Biblio > Sources > 940

Type de textesource
TitreDe l’ancienneté de la peinture, dissertation lue à l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres en 1709
AuteursFraguier, Claude-François
Date de rédaction1709
Date de publication originale1717
Titre traduitHistoire de l’Académie royale des inscriptions et Belles-Lettres, tome I, p. 75-88
Auteurs de la traduction
Date de traduction
Date d'édition moderne ou de réédition
Editeur moderne
Date de reprint

, p. 78-79

En cet estat, l’homme qui est né imitateur, et dans qui l’inclination à imiter n’est peut-estre pas une vertu, se porta naturellement à l’imitation. Tout aidoit en luy ce penchant. L’ignorance le fortifioit, comme elle le fortifie encore aujourd’huy dans les enfants et dans les personnes en qui les lumières de l’esprit ni le discernement n’ont qu’une force médiocre. Les objets qu’il avoit sous les yeux sembloient l’inviter au plaisir de l’imitation, et la nature elle-mesme, qui par le moyen des jours et des ombres, peint toutes choses, ou dans les eaux, ou sur les corps dont la surface est polie, luy apprenoit à satisfaire son goust pour l’imitation. Il le satisfaisoit doublement tout à la fois, puisqu’en imitant les corps et les retraçant, il imitoit aussi la nature, qui les retrace et les imite en tant de façons différentes. Ainsi le soleil, que Platon nomme ingénieusement le plus habile de tous les peintres, apprit aux hommes les commencements de la peinture.

Telle fut vraysemblablement la première ébauche de cet art. Car il ne faut pas s’arrester à certains faits que l’on raconte ordinairement, quand on parle de l’origine de la peinture. On dit, par exemple, qu’une bergere, pour conserver le portrait de son amant, conduisoit avec sa houlette une ligne sur l’ombre que le visage du jeune homme faisait sur le sable. Il y a mille petits contes semblables, qui, vrais ou faux, ne servent qu’à confirmer ce qu’on vient de dire, et ne sont que des applications particulières d’un principe général, et comme des apologues inventez pour l’explication d’une vérité.

Dans :Dibutade et la jeune fille de Corinthe(Lien)