Type de texte | source |
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Titre | De picturis et imaginibus sacris |
Auteurs | Molanus, Johannes |
Date de rédaction | |
Date de publication originale | 1570 |
Titre traduit | Traité des saintes images |
Auteurs de la traduction | Christin, Olivier Tassel, Benoît |
Date de traduction | 1996 |
Date d'édition moderne ou de réédition | |
Editeur moderne | |
Date de reprint |
(II, 62), p. 218
Certe Alexander ille Macedo, vt aeternitati suam effigiem commendaret, noluit se pingi aut sculpi, nisi a maximis artificibus, Apelle et Lysippo. Iuxta illud Horatii :
Edicto cauit ne quis se praeter Apellem
Pingeret : aut alius Lysippo duceret aera
Fortis Alexandri vultum similantia.
[[1:lib. 2 ad Octa.]]
Imo, vt videretur filius Iouis Ammonis, voluit cornutus effingi a statuariis, sed, quamuis sibi videretur praeclare agere, tamen quod intendebat, non est consecutus, impediente hoc Dei gubernatione : cuius vultus super facientes mala, vt perdat de terra memoriam eorum. [[1:Clemens ad Gentes. Arnobius li. 6. Psal. 33]]
Dans :Apelle et Alexandre(Lien)
En tout cas, Alexandre le Grand de Macédoine, afin de rester éternellement célèbre, ne voulut ni peinture ni sculpture, à moins qu’elles ne soient de la main des plus grands artistes, Apelle et Lysippe. Suivant le passage d’Horace :
Il fit défense par un édit que personne, sauf Apelle,
Ne prît le pinceau, que nul, hors Lysippe, ne coulât le bronze
Pour représenter les traits du vaillant Alexandre.
[[1:Épîtres, II, 1, « À Auguste », v. 239-241]]
Cependant, afin d’apparaître comme le fils de Jupiter Ammon, il voulut que les statuaires le représentent avec des cornes ; mais bien qu’il ait cru agir avec prestige, ses intentions furent sans suite, Dieu en son gouvernement y ayant fait obstacle, lui dont la face, contre ceux qui font le mal, ôte leur mémoire de la terre [[1:Psaum 33, 17 ; Clément d’Alexandrie, Le Protreptique ; Arnobe, l. VI]]
(II, 26), p. 98-99
Nihil itaque praedicti patres peccauerunt contra eam sententiam, qua Quinctiliano teste Fabius Pictor ait, Felices futuras artes, si soli artifices de iis iudicarent [[1:Apud Eras. Adag. Centuria 6 cap. 16]]. Omnes non dubito Fabii Pictoris sententiam multum approbauerint ; sed aliud est iudicare de arte mathematica aut pictoria, aliud vero de iis quae aliunde ad has artes adiunguntur. De fato enim, de superstitione, de haeresi et scandalo morum, non est proprium iudicium penes mathematicos aut pictores ; sed theologorum est huiusmodi abusibus aut impietaribus, aliunde in bonam alioqui artem accersitis resistere, ac de eis iudicium ferre. Si quis autem nunquam in mathesi aut pingendi arte versatus, de iis iudicare vellet quae his artibus propria sunt et pecularia, ei merito obiiueretur quod celeberrimus pictor Apelles sutori, Ne ultra crepidam sutor iudicaret. Quod ab eo in prouerbium venisse, scribit Plinius Secundus in naturali Historia, libro 39. cap. 10.
Dans :Apelle et le cordonnier(Lien)
(II, 26), p. 98-99
Les Pères dont nous parlions n’ont en rien péché contre cette sentence qui, au témoignage de Quintilien, nous vient de Fabius Pictor, Heureux l’avenir des arts, si seuls en jugeaient ceux qui les pratiquent [[1:chez Érasme, Adages, VIe centurie, chap. 16]]. Tous les Pères, sans doute aucun, auraient abondé dans le sens de Fabius Pictor, mais une chose est de juger de l’art mathématique ou de celui de la peinture, une autre de ce qui s’y ajoute de l’extérieur. En effet, juger en propre de ce qui a trait au destin, à la superstition, à l’hérésie et au scandale des mœurs, n’est pas du ressort des mathématiciens ou des peintres, mais c’est aux théologiens qu’il appartient de faire barrage à de tels abus et de telles impiétés qui s’introduisent de l’extérieur dans un art au demeurant bénéfique, et c’est à eux de les juger. Si quelqu’un qui n’a jamais été versé dans l’art astronomique ou dans l’art de peindre prétendait juger à leur propos de ce qui leur est propre et spécifique, il mériterait de se voir répliquer la réponse du très célèbre peintre Apelle au cordonnier : Cordonnier, pas plus haut que la chaussure ! Ce qui est passé en proverbe, comme l’écrit Pline l’Ancien dans les Histoires naturelles, livre XXXIX, chapitre 10.
(II, 69), p. 236
Sed in huiusmodi oculi mei caligant. Quare ignorantiae meae conscius, hic sisto. Nolo enim mihi obiici vulgatum prouerbium : Coecus de coloribus; aut illud, Non sentis te vltra malleum loqui ; aut postremo illud Apellis, Ne sutor vltra crepidam.
Dans :Apelle et le cordonnier(Lien)
(II, 69 ), p. 236
[...] pour traiter ce genre de sujet[[5:la technique.]], j’ai le regard brouillé. J’ai pleine conscience de mon ignorance, et je m’arrête là. Je ne veux pas qu’on m’oppose le proverbe bien connu: Aveugle, des couleurs ne dispute pas ! Ou cet autre : Crois-tu en savoir plus long que ton marteau ? Ou enfin cette réplique proverbiale d’Apelle : Cordonnier, pas plus haut que la chaussure !
(II, 37), p. 128
Lasciuiam omnem vitandam esse in sacris imaginibus. [...] Visae quandoque sunt in locis vbi non decuit diuorum imagines, viuentium adhuc hominum ora vultusque referre, vt hoc vmbraico velamento illorum quos amabant effigie pascerent oculos. Hic fucus eliminari prohiberique debet, velut pestiferum illecebrosae cogitationis irritamentum. Nam adhunc modum imaginibus abuti nefarium est.
[[1:Orat. ad Gentes]] Hac sane de causa etiam gentes irrisit Clemens Alexandrinus. Praxiteles, inquit, vt declarat Posidippus in libro de Cnidio, Veneris Cnidiae construens imaginem, fecit eam formam similem Cratinae quam amabat, vt adoratent miseri amicam Praxitelis. Cum floreret autem Phryne meretrix Thespiace, pictores omnes imitabantur Veneris imaginem ad Phrynes pulchritudinem. Sicut rursus lapicidae quoque Mercurius effingebant Athenis ad Alcibiadem. Restat nunc tuum adhiberi iudicium, si velis etiam adorare meretrices ?
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Apelle, Praxitèle et Phryné(Lien)
On voit parfois, en certains lieux où l’on n’aurait pas dû les accepter, des images de saints portant le visage et les traits d’hommes encore vivants ; et sous le couvert de ce subterfuge, les yeux se repaissent du portrait de ceux que l’on aime. Cette supercherie doit être éliminée et interdite car c’est une peste qui provoque la pensée à s’exciter. De fait, abuser des images dans cette perspective est funeste. C’est pour ce motif assurément que Clément d’Alexandrie se moqua des nations païennes : Praxitèle, dit-il, comme le montre clairement Posidippe dans son livre sur Cnide, faisant la statue d’Aphrodite Cnidienne, lui donna la ressemblance de Cratinè, qu’il aimait, afin que les malheureux habitants eussent à adorer la maîtresse de Praxitèle. Lorsque Phryné, courtisane de Thespies, était dans la fleur de sa beauté, tous les peintres représentaient Aphrodite en lui prêtant ses traits, de même que les sculpteurs d’Athènes donnaient à leur Hermès la ressemblance d’Alcibiade. À vous de mettre en œuvre votre jugement, pour voir si vous voulez adorer ainsi les courtisanes. [[1:Le Protreptique, l. VI]]