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Type de textesource
TitreDiscours historique sur la peinture ancienne
AuteursÉmeric-David, Toussaint Bernard
Date de rédaction
Date de publication originale1803
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Editeur moderne
Date de reprint

, p. 2

Les auteurs qui ont traité de l’origine de la peinture ont la plupart commis une faute essentielle ; ils n’ont pas assez distingué, dans cet art, les deux parties qui le constituent, savoir, le dessin et le coloris : l’un est l’ame de la peinture, et l’autre peut être regardé comme son corps. En séparant ainsi ces deux parties, ils auraient facilement jugé que l’art du dessin, qui consiste à tracer avec des lignes la forme de tous les objets visibles dans la nature, a dû précéder nécessairement de beaucoup l’art de remplir avec des couleurs l’espace intérieur déterminé par ces lignes, et par conséquent qu’on a dû dessiner long-temps avant de peindre. Aussi lisons-nous dans tous les historiens qui ont parlé de l’origine de la peinture le récit de certains faits diversement imaginés, mais qui viennent tous à l’appui de cette assertion : les uns disent qu’une bergère, pour conserver le portrait de son amant, conduisait avec la houlette une ligne sur l’ombre que le visage du jeune homme faisait sur le sable ; d’autres, que ce fut un certain Saurius qui traça sur la terre l’ombre de son cheval ; un plus grand nombre nous a transmis l’histoire de Coré, fille de Dibutade, qui dessina sur un mur le portrait de son amant, en suivant la ligne que faisait l’ombre de son visage, produite par la lueur d’une lampe : ceux-ci attribuent les principes du dessin à Craton, lequel arrêta sur une table blanche les ombres d’un homme et d’une femme ; ceux-là à Philoclès d’Égypte ; d’autres à Cléanthès de Corinthe ; d’autres à Ardice ou à Téléphane, qui commencèrent à dessiner sans couleurs, et avec du charbon seulement. Quelle que soit la version que l’on adopte, il est certain que le tracé des contours a été la première opération de la peinture ; mais l’homme, naturellement imitateur, chercha bientôt les moyens de perfectionner l’imitation qu’il voulait faire des objets qu’il avait sous les yeux.

Dans :Les origines de la peinture(Lien)

, p. 23

Mais qu’était la peinture jusqu’à cette époque ? elle se réduisait au dessin, ou, pour mieux dire, au simple trait terminal ; et ce ne fut qu’alors qu’Ardicès et Téléphanès jetèrent plusieurs autres traits dans l’intérieur du dessin, mais avec si peu d’art, que, pour reconnaître les portraits qu’ils avaient voulu faire, on était obligé d’écrire à côté le nom de la personne qu’ils représentaient. C’est ce que nous assure Ælien, en disant que dans l’origine de la peinture, lorsque cet art était encore au berceau, les peintres représentaient si grossièrement les animaux, qu’ils étaient obligés d’écrire au bas de leurs tableaux : C’est un bœuf, c’est un cheval, c’est un arbre[[3:Voyez Ælien, Hist., liv. X, chap. x.]]

Dans :Peintres archaïques : « ceci est un bœuf »(Lien)

, p. 26-27

Après la peinture linéaire et monochrome, vint la peinture polychrome, c\'est-à-dire de plusieurs couleurs. S\'il faut en croire Pline, tous les chefs-d\'œuvre de l\'art qui, de son temps, étaient restés des anciens n\'étaient composés que de quatre couleurs, le blanc réduit au seul melinum, le jaune au seul atticum, le rouge à la seule sinopis pontica, et le noir au seul atramentum; et ces chefs-d\'œuvre avaient pour auteur un Apelle, un Echion, un Mélanthe, un Nicomaque, peintres célèbres entre tous les autres, et dont chaque tableau était évalué le revenu d\'une ville. Nous parlerons ci-après de ces couleurs et des autres qui furent employées dans la suite par les Grecs et par les Romains; et nous aurons l\'occasion de remarquer, avec l\'historien de la peinture ancienne, que presque toujours les talents diminuent à mesure que les moyens d\'exécution augmentent.

Dans :Apelle et la tétrachromie(Lien)

, p. 29; 32

Mais ce qui implique encore plus contradiction, c\'est l\'histoire du tableau de Bularque, cité par le même écrivain, qui, selon lui, fut fait sous le règne de Romulus. Ce tableau, représentant le combat des Magnètes, plut tant à Candaule, surnommé Myrsile, roi de Lydie, qu\'il le paya son pesant d\'or. Et il ajoute: ce bel art avait donc dès-lors été porté au comble de la célébrité et de la perfection. Comment concilier ces inconséquences? Nous pensons qu\'il est plus raisonnable de croire que les Grecs cultivaient depuis long-temps la peinture aux époques citées par Pline; mais que leurs artistes n\'ayant pas encore acquis assez de perfection, les historiens, par un motif de vanité propre à leur nation, et dont nous avons rendu compte, n\'ont pas cru digne de leur plume de nous transmettre leurs noms, ni le détail de leurs ouvrages.[...]

Bularque n\'était pas un peintre sans talent, puisqu\'il peignit le combat des Magnésiens, et que son tableau fut payé au poids de l\'or par Candaule, roi de Lydie, qui vivait sept cents ans avant notre ère. Si le prix désigne le mérite de l\'ouvrage, on peut croire que l\'art en Grèce avait fait plus de progrès que les écrivains ne le supposent avant la fondation de Rome, et à l\'époque où les ouvrages des Étrusques et des peintres d\'Italie avaient déjà mérité leurs éloges.

Dans :Bularcos vend ses tableaux leur poids d’or(Lien)