[le 4 mars 1778]
Monsieur,
M. le marquis de Villette m'a assuré que si j'avais pris la liberté de m'adresser à vous même pour la démarche nécessaire que j'ai faite, vous auriez eu la bonté de quitter vos importantes occupations pour venir daigner remplir auprès de moi des fonctions que je n'ai cru convenables qu'à des subalternes, auprès des passagers qui se trouvent dans votre département.
M. l'abbé Gautier avait commencé par m'écrire sur le bruit seul de ma maladie. Il était venu ensuite s'offrir de lui même, et j'étais fondé à croire que, demeurant dans votre paroisse, il venait de votre part. Je vous regarde, monsieur, comme un homme du premier ordre de l'état. Je sais que vous soulagez les pauvres en apôtre, et que vous les faites travailler en ministre. Plus je respecte votre personne, et vos moments, plus j'ai craint d'abuser de vos extrêmes bontés. Je n'ai considéré que ce que je devais à votre naissance, à votre ministère et à votre mérite. Vous êtes un général à qui j'ai demandé un soldat. Je vous supplie de me pardonner de n'avoir pas prévu la condescendance avec laquelle vous seriez descendu jusqu'à moi. Pardonnez moi encoré l'importunité de cette lettre. Elle n'exige point l'embarras d'une réponse; votre temps est trop précieux.
J'ai l'honneur d'être avec beaucoup de respect,
monsieur
votre &c.