Type de texte | source |
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Titre | Orationes et carmina |
Auteurs | Cossart, Gabriel |
Date de rédaction | |
Date de publication originale | 1675 |
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Date de reprint |
, p. 238-239
Uvæ Zeuxidis, eodem stilo[[5:ovidiano.]]
Ingens artis opus, nullique imitabile dextræ
Pictor adumbrabat Zeuxis, lætusque videndum
Præbuerat populo. Media stat paupere cultu
Agrestis puer in tabula, cui sordida circum
Uvis autumnus madefacerat ora subactis :
Mille patens plagis petasus sordentia velat
Tempora, trita fluunt laceratis tegmina pannis :
Falcula de zona pendet : quin ligneus olli
Calceus, et viles abscundunt crura cothurni :
Dextra gerit calathum, quem frondibus umbra coronat
Pampineis, uvæque replent de vite recentes.
Et dubites, verasne autumnus miserit uvas,
Zeuxis an autumni fructus æquavit arte :
Nedum oculi, solus ponit discrimina tactus.
Talia dum magno vulgus miracula plausu
Suspicit ; ecce tibi pennis delusa volucrum
Turba supervolitat, vitæque cupidine prædæ
In tabulam mora nulla ruit : vacuoque dolosas
Aggreditur rostro, tunditque, et verberat uvas.
At punctu delusa cohors procul impete magno
Avolat, et magno redit impete ; captaque rursus
Uvarum aspectu vanos sorbere colores
Accelerat, telamque premit : dum territa vulgi
Murmure, veloci liquidum secat æthera penna
Stridens, et solidas alio sibi queritat escas.
Exoritur populi clamor sequiturque fugaces.
Interea fremitu Caveæ, plausuque secundo
Elatus Zeuxis cunctos putat ire minores,
Atque suum miratur opus ; mirabilis ipse,
Ni foret imperfectus honos. Non integra, Zeuxi
Gloria, crede, tua est : pars optima rapta triumphi.
Namque suo si tela foret perfecta colore ;
Num trepidas ipso juvenis terrere volantes
Debuit aspectu, et turbam prohibere voracem ?
Dans :Zeuxis et Parrhasios : les raisins et le rideau(Lien)
C’est une œuvre immense, inimitable, que traçait le peintre Zeuxis, et qu’il offrait tout heureux à la vue de la foule. Au milieu du tableau se tient un jeune paysan dont l’automne a barbouillé le visage crasseux de raisins écrasés : un large chapeau, béant de mille plaies, couvre ses tempes salies ; ses vêtements usés, en haillons déchirés, le quittent ; une faucille pend à sa ceinture ; bien plus, il a des semelles de bois, et de méchants cothurnes lui cachent les jambes ; sa main tient une corbeille, que l’ombre couronne de feuilles de pampre, et que remplissent les raisins à peine cueillis. Et on pourrait se demander si l’automne a produit de véritables raisins ou si Zeuxis a par son art égalé les fruits de l’automne : les yeux mêmes sont incapables de faire la différence, seul le toucher le peut. Pendant que la foule admire un si grand miracle en applaudissant, voici qu’une troupe d’oiseaux prise par l’illusion se met à voleter au-dessus ; et, désireuse de s’emparer de cette proie pour s’en nourrir, se jette sans délai sur le tableau : elle attaque les raisins feints de son bec vide, les frappe, et revient à la charge. Mais trompée dans sa prise, la troupe s’envole au loin dans un grand mouvement, et dans un grand mouvement, revient ; à nouveau trompée par l’aspect des raisins, elle picore en hâte les couleurs trompeuses et harcèle la toile ; jusqu’à ce que, terrifiée par les murmures de la foule, elle fende l’air limpide d’une plume rapide, avec un bruit strident, et aille chercher ailleurs des nourritures solides. Un cri s’élève de la foule et poursuit les fuyards. Entretemps, rempli d’orgueil par la clameur des spectateurs et leurs applaudissements favorables, Zeuxis pense que tous les autres lui sont inférieurs et admire son propre ouvrage. Lui-même serait admirable, si son honneur n’était imparfait. Ta gloire, Zeuxis, n’est pas entière, crois-moi : la meilleure part du triomphe t’a été enlevée. Car si ta toile était parfaite par son coloris, le jeune homme n’eût-il point dû terrifier par son seul aspect les volatiles tremblants, et éloigner leur troupe vorace ?