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Type de textesource
TitreRéflexions sur la peinture
AuteursHagedorn, Christian Ludwig von
Date de rédaction
Date de publication originale1762
Titre traduit 
Auteurs de la traductionHuber, Michael
Date de traduction1775
Date d'édition moderne ou de réédition
Editeur moderne
Date de reprint

, « De l’histoire » (numéro II, 3, 23) , t. I, p. 301-302

 Il n’est pas douteux, que l’artiste, par la représentation ignoble d’une divinité, portoit atteinte à la dignité, à la décence et à la vénération. Du moins la fameuse défense d’un Alexandre [[3:Plinius VII. 37]], qui ne vouloit être peint que par Apelle et sculpté par Lysippe, seroit fort utile pour les portraits des princes, surtout pour les cours des monnoies ; mais elle pourroit être encore plus utile, en la restreignant aux sujets de l’histoire sainte.

, „Die Geschichte“, t. I (numéro II, 3, 23) , p. 318

Denn gewiß das Ehrwürdige, der Wohlstand, und die Achtung litten jedesmal durch die unedele Vorstellung des Künstlers. Wenigstens würde das bekannte Verbot eines Alexanders[[3: Var. hist. IV, 4. Hierüber ist unser vortrefflicher Christ super gemmis in den zu frühzeitig abgebrochenen Commentariis Lips. Litter. Im ersten Theile S. 178. nachzulesen.]], bey Bildnissen der Fürsten, sonderlich an Münzsätzen, nützlich; aber bey Vorstellung geistlicher Geschichten am nützlichsten können nachgeahmt werden.

Dans :Apelle et Alexandre(Lien)

, « De la grace en particulier » (numéro I, 2) , p. 24-26

En un mot : la grace, dans le sens général, se communique à tous les êtres, aux êtres inanimés même, lorsque l’artiste, savant dans l’agencement de sa composition, fait saisir le côté le plus avantageux des objets, ou lorsque, pour produire le plus grand effet, il sait les faire valoir par les finesses de son art, précepte important pour le peintre de portrait. Elle se montre à lui dans les branches vigoureuses des arbres, elle conduit ses regards sur les déploiments agréables d’une drapperie et sur la rupture savante des plis heureusement disposés. Ici il remarque le tendre mélange des petites parties qui se font valoir sans troubler la composition entiere, là il contemple les branches variables des arbres et les rapports de leur feuillé relativement aux autres parties du tableau. Il construit son édifice avec ces matériaux, sans le charger d’ornements superflus. C’est alors que la grace répand ce je ne sais quoi qui plaît sur les parties et sur le tout, sur l’ordonnance et sur l’exécution : victorieuse elle appelle le connoisseur du beau dans les cabinets de l’art.

Gardons-nous donc, et de perdre de vue cette notion étendue de la grace par rapport à la pratique de l’art, et de dispenser l’artiste, à cause d’une idée plus haute, et en même tems plus restreinte de la grace, de rechercher le gracieux dans les moindres circonstances. La grace a ses degrés : mais sans doute les langues manquent plutôt de termes fixes que de mots généraux pour les marquer, à commencer par le bon air et la bonne mine, jusqu’au charme et à l’agrément, et de là jusqu’à cet attrait sublime, approprié aux êtres célestes. Ce que Quintilien appella Gratia, Pline le nomma Venustas. L’histoire de l’art nous apprend qu’Apelle fut le premier qui lui donna le nom de Venus[[3:Voyez, Shefferi Graphice t. I. de arte pingendi liber singularis. Norimb. 1669 in 8. p. 39. Cet ouvrage d’un homme qui, avec un grand fonds d’érudition, décèle un goût naturel pour la peinture, ne sauroit manquer de faire plaisir aux curieux, s’ils veulent en entreprendre la lecture avant celle de Junius (Dujon) de Pictura veterum : dans le premier ils trouveront un abrégé de ce qui est discuté fort au long dans le second.]], et qui l’imprima à ses ouvrages immortels. Mais ce que nous venons de dire de cette qualité ne peut être entendu que de la plus haute signification de la grace, qu’autant que les mouvements intérieurs d’une ame digne de son origine céleste, s’accordent avec la beauté de la configuration et de l’action extérieure du corps, et que l’artiste imitateur réussisse à rendre l’expression de ces mouvements avec cette facilité qui n’est que la pure et simple nature. Ce n’est qu’après avoir saisi cette idée qu’un peintre, marchant sur les traces d’Apelle, pouroit encore risquer de tracer les traits de la Venus céleste de Platon.