Type de texte | source |
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Titre | Dialogus cui titulus Ciceronianus sive De optimo dicendi genere |
Auteurs | Érasme (Desiderius Erasmus) |
Date de rédaction | |
Date de publication originale | 1528 |
Titre traduit | |
Auteurs de la traduction | |
Date de traduction | |
Date d'édition moderne ou de réédition | 1995 |
Editeur moderne | Payr, Theresia |
Date de reprint |
, p. 48-50
BULEPHORUS — Age, quid igitur sentis de Zeuside Heraclotea ?
NOSOPONUS — Quid aliud, quam quod excellentissimo graphices artefice dignum est ?
BULEPHORUS — Num et ingenio iudicioque ualuisse putas ?
NOSOPONUS — Qui potuit ars tanta carere iudicio ?
BULEPHORUS — Commode respondes. Quid igitur illi ueniebat in mentem, quod, cum Crotoniatis picturus Helenae simulacrum, in quo decreuerat quicquid artis suae uiribus posset explicare et absolutum formae muliebris (nam in hoc argumento ceteris antecelluisse legitur) exemplar uiuae simillimum aedere, in quo nulla uenustatis portio desiderari ualeret ; non unam quampiam omnium pulcherrimam adhibuit, sed ex omnibus oblatis aliquot ceteris praestantiores elegerit, ut ex singulis decerperet quod in quaque decentissimum esset, itaque demum admirandum illud artis suae monumentum absoluerit ?
NOSOPONUS — Diligentissimi pictoris officio functus est.
BULEPHORUS — Vide igitur num recto consilio ducamur, qui eloquentiae simulacrum ab uno Cicerone, quamuis praestantissimo, petendum arbitramur.
NOSOPONUS — Si tali forma uirginem Zeusis esset nactus, qualis est in eloquentia M. Tullius, fortassis unius corporis exemplo fuisset contentus.
BULEPHORUS — Atqui hoc ipsum quo pacto iudicare potuisset, nisi multis corporibus diligenter inspectis ?
NOSOPONUS — Finge persuasum fuisse.
BULEPHORUS — In hac igitur es sententia, nullam in aliis oratoribus esse uirtutem imitatu dignam, quae non eximia sit in M. Tullio ?
NOSOPONUS — Ita censeo.
BULEPHORUS — Nec ullum in hoc esse neuum, qui non maior sit in caeteris ?
NOSOPONUS — Ita prorsus.
Dans :Zeuxis, Hélène et les cinq vierges de Crotone(Lien)
BULEPHORUS — Continuons. Que penses-tu de Zeuxis d’Héraclée ?
NOSOPONUS — Qu’en penser, qui soit digne du plus excellent artiste peintre ?
NOSOPONUS — Crois-tu qu’il a été grand à la fois par son génie et par son jugement ?
BULEPHORUS — Comment un art aussi grand aurait-il pu manquer de jugement ?
BULEPHORUS — Tu réponds bien. Qu’avait-il donc en tête, quand, devant faire le portrait d’Hélène pour les citoyens de Crotone, décidé à y déployer toute la puissance de son art et à faire de cette figure féminine (et en la matière, on dit qu’il surpassa les autres) un exemplaire parfaitement ressemblant à une femme vivante, où ne manquât aucune partie de la beauté, il ne se servit pas d’une quelconque jeune fille plus belle que les autres, mais parmi toutes celles qu’on lui présenta, il en choisit quelques-unes, plus belles que les autres, pour choisir en chacune ce qu’elle avait de plus gracieux ; et accomplit accomplit ce merveilleux chef-d’œuvre de son art ?
NOSOPONUS — Il s’acquitta très scrupuleusement de son devoir de peintre.
BULEPHORUS — Vois donc si nous sommes guidés par un bon critère, quand nous estimons devoir rechercher le portrait de l’éloquence dans le seul Cicéron, si excellent soit-il.
NOSOPONUS — Si Zeuxis avait rencontré une jeune fille douée d’une telle beauté que l’éloquence de Cicéron, il se serait peut-être contenté d’un seul corps féminin pour modèle.
BULEPHORUS — Mais comment aurait-il pu juger ce corps, sinon en en examinant attentivement plusieurs ?
BULEPHORUS — Fais comme si que je n’en étais pas convaincu.
NOSOPONUS — Tu es donc d’avis qu’il n’y a chez les autres orateurs aucune qualité digne d’imitation, qui ne se trouve au suprême degré chez Marcus Tullius ?
BULEPHORUS — C’est mon avis.
NOSOPONUS — Et que chez lui on ne trouve aucun défaut qui ne soit plus grand chez tous les autres ?
BULEPHORUS — J’en suis persuadé.
, p. 64
BULEPHORUS — […] Et ne de singulis commemorem, nonne sumeres a singulis, in quo caeteris antestarent ?
HYPOL. — Quis non eligeret potiora, nisi qui uel non diiudicaret, uel sibi inuideret ?
BULEPHORUS — Itaque mihi probatur Zeusidis exemplum, quod secutus etiam Quintilianus imitatori praecipit, nec unum esse legendum, nec omnes, nec quoslibet, sed ex praecipuis deligendos aliquot eximios, inter quos Ciceroni primas tribuit, non solitudinem. Summum enim esse uult inter proceres, non solitarium exclusis ceteris.
Dans :Zeuxis, Hélène et les cinq vierges de Crotone(Lien)
BULEPHORUS — Et pour ne pas passer en revue tous les auteurs, ne pourrait-on pas emprunter à chacun les qualités qu’il possède mieux que les autres ?
HYPOL. — Et qui ne choisirait le meilleur, à moins d’être privé de discernement ou jaloux de soi-même ?
BULEPHORUS — C’est pourquoi j’approuve l’exemple de Zeuxis, que suit également Quintilien quand il conseille à l’imitateur de lire non pas un seul auteur, ni tous indistinctement, ni n’importe lesquels, mais parmi les principaux auteurs, d’en choisir quelques excellents, parmi lesquels Cicéron occupe une place primordiale, mais non solitaire. Il veut en effet que Cicéron soit le plus grand parmi les grands, et non l’unique à l’exclusion des autres.