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Type de textesource
TitreL’Art de peinture de Charles-Alphonse Du Fresnoy, traduit en françois avec des remarques necessaires et tres-amples
AuteursDu Fresnoy, Charles-Alphonse
Piles, Roger de
Date de rédaction
Date de publication originale1668
Titre traduit
Auteurs de la traductionDe Piles, Roger
Date de traduction
Date d'édition moderne ou de réédition
Editeur moderne
Date de reprintReprint Genève, Minkoff, 1973.

, p. 62

Et nous verrions cet art admirable tomber dans le dernier mépris, si nostre grand roy, qui ne cède en rien à la magnanimité du grand Alexandre, n’avoit fait paroître autant d’amour pour la peinture, comme il a montré de valeur pour la guerre. Nous le voyons caresser ce bel art par les visites et par les presens considérables qu’il fait à son premier peintre, après avoir étably et fondé, pour le progrés et pour la perfection de la peinture, une Academie que son premier ministre honore de sa protection, de ses soins, et souvent de ses visites. De sorte que nous verrions revenir entièrement le siecle d’Apelle, et revivre tous les beaux-arts, si nos genereux gentilshommes, qui suivent nostre incomparable monarque avec tant d’ardeur et de courage dans tous les perils où il s’exposer pour la grandeur et la gloire de son Royaume, suivoient de mesme cette noble affection qu’il a pour tous ses excellens ouvriers. [[4:suite : Pamphile]]

Dans :Apelle et Alexandre(Lien)

, p. 63-65

Voyez vous-mesme cet excellent autheur[[5:Pline.]], et vous trouverez que son dixième chapitre du 35. livre est tout plein des loüanges de la peinture, et des honneurs qu’on lui rendoit. Vous y verrez comme il n’estoit permis qu’aux nobles de la professer. François I., au rapport de Vazare, ayma tant la peinture, qu’il fit venir d’Italie tout ce qu’il put d’habiles hommes, pour rendre cet art fleurissant dans son royaume ; entre autres Leonard de Vinci, lequel après avoir esté quelque temps entre les bras de ce grand prince, qui ne pût voir cette mort sans verser des larmes. Charles Quint a enrichy l’Espagne des plus précieux tableaux que nous voyons aujourd’huy. Ridolfi dans la Vie du Titien, dit que cet Empereur ramassa un jour un pinceau que ce peintre avoit laissé tomber en lui faisant son portrait ; et sur le remerciement et l’excuse que Titien luy en faisoit, il lui dit ces paroles : Titien mérite d’estre servy par César. Et dans la même Vie, l’on voit que cet Empereur se vantoit et s’estimoit glorieux, non seulement de s’être rendu des provinces tributaires, mais d’avoir obtenu trois fois l’immortalité par les mains du Titien. Si vous voulez prendre la peine de lire la Vie de ce fameux peintre dans Ridolfi, vous y verrez tous les honneurs qu’il a receus de Charles Quint ; il seroit trop long de vous en faire icy le détail. Je vous diray seulement que les grands seigneurs qui composoient la cour de cet Empereur, n’ayant pu s’empêcher de lui témoigner leur jalousie, sur ce qu’il préféroit la personne et la conversation du Titien à celle de tous les autres courtisans, il leur dit : Qu’ils ne manqueroit jamais de courtisans; mais qu’il n’auroit pas toûjours un Titien avec luy. [[4:suite: Zeuxis richesse]]

Dans :Apelle et Alexandre(Lien)