1860-12-03, de  Delacroix, Eugène à  Thiers, Adolphe.

Cher Monsieur Thiers,

Je reçois votre dernier volume1 avec une vive reconnaissance et vous rends grâce de votre souvenir. Ma petite santé se met toujours en travers de toutes mes relations et même de celles qui me sont le plus chères et que je respecte le plus. Voilà la cause de mes longues absences, et non le manque d’affection ni de reconnaissance.

Vous avez fini votre monument. Ce sera un des plus glorieux de ce siècle, et le plus original dans son genre de ce que les autres siècles nous ont [p. 2] laissé. Je suis bien heureux de voir que, grand dès le principe, il a grandi encore dans l’opinion du public, qui a tant de peine ordinairement à se mettre du parti du génie et de la raison.

Ma santé meilleure relativement et qui me permet, à raison de cela, de me livrer à des travaux fatigants 2, que je ne puis achever comme vous achevez les vôtres, me permettra pourtant d’aller vous porter les mêmes remerciements et les mêmes applaudissements.

Recevez, en attendant, l’expression de mon respect et de mon dévouement.

Eug. Delacroix 3