Apelle et Alexandre

Bibliographie

Grell, Chantal ; Michel, Christian  L’École des princes ou Alexandre disgracié[ + ]

Images

Alexandre dans l’atelier d’Apelle ROSA Salvator

Medium : eau forte et pointe sèche

Commentaires : inscription : « Alexander M. multa imperite in offician disserenti / silentium comiter suadebat Apelles rideri eum dicens / a pueris, qui colores tererent./ Salvator Rosa Inv. Scul. »

 

Alexander Magnus ab Apelle reprehensus, d’après Louis Chéron CHÉRON  Louis VAN DER GUCHT Gerard

Medium : gravure

 

 Alexandre dans l'atelier d'ApelleROSA Salvator

Medium : crayon noir et craie blanche

 

Alexandre et ApellesNORBLIN DE LA GOURDAINE Jean-pierre

Medium : eau-forte, burin, pointe sèche

 

Giustiniani, Leonardo, Epistola Leonardi Justiniani ad Cypri Reginam(publi: 1757, redac: :(1446)), p. 78-79 (latin)

Quanta ejus dignitas apud mortales sit, multa extant exempla. Alexander ille Magnus ab Apelle aetatis suae lectissimo potissimum pingi voluit. Quid ita ? quoniam ad ipsius gloriam, cujus studiosissimus erat, non parvam ex Apellis arte futuram accessionem intelligebat : cujus non solum animo, et voluntate, sed etiam nutui patere, obsequi, et obsecundare statuit ; atque ita statuit, ut nihil tam arduum, tam difficile, tam molestum esse, quod non humile, facile, ac jocundum videretur, modo Apelli more gestum intelligeret.

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Giustiniani, Leonardo, Epistola Leonardi Justiniani ad Cypri Reginam. Laus picturae, p. 125  (trad: "Les humanistes à la découverte de la composition en peinture : 1340-1450" par Brock, Maurice)(fran)(traduction récente d'un autre auteur)

Du grand prestige que la peinture avait auprès des mortels, il existe de nombreux exemples. Alexandre le Grand voulait être peint de préférence par Apelle, l’artiste le plus distingué de son époque. Pour quelle raison ? Parce qu’il se rendait compte qu’à sa propre gloire, dont il était très soucieux, l’art d’Apelle apporterait un accroissement non négligeable (Trad. M. Bert) : et il décida d’obéir, de se plier et de se conformer non seulement à son désir et à sa volonté, mais aussi au moindre signe de sa part ; et il prit cette décision tout en sachant bien que rien ne serait assez ardu, assez difficile, assez désagréable que quelque chose de fait à la manière d’Apelle ne le fasse paraître grand, aisé et plaisant. 

Commentaires : Trad. Baxandall, 1989

 

Horace (Quintus Horatius Flaccus), Epistulae(redac: -100:0, trad: 1934) (II, 1, 236-244 (cf Reinach 405)), p. 162 (latin)

[...] Idem rex ille, poema

qui tam ridiculum tam care prodigus emit,

edicto uetuit ne quis se praeter Apellen

pingeret aut alius Lysippo duceret aera

fortis Alexandri uoltum similantia. Quodsi

iudicium subtile uidendis artibus illud

ad libros et ad haec Musarum dona uocares,

Beoetum in crasso iurares aere natum.

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Reinach, Adolph (éd.), Textes grecs et latins sur la peinture ancienne. Recueil Milliet, ((Reinach 405))(latin)(traduction récente d'un autre auteur)

Ce même grand roi interdit par un édit que nul ne le peignît excepté Apelle ou qu’un autre que Lysippe ne fondît les bronzes qui reproduisaient les traits du vaillant Alexandre.

 

Horace (Quintus Horatius Flaccus), Epistulae, (trad: 1934) (II, 1, 236-244), p. 162 (trad: "Epîtres" par Villeneuve, François en 1934)(fran)(traduction récente d'un autre auteur)

Ce même roi, dont la prodigalité paya si cher un poème si ridicule, fit défense par un édit que personne, sauf Apelle, ne prît le pinceau, que nul, hors Lysippe, ne coulât de bronze pour représenter les traits du vaillant Alexandre. Mais ce juge délicat des arts plastiques, on aurait juré, quand on appelait son attention sur les livres et tout ce genre de présents des Muses, qu'il était né dans l'air épais de la Béotie.

 

Cicéron (Marcus Tullius Cicero), Ad familiares (redac: -68:-43, trad: 1935:1996), Ad familiares V, 12, 7 (numéro CXII (Reinach 404) ) , t. II, p. 162 (latin)

Neque enim Alexander ille gratiae causa ab Apelle potissimum pingi et a Lysippo fingi uolebat, sed quod illorum artem cum ipsis tum etiam sibi gloriae fore putabat.

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Reinach, Adolph (éd.), Textes grecs et latins sur la peinture ancienne. Recueil Milliet, Reinach 404 (fran)(traduction récente d'un autre auteur)

Ce n’est pas par un simple effet de sa faveur que le grand Alexandre voulait être, de préférence, peint par Apelle et sculpté par Lysippe, mais parce qu’il pensait que leur art ne serait pas une moindre cause de gloire pour lui que pour eux.

 

Cicéron (Marcus Tullius Cicero), Ad familiares , (trad: 1935:1996), Ad fam V, 12, 7 (numéro CXII) , t. II, p. 162 (trad: "Correspondance " par Constans, Léopold-Albert; Bayet, Jean; Beaujeu, Jean en 1935:1996)(fran)(traduction récente d'un autre auteur)

Ce n'est point pour faire plaisir à Apelle et à Lysippe que le grand Alexandre voulait que l'un fût son peintre, l'autre son sculpteur, mais parce qu'il pensait que leur art servirait sa gloire en même temps que la leur.

 

Valère Maxime (Valerius Maximus), Factorum dictorumque memorabilium libri IX (redac: 1:50, trad: 1935) (VIII, 11 (Reinach 406)), (latin)

Quantum porro dignitatis a rege Alexandro tributum arti existimamus, qui se et pingi ab uno Apelle et fingi a Lysippo tantum modo uoluerit.

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Valère Maxime (Valerius Maximus), Factorum dictorumque memorabilium libri IX , (trad: 1935) (VIII, 11 (Reinach 406))(trad: "Faits et dits mémorables " par Constant, Pierre en 1935)(fran)(traduction récente d'un autre auteur)

En quelle estime le roi Alexandre devait-il tenir l’art, pour réserver au seul Apelle le privilège de le peindre, au seul Lysippe celui de le sculpter !

 

Plutarque (Πλούταρχος), Ἠθικὰ (Moralia) (redac: (50):(125), trad: 1972:2004), ΠΕΡΙ ΤΗΣ ΑΛΕΞΑΝΔΡΟΥ ΤΥΧΗΣ Η ΑΡΕΤΗΣ Β, 335A-B, t. V, vol. 1, p. 135 (grecque)

Ἦν δὲ καὶ Ἀπελλῆς ὁ ζωγράφος καὶ Λύσιππος ὁ πλάστης κατ´ Ἀλέξανδρον· ὧν ὁ μὲν ἔγραψε τὸν κεραυνοφόρον οὕτως ἐναργῶς καὶ κεκραμένως, ὥστε λέγειν, ὅτι δυεῖν Ἀλεξάνδρων ὁ μὲν Φιλίππου γέγονεν ἀνίκητος, ὁ δ´ Ἀπελλοῦ ἀμίμητος. Λυσίππου δὲ τὸ πρῶτον Ἀλέξανδρον πλάσαντος ἄνω βλέποντα τῷ προσώπῳ πρὸς τὸν οὐρανὸν (ὥσπερ αὐτὸς εἰώθει βλέπειν Ἀλέξανδρος ἡσυχῆ παρεγκλίνων τὸν τράχηλον) ἐπέγραψέ τις οὐκ ἀπιθάνως

« αὐδασοῦντι δ´ ἔοικεν ὁ χάλκεος εἰς Δία λεύσσων·
Γᾶν ὑπ´ ἐμοὶ τίθεμαι· Ζεῦ, σὺ δ´ Ὄλυμπον ἔχε ».

Διὸ καὶ μόνον Ἀλέξανδρος ἐκέλευε Λύσιππον εἰκόνας αὐτοῦ δημιουργεῖν. Μόνος γὰρ οὗτος, ὡς ἔοικε, κατεμήνυε τῷ χαλκῷ τὸ ἦθος αὐτοῦ καὶ συνεξέφαινε τῇ μορφῇ τὴν ἀρετήν· οἱ δ´ ἄλλοι τὴν ἀποστροφὴν τοῦ τραχήλου καὶ τῶν ὀμμάτων τὴν διάχυσιν καὶ ὑγρότητα μιμεῖσθαι θέλοντες οὐ διεφύλαττον αὐτοῦ τὸ ἀρρενωπὸν καὶ λεοντῶδες.

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Plutarque, Ηθικα , (trad: 1572), "La fortune d'Alexandre, traitté second", t. I, fol. 312v-313r (trad: "Les oeuvres morales de Plutarque, translatees de grec en françois" par Amyot, Jacques en 1572)(fran)(traduction ancienne d'un autre auteur)

Aussi estoient du temps d'Alexandre Apelles le paintre, et Lysippus le statuaire, desquels l'un paignit Alexandre tenant le foudre en sa main si naifvement paint et au vif, que lon disoit que des deux Alexandres, celuy qui estoit le fils de Philippus estoit invincible, et celuy d'Apelles inimitable.Et Lysippus aiant moulé la premiere statue d'Alexandre la face tournee vers le ciel, comme luy mesme Alexandre avoit accoustumé de regarder, tournant un petit le col, il y eut quelqu'un qui y meit ceste inscription qui n'a pas mauvaise grace:

Ce bronze estant d'Alexandre l'image

Iettant à mont les yeux et le visage,

A Iupiter semble dire, Pour toy

Retien le ciel, car la terre est pour moy.

Et pourtant defendit Alexandre que nul autre fondeur ne iettast en bronze son image que Lysippus, par ce que luy seul avoit l'industrie de representer ses meurs par le cuyvre, et monstroit son naturel en la figure de son corps: les autres representans bien la torse de son col, et l'humidité de ses yeulx, ne pouvoient advenir à exprimer son visage masle, et sa generosite de lion.

 

Plutarque (Πλούταρχος), Ἠθικὰ (Moralia) , (trad: 1972:2004), La Fortune d'Alexandre, II, 335 A-B, t. V, vol.1, p. 135 (trad: "Œuvres morales " par Frazier, Françoise; Fuhrman, François; Sirinelli, Jean en 1972:2004)(fran)(traduction récente d'un autre auteur)

Le peintre Apelle et le sculpteur Lysippe vécurent également sous son règne. Apelle le peignit en porte-foudre, avec tant de vigueur et de naturel qu'on disait que, des deux Alexandre, celui de Philippe était invincible et celui d'Apelle inimitable. Quant à Lysippe, il coula la première statue d'Alexandre: il l'avait représenté le regard et le visage levés vers le ciel, le cou légèrement incliné dans l'attitude qui lui était familière. L'inscription qu'on grava sur le socle n'avait rien que de véridique:

"Regardant Zeus, ce bronze semble vouloir lui dire:

J'ai fait de la terre mon empire. Zeus, à toi l'Olympe."

Aussi Alexandre réserva-t-il à Lysippe le privilège de faire ses statues: il était, apparemment, le seul à pouvoir imprimer dans le bronze le caractère d'Alexandre et représenter dans ses traits ses vertus. Les autres, en voulant reproduire l'inclinaison de cou et l'effusion limpide du regard, ne conservaient pas ce que le personnage avait de viril et de léonin.

 

Plutarque (Πλούταρχος), Βίοι Παράλληλοι (redac: (68):(117), trad: 1957:1993) (Vie d'Alexandre, 4, 1), t. IX, p. 33 (grecque)

 Τὴν μὲν οὖν ἰδέαν τοῦ σώματος οἱ Λυσίππειοι μάλιστα τῶν ἀνδριάντων ἐμφαίνουσιν, ὑφ᾿ οὗ μόνου καὶ αὐτὸς ἠξίου πλάττεσθαι. καὶ γὰρ μάλισθ᾿ ἃ πολλοὶ τῶν διαδόχων ὕστερον καὶ τῶν φίλων ἀπεμιμοῦντο, τήν τε ἀνάτασιν τοῦ αὐχένος εἰς εὐώνυμον ἡσυχῆ κεκλιμένου καὶ τὴν ὑγρότητα τῶν ὀμμάτων, διατετήρηκεν ἀκριβῶς ὁ τεχνίτης.

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Plutarque (Πλούταρχος), Βίοι Παράλληλοι , (trad: 1957:1993) (Vie d'Alexandre, 4, 1-2), t. IX, p. 33 (trad: "Vies parallèles " par Robert Flacelière et Emile Chambry, en 1957:1993)(fran)(traduction récente d'un autre auteur)

1 L’aspect physique d’Alexandre est rendu au mieux par celles de ses statues qui sont dues à Lysippe, le seul sculpteur par qui lui-même d’ailleurs voulût être représenté. 2 Et, de fait, les traits que plus tard beaucoup de ses amis et de ses successeurs s’attachèrent tout spécialement à imiter : l’inclinaison du cou légèrement penché vers la gauche et la fluidité des regards ont été fidèlement conservés par cet artiste.

 

Pline l'Ancien (Gaius Plinius Secundus), Naturalis Historia, liber XXXV(redac: 77, trad: 1985) (85)(latin)

Fuit enim et comitas illi, propter quam gratior Alexandro Magno frequenter in officinam uentitanti – nam, ut diximus, ab alio se pingi uetuerat edicto –, sed in officina imperite multa disserenti silentium comiter suadebat, rideri eum dicens a pueris, qui colores tererent. Tantum erat auctoritati iuris in regem alioqui iracundum. 

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Pline l’Ancien (Gaius Plinius Secundus), La peinture, Histoire naturelle, livre XXXV, (XXXV), 85 (fran)(traduction récente d'un autre auteur)

En fait, il savait aussi être plein de gentillesse, ce qui lui valut un attachement particulier de la part d’Alexandre le Grand, qui aimait venir fréquemment dans son atelier – car, nous l’avons dit, il avait défendu par décret qu’aucun autre peintre fît son portrait – ; mais lorsque, dans son atelier, le prince faisait de longues dissertations sans rien connaître à l’art, il lui conseillait gentiment de se taire, en disant qu’il prêtait à rire aux garçons qui broyaient les couleurs. Si grand étaient les droits que lui donnait son autorité sur un prince au demeurant irascible.

 

Pline l’Ancien; Landino, Cristoforo; Brucioli, Antonio, Historia naturale di C. Plinio Secondo di latino in volgare tradotta per Christophoro Landino, et novamente in molti luoghi, dove quella mancava, supplito, et da infiniti errori emendata, et con somma diligenza corretta per Antonio Brucioli. Con la tavola…, fol. 240v (italien)(traduction ancienne d'un autre auteur)

Era piacevole nel parlare ilperche era grato ad Alexandro Magno elquale spesso veniva nella sua officina. Ilperche come habiamo decto non volse che nessuno altro lo dipignessi. Quivi disputando Alexandro alchuna volta imperitamente dela pictura, Appelle con piacevole modo diceva che tacessi perche efanciulli che macinavono ecolori lo dilegiavano: tanta fu l’auctorita che haveva Appelle con Alexandro re tanto iracundo.

 

Pline l’Ancien; Brucioli, Antonio, Historia naturale di C. Plinio Secondo nuovamente tradotta di latino in vulgare toscano per Antonio Brucioli, p. 990 (italien)(traduction ancienne d'un autre auteur)

Et fu in esso piacevolezza, per laquale era grato à Alessandro Magno, e spesso andava nella sua stanza, perche come habbiamo detto, vieto di essere dipinto da alcuno altro. Ma, e nella sua stanza disputando Alexandro imperitamente molte cose della pittura, piacevolmente gli diceva, che tacesse, che i giovani che pestavono i colori si ridevano di lui. Et tanta fu l’autorita che haveva Apelle nel re, altrimenti iracundo.

 

Pline l’Ancien; Domenichi, Lodovico, Historia naturale di G. Plinio Secondo tradotta per Lodovico Domenichi, con le postille in margine, nelle quali, o vengono segnate le cose notabili, o citati alteri auttori… et con le tavole copiosissime di tutto quel che nell’opera si contiene…, p. 1099 (italien)(traduction ancienne d'un autre auteur)

Fu persona molto piacevole e garbata, e perciò era molto grato ad Alessandro Magno, ilquale andava spesso a trovarlo a bottega, percioche, come io dissi, egli haveva ordinato, che niuno altro lo dipignesse. Et perche Alessandro stando in bottega discorreva di molte cose dell’arte con poco giudicio invero, Apelle amorevolmente lo consigliava, che stesse cheto, dicendo, che i fattori, iquali li macinavano i colori, si facevano beffe di lui. Tanta auttorità havea la ragione appresso a quel re, ilquale per altro era molto colerico.

 

Pline l’Ancien; Du Pinet, Antoine, L’histoire du monde de C. Pline second… mis en françois par Antoine du Pinet, p. 949-950 (fran)(traduction ancienne d'un autre auteur)

Il avoit aussi une certaine gracieuseté et douceur qu’Alexandre le Gand estimoit tant, que mesme il le venoit souvent voir en sa boutique pour l’ouyr causer : et ne voulut onques permettre qu’autre fist son pourtrait qu’Apelles, selon que desja avons dit cy dessus. Mesmes quand ce Prince, voulant discourir du fait de la peinture, parloit quelquefois mal à propos, Apelles luy disoit fort gracieusement, Sire le meilleur seroit de vous taire, car les apprentis qui broyent les couleurs en l’arriere boutique se moquent de vous, tant estoit familier de ce roy, qui neantmoins estoit assez colère de soy-mesme.

 

Pline l’Ancien; Poinsinet de Sivry, Louis, Histoire naturelle de Pline, traduite en françois [par Poinsinet de Sivry], avec le texte latin… accompagnée de notes… et d’observations sur les connoissances des anciens comparées avec les découvertes des modernes, (vol. 11), p. 251 (fran)(traduction ancienne d'un autre auteur)

Apelle étoit d’un commerce extrêmement gracieux : c’est pourquoi Alexandre le Grand l’avoit pris en grande amitié, et le roi venoit fréquemment dans l’attelier du peintre : ce prince avoit même, comme nous l’avons observé, interdit, par un edit public, à tout autre artiste de le peindre. Or un jour qu’Alexandre, étant dans l’attelier, raisonnoit à tort et à travers sur l’art de la peinture, Apelle, avec sa grace ordinaire, lui conseilla le silence, l’avertissant que les petits garçons qui broyoient, là auprès, des couleurs, rioient de l’entendre ainsi parler[1] : tant le mérite d’Apelle lui donnoit droit d’être familier avec un prince, d’ailleurs extrêmement colere. 

Note de bas de page de l'auteur :
  • [1] Selon Elien, Hist. var. liv. 2, chap. 2, ce fut Zeuxis qui dit cela, non à Alexandre, mais à Mégabyze. Selon Plutarque, liv. de discrim. adulat. et amici, ce qui Apelle qui dit cela, à ce même Mégabyze, personnage dont on va bientôt parler.
 

Apulée (Apuleius), Florida(redac: (130):(180)) (VII), p. 133 (latin)

Sed cum primis Alexandri illud praeclarum, quod imaginem suam, quo certior posteris proderetur, noluit a multis artificibus uulgo contaminari, sed edixit uniuerso orbi suo, ne quis effigiem regis temere adsimularet aere, colore, caelamine, quin saepe solus eam Polycletus aere duceret, solus Apelles coloribus deliniaret, solus Pyrgoteles caelamine excuderet; praeter hos tris multo nobilissimos in suis artificiis si quis uspiam reperiretur alius sanctissimae imagini regis manus admolitus, haud secus in eum quam in sacrilegum uindicaturum. Eo igitur omnium metu factum, solus Alexander ut ubique imaginum simillimus esset, utique omnibus statuis et tabulis et toreumatis idem uigor acerrimi bellatoris, idem ingenium maximi honoris, eadem forma uiridis iuuentae, eadem gratia relicinae frontis cerneretur.

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------(fran)(traduction récente d'un autre auteur)

Un des traits les plus remarquables d’Alexandre, c’est d’avoir voulu, afin que son image passât d’une manière plus authentique à la postérité, qu’elle ne fût pas profanée au hasard par la foule des artistes : il publia un édit dans toute l’étendue de son univers, pour défendre que personne se hasardât à reproduire l’effigie du roi sur le bronze, sur la toile ou sur les médailles : Polyclète seul devait la couler, Apelles, la peindre, Pyrgotèle, la graver au burin. Hormis ces trois-là, maîtres chacun dans leur art, si l’on rencontrait un autre artiste qui eût approché les mains de cette royale et sainte image, il y avait peine prononcée contre lui comme contre un sacrilège. Grâce à cette crainte générale, Alexandre seul fut constamment Alexandre sur ses portraits. Toutes les statues, toutes les toiles, toutes les ciselures reproduisaient avec la même fidélité cette vigueur du bouillant guerrier, ce génie du héros incomparable, cette beauté de la jeunesse dans sa fleur, ce charme d’un front gracieusement découvert.

Commentaires : Manque biblio? Apulée, Florides, IIe siècle, VII 

 

Apulée (Apuleius), Florida, (VII), p. 133 (trad: "Florides" par Vallette, Paul)(fran)(traduction récente d'un autre auteur)

Mais de tous les traits d’Alexandre, le plus remarquable est le suivant. Afin que son image fût fidèlement transmise à la postérité, il ne voulut pas que n’importe quel artiste la pût déshonorer à sa guise. Il publia donc un édit dans tout le monde, son empire, faisant défense à quiconque de se risquer à reproduire l’effigie du roi par le bronze, la couleur ou la gravure. A Polyclète seul il donnait le droit de la couler dans le bronze, à Apelle d’en fixer les contours par la couleur, à Pyrgotélès de la graver au burin.

 

Élien (Κλαύδιος Αἰλιανός), Ποικίλη ἱστορία(redac: (201):(235)) (II, 3)(grecque)

[1] Ἀλέξανδρος θεασάμενος τὴν ἐν Ἐφέσῳ εἰκόνα ἑαυτοῦ τὴν ὑπὸ Ἀπελλοῦ γραφεῖσαν οὐκ ἐπῄνεσε κατὰ τὴν ἀξίαν τοῦ γράμματος. Εἰσαχθέντος δὲ τοῦ ἵππου καὶ χρεμετίσαντος πρὸς τὸν ἵππον τὸν ἐν τῇ εἰκόνι ὡς πρὸς ἀληθινὸν καὶ ἐκεῖνον « ὦ βασιλεῦ » εἶπεν ὁ Ἀπελλῆς « ἀλλ’ ὅ γε ἵππος ἔοικέ σου γραφικώτερος εἶναι κατὰ πολύ ».

Voir aussi :
  • [1] voir aussi Apelle cheval
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Élien (Κλαύδιος Αἰλιανός), Ποικίλη ἱστορία, (trad: 1991), p. 13 (trad: "Histoires variées" par Lukinovitch, Alessandra; Morand, Anne-France en 1991)(fran)(traduction récente d'un autre auteur)

Quand Alexandre vit son portrait peint par Apelle à Éphèse, il ne loua pas ce tableau à sa juste valeur. Mais son cheval, qu’on avait amené, hennit à l’encontre de celui du portrait, comme s’il s’agissait d’un autre cheval réel. « Mon roi, dit Apelle, il semble que ton cheval soit bien plus amateur de peinture que toi. »

 

Himérios (Ἱμέριος), Himerii Declamationes et orationes cum deperditarum fragmentis(redac: 300:400), Εἰς Ἀμπέλιον προπεπτικὀς (Hortativa in Ampelium) (numéro XXXI, 5 (Reinach 408)) , p. 136 (grecque)

Γενέσθαι μὲν καὶ Ἀλέξανδρον λόγος ταῖς πάλαι τέχναις ἀγώνισμα, ὥστε δὴ καὶ νειμάμενοι τὴν μορφὴν αὐτοῦ Λύσιππος καὶ Ἀπελλῆς, ὁ μὲν φαρμάκοις, ὀ δὲ χαλκῷ τὴν φύσιν, τοῦ βασιλέως ἡρμήνευσαν. ἐπεὶ δὲ ὁ λόγος ὑπερβὰς τὸ σῶμα ψυχῆς ὁμιλεῖ κάλλει καὶ χάρισιν, εἴη ἄν καὶ οὗτος ἀψευδὴς ζωγράφος.

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Reinach, Adolph (éd.), Textes grecs et latins sur la peinture ancienne. Recueil Milliet, (408)(fran)(traduction récente d'un autre auteur)

On raconte qu’Alexandre se donna lui-même en objet de concours aux artistes d’autrefois, puisque Lysippe et Apelle se divisèrent le privilège de reproduire ses traits, celui-ci représentant le roi en couleurs, celui-là en bronze. Est-ce que le discours, qui dépasse le corps et s’adresse à la beauté et aux dons de l’âme, ne peut être jugé aussi peu mensonger que la peinture ?

 

Petrarca, Francesco (Pétrarque), Canzoniere (Rerum vulgarium fragmenta)(publi: 1470, redac: 1338:1374) (232), p. 284 (italien)

Vincitore Alessandro l’ira vinse,

e fe'l minore in parte che Philippo:

che li val se Pirgotele et Lysippo

l’intagliar solo et Apelle il depinse?

 

Petrarca, Francesco (dit Pétrarque), De remediis utriusque fortunae(redac: 1354:1366, trad: 2002), « Des statues » (numéro I, 11 ) , p. 206-207 (latin)

[…] si quidem una etas et Apellem et Pyrgotelem et Lysippum habuit ; quod hinc patet, quia hos simul ex omnibus Alexandri magni tumor maximus delegit, quorum primus cum pingeret, secundus scalperet, tertius fingeret atque in statuam excuderet, edicto vetitis universis qualibet ingenii artisque fiducia faciem regis attingere.

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Petrarca, Francesco (dit Pétrarque), De remediis utriusque fortunae, (trad: 2002), « Des statues » (numéro I, 11) , p. 206-207 (trad: "Le Remède aux deux fortunes" par Carraud,Christophe en 2002)(fran)(traduction récente d'un autre auteur)

[…] puisqu’une même époque a connu Apelle, Pyrgotélès et Lysippe. En témoigne la volonté d’Alexandre le Grand de les choisir parmi tous les artistes de leur temps pour le représenter, tant il était imbu de sa personne : le premier en peinture, le deuxième en gravure, le troisième en modelage et en sculpture – un édit interdisant à tous les autres, quelle que fût l’assurance qu’ils mettaient dans leur talent et leur art, d’entreprendre le portrait du roi.

Commentaires : trad. Christophe Carraud

 

Érasme (Desiderius Erasmus), Collecteana Adagiorum(publi: 1500, trad: 2011), Ne bos quidem pereat (numéro 3401. IV, V, 1) , vol. 4, p. 187 (latin)

Quod si cui deest ingenium aut ars ad haec pro dignitate tractanda, abstineat potius quam ueluti malus pictor bonam formam imperitia sua reddat deteriorem. Alexander ille fortasse morosius, qui nullius manu pingi sustinebat nisi Apellis. Nemo tamen egregio corpore a Fuluo Rutubaque pingi cupiat.

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Érasme (Desiderius Erasmus), Collecteana Adagiorum, (trad: 2011) (3401. IV, V, 1), vol. 4, p. 187 (trad: "Les Adages" par Saladin, Jean-Christophe en 2011)(fran)(traduction récente d'un autre auteur)

Si l'on manque de talent ou de doigté pour traiter dignement ce sujet, qu'on s'en abstienne, plutôt que d'abîmer par son incompétence, comme un mauvais peintre, un bon sujet. Alexandre le Grand avait peut-être l'humeur trop chagrine, de ne se laisser peindre que de la main d'Apelle. Mais nul, doté d'un remarquable physique, ne souhaiterait être peint par un Fulvius ou un Rutuba.

 

Gaurico, Pomponio, De sculptura(publi: 1504), De Animatione (numéro ch. VII) , p. 205 (latin)

Quam angustissimis ecce terminis sculpturam finiuimus ? Quam facilem ecce uiam commonstrauimus ? certam, brevem, antiquissimam, et quae sola Lysippum eo usque perduxit, ut ab alio se effingi etiam edicto uetuerit Alexander.

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Gaurico, Pomponio, De sculptura, De Animatione (numéro ch. VII) , p. 205 (fran)(traduction récente d'un autre auteur)

Nous avons défini la science en termes si serrés et nous lui avons tracée une route si facile! Une voie sûre, rapide et très conforme à l’antique, la seule qui a conduit Lysippe à une perfection telle qu’Alexandre interdit par un décret qu’un autre artiste le représentât.

 

Maffei, Raffaele (Il Volterrano), Commentariorum urbanorum Raphaelis Volaterrani octo et triginta libri cum duplici eorundem indice secundum tomos collecto(publi: 1506) (liber XIII), fol. CXXXVI (latin)

Acceptus fuit in primis Alexandro magno, a quo tantum voluit pingi.

 

Textor, Joannes Ravisius (Jean Tixier de Ravisy, dit), Officina(publi: 1520), « Pictores diversi », p. 354 (latin)

Ad eius officina frequenter ventitabat Alexander, qui etiam edicto vetuit, ne ab alio pingeretur.

 

Textor, Joannes Ravisius (Jean Tixier de Ravisy, dit), Officina(publi: 1520), « Sculptores, cælatores », p. 356 (latin)

Lysippus Sicyonius adeo claruit sculptura, vt ab eo solo fingi voluerit Alexand. quemadmodum pingi a solo Apelle. Horat. Edicto cauit, ne quis se præter Apellem pingeret, aut alius Lysippo duueret æra.

 

Equicola, Mario, Libro di natura d’amore(publi: 1525, trad: 1584) (libro II), fol. 96r-96v (italien)

Non lascerò di dir dunque della sua[Explication : dell’Amore.] pittura. Fu lecito a i greci connumerar la pittura fra le arti liberali, e per publico editto vietarla a servi. Gran laude riporta Alessandro Magno, per non haver sopportata che a sua imagine da altri fosse gettata in bronzo che da Lisippo : da niuno ritrattra col penello, se non da l’eccellentissimo Apelle : ne da altri che da Pirgotele scolpita in marmo. Se l’editto de’ Greci fosse ben osservato, se a imitatione de’ dottissimi fosse stato dipinto amore, non se gli vedrebbe la benda avanti a gli occhi lucenti, e splendidi, come nel bando di Venere nel poema di Mosco leggiamo, dove essa propone il premio a chi Cupido perduto ritrovasse.

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Equicola, Mario, Libro di natura d’amore, (trad: 1584), fol. 117v (trad: "Les six livres de Mario Equicola d’Alveto autheur celebre, De la nature d’Amour, tant humain que divin, et de toutes les differences d’iceluy" par Chappuys, Gabriel en 1584)(fran)(traduction ancienne d'un autre auteur)

Je ne laisseray donc pas de parler de sa painture[Explication : de l’Amour.]. Il estoit licite et permis aux Grecs de mettre la painture au nombre des arts liberaux, et par edict public, estoit defendu aux serviteurs et esclaves. Alexandre le Grand a esté fort loué, de ce qu’il n’a souffert que l’image d’iceluy, fust jettée en bronze, par autre que Lisippe : tirée avec le pinceau, d’autre que du tresexcellent Apelles, et gravée en marbre avec le burin, d’autre que de Pirgotele. Si l’edict des Grecs eust esté bien observé : si à l’imitation des tres-doctes, amour eus testé depainct, on ne luy verroit pas le bandeau devant les yeux, luisans et replandissans, comme nous lisons en la proclamation et cry de Venus, au poëme de Moscus, où elle propose loyer et recompense a celuy qui trouveroit Cupidon perdu, d’escrivant tout son estre et corpulence.

Commentaires : Trad. G. Chappuys, 1584

 

Il codice Magliabechiano cl. XVII. 17 contenente notizie sopra l’arte degli antichi e quella de’ fiorentini da Cimabue a Michelangelo Buonarroti, scritte da anonimo fiorentino(redac: (1540:1550)), p. 24 (italien)

Era gratissimo et piaceuole Apelle nel parlare et era molto a quore a Alessandro Magno, che spesso a bottegha lo uicitaua et non volle maj, ch’altrj lo ritraessi. Et volendo Alessandro alcuna uolta parlare della pittura, gl’era risposto piaceuolmente d’Apelle, che stessi dreto (quieto), imperoche e sua fanciullj, che macinauano e colorj, lo uccellauano. Tanta era l’autorita sua, che haueua in Alessandro, che ardj udir lj simil parole.

 

Varchi, Benedetto, In che siano simili e in che differenti i poeti e i pittori. Terza disputa della lezione della maggioranza delle arti(redac: 1547), p. 46 (italien)

E se Alessandro amò grandemente e beneficò Apelle, comandando che niuno il ritraesse, eccetto lui, devemo credere che facesse il medesimo, come testifica il Petrarca, ancora di Pirgotele e di Lisippo.

 

Hollanda, Francisco de, Da pintura antiga(redac: 1548), p. 336 (portugais)

Foi tão privado de Alexandre o Magno, que mandou por edito que nenhum outro o tirasse polo natural. E muitas, vezes vinha ao seu scritorio, e ali, dispurando Alexandre algumas vezes do que elle alcançava sobre a pintura, Apelles com aprazivel maneira lhe dezia que se callasse Sua Alteza, porque os moços que moiam as colores zombavam do que elle dezia. Tantao foi a autoridade que Apelles pintor teve com Alexandre, rey tão apaixonado, e que não soffria nada a ninguém ! E Alexandre muito e honrava sempre (isto são palavras de Plinio).

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Hollanda, Francisco de, Da pintura antiga et Diálogos de Roma (2e partie), (trad: 1911), p. 180-181 (trad: "Quatre dialogues sur la peinture" par Rouanet, Léo en 1911)(fran)(traduction récente d'un autre auteur)

Il[Explication : Apelle.] fut tellement en faveur auprès d’Alexandre le Grand que ce roi ordonna par un édit que nul autre qu’Apelle ne tirât son portrait au naturel. Alexandre venait souvent à son atelier, où il dissertait parfois sur ce qu’il croyait savoir de la peinture. Mais Apelle disait plaisamment à Son Altesse de se taire, parce que les apprentis occupés à broyer les couleurs riaient entre eux de ce qu’il disait. Tant fut grand le crédit que le peintre Apelle eut auprès d’Alexandre, ce roi si emporté et qui ne souffrait rien de personne! Et Alexandre ne cessait de l’honorer beaucoup, d’après les propres paroles de Pline.

Commentaires :  Trad. Léo Rouanet 1911

 

Hollanda, Francisco de, Da pintura antiga(redac: 1548), p. 298 (portugais)

E lemos que Alexandre o Magno pôs grande pena a qualque pintor que o pintasse afora Apelles, porque este só homem stimava que fosse suffeciente de pintar o seu aspeito com aquela severidade e enimo liberal, que não podesse ser visto sem dos gregos ser louvado, e dos barbaros temido e adorado.

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Amboise, François et Adrian d’, Discours ou traité des devises, p. 118 (fran)(traduction récente d'un autre auteur)

Nous lisons qu’Alexandre le Grand édicta des peines sévères contre tout peintre autre qu’Apelle qui reproduirait ses traits, estimant que seul ce grand homme était capable de donner à son image cet aspect imposant et magnanime que les Grecs ne pouvaient voir sans l’acclamer ni les barbares sans le craindre et l’adorer.

Commentaires :  Trad. Léo Rouanet 1911 

 

Doni, Vincenzo, Disegno(publi: 1549), p. 37r (italien)

Fu anchora di grandissimo honore all’arte d’Apelle, a cui si da il principato della pittura, che è fosse tanto dimestico et grato ad Alessandro Magno ; che stando spesso nella sua bottega e ragionando dell’arte imprudentemente i fanciulli che macinavano i colori se ne ridevano, in modo che Apelle con piacevol motto l’avertì che tacesse : e per la riverenza che Alessandro gli portava tacque ; atto maraviglioso nell’animo superbo di tanto re, cui tutto il mondo non bastò ad acquietarlo

 

Conti, Natale (dit Natalis Comes ou Noël le Conte), Mythologiae, sive explicationis fabularum libri decem(publi: 1551), "De Dedalo" (numéro liber VII, cap. XVI) , p. 410 (latin)

Tantæ vero præstantiæ creditus est, vt soli liceret Alexandrum pingere, cum aliis esset vetitum.

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Conti, Natale (dit Noël le Conte); Montlyard, Jean de (pseudonyme de Jean de Dralymont), Mythologiae, sive explicationis fabularum libri decem, p. 783 (trad: "Mythologie, c’est à dire Explication des fables, contenant les généalogies des dieux, les cérémonies de leurs sacrifices, leurs gestes, adventures, amours et presque tous les préceptes de la philosophie naturelle et moralle. Extraite du latin de Noël Le Comte... par I. D. M.")(fran)(traduction ancienne d'un autre auteur)

Alexandre le Grand fit tant d’estat de son excellence, qu’il ne voulut estre pourtrait d’autre main que de celle d’Apellés.

 

Le Caron, Louis, Dialogues(publi: 1556), « Claire ou de la beauté », Dialogue V, p. 337 (fran)

Encores j’enhorte l’aimé de ne suivre l’exemple du superbe Empereur Alexandre, auquel il déplaisoit d’estre paint d’autre main que d’Apelle ; ains de recevoir en bonne part l’afectionné service qu’on lui presente et vouloir bien à celui qui l’aime.

 

Borghini, Vincenzio, Selva di notizie(redac: 1564), p. 140 (italien)

Fu piacevole et galante et però grato a tutti et più grato a Alessandro Magno che non volse esser dipinto d’altri che da lui. Al medesimo Alessandro che disputava, ma a rovescio delle cose de l’arti, piacevolmente diceva che tacessi etc. Alessandro medesimo gli donò Campaspe, dalla qual si dive ch’e’ trasse la sua Venere.

 

Adriani, Giovanni Battista, Lettera a m. Giorgio Vasari, nella quale si racconta i nomi, e l’opere de’più eccellenti artefici antichi in Pittura, in bronzo, et in marmo(publi: 1568, redac: 1567) (t. I), p. 191 (italien)

Fu inoltre molto piacevole et alla mano, e per questo oltre a modo caro ad Alessandro Magno, talmente che quel re lo andava spesso a visitare a bottega, prendendo diletto di vederlo lavorare et insieme d’udirlo ragionare. Et ebbe tanto di grazia e di autorità appresso a questo re, benché stizzoso e bizzarro, che ragionando esso alcune volte della arte di lui meno che saviamente, con bel modo gl’imponeva silenzio, mostrandoli i fattorini che macinavano i colori ridersene. Ma quale Alessandro lo stimasse nell’arte si conobbe per questo, che egli proibì a ciascuno dipintore il ritrarlo fuori che ad Apelle.

 

Molanus, Johannes, De picturis et imaginibus sacris(publi: 1570, trad: 1996) (II, 62), p. 218 (latin)

Note marginale :
  • [1] lib. 2 ad Octa.
  • [2] Clemens ad Gentes. Arnobius li. 6. Psal. 33

Certe Alexander ille Macedo, vt aeternitati suam effigiem commendaret, noluit se pingi aut sculpi, nisi a maximis artificibus, Apelle et Lysippo. Iuxta illud Horatii : 

Edicto cauit ne quis se praeter Apellem

Pingeret : aut alius Lysippo duceret aera

Fortis Alexandri vultum similantia.

[1]

Imo, vt videretur filius Iouis Ammonis, voluit cornutus effingi a statuariis, sed, quamuis sibi videretur praeclare agere, tamen quod intendebat, non est consecutus, impediente hoc Dei gubernatione : cuius vultus super facientes mala, vt perdat de terra memoriam eorum. [2]

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Molanus, Johannes, De picturis et imaginibus sacris, (trad: 1996)(trad: " Traité des saintes images" par Christin, Olivier; Tassel, Benoît en 1996)(fran)(traduction récente d'un autre auteur)

Note marginale :
  • [1] Épîtres, II, 1, « À Auguste », v. 239-241
  • [2] Psaum 33, 17 ; Clément d’Alexandrie, Le Protreptique ; Arnobe, l. VI

En tout cas, Alexandre le Grand de Macédoine, afin de rester éternellement célèbre, ne voulut ni peinture ni sculpture, à moins qu’elles ne soient de la main des plus grands artistes, Apelle et Lysippe. Suivant le passage d’Horace :

Il fit défense par un édit que personne, sauf Apelle,

Ne prît le pinceau, que nul, hors Lysippe, ne coulât le bronze

Pour représenter les traits du vaillant Alexandre.

[1]

Cependant, afin d’apparaître comme le fils de Jupiter Ammon, il voulut que les statuaires le représentent avec des cornes ; mais bien qu’il ait cru agir avec prestige, ses intentions furent sans suite, Dieu en son gouvernement y ayant fait obstacle, lui dont la face, contre ceux qui font le mal, ôte leur mémoire de la terre [2]

Commentaires : Trad. Boespflug

 

Maranta, Bartolomeo, Discorso di Bartolomeo Maranta all’Ill.mo Sig. Ferrante Carrafa marchese di Santo Lucido in materia di pittura, nel quale si difende il quadro della cappella del Sig. Cosmo Pinelli, fatto per Tiziano, da alcune opposizioni fattegli da alcune persone [Biblioteca Nazionale di Napoli, ms. II c. 5](redac: (1571)), p. 884 (italien)

E quando io volesse far comparazione di Tiziano con alcuno degli antichi, non saprei a chi meglio somigliarlo che ad Apelle, percioché l’uno e l’altro fu felicissimo nel ritrarre dal naturale i viventi. E fu così proprio ad Apelle, che Alessandro Magno vietò per publico editto che niuno altro le potesse ritrarre, ancorché in quel tempo fussino valentissimi uomini, come Protogene, Asclepiodoro, Angione, Aristide, di chi si legge che Attalo re comprò un quadro, dove era dipinto il padre Libero, seimila serterzii.

 

Lily, John, Euphues and His England(publi: 1580), p. 77 (anglais)

For as Alexander woulde be engraven of no one man, in a precious  stone, but onely of Pergotales : so would I haue my picture imprinted in no heart, but in his, by Thirsus. Consider with thy selfe Fidus that a faire woman with-out constancie, is not unlyke vnto a greene tree without fruit, resembling the counterfait that Praxitiles made for Flora before the which if one stoode directly, it seemed to weepe, if on the left side to laugh, if on the other side to sleepe: where-by he noted the light behaviour of hir, which could not in one constant shadow be set  downe.

 

Lily, John, Euphues and His England(publi: 1580), p. 42 (anglais)

And therfore good Euphues and Philautus content your selues with this, yet to be curious in things you should not enquire off, if you know the, they appertein not unto you : if you knew them not, they canot hinder you. And let Appelles answere to Alexander be an excuse for me. When Alexander would needes come to Appelles shop and paint, Appelles placed him at his backe, who going to his owne worke, did not so much as cast an eye back, to see Alexanders devises, which being wel marked, Alexander said thus unto him: Art not thou a cunning painter, and wilt thou not over-looke my picture, and tel me wherin I have done wel, and wherin ill? whom he answered wisely, yet merily : In faith O king it is not for Appelles to enquire what Alexander hath done, neither if he shew it me, to judge how it  is done, and therefore did I set your Majestie at my back, yet I might not glaunce towards a kings work, and that you looking over my head might see mine, for Appelles shadowes are to be seene of Alexander, but not Alexanders of Appelles. So ought we Euphues to frame our selves in all our actions and deuises, as though the King stood over us to behold us, and not to looke what the King doth behinde us.  For whatsoever he painteth it is for his pleasure, and wee must think for our profit, for Appelles had his reward though he saw not the worke.

 

Lily, John, Euphues and His England(publi: 1580), p. 204 (anglais)

When Alexander had commaunded that none shoulde paint him but Appelles none carve him but Lysippus none engrave him but Pirgoteles, Parrhasius framed a table squared, everye way twoo hundred foote, which in the borders he trimmed with fresh coulours, and limmed with fine golde, leaving all the other roume whith-out knotte or lyne, which table he presented to Alexander who no lesse mervailing at the bignes, then at the barenes, demaunded to what ende he gaue him a frame with-out face, being so naked, and with-out fashion being so great. Parrhasius aunswered him, let it be lawful for Parrhasius, O Alexander, to shew a table wherin he would paint Alexander, if it were not unlawfull, and for others to square timber,  though Lysippus carve it, and for all to cast brasse though Pirgoteles ingrave it. Alexander perceiving the good minde of Parrhasius, pardoned his boldnesse, and preferred his arte : yet enquyring why hee framed the table so bygge, hee aunswered, that hee thought that frame to bee but little enough for his picture, when the whole worlde  was to little for his personne, saying that Alexander must as well bee praysed, as paynted, and that all his victoryes and vertues, were not  for to bee drawne in the compasse of a sygnette, but in a fielde. This aunswer Alexander both lyked and rewarded, insomuch that it was lawful ever after for Parrhasius both to praise that noble king and to paint him.

 

Lily, John, Euphues and His England(publi: 1580), p. 38 (anglais)

Besides that, Alexander must be painted of none but Appelles, nor engraven of any but Lisippus, nor our Elizabeth set forth of every one that would in duety, which are all, but of those that can in skyll, which are fewe, so furre hath nature overome arte, and grace eloquence, that the paynter draweth a vale over that he cannot shaddow, and the orator holdeth a paper in his hand, for that he cannot utter.

 

Lamo, Alessandro, Discorso intorno alla scoltura, et pittura(publi: 1584), p. 8 (italien)

Non se ne goderono Alessandro, ch’ella, e la Scoltura insieme a’ secoli loro facevano miracoli, tanta era la copia, l’eccellenza, e la perfettione de gli artefici amati, sovvenuti, et aggranditi dalla reale magnanimità di cotesti imperatori ; e tanto piacque all’istesso Alessandro l’eccellenza loro, che non volle mai, che altri, che Lisippo in bronzi, lo sulpissero, e che altri che Apelle il dipignessero. Horatio.

Edicto cavit, ne quis se, præter Apellem

Pingeret, aut alius Lisippo duceret æra.

Egli è vero, che si legge, che Pirgotele anche egli lo scuolpi in gemme.

 

Borghini, Rafaello, Il riposo di Raffaello Borghini : in cui della pittura, e della scultura si fauella, de’piu illustri pittori, e scultori, et delle piu famose opere loro si fa mentione ; e le cose principali appartenenti à dette arti s’insegnano(publi: 1584), p. 275 (italien)

Fu questo artefice piacevole e gratioso molto, contro alla natura di alcuni pittori moderni, i quali quanto più si dimostrano fantastichi e discortesi, tanto più si presumano d’esser stimati valenthuomini: e per questa sua gentilezza e per l’eccellenza dell’arte fu tenuto in gran pregio da Alessandro Magno, in tanto che egli non si sdegnava sovente stare a vederlo lavorare. E fu tanta la domestichezza fra loro, che ragionando un giorno Alessandro sconciamente delle cose del dipignere, ardì Apelle di dirgli con bel modo che si tacesse, perché insino a’ fattorini, che gli macinavano i colori di lui si ridevano.

 

Garzoni, Tommaso, La piazza universale di tutte le professioni del mondo(publi: 1585), « De’ pittori, e miniatori, et lavoratori di mosaico » (numéro Discorso XCI) , p. 290 (italien)

Apelle istesso, che fu si raro nel dipingere, che Alessandro Magno con publico editto vietò d’esser dipinto da altri.

 

Armenini, Giovanni Battista, De’ veri precetti della pittura(publi: 1587), « Di quale virtù, vita e costumi deve essere ornato un pittore eccellente, con gli essempi cavati dalle vite de’ miglior pittori e più celebri che mai siano stati, così antichi come moderni » (numéro III, 15 ) , p. 239 (italien)

Perché si raconta d’Apelle che, essendoli andato Alessandro Re a casa e ragionando con esso dell’arte men ch’onestamente, Apelle li disse: « Dite piano », mostrandoli che i fattorini che tritavano i colori si ridevano.

 

Meres, Francis, Palladis Tamia : Wits Treasury, Being the second part of wits Commonwealth(publi: 1598), "Painters", p. 287 (anglais)

hee greewe so famous fort his excellent art, that great Alexander came often to visite him, and commaunded that none other should paint him.

 

Guttierez de los Rios, Gaspar, Noticia general para la estimacion de las artes, y de la manera a en que se conocen las liberales de las que son mecanicas y serviles(publi: 1600), « Libro tercero en que se defiende que las artes del dibuxo son liberales, y no mecanicas », cap. V, « Prosiguese la materia passada : tratase de la fama de los professores de la pintura, y dizese tambien de passo de la tapizeria y bordado de matiz, artes conjuntas a ella », p. 134 (espagnol)

[1] El famosissimo Apeles, aquel que excedio a todos los de antes y despues, pintando lo que parecia impossible pintarse, por quien falio assi mismo aquel edicto de Alexandro Magno, para que sus pinturas no se hiziessen por otro, sino por el, que fue el que hizo grandes libros y volumines sobre el arte de la pintura.

Voir aussi :
  • [1] voir aussi Apelle irreprésentable
 

Van Mander, Karel,  Het leven der oude antijcke doorluchtighe schilders(publi: 1603:1604 ), « Van Appelles, Prince der Schilders », fol. 78v-79r (n)

Appelles hadde oock een seker bequame gratie van een soete ghemeensaemheyt en gespraecklijckheyt, die den machtighen grooten Coningh Alexander soo sonderlinghe heeft bevallen, dat hy hem seer dickwils quam besoecken op zijnen Winckel, om hem te hooren couten. En alst gheschiedde dat desen Prince wilde verhalen oft vertellen yet van de Const van Schilderen, dede hy, ghelijck gemeenlijck doen die niet van de Const en zijn, en spracker somtijden wat vreemt van, en niet op het gevoechlijckste, des hem Appelles seer aerdich en soetelijck wist te berispen. Iae seyde wel: Mijn Heer den Coningh mocht liever swijghen, want de Leerjonghers, die de verwe in den achter-winckel staen en wrijven, die spotten met u. Siet, dus seer gemeensaem was hy met desen Coningh, die nochtans van self grammoedich en korsel ghenoech was. Plutarchus verhaelt seer een ghelijcke antwoordt van Appelles gedaen aen Megabyzus, een van de meeste Heeren van het Hof des Conings van Persen, welcken hem quam besoecken tot in zijnen Winckel, en by hem gheseten wesende, en hem siende wercken, begon te willen vertellen van betrecken en schaduwen: Appelles con hem niet onthouden te seggen, Siet ghy die jonge knechten wel, die den Oker wrijven? Dewijl ghy niet een woordt en seydet besagen sy u opmerckelijck, en waren verbaest siende u schoone purper Cleederen, gouden Ketenen, en Iuweelen: maer nae dat ghy hebt aenvanghen te spreken, hebbense beginnen te lachen, en met u te spotten, om dieswille dat ghy bestaet te verhalen van dinghen, die ghy niet en hebt gheleert. Alexander en wilde oock van geen ander Schilder gheschildert wesen oft geconterfeyt, als alleen van Appelles, en lietet allen anderen met openbaer ghebodt verbieden.

 

Van Mander, Karel, Den grondt der edel vry schilder-const(publi: 1604) (ch. I, § 33), fol. 4r (n)

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  • [1] Exempel der beleeftheyt aen Appelles.

Dat den Schilder-prins Appelles bescheyden [1]

En beleeft was, en is niet te miswanen,

Connend’ Alexander soo soet aenleyden,

Dat hy hem daghelijcx quam sien arbeyden:

Noch is zijn beleeftheyt weert te vermanen

Aen Protogenem by den Rhodianen,

Den Persoon en t’werck brenghend’ in extime,

Ghelijck noch volgen sal, doch niet in rijme.

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Van Mander, Karel, Den grondt der edel vry schilder-const, (trad: 2009), p. 20 (trad: "Principe et fondement de l’art noble de la peinture" par Noldus, Jan Willem en 2009)(fran)(traduction récente d'un autre auteur)

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  • [1] Exemple de la politesse d’Apelle

Que le prince des peintres, Apelle, était courtois [1]

Et poli, cela est indéniable

Puisqu’il a amené petit à petit Alexandre

A venir tous les jours le voir travailler.

Dogne de mention aussi, sa politesse

Envers Protogénès dont le prestige à Rhodes

Fut totalement son œuvre.

Commentaires : Trad. J.-W. Noldus, 2009

 

Nunes (das Chagas), Filipe, Arte da pintura, symmetria e perspectiva(publi: 1615), p. 9 (portugais)

[1] De Apelles diz Plinio que não lavrava mais que com quatro côres sómente, e o mesmo Alexandre Magno mandou que nenhum pintor o ouzasse retratar, senão só Apelles.

Voir aussi :
  • [1] voir aussi Apelle tétrachromie
 

Amboise, François et Adrian d’, Discours ou traité des devises(publi: 1620), p. 4 (fran)

Car quant à la face du Roi faite après le naturel, tout chacun n’est pas capable d’en avoir une au vif, ni de la payer ce qu’elle vaut, et aussi qu’il se trouve peu de bons ouvriers dignes de s’en attribuer la gloire, qui fut cause qu’Alexandre le Grand ne voulait être représenté de relief, sinon du ciseau de Lysippe ni en plate peinture, sinon du pinceau d’Apelle.

 

Binet, Étienne, Essay des merveilles de nature(publi: 1621), « Platte peinture », « Préface au lecteur de la peinture », incipit (numéro ch. X) , p. 190 (fran)

Quand le grand Alexandre visitant Apelles le Grand voulut parler des couleurs et des peintures ; les apprentis esclatterent si fort de rire que le Maistre en eut peur et honte. Sire (dit-il tout bas) ne parlez point de ce mestier, car ces garçons qui broyent les couleurs crevent de rire vous oyant ainsi begayer : vous estes bon pour conquerir des mondes, et nous pour les coucher sur nos tableaux ; vostre espée et nos pinceaux ne s’accordent pas bien en une mesme main, et pour bien faire chacun doit parler de son métier, autrement on appreste à rire à toute la compagnie. Alexandre se teut, et se print à rire. Ie désire, Lecteur mon grand amy, vous delivrer de ceste peine, et de la peur qu’on ne se gausse de votre niaiserie, quand vous voudrez parler de la platte peinture l’un des nobles artifices du monde.

 

Vega Carpio, Lope Félix de , La madre de la mejor. Comedia Famosa de Lope de Vega Carpio. Dirigida a don Fray Plácido de Tosantos, Obispo de Guadix, del Consejo de su Majestad(publi: 1621), « Dirigida a don Fray Plácido de Tosantos, Obispo de Guadix, del Consejo de su Majestad » (espagnol)

El divino ingenio de Usía, sus grandes letras y virtudes con que ha sido por tantos años un cristiano Demóstenes y un orador evangélico, no tienen necesidad de descubrirse al mundo ni en verso ni en prosa, como sería más conocimiento de su grandeza mirar al sol que oír sus alabanzas. Las de Usía se remiten a su elocuencia, porque los heroicos ingenios se alaban a sí mismos con merecerlas, y pues no a todos los pintores permitió Alejandro su imagen, no serán tan vanos mis pinceles que presuman en esta breve tabla ser Eróstratos de la poesía, derribando la vida inmortal de su nombre del templo de la Fama, porque viva en el mío, pero en otras ocasiones más graves diré con Aurato: Condita quae servo maiora poemata vobis, in lucen ut veniant mox animous ero.

 

Butrón, Juan de, Discursos apologeticos, en que se defiende la ingenuidad del arte de la pintura, que es liberal, de todos derechos, no inferior a las siete que comunmente se reciben(publi: 1626), « Discurso decimoquinto. Donde se muestra la veneracion en que los antiguos tuvieron la pintura, los principes que la professaron, y algunas de las muchas honras, y mercedes que le hizieron », fol.  104v-105r (espagnol)

Con quanta los antiguos estimaron los hombres doctos en la pintura, y burlaron de los que ignorantes de sus partes hablavan enla calidad de sus primores. Plinio en el cap. 10. Cuenta, que Apeles tenia tanto agrado en su trato, que le iva muchas vezes Alexandro Magno a ver en su oficina : a quien reprehendio algunas, viendole hablar de las partes del arte, diziendole, que de los que hablavan de la pintura sin fundamento, se reian los aprendices que molian las colores. Fuit enim et comitas illi, propter quam gratior Alexandro Magno erat frequenter in officinam ventitanti : nam, ut diximus, ab alio pingi se vetuit edicto. Sed in officina imperite multa disserenti silentium comiter suadebat, rideri eum dicens a pueris, qui colores tererent. Eliano lib. 2 cap. 2 historiæ, y Angelo Policiano cap. 48. Miscellaneorum dizen, que lo dixo a Megabizo : Plinio empero dize, que a Alexandro. 

 

Butrón, Juan de, Discursos apologeticos, en que se defiende la ingenuidad del arte de la pintura, que es liberal, de todos derechos, no inferior a las siete que comunmente se reciben(publi: 1626), « Discurso decimoquinto. Donde se muestra la veneracion en que los antiguos tuvieron la pintura, los principes que la professaron, y algunas de las muchas honras, y mercedes que le hizieron », fol.  109v (espagnol)

Tuvo notable agrado, y cortesia, con que fue muy querido de Alexandro Magno, y merecio que este gran principe le visitasse muchas vezes en su obrador, segun Plinio ubi sopra, favoreciendole con prohibicion de que nadie le retratasse sino Apeles. Tuvo tanta familiaridad con este principe, que aun no le sufrio, como diximos arriba, el que sin entender de pintura hablasse en ella.

 

Puget de la Serre, L’Entretien des bons esprits sur les vanitez du monde(publi: 1630), « De la vanité des portraicts et des statuës » (numéro ch. VIII) , p. 243-245 (fran)

Les historiens remarquent que ce Prince n’avoit rien d’invincible que le courage, estant esclave d’un grand nombre de passions, qui ternissoient l’esclat de sa gloire. Et parmy celles qui le possedoient absolument, la vanité en tenoit l’empire. Car en combien de sorte (sic) se faisoit-il peindre par Apelles. Tantost monté sur son Bucephale, en action de faire trembler toute la terre par l’effroy d’un seul de ses regards. On l’admiroit autresfois sous l’habit d’un Iupiter Amon ; mais ce qui est considerable, ses regards ne faisoient trembler la terre qu’en peinture, et il n’estoit adorable que dans son portrait. Sa vanité alloit bien encore plus avant. Si l’on veut se representer l’excez de son ambition, plus digne de pitié, et de risee, que d’envie. […] Mon humeur curieuse me presse tousiours, l’envie me prend, de sçavoir encore où sont toutes ces statuës de l’Isipe, et ces tableaux d’Apelles, qui representoient diversement Alexandre. L’un, deffiant avec la perfection de son art, la merveilleuse industrie de l’autre.

 

Carducho, Vicente, Diálogos de la pintura, su defensa, origen, essencia, definicion, modos y diferencias(publi: 1633), “Dialogo octavo, delo practico del Arte, con sus materiales vozes, y terminos, principios de Fisionomia, y Simetria, y la estimacion, y estado que oi tiene en la Corte de España”, fol. 134v (espagnol)

Maest. Hame parecido mui bien, particularmente, para el proposito que essa persona lo pide, importante para repararse en los casos que se ofrecen, y no dar ocasion que obliguen a Apeles a dezir, que calle, porque los aprendices no se rian, como lo dixo Alexandro, estando en su obrador hablando impropiedades ridiculas. Algunas vozes ai Italianas, como es esfumar, toza, gofa, esuelto, actitud, morbido, esbatimento, grafio; mas son tan platicadas ya en España, que vienen a ser propias.

 

Carducho, Vicente, Diálogos de la pintura, su defensa, origen, essencia, definicion, modos y diferencias(publi: 1633), “Dialogo septimo. De las diferencias, y modos de pintar los sucessos e historias sagradas con la decencia que se deve”, fol. 112r (espagnol)

Por esso Alexandro no quiso fiar sus retratos de Pintura, sino fue à Apeles, y de Escultura à Lisippo, y de lo vaciado à Pirgotiles, y con edicto publico vedò que ningun otro le pudiesse retratar, assegurando por este camino verse ultrajar de algunos ignorantes pinzeles. Ha sido tan antiguo, e tan usado este Arte de retratar, que se leen aver tenido los Egipcios, y los Griegos grandes Museos, y oi presumo que ningun Monarca ò Principe en la Europa dexa de tenerle, que para referirlos cada uno en particular, nos faltaria tiempo à nuestro intento, que ha sido grande la digression.

 

Lebrun, Pierre, Recueil des essaies des merveilles de la peinture(publi: 1849, redac: 1635), Préface au lecteur de la peinture, incipit, p. 767 (fran)

Quand le grand Alexandre visitant Apelles le grand voulut parler des couleurs et des peintures, les apprentis esclattèrent si fort de rire que le maistre en eust peur et honte. Sire (dit-il tout bas) ne parlez point de le mestier car ces garçons qui broyent les couleurs crevent de rire vous entendant ainsi begayer : vous estes bon pour conquerir les mondes, et nous pour les coucher sur nos tableaux. Vostre espée et nos pinceaux ne s’accordent pas bien en une mesme main, et pour bien faire chacun doit parler de son métier autrement on appreste à rire à toute la compagnie. Alexandre se teut, et se print à rire. Je désire lecteur mon grand amy, vous delivrer de cette peine, et de la peur qu’on ne se gausse de votre niaiserie quand vous voudrez parler de la platte peinture, l’un des nobles artifices du monde.

 

Renaudot, Théophraste, Cinquante-huitiesme Conference du mercredy 27. Dec. 1634, dans Seconde Centurie des Questions traitées ez Conferences du Bureau, depuis le 3 novembre 1634. Jusques à l'11 fevrier 1636(publi: 1636), p. 70 (fran)

Le 2. Dist bien que la peinture soit sensible et visible, il appartient néantmoins à fort peu de personnes d’en bien juger : tesmoin Alexandre, lequel estant allé voir Apelles, et voulant parler de la peinture, les apprentifs de ce peintre ne se pûrent tenir de rire, tant il en parloit mal. Aussi la peinture est-elle une des plus nobles parties des méchaniques; et devroit aussi bien tenir son rang dans les mathématiques que l’astronomie.

Commentaires : éd. 1968, p. 146

 

Junius, Franciscus, The Painting of the Ancient(publi: 1638) (II, 9, 2), p. 180-181 (anglais)

The great monarch Alexander came likewise to Apelles his shop, very often accompanied with a good many princes: and although it was the greatest honour mans heart could wish, that the monarch of the world, whose judgment was esteemed to be the judgment of the world, should expresse his favour after so loving and familiar a manner, yet hath this magnanimous king found another way, to grace the artificer a great deale more […] Out of the like respect to Art came it to passe, that the same king, to leave a truer image unto posteritie, would not have his image by many artificers promiscuously defiled; making a proclamation thorough all his dominions, that nobodie should unadvisedely undertake to expresse his image in brasse, in colours, or in any engraved worke, but that Polycletus alone should cast him in brasse, Apelles alone should paint him in colours, Pyrgoteles alone should engrave him: besides these three, who were most famous for their workmanship, if anyone was found anywhere to meddle with the sacred image of the king, he should be severely punished for his sacrilegious attempt. The feare thereof of this edict brought to passe, that Alexander his image was everywhere the prime image; and that in all statues, pictures, and engravings there was to be seene the same vigour of a most vehement warrier, the same markes of the greatest dignitie, the same liveliness of his fresh youth, the same grace of his high forehead. Apuleius in Floridis. 

 

Junius, Franciscus, The Painting of the Ancient(publi: 1638) (III, 7, 2 ), p. 335-336 (anglais)

Away then with all those, who thinke it enough if they can but confidently usurpe the authority belonging onely to them that are well skilled in these arts : it will not serve their turne, that they doe sometimes with a censorious brow reject, and somtimes with an affected gravity commend the workes of great masters: the neat and polished age wherein we live will quickly finde them out. So did the selfe-conceited Megabyzus, when hee was sitting in Zeuxis his shop, presume to prattle something about matters of art, even as if his big lookes and purple coat should have made his unadvised discourses good; but he found himself very much deceived: seeing Zeuxis did not sticke to tell him to his face, that he was both admired and reverenced of all that saw him, as long as he held his peace; whereas now having begun to speak senselessly, he was laughed at even of the boyes than grinde colours. See Ælian, Var. hist. lib. II cap. 2.

 

Pacheco, Francisco, Arte de la pintura(publi: 1638) (I, 6, t. I), p. 103 (espagnol)

Era agradable en la conversación, y muy grato a Alexandro Magno, que venía muy de ordinario a su obrador a entretenerse; y, tal vez, disputando imperitamente de la pintura, Apeles con agradable y cortés modo le dixo: que mudase su Majestad la plática, porque no diese ocasión de reirse a los muchachos que molían los colores; tanta fué la autoridad de Apeles con Alexandro. 

 

Pacheco, Francisco, Arte de la pintura(publi: 1638) (I, 6, t. I ), p. 104 (espagnol)

Fué Apeles benigno con sus émulos, y el primero que hizo que Protógenes fuese estimado en Rodas; porque habiendo tenido competencia con él, conoció su gran valor. En la privanza que, como se ha dicho, tuvo con Alexandro, alcanzó aquella singular merced de prohibir que no le retratase otro, por ser el más insigne de su tiempo.

 

Scudéry, Georges, L’Apologie du Theatre(publi: 1639), p. 93-94 (fran)

Note marginale :
  • [1] Plutarque

[1] Mais pour passer de la preocupation à l’ignorance, disons qu’Apelles n’eut pas mauvaise grace, lors qu’il dit au plus grand Prince de la terre, que tant qu’il n’avoit fait que regarder ses peintures, et dire en termes generaux qu’elles estoyent belles chacun abusé de sa bonne mine, et de la pompe de ses habits, auoit creu qu’il s’y connoissoit : mais qu’aussi tost qu’il estoit voulu mesler de discourir, du dessaing, de l’ordonnance, du poinct de veüe, de la perspective, des r’enfondremens, et du coloris, les petits garçons qui broyoient ses couleurs s’estoyent mis à rire, l’oyant parler d’une chose qu’il n’entendoit point ; en des termes mal apliquez ; et qui chocquoient les regles de l’Art. Ie pense que quelques ieunes gens de la court, n’auront pas subiet de se pleindre, si ie les compare avec Alexandre, qui estoit bien d’aussi bonne maison qu’eux, et pour le moins aussi honeste homme. Et si ie leur dis, que lors qu’ils se contentent de dire qu’une piece est belle, sans aprofondir les choses, leuyr bonne mine, leur castor poinctu, leur belle teste, leur collet de mille francs, leur manteau court, et leurs belles bottes, feront croire qu’ils s’y connoissent : mais lors que pour condamner un ouvrage, par une lumiere confuse, ils feront un galimatias de belles paroles, et voudront parler de regles ; d’unité daction et de lieu ; de vingt quatre heures ; de liaison de scene ; et de peripetie ; qu’ils ne trouvent pas estrange, si ceux qui sçavent l’Art s’en moquent ; et si leur opinion n’est point suivie.

 

Angel, Philips, Lof der Schilderkonst(publi: 1642, redac: 1641), p. 21 (n)

Om een exempel voor allen te stellen, soo hoort eens wat die groote VVeerelt-dwinger Alexander bestaen heeft, het welcke alle de voorgaende exempelen passeert: 'tis gebeurt dat Appellus schilderde na de schoone Campaspe, een Venus Anadyomene, dat is soo veel als een uyt zee komende Venus, met de welcke besich sijnde om haer schoonheyt opt nauste na te botsen, wert met groote liefde ontsteken, het welcke van Alexander ghesien sijnde (hoe seer Appellus het selve socht te bedecken) dede sijne genegenthedē niet minder wackeren. Siet daer nu twee verliefde tegen een; doch Alexander, die de werelt had' weten te dwingen, betoonde noch een grooter daet dan de werelt tot sijn wil te neygen. O! groot en wonderbaerlick stuck! de Prins overwint sijn eyghe gemoet, hy beteugelt sijn genegentheden, en schenct tot een belooninghe van de geschilderde Venus aen Appellus sijn lieve Campaspe. Waer kander oyt grooter belooninghe aen eenige Konst geschiet sijn? So en sijn niet alleen de stucken bemint geweest, die van soo konstige handen ghemaeckt waren, maer selfs de konstenaers sijn vā de grootste Monarchen ge-eert en geacht geweest. Een Griecksen Vorst (niet beter wetende dan dat dit tot eere van de Konst streckte) liet met een expres Verbot den geenen verbiedende de Konst te leeren, dewelcke niet Edel gebooren en waren, en wierde daer beneffens by de seven vrye Konsten gestelt, Plin. lib. 35. cap. 10.

 

Angel, Philips, Lof der Schilderkonst(publi: 1642, redac: 1641), p. 56-57 (n)

Siet, deftige Geesten, nu hebt ghy gehoort hoe een Schilder dient gestelt te zijn, die hem onder het ghetal van de vermaertste Mannen, sonder bespot te werden, soude konnen voeghen. Indien ghy nu, beneffens dese Schilder-deugden, u selven soect op te proncken, soo tracht, dat in u bevonden mach werden de soet-mondige wel-spreeckentheyt van Appelles, de welcke so soet geweest is, dat Alexander daer groot vermaeck in nam, dickmaels hem komende besoecken, om met hem in ghespreck te zijn. Onder alles ist eens gebeurt, dat den Koninck Alexander op het gevouchlickste soo wel niet en oordeelden van de Konst als 't wel behoorden, dat Appelles onderstondt den Koninck te gebieden, dat hy swijgen soude, seggende: Sijn Majesteyt mocht veel liever swijgen, dan sulcken reden uyt te slaen, want de leer-jongers in de acter-winckel sitten daer mede en spotten: het welcke hy met sulcke heussche en beleefde soet aerdicheyt uyt wist te brenghen, dat den machtigen Alexander hem sulcx al ten besten af ghenomen heeft. Siet, soo veel vermocht de soet-mondigheyt op 'tghemoedt van desen grooten Vorst, daer doch in teghendeel, een nortse kort-hoof-dicheyt, nergens toe en strect dan tot nadeel, en spot van die ghene, die de stuerheydt pleeght, ende brenght sijn selven by al de wereldt in een quade naem, wee dan de Wolf die in een quaet gherucht komt; het Engelsch spreeck-woordt seght, die in een qua gherucht raeckt, is half ghehangen. Om dit te ontgaen, laet ons liever de heussche lief-talicheyt van Appelles ghebruycken om alsoo een goede naem te bekomen: want, seght de Wijse-man Eccles. Cap. 7. Beter is een goede naem, dan goede Olye. Hier toe dient-men dan dat dertele lidt, de tonghe, te leeren beteughelen; en soo in te binden, dat onse gedachten, dry-maels voor ons uyt-sprack, het gheen de tonghe uytte wil behoorde te herkaeuwen en te overweghen, of oock op die tijdt, het gheen haer voor-komt, dient gheseyt te zijn, of niet; want, een reden (seydt den Koninck Salomon, Prov. Cap. 25. vers. 11.) op sijn tijdt gesproken, is als goude Appelen in silvere ghebeelde Schalen.

 

Scudéry, Georges de, Le Cabinet de Monsieur de Scudéry(publi: 1646), VII. Le portrait de Louis le Juste fait en crayon. Par lui-même., p. 92 (fran)

Ce Prince a raison aujourd’hui

De vouloir imiter les traits de son visage ;

Car nul mortel si ce n’est lui

Ne peut bien faire son image.

Lui seul en connaît la grandeur,

Lui seul en peut souffrir l’éclat et la splendeur.

Bref, il faut pour l’avoir fidèle

Qu’Alexandre devienne Apelle.

 

Charmois, Martin de, "Requête au Roi au sujet de l’Académie des peintres et sculpteurs", lue le 20 janvier 1648 à l’Académie royale de peinture et de sculpture(redac: 1648/01/20), p. 67 (fran)

Alexandre ne permettait qu’au grand Apelle de faire son pourtrait. Nous n’avons qu’un seul Alexandre, mais Paris est rempli de plusieurs Apelle et de grand nombre de Phidias et de Praxitèle, qui feront éclater dans les climats plus éloignés son visage auguste et révérer les beaux traits et les grâces que le ciel y a imprimés.

 

Vossius, Gerardus Joannes, De quatuor artibus popularibus, de philologia et scientiis mathematicis, cui operi subjungitur chronologia mathematicorum, libri tres, cap. V, De Graphice(publi: 1650), De Graphice (numéro cap. V, §49) , p. 83 (latin)

Aequalis hujus Aristidis fuit Apelles ; qui, quicquid vel ante, vel sua aetate, pictorum fuit, Venere exsuperavit : unde nec ab alio, quam Apelle pingi voluit Alexander Magnus. […] Sed quid narrem caetera? Quin potius ipse adeatur Plinius. Sunt enim venustissima. Quam vero non fugerit ipsum, quantus esset artifex; praeter ea, quae Plinius narrat, illud etiam arguit, quod, ut Plutarchus ait in secundo de fortuna Alexandri, duos esse diceret Alexandros, unum Philippi, ἀνίκητον ; alterum Apellis, ἀμίμητον. Ab hoc solo pingi voluisse Alexandrum, tradit Valerius Max. lib. VIII cap. XI : Quantum porro dignitatis a rege Alexandro tributum arti existimamus; qui se et pingi ab uno Apelle, et fingi a Lysippo tantum modo voluit? Et Plinius lib. VII cap. XXXVII : Idem hic imperator edixit, nequis ipsum alius, quam Apelles pingeret; quam Pyrgoteles sculperet ; quam Lysippus, ex aere duceret.

 

Ottonelli, Giovanni Domenigo ; Berettini, Pietro, Trattato della pittura et scultura, uso et abuso loro(publi: 1652), « Dell’onore fatto da’ personaggi grandi ad alcuni segnalati pittori » (numéro III, 24) , p. 248 (italien)

Note marginale :
  • [1] Plin. l. 35. c. 10

Plinio con altri historici fanno molto numeroso racconto di que’ pittori eccellenti, che furono sopra modo onorati, e d’ogni lor desiderio compiaciuti da’ principalissimi signori del mondo ; e con ragione, poiché molti di essi furono uomini d’elevato spirito, di nobile intelletto, d’alto giudizio, di gravi costumi, e d’ammirabile natura. [1]. Apelle fù tenuto in tanto onore da Alessandro, che, essendo così gran principe, non si sdegnava di star soventoe con lui a vederlo lavorare : anzi una volta discorrendo poco bene di cose spettanti alla pittura, Apelle ardi d’avvisarlo con bel modo, che si moderasse, perché i giovani che gli macinavano i colori, udendolo si ridevano del suo discorso.

 

Quinte-Curce; Vaugelas, Claude Favre de; Freinshemius, Johannes; Du Ryer, Pierre, Quinte-Curce. De la Vie et des actions d’Alexandre le Grand, de la traduction de M. de Vaugelas, avec les supplémens de Jean Freinshemius traduits par Pierre Du Ryer(publi: 1653), livre second, p. 154-155 (fran)

Note marginale :
  • [1] Plin. 35.10. 25. l. 2. 13
  • [2] Elian hist. divers. l. 2. 34. Plin. 35.10
  • [3] Elian hist. divers. 2.3
  • [4] Plut. De annuli tranquill. c. 21. Elian. Hist. divers. 2.2.
  • [5] Strab. l. 4. Quint. 5. 12. Plin. 35. 10 34 & 35 11. 14

Or comme Alexandre seiourna quelque temps dans Ephese pour delasser son esprit, il alloit souvent dans la boutique d’Apelles [1], à qui seul il permit de faire son portrait ; et lui monstra tant d’amitié qu’il luy donna la plus belle et la plus aimée de ses concubines, parce qu’il avoit remarqué qu’Apelles en estoit devenu amoureux. Elle s’appelloit Pancaste, elle estoit de Larisse l’une des meilleures villes de la Thessalie [2], et le Roy l’aimoit ardemment parce qu’elle estoit fort belle, et que c’estoit la premiere femme qu’il avoit aimée [3]. Au reste comme cela n’est pas indigne de la generosité d’Alexandre, ainsi ie ne croirois pas qu’Apelles l’eust obligé de se taire par un mot de raillerie, tandis qu’il estoit dans sa boutique, et qu’il y parloit de plusieurs choses avec peu de connoissance. En effet cela n’a rien de conforme à la majesté d’un si grand Roy, ny à la modestie de ce Peintre qui estoit homme d’esprit, et qui n’estoit pas ignorant. D’ailleurs Alexandre qui avoit esté instruit dés sa ieunesse dans les sciences liberales, avoit aussi appris à iuger assez raisonnablement des arts à quoy il ne s’estoit point appliqué. Mais ce que d’autres ont rapporté est sans doute plus vray semblable [4], qu’Apelles avoit repris un des prestres de Diane d’Ephese, qu’on appelloit Megabyze [5], et qu’il luy avoit dit, que tandis qu’il n’avoit point parlé, l’or et la pourpre dont il estoit revestu, le rendoient venerable aux ignorans, mais que depuis qu’il avoit commencé à parler des choses qu’il n’entendoit pas, les valets mesmes qui broyoient ses couleurs, se mocquoient iustement de luy. 

 

[Félibien, André], De l’origine de la peinture et des plus excellens peintres de l’Antiquité(publi: 1660), p. 37 (fran)

Ce ne fut pas le seul[Explication : portrait.] qu’il fit de ce Conquerant, qui prenoit souvent plaisir à se faire peindre par luy, sans permettre à nul autre de l’entreprendre, et se divertissoit mesme quelquefois à le regarder travailler, et à avoir sa conversation qui n’avoit pas moins de charme que ses ouvrages.

 

Félibien, André, Le Portrait du Roy(publi: 1663), p. 20 (fran)

Mais j’avoüe qu’ayant toûjours les yeux sur cette image, j’ay peine à les en oster, pour examiner avec plus de soin toutes ces autres parties du tableau, et je trouve tant de ressemblance dans ce portrait, que si les ouvrages d’Appelles ont donné occasion de dire autrefois qu’il y avoit deux Alexandres ; que le fils de Philippes estoit l’Invincible, et celuy d’Apelles l’Inimitable ; il y a lieu de dire aujourd’huy avec plus de verité, qu’en vostre personne et en vostre portrait nous avons deux Rois qui tous deux n’auront jamais rien de comparable. [[4 : suite Zeuxis Helène]]

 

Félibien, André, Le Portrait du Roy(publi: 1663), p. 4 (fran)

Je sçay qu’il n’estoit permis qu’à Lysippe et à Appelles de travailler au Portrait d’Alexandre ; mais il n’estoit pas défendu à tous les Grecs d’examiner les ouvrages de ces deux excellens hommes ; d’en conserver l’Idée, et de faire sur leurs originaux des copies qui fussent comme autant de glorieux monumens consacrez à la memoire de ce grand Prince.

 

Boileau, Nicolas, Discours au roi(redac: 1663), p. 44 (fran)

Pour chanter un Auguste, il faut être un Virgile:

Et j'approuve les soins du monarque guerrier

Qui ne pouvait souffrir qu'un artisan grossier

Entreprît de tracer, d'une main criminelle,

Un portrait réservé pour le pinceau d'Apelle.

 

Félibien, André, Entretiens sur la vie et les ouvrages des plus excellens peintres anciens et modernes, vol. 1(publi: 1666) (Ier Entretien), p. 76 (fran)

Ce ne fut pas le seul[Explication : portrait.] qu’il fit de ce Conquerant, qui prenoit souvent plaisir à se faire peindre par luy, sans permettre à nul autre de l’entreprendre, et se divertissoit mesme quelquefois à le regarder travailler, et à l’entendre parler, parce que sa conversation n’avoit pas moins de charme que ses ouvrages.

 

Dati, Carlo Roberto, Vite de' pittori antichi(publi: 1667), « Postille alla Vita d’Apelle », p. 124 (italien)

XIV. Che per pubblico editto e sotto gravi pene comandò ec. 

Plinio l. 35. 10. Nam ut diximus ab alio pingi se vetuit edicto. E l. 7. 37. Idem hic imperator edixit, ne quis ipsum alius quam Apelles pingeret, quam Pyrgoteles sculperet, quam Lysippus ex aere duceret. Orazio l. 2. epist. I.

Edicto vetuit, ne quis se praeter Apellem,

Pingeret: aut alius Lysippo duceret aera

Fortis Alexandri vultum simulantia.

Cicer. l. 5 epist. 12. Neque enim Alexander ille, gratiae causa ab Apelle potissimum pingi, et a Lysippo fingi volebat: sed quod illorum artem cùm ipsis, tum etiam sibi gloriae fore putabat. Valer. Mass. l. 8 c. 11. Quantum porrò dignitatis a Rege Alexandro tributum arti existimamus; et qui se pingi ab uno Apelle, et fingi a Lysippo tantummodo voluit Apuleio l. I. de’ Flor. Sed cum primis Alexandri illud praeclarum: quod imaginem suam, quo certior posteris proderetur, noluit a multis artificibus vulgò contaminari; sed edixit universo orbi suo, ne quis effigiem Regis temerè assimularet aere, colore, caelamine: quin saepe solus eam Polycletus (scambia da Lysippo) aere duceret, solus Apelles coloribus deliniaret, solus Pyrgoteles caelamine excuderet. Praeter hos tres, multò nobilissimos in suis artificiis, si quis uspiam reperiretur alius sanctissimi imagini regis manus admolitus, haud secus in eum, quàm in sacrilegum vindicaturus. Eo igitur omnium metu factum, solus Alexander ut ubique imaginum summus esset: utique omnibus statuis, et tabulis, et toreumatis vigor acerrimi bellatoris, idem ingenium maximi honoris, eadem forma viridis iuventae, eadem gratia relicinae frontis cerneretur. Plutarco nel lib. d. Fort. e della Virtù d’Aless. a 335 tocca qualche cosa d’Apelle, e di Lisippo, come anche Imerio Sosista presso a Fozio a 1138. e da questi antichi mill’altri moderni, i quali tutti tralasciando addurrò solamente il Petrarca Son. 197.

Vincitore Alessandro l’ira vinse,

E fel minor in parte che Filippo.

Che li val se Pirgotele, o Lisippo

L’intagliar solo, ed Apelle il dipinse?

 

Dati, Carlo Roberto, Vite de' pittori antichi(publi: 1667), p. 128 (italien)

XVII. Lo consigliò piacevolmente a tacere ec.

Plinio l. 35. 10. Sed et in officina imperitè multa disserenti silentium comiter suadebat, rideri eum dicens à pueris, qui colores tererent. Plutarco dice che ciò gli avvenne con Megabizzo. D. differ. d. adul. all’Amico. Ma Eliano Var. St. l. 2 c. 2. attribuisce il caso di Megabizzo a Zeusi. Vedi Poliz. Miscell. c. 48. Freinsem. Supplem a Q. Curzio l. 2. 6. 29 e 30. il quale non crede assolutamente che ciò avenisse ad Apelle con Alessandro M.

 

Dati, Carlo Roberto, Vite de' pittori antichi(publi: 1667), p. 12 (italien)

Marque-page :
  • [1] XVII.

[1] Una volta che Megabizzo lodava alcune pitture assai rozze, e anzichenò dozzinali, e ne biasimava altre con gran maestria lavorate, i fattorini di Zeusi, che macinavano la terra melina se ne ridevano; laonde Zeusi gli disse. Mentre tu stavi cheto, questi ragazzi veggendo le tue vesti e i tuoi ornamenti t’ammiravano, ma da che tu hai cominciato a parlare della professione, ti burlano. Ora per non perdere di reputazione tieni la lingua a te, e non dar giudicio dell’opere, e dell’arte, che non è tua.

 

Conférences de l’Académie royale de peinture et de scupture(publi: 2006:2015, redac: 1667:1789), 765 (fran)

Remontons jusqu’à l’Antiquité ; nous y verrons Apelle enrichi et considéré sous Alexandre ; il eut exclusivement l’avantage de peindre le prince, et Lysippe celui de le sculpter. Le premier porta son art à un tel degré qu’il donna lieu au décret par lequel il n’était permis qu’aux citoyens de le cultiver et qui le défendait aux esclaves.

 

Dati, Carlo Roberto, Vite de' pittori antichi(publi: 1667), « Vita d’Apelle », p. 86-87 (italien)

Note marginale :
  • [1] Plin. 35. 10
  • [2] XVII.
  • [3] Plut. de Diff. am. Adul. e. d. tranq. d. anim.

[1] Ma poco danno recar poteano così fatte censure a lui oramai divenuto tanto favorito e familiare di quel monarca per altro stizzoso, e superbo, che stando egli un giorno a vederlo lavorare, e discorrendo anzichenò poco a proposito della pittura [2], lo consigliò piacevolmente a tacere, additandogli i suoi macinatori, che malamente poteano tener le risa. Altri affermò che ciò gli avvenne con Megabizo Persiano [3], il quale in bottega di lui volendo pur cicalare delle linee e dell’ombre, Apelle fu necessitato a dirgli alla libera: fino a che tu tacesti questi fattorini ammirarono in te la porpora, e l’oro, ma quando hai cominciato a parlare di quello, che tu non sai, di te si ridono.

 

Dati, Carlo Roberto, Vite de' pittori antichi(publi: 1667), « Vita d’Apelle » , p. 85 (italien)

Note marginale :
  • [1] XIV.
  • [2] l. 2. ep. X
  • [3] Apuleio Florid. I.

Non erano meno graziosi delle pitture i tratti, e le maniere d’Apelle, onde essendosi guadagnato l’affetto d’Alessandro Magno, frequentemente fu da quel monarca, benigno quanto grande, visitato, e veduto lavorare; e la piccola bottega d’Apelle spesse fiate in se raccolse quell’eroe, al quale pareva angusto termine un mondo. [1] Si compiacque talmente Alessandro de’ lavori di questo artefice, che per pubblico edito, e sotto gravi pene comandò, che non altri che Apelle potesse ritrarlo in pittura. Onde notissimi sono que’ versi d’Orazio. [2].

Per editto vietò ch’altri che Apelle

Pingesse, od altri che Lisippo in bronzo

Scolpisse il volte d’Alessandro il forte.

Come quegli, che bramava di fare esprimere al vivo la robustezza guerriera, la nobiltà maestosa, e quell’aria gentile, e quasi divina, che nel sembiante gli risplendeva. [3] Riusciva tutto questo facilmente ad Apelle, si per la squisitezza dell’arte, si anche per averne coloriti molti ritratti, come ne fece in gran numero eziandio del Re Filippo, in grazia forse dello stesso Alessandro.

 

Du Fresnoy, Charles-Alphonse; Piles, Roger de, L’Art de peinture de Charles-Alphonse Du Fresnoy, traduit en françois avec des remarques necessaires et tres-amples(publi: 1668), p. 63-65 (fran)

Voyez vous-mesme cet excellent autheur[Explication : Pline.], et vous trouverez que son dixième chapitre du 35. livre est tout plein des loüanges de la peinture, et des honneurs qu’on lui rendoit. Vous y verrez comme il n’estoit permis qu’aux nobles de la professer. François I., au rapport de Vazare, ayma tant la peinture, qu’il fit venir d’Italie tout ce qu’il put d’habiles hommes, pour rendre cet art fleurissant dans son royaume ; entre autres Leonard de Vinci, lequel après avoir esté quelque temps entre les bras de ce grand prince, qui ne pût voir cette mort sans verser des larmes. Charles Quint a enrichy l’Espagne des plus précieux tableaux que nous voyons aujourd’huy. Ridolfi dans la Vie du Titien, dit que cet Empereur ramassa un jour un pinceau que ce peintre avoit laissé tomber en lui faisant son portrait ; et sur le remerciement et l’excuse que Titien luy en faisoit, il lui dit ces paroles : Titien mérite d’estre servy par César. Et dans la même Vie, l’on voit que cet Empereur se vantoit et s’estimoit glorieux, non seulement de s’être rendu des provinces tributaires, mais d’avoir obtenu trois fois l’immortalité par les mains du Titien. Si vous voulez prendre la peine de lire la Vie de ce fameux peintre dans Ridolfi, vous y verrez tous les honneurs qu’il a receus de Charles Quint ; il seroit trop long de vous en faire icy le détail. Je vous diray seulement que les grands seigneurs qui composoient la cour de cet Empereur, n’ayant pu s’empêcher de lui témoigner leur jalousie, sur ce qu’il préféroit la personne et la conversation du Titien à celle de tous les autres courtisans, il leur dit : Qu’ils ne manqueroit jamais de courtisans; mais qu’il n’auroit pas toûjours un Titien avec luy.

 

Du Fresnoy, Charles-Alphonse; Piles, Roger de, L’Art de peinture de Charles-Alphonse Du Fresnoy, traduit en françois avec des remarques necessaires et tres-amples(publi: 1668), p. 62 (fran)

Et nous verrions cet art admirable tomber dans le dernier mépris, si nostre grand roy, qui ne cède en rien à la magnanimité du grand Alexandre, n’avoit fait paroître autant d’amour pour la peinture, comme il a montré de valeur pour la guerre. Nous le voyons caresser ce bel art par les visites et par les presens considérables qu’il fait à son premier peintre, après avoir étably et fondé, pour le progrés et pour la perfection de la peinture, une Academie que son premier ministre honore de sa protection, de ses soins, et souvent de ses visites. De sorte que nous verrions revenir entièrement le siecle d’Apelle, et revivre tous les beaux-arts, si nos genereux gentilshommes, qui suivent nostre incomparable monarque avec tant d’ardeur et de courage dans tous les perils où il s’exposer pour la grandeur et la gloire de son Royaume, suivoient de mesme cette noble affection qu’il a pour tous ses excellens ouvriers.

 

Lamoignon de Basville, Nicolas de, "Plaidoyer pour le sieur Gérard Van Opstal", lu le 4 février 1668 à l’Académie royale de peinture et de sculpture(redac: 1668/02/04), p. 216 (fran)

Chacun sait, Messieurs, la défense que fit Alexandre à tout autre qu’à Apelle et à Lysippe de peindre son portrait et de faire sa statue. Ce ne fut pas (dit l’orateur romain) par une curiosité ordinaire d’être bien représenté mais par une estime singulière de leur profession et par cette amour de la gloire qui l’animait dans toutes ses actions en voulant laisser de lui rien que d’immortel et d’inimitable.

 

Pline (Gaius Plinius Secundus); Gronovius, Johann Friedrich (Johannes Federicus), C. Plinii Secundi Naturalis historiae, Tomus Primus- Tertius. Cum Commentariis & adnotationibus Hermolai Barbari, Pintiani, Rhenani, Gelenii, Dalechampii, Scaligeri. Salmasii, Is. Vossii, & Variorum. Accedunt praeterea variae Lectiones ex MSS. compluribus ad oram Paginarum accurate indicatae(publi: 1669) (vol. 3 ), p. 583 (latin)

Fuit enim et comitas illi, propter quam gratior Alexandro Magno erat, frequenter in officinam ventitanti : nam ut diximus, ab alio pingi se, vetuit edicto. Sed et in officina imperite multa disserenti silentium comiter suadebat, [1]rideri eum dicens a pueris qui colores tererent. Tantum erat auctoritati juris in regem, alioquin iracundum.

Note de bas de page de l'auteur :
  • [1] Rideri eum dicens a pueris qui colores tererent.] Megabyzo id ab Apelle dictum fuisse, non Alexandro, narrant Plutarchus in libello de adulatoris et amici discrimine, Ælianus c. et l. 2 hist. Politianus c. 48 Miscellan. Dalec.
 

Leblond de La Tour, Antoine, Lettre à un de ses amis, contenant quelques instructions touchant la peinture(publi: 1669), p. 43 (fran)

C’est donc plustost contre l’ignorance du siecle qu’il faut crier, que contre le siecle. Chaque Appelle trouveroit son Alexandre, s’il estoit plusieurs Apelles. Et il ne faut point dire que c’est aux Princes à commancer, et à répandre leurs bien-faits pour nous exciter à bien faire, c’est nous qui devons nous exciter nous-mesmes par l’amour de la vertu, et par le desir de la gloire qui l’accompagne toujours, quelque dur et quelque ingrat que soit le siecle. Il est bien vray que le merite n’est pas tousjours recompensé, mais c’est souvent par des raisons qu’on ne doit pas rejetter sur le siecle. Nous sommes nous-mémes le plus grand obstacle à nostre reputation et à nostre fortune, et nous sommes plus coupables envers nous, que les estrangers dont nous nous plaignons.

 

Moréri, Louis, Le Grand Dictionnaire historique, ou mélange curieux de l'histoire sacrée et profane(publi: 1674), art. « Apelles »(fran)

Note marginale :
  • [1] Horace, li. 2 ep. I

Il se tenoit à Ephese où Alexandre le Grand le vit ; et il fut le seul auquel il permit de faire son portrait. […] Horace parle de l’Edit d’Alexandre le Grand qui permettoit au seul Appelles de faire son portrait :

Edicto vetuit ne quis se praeter Apellem,

Pingeret. [1]

 

Hoogstraten, Samuel van, Inleyding tot de hooge schoole der schilderkonst(publi: 1678), « Vervolg van’t voorgaende » (numéro VIII, 10) , p. 315 (n)

Marque-page :
  • [1] Plutarchus zegt Apelles, in rust des gemoeds c. 12.

Gy moet u zelven met een verdraegsaem gedult wapenen, wanneer liefhebbers overkomen, die meer geld of gezach, dan kennis hebben: want ten komt niet altijts geleegen, dat men hen na verdiensten straffe, gelijk [1] Zeuxis Megabyzus afwees, toen hy hem op zijnen winkel met groote pracht en grootsheit bezoekende, zeer dwaes en vermeeten van de kunst sprak; want Zeuxis schoot hem toe, dat hy by een yegelijk, zoo lang hy gezweegen had, met vreez’ en verwondering was aengezien, maer dat hy nu, door zijn onbeschaeft en dom oordeelen van’t geen hy niet en verstond, zich zelven tot een spot der verfwrijvende jongens gemaekt hadde.

 1 sous-texte

Hoogstraten, Samuel van, Inleyding tot de hooge schoole der schilderkonst, « Suite du chapitre précédent » (numéro VIII, 10) , p. 462-463 (fran)(traduction récente d'un autre auteur)

Il vous faut vous armer d’une tolérante patience quand viennent à vous des amateurs qui ont plus d’argent ou de pouvoir que de connaissance. Il n’est pas toujours opportun, en effet, de les châtier selon leurs mérites, comme ce fut le cas de Zeuxis lorsqu’il chassa Mégabyze. Visitant l’atelier du peintre avec magnificence et grandeur, Mégabyze parla avec beaucoup de sottise et de témérité de l’art du peintre. Zeuxis lui lança alors qu’il était regardé par tout un chacun avec peur et émerveillement tant qu’il se taisait, mais que, par ses jugements grossiers et stupides sur ce qu’il ne comprenait pas, il devenait la risée des jeunes broyeurs de couleurs.

Commentaires : Trad. Jan Blanc, 2006, VIII, 10, « Suite du chapitre précédent », p. 462-463

 

Hoogstraten, Samuel van, Inleyding tot de hooge schoole der schilderkonst(publi: 1678), « Van de vermengde verwen » (numéro VI, 5) , p. 224 (n)

Note marginale :
  • [1] In his Treaties of bodis, cap. 30

Sir Kennelme Digby vermeet zich van de vermengeling der verwen te [1] schrijven, 
De veranderlijkheden van middel koleuren, zegt hy, mogen wy van de Schilders leeren, dieze op hare paletten vermengen, met een zamenvoeging der strijdige: 
zy geven voor, dat als het wit een bruine verwe vermeestert, dat daer dan een root
of geel uit ontstaet. Maer, als het zwart het wit sterk overtreft, dat daer dan blaeuwen,
violetten, en zeegroenen uit voortkomen. Zeeker, de Schilders, die dien zoo
hoogverlichten man dus onderrecht hebben, verdienden van Apelles verwvrijvers bespot te worden. 

 1 sous-texte

Hoogstraten, Samuel van, Inleyding tot de hooge schoole der schilderkonst, « Des couleurs mélangées » (numéro VI, 5) , p. 357-358 (fran)(traduction récente d'un autre auteur)

Sir Kennelm Digby s’est permis d’écrire sur le mélange des couleurs. Les variations des demi-teintes, dit-il, peuvent être apprises des peintres qui les mélangent sur leurs palettes en associant les couleurs opposées. Ils prétendent que, lorsque le blanc domine un brun, il en ressort un rouge ou un jaune, mais que, quand le noir surpasse fort sur le blanc, cela crée alors des bleus, des violets et des verts mer. Il est certain que les peintres qui ont ainsi renseigné cet homme si hautement éclairé mériteraient d’être ridiculisés par les broyeurs de couleurs d’Apelle.

Commentaires : Trad. Jan Blanc, 2006, VI, 5, « Des couleurs mélangées », p. 357-358

 

Hoogstraten, Samuel van, Inleyding tot de hooge schoole der schilderkonst(publi: 1678), « Hoemen met ordre te leeren heeft » (numéro I, 3 ) , p. 21 (n)

Marque-page :
  • [1] Geen brodders tot iets verhevens te gebruiken.

[1] Het is een groot afzien, dat Princen en Vorsten door slechte Schilders zoo wanstaltich verbeelt worden. Alexander wilde daerom niet lijden, dat zijn beeltenis van eenich brodder gemaekt wiert. Maer hy veroorlofde alleen aen Apelles hem
te mogen schilderen; aen Lisippus en Polikletus hem te snijden, of in koper te gieten; en aen Pyrgoteles zijn afbeelding te graveeren.

De Thebanen en wilden ook geen slechte Schilders in haere Stadt dulden, en haere Wetten veroordeelden de konstenaers in een geltboete, wanneerze haere werken niet zoo goed, als hun mogelijk was, hadden uitgevoert.

 1 sous-texte

Hoogstraten, Samuel van, Inleyding tot de hooge schoole der schilderkonst, « Comment il faut apprendre de façon ordonnée » (numéro livre I, ch. 3) , p. 100 (fran)(traduction récente d'un autre auteur)

Il est très pitoyable que de mauvais peintres représentent très affreusement des princes et des souverains. C’est la raison pour laquelle Alexandre ne voulait souffrir que quelque bâcleur fît son image. Il ne permettait donc qu’à Apelle de le peindre, à Lysippe et à Pyrgotélès de graver son portrait. Et les Thébains ne voulaient pas non plus accepter de mauvais peintres en leur cité. Leurs lois condamnaient les artistes à une amende quand ils n’avaient pas réalisé leurs œuvres aussi bien qu’ils le pouvaient.

Commentaires : Trad. Jan Blanc, 2006, livre I, ch. 3, « Comment il faut apprendre de façon ordonnée », p. 100

 

Hoogstraten, Samuel van, Inleyding tot de hooge schoole der schilderkonst(publi: 1678), Inleiding (numéro livre I) , p. 3 (n)

Karel Vermander heeft van de Konst, behalven zijn levens der Schilders, in Vlaemsche verzen gezongen; maer hy valt kort, en heeft meerder kracht om den geest op te trekken, dan te onderwijzen. Voorts hebben sommige andere (ik stel hier buiten onzen Junius, die de Schilderkonst der ouden met grooten vlijt ophaelt) Schrijvers, die de pinseelen niet gevoert hebben, veel arbeyts aengewent: Maer zy zijn, behoudens hare gratie, de zaek onmachtich, en schoonze menichmael met heerlijke Spreuken het doelwilt treffen, zoo doen zy dikwils, met Alexander, Apelles leerlingen lacchen: en varen als de Scholist Phormion, die in tegenwoordigheid van Hannibal, een oversten Veltheer met welsprekentheid wilde uitbeelden.

 1 sous-texte

Hoogstraten, Samuel van, Inleyding tot de hooge schoole der schilderkonst, introduction (numéro livre I) , p. 78 (fran)(traduction récente d'un autre auteur)

En plus de ses vies de peintres, Carel van Mander a chanté l’art en vers flamands. Il est toutefois décevant, et a davantage de force pour élever l’esprit que pour enseigner. Plus tard, d’autres auteurs n’ayant pas manié le pinceau ont beaucoup écrit – j’exclus de ceux dont je parle notre Junius, qui, avec un grand zèle, a redonné de la fraîcheur à la peinture des anciens – mais tout en étant agréables à lire, ils ont été incapables de traiter ce sujet, et quoiqu’ils soient souvent parvenus à leur fin par de brillants dictons, ils ont fréquemment fait rire, comme Alexandre a amusé les élèves d’Apelle, et comme le scoliaste Phormion qui, en présence d’Hannibal, avait voulu représenter un stratège de haut rang avec éloquence.

Commentaires : Trad. Jan Blanc, 2006

 

Malvasia, Giulio Cesare, Felsina pittrice(publi: 1678), parte terza, « Lodoviso, Agostino et Annibale Carracci », 385 (italien)

Che vedutesi, che consideratesi le opre più famose del Tentoretto, di Paolo Veronese, e simili da lui date all estampe, e fattone il riscontro da intelligenti, et il paraggio co’gli originali, da’ quali ricavate avevale, s’era trattato di proporre, e far nascere un decreto, o passare, come cola dicono, una parte simile a quell’editto del grand’Alessandro, che altri che Apelle ritrar nol dovesse.

 

Aglionby, William,, Painting Illustrated in Three Diallogues, Containing Choice Observations upon the Art(publi: 1685), Dialogue II, p. 48 (anglais)

There were both of them[Explication : Apelles and Protogenes.] well bred, and us’d to the company of persons of the best quality: Apelles particularly, had his house always full of them: Alexander the Great going often to see him work, and not disdaining to enter into discourse with him. This great prince was so fond of his works, and so persuaded of their immortality, that he publish’t an edict, forbidding any other painter to attempt the drawing of his picture, as being desirous that the idea of his person should be transmitted to posterity by the most skilful hand of his age.

 

Aglionby, William,, Painting Illustrated in Three Diallogues, Containing Choice Observations upon the Art(publi: 1685), Préface, non pag. (anglais)

Whoever shall read the tenth chapter of the thirty-fifth book of Pliny, which is nothing else but an encomium of this art and its artists, will find, that great princes, and the most dignified magistrates, thought painters to be their companions. Alexander was often found to be in Apelles’ painting room, as in his pallace; and to oblige him, parted with the beautifullest of all his mistresses, because he saw she had wounded Apelles’ heart

 

Pline l’Ancien; Hardouin, Jean, Caii Plinii Secundi Naturalis historiae libri XXXVII. Interpretatione et notis illustravit Joannes Harduinus,... in usum Serenissimi Delphini(publi: 1685) (t. V), p. 209 (latin)

Fuit enim et comitas illi, propter quam gratior Alexandro Magno erat, frequenter in officinam ventitanti : [1]nam, ut diximus, ab alio pingi se vetuerat edicto. Sed in officina imperite [2]multa disserenti silentium comiter suadebat, [3]rideri eum dicens a pueris, qui colores tererent. Tantum erat auctoritati juris in regem alioqui iracundum.

Note de bas de page de l'auteur :
  • [1] Nam, ut diximus. Libro 7. sect. 38.
  • [2] Multa disserenti. Alexandro videlicet.
  • [3] Rideri eum dicens. Plutarchus, lib. de discrim. adulat. et amici, pag. 58. et lib. de animi tranquill. pag. 451. id ab Apelle dictum Megabyzo, non Alexandro, refert. Aelianus, lib. 2. Var. hist. cap. 2. a Zeuxide eidem Megabyzo.
 

Baldinucci, Filippo, Lettera al marchese Vincenzio Capponi(publi: 1687), p. 4 (italien)

Con quanta ragione dunque io possa di tali cose scrivere io non so ; ma questo so bene, ch’io son tenuto ad obbedire, e questa è la cagione, che mi muove a stender la mano alla penna, senza cercar più là ; ne pretendo per questo d’esser tenuto da nulla più di quel, ch’io mi sia, anzi di buona voglia sottometto tutto ciò, ch’io son per dire al parere degli eccellenti professori dell’arte, e spero esser compatito, non ostante che fosse per parer loro, che i miei detti meritassero appunto quegli applausi, che al parlar d’Alessandro furono fatti da i pestacolori d’Apelle.

 

Catherinot, Nicolas, Traité de la peinture(publi: 1687), p. 5 (fran)

Les Grecs defendoient aux serfs d’estre peintres. Alexandre fit un edit portant defence à tous peintres et fondeurs, de faire sa figure, à la reserve d’Apelle et de Lysippe.

 

Catherinot, Nicolas, Traité de la peinture(publi: 1687), p. 2 (fran)

[Note contexte] Il faut un Apelle pour un Alexandre, un Le Brun pour un Louys le Grand, un Titien pour Charles Quint.

 

Perrault, Charles, Parallèle des anciens et des modernes(publi: 1688:1696) (t. I ), p. 239-241 (fran)

LE PRÉSIDENT — Est-ce que tant de gens d’esprit, dont le siecle est rempli ne se connoissent pas en peinture.

L’ABBÉ — Il y en a beaucoup qui s’y connoissent, mais il y en a encore davantage qui n’estant point nez pour les arts, et n’en ayant fait aucune estude n’y entendent rien du tout. 

LE CHEVALIER — Cela est si vray, que quand ces gens d’esprit qui n’ont pas le genie des arts font quelque comparaison tirée de la peinture, on ne peut les souffrir pour peu qu’on s’y connoisse. 

L’ABBÉ — C’est une verité que je n’aurois pas de peine à leur dire à eux-mesmes, puisque Appelle qui n’estoit pas moins bon courtisan que bon peintre, n’en fit pas de finesse à Alexandre tout Alexandre qu’il estoit ; car un jour que ce conquerant de l’Asie, et pour dire quelque chose de plus dans la chose dont il s’agit, que cet excellent disciple d’Aristote, raisonnoit avec luy sur un de ses tableaux, et en raisonnoit fort mal, « Si vous m’en croyez, luy dit Appelle, vous parlerez un peu plus bas, de peur que ce jeune apprentif qui broye là les couleurs ne se moque de vous ; tant il est vray qu’on peut estre de très grande qualité, avoir de l’esprit infiniment, et ne se connoistre pas en peinture. »

L’ABBÉ — Mais que direz-vous des curieux qui sont du mesme avis ? Vous ne pouvez pas les traiter d’ignorans en peinture, eux qui en decident souverainement.

 

[Callières, François de], Histoire poëtique de la guerre nouvellement déclarée entre les Anciens et les Modernes(publi: 1688), livre onzième, p. 253 (fran)

Je crois, dit Apelles, qu’il ne s’est point encore trouvé de Peintre parmy les Modernes qui ayent receu des marques de distinction aussi honorables que celles que j’ay reçûës du grand Alexandre, et qu’outre le privilege de pouvoir seul faire son portrait, il n’y en a point dont l’art ait charmé aucun Roy de leur temps, jusqu’au point de l’obliger à luy donner une de ses maistresses.

 

Junius, Franciscus, De pictura veterum(publi: 1694) (III, 7, 3), p. 205-206 (latin)

Marque-page :
  • [1] Rectus judex, omissa fama populari, et stultorum consensu excitatis laudibus, nunquam alieno stare judicio, sed suo caute ac moderate uti debet.
  • [2] Quidam non suum sequuntur judicium, sed autoritati aliorum parent: id habent rarum, quod ab iis, quos probant, judicatum vident.

[1] Non sum ex judicibus severissimis, qui omnia ad exactam redigam regulam : multa donanda ingeniis puto: sed donanda vitia, non portenta sunt. Summorum certe artificum operibus inspectis, judicare statim solemus, quidquid aut addideris, aut mutaveris, aut detraxeris, vitiosora et deteriora fore omnia: et si forte praeclari alioquin artifices, sui nonnunquam parum memores, fervidi viribus ingenii nimis intemperanter abuti videbuntur, nostrum erit vel maxime tunc meminisse, nullum sine venia placere ingenium: magnis quoque atque excellentibus naturis nihil esse difficilius, quam ut ingenitam exultantium ingeniorum lasciviam coerceant. Quibusvis certe erroribus veniam denegare, humanitatem est exuere. Horatius in Arte: Quandoque bonus dormitat Homerus. [...] Nam et in ratione conviviorum, quamvis a plerisque cibis singuli temperemus, totam tamen cœnam laudare omnes solemus: nec ea quæ stomachus noster recusat, adimunt gratiam illis a quibus capitur, Plin. Jun. Lib. II, epist. 5. [2] Judicandum ergo, et quidem persevere: quoniam suo quemque judicio res probare aut improbare oporteat, non pendere ex alterius vultu ac nutu, nec alieni momentis animi circumagi. Caeterum in ipsa illa judicii nostri severitate sanum hoc circumspectae moderationis temperamentum tenebimus, ne forte aliis praecipites nimis, ac judicii nostri plus justo prodigi fuisse videamur. Megabyzus certe frigida parum intellectae artis censura, jocularium in malum incidit: de quo vide Ælianum var. Hist. Lib. 11, cap. 2. Frequenter enim inconsulte judicantes in exquisitissimis summorum artificum operibus carpunt quaedam ut tumida, quae prudentioribus sublimia videntur; ut tarda, quae recte sentientibus cauta judicantur; ut improba, quae sobrie judicantibus audentia sunt; ut nimia, quae rectis judiciis plena putantur; ut humilia et depressa, quae placida potius ac plana rectus judex dixerit, tanquam quae tenore quieto compositoque formata gratiam habeant leniter lapsorum. 

 

Bayle, Pierre, Dictionnaire historique et critique(publi: 1697), art. « Apelles », p. 299-300 (fran)

APELLES, l’un des plus illustres peintres de l’Antiquité, étoit nâtif de l’île de (A) Co, et fleurissoit au tems d’Alexandre. Il fut si estimé de ce prince, qu’il fut le seul qui obtint la permission de le peindre. Il en obtint une autre marque de singuliere consideration ; car Alexandre lui ayant donné à peindre l’une de ses (C) concubines, et l’en voyant amoureux, la lui ceda. Il y a lieu de douter qu’Apelles ait abusé autant (D) qu’on dit de la bonté de ce grand monarque. Il étoit apparemment trop bon courtisan, pour ignorer qu’un discours aussi peu respectueux que celui qu’on lui attribuë étoit fort câpable de deplaire.

Notes :

(D) Ait abusé autant qu’on dit de la bonté de ce grand monarque. Pline[1] a beau dire qu’Apelles s’étoit rendu agreable à ce prince par sa politesse et par sa douceur, il aura de la peine à persuader à ceux qui conoissent Alexandre, qu’un peintre lui ait dit impunément : Taisez-vous, les garçons qui broient mes couleurs se moquent de vous. Il n’est point croyable qu’Apelles ait pu esperer qu’une expression aussi forte que celle-là, de quelque maniere qu’on s’en servît, seroit prise en bonne part ; et l’on a de la peine à croire qu’Alexandre qui avoit été si bien instruit, et dont le genie étoit si beau, ait parlé assez impertinemment de la peinture pour meriter la moquerie du plus petit aprentif. C’est le sentiment du docte Freinshemius : Non[2] crediderim in officina imperite multa disserentem ab Apelle mordaci dicterio repressum fuisse. Nam id neque majestati tanti regis, neque modestiae pictoris, hominis non stupidi nec indocti convenisset, et Alexander liberalibus studiis ab extrema aetate imbutus, etiam de artibus quas non calleret haud inepte judicare didicerat. Pour ce qui est de Megabyze[3] prêtre de Diane, il ne seroit pas si étonnant qu’Apelles lui eût donné cet avis. C’est lui, si nous en croyons[4] Plutarque, qui fut censuré de cette maniere par Apelles : Ne voyez-vous pas, lui dît-on, que ces garçons qui broyent l’encre, et qui pendant que vous ne disiez mot, ne jetoient sur vous que des regards de respect à cause de l’or et de la pourpre de vos habits, ne vous ont pas plûtôt ouï raisonner d’une chose que vous n’entendez pas, qu’ils se sont moquez de vous ? Un autre auteur[5] dit que ce fut Zeuxis qui parla ainsi à Megabyze.

Note de bas de page de l'auteur :
  • [1] Fuit et comitas illi propter quam gratior Alexandro Magno frequenter in officinam ventitanti … sed in officina imperite multa disserenti silentium comiter suadebat, rideri eum dicens a pueris, qui colores tererent. Tantum erat auctoritati iuris in regem alioqui iracundum. Lib. XXXV. Cap. 10.
  • [2] Supplem. in Curtium l. 2 c. 6.
  • [3] Plusieurs savants croient que Megabyze étoit un nom affecté au prêtre de Diane. D’autres entendent ici par Megabyze un grand seigneur de Perse.
  • [4] De discrim. adulat. et amici pag. 58 et de tranquill. animi pag. 471 et 472.
  • [5] Ælian. var. hist. l. 2 c. 2. Freinhemius ibid. le cite comme ayant attribué cela à Apelles.
 

Rosignoli, Carlo Gregorio, La Pittura in giudicio overo il bene delle oneste pitture e’l male delle oscene(publi: 1697), Introduttione , non pag. (italien)

Confesso però che nell’intraprendere questo trattato, mi son sentito istupidire e ritrarre la mano ; considerando che, come inesperto di pitture, non poteva degnamente trattare questo argomento co’ termini proprii, e con ragioni adatte. Temeva che non mi s’intimasse il silentio : come già fe’ Apelle ad Alessandro, allorche portatosi all’officina di lui, si mise a discorrere imperitamente de’ colori, e delle linee. Onde il pittore diè avviso al Re, che di gratia tacesse, per non farsi ridere addietro da’ garzoni pestacolori[1] : In officina imperite multa disserenti silentiu mcomiter suadebat ; rideri eum dicens a pueris, qui colores tererent

Note de bas de page de l'auteur :
  • [1] Plin. l. 35. c. 10.
 

Monier, Pierre, Histoire des arts qui ont rapport au dessein(publi: 1698), p. 42 (fran)

Ce conquerant[Explication : Alexandre le Grand.] ne voulut point avoir son portrait de relief, que de la main de Lisippe, de même qu’il ny avoit qu’Apelle[1] qui le put peindre.

Note de bas de page de l'auteur :
  • [1] Plutarque dans la vie d’Alexandre, dit que les portraits d’Alexandre de la main de Lisipe l’ont emporté au dessus de ceux des aures sculteurs, qui en voulurent faire depuis lui : aussi Alexandre ne voulut point être sculté que par ce sculteur. Car il observa encore parfaitement comme ce prince portoit un peu le cou penché vers le côté gauche. Mais quand Apelle le peignit tenant le foudre à la main, il ne le representa pas dans sa vraie couleur, mais d’un goût plus brun. Cet auteur parlant du passage du Granique, où Alexandre perdit 30 vaillants hommes, à qui il fit dessiner les statuës de la main du fameux Lisipe. Elles furent après transportées à Rome par Metellus. Nardmi. p. 321. Et Plin liv. c. 8.
 

Piles, Roger de, Abrégé de la vie des Peintres, avec des reflexions sur leurs ouvrages, et un Traité du Peintre parfait, de la connoissance des Desseins et de l’utilité des Estampes(publi: 1699), p. 119 (fran)

Les grans peintres, comme les grans poëtes se sont attirez dans tous les tems la bienveillance des souverains : Apelle en reçût des marques singuliéres d’Aléxandre le Grand, qui, non seulement honnora ce peintre de son estime, à cause de sa grande capacité, mais qui l’aima à cause de la candeur de ses mœurs.

 

Piles, Roger de, Abrégé de la vie des Peintres, avec des reflexions sur leurs ouvrages, et un Traité du Peintre parfait, de la connoissance des Desseins et de l’utilité des Estampes(publi: 1699), p. 124 (fran)

Apelle fit plusieurs fois le portrait d’Aléxandre, et comme se monarque ne trouvoit pas à propos de laisser profaner son image par la main des ignorans, il fit un édit, par lequel il défendit à tous les peintres de faire son portrait, à l’éxception du seul Apelle : de même qu’il ne donna permission par le même édit qu’à Pyrgotéle de graver ses médailles, et à Lisippe de les réprésenter par la fonte des métaux.

 

Dupuy du Grez, Bernard, Traité sur la peinture(publi: 1699), p. 54-55 (fran)

La plûpart de ces peintres êtoient en reputation, dans le tems que la puissance des Macedoniens se rendit redoutable à la Grece, et s’étandit tout d’un coup dans l’Asie soûs Alexandre leur jeune roi : mais Apelle et Lisippe eurent toute la vogue, parce que ce roi ne voulut étre peint que par Apelle, et representé en relief que par Lisippe.

 

Piles, Roger de, "Si la poésie est préférable à la peinture", conférence prononcée à l'Académie royale de peinture et de sculpture le 7 mai 1701(redac: 1701/05/07), p. 65 (fran)

Mais que n’a point fait ce même Alexandre pour les peintres ? Quelles marques d’estime et d’amour ne leur a-t-il point données ? Il ordonna que la peinture tiendrait le premier rang parmi les arts libéraux, qu’il ne serait permis qu’aux nobles de l’exercer, et que dès leur plus tendre jeunesse ils commenceraient leurs exercices pour apprendre à dessiner. En cela il regardait le dessin comme la chose la plus capable de disposer l’esprit au bon goût, à la connaissance des autres arts et à juger de la beauté de tous les objets du monde. Il visitait souvent les peintres et prenait plaisir à s’entretenir avec Apelle des choses qui regardaient la peinture. Pline dit que touché de la beauté de l’une de ses esclaves appelée Campaspe qu’il aimait éperdument, il la fit peindre par Apelle ; et s’étant aperçu qu’elle avait frappé le cœur du peintre du même trait dont il se trouvait lui-même atteint, il lui en fit un présent, ne pouvant récompenser plus dignement cet ouvrage, qu’en se privant de ce qu’il aimait avec passion. Cicéron rapporte que si Alexandre défendit à tout autre peintre qu’Apelle de le peindre, et à tout autre sculpteur qu’à Lysippe de faire sa statue, ce ne fut pas seulement par l’envie d’être bien représenté, mais par l’envie qu’il avait de ne rien laisser de lui qui ne fût digne de l’immortalité, et par l’estime singulière qu’il avait pour ces deux arts. Aussi ne ferai-je point ici de différence entre la peinture et la sculpture car celle-ci n’a rien que la peinture ne doive bien entendre pour être parfaite, et ce que la sculpture a de plus beau lui est commun avec la peinture.

 

Piles, Roger de,  « De l’ordre dans l’étude de la peinture », conférence prononcée à l'Académie royale de peinture et de sculpture le 4 septembre 1706(redac: 1706/09/04), « De l’ordre dans l’étude de la peinture », p. 174-175 (fran)

[1] Nous apprenons de Pline que lorsqu’Alexandre le Grand donna à la peinture la première place parmi les arts libéraux, il ordonna en même temps que les jeunes gens de condition apprendraient à dessiner avant toute chose. Alexandre ne pouvait avoir en cela d’autre vue que de former le goût de ses principaux sujets, par les dispositions que le dessein met dans l’esprit. En effet, le premier fruit du dessein est la justesse qu’il met dans les yeux de ceux qui dessinent, et son premier usage est de faire distinguer en général le caractère des objets, et ensuite d’imprimer dans l’esprit les principes du bon qui se trouvent dans les beaux-arts ; et enfin le goût s’étant formé par un progrès de ces mêmes principes, il est bien plus capable de juger des ouvrages de l’art et de ceux de la nature. Alexandre, qui ne voulait pas faire des peintres de tous ces gens de condition, les faisait néanmoins commencer de bonne heure à dessiner, parce qu’il voulait que le dessein leur servît à juger dans le cours de la vie de tous les objets que l’occasion leur présenterait. Les peintres et les sculpteurs ont d’autant plus de sujet de suivre cette loi d’Alexandre, dans l’emploi des premiers temps de leur jeunesse, que le dessin ne doit pas seulement leur servir à dire leur avis sur les ouvrages, mais à faire ceux dont on doit juger.

Voir aussi :
  • [1] voir aussi Pamphile
 

Coypel, Antoine, "Commentaire de l’Épître à son fils (Vrais et faux connaisseurs)", lu le 5 mai 1714 à l’Académie royale de peinture et de sculpture(redac: 1714/05/05), p. 105 (fran)

« Quelques-uns revêtus du nom de connaisseurs,

Arbitres ignorants, s’érigent en censeurs. » (11e et 12e vers de l’Épître)

Mégabise, prêtre de Diane d’Éphèse, étant avec Alexandre et Apelle, vantait avec excès un ouvrage de peinture fort médiocre ou mauvais, et en blâmait d’autres, qui méritaient de grandes louanges. Les écoliers du peintre, et même ceux qui broyaient ses couleurs, riaient entre eux des décisions téméraires du grand seigneur, ce qui fit qu’Apelle prit la liberté de lui dire : « Pendant que vous gardiez le silence, ces jeunes écoliers admiraient la magnificence de vos vêtements, et l’or et la pourpre que l’on y voit briller leur imposait ; mais, dès que vous avez voulu décider sur un art sur lequel vous n’avez aucune connaissance, ils ont perdu le respect qu’ils vous doivent et rient entre eux de vos décisions. » Cette aventure n’a pas corrigé beaucoup de gens. Il semble même que la race des Mégabise soit venue jusqu’à nous. Cet air de décision téméraire, enfant de la vanité, semble être surtout affecté aux jeunes gens qui croient par là se distinguer, car ils cherchent d’ordinaire à établir leur réputation en attaquand les choses les plus respectables et les personnes les plus illustres.

 

Palomino, Antonio, El museo pictórico y escala óptica(publi: 1715:1724), “Pruébase la ingenuidad de la pintura en todos derechos y en la común opinión de los doctos”, §3 (numéro Tomo I, Teórica della pintura, II, 2 ) , vol. 1, p. 233 (espagnol)

Y no es de omitir, en confirmación de esto, la parcialidad de Alejandro con Apeles; pues llegó a extremos tan raros de familiaridad, que Plinio la explica en términos de amistad estrecha; como la califica el ser tan frecuente en su obrador, o estudio, un príncipe tan esclarecido, y ocupado en tan altas empresas, que parece no tuvo respiración ociosa; lo cual no haría con un artífice mecánico, sino con un ingenio ilustre, que fuese digno asunto de sus honores; cuya narración no es de este lugar.

 

Palomino, Antonio, El museo pictórico y escala óptica(publi: 1715:1724), “Propiedades accidentales de la pintura”, §6 (numéro Tomo I, Teórica della pintura, II, 8) , vol. 1, p. 325 (espagnol)

No en vano mandó promulgar Alejandro el edicto, de que sólo Lisipo le retratase en mármol, y Apeles en pintura; reconociendo, no sólo la importancia de artífices tan eminentes, para lograr en su efigie perfecciones tan relevantes; sino (como quiere Cicerón) porque conocía, que la eminencia del arte, en tales artífices, había de eternizar, a el paso que sus nombres, la gloria de sus hazañas.

 

Coypel, Antoine, "Sur l’excellence de la peinture", Conférence prononcée à l'Académie royale de peinture et de sculpture le 12 juillet 1720(redac: 1720/12/07), p. 216 (fran)

Apelle a été tellement honoré et favorisé d’Alexandre le Grand, qu’il défendit à tout autre qu’à lui d’entreprendre de le peindre. Ce héros prenait tant de plaisir aux charmes de cet art qui, parmi les plus grands travaux, attire et flatte l’esprit, qu’il allait souvent voir Apelle dans son cabinet et y passait beaucoup de temps à lui faire l’honneur de s’entretenir familièrement avec lui et à le regarder travailler ; c’est cependant ce même Alexandre qui, instruit par Aristote dans la philosophie et dans les sciences les plus sublimes, semblait n’envisager d’autre gloire que celle qui s’acquiert par les armes et qui paraissait n’avoir d’autre but que de combattre, vaincre et se rendre maître de l’univers entier. Les peintres les plus fameux étaient tellement honorés, et si magnifiquement récompensés, qu’ils l’étaient par les républiques mêmes ; on n’épargnait rien pour acquérir leurs ouvrages.

 

Durand, David, Histoire de la peinture ancienne, extraite de l’Histoire naturelle de Pline, liv. XXXV, avec le texte latin, corrigé sur les mss. de Vossius et sur la Ie ed. de Venise, et éclairci par des remarques nouvelles(publi: 1725), p. 67-68 (fran)

Note marginale :
  • [1] Fut chéri d’Alexandre le Grand

[1] On voit par là que ce grand homme, outre le talent qu’il avoit pour bien peindre, avoit encore autant de vivacité que de finesse d’esprit ; et c’est ce qui le rendit si agréable à Alexandre le Grand, que le jeune héros ne dédaignoit pas de venir souvent chez le peintre, tant pour jouïr des charmes de sa conversation, que pour le voir travailler, et devenir le premier témoin[2], pour ainsi dire, des merveilles qui sortoient de son pinceau. Il était même si prévenu en sa faveur, que par un édit public, il défendit à tout autre peintre de faire son portrait. Il arriva encore que se trouvant un jour chez lui, lorsqu’il peignoit, et se répandant en questions, ou en réflexions peu sensées sur la peinture, comme il est ordinaire à ceux qui veulent parler d’un art qu’ils ignorent ; le peintre lui conseilla tout doucement d’épargner la matière[3] : Ne voyez-vous pas, lui dit-il, que ces jeunes garçons, qui broient mes couleurs, ne font que sourire entre eux de vous entendre ? Tant le peintre bel esprit avait acquis d’ascendant sur un prince, qui faisoit déjà la terreur et l’admiration du genre humain et qui étoit naturellement colere.

Notes au texte latin, p. 265-266 : 

(P) Imperite multa differenti silentium comiter suadebat. Ce passage a fait de la peine aux critiques. Ce n’est pas du côté de l’ignorance d’Alexandre ; un jeune conquérant, qui n’avoit en tête que la conquête du monde, pouvoit ignorer les finesses de la peinture ; ni du côté du babil, car il aimoit à parler et à deviser, dit Plutarque, surtout lorsqu’il étoit à table ; ni du côté de son amour pour la peinture, car combien y a-t-il de gens qui l’aiment et ne s’y connoissent gueres ? ni enfin du côté de son affection pour un peintre, qui était poli, agréable, délicat ; un jeune monarque se passionne aisément pour un génie de ce caractère, qui joint à la bonté de son cœur, la beauté de l’esprit et la délicatesse du pinceau. Rien n’est plus commun que ces sortes de familiaritez entre les héros de divers genre. Mais ce qui fait de la peine ici, c’est qu’Apelle ait osé découvrir au prince son ignorance et d’une maniere à le tourner en ridicule : Je vous conseille, lui dit-il, de parler plus bas, parce que mes garçons qui vous entendent, commencent à sourire. Écoutons Freinshemius : « Or comme Alexandre séjourna quelque temps à Éphèse, pour se délasser l’esprit, il allait souvent chez Apelle, à qui seul il permit de faire son portrait… (suit l’histoire de la belle Pancaste, et du présent qu’en fit au peintre le jeune héros). Au reste, comme cela n’est pas indigne de la générosité d’Alexandre, ainsi je ne croirois pas, qu’Apelle lui ait imposé silence par un mot de raillerie, tandis qu’il étoit à son atelier et qu’il parloit de plusieurs choses avec peu de connaissance. En effet, cela n’a rien de conforme à la majesté d’un si grand roi, ni à la modestie de ce peintre qui étoit homme d’ésprit… D’ailleurs, Alexandre qui avoit été instruit, dès sa jeunesse, dans les sciences liberales, avoit aussi appris à juger assez raisonnablement des arts, auxquels il ne s’étoit point appliqué. Mais ce que d’autres ont rapporté est sans doute plus vraisemblable, savoir qu’Apelle avoit repris le grand prêtre de la Diane d’Éphèse, de cette manière : Tandis que vous n’avez point parlé, l’or et la pourpre dont vous êtes revêtu vous rendoient vénérable à ceux qui ne vous connoissoient pas ; mais depuis que vous avez commencé à discourir des choses que vous n’entendez point, les garçons qui broyent mes couleurs, n’ont pu s’empêcher de rire, suppl. de Q. Curce, liv. 2, ch. 6. C’est Plutarque qui nous fournit le dernier fait. Élien l’attribue à Zeuxis. M. Bayle est tout à fait du sentiment de Freinshemius, et M. Chéron me disait l’autre jour à ce sujet, qu’on n’auroit pas été bienvenu à parler ainsi à Louis XIV. Je le crois bien, mais Henri IV en auroit ri le premier. Premièrement, Freinshemius étoit né et avoit été élevé dans un pays où le respect et les bienséances pour un supérieur vont au-delà de tout. 2. M. Bayle étoit né sous Louis XIV, et jamais personne n’a poussé l’autorité des rois et la servitude gallicane au point qu’il l’a fait : d’ailleurs il étoit d’un naturel si timide et si flatteur, qu’il n’osoit presque pas souffler devant M. Jurieu. Il a donc jugé Alexandre, par son siécle, par son tempérament, et par le caractère du héros qu’il idolâtroit. 3. Il faloit en juger par le siècle d’Alexandre, si bien décrit dans la Vie de ce grand homme par Plutarque, et où l’on trouve mille traits de liberté et même de franchise assez bien reçus du jeune héros. 4. On ne considere pas, qu’il s’agit ici de deux amis, qui se connoissent de longue main et qui vient familiérement ensemble ; en ce cas-là, on oublie quelquefois son sceptre et sa couronne, on s’humanise ; on prend même en bonne part de petites libertez assaisonnées d’un peu de sel. 5. D’ailleurs Apelle étoit poli, son dessein n’était pas d’offenser Alexandre, il vouloit lui épargner un ridicule où il s’exposoit à la vuë de ses apprentis ; silentium comiter suadebat : dans le fond, c’étoit un service qu’il lui rendait, et que le prince ne pouvoit pas trouver mauvais dans cette circonstance-là. 6. Ce que dit Freinshemius qu’Alexandre jugeoit assez bien des arts, est un fait assez douteux. Il pouvoit en avoir quelque teinture générale ; mais ne faut-il que cela, pour en babiller à loisir devant un Apelle ? Voyez sur ce sujet M. Perrault, dans ses Parallèles, t. I, p. 240 et suiv. 

(Q) Tantum erat auctoritatis viro in regem alioqui iracundum. La leçon de Venise porte simplement, tantum erat auctoritate viris in regem iracundum. La leçon commune est, tantum erat auctoritati juris in regem alioqui iracundum : c’est le même sens ; mais j’avouë ingénument que juris ne me revient pas, surtout associé avec auctoritas. Un MS. de Dalecamp favorise la lecture ordinaire ; tantum auctoritatis et juris erat ei in regem alioqui iracundum : à la bonne heure qu’on sépare auctoritatis et juris : mais de dire, tantum erat juris auctoritati, c’est ce qui m’a paru sans éxemple dans nos bons auteurs. Je n’ignore pas que jus se met souvent au figuré, et que nous le disons même en notre langue ; vous avez droit sur moi : mais il s’agit de savoir si on peut dire en latin, tantum erat juris auctoritati. Après cela, il faut convenir, que du viro, la derniere lettre étant mal fermée, on aura pû aisément faire viris, qui est la leçon de Venise. Au sujet du tempérament d’Alexandre, par rapport à la colere, voyez sa vie dans Plutarque, et Justin, Liv. IX ch. 8, où il nous dit que Philippe son père était colere, mais qu’il savoit dissimuler et même se surmonter ; au lieu qu’à l’égard de son fils, dès qu’il se mettoit en feu, il n’y avait plus moyen ni de l’arrêter, ni de le modérer : hic ubi exarsisset, nec dilatio ultionis, nec modus erat. CICÉRON en a jugé ainsi, alter semper magnus, alter saepe turpissimus. Offic. Liv. I. c. 26. Cependant comme Alexandre vit bien qu’il n’y avoit en Apelle aucune malice, il lui pardonna aisément cette vivacité. Le Pape Jules II n’étoit pas si traitable envers Michel-Ange : « Car ce peintre lui ayant demandé permission d’aller à Florence, il lui répondit, Et cette Chapelle, quand sera-t-elle finie ? Quand je pourrai, Saint Pere, lui repondit-il. Quand je pourrai ! Quand je pourrai ! lui repartit le pape, je te la ferai bien finir, et en même tems il lui donna d’un bâton qu’il avait dans la main. » Voilà de quelle manière le Vicaire de J.C. traitoit ses ouvriers. Une autre fois il le menaça que s’il ne finissoit bientôt, il le jetteroit de dessus ses échafauds en bas : et il l’auroit fait, si le bon Michel-Ange n’avoit précipité son pinceau, de peur de se voir lui-même précipité. Voyez FÉLIBIEN, tome 2. p. 170, 171.

Note de bas de page de l'auteur :
  • [2] Ainsi Demetrius se plaisoit à voir travailler Protogène ; les papes Jules II et Léon X à voir travailler Raphaël et Michel-Ange ; Louis XIII, à voir travailler le peintre Vouet ; et Louis XIV, M. Le Brun. Voyez Perrault, Paral. t. I p. 231.
  • [3] D’autres disent que ce fut à Mégabyze, le prêtre de la Diane des Ephésiens, qu’Apelle parla ainsi : Elien attribuë ces paroles à Zeuxis. M. Bayle doutoit qu’un peintre eût osé parler ainsi à Alexandre ; mais il en jugeoit selon les mœurs de son tems. D’ailleurs il n’y a que la maniere en toutes choses ; et il y a apparence que cet avis d’Apelle fut donné à l’oreille : comiter suadebat.
 

Rollin, Charles, Histoire ancienne, tome XI, livre XXIII(publi: 1730:1738), « Lysippe », p. 97 (fran)

Lysippe avoit fait plusieurs statues d’Alexandre, selon ses différens âges, ayant commencé dès son enfance. On[1] sait que ce prince avoit défendu à tout autre statuaire que Lysippe de faire sa statue, comme à tout autre peintre qu’Apelle de tirer son portrait ; [2]persuadé, dit Cicéron, que l’habileté de ces grands ouvriers, en éternisant leurs noms, immortaliseroit aussi le sien : car ce n’étoit pas pour leur faire plaisir qu’il avoit donné cet édit, mais pour l’intérêt de sa propre gloire.

Note de bas de page de l'auteur :
  • [1]  Edicto vetuit ne quis se præter Apellem

    Pingeret aut alius Lysippo duceret æra

    Fortis Alexandri vultum simulantia.

    Horat. lib. 2. Epist. ad Aug.

  • [2] Neque enim Alexander ille gratiæ causa ab Apelle potissimum pingi, et a Lysippo fingi volebat ; sed quod illorum artem cum ipsis, tum etiam sibi, gloriæ fore putabat. Cic. ad famil. lib. 5. Epist. 12.
 

Rollin, Charles, Histoire ancienne, tome XI, livre XXIII(publi: 1730:1738), « De la peinture » (numéro livre XXIII, ch. 5) , p. 175-177 (fran)

Note marginale :
  • [1] Plut. de Amic. et Adul. p. 58
  • [2] Plin. l. 35, cap. 10

La souveraine habileté dans la peinture n’étoit pas le seul mérite d’Apelle. La politesse, la connoissance du monde, les maniéres douces, insinuantes, spirituelles le rendirent fort agréable à Alexandre le Grand, qui ne dédaignoit pas d’aller souvent chez le peintre, tant pour jouir des charmes de sa conversation, que pour le voir travailler, et devenir le premier témoin des merveilles qui sortoient de son pinceau. Cette affection d’Alexandre pour un peintre qui étoit poli, agréable, délicat, ne doit pas étonner. Un jeune monarque se passionne aisément pour un génie de ce caractére, qui joint à la bonté de son cœur la beauté de l’esprit et la délicatesse du pinceau. Ces sortes de familiarités entre les héros de divers genres, ne sont pas rares, et font honneur aux princes. 

Alexandre avoit une si haute idée d’Apelle, qu’il donna un édit pour déclarer que sa volonté étoit de n’être peint que par lui, de même qu’il ne donna permission, par le même édit, qu’à Pyrgotéle de graver ses médailles, et à Lysippe de le représenter par la fonte des métaux. 

[1] Il arriva qu’un des principaux courtisans d’Alexandre, se trouvant un jour chez Apelle lorsqu’il peignoit, se répandit en questions ou en réflexions peu justes sur la peinture, comme il est ordinaire à ceux qui veulent parler d’un art qu’ils ignorent. Apelle, qui était en possession de s’expliquer librement avec les plus grands seigneurs, lui dit : « Voiez-vous ces jeunes garçons qui broient mes couleurs ? Pendant que vous gardiez le silence, ils vous admiroient, éblouis de l’éclat de votre pourpre, et de l’or qui brille sur vos habits. Depuis que vous avez commencé à parler de choses que vous n’entendez point, ils ne cessent de rire. » C’est Plutarque qui rapporte ce fait. Selon Pline [2], c’est à Alexandre lui-même qu’Apelle osa faire cette leçon, mais d’une maniére plus douce, en lui conseillant seulement de s’expliquer avec plus de réserve devant ses ouvriers : tant le peintre bel-esprit avoit acquis d’ascendant sur un prince qui faisait déjà la terreur et l’admiration du genre humain, et qui était naturellement colére ! Alexandre lui donna d’autres marques encore plus extraordinaires de son affection et de ses égards.

 

Desportes, Alexandre François, Ode sur la protection immédiate du Roi accordée à l’Académie royale de peinture et de sculpture à la fin du siècle de son établissement, lue à l’Académie royale de peinture et de sculpture le 22 juin 1748(redac: 1748/06/22), p. 153 (fran)

Mais quel transport involontaire


Vient saisir tout à coup mes sens ?

Où suis-je ? Un nouveau jour m’éclaire ! 

Mes yeux deviennent plus perçants !

Du Dieu des arts le Temple s’ouvre... 

Que de grands hommes j’y découvre ! 

Que j’y vois de héros divers !


Apelle est auprès d’Alexandre,


Le grand peintre est un ami tendre


Du conquérant de l’univers !

 

Desportes, Alexandre François,  « Vie de Charles Le Brun », première partie, Conférence lue à l’Académie royale de peinture et de sculpture le 2 août 1749(publi: 1749/08/02), p. 344 (fran)

Ce monarque, vainqueur comme Alexandre, aussi révéré pour ses belles qualités qu’Auguste, et non moins ami et bienfaiteur des arts que les Médicis, a vu fleurir sous son empire les sciences, les belles-lettres et les arts libéraux. Des orateurs d’une éloquence sublime, des poètes comparables ou supérieurs à ceux de l’Antiquité, se sont réunis pour célébrer à l’envi ses exploits et ses vertus : mais ce n’était point encore assez pour sa gloire. Alexandre le Grand avait eu le bonheur de posséder un Apelle ; on peut dire que Louis le Grand méritait d’avoir un Le Brun.

 

Bellori, Giovanni Pietro, Descrizione delle Immagini dipinte da Rafaello d’Urbino nelle camere del Palazzo Vaticano, con alcuni ragionamenti in onore delle sue opere, e della pittura, e scultura(publi: 1751), « Dell’ingegno, eccellenza, e grazia di Raffaelle comparato ad Apelle », p. 227 (italien)

Trovasi ancora che l’Urbinate ne’ costumi, e nelle fortune sue ad Apelle si rassomiglia, poiche se questi ebbe favore appresso Alessandro, Antigono, ed altri Rè, e Potenti; Raffaelle parimente fù dotato di tanta soavità di spirito, e dignità di sapere, che tirati dalle sue maniere ad amarlo, non solo gli artefici tutti concorrevano a lui, ma gli altri uomini ancora eccellenti, e quelli, che grandi erano di autorità, e di dottrina, rapiti dal suo soprano intelletto, e dalla sua nobile modestia, e moderazione, bramavano di conversar seco, usando verso di lui ogni ufficio di benevolenza, e di stima. Per la qual cagione egli seppe temperare il rigore di Papa Giulio, e incontrò il favore di Leone, a cui particolarmente fù accetto, con riportarne onori grandissimi, e molto maggiori ne averebbe conseguiti degni del suo gran merito, se più lungamente si fosse avanzato in vita.

 

Lacombe, Jacques, Dictionnaire portatif des beaux-arts ou abrégé de ce qui concerne l’architecture, la sculpture, la peinture, la gravure, la poésie et la musique(publi: 1752), art. « Apelle », p. 30 (fran)

Apelle étoit le peintre d’Alexandre le Grand, et lui seul avoit le droit de peindre ce fameux conquerant. Alexandre l’estimoit et l’aimoit, il le fréquentoit même souvent dans son attelier et se rendoit familier avec lui, discourant assez mal d’un art qu’il ne connoissoit point, et apprêtant quelquefois à rire aux eleves d’Apelle, ce que le peintre fit un jour remarquer au roi.

 

Hagedorn, Christian Ludwig von, Réflexions sur la peinture(publi: 1762, trad: 1775), „Die Geschichte“, t. I (numéro II, 3, 23) , p. 318 (allemand)

Denn gewiß das Ehrwürdige, der Wohlstand, und die Achtung litten jedesmal durch die unedele Vorstellung des Künstlers. Wenigstens würde das bekannte Verbot eines Alexanders[1], bey Bildnissen der Fürsten, sonderlich an Münzsätzen, nützlich; aber bey Vorstellung geistlicher Geschichten am nützlichsten können nachgeahmt werden.

Note de bas de page de l'auteur :
  • [1]  Var. hist. IV, 4. Hierüber ist unser vortrefflicher Christ super gemmis in den zu frühzeitig abgebrochenen Commentariis Lips. Litter. Im ersten Theile S. 178. nachzulesen.
 1 sous-texte

Hagedorn, Christian Ludwig von, Réflexions sur la peinture, (trad: 1775), « De l’histoire » (numéro II, 3, 23) , t. I, p. 301-302 (trad: " " par Huber, Michael en 1775)(fran)(traduction ancienne d'un autre auteur)

 Il n’est pas douteux, que l’artiste, par la représentation ignoble d’une divinité, portoit atteinte à la dignité, à la décence et à la vénération. Du moins la fameuse défense d’un Alexandre [1], qui ne vouloit être peint que par Apelle et sculpté par Lysippe, seroit fort utile pour les portraits des princes, surtout pour les cours des monnoies ; mais elle pourroit être encore plus utile, en la restreignant aux sujets de l’histoire sainte.

Note de bas de page de l'auteur :
  • [1] Plinius VII. 37
 

Dictionnaire portatif des faits et dits mémorables de l’histoire ancienne et moderne, tome 2(publi: 1768), art. « Alexandre », p. 41 (fran)

Il défendit, par un édit, qu’aucun autre peintre qu’Apelle ne le peignît, et qu’aucun autre sculpteur que Lisippe ne fondît sa statue en airain. Il croyoit que cela contribuoit en quelque chose à la gloire des princes. Il aimoit les arts ; et par cet édit, il en paroissoit être grand connoisseur. Nous verrons pourtant dans l’article d’Apelle, que sa connoissance étoit médiocre.

 

Dictionnaire portatif des faits et dits mémorables de l’histoire ancienne et moderne, tome 2(publi: 1768), art. « Zeuxis », p. 571-572 (fran)

Megabyse, seigneur persan, étant allé voir Zeuxis, commença à dire son sentiment sur la peinture et sur les tableaux, selon la coutume des grands qui jugent de tout sans rien sçavoir ; les écoliers de Zeuxis se mirent à rire de son impertinence : « Seigneur, lui dit Zeuxis, je vous conseille de laisser cette matiere ; avant que vous eussiez commencé à parler, ces enfans, éblouis de la magnificence de vos habits avoient du respect pour vous ; mais depuis que vous parlez, ils se moquent de vous. »

 

De l’usage des statues chez les Anciens. Essai historique(publi: 1768), « Des sculpteurs de l’Antiquité » (numéro Troisième partie, chapitre premier) , p. 409-410 (fran)

Il eut l’honneur d’être choisi par Alexandre pour être son seul statuaire, qui afin que ses images ne fussent point altérées, travailleroit à ses statues en bronze, comme le seul Policlès devoit les graver, le seul Appelles les peindre, et le seul Pyrgotelès les ciseler, sous peine de sacrilege contre tout autre qui oseroit l’entreprendre.

 

Quinte-Curce; Freinshemius; Dinouart, Joseph, Histoire d’Alexandre le Grand, par Quinte-Curce, de la traduction de Vaugelas, avec les suppléments de Freinshemius nouvellement traduits par M. l’abbé Dinouart(publi: 1772) (II, 6, t. I), p. 224-227 (fran)

Per eos dies, dum Ephesi commoratur Alexander, ut ex instantibus curis recrearet animum, frequenter in officinam Apellis ventitavit, a quo uno effigiem suam penicillo exprimi volebat : tanto favore complexus, ut dilectissimam pellicum, amore ejus deperire sentiens artificem, dono dederit. Pancasta vocabatur, ex Larissa nobili Thessaliae urbe genus ducens, amabatque eam Rex ardenti affectu, ob formae pulchritudinem, et quoniam adolescenti prima mulierum ad libidinem placuerat. Hoc ut magnanimitatem Alexandri non dedecet, ita non crediderim, in officina imperite multa disserentem, ab Apelle mordaci dicterio repressum fuisse : nam id neque majestati tanti regis, neque modestiae pictoris, hominis non stupidi nec indocti, convenisset : et Alexander liberalibus studiis ab extrema aetate imbutus, etiam de artibus quas non calleret, haud inepte judicare didicerat.

Illud propius vero est, quo alii tradiderunt, quemdam ex Ephesiæ Dianæ sacerdotibus, quos Megabysos appellari mos erat, reprehensum, quum quidem ei diceret Apelles, quoad tacuisti, aurum hoc atque purpura venerabilem te faciebant imperitis : at nunc de rebus quas non intelligis incipientem loqui, etiam pueri rident qui colores terunt. 

Durant le séjour qu’Aléxandre fit à Éphèse, pour respirer quelque-temps au milieu de ses occupations, il entroit souvent dans l’attelier d’Apelles, qui seul avoit la permission de le peindre. Il estima cet artiste au point de lui donner la plus aimable et la plus aimée de ses concubines, parce qu’il avoit remarqué sa passion pour elle. Son nom étoit Pancaste : elle étoit de Larisse, une des principales villes de Thessalie : le Roi lui étoit attaché à cause de sa beauté et parce qu’elle étoit la premiere femme qu’il avoit aimée. Ce procédé ne paroît pas indigne de la générosité d’Alexandre ; mais je ne puis croire qu’Apelles se soit permis une raillerie piquante contre ce prince, lorsque dans son attelier, il voulut critiquer différentes choses au sujet de son art, dont il avoit peu de connoissance. Ce fait paroît peu conforme à la majesté d’un si grand Roi, et à la modestie d’un peintre, homme d’esprit et qui n’ignoroit pas les bienséances. Alexandre instruit dès sa jeunesse dans les sciences, avoit appris à juger raisonnablement des arts mêmes dont il n’avoit pas fait une étude particuliere.

Le rapport des autres historiens oaroît plus probable. Selon eux, Apelles reprit un des prêtres de Diane d’Ephese, appellé Mégabyses. Quand vous gardiez le silence, lui dit le peintre, l’or et la pourpre dont vous êtes revêtu, vous faisoient respecter des ignorants ; mais depuis que vous avez commmencé à parler des choses que vous n’entendez pas, les apprentifs mêmes qui broyent les couleurs, se mocquent de vous avec raison.

Commentaires : mettre sous Quinte-Curce et séparer latin/français

 

Falconet, Etienne, Traduction des XXXIV, XXXV et XXXVI livres de Pline l’Ancien, avec des notes(publi: 1772) (t. I), p. 161 (fran)

Il avoit aussi une douceur honnête qui le rendit agréable à Alexandre, qui venoit souvent le voir dans son attelier ; car, comme nous l’avons dit, ce prince avoit défendu par une ordonnance que personne le peignît qu’Apelles. Cependant quand Alexandre dans son attelier raisonnoit sans connoissance sur son art, il l’engageoit avec douceur au silence, en lui disant que les enfants qui broyoient ses couleurs, rioient de ses propos : tant ses talents lui donnoient de pouvoir sur un roi d’ailleurs colère. (49) 

Notes, t. I, p. 49 :

Aléxandre, à qui la nature et l’éducation avoient donné tant de grandes qualités, lorqu’il vouloit raisonner des arts, s’en acquitoit de manière à faire rire les petits garçons qui broyoient les couleurs d’Apelles. L’artiste d’ailleurs doux, civil, poli, ne pouvoit s’empêcher de le faire remarquer à un prince qu’il aimoit, et qu’il devoit aimer au moins par réconnaissance. Combien de prétendus protecteurs et amateurs de tous rangs, moins heureusement nés, moins bien élevés qu’Aléxandre, et qui raisonnent et décident sur les productions des arts peut-être plus hardiment et moins judicieusement que lui, devroient craindre, d’après son exemple, de s’exposer à la risée des manœuvres des artistes : et combien d’artistes seroient en état de contribuer davantage à l’avancement des arts qu’ils professent, et qu’ils devroient respecter, si, au lieu de céder en aparence et de rire intérieurement des ridicules que se donnent les prétendus Mécènes, ils avoient la franchise adroite d’Apelles, qui put faire passer à un prince vain, fier, colère, l’assertion dure mais vraie, qu’il faisoit rire les manœuvres en raisonnant sur un art qu’il est difficile de rien entendre, s’en occupât-on uniquement. Ce n’est pas que des hommes honnêtes, quelque fois même des personnes de premier rang, ne montrent l’exemple contraire ; leur modération à bien raisonner et à donner des avis justes, est un charme qu’ils ajoutent à leur conversation et à leurs conseils. 

Que ce trait d’Aléxandre et d’Apelles soit vrai ou qu’il ne soit qu’un conte, il a cependant une moralité qui peut le rendre profitable. Il est surprenant que Bayle ne l’ait pas saisie, et qu’au contraire il ait eu, sur ce passage, un avis particulier. Il commence par fort mal traduire les paroles de Pline dont il raporte le latin. Pline dit, silentium comiter suadebat, il l’engageoit avec douceur au silence. Qui le croiroit ! Bayle traduit, taisez-vous ; et il trouve cela trop dur, trop grossier, et trop brutal pour l’attribuer à un peintre qu’on réprésente d’ailleurs comme un homme doux, civil et poli. Bayle a raison, mais ce sont les deux mots grossiers par lesquels il lui a plu de rendre les expressions honnêtes de Pline, qui font tout cela. Il faut être, comme l’observe ce savant critique, sur le pied de bouffon dans une cour, où avoir cette humeur bizarre et capricieuse que l’on voit assez souvent dans les artistes les plus consommés pour dire à un prince, et à un prince aussi mal endurant qu’Aléxandre, une grossiéreté de cette espèce. Voyez Bayle, article Apelles, rem. (D).

 

Quinte-Curce; Freinshemius; Dinouart, Joseph, Histoire d’Alexandre le Grand, par Quinte-Curce, de la traduction de Vaugelas, avec les suppléments de Freinshemius nouvellement traduits par M. l’abbé Dinouart(publi: 1772) (I, 2, t. I), p. 18-19 (fran)

Visuntur adhuc imagines eius statuaeque ; summorum artificum opera. Ne enim vulgarium sculptorum pictorumve temeritate oris sui honor obsolesceret, studiose vavit, pœnam comminatus, si quis injussu suo conaretur. Ergo abundante tum artificum copia, volentem unus Apelles pinxit, sculpsit Pyrgoteles, Lysippus et Polycletus aere duxerunt. 

On voit encore son portrait exécuté par les plus habiles artistes. Dans la crainte que les peintres et les statuaires médiocres n’affaiblissent les graces extérieures qu’il avoit reçu de la nature, il défendit, sous peine d’être puni, de faire son portrait sans son ordre. Entre le grand nombre d’excellents ouvriers qui existoient sous son regne, il choisit Apelles pour le peindre Pyrgoteles le grava sur des pierreries, Lysippes et Polyclete le représenterent en bronze.

 

Nougaret, Pierre Jean Baptiste ; Leprince, Thomas , Anecdotes des beaux-Arts, contenant tout ce que la peinture offre de plus piquant chez tous les peuples du monde(publi: 1776), Estime qu’ont fait de la peinture les plus grands hommes, tant anciens que modernes (numéro t. I, §VI.) , p. 204-205 (fran)

Alexandre ne dédaignoit pas d’aller souvent chez Apelle, tant pour jouïr des charmes de la conversation, que pour le voir travailler et devenir le premier témoin des merveilles produites par son pinceau. Le conquérant de l’Asie étoit même si prévenu en faveur d’Apelle, que, par un édit public, il défendit expressément à tout autre peintre de faire son portrait.

Ce prince vouloit encore qu’il lui parlât librement. Un jour que le monarque voyoit travailler l’artiste, et que ce prince raisonnoit fort mal sur la peinture, Apelle lui conseilla tout doucement de traiter un sujet qu’il connût mieux. « Ne voyez-vous pas, ajouta-t-il, que ces jeunes garçons, qui broyent mes couleurs, ne font que sourire entr’eux de vos discours ? »

On prétend aussi qu’Apelle reprit d’une manière moins ménagée le Grand-Prêtre de la Diane d’Éphèse, qui voulut s’aviser de parler peinture avec lui. — « Tandis que vous avez gardé le silence, lui dit-il, l’or et la pourpre, dont vous êtes revêtu, vous rendoient estimable à ceux qui ne vous connoissoient aucunement ; mais depuis que vous avez commencé à discourir de choses que vous n’entendez point, les garçons qui broient mes couleurs n’ont pu s’empêcher de rire. »

 

Nougaret, Pierre Jean Baptiste ; Leprince, Thomas , Anecdotes des beaux-Arts, contenant tout ce que la peinture offre de plus piquant chez tous les peuples du monde(publi: 1776), "Estime qu’ont fait de la peinture les plus grands hommes, tant anciens que modernes" (numéro t. I, §VI) , p. 25 (fran)

Cicéron rapporte que, si Alexandre défendit à tout autre peintre qu’à Apelle de faire son portrait, et à tout autre sculpteur qu’à Lysippe de faire sa statue, ce n’étoit pas seulement par envie d’être bien représenté, mais afin de ne rien laisser de lui qui ne fût digne de la postérité la plus reculée. « Il étoit persuadé (ajoute Cicéron) que la supériorité qu’ils s’étoient acquise dans leur art, contribueroit autant à sa gloire qu’à la leur ».

 

Falconet, Étienne, Sur la peinture des anciens(publi: 1781), p. 36 (fran)

[Note contexte] La première [Explication : considération de Caylus] consiste en ce qu'Alexandre ayant un esprit éclairé, qui portoit tout au grand, ne voulut être représenté en peinture que par Apelles. Qu'est-ce que cela prouve, si non qu'Apelles étoit reconnu par Alexandre, pour le plus grand peintre du tems? Mais ce choix ne dit pas que l'artiste connût comme Titien, Corrège, Rubens, Rembrandt, le prestige du clair-obscur. Alexandre qui n'en avoit pas l'idée, devoit être fort content des ouvrages de son peintre, puisque les plus difficiles connoisseurs d'alors auroient bien eu tort de ne pas s'en contenter.[...]

La seconde considération, si je ne me trompe, ne va pas mieux au fait. Il s'y agit du tableau qui représentoit Alexandre en Jupiter prêt à lancer la foudre. Quelle grandeur de trait, dit M. de Caylus, quel feu d'expression faut-il supposer dans le caractère de cette tête? Quelle intelligence de dessein et de couleur faut-il se représenter, pour admettre ce bras saillant et raccourci, qui portoit la foudre? Quelle justesse dans la position, quelle grandeur dans le choix, et quelle harmonie ne devoit pas être dans le tableau, pour avoir pu contenter la tête chaude d'un Alexandre? Je ne vois pas qu'il y ait à répondre à cela; puisqu'Apelles y répondit si bien, le jour qu'il avertit avec douceur Alexandre, qu'il se connoissoit plus mal en peinture que les manœuvres qui broyoient les couleurs, et qu'il n'en pouvoit parler sans les faire rire.

 

Arnaud, François,  Mémoire sur la vie et les ouvrages d’Apelle(redac: 1783/06/02) (t. III), p. 173-174 (fran)

Alexandre vit les ouvrages d’Apelle, et défendit, sous les peines les plus graves, que personne autre s’avisât jamais de le peindre. Alexandre, dit Cicéron, porta cet édit autant pour la gloire de l’artiste, que pour la sienne propre. Cet homme, à qui ses qualités extraordinaires et vraiment surhumaines doivent faire pardonner de s’être regardé comme un Dieu, aimait à passer dans l’atelier de notre artiste quelques-uns des moments que son active et vaste ambition lui laissait. Un jour, comme il parlait de peinture, dit Pline, Apelle lui persuada poliment de se taire, en lui faisant remarquer que ses propos faisaient rire quelques jeunes gens occupés à broyer les couleurs. Ce que Pline dit d’Alexandre, Plutarque le dit de Mégabyse, prêtre du temple de Diane d’Éphèse, et j’avoue qu’ici j’aime mieux en croire Plutarque que Pline, qui malheureusement ne se sert pas assez souvent de sa philosophie pour se défendre de sa crédulité. En effet, comment mettre cette aventure sur le compte d’Alexandre, disciple d’un philosophe qui mit la connaissance des arts du dessin au nombre de celles dont tout homme bien élevé ne pouvait pas se passer ?

 

Watelet, Claude-Henri ; Levesque, Pierre-Charles, article « Peinture chez les Grecs »,  Encyclopédie méthodique. Beaux-Arts(publi: 1788:1791), p. 647 (fran)

Quoiqu’il ne craignît pas, et que même il cherchât la critique, et que dailleurs il fût de la plus grande politesse, il se permettoit quelquegois de railler ces hommes qui croyent devoir être connoisseurs dans les arts, parce qu’ils sont riches et d’un état distingué. Un jour Mégabyze, prêtre du temple de Diane à Ephese, se trouvant dans l’attelier du peintre, s’avisa de raisonner sur la peinture. « Prenez-y garde, lui dit Apelles ; il y a là de petits broyeurs de couleurs qui vous entendent et se mocquent de vous. » Pline prétend que ce mot fut adressé à Alexandre : c’est faire l’éloge du prince qui ne s’en offensa pas.

 

Watelet, Claude-Henri ; Levesque, Pierre-Charles, article « Peinture chez les Grecs »,  Encyclopédie méthodique. Beaux-Arts(publi: 1788:1791), p. 647 (fran)

Il a fait un très-grand nombre d’ouvrages. Il réussissoit parfaitement dans le portrait, et a fait nombre de fois celui d'Alexandre. Des écrivains qui ont vécu longtemps après notre artiste, ont assuré que lui seul avoit la permission de peindre ce conquérant.