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Type de textesource
TitreJupiter eine Antike, zugleich ein Muster, für die würdige sinnliche Darstellung des ewigen Vaters
AuteursJunker, Carl Ludwig
Date de rédaction
Date de publication originale1786
Titre traduitDe la manière de représenter le Père éternel, d’après les idées des Grecs
Auteurs de la traductionJansen, Hendrick
Date de traduction1798
Date d'édition moderne ou de réédition
Editeur moderne
Date de reprintIn De l’allégorie, ou traités sur cette matière, par Winckelmann, Addison, Sulzer, etc., recueil utile aux gens de lettres et nécessaire aux artistes, Paris, Jansen, an VII, tome II.

, p. 510

[[6: note 3]] Nous exigeons seulement que la tête du Père éternel ait l’expression la plus digne d’une grandeur sévère, tempérée par la bonté ; et, suivant l’aveu de Sulzer même, cette expression est au pouvoir de l’artiste ; du moins la trouvons-nous réalisée dans celle de Jupiter. Sulzer dit lui-même : « Celui qui possède l’art comme Phidias, peut représenter tout ce qui est grand et noble, et par ses productions exciter dans tous les cœurs sensibles des sentiments de la plus haute importance. » Il avoue de plus que personne n’avait pu regarder le Jupiter de Phidias sans être touché de la majesté de l’essence divine.

, p. 334

 L’artiste, en forçant les proportions des parties inférieures, ne pouvait avoir d’autre but, suivant Quintilien et Pline, que d’exciter l’idée d’une plus grande élévation ; et conformément à leur témoignage, Zeuxis agrandit et allongea les membres du corps pour exprimer, par ce moyen, plus de grandeur et de majesté.

, p. 329

Pour représenter la déesse de la beauté, l’artiste grec emprunta des traits isolés ; et l’idéal que son génie créa ne consistait que dans l’heureuse réunion de beautés éparses.

, p. 329

 Pour représenter la déesse de la beauté, l’artiste grec emprunta des traits isolés ; et l’idéal que son génie créa ne consistait que dans l’heureuse réunion de beautés éparses. C’est de la même manière qu’il créa l’image de son Jupiter ; c’est-à-dire, d’après les traits isolés et caractéristiques de grandeur et d’élévation ; car les Grecs, en général, n’attachèrent l’idée de la divinité à aucun autre signe qu’à celui de la plus grande beauté humaine, et ils n’en pouvaient pas choisir d’autre[[3:Phidias fut le premier qui osa exprimer la majesté divine par l’idéal des formes humaines d’une beauté au-dessus de la nature de l’homme.]]. Le premier soin du statuaire grec devait donc être de trouver une proportion convenable au caractère de la divinité qu’il voulait représenter.

En examinant les ouvrages de l’art des anciens que le temps nous a conservés, il me paraît qu’en cherchant cette proportion l’artiste a été guidé par les deux principes suivants : 1° la proportion doit augmenter avec la grandeur et l’élévation des sentiments et du caractère de la divinité qu’on veut représenter. 2° La diminution progressive de ces proportions donne une idée de force et de puissance, et répond par conséquent à cette grandeur, à cette élévation convenables à la divinité. De là vient que les statues de Jupiter étaient plus grandes que celles d’Apollon : la même différence subsistait entre celles de Junon et de Vénus.

Ainsi, d’après ce que je viens de remarquer en général, et par une conséquence nécessaire du premier principe des proportions[[3:« Ce qui est sublime doit toujours se représenter par de grandes proportions : une stature petite invite à la familiarité ». KANT]], les anciens cherchèrent à exprimer le grand et le sublime par la grandeur corporelle. Strabon reproche à Phidias, à ce créateur du Jupiter Olympien, qu’il avait donné à ce dieu assis une taille si gigantesque que, s’il était venu à se lever, il aurait percé la voûte du temple. C’est à ce principe des proportions senti par les anciens, parce qu’elle est la base de la beauté, qu’il faut attribuer ces nombreuses licences qu’ils se sont permis pour renforcer l’expression, quoiqu’elles s’écartassent d’ailleurs de la règle.