Type de texte | source |
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Titre | Observations sur le Cid |
Auteurs | Scudéry, Georges |
Date de rédaction | |
Date de publication originale | 1637 |
Titre traduit | |
Auteurs de la traduction | |
Date de traduction | |
Date d'édition moderne ou de réédition | 2004 |
Editeur moderne | Civardi, Jean-Marc |
Date de reprint |
, p. 1051-1052
Et pour bon et excellent que puisse estre un ouvrage, il n\'est jamais si parfaict ny monté a un si haut degré de bonté qu’on ne puisse encores adjouster a sa perfection. Ceux qui en jugent et qui le considerent les criticques sçavans et judicieux, parmy les belles fleurs qu’ils y appercoivent, ils en remarquent tousjours quelqu’unes qui manquent ou qui sont flaistries. L’ouvrier mesme qui aura produict ce bel ouvrage et embelly de tant d’ornemens agreables, concevra encores en son esprit une Idée et une Image de beauté plus parfaicte que celle qu’il aura exprimée et qu’il ne pourra toutesfois depeindre comme estant au dela de son expression. C’est proprement ce que vouloit dire cest autre poete,
Cum relego, scripsisse pudet quia plurima cerno
Me quoque qui feci, Judice, digna lini.[[6:Ovide, Pontiques, 1, 5, 15-16 (note de l’éditeur).]]
Et cependant celuy qui parloit ainsi estoit le favory des Muses et un des premiers de leur bande. C’est pourquoy les plus renommés artistes de l’Antiquité escrivoient par un temps imparfaict au pied de leurs ouvrages, Appelles, Polyclete, Phidias, faisoit cet ouvrage et non pas ainsi, Appelles, Phidias a faict cest ouvrage, pour monstrer qu’aux plus excellens ouvrages des hommes il y a tousjours de l’imperfection.
Dans :« Apelles faciebat » : signatures à l’imparfait(Lien)
, p. 385-386
C’estoit pour de semblables ouvrages, que Platon n’admettoit point dans sa Republique, toute la Poesie : mais principalement, il en bannissoit cette partie, laquelle imite en agissant, et par representation ; d’autant qu’elle offroit à l’esprit, toute sorte de mœurs ; les vices et les vertus, les crimes et les actions genereuses ; et qu’elle introduisoit aussi bien Atree comme Nestor. Or ne donnant pas plus de plaisir, en l’expression des bonnes actions, que des mauvaises, puis que dans la poesie, comme dans la peinture, on ne regarde que la ressemblance ; et que l’image de Thersite bien faite, plaist autant que celle de Narcisse : il arrivoit de là, que les esprits des spectateurs estoient debauchez par cette volupté : qu’il trouvoient autant de plaisir, a imiter les mauvaises actions, qu’il voyoient representées avecques grace, et ou nostre nature incline, que les bonnes, qui nous semblent difficiles ; et que le théâtre estoit aussi bien l’eschole des vices que des vertus.
Dans :Cadavres et bêtes sauvages, ou le plaisir de la représentation(Lien)