Type de texte | source |
---|---|
Titre | \"Si la poésie est préférable à la peinture\", conférence prononcée à l\'Académie royale de peinture et de sculpture le 7 mai 1701 |
Auteurs | Piles, Roger de |
Date de rédaction | 1701/05/07 |
Date de publication originale | |
Titre traduit | |
Auteurs de la traduction | |
Date de traduction | |
Date d'édition moderne ou de réédition | 2010 |
Editeur moderne | Lichtenstein, Jacqueline; Michel, Christian |
Date de reprint |
, p. 65
Mais que n’a point fait ce même Alexandre pour les peintres ? Quelles marques d’estime et d’amour ne leur a-t-il point données ? Il ordonna que la peinture tiendrait le premier rang parmi les arts libéraux, qu’il ne serait permis qu’aux nobles de l’exercer, et que dès leur plus tendre jeunesse ils commenceraient leurs exercices pour apprendre à dessiner. En cela il regardait le dessin comme la chose la plus capable de disposer l’esprit au bon goût, à la connaissance des autres arts et à juger de la beauté de tous les objets du monde. Il visitait souvent les peintres et prenait plaisir à s’entretenir avec Apelle des choses qui regardaient la peinture. Pline dit que touché de la beauté de l’une de ses esclaves appelée Campaspe qu’il aimait éperdument, il la fit peindre par Apelle ; et s’étant aperçu qu’elle avait frappé le cœur du peintre du même trait dont il se trouvait lui-même atteint, il lui en fit un présent, ne pouvant récompenser plus dignement cet ouvrage, qu’en se privant de ce qu’il aimait avec passion. Cicéron rapporte que si Alexandre défendit à tout autre peintre qu’Apelle de le peindre, et à tout autre sculpteur qu’à Lysippe de faire sa statue, ce ne fut pas seulement par l’envie d’être bien représenté, mais par l’envie qu’il avait de ne rien laisser de lui qui ne fût digne de l’immortalité, et par l’estime singulière qu’il avait pour ces deux arts. Aussi ne ferai-je point ici de différence entre la peinture et la sculpture car celle-ci n’a rien que la peinture ne doive bien entendre pour être parfaite, et ce que la sculpture a de plus beau lui est commun avec la peinture.
Dans :Apelle et Alexandre(Lien)
, p. 65
Pline dit que touché de la beauté de l’une de ses esclaves appelée Campaspe qu’il aimait éperdument, il la fit peindre par Apelle ; et s’étant aperçu qu’elle avait frappé le cœur du peintre du même trait dont il se trouvait lui-même atteint, il lui en fit un présent, ne pouvant récompenser plus dignement cet ouvrage, qu’en se privant de ce qu’il aimait avec passion.
Dans :Apelle et Campaspe(Lien)
, p. 72
Ovide, tout poète qu’il est, dit que Vénus, cette déesse que la plume des auteurs a rendue si célèbre, serait encore dans le fond des eaux, si le pinceau d’Apelle ne l’avait fait connaître. De sorte qu’à cet égard, si la poésie a publié les beautés de Vénus, la peinture en avait tracé la figure et le caractère.
Dans :Apelle, Vénus anadyomène
(Lien)
, p. 6
L’on portait même jusqu’au respect l’honneur que l’on rendait à cet art : le roi Démétrios en donna des marques mémorables au siège de Rhodes, où il ne put s’empêcher d’employer une partie du temps qu’il devait au soin de son armée à visiter Protogénès qui faisait alors le tableau de Ialysos. Cet ouvrage, dit Pline, empêcha le roi Démétrios de prendre Rhodes dans l’appréhension qu’il avait de brûler les tableaux de ce grand peintre ; et ne pouvant mettre le feu dans la ville par un autre côté que celui où était le cabinet de cet homme illustre, il aima mieux épargner la peinture que de recevoir la victoire qui lui était offerte. Protogénès, poursuit le même Pline, travaillait alors dans un jardin hors de la ville près du camp des ennemis, et il y achevait assidûment les ouvrages qu’il avait commencés, sans que le bruit des armes fût capable de l’interrompre ; mais Démétrios l’ayant fait venir et lui ayant demandé avec quelle confiance il osait travailler au milieu des ennemis, le peintre répondit qu’il savait fort bien que la guerre qu’il avait entreprise était contre les Rhodiens et non pas contre les arts. Ce qui obligea le roi de lui donner des gardes pour sa sûreté, étant ravi de pouvoir conserver la main qu’il avait sauvée de l’insolence des soldats.
Dans :Protogène et Démétrios(Lien)
, p. 68
La fin de la peinture, comme de la poésie, est de surprendre de telle sorte que leurs imitations paraissent des vérités. Le tableau de Zeuxis où il avait peint un garçon qui portait des raisins, et qui ne fit point de peur aux oiseaux, puisqu’ils vinrent becqueter ces fruits, est une marque que la peinture de ces temps-là avait accoutumé de tromper les yeux en tous les objets qu’elle représentait. Cette figure ne fut en effet censurée par Zeuxis même que parce qu’elle n’avait pas trompé.
Dans :Zeuxis et Parrhasios : les raisins et le rideau(Lien)