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Type de textesource
TitreLa Réforme de la peinture
AuteursRestout, Jacques
Date de rédaction
Date de publication originale1681
Titre traduit
Auteurs de la traduction
Date de traduction
Date d'édition moderne ou de réédition
Editeur moderne
Date de reprintReprint Genève, Minkoff, 1973.

, annexe, p. 6

Pour répondre à ce qu’ils demandent, In qua potestate haec facio ; je dis hardiment que c’est pour vanger la peinture, la raison et le bon sens des outrages qu’ils leur font, et que je pretends avoir au moins autant de liberté de parler de peinture, qu’ils s’en donnent eux-mêmes ; et peut-être leur prouveray-je un jour qu’ils ne devroient pas en parler, en leur appliquant ce proverbe venu d’Apelles, sutor ne ultra crepidam, que je les prie de bien mediter.

Dans :Apelle et le cordonnier(Lien)

, p. 71-72

 Aimez la vertu, sans laquelle toutes vos entreprises seront vaines, et que la belle gloire soit l’unique fin pour laquelle vous entrepreniez votre étude, et que vous puissiez dire comme le fameux Zeuxis : « Je peins pour l’éternité », paroles que je voudrois voir gravées dans tous les ateliers des peintres, et plus encor dans leurs cœurs ; puisque c’est l’amour de cette glorieuse éternité qui a fait, et qui fait encor les grands hommes.

Dans :Zeuxis et Agatharcos(Lien)

, p. 85

Les studieux sçavent que les plus sçavans peintres de la Grece la peignoient sortant de l’eau, dans une conque marine et couronnée de roses, comme fist entr’autres le grand Apelles dans le tableau qu’il en fist pour les habitans de Coos, qui fut son dernier ouvrage ; entendant par cette Venus ainsi dépeinte, cette qualité qui tient du chaud et de l’humide, que les plantes reçoivent au printemps, lorsqu’elles commencent à donner des marques de leur fecondité. C’est ainsi qu’elle estoit representée, élevée dans une conque par quatre tritons, qui marquent encor par leur figure d’homme, de cheval et de poisson l’étenduë du pouvoir de Venus sur toutes choses.

Dans :Apelle, Vénus anadyomène (Lien)

, p. 89-90

 Toute la terre regreta cette perte [de la Peinture], et dans le desespoir de la trouver, quelques-uns tâcherent de la faire renaistre de ses cendres ; on les vit derechef comme au temps de ses premiers commencemens, peindre les ombres des corps qu’ils remplissoient d’une seule couleur, et qui ne representoient rien mieux que les tristes ombres de tant de peintres massacrés, ce qui les obligeoit d’écrire au dessous ce qu’ils avoient voulu reprensenter, encor ne le pouvoit on bien connoître.

Dans :Peintres archaïques : « ceci est un bœuf »(Lien)

, p. 106-107

Il me dit donc, qu’au premier âge du monde elle avoir déjà eu quelques commencemens, aussi bien que la sculpture dans la famille de Lamech ; mais que son progrez fut interrompu par le Deluge, dans lequel les arts que les hommes avoient commencé d’exercer, furent presque tout à fait perdus avec leurs auteurs. Toutesfois la memoire sen estant conservée dans la famille de Noë, ses descendans recommencerent à les chercher, et les trouverent peu à peu par leur travail et la subtilité de leur esprit.

Entre les autres, l’invention de la peinture fut telle : un jeune homme des descendans de Sem voyant une jeune fille qu’il aimoit uniquement, fut sur le point de faire un voyage de quelques mois, après mille témoignages d’une affection tres-tendre, et mille protestations d’une constance inébranlable de part et d’autre, prevoyant bien l’ennui que lui devoit causer l’absence d’une personne si chere, s’avisa d’une chose que son amour lui inspira sur le champ, pour leur mutuelle consolation : car remarquant que le soleil qui se levoit alors, frapoit directement un mur proche lequel ils estoient, et qu’ainsi l’ombre des corps marquant justement leurs contours, en representoit la figure, il fist approcher son amante, et la faisant tourner de profil au soleil, traça sur le mur d’un crayon tel que l’occasion lui pût fournir, le contour de ce visage qu’il avoit tant de peine à perre de vûë ; puisqu’il faut, dit-il, que je sois privé quelque temps de votre presence, j’auray au moins ce crayon devant les yeux, pour adoucir la peine d’une absence qui ne me peut estre que tres-fâcheuse. Après l’amante en fist autant sur un voile qu’elle emporta, et ainsi commença le dessein ; ce qui donna occasion à d’autres de représenter d’autres corps dont ils faisoient seulement les contours. Peu à peu quelques-uns voulurent adjoûter, et remplirent les contours d’une seule couleur, ensuite on disingua les couleurs selon la nature des choses que l’on representoit, après on forma les dedans ; enfin, la peinture vint peu à peu au gré, où vous sçavez que les anciens peintres l’éleverent.

Ainsi de la sculpture, car quelques-uns se mîrent à faire de cire et de terre ce que les autres faisoient avec leurs lignes ; peu après ils taillerent la pierre, les marbres, et fondirent les metaux pour en faire des statuës, et tout ce que la peinture faisoit avec ses couleurs.

Dans :Dibutade et la jeune fille de Corinthe(Lien)