Type de texte | source |
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Titre | Orator (ad Brutum) |
Auteurs | Cicéron (Marcus Tullius Cicero) |
Date de rédaction | -46 |
Date de publication originale | |
Titre traduit | L\'Orateur (à Brutus) |
Auteurs de la traduction | Yon, Albert |
Date de traduction | 1964 |
Date d'édition moderne ou de réédition | |
Editeur moderne | |
Date de reprint |
(73), p. 26
In omnibusque rebus uidendum est quatenus ; etsi enim suus cuique modus est, tamen magis offendit nimium quam parum ; in quo Apelles pictores quoque eos peccare dicebat qui non sentirent quid esset satis. [[4:suite : Timanthe]]
Dans :Apelle et la nimia diligentia(Lien)
, trad. E. Hénin (numéro 73) , p. 26
Et dans toutes les choses il faut voir le \"jusqu\'où\": en effet, quoique chaque chose ait sa mesure, le \"trop\" choque pourtant plus que le \"trop peu\". A ce sujet Apelles disait que les peintres aussi se trompaient, quand ils ne sentaient pas ce qui était assez.
(73-74), p. 26
In omnibusque rebus uidendum est quatenus ; etsi enim suus cuique modus est, tamen magis offendit nimium quam parum ; in quo Apelles pictores quoque eos peccare dicebat qui non sentirent quid esset satis. Magnus est locus hic, Brute, quod te non fugit, et magnum uolumen aliud desiderat; sed ad id quod agitur illud satis. Cum hoc decere – quod semper usurpamus in omnibus dictis et factis, minimis et maximis – cum hoc, inquam, decere dicimus, illud non decere, et id usquequaque quantum sit appareat in alioque ponatur aliudque totum sit, utrum decere an oportere dicas — 74 oportere enim perfectionem declarat offici, quo et semper utendum est et omnibus, quasi aptum esse consentaneumque tempori et personae ; quod cum in factis sæpissime tum in dictis ualet, in uultu deumque et gestu et incessu, contraque item dedecere — quod si poeta fugit ut maximum uitium, qui peccat etiam, cum probam orationem affingit improbo stultoue sapientis ; si denique pictor ille uidit, cum immolanda Iphigenia tristis Calchas esset, tristior Vlixes, maereret Menelaus, obuolendum caput Agamemnonis esse, quoniam summum illum luctum penicillo non posset imitari ; si denique histrio quid deceat quærit, quid faciendum oratori putemus ?
Dans :Timanthe, Le Sacrifice d’Iphigénie et Le Cyclope (Lien)
(8-9), p. 4
8 Mais je pose en principe qu\'il n\'y a rien, dans aucun genre, de si beau, qu\'il ne soit encore inférieur en beauté à ce dont il n\'est que le reflet, comme le portrait d\'un visage, à ce que ni les yeux, ni les oreilles, ni aucun sens ne peuvent percevoir, et que nous n\'embrassons que par l\'imagination et la pensée. Ainsi pour ce qui est des statues de Phidias, auxquelles nous ne voyons dans leur genre rien de supérieur en perfection, et pour les peintures que j\'ai citées, nous pouvons cependant en imaginer de plus belles, 9 et cet artiste, lorsqu\'il créait son type de Jupiter ou de Minerve, n\'avait sous les yeux personne pour lui servir de modèle, mais c\'est dans son propre esprit que résidait une vision à part de la beauté qu\'il contemplait et sur laquelle il fixait son regard en dirigeant selon la ressemblance de celle-ci son art et sa main.
(73-74), p. 26
Et dans toutes les choses il faut voir le \"jusqu\'où\": en effet, quoique chaque chose ait sa mesure, le \"trop\" choque pourtant plus que le \"trop peu\". A ce sujet Apelles disait que les peintres aussi se trompaient, quand ils ne sentaient pas ce qui était assez.
C\'est une grande question, Brutus, ce qui ne t\'échappe pas , et elle demanderait à elle seule un gros volume; mais pour ce qui nous occupe, voici ce qui nous suffira: quand nous disons que ceci est séant – ce que nous faisons constamment pour toutes nos paroles et nos actions, petites et grandes – quand donc nous disons que ceci est séant, que cela ne l\'est pas, et du moment que l\'importance de cette notion est partout évidente et que c\'est dans un autre ordre d\'idées qu\'on emploie et que c\'est tout autre chose de dire qu\'il est séant ou qu\'il est d\'obligation – 74 \"être d\'obligation\" en effet exprime le caractère parfait du devoir qui doit être accompli et toujours et par tous, \"être séant\" l\'adaptation et comme la mise en concordance avec la circonstance et avec la personne, ce qui vaut non seulement dans les actions le plus souvent, mais aussi dans les paroles, les jeux de physionomie enfin et le geste et la démarche, et de la même façon et en sens inverse \"être malséant\"; et si le poète évite ceci comme le plus grand défaut, lui qui pèche de son côté quand il donne un langage honnête à un personnage malhonnête ou à un sot celui du sage; si le peintre a vu dans le sacrifice d\'Iphigénie, alors que Calchas était sombre, Ulysse plus sombre encore et Ménélas accablé, qu\'il lui fallait voiler la tête d\'Agamemnon puisqu\'il était incapable de rendre avec son pinceau le comble de la douleur; si enfin l\'acteur se demande ce qui est séant, que nous faut-il penser que doive faire l\'orateur?