Type de texte | source |
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Titre | \"Coup d\'œil général sur les ouvrages de feu M. l\'abbé le Batteux, de l\'Académie Françoise, etc.\" |
Auteurs | Fréron, Élie |
Date de rédaction | |
Date de publication originale | 1780 |
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Date de reprint |
, p. 77-78
Il[[5:l’auteur, l’abbé Batteux.]] a glissé rapidement sur la difficulté qui naît du principe ; sçavoir, ce que c’est que la belle nature. Il la définit ainsi : « ce n’est pas le vrai qui est, mais le vrai qui peut être, le beau vrai, qui est représenté comme s\'il existoit réellement, et avec toutes les perfections qu’il peut recevoir ». Là-dessus, il rapporte l’exemple de Zeuxis, qui, voulant peindre une beauté parfaite, rassembla les traits séparés de plusieurs beautés existantes, et se forma dans l’esprit une idée factice qui résulta de tous ces traits réunis.
Cette définition et cet exemple sont fort justes pour ce qui regarde le beau physique, sur lequel on ne peut guère se tromper, puisque les yeux en sont les premiers juges ; et quoique chaque nation ait des idées un peu différentes sur la beauté ; quoiqu’une belle Chinoise ne fît pas grande sensation en Europe, et qu’une beauté moresque n’ait pas de grands charmes pour les yeux circassiens, il est pourtant vrai que le goût général se réunit pour ces modèles de beautés que les Grecs nous ont laissés. Mais quant au beau moral, il n’est pas si facile de fixer le point précis de sa perfection : or, vous sçavez que le beau physique domine beaucoup moins que le beau moral dans la poésie et dans l’éloquence. C’était sur ce point que l’abbé Le Batteux auroit dû étendre la première partie de son ouvrage, et tâcher de nous donner une idée précise de la belle nature, relativement aux mœurs.
Dans :Zeuxis, Hélène et les cinq vierges de Crotone(Lien)