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Type de textesource
TitrePegma
AuteursCoustau, Pierre
Date de rédaction
Date de publication originale1555
Titre traduitLe Pegme de Pierre Cousteau, avec les Narrations Philosophiques, Mis de Latin en Françoys par Lanteaume de Romieu gentilhome d’Arles
Auteurs de la traduction[Lanteaume de Romieu gentilhome d’Arles]
Date de traduction1560
Date d'édition moderne ou de réédition
Editeur moderne
Date de reprintLyon, Mathieu Bonhomme

, "Sur le paintre Protogenes. Vaquer à estude moderement", p. 254-256

Protogenes peignoit excellemment:
Et estoit dit n’avoir la continence
D’oter la main de l’oeuvre un seul moment
Dont on blasmoit si grande diligence.
Ceux qui n’ont point moyen ny temperance
En leur estude, ilz se font un grand tort:
Car bien souvent, pour un desir immense
De trop savoir sont cause de leur mort.

Narration Philosophique.

Ciceron appelloit Cato, celuy qui puis apres fut nommé Uticensis, gourmant de livres: par ce qu’il n’intermetoit jamais l’etude des sciences, & tout les tems & loisyr que les affaires de la chose publique luy pouvoient donner, l’emploioit à lire. A la méme étude des létres Pline enviellissoit, assurant tout le tems étre perdu, qui n’etoit donné a la cognoissance des choses grandes. En laquelle opinion étoient anciennement ces excellens Philosophes, qui s’etans retirez du maniment de la chose publique, mirent leur esprit à la cognoissance de verite: & jour & nuit étoient en contention. Laquelle chose combien qu’elle soit louable, faut toutefois que celuy qui est de telle vacation, se donne guarde qu’il ne reçoive céte charge avec dommage & perte de sa santé. Mais par avanture il est fort difficile aux gens envieux d’apprendre d’avoir éguard à soy, & temperer céte grande ardeur. Mais si quelque mauvaise fortune de maladie vient au travers de leur vie quasi portée par charios par le milieu des letres, ilz apprenent certes à leur dommage combien un petit relai leur eut servi a la santé. Car encores que repos soit fort contraire a labeur, il avient toutefois qu’il aide grandement le travail, & fait ceux qui sont en affaires plus habiles à la besoigne Et ne doivent ceux qui ont quelque chose en main moins aviser à adoucir leur labeur par quelque mediocrité & repos, qu’à parvenir a ce qu’ilz pretendent. Car un trop grand prochas est souvent retardé: & qui sans intermission se jette en quelque chose est aucunefois revoqué de la fin au commencement.