1861-11-02, de  Delacroix, Eugène à  Viardot, Pauline Garcia, épouse.

Madame,

Je reviens du fond de la Champagne 1 et je ne trouve qu’à présent, hélas, la lettre par laquelle vous voulez bien m’inviter à la répétition générale d’Alceste 2. Je suis désolé d’avoir manqué une occasion si intéressante. Si quelque chose pouvait m’en consoler, ce serait le succès de la pièce et, par-dessus tout, le vôtre, qui est tel que, sans vous, je me doute que la pièce serait impossible, malgré Gluck. Il faut donc vous rendre grâces doublement, et du plaisir si noble que vous nous promettez pendant longtemps, et de la résurrection d’un chef-d’œuvre qui vous doit d’être [p. 2] apprécié comme il le mérite.

Je vais rentrer à Paris, trop tard malheureusement, mais vous ne doutez pas que mon premier soin ne soit d’aller vous admirer et aussi vous remercier de votre souvenir et de celui de M. Viardot 3, auquel je vous prie bien de présenter mes meilleures amitiés.

Mille respects, Madame, et assurances de la plus vive admiration.

Eugène Delacroix