, sive pulchræ, sive turpis rei, laudatur. E da questo racorre possiamo, che nell’immagini, che più vivamente esprimono il naturale d’una cosa imitata, sono ragievolmente con maggior laude celebrate ; e cagionano a chi le mira diletto ragionevole ancor maggiore.
Aubignac, François Hédelin d’, La Pratique du théâtre(publi: 1657), « Des spectacles, machines et décorations du théâtre » (numéro IV, 9) , p. 488 (fran)
- [1] Non in lætitia sola jucunditas sita est, picturarum quoque facies horribiles nihilo secius spectantur et juvant. Scal. lib. 7. c. 97.
Ils [Explication : les spectacles, machines et décorations du théâtre] doivent être agréables à voir, car c’est par ce charme que le peuple s’y laisse attirer : ce n’est pas que je veuille empêcher le poète d’y mettre des choses, qui dans la nature seraient épouvantables, monstrueuses et horribles ; mais il faut que l’artifice les exprime si bien que la peinture puisse donner du contentement ; comme le tableau d’une vieille, ou d’un mourant, est souvent si excellemment fait qu’il est sans prix, encore que personne ne voulût être en l’état des choses représentées. [1]
Pader, Hilaire, La Peinture parlante(publi: 1657), p. 33 (fran)
Tout despend du dessein dont la douce manie
Du peintre intelligent le rare esprit manie,
D’autant qu’il connoist bien sa grace et ses appas
Qui prend pour fondement la regle et le compas,
Les nombres, les raisons, d’où provient l’eurithmie,
De la sombre laideur la plus grande ennemie ;
C’est elle qui paroist comme un divin flambeau
Et répend ses clartez sur le front d’un tableau ;
C’est elle qui fait voir mesme au milieu des armes
Au throsne de la mort, les attraits et les charmes ?
C’est par elle qu’un monstre affreux, horrible et laid
Sous un cuir escaillé nous estonne et nous plait ;
Rendant par ses accords son harmonie telle
Que l’horreur s’apprivoise, et la laideur vient belle.
Smeducci, G. Bartolommei, Didascalia, cioè dottrina comica(publi: 1658), p. 3-4 (italien)
Disse però il filosofo nella sua Poetica, trattando dell’imitazione, l’uomo è animale dispositissimo all’imitazioni, e comincia a imparare dalla rassomiglianza, che ritragge, anzi noi tutti ci rallegriamo delle rassomiglianze ; di ciò n’apparisce un segno nelle stesse occurrenze, avvenga che noi riguardiamo con diletto l’immagini, e spezialmente se sono fatte con diligenza, di quelle cose, che nelle loro forme native abbboriamo, si come sono quelle si schifosissime bestie, e quelle de’ defunti. Questo confirmò Plutarco, vagamente così discorrendo. Noi udiamo con fastidio il grugnito dell’animale porcino, lo stridore della carrucola, il fremito del vento, lo strepito del mare ; ma se alcuno imiterà commodamente queste cose, come Parmenone imitò il Porco, Teodoro le carrucole, noi da tali cose imitate riceveremo diletto. Così noi figgiamo l’infermi, e quelli che sono in sospetto di qualche male, come uno spettacolo piacevole, e poi con diletto il Filotete d’Aristofane, e la Giocasta di Silamone, che rappresentano persone che muoiono, come tisiche.
Desmarets de Saint-Sorlin, Jean, Les Délices de l’esprit, dialogues dediez aux beaux esprits du monde(publi: 1658), « Quatrième journée, Les delices des arts », p. 67 (fran)
- [1] La perfection de la peinture, consiste en la parfaite imitation
- [2] L’imitation est la plus agreable chose du monde
- [3] Plaisirs que l’imitation donne
- [4] D’où vient que l’imitation donne tant de plaisir
- [5] Patience des grands peintres et sculpteurs de l’Antiquité
[1]. Mais la perfection de ce bel art n’est pas en la vaste estenduë de sa puissance, mais en la parfaitte representation de chaque chose ; en quoy gist l’amour et le goust de la peinture. Car une mouche bien imitée et bien representée donnera plus d’amour et de goust à lui qui la regardera, que les grandes figures humaines, ou les campagnes, ou les mers, qui seroient mal representées. Je m’en vay, Philedon, te faire avoüer que les plaisirs charnels que tu estimois plus que toutes choses, sont bien peu de chose, puisqu’ils sont de beaucoup surpassez par le moindre des plaisirs que donne l’imitation.
PHILEDON — Comment cela se peut-il faire ?
EUSEBE — [2] Tu connois si peu les choses du monde, et tu es tellement attaché aux plus basses auxquelles tu t’es arresté, que iamais tu n’as pris garde que de toutes les choses du monde, il n’y en a point de si agreable que l’imitation. Et ie veux te faire avoüer qu’à toy-mesme elle a esté cent fois plus agreable, que tout ce que tu bois, et que tout ce que tu manges.
PHIL. — Iamais ie ne m’en suis apperceu encore.
EUS. — [3] Souviens-toy de tes meilleurs repas, quand parmy les débauchez il s’en est trouvé quelqu’un d’un naturel boufon, qui ait sceu contrefaire parfaitement les actions ridicules d’un autre : n’est-il pas vray que toy mesme et tous les autres qui étoient à table, vous en avez oublié le plaisir de manger et de boire, pour estre attentifs à regarder cet homme plaisant, et pour admirer toutes ses grimaces et ses postures ; et que vous vous estes tous laissé emporter à des plaisirs excessifs ; et jusques à vous en pâmer de rire ?
PHIL. — Cela est tres-veritable.
EUSEBE — Tu me confesseras que c’estoit l’imitation qui te donnoit ce plaisir ; et que plus l’imitation estoit parfaite, plus tu augmentois ta joye, et plus nous en oubliions le boire et le manger.
PHIL. — Ie confesse tout ce que tu dis.
EUS. — Tu vois donc bien que les plaisirs du goust et de l’attouchement ne sont pas les plus grands, comme tu les croyois ; puisqu’ils ne nous transportent pas de la sorte.
PHIL. — Il est vray que tu me fais considerer des choses que ie ne consideray encore iamais.
EUS. — Ie te feray bien considerer d’autres plaisirs dans les autres demeures, que tu n’as iamais connus ny imaginez. Tu vois donc que l’imitation parfaite est une chose tres-agreable. Et ne vois-tu pas combien de peuples s’amasse à regarder les saltimbanques dans les places publiques, et à écouter leurs farces, qui ne consistent qu’en imitation ? Il n’y en a pas un de toute la foule, qui n’en oublie ses affaires, le boire et le manger.
PHIL. — [4] Il est vray que les hommes sont là si attentifs à voir cette imitation, et y prennent tant de plaisir, qu’ils en oublient toutes choses : et i’ay admiré cela cent fois, sans en sçavoir la cause. Mais d’où vient que l’imitation donne tant de plaisir ?
PHIL. — Mais d’où vient que l’imitation donne tant de plaisir aux hommes ?
EUS. — Je vais t’en apprendre la cause. C’est que chaque chose ayme tendrement son ouvrage : comme un pere et une mere ayment tendrement les enfans qu’ils ont produits. Dieu apres avoir creé toutes choses, trouva que tout ce qu’il avoit fait, estoit bon, et se plut en son ouvrage. La Nature est l’ouvrage de Dieu ; et Dieu ayme son ouvrage, et l’Art qui imite la nature, est l’ouvrage des hommes ; si bien que les hommes ayment l’imitation, par une secrette et tendre joye ; comme étant l’ouvrage et le plus heureux effort de l’esprit humain, qui sçait imiter Dieu, en imitant la Nature ; et l’homme par l’amour-propre qui le porte à aymer la gloire de son espèce, ayme l’imitation bien plus que la Nature mesme. Car si nous voyons un gueux bien contrefait dans un tableau, nous aymons bien mieux le tableau que le gueux mesme ; et toute personne ridicule bien representée en peinture, nous plaist beaucoup plus que la personne mesme ; et non seulement les choses ridicules, mais encore toute chose bien représentée dans un tableau, nous plaist bien plus que la chose mesme [...]. Pour revenir à nostre propos, il est certain que de l’amour de l’imitation vient le grand plaisir que donne la peinture, puisque plus elle imite parfaitement, plus elle donne de plaisir. [5] Aussi les grands maistres de l’antiquité, soit pour la peinture, soit pour la sculpture, mettoient tellement leur ambition à imiter parfaitement la nature, qu’ils employoient plusieurs années à rendre parfait un seul tableau, ou une seule statuë. Et ceux qui ayment ces ouvrages, employeroient, s’ils pouvoient, autant d’années à les regarder et à les admirer, sans songer ny à manger ny à boire, que ces maistres en ont employé à les mettre à ce point d’excellence.
Félibien, André, Entretiens sur la vie et les ouvrages des plus excellens peintres anciens et modernes, vol. 1(publi: 1666) (IIe Entretien), p. 245-246 (fran)
Vous pouvez bien vous imaginer qu’un triomphe de cette nature[Explication : Un triomphe de Piero di Cosimo.] mit l’épouvente dans la ville. Car la premiere fois qu’il parut, on ne s’imagina pas qu’un sujet si triste et si lugubre pust être un divertissement de carnaval. Toutefois la nouveauté de l’invention et la maniere ingénieuse avec laquelle toutes choses estoient conduites ne laisserent pas de plaire à beaucoup de monde, qui admira l’esprit et le caprice de l’inventeur.
C’est, dit Pymandre, que comme il y a certaines choses aigres et ameres où le goust prend quelquefois autant de plaisir, qu’à celles qui sont douces et délicates ; de mesme dans les passe-temps il se trouve certains sujets qui quoy que tristes, donnent du plaisir, lorsqu’ils sont conduits avec jugement. Ainsi quoy que les tragedies representent des actions funestes et fascheuses, elles ne laissent pas de divertir les spectateurs ; et mesme pour demeurer dans des exemples de peinture, j’ay souvent veu des tableaux où il n’y avait rien que d’affreux et de difforme, qui arrestoient agreablement les yeux, parce que ces sortes de choses estoient representées avec beaucoup d’art.
Dati, Carlo Roberto, Vite de' pittori antichi(publi: 1667), p. 46-47 (italien)
E quì restò troncato il discorso, forse per non entrare in più lunghe, e più difficultose questioni: la prima delle quali a mio giudicio opportunamente stata sarebbe: per qual cagione un vizioso, e ribaldo, le cui iniquità son da noi tanto abborrite, ci diletti in vederlo, o in sentirlo bene imitare: in quella guisa che un brutto, il quale fatto dalla natura non possiamo riguardar senza noia, con estremo piacere da mano industre rimiriamo dipinto.
Huret, Grégoire, Optique de portraicture et peinture(publi: 1670), p. 76, sect. 216 (fran)
Et voilà pourquoi le but de l’art de portraiture est de laisser aux yeux et au jugement la connoissance entiere de la superficie du tableau, mais couverte ou enrichie d’une excellente decoration de figures, etc., toutes desseignées et peintes aprés le naturel, comme les yeux le voyent, et sans aucune dépravation, et d’une si sçavante manière, que le jugement y trouve, non le naturel mesme (lequel aussi bien y resteroit trop peu de temps), mais son vray portrait veritablement ou vivement exprimé, et lequel estant de plus longue durée et de moindre coust à entretenir que son original se trouvera souvent plus recherché, et mesme plus capable de plaire, lors que les sujets qu’on fait representer sont tristes ou effroyables, comme d’un naufrage de vaisseaux en une mer furieusement agitée d’une horrible tempeste, ou d’un furieux combat, ou d’un peuple abattu comme par une mortalité contagieuse, ou par quelques autre desolation commune, et qui sera representée si proche du devant du tableau, que le regardant se trouveroit necessairement au milieu de l’affaire, si elle estoit veritable.
Norville, sieur de, La Poétique d’Aristote traduite du grec(publi: 1671), p. 14-15 (fran)
Car nous considerons avec un plaisir singulier les images au naturel des choses que nous ne regardons qu’avec peine. C’est ainsi que nous repaissons les yeux des tableaux, qui ne nous presentent que des objets funestes, de bestes farouches et de morts. La raison de cecy est, que les sçavans ne sont pas les seuls qui apprennent avec plaisir : tout le monde est chatoüillé par cette douceur ; quoy que l’on n’en goûte gueres. Or le commun trouve dans ces peintures dequoy s’instruire, et dequoy former des raisonnemens qui le conduisent à la connoissance de la nature des choses, et c’est ce qui l’y arreste ; au lieu que si vous luy presentez des sujets qu’il n’ait jamais vû, il s’attachera à la beauté de l’ouvrage, au coloris, ou à quelqu’autre chose, passant legerement sur ces beaux traits, qui forment une belle copie.
Boileau, Nicolas, Art poétique(publi: 1674) (III ), v. 1-4 (fran)
Il n’est point de serpent ni de monstre odieux
Qui par l’art imité ne puisse plaire aux yeux
D’un pinceau délicat l’artifice agréable
Du plus affreux objet fait un objet aimable.
Lamy, Bernard, La Rhétorique ou l’art de parler(publi: 1675), p. 114 (fran)
Or l’idée que nous avons de l’ordre, c’est que les choses ne sont bien ordonnées que lorsqu’elles ont un rapport à leur tout, et qu’elles conspirent pour atteindre leur fin. Quand cela arrive, les choses deviennent agréables quoiqu’elles ne le soient pas d’elles-mêmes ; ce qui marque que nous sommes portés par une inclination naturelle à aimer l’ordre. La peinture le fait voir : il y a des tableaux qui ne représentent que des objets pour lesquels on a de l’aversion. Cependant la fin de cet art est de représenter les choses au naturel, si chaque trait qu’on aperçoit exprime la pensée du peintre, et que tout corresponde à son dessein, son ouvrage charme. Ce qui plaît n’est pas la vue d’un serpent qui est peint ; on frémit quand on en voit un, mais ce qui fait plaisir c’est l’esprit du peintre qui a su atteindre la fin de son art. Aussi n’en prend-on qu’à mesure que se déclare cette adresse.
Caracciolo, Ferdinando, Chi trionfa morendo, overo S. Casimiro(publi: 1676), « Pompeo Sarnelli a chi è desideroso di sapere »(italien)
E questo è quello, che prohibisce Aristotele nel 4. Capo della sua Poetica, quando lui per insinuare l’Imitatione, così ragiona. Καὶ τὸ χαίρειν τοῖς μιμήμασι… Cioè che tutti godono delle cose espresse con imitatione. Segno di ciò è quello, che avviene nelle opere degli artefici, poche quelle cose, che per altro sono schifose a riguardanti, quelle istesse con diligenza rappresentate, tutto che siano di sporchissime fiere, e di cadaveri, ad ogni modo dilettano ; quasi dica : dispiace è vero il rustico ragionare, e il goffo procedere d’un villano, ma rappresentato da un comico con esquisita imitazione, diletta.
Hoogstraten, Samuel van, Inleyding tot de hooge schoole der schilderkonst(publi: 1678), « Van de dryderley graden der konst » (numéro III, 3) , p. 76-77 (n)
- [1] En zalving
Maer om dit eenichzins [1] te zalven, zoo zeggen wy met Plutarchus, dat wy de Schilderye van een Haegdisse, van een aep, van een alderleelijksten Thersites tronie, jae’t alderafschuwelijkste en verachtste, als’t maer natuerhjk is, met lust en verwonderinge aenzien, en zeggen, hoewel men het leelijke en mismaekte niet schoon, noch het slechte heerlijk kan maeken, dat leelijk nochtans mooy wort, door zijne natuerlijkheyt, en ten aenzien van de naevolginge, de zelve lof verdient die men aen’t uitgelezenste schuldich is te geven.
Hoogstraten, Samuel van, Inleyding tot de hooge schoole der schilderkonst, « Des trois degrés de l’art » (numéro III, 3) , p. 170-171 (fran)(traduction récente d'un autre auteur)
Mais pour nuancer quelque peu ces propos, nous dirons également, avec Plutarque, que c’est du plaisir et de l’émerveillement que nous ressentons lorsque nous contemplons la peinture d’un lézard, d’un singe, du très laid visage de Thersite et même de la chose la plus monstrueuse et la plus abjecte qui soit, et qui, cependant, semble naturelle. Et nous affirmons que, même s’il n’est pas possible de rendre beau ce qui est laid et difforme ou de donner de l’éclat à ce qui est mauvais, le laid peut néanmoins devenir joli s’il est naturel. Et au regard de l’imitation, il doit pouvoir mériter les mêmes éloges que celles qu’il faut accorder aux œuvres les plus exquises.
Ménestrier, Claude-François, Des Ballets anciens et modernes selon les règles du théâtre(publi: 1682), p. 155-156 (fran)
- [1] Sympos. l. 5. q. 1.
Ce sont ces mouvements qui font le plaisir, dit Plutarque, parce que bien que naturellement nous n’aimions pas à voir les emportements des furieux, ny le desespoir et les actions violentes des personnes à qui la douleur fait s’arracher les cheveux ; ny les extravagances de ceux qui sont pris de vin, nous aimons à les voir representer, parce que l’imitation a pour nous un charme secret, qui fait que la peinture des choses les plus horribles et les plus monstreuses qui seroient capables de nous effrayer, si nous les voyions au naturel, nous plaît, et nous touche agreablement sans faire ces mauvais effets. [1] C’est ce qui fait que les enfans mêmes en qui la raison n’agit pas encore, sont touchez de ces imitations, et imitent eux-mêmes avec plaisir, quoiqu’assez grossierement les mouvements des choses qui se presentent à eux, montant sur des bâtons, comme s'ils montoient sur des chevaux, representant en se joüant les exercices les plus violens, se guindant en l'air sur des cordes.
Félibien, André, Entretiens sur la vie et les ouvrages des plus excellens peintres anciens et modernes, vol. 4(publi: 1685), VIIIème Entretien (numéro t. IV ) , p. 307 (fran)
Et pour l’hiver, il[Explication : Poussin.] a peint le Déluge. Quoique ce dernier soit un sujet qui ne fournisse rien d’agreable, parce que ce n’est que de l’eau, et des gens qui se noyent, il l’a traité néanmoins avec tant d’art et de science, qu’il n’y a rien de mieux exprimé.
Félibien, André, Entretiens sur la vie et les ouvrages des plus excellens peintres anciens et modernes, vol. 4(publi: 1685) (VIIe Entretien), p. 198-199 (fran)
Cet ouvrage[Explication : le Massacre des Innocents du Guide.] où il prit beaucoup de soin, fut si estimé, que le Cavalier Marin, pour le rendre encore plus célebre, composa un madrigal que je n’ay pas oublié, et que vous ne serez pas fâché d’entendre.
Che fai, Guido, che fai
La man che forme angeliche depigne,
Tratta hor opre sanguigne ?
Non vedi tu, che mentre il sanguinoso
Suol de’fanciulli ravvivando vai ,
Nova morte gli dai ?
Fabro gentil, ben sai,
Ch’ancor tragico caso e caro oggetto
E che spesso l’horror va con diletto.
La pensée du poëte est belle, dit Pymandre, et se rapporte à ce que dit Aristote, que l’Art a cela de particulier, de rendre agréable ce qui feroit horreur dans la nature, comme lorsqu’on représente des sujets de cruauté, ou des objets hideux, qui ne déplaisent point en peinture.
Carel de Sainte-Garde, Réflexions académiques sur les orateurs et sur les poëtes(publi: 1686), p.142 (fran)
- [1] ἃ γὰρ λυπηρῶς ὁρῶμεν τούτων τὰς μάλιστα ἠκριβωμένας χαίρομεν θεωροῦντες οἷον θηρίων τε μορφὰς τῶν ἀτιμοτάτων καὶ νεκρῶν.
Ce Philosophe nous apprend que la beauté de la Poësie aussi bien que de la Peinture consiste dans l’imitation, et qu’il n’y a rien qui plaise tant aux yeux qu’une chose bien imitée.[1] Jusques là que ce qui nous feroit horreur en lui-même, nous donne du plaisir quand il est bien representé. L’on regarde avec ravissement un corps mort tout plombé et tout groüillant de vers dépeint dans un tableau: cependant l’on n’en pourroit pas souffrir la veue, s’il étoit veritable.
Bouhours, Dominique, La Manière de bien penser dans les ouvrages d’esprit(publi: 1687), p. 155 (fran)
- [1] Rhet. Lib. I cap. II
Mais n’avez-vous point remarqué, ajoûta-t-il, que les idées tristes, telle qu’est l’idée de la mort, n’empesche pas qu’une pensée ne plaise beaucoup ? Comme les tempestes, les batailles sanglantes, les bestes farouches charment dans un tableau, au lieu d’effrayer, si elles sont bien représentées et bien peintes ; ainsi les objets les plus pitoyables ont de quoy plaire s’ils sont bien conceûs et bien exprimez. Car, selon la doctrine d’Aristote [1], tout ce qui sera imité parfaitement, sera agréable, quand mesme ce seroit quelque chose d’affreux. Le plaisir qu’on a de voir une belle imitation, ne vient pas précisément de l’objet, mais de la réflexion que fait l’esprit, qu’il n’y a rien en effet de plus ressemblant ; de sorte qu’il arrive en ces rencontres qu’on apprend je ne sçay quoy de nouveau qui pique et qui plaist.
[Lemée, François], Traité des statuës(publi: 1688), « De l’utilité des statuës » (numéro chapitre X) , p. 258 (fran)
- [1] Maxim. Tyr. dis.
- [2] Arist. lib. de Poet. c. 4
Il est très-certain que les hommes n’auroient jamais taillé les statuës de tant d’objets differens, si elles n’étoient aucunement utiles : or peut-on dire qu’elles ne le soient pas, après cette satisfaction que l’on a de regarder le portrait des personnes qui nous plaisent [1]. On aime à contempler jusqu’aux peintures des choses qui sont d’elles-mêmes hideuses [2] ; et sans ce plaisir, d’où viendroit la passion qu’ont les curieux d’amasser tant de marbres et de bronzes, et d’entreprendre de penibles voyages pour voir quelque piece achevée ?
Dacier, André, La Poetique d’Aristote, contenant les Regles les plus exactes pour juger du Poëme Heroïque, et des Pieces de Theatre, la Tragedie et la Comedie, traduite en françois avec des remarques critiques sur tout l'ouvrage(publi: 1692) (ch. IV), p. 30-31; 37-38 (fran)
Il y a deux causes principales, et toutes deux fort naturelles, qui semblent avoir produit la poësie ; la premiere est l’imitation, qualité née avec les hommes, car ils different des autres animaux, en ce qu’ils sont tous très-portez à l’imitation, que par son moyen ils apprennent les premiers élemens des sciences, et que toutes les imitations leur donnent un singulier plaisir ; comme on peut le reconnoître tous les jours par ce qui nous arrive, quand nous regardons les ouvrages des peintres ; certains originaux, comme de bêtes affreuses, ou d’hommes morts ou mourants, que nous n’ozerions voir dans la nature, ou que nous ne verrions qu’avec chagrin ou avec frayeur, nous les voyons agreablement dans la peinture, et plus ils sont bien imitez, plus nous les regardons avec plaisir. La raison de cela est que les philosophes ne sont pas les seuls qui aiment à apprendre, quoy qu’ils n’apprennent pas tous également. Ce qui fait qu’ils voyent la peinture avec tant de satisfaction, c’est qu’en la regardant ils peuvent raisonner et apprendre. Par exemple, en voyant le portrait d’un homme de leur connoissance, ils disent, c’est un tel. Et si c’est le portrait d’un homme qu’ils n’ayent jamais vû, le plaisir qu’ils ont alors ne vient pas de la beauté de l’imitation, mais de celle de l’art, ou du mélange et de la vivacité des couleurs, ou de quelqu’autre chose qui attache leurs yeux et leur esprit.
Remarques, p. 37-38 :
5. C’est que les philosophes ne sont pas les seuls qui aiment à apprendre, et que cette passion est également naturelle à tous les autres hommes. Les hommes étant douez de raison, et aimant naturellement les arts, prenent un singulier plaisir à voir tout ce qui est fait par art et par raison. L’un et l’autre se trouvent dans l’imitation, voilà pourquoy elle a un si grand avantage sur la verité même, qui paroît simple, ordinaire et commune, au lieu que dans une exacte et heureuse imitation, on trouve avec la verité, la subtilité et l’adresse, et c’est ce qui donne lieu à l’esprit de faire des reflexions et des raisonnemens, de maniere qu’il apprend toûjours quelque chose de nouveau, comme Aristote s’explique luy-même dans le chapitre XI, du premier livre de sa Rhetorique, où il fait voir que le plaisir qu’on a en voyant une belle imitation, ne vient pas de la beauté de l’original qu’on a imité, mais de ce que l’esprit trouve par là le moyen de raisonner et de s’instruire. Aussi les Philosophes Cyrenaiques tiroient-ils de cette verité une preuve contre les Epicuriens, pour les convaincre que le plaisir qu’on prend aux spectacles, ne vient ny ne la veüe ni de l’ouïe, mais de l’entendement seul qui connoît et qui juge, et cela est très vray.
6. Quoyqu’ils n’apprenent pas tous également. Je crois que c’est le sens de ces paroles, qui sont asssez difficiles à entendre, ἀλλ’ἐπὶ βραχὺ κοινονοῦσιν αὐτοῖς : quoyqu’ils y participent peu. C’est-à-dire, quoyqu’ils ne soient pas tous également propres à apprendre, car les uns apprenent mieux que les autres, à proportion de l’esprit qu’ils ont. La volonté est égale à tous, mais la faculté ne l’est pas.
7. Le plaisir qu’ils ont, ne vient pas de la beauté de l’imitation, mais de celle de l’art ou du mélange, et de la vivacité des couleurs, etc. Car on ne peut pas juger de la beauté d’une imitation, quand on ne connoît pas l’original qui est imité. Mais alors,comme dit fort bien Aristote, le plaisir qu’on a, vient, ou de la beauté du tableau, ou de la vivacité et du mélange des coulerus, ou du choix de l’action, ou de l’attitude des personnages et de beaucoup d’autres choses, qui en attachant les yeux, exercent l’esprit et l’instruisent en le divertissant.
Dacier, André, La Poetique d’Aristote, contenant les Regles les plus exactes pour juger du Poëme Heroïque, et des Pieces de Theatre, la Tragedie et la Comedie, traduite en françois avec des remarques critiques sur tout l'ouvrage(publi: 1692), « Quelques remarques qui ont été oubliées » , p. 498 (fran)
Il n’y a rien de si laid, ni rien de si horrible, que nous ne voyions avec plaisir dans la peinture. Ce n’est pas que la chose soit belle en elle-même, car ce qui est laid ne peut être beau, mais c’est qu’il n’y a rien de si agréable que l’imitation. Voilà pourquoy dans tous les temps les poëtes ont souvent choisi ce qu’il y a de plus horrible pour le sujet de leurs tableaux. Nicomachus avoit representé Médée tuant ses enfants, et Theon avoit peint le meurtre de Clytemnestre par Oreste. Nous avons des tableaux de peintres modernes sur des sujets aussi affreux ; on les voit avec un très grand plaisir, et en les regardant on ne loüe pas l’action qu’ils représentent, mais l’art de celuy qui a sçu les imiter si heureusement. Il en est de même de la poësie, on se plaît à y voir la peinture des choses qu’on n’oseroit regarder dans la nature ; si un Philoctete se présentoit devant nous en l’état où Sophocle le représente, nous tâcherions de l’éviter, mais l’imitation qu’il en fait nous attire et nous charme.
Junius, Franciscus, De pictura veterum(publi: 1694) (I, 5, 7), p. 41 (latin)
Verumtamen, cum in eximiis præstantium Artificium operibus non tam ipsa pulchritudo teneat oculos, quam felix quædam audacia Artis Naturam ipsam in certamen quasi provocantis, usu quoque venire solet, ut non pulchrarum modo rerum, sed et turpium apta imitatio mentem humanam oblectet ac reficiat. Ἔστι γὰρ φιλοθέωρον τὸ ζῶον ὁ ἄνθρωπος : Est homo animal spectandi cupidum, Arriani Epict. Lib. I, cap. 29. Γεγραμμήνην σαῦραν ἢ πίθηκον ἢ Θερσίτου πρόσωπον ἰδόντες ἡδόμεθα καὶ θαυμάζομεν, οὐχ ὡς καλὸν, ἄλλ’ ὡς ὅμοιον. Οὐσία μὲν γὰρ οὐ δύναται καλὸν γενέσθαι τὸ ἀισχρόν· ἡ δὲ μίμησις, ἄν τε πέρι φαῦλον ἄν τε πέρι χρηστὸν ἐφίκηται τῆς ὁμοιότητος, ἐπαινεῖται. Pictam lacertam, aut simiam, aut Thersitæ facies videntes, delectamur et miramur ; non pulchritudinis, sed similitudinis causa. Suapte enim natura id quod turpe est, pulchrum fieri non potest : imitatio autem, sive pulchræ sive turpis rei similitudinem exprimat, laudatur, Plutarch. de aud. Poëtis. Vide quoque eundem Plutarch. Symposiacon lib. V, quæst. I, ubi præclare admodum super hæc ipsa re disputat, nec non pluribus exemplis illustrat.
Raguenet, François, Les Monuments de Rome(publi: 1700), p. 62-63 (fran)
Jamais aucun homme, dans l’éclat de la plus grande jeunesse et de la fortune la plus heureuse, n’a eû un air aussi grand qu’a ce Christ[Explication : le Christ couronné d’épines du Guide.] dans le plus déplorable état où une personne puisse être réduite. Il faut bien posséder l’idée du beau, pour la savoir ainsi faire briller jusqu’au milieu des flétrissures et des meurtrissures d’un visage, pour ainsi dire, enseveli dans le sang qui coule de toutes parts, d’une tête toute crevée des épines qui la percent.
Lamy, Bernard, Traité de perspective, où sont contenus les fondements de la peinture(publi: 1701), p. 12-13 (fran)
Mais enfin, la peinture n'est point essentiellement limitée à representer aucun sujet particulier. C'est en général l'art d'imiter; et sa perfection, c'est que l'imitation soit si naturelle que la peinture fasse les mêmes impressions que le Peintre a voulu imiter. C’est là ce qui fait la beauté de son art : c’est l’adresse avec laquelle il imite ce qu’il veut representer qui le fait estimer ; car souvent on est charmé de voir dans un tableau ce qui feroit horreur si on le voioit effectivement. Un serpent fait peur ; sa peinture, si elle est bien faite, est attrayante. C’est donc l’esprit du peintre qui plaist.
Crousaz, Jean-Baptiste de, Traité du beau(publi: 1715), p. 45 (fran)
Les representations des choses les plus hideuses et les plus haïssables ne laissent pas neanmoins d’avoir aussi leur beauté, comme la peinture, par exemple, d’une araignée, d’un monstre, d’un meurtre, d’une barbarie ; parce que l’on trouve un rapport de ressemblance entre ces objets d’horreur et une peinture, qui ne contient pourtant rien de criminel, ni de dangereux. L’esprit se plaît à découvrir de l’uniformité dans cette grande diversité. Une figure grotesque plaît, et s’attire le nom de belle par sa bizzarerie et son excessive irregularité.
Du Bos, Jean-Baptiste, Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture(publi: 1719), Avant-propos, p. 1 (fran)
On éprouve tous les jours que les vers et les tableaux causent un plaisir sensible, mais il n’en est pas moins difficile d’expliquer en quoi consiste ce plaisir qui ressemble souvent à l’affliction, et dont les symptômes sont quelquefois les mêmes que ceux de la plus vive douleur. L’art de la poésie et l’art de la peinture ne sont jamais plus applaudis que lorsqu’ils ont réussi à nous affliger. La représentation pathétique de la fille de Jephté enchâssée dans une bordure fait le plus bel ornement d’un cabinet qu’on a voulu rendre agréable par les meubles. On néglige, pour contempler ce tableau tragique, les sujets grotesques et les compositions les plus riantes des peintres galants. Un poème, dont le sujet principal est la mort violente d’une jeune princesse, entre dans l’ordonnance d’une fête et l’on destine cette tragédie à faire le plus grand plaisir d’une compagnie qui s’assemblera pour se divertir. Généralement parlant, les hommes trouvent plus de plaisir à pleurer qu’à rire au théâtre. Enfin plus les actions que la poésie et la peinture nous dépeignent, auraient fait souffrir en nous l’humanité si nous les avions vues véritablement, plus les imitations que ces arts nous en présentent ont de pouvoir sur nous pour nous attacher. Ces actions, dit tout le monde, sont des sujets heureux. Un charme secret nous attache donc sur les imitations que les peintres et les poètes en savent faire, dans le temps même que la nature témoigne par un frémissement intérieur qu’elle se soulève contre son propre plaisir. J’ose entreprendre d’éclaircir ce paradoxe et d’expliquer l’origine du plaisir que nous font les vers et les tableaux.
Du Bos, Jean-Baptiste, Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture(publi: 1719) ( I, 3), p. 10 (fran)
Voilà pourquoi nous regardons avec contentement des peintures dont le mérite consiste à nous mettre sous les yeux des aventures si funestes qu’elles nous auraient fait horreur si nous les avions vues véritablement ; car, comme le dit Aristote dans sa Poétique : Des monstres ou des hommes morts ou mourants que nous n’oserions regarder, ou que nous ne verrions qu’avec horreur, nous les voyons avec plaisir imités dans les ouvrages des peintres. Mieux ils sont imités, plus nous les regardons avidement. Il en est de même des imitations de la poésie. Le plaisir qu’on sent à voir les imitations que les peintres et les poètes savent faire des objets qui auraient excité en nous des passions dont la réalité nous aurait été à charge, et un plaisir pur. Il n’est pas suivi des inconvénients dont les émotions sérieuses qui auraient été causées par l’objet même seraient accompagnées. Des exemples éclairciront encore mieux que des raisonnements une opinion que je puis craindre de n’exposer jamais assez distinctement. Le massacre des innocents a dû laisser des idées bien funestes dans l’imagination de ceux qui virent réellement les soldats effrénés égorger les enfants dans le sein des mères sanglantes. Le tableau de Le Brun où nous voyons l’imitation de cet événement tragique, nous émeut et nous attendrit, mais il ne laisse point dans notre esprit aucune idée importune : ce tableau excite notre compassion, sans nous affliger réellement. Une mort telle que la mort de Phèdre : une jeune princesse expirante avec des convulsions affreuses, en s’accusant elle-même des crimes atroces dont elle s’est punie par le poison, serait un objet à fuir. Nous serions plusieurs jours avant que de pouvoir nous distraire des idées noires et funestes qu’un pareil spectacle ne manquerait pas d’empreindre dans notre imagination. La tragédie de Racine qui nous présente l’imitation de cet événement nous émeut et nous touche sans laisser en nous la semence d’une tristesse durable. Nous jouissons de notre émotion sans être alarmés par la crainte qu’elle dure trop longtemps. C’est, sans nous attrister réellement, que la pièce de Racine fait couler des larmes de nos yeux : l’affliction n’est, pour ainsi dire, que sur la superficie de notre cœur, et nous sentons bien que nos pleurs finiront avec la représentation de la fiction ingénieuse qui les fait couler.
Du Bos, Jean-Baptiste, Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture(publi: 1719), « Objection tirée des tableaux et faite pour montrer que l’art de l’imitation intéresse plus que le sujet même de l’imitation » (numéro I, 10) , p. 23-24 (fran)
On pourrait objecter que des tableaux où nous ne voyons que l’imitation des différents objets qui ne nous auraient point attachés, si nous les avions vus dans la nature, ne laissent pas de se faire regarder longtemps [...]. Je réponds que, lorsque nous regardons avec application les tableaux de ce genre, notre attention principale ne tombe pas sur l’objet imité, mais bien sur l’art de l’imitateur. [...] Ces tableaux ne sont point regardés aussi longtemps que ceux où le mérite du sujet est joint à celui de l’exécution.
Du Bos, Jean-Baptiste, Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture(publi: 1719), « De la nature des sujets que la peinture et les poètes traitent. Qu’ils ne sauraient les choisir trop intéressants par eux-mêmes » (numéro I, 6) , p. 19 (fran)
Il en est de la poésie comme de la peinture, et les imitations que la poésie fait de la nature nous touchent seulement en proportion de l’impression que la chose imitée ferait en nous, si nous la voyions véritablement. [...] Un poète dramatique qui met ses personnages en des situations qui sont si peu intéressantes que j’y verrais réellement des personnes de ma connaissance, sans être bien ému, ne m’émeut guère en faveur de ses personnages. Comment la copie me toucherait-elle si l’original n’est pas capable de me toucher ?
Rollin, Charles, Histoire ancienne, tome XI, livre XXIII(publi: 1730:1738), « De la peinture » (numéro livre XXIII, ch. 5) , p. 131 (fran)
Il y a plus, comme le remarque Aristote dans sa Poétique. Des monstres, et des hommes morts ou mourans, que nous ne verrions qu’avec horreur, nous les voions avec plaisir imités dans les ouvrages des peintres. Mieux ils sont imités, plus nous les regardons avidement. Le massacre des Innocens a dû laisser des idées bien funestes dans l’imagination de ceux qui virent réellement les soldats effrénés égorger les enfans dans le sein des meres sanglantes. Le tableau de Le Brun, où nous voions l’imitation de cet événement tragique, nous émeut et nous attendrit, mais il ne laisse dans notre esprit aucune idée importune. Nous savons que le peintre ne nous afflige qu’autant que nous le voulons, et que notre douleur, qui n’est que superficielle, disparoitra avec le tableau : au lieu que nous ne serions pas maîtres ni de la vivacité, ni de la durée de nos sentimens, si nous étions frappés par les objets mêmes.
Speroni degli Alvarotti, Sperone, Opere(publi: 1740), p. 288 (italien)
La quarta cosa, anzi la prima tra le mirabili è amore, la cui natura avanza tutte le meraviglie ; dunque il parlarne non è viltà né impietà. Che se i ritratti di alcune bestie nemiche all’uomo ed orribili, tanto a mirarli son dilettevoli, quanto le vive son paurose ; e corre ognuno allegramente a vederle, che vere essendo le fugirebbe ; e non è buon dipintore, che volentieri, quanto altra cosa, non le dipinga, e non si vanto della pittura ; come è possibile a chi conosce che cosa è amore (volesse Iddio che io il sapessi) non venga voglia di ragionarne, e in verso o in prosa non lo dipinga, né si compiaccia nella pittura ? Tiziano, se dipingesse sì grande affetto e sì poco senno in un giovane, che farebbe egli co’ suoi colori e coll’arte sua ? Formarebbe, come io avviso, la nostra effigie ; ma sì diversa in aspetto, e con tali atti disordinati, che ognun direbbe, questa è sembianza d’innamorato ; e tutto il mondo di tal ritratto, come di altri uomini valorosi che egli ha formato, senza alcun dubbio lo lodarebbe. Ma se cogli atti amorosi, voce e parole convenienti fossero aggiunte alla sua figura, e il nostro parlare sapesse farsi visibile ; già sarebbe il buon dipintore, non abborrito come empio, ma come santo adorato. Or tali parole, se scritte sono ne’miei dialogi, non ragionevoli per ver dire, ma iperboliche estremamente, e convenevoli a innamorato ; non solamente non fanno empio il dialogo, ma intiero il fanno e perfetto.
Speroni degli Alvarotti, Sperone, Opere(publi: 1740) (t. I), p. 276 (italien)
E come i servi, e le meretrici, e li roffiani, e li parasiti, e li soldati, e li pedagogi, se le parole da essi usate imitando son convenevoli a’ lor costumi fastidiosi, sono e’ l diletto e la bellezza delle commedie ; così ancora in alcun dialogo un sciocco, uno empio, uno innamorato, uno adulatore o alcun sofista arrogante, sono ritratti dal naturale ; tal dipintura di nomi e di verbi, e d’altre parti d’orazione non dee men cara istimarsi, che la volgare delli colori. Non in vano ho nominata la dipintura, la quale è tacita poesia, di cui è specie il dialogo, è dipintura parlante. Veri draghi e veri lioni son cose orribili e paurose, ma dilettevoli i dipinti ; ed il dimonio, che veramente è allo inferno, ha in su gli altari con san Michele e con gli altri santi non poche volta la sua sembianza.
Hagedorn, Christian Ludwig von, Betrachtungen über die Malerei(publi: 1762), „Vermeidung des Häßlichen, und was die feinern Empfindungen beleidiget" (numéro I, 9) , p. 109-118 (fran)
Wenn wir von einem gewissen Mahler[1] lesen, er habe einen halb verweseten und von Würmern verzehrten Leichnam so natürlich gemahlt, daß denselben niemand ohne Grausen und Entsetzen ansehen können, und viele, die ihn von ungefehr erblicket, davon geflohen, sich die Nase zugehalten, oder wie die schöne Beschreibung weiter lauten mag: so werden wir doch wohl auf die Muthmassung gebracht, daß es Gegenstände gebe, welche gar nicht, oder nur in solchen Fällen gemahlt werden dürfen, die zu der Ausnahme und niemals zu der Regel einer schönen Kunst gehören.
Ordentlicher Weise fliehen wir auch in der Malhrerey alles, was wider die feinen Empfinden streitet, und bevorab dasjenige, was selbst in der Natur Ekel und ein damit verbundenes Grausen erweket. Kunst und Nachahmung verlieren hierbey allen Reiz; und die sonst so gefällige Wahrheit der Züge wird um so viel mehr beleidigen, als sie das Auge überredet. Vom Grossen und Schrecklichen[2] ist hier nicht die Rede.
Die Natur des Ekels untersuchet ein so gründlicher Philosoph als Kunstrichter[3], und zeigt, daß gewisse Gegenstände blos durch die Association der Begriffe, in dem sie uns des Widerwillen erinnern, den sie dem Geschmacke, dem Geruche oder dem Gefühle verursachen, auch dem Gesichte unerträglich werden. Dieser Widerwillen, wenn es auch eigentlich zu reden, keine Gegenstände des Ekels für das Gesicht giebt, ist genug. Er würde bey der treulichsten Nachbildung der Göttin der Traurigkeit, wie sie Hesiodus beschreibt, andern beleidigten Empfindungen vordringen; und, mit Entsetzen vergeselschaftet, das zerfleischte Haupt des Itys in einer sonst so schönen Mahlerey wahrnehmen. Selbt der Umstand, den Longin[4] an jener Abbildung der finstern und traurigen Göttin verwirft, werden wenig Künstler an einem Ungeheuer anzudeuten scheinen. Zwar würde auch vielleicht das Gelächter eher, als der Ekel erwecket werden.
Eben so lächerlich ist ein übertriebener Ekel in den schönen Künsten, und ihnen, wie jeglicher einförmiger Geschmack, der allzu enge Grenzen annimmt, nachtheilig. Herr Schlegel, der dieses festsetzet[5] und diejenigen, die stets nur nach frölichen Bildern, ich möchte für die Malherey hinzu setzen, nach Watteau und Lancret, schmachten, zu recht weiset, giebt in einer andern Stelle[6] seiner Erlaüterung des Batteux, die wohlgetroffenste Abschilderung eines unreinlichen alten Weibes, als ein Beyspiel an, wo die Kunst alle ihre Arbeit umsonst verschwendet. Er hat vollkommen Recht. Nur ist bey Vorstellung des Alters der Begriff der Unreinlichkeit, den er damit verknüpft, ausserordentlich, indem er auch bey Vorstellung der schönsten Jügend beleidigen würde. Man hat daher ein schönes hohes Alter an beyderley Geschlechten von dessen kümmerlicher Gestalt oder häßlichem Ansehen, auch in Absicht auf die bildenden Künste, wohl unterschieden. Wo das Alter zwar der Haut mehr Falten geben, aber die Züge, die zum Ausdruck der sittich gebildeten Seele gehören, nicht tilgen können, wird ein schöner Greis von van der Helst und Dennern und ein würdiges Matronengesicht dieser fleissigen Meister allemal besser gefallen, als eine sorgfältig ausgesuchte Häßlichkeit. Nach diesem Grundsaße beurteilte und schätzte Herr Brockes in spätern Jahren, als da er sein bekanntes Gedichte geschrieben, ein Brustbild einer betagten Frauen, das unter seinen Augen, für meine Sammlung von Dennern gemahlet war.
Ordnung und Reinlichkeit herrschen um sie, und der Anblick des Alters
Wird dadurch milder und sanft. Zacharias, vier Stufen des weiblichen Alters.
Wenn der Künstler anders gewählt hätte, würde er von der Wahl des Schönen in dieser Art abgewichen seyn. Seine Ausnahme würde wider ihn, aber nichts wider die Grundregel beweisen. Mit einem Gegenstande, dessen Gegenwart in der Natur Schrecken gebietet, ist es anders beschaffen. Dessen Gestalt kann im übrigen schön, und der angenehmsten Ausbildung der Kunst fähig seyn. Das Schrecken oder die plötzliche Vorstellung eines unvermutheten Unglücks scheinet in dem gegenwärtigen Fall nicht so wohl unmittelbar, als vielmehr ein sinnlicher Abscheu[7], durch Erneuerung einer vormals gehabten Empfindung jener Art, erreget zu werden, die, durch die gleich schnelle und ungleich deutlichere Ueberzeugung von der Nachahmung, verschwindet, und uns nur das Gefühl von deren Schönheit und Stärke, folglich eine sehr angenehme Empfindung, zurück läßt.
In der Natur erwecket der zornige Löwe, und selbst der zahme Begleiter des Andronicus, dieses Schrecken; aber durch seine stolze Bildung behauptet er sein Zeugniß von der schön bildenden Natur. Hieraus folgt, daß die wildersten Thiere, so bald der Eindruck der Schädlichkeit von ihnen getrennet ist, in der Nachahmung nicht mehr beleidigen. Vielmehr erhalten dergleichen, nur in bedingten Fällen unangenehme Gegestände, unter der Hand eines Franz Snyders oder Rubens eine besondere Anmuth. Der bedingte Fall ist gehoben, so bald die dunkele Vostellung der Gefahr, wider welche sich die Natur empöret, von der Gemüthsbewegung, die uns an und vor sich gefällt, abgesondert worden. „Dieses ist der Kunst dadurch gelungen, (so schreibt Batteux in der angeführten Ueberstzung), daß sie uns den Gegenstand vorstellet, der uns schrecket, und sich selbst zu gleicher Zeit verräth, um uns alle Furcht zu benehmen.“ So gründlich Batteux diese Ursachen aus einander setzt, so sehr kommt ihm auch die Erlaüterung des scharfsinnigen Uebersetzers[8] zu statten. Im übrigen scheint mir jener hierinn demjenigen zu folgen, was schon Fontenelle[9] für die Ursache der mit Vergnügen untermischten Traurigkeit angegeben hat, welche der Zuschauer eines Trauerspiels zu empfinden pflegt. Von ähnlichen Gegenständen in der Mahlerey wird dieses auf gewisse Maasse auch gelten müssen, um dasjenige zu beurtheilen, wodurch das Herz am meisten erschüttert wird.
Man kann vielleicht in der Sphäre der Mahlerey noch weiter gehen. Die gelassene Betrachtung der schönen Zeichnung und Ausbildung, womit die Natur gegen keines der geringsten Thiere, oder, für die Vergleichung mit dem Schönen, gegen gar wenige derselben, stiefmütterlich verfahren, wird auch hier die Quelle eines neues Vergnügen. Absonderlich fühlt es der Bewunderer der Natur, der ein Auge, das auf die Schönheit der Schöpfung aufmerksam ist, ohne Vorurtheil zu den Künsten bringet. Ungleich grösser ist das zusammengesetzte Vergnügen, welches aus mannichfaltigern Betrachtungen entspringet. Was uns bisher, der Furcht halber, minder bekannt geblieben war, schmeichelt unserer Wißbegierde. Es wird durch die lebhafte Darstellung, so uns die Kunst schenket, dem Vorurtheile entrissen; und durch die Geschicklichkeit des Nachahmers gedoppelt anziehend. Zween weise Alten haben so gar nur in dieser Nachahmung die Ursache finden wollen, warum uns häßliche Gegenstände gefallen. Die Gemälde der berühmten Rahel Ruysch, und ihrer Vorgängerin, der Marie von Dosterwyt möchten den Gaß des Plutarchs wenigstens zweifelhaft machen, der die Eyderen zu den häßlichen Gegenständen zählet. Was würde nicht jener verliebte Americaner gethan haben, dessen Lied Montaigne anführet? Dieser Gänger bittet die Schlange... Doch ich will Ihnen lieber gleich das Lied aus dem Gedichten des verewigten von Kleist hersetzen:
Verweile schöne Schlange,
Verweile! Meine Schwester
Soll in ein Band von Golde
Dein Bild für Isen, wirken,
Für Isen meine Freudinn.
Alsdann wird deine Schönheit,
Vor allen andern Schlangen
Der Welt, gepriesen werden.
Wir wollen uns einbilden, diese Schlange sey von der kleinen und unschädlichen Art[10] gewesen, die Olearius anzunehmen, und davon zu trenne, was der Dichter gleich von der Schaubühne hinzu setzt:
Mais il est des objets, que l’Art judicieux
Doit offrir à l’oreille, et reculer des yeux.
Zwar manchen Gegenstand läßt in der Kunst geübt
Die Klugheit uns nicht sehn, den sie zu hören giebt.
Was in dem gegebenen Fall das Auge äusserst verabscheuen würde, darf auch der Künstler nicht mahlen; oder er muß die Schilderen so erträglich, als der Dichter die Erzählung machen können. Antiphilus[11], der die Geschichte der Hippolytus seines Pinsels würdig schätzte, wählte den Zeitpunkt, da dieser unglückliche Prinz das Ungeheuer mit Entsetzen gewahr wird. Die Mahlerey wollte hierbey nicht einmal dasjenige dem Auge zeigen, was die Dichtkunst der Racine dem Theramen in den Mund legen konnte. Die Urtheile, so von dieser Stelle gefället worden, sind bekannt.
- [1] Don Juan de Valdes, ein Mahler, Bildhauer und Baumeister in Sevilla, wo er im Jahr 1691 gestorben. Las Vidas de los Pintores y estatuarios eminentes Españoles, par D. Antonio Palomnio Velasco (Londres 1742. 8) p. 150.
- [2] Der Tartarus der Alten ist an mahlerischer Schönheit reich.
- [3] Briefe die neueste Litteratur betreffend, V. Theil, 82. Brie auf der 100. Seite.
- [4] Vom Erhabenen in der Ausgabe und Uebersetzung des Herrn von Heinecken auf der 67. Seite.
- [5] In der II. Abhandlung zu Batteux Einschränkung der schönen Künste auf einen einzigen Grundsatz auf der 280. S.
- [6] Auf der 71. S. des angeführten Buches in der Anmerk.
- [7] Wolfs Met. §. 436.
- [8] Einschänkung aud der 71. Seite.
- [9] Reflexion sur la Poëtique XXXVI.
- [10] [10] Zicatlinam oder die Mutter der Ameisen genannt. Gottorfische Kunstkammer (Schleßwig 1674.4) auf der X. Taffel die I. Figur).
- [11] Plinius XXXV, 10.
Hagedorn, Christian Ludwig von, Betrachtungen über die Malerei, « Qu’il faut éviter les difformités et tout ce qui blesse les sentiments délicats » (numéro I, 9) , p. 104-111 (fran)(traduction ancienne d'un autre auteur)
Quand nous lisons dans la vie d’un certain peintre espagnol[1], que cet artiste avoit représenté d’une maniere si naturelle un cadavre à demi pourri et presque consommé par les vers, que personne ne pouvoit le regarder sans être saisi d’horreur, et que ceux qui l’appercevoit par hazard, s’enfuyoit en se bouchant le nez ; il n’en résulte rien autre chose, si non la forte présomption, qu’il est des objets, qui ne sont pas faits pour être peints, ou qui ne doivent l’être que dans les cas singuliers, qui loin de faire règle dans les beaux-arts, n’y sont tout au plus que des exceptions.
Ordinairement nous fuyons, même dans la peinture, tout ce qui choque la délicatesse du sentiment, et surtout nous nous éloignons des objets qui excitent dans la nature le dégoût et l’aversion qui l’accompagne. L’art et l’imitation y perdent tous leurs charmes : et cette vérité des traits d’ailleurs si touchante, sera d’autant plus choquante, qu’elle persuadera mieux les yeux. On sent bien qu’il n’est pas question ici du grand ni du terrible. Les Peintres et les Poëtes d’une imagination vigoureuse, les Michel-Ange et les Milton, puiseront toujours des beautés pittoresques dans les Enfers, ou dans le Tartare des Anciens.
Moses Mendelsohn, discute la nature du dégoût en philosophe solide et en critique judicieux[2], et il montre que certains objets ne deviennent désagréables à la vue que par la simple association des idées, en nous rappellant la répugnance qu’elles causent au goût, à l’odorat ou au toucher. Cette répugnance seule suffit, quand même il ne s’y trouveroit point d’objet de dégoût pour la vue. Dans une représentation fidele de la Déesse de la Tristesse, telle qu’Hésiode nous la décrit, le dégoût seroit la premiere des sensations desagréables, qui s’empareroit de notre ame[3]. Et même la circonstance que Longin condamne dans le tableau de la triste et sombre Déesse, quel artiste voudroit l’indiquer dans un monstre : une puante humeur lui couloit des narines. Peut-être même cela exciteroit plutôt le rire que le dégoût. Une peinture, qui nous offriroit le repas affreux de Terée, avec la tête sanglante d’Itis, exciteroit en nous l’horreur à raison de la bonté de son exécution.
D’un autre côté rien n’est plus ridicule qu’un dégoût excessif dans les beaux arts ; rien ne leur est même plus funeste que ce goût uniforme qui pose des bornes trop étroites. M. Schlegel, traducteur et commentateur de M. l’Abbé Batteux[4], discute cette matiere et releve ceux qui ne respirent qu’après des images riantes, qu’après les Anacréon et les Catulles (j’ajouterois pour la peinture, qui ne soupirent qu’après les Watteau et les Lancret) ; il cite dans un autre passage de ses éclaircissements, le tableau frappant d’une vieille femme sale et dégoûtante, comme un exemple, où l’art étale inutilement ses richesses. Ce critique a parfaitement raison. Seulement dans ce tableau de la vieillesse, l’idée de la malpropreté qu’il y joint, est absolument accessoire : car elle ne choqueroit guere moins dans la représentation de la plus belle jeunesse. De là les arts d’imitation, se sont toujours attachés à distinguer dans l’un et l’autre sexe une belle vieillesse ; de cette (sic) état de misere ou de difformité qui accompagne quelquefois le dernier période de la vie ; On contemple encore avec plaisir ces figures où les ans multiplient les rides de la peau, mais où il ne peuvent effacer les traits, propres à l’expression morale de l’ame ; un beau vieillard ou une vénérable vieille de van der Helst et de Demer, plaira certainement davantage, qu’une laideur fort recherchée. C’est d’après ces principes que Brockes, si connu par ses tableaux poëtiques, apprécie le buste d’une femme âgée que Demer peignit sous ses yeux pour ma collection. Et comme dit M. Zacharie dans son poëme des quatre âges de la femme : L’ordre et la propreté régnent autour d’elle : dans un calme heureux elle adoucit par ses soins domestiques l’aspect de la vieillesse. Si l’artiste eut traité son sujet différemment, il se seroit écarté du choix du beau dans ce genre. L’exception prouveroit contre lui, et non pas contre la règle fondamentale.
Il en est tout autrement d’un objet, dont la présence inspire la terreur dans la nature. La forme de cet objet peut d’ailleurs être belle et susceptible de l’exécution la plus agréable de l’art. Dans le cas présent la terreur ou l’idée subite d’un malheur inattendu, ne paroît pas tant excitée immédiatement, qu’être, comme le dit Wolf, une horreur des sens, produite par la réminiscence d’une sensation qu’on a déja éprouvée ; sensation que la conviction également prompte et moins distincte de l’imitation fait disparoître, en ne lous laissant que le sentiment de la beauté et de la force de l’objet, et par conséquent en ne nous laissant qu’un sentiment fort agréable.
Dans la nature le lion furieux, lors même qu’il est le paisible compagnon d’un Androclès, excite cette frayeur : mais par la fierté de sa prestance, il atteste que la nature a été prodigue en le formant. Il s’en suit de là que les bêtes les plus féroces, dès qu’on en sépare l’impression du danger, ne nous affectent plus desagréablement dans l’imitation. Elles ne forment des objets desagréables que dans des conditions particulieres : sous le pinceau d’un Rubens ou d’un Snyders elles ont au contraire un charme singulier. Cette circonstance particuliere n’existe plus, dès que l’idée obscure du danger contre lequel la nature se révolte, a été abstraite de l’émotion de l’ame, qui n’a rien en elle-même qui nous déplaise. « Il s’agissoit, dit M. Batteux, de séparer ces deux parties de la même impression. C’est à quoi l’art a réussi en nous présentant l’objet qui nous effraie, et en se laissant voir en même tems lui-même, pour nous rassurer et nous donner, par ce moyen, le plaisir de l’émotion, sans aucun mélange desagréable. » Dans la suite de ce chapitre l’auteur discute ces causes avec autant de solidité que de goût. Du reste il me semble qu’il ne fait que suivre l’idée de Fontenelle, sur la cause de la douleur mêlée de plaisir, sentiment qu’éprouve le spectateur à la représentation d’une tragédie. Ceci poura s’appliquer aussi en quelque façon aux mêmes sujets dans la peinture, pour juger les choses les plus capables de remuer notre cœur.
Peut-être pourroit-on encore étendre la sphère de la peinture. La paisible contemplation de la beauté et de l’élégance de la forme, que la nature, en mere bien-faisante, a accordé à la plupart des animaux, et qu’elle n’a refusé en marâtre qu’à un bien petit nombre, devient pareillement la source d’un nouveau plaisir. Ce plaisir est senti singulierement par l’admirateur de la nature, qui, après avoir promené attentivement ses regards sur la beauté de la création, les ramene sans prévention sur le spectacle des arts. Aussi rien de plus agréable que le plaisir mixte, qui résulte d’une grande variété d’observations. Les choses que la crainte nous avoit empêché de bien connoître jusque-là, deviennent des objets qui flattent notre curiosité. Par leur vive exposition que nous devons à l’art, le plaisir se trouve guéri de la prévention, et acquiert un nouvel attrait par l’adresse de l’imitateur. Deux célèbres Anciens ont même prétendu de trouver dans cette imitation la cause, pourquoi nous éprouvons du plaisir à contempler des objets hideux. Les tableaux de la fameuse Rachel Ruytsch, et ceux de sa devanciere, Marie von Oosterwyck, pouroient bien rendre douteux les raisonnements de Plutarque, qui met les lezards au nombre des objets dégoûtants. Que n’auroit pas fait ce canibale amoureux, dont Montaigne cite la chanson, s’il avoit été peintre ? Voici la prière qu’il adresse à la couleuvre : « Couleuvre, arrête toi, couleuvre ! afin que ma sœur titre sur le patron de ton corps et de ta peau la façon et l’ouvrage d’un riche cordon que je puisse donner à ma mie : ainsi soient en tout tems ta forme et ta beauté préférées à tous les autres serpens.»
Figurons-nous que ce serpent a été un de ceux de la petite espece qui n’est pas nuisible et qu’Olearius représente dans une planche gravée à cause de son extrême beauté. Boileau nous dit :
Il n’est point de serpent, ni de monstre odieux
Qui par l’art imité ne puisse plaire aux yeux.
D’un pinceau délicat, l’artifice agréable,
Du plus affreux objet, fait un objet aimable.
Je ne voudrois point recevoir cette proposition, en général très-juste, sans aucune modification, ni en séparer ce que le poëte ajoute pour le théatre :
Mais il est des objets que l’art judicieux
Doit offrir à l’oreille, et reculer des yeux.
L’artiste doit donc s’interdire de peindre tout ce qui seroit un objet d’horreur pour les yeux du spectateur, ou il faut qu’il adoucisse les traits de son tableau, comme le poëte a fait à l’égard de son récit. Le peintre Antiphilus, ayant jugé l’histoire d’Hypolite digne de son pinceau, choisit l’époque où ce prince infortuné apperçoit le monstre. Ici la peinture n’a pas voulu offrir à l’œil ce que la poësie a osé faire : Racine, dans ce qu’il fait dire à Theramene, nous expose toute l’horreur du tableau. On sait le jugement qu’on a porté sur cette fameuse tirade.
- [1] Don Juan de Valdès, peintre, sculpteur et architecte de Seville, où il est mort en 1691. V. Las Vidas de nos Pintores y Estatuarios seminentes Españoles, par S. Antonio Palomino Velasco (Londres 1742, 8, p. 150).
- [2] Briefe die neueste Litteratur betreffend. V. Theil 100 Seite.
- [3] « La Tristesse se tenoit près de là toute baignée de pleurs, pâle, séche, défaite, les genoux fort gros, et les ongles fort longs. Ses narines étoient une fontaine d’humeurs, le sang couloit de ses joues, elle grinçoit des dents et couvroit ses épaules de poussiere. » Remarque de Dacier sur le Traité du sublime, traduit par Despréaux. Chapitre VII.
- [4] V. Les Beaux Arts réduits à un même principe, Tom. I, p. 137.
Lessing, Gottold Iphraïm, Laokoon(publi: 1766) (XXIV)(allemand)
Aristoteles gibt eine andere Ursache an, warum Dinge, die wir in der Natur mit Widerwillen erblicken, auch in der getreuesten Abbildung Vergnügen gewähren; die allgemeine Wißbegierde des Menschen. Wir freuen uns, wenn wir entweder aus der Abbildung lernen können, τί έκαστον, was ein jedes Ding ist, oder wenn wir daraus schließen können, ότι ουτος εκει̃νος, daß es dieses oder jenes ist. Allein auch hieraus folget, zum Besten der Häßlichkeit in der Nachahmung, nichts. Das Vergnügen, welches aus der Befriedigung unserer Wißbegierde entspringt, ist momentan, und dem Gegenstande, über welchen sie befriediget wird, nur zufällig; das Mißvergnügen hingegen, welches den Anblick der Häßlichkeit begleitet, permanent, und dem Gegenstande, der es erweckt, wesentlich. Wie kann also jenes diesem das Gleichgewicht halten? Noch weniger kann die kleine angenehme Beschäftigung, welche uns die Bemerkung der Ähnlichkeit macht, die unangenehme Wirkung der Häßlichkeit besiegen. Je genauer ich das häßliche Nachbild mit dem häßlichen Urbilde vergleiche, desto mehr stelle ich mich dieser Wirkung bloß, so daß das Vergnügen der Vergleichung gar bald verschwindet, und mir nichts als der widrige Eindruck der verdoppelten Häßlichkeit übrig bleibet. Nach den Beispielen, welche Aristoteles gibt, zu urteilen, scheinet es, als habe er auch selbst die Häßlichkeit der Formen nicht mit zu den mißfälligen Gegenständen rechnen wollen, die in der Nachahmung gefallen können. Diese Beispiele sind: reißende Tiere und Leichname. Reißende Tiere erregen Schrecken, wenn sie auch nicht häßlich sind; und dieses Schrecken, nicht ihre Häßlichkeit, ist es, was durch die Nachahmung in angenehme Empfindung aufgelöset wird. So auch mit den Leichnamen; das schärfere Gefühl des Mitleids, die schreckliche Erinnerung an unsere eigene Vernichtung ist es, welche uns einen Leichnam in der Natur zu einem widrigen Gegenstande macht; in der Nachahmung aber verlieret jenes Mitleid, durch die Überzeugung des Betrugs, das Schneidende, und von dieser fatalen Erinnerung kann uns ein Zusatz von schmeichelhaften Umständen entweder gänzlich abziehen, oder sich so unzertrennlich mit ihr vereinen, daß wir mehr Wünschenswürdiges als Schreckliches darin zu bemerken glauben.
Commentaires : pagination?
Cicognara, Leopoldo, Del bello, ragionamenti (publi: 1808), p. 116-117 (italien)
Per queste parziali ragioni, e relative allo stato delle persone, all’opulenza, ed al lusso, non meno che al difetto del genio, molti oggetti che non sono assolutamente belli hanno acquistato il diritto di piacere, quando con un’accurata imitazione producono il felice risultato dell’illusione. Una capanna sdrucita, ricetto della miseria e del dolore; un tetto cadente attraverso cui fischia l’intemperie del verno; poveri figli ravvolti in pochi cenci, e madri sozze, languenti, estenuate, scarne, e distrutte dalla miseria o dal dolore; oggetti tutti che rifuggono dal presentare la vera ideal del Bello essenziale, purchè felicemente imitati, arrivano poi a darci una grata soddisfazione pel Bello relativo. Poche sono le produzioni dell’Arte, che sappiano riunire la doppia facoltà di piacere, come la famosa Medusa di Leonardo pallida e morta, cui cingono la fronte le orrende serpi che diresti di gelo al sol vederle, e che ti metton ribrezzo; sarà questa un gran monumento per le Arti imitative, a cui, oltre il Bello relativo, s’accoppia un Bello più grande di stile, di forme, di espresione, e attraverso allo squallore che la tinge traspare il genio del sommo Artista, che quasi si prese a gioco le difficoltà che s’incontrano in un tale soggetto.