Type de texte | source |
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Titre | Histoire ancienne |
Auteurs | Rollin, Charles |
Date de rédaction | |
Date de publication originale | 1730:1738 |
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, « Histoire des successeurs d’Alexandre » (numéro livre XIX, ch. 4) , t. IX, p. 168-169
Aiant passé par Mégalopolis, il[[5:Paul Émile.]] arriva à Olympie. Il y vit beaucoup de choses dignes d’être admirées ; mais quand il eut jetté les yeux sur la statue de Jupiter (c’étoit le chef-d’œuvre de Phidias), il en fut ému et touché, dit Tite-Live, comme s’il avoit vû ce dieu lui-même ; et il s’écria que ce Jupiter[[3:Voilà une grande louange pour Phidias, d’avoir si bien exprimé l’idée d’Homère : mais elle est encore plus grande pour Homère, d’avoir si bien conçu toute la majesté du Dieu.]] de Phidias étoit le véritable Jupiter d’Homère. Croiant être dans le Capitole, il y offrit un sacrifice plus solennel que par tout ailleurs.
Dans :Phidias, Zeus et Athéna(Lien)
, « Successeurs d’Alexandre » (numéro livre XVI) , t. VII, p. 264-266
Pour ne pas interrompre la suite et la liaison des divers événemens de ce siége, j’ai différé jusqu’ici à en raporter un, qui a fait beaucoup d’honneur à Démétrius : il regarde son goût pour les arts, et l’estime qu’il faisoit de ceux qui s’y distinguaient par un mérite singulier ; ce qui n’en est pas un petit pour les princes.
Il y avoit pour lors à Rhodes un célébre peintre nommé Protogéne, natif de Caune, ville de Carie, qui étoit dans la dépendance des Rhodiens. Son attelier était dans le faux-bourg de Rhodes, et hors de la ville, lorsque Démétrius en forma le siége. La présence des ennemis au milieu desquels il se trouvait, et le bruit des armes qui retentissoit sans cesse à ses oreilles, ne lui firent point quitter sa demeure, ni interrompre son travail. Le roi en fut surpris ; et, comme il lui en demandoit un jour la raison, C’est que je sai, répondit-il, que vous avez déclaré la guerre aux Rhodiens, et non aux arts. Il ne se trompoit point ; Démétrius en effet s’en montra le protecteur. Il disposa une garde autour de son attelier, afin qu’au milieu du camp même il fût en repos, ou du moins en sureté ; il allait souvent l’y voir travailler, et ne se lassoit point d’admirer son application à l’ouvrage et son extrême habileté.
Le chef-d’œuvre de ce peintre étoit l’Ialysus. On appelait ainsi un tableau où il avoit peint quelque histoire de cet Ialysus[[3:Il étoit fils d’Ochimus, qui étoit né du soleil et de Rhode, laquelle avoit donné son nom à la ville et à l’île.]], héros connu seulement dans la fable, et que les Rhodiens respectoient comme leur fondateur ; Protogéne avoit emploié sept ans à l’achever. La premiére fois qu’Apelle le vit, il fut si surpris et si transporté d’admiration, que la voix lui manqua tout à coup. Enfin, revenu à lui-même, il s’écria : Grand travail ! Œuvre admirable ! il n’a pourtant pas ces graces que je donne à mes ouvrages, et qui les élevent jusqu’aux cieux. S’il en faut croire Pline, pendant tout le tems que Protogéne travailla à ce tableau, il se condamna lui-même à mener une vie fort[[3:Il ne vivoit que de lupins bouillis, qui apaisoient en même tems et la faim et la soif.]] sobre, et même fort dure, pour empécher que la bonne chère n’émoussât la finesse de son goût et de son sentiment. Ce tableau avoit été porté à Rome, et consacré dans le temple de la Paix, où il étoit encore du temps de Pline ; il y périt enfin dans un incendie.
Le même Pline prétend que ce tableau sauva Rhodes, parce qu’étant dans un endroit par lequel seul Démétrius pouvoit prendre la ville, il[[3:Parcentem picturæ fugit occasio victoriæ.]] aima mieux renoncer à la victoire que de s’exposer à faire périr par le feu un si précieux monument de l’art. C’auroit été pousser bien loin le goût et le respect pour la peinture. Nous avons vû les véritables raisons qui obligèrent Démétrius à lever le siège. [[4:suite : Protogène Ialysos]]
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