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Type de textesource
TitreLa Poétique d’Aristote traduite du grec
AuteursNorville, sieur de
Date de rédaction
Date de publication originale1671
Titre traduit
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Date de reprint

, p. 14-15

Car nous considerons avec un plaisir singulier les images au naturel des choses que nous ne regardons qu’avec peine. C’est ainsi que nous repaissons les yeux des tableaux, qui ne nous presentent que des objets funestes, de bestes farouches et de morts. La raison de cecy est, que les sçavans ne sont pas les seuls qui apprennent avec plaisir : tout le monde est chatoüillé par cette douceur ; quoy que l’on n’en goûte gueres. Or le commun trouve dans ces peintures dequoy s’instruire, et dequoy former des raisonnemens qui le conduisent à la connoissance de la nature des choses, et c’est ce qui l’y arreste ; au lieu que si vous luy presentez des sujets qu’il n’ait jamais vû, il s’attachera à la beauté de l’ouvrage, au coloris, ou à quelqu’autre chose, passant legerement sur ces beaux traits, qui forment une belle copie.

Dans :Cadavres et bêtes sauvages, ou le plaisir de la représentation(Lien)

, « De la qualité des sujets » (numéro ch. II) , p. 6-7

Puisque tous ceux qui font paroître des personnages nous les representent dans l’action, il faut que les sujets soient bons ou méchans, le vice et la vertu étans des qualités attachées aux mœurs des hommes, dont elles font le caractere. Dans cette diversité de sujets, c’est une necessité pour le Poëte d’en choisir qui soient au dessus, ou au dessous de nous ; comme faisoient ces trois peintres, Polignote, Pauson et Denis. Dont le premier choisissoit des sujets plus beaux et plus nobles que luy, le second les prenoit plus bas, et le troisième s’attachoit à ceux qui avoient de son air.

Dans :Polygnote, Dionysos et Pauson : portraits pires, semblables, meilleurs(Lien)

, p. 73

Puis que la Tragedie est une copie de sujets excellens, il faut imiter les peintres, qui ne font jamais mieux paroître leur art, que dans leurs ouvrages, qui ressemblent parfaitement aux originaux. Il faut que quand le Poëte nous fait la peinture d’un homme colere ou facile, il en forme une belle idée, dans laquelle on voye briller le naturel. Ce qu’Homere a admirablement bien fait dans l’imitation de son Achille.

Dans :Le portrait ressemblant et plus beau(Lien)

, p. 30

Sans action vous n’avez point de Tragedie : vous en avez souvent, sans ces beaux tableaux où l’homme voit son ame dépeinte. Il ne faut que voir pour en estre éclaircy, les pieces des jeunes Poëtes, qui font le plus grand nombre. C’est un foible qui paroît même dans les pieces de Zeuxis, quand on les compare à celles de Polygnote. Le pinceau de Polygnote peignoit heureusement le cœur de l’homme, et celuy de Zeuxis n’en approchoit jamais.

Dans :Zeuxis et Polygnote : action et caractères(Lien)